Chapitre 27 - Celle qui accuse
Depuis l'espèce de crise d'épilepsie qu'a fait Ilias, Anthéa ne parvient plus à dormir. Alors qu'elle parvenait à peine à refaire des nuits complètes après l'excitation des vacances et de toutes les découvertes qui y ont eu lieu, il fallait qu'un nouvel incident super bizarre lui tombe dessus.
Elle n'aurait pas dû réagir aux provocations d'Ilias. Il passe sa vie à la provoquer, de toute façon, alors ce n'était pas pour une fois de plus. Elle aurait dû laisser pisser. Elle l'aurait probablement fait, d'ailleurs, s'il n'y avait eu l'erreur insensée de Zachary. Quand elle l'a vu balancer son fil à la Spider-Man, elle a bien cru qu'elle allait le tabasser. Ou aspirer tous ses pouvoirs. Ça doit-être faisable. Si elle explique au collier comment cet abruti s'en sert devant tout le monde, il lui suffira de lui coller le bijou dans la face et celui-ci se chargera de le punir. Non ?
Quelle importance au fond ? Incapable de rester en place, elle se lève une fois de plus – la sixième en trois minutes, Caleb a commencé à compter quand il a remarqué qu'elle ne parvenait pas à rester assise plus de dix secondes d'affilées. Elle marche jusqu'au piano, pivote dans un mouvement rapide et revient sur ses pas. Arpenter la bibliothèque ne lui apporte aucun réconfort, mais ne pas le faire aiguise son stress, qui se met alors à partir en vrille.
En réalité, ce n'est pas le malaise d'Ilias qui l'inquiète. Bien qu'elle ne l'aime pas, elle ne lui souhaite pas de mal pour autant, et elle se contenterait volontiers de ne le côtoyer qu'en classe, sans jamais plus avoir à lui adresser la parole.
Non, elle n'est pas inquiète pour lui. Cette animosité entre eux aurait même dû conduire à de l'indifférence face au malheur du garçon. Ou, dans le pire des cas, à de la pitié teintée d'un peu d'auto-complaisance. Des sentiments qu'elle ne souhaite entretenir vis-à-vis de personne et dont elle se serait, par conséquent, débarrassé aussi vite que possible. Mais non, ce qui la tracasse, cette chose qui l'empêche de fermer l'œil une fois couchée dans son lit, c'est ce qu'elle a ressenti quand elle a touché Ilias.
Au moment où elle l'a vu tomber, les yeux révulsés et une grimace de film d'horreur déformant son visage d'ordinaire plus inexpressif qu'un masque, elle s'est précipitée vers lui. Son but était de lui éviter un traumatisme crânien. Et alors que ses jambes fléchissaient d'elles-mêmes pour amortir sa chute déjà trop avancée pour être évitée, elle avait recueilli son crâne aux creux des mains.
Elle aurait dû l'accompagner jusqu'au sol et le déposer délicatement par terre, mais à l'instant où ses doigts sont entrés en contact avec les cheveux d'Ilias, un puissant courant électrique l'a frappée. C'était comme si le corps évanouit du garçon la repoussait. Alors, elle l'a lâché.
Son intervention n'a pas été totalement inutile, puisqu'il a heurté le sol avec moins d'intensité que ça n'aurait été le cas sans son action. Mais elle ne peut s'empêcher de penser que c'est un peu de sa faute s'il n'a repris connaissance qu'une demi-heure plus tard, dans l'ambulance qui le transportait vers Saint Barth, l'hôpital le plus proche.
Toute la journée, elle l'a passé à cogiter, et une fois rentrée au manoir, elle a réuni le conseil de guerre.
— J'ai ressenti un truc bizarre, a-t-elle expliqué. Et ce débile a eu le collier pendant plusieurs jours. Je me demande si... s'il ne l'aurait pas porté.
Ce soir-là, les discussions ont été bon train et il a fallu que Vivienne vienne les secouer un peu pour qu'ils rejoignent leurs chambres en bougonnant.
Au terme de cette réunion au sommet, il a été décidé que Darcy contacterait le jeune homme et qu'iel tâterait le terrain pour découvrir si oui ou non, Ilias était, comme eux, en possession de pouvoirs le dépassant.
C'est pour cela qu'aujourd'hui, six jours après les événements, Darcy a emmené Ilias dans sa chambre pour lui parler et qu'Anthéa et Caleb attendent, impatients, de les voir les rejoindre.
