Chapitre 20 - Celui qui fait de son mieux
Bidibidip ! Bidibidip ! Bidibidip !
Dans un grognement plus animal qu'humain, Venacio se retourne sur le ventre et enfouit sa tête dans l'oreiller. Il sort un bras encore marqué par les draps de sous l'épaisse couette et tâtonne quelques secondes à la recherche de son téléphone.
Quelle idée de l'obliger à mettre son réveil si tôt. Quelle idée, aussi, d'avoir répondu à cette annonce stupide. Il n'aura pas le job, de toute façon, alors à quoi bon ? Il pourrait se rendormir. Oublier cette boule au ventre qui l'a empêché de se détendre avant quatre heures du matin. Continuer à vivoter entre ses obligations au manoir et ses expériences personnelles.
Bidibidip ! Bidibidip ! Bidibidip !
Agacé, Venacio se redresse sur un coude et attrape le smartphone. Il lui lance un regard mauvais puis coupe le réveil. Il l'utilise si peu souvent, qu'une minute plus tôt, il a activé la fonction snooze. En même temps, quelle personne saine d'esprit se lèverait à une heure pareille de son propre chef tous les jours ?
Avec des gestes lents, il quitte son lit, traverse la chambre en chaussettes et laisse la porte de la salle de bain claquer derrière lui. Comme toutes les chambres du troisième, la sienne possède sa propre salle de bain. Et mieux encore, elle est équipée d'un lit double. Pas qu'il compte inviter qui que ce soit