— C'est vraiment le roi des cons, grogne Anthéa sans arrêter de marcher, sans même un regard en direction de Caleb.
— Peut-être, mais rien ne dit que c'est le roi des cons magiques.
La tentative d'humour de Caleb fait chou blanc et Anthéa se plante devant lui en grimaçant. Elle s'accroupit dans le but de lui faire face, remarque qu'en faisant ça, elle se retrouve bien plus bas que lui, qui est pourtant vautré dans le fauteuil, et se redresse juste assez pour venir s'asseoir contre sa hanche.
— Tu comprends pas, explique-t-elle. J'ai senti sa magie. C'était... fort... violent.
Pas persuadé, Caleb se tortille pour se redresser un peu.
— Mais t'as rien ressenti quand tu m'as touché, moi.
Anthéa accueille sa remarque avec un soupir et laisse son regard se perdre un moment dans les poils, désormais jaune, du tapis sous ses pieds.
— Mais toi, hypothétise-t-elle, tu ne voulais pas me rembarrer. Quand je l'ai touché, j'ai senti... je sais pas... c'était comme si... comme si sa magie me repoussait. C'était pas juste un coup de jus dû à l'électricité statique. C'était, genre... enfin... Si je devais me protéger contre une menace et que je ne pouvais pas me servir de mes membres, bah, je crois que je ferais exactement ça. Il a la magie. J'en mettrais ma main à couper.
— Ce ne sera pas la peine d'aller jusque-là, tranche la voix de Darcy dans son dos. C'est juste, il a la magie. Et c'est nouveau.
Trop absorbés dans leur discussion, les deux amis n'ont pas entendu la porte s'ouvrir et les autres rentrer. Le regard noir d'Ilias déplaît à Caleb qui se rapproche inintentionnellement d'Anthéa. Quand celle-ci saute sur ses pieds, il l'accompagne, et la haine qu'il devine dans les yeux du garçon le pousse à se tenir aussi près d'elle qu'il lui est possible de le faire.
— Tu as porté le collier, accuse Anthéa.
Les sourcils d'Ilias se froncent à peine plus qu'ils ne l'étaient déjà et Caleb est le seul à le remarquer. Le garçon n'est pas à l'aise d'être dans cette pièce, dans cette maison, ou simplement en leur compagnie. Ses poings sont serrés, tout comme sa mâchoire. Le moindre de ses muscles est bandé, prêt à se contracter, que ce soit pour rendre un coup ou déguerpir.
— On va peut-être éviter de l'agresser, OK, Anthéa ? C'est toi qui m'a demandé de le ramener, tu te rappelles ?
Voir Darcy dans le rôle du médiateur est inédit pour Caleb. Certes, il a vu comment iel s'est occupé d'Hadrien pendant les vacances, mais ses conseils ressemblaient davantage à des ordres et son intérêt à de la pitié. Même la façon dont iel protège Zia n'a rien à voir avec ce qui se passe en ce moment sous les yeux.
— À quel moment tu t'es dit que t'avais le droit, en fait ? Me le voler était pas suffisant ? Fallait que tu le portes, en plus ?
Voir Anthéa à ce point en colère, aussi, est inédit pour Caleb, et bien qu'il tente de l'apaiser, ses mots ne semblent même pas l'atteindre.
— T'arrêtes, maintenant. S'il est là, c'est pour s'entraîner avec nous.
La voix de Darcy est rêche, probablement trop pour ne pas braquer la jeune fille. Caleb, craignant qu'elle ne finisse par lui sauter à la gorge, veut la retenir par le poignet, mais n'osant pas détacher ses yeux d'elle, de peur de rater l'instant où elle basculera, il rate son coup et ne fait que l'effleurer. La pulpe de ses doigts frôle le dos de la main de la jeune fille et sa poigne se referme dans le vide. À son plus grand étonnement, pourtant, elle n'insiste pas et, d'un mouvement de la tête et des bras, elle capitule, offrant à Ilias le loisir de s'expliquer.
Ce dernier hausse les épaules, et à son regard arrogant, Caleb comprend qu'il ne leur apprendra rien de plus. Au lieu de ça, il se déplace dans la pièce, caressant le dossier du fauteuil, puis le couvercle du piano. Il se comporte comme si tout le mobilier lui appartenait et, en fait, ça agace jusqu'à Caleb, qui reporte aussitôt son attention sur Anthéa.
— Je n'ai pas l'intention de m'entraîner avec vous. J'ai juste quelques questions à propos de ce... cette... magie, comme vous l'appeler.
— Sois pas con, soupire Darcy. C'est moins dangereux de le faire à plusieurs. Et ça peut même être marrant, des fois.
Ilias fait claquer sa langue et lea dévisage avec une expression désolée teinté d'arrogance.
— Je n'ai aucune intention de passer du temps avec cette emmerdeuse et sa bande de débiles. Ça me déçoit que toi, tu l'envisages. Qu'est-ce que vous apprenez à faire, de toute façon ? Transformer des nounours en licornes roses ? Des bretzels en chips au coca ? Ça ira, merci.
Darcy, toujours dans son rôle trop calme, s'apprête à lui répondre, mais Anthéa est plus rapide. D'un pas vif, elle rejoint l'insolent et se plante devant lui. Le fait qu'elle le dépasse de quelques centimètres agace toujours autant Ilias, mais pour tous les autres, la grimace qu'il arbore vient de son aversion pour sa Némésis.
— C'est quoi ton problème ? On te propose de l'aide, mais t'es quand même obligé de réagir comme un con.
— Je n'ai jamais dit que j'avais besoin d'aide. Vous avez peut-être besoin d'être rassurés, mais moi, ça va. J'ai déjà fait des trucs incroyables avec ces pouvoirs, alors que je ne savais même pas de quoi il s'agissait. Continue donc à changer des vessies en lanternes, moi, de grandes choses m'attendent.
Fier de lui, il tourne les talons, prêt à quitter le manoir.
— Grandes à quel point, Ilias ? Je dois te rappeler comment t'as acquis cette magie ? T'es qu'un voleur, la voilà la vérité.
Piqué dans son orgueil, le garçon se retourne d'un mouvement vif. Le simple fait de voir le visage d'Anthéa et son air suffisant le met déjà sur les nerfs en temps normal, alors, devoir lui faire face ici et maintenant, après son accusation ridicule, alors qu'elle est sur son terrain, est physiquement douloureux.
— Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? Visiblement, ton collier débile a trouvé que j'en valais la peine, sinon ça n'aurait pas marché.
— On ne l'a jamais vu refuser de fonctionner pour quelqu'un. Pour ce qu'on en sait, il offre la magie à toute personne qui la demande.
— Si ça marche vraiment comme ça, c'est stupide.
De plus en plus agacée, Anthéa fait un pas vers lui. S'il ne la connaissait pas, Caleb la trouverait terrifiante. Ilias, pourtant, ne bronche pas.
— Je dois te rappeler que t'es tombé dans les pommes, tellement tu gères bien ? Et avant ça, t'allais faire quoi, hein ? Tu nous regardais comme si tu voulais nous buter.
— Ton pote m'avait attaqué ! explose-t-il. Je suis sûr que c'était pas de son gadget pourri qu'est sortie la toile. Tu lui as sauvé la mise, pas vrai ? Je croyais qu'on devait être prudent. C'est pour ça que tu me veux dans ta bande, non ? Pour éviter que j'ébruite le truc en faisant une connerie. Ou t'as juste pas assez d'admirateurs ? Mais tu peux aller te faire foutre si tu crois que je vais me prosterner devant toi.
— Mais t'es un grand malade...
Atterrée, Anthéa le dévisage comme s'il était devenu fou. Et de fait, les joues d'Ilias sont rougies par l'énervement et les gesticulations auxquelles il s'adonne. Agité, probablement apeuré aussi, il contourne le fauteuil pour s'éloigner d'elle et commence, sans le savoir, à reproduire le trajet qu'elle usait juste avant qu'il ne débarque dans la pièce.
— C'est quoi cette histoire de toile et de gadget ? interroge Darcy en croisant les bras sur son large torse.
Anthéa tente de minimiser l'anecdote tandis qu'Ilias bout dans son coin en grommelant. Mais Darcy tient bon, et bientôt, elle soupire en s'affalant à demi sur le dossier du fauteuil derrière lequel elle se trouve.
— C'est... rien. Ou presque. Zack a voulu frimer...
— Il m'a attaqué !
Anthéa lance un regard chargé de reproches à Ilias et choisit de l'ignorer.
— Il est fan de tous ces films de super-héros, tu sais...
— Non.
Est-ce qu'il le font tous exprès ou est-ce la présence d'Ilias qui rend tout le monde autour aussi stupide ? Ne dissimulant rien de la lassitude qu'elle ressent, Anthéa reprend, une fois encore, en tachant de faire abstraction des distractions.
— C'était pas vraiment une question, mais soit. En fait, il a essayé de faire comme Spider-Man. Le truc avec le poignet, là.
Ce faisant, elle mime le mouvement censé envoyer au loin un fil de toile d'araignée, mais sans y mettre d'intention, si bien qu'il ne se passe rien de plus. À deux pas d'Ilias, qui râle toujours, Caleb se redresse soudain, les yeux pétillants de respect, et un peu d'envie.
— Et ça a marché ?
Anthéa hoche la tête et la bouche de ses deux colocataires se décroche sous le choc. Aucun d'entre eux n'est parvenu à faire une chose aussi spectaculaire pendant les quinze jours de vacances où ils se sont pourtant entraînés avec le plus grand sérieux. Même Zachary n'avait, jusque-là, jamais démontré une aussi grande maîtrise de son art.
— Il s'est passé quoi, ensuite ?
Soutenant le regard de ses amis, elle hausse les épaules.
— J'ai changé sa montre en un bracelet bleu et rouge dégueulasse. Les autres ont cru que le jet était parti de là. Que c'était un jouet.
Une nouvelle fois, Caleb et Darcy en restent sans voix. Ils échangent un regard, se raclent la gorge, mal à l'aise.
— Anthéa, se lance Caleb. T'as fait ça devant plein de gens ? Et personne l'a remarqué ? Le dernier truc que je t'ai vu transformer, c'était le dossier de la chaise du bureau. Que t'as réparé en plus, pas vraiment transformé. Et ça t'a pris dix minutes.
— C'est un objet beaucoup plus gros qu'une montre.
— Peut-être, mais là, t'étais dans l'urgence. Et t'avais pas de modèle pour le bracelet.
— J'avais pas trop le choix, en fait, soupire-t-elle. Si je faisais rien, les autres auraient compris qu'il se passait un truc pas normal.
— Donc, on doit se mettre en danger pour évoluer ? demande Darcy, sortant enfin de son mutisme. C'est pas totalement déconnant.
— Mais...
— Mais ça les brise, ouais.
Du point de vue d'Ilias, rien de tout ça n'a de sens. Pire, les entendre parler de tout ça comme s'il s'agissait d'un sujet tout à fait ordinaire, le tend plus encore que le simple fait d'avoir affaire à Anthéa. Alors comme ça, ces débiles s'entraînent et cherchent à évoluer, quoi que ça veuille dire. Ils sont ensemble, s'amusent et trouvent tout ce qui leur arrive parfaitement normal ? Alors que, pendant ce temps, lui, est seul dans l'appartement impersonnel qu'il partage avec ses parents, avec son père, en particulier. Alors qu'il a flippé nuit et jour pendant toutes les vacances, terrorisé par ce que pouvait bien signifier cette porte carbonisée et ses émotions exacerbées.
À quelques mètres de lui, Caleb s'est rapproché d'Anthéa. Il lui touche le bras, lui sourit comme si elle était la Reine d'Égypte en personne. Et même Darcy, qui est ce qui se rapproche le plus d'un meilleur ami dans sa vie isolée. D'un plus vieil ami, tout au moins. Même lui, semble s'intéresser à ce que la fille raconte. Comme les deux autres, il a complètement oublié sa présence.
Iel, se corrige Ilias. Darcy n'est plus un garçon, désormais. Ce qui explique pourquoi iel n'a plus mis les pieds à l'appartement depuis des années. Si son père l'apprenait, s'il découvrait que son fils fréquente des gens comme ça, il risquerait de lui interdire de sortir jusqu'à sa majorité.
Comment et pourquoi ses pensées l'ont-elles porté sur cette voie ? Secouant la tête pour y remettre un peu d'ordre, Ilias se sent soudain vaciller. Le monde tourne autour de lui. Et l'air est chaud, si chaud. Il suffoque. Il doit sortir d'ici au plus vite.
Titubant, il avance de deux pas, avant de devoir se rattraper à la bibliothèque sur sa gauche. Sa tête ne se contente plus de tourner, elle est parcourue de frissons ressemblant à de minuscules vaguelettes de froid dans la fournaise qui, désormais, l'habite.
— Ilias ? Ça va pas ?
C'est la voix de la fille. De cette connasse d'Anthéa.
Même sans la voir, il sent le dégoût et l'arrogance dans son timbre. Prononcer son prénom doit lui brûler la langue. Elle le déteste tellement. Au moins autant que lui ne la déteste, elle.
Avec difficulté, il redresse la tête. La chaleur dans son corps le fait suer à grosses gouttes. Son visage, si distingué en toute occasion, est rouge, ses cheveux lavés de frais collent à son front. Et cette bouche qu'il ne parvient pas à fermer au risque d'étouffer. Quelle vision d'horreur il doit leur offrir. Elle en parlera dès lundi à l'école et tous se moqueront de lui. Parce que ce n'est qu'une salle petite pute. Parce qu'elle le déteste. Parce qu'elle veut lui faire du mal.
Un haut-le-cœur lui retourne l'estomac et il n'évite de se retrouver à genoux que grâce à la table basse sur laquelle il appuie ses mains poisseuses. Sous ses doigts, il sent le bois s'imprégner de sa sueur cendreuse, mais il choisit de ne pas regarder. De toute façon, s'il baisse la tête, il vomira, et ça, c'est hors de question.
Ses yeux pâles se sont voilés d'une ombre rouge et sans un regard pour les deux autres personnes dans la pièce, il se redresse et fonce sur Anthéa.
Si tout c'était déroulé comme il le souhaitait, son pied droit se serait posé sur l'assise du fauteuil et il se serait envolé au-dessus du dossier avant d'atterrir sur la fille. Alors, sa magie, ou quel que soit le nom de cette chose qui est tapie au fond de lui désormais, se serait occupée d'elle. Parce qu'Anthéa est mauvaise. Parce qu'elle a tout ce qu'elle désire et que c'est injuste.
Au lieu de ça, son pied s'enfonce dans le coussin trop dodu et Ilias glisse. La rencontre de son torse avec le dossier lui coupe le souffle, mais ses mains, déjà tendues vers l'avant, parviennent quand même à choper le col de cette emmerdeuse.
Elle crie et se débat, mais avant qu'il n'ait pu se relever pour terminer le travail, deux bras se referment autour de ses hanches. Dans son oreille, une autre voix crie de douleur et pendant un instant, les bras s'écartent de son corps bouillant. Aussitôt, pourtant, ils reviennent à l'attaque, le serrant plus intimement encore et le tirant en arrière.
Pendant quelques secondes, le contact de ces bras le ceinturant réveille une brûlure plus intense aux points de contact, et lui aussi laisse échapper une plainte, noyée aussitôt par le feu dans sa gorge. Le garçon qui le tient contre lui le ressent aussi, car il l'entend gémir une nouvelle fois. Loin d'abandonner, pourtant, il le maintient contre son ventre, l'éloignant ainsi de la fille.
Ses mains lâchent alors le col et Ilias laisse son corps tomber en arrière. Quand son dos se déroule le long du torse de Caleb, tous deux grimacent, persuadés que la douleur va se rependre dans leurs corps en entier. C'est pourtant l'inverse que se produit. Alors qu'il serre l'agresseur d'Anthéa contre lui, Caleb sent le corps de celui-ci se glacer. Lui qui était si chaud que des cloques se sont formées sur ses mains, risque désormais des engelures.
C'est agréable, se rend compte Ilias. Toute chaleur l'a quitté, il ne s'est jamais senti si bien. Si zen. Il est tout sauf zen en temps normal. Repliant ses bras sur son ventre, il effleure les mains de Caleb. Elles dégagent une agréable chaleur. Rien à voir avec l'explosion de lave que lui-même a déclenchée, ni avec la banquise que les bras serrés autour de son corps y répandent. C'est une chaleur douce, réconfortante, apaisante, et Ilias se laisse glisser dans le bien-être qu'elle lui promet.
Lentement, il tourne la tête, se décale sans quitter les bras du garçon. Caleb semble pétrifié, mais ça n'a aucune importance. Ilias lui sourit. Un sourire sincère et amical comme il n'en offre jamais à personne. L'instant d'après, il ferme les yeux et sent son corps tomber, tomber, tomber.
**
Hey les gens !
Le dernier chapitre était très court, pour compenser, celui-ci est plutôt long.
J'espère qu'il vous a plus :3
Pensez à la petite étoile, si c'est le cas, et n'oubliez pas que, jusqu'à Noël, le Drabblecember vous en apprend plus chaque jour sur les persos de Manoir Wand !
Des bisous !
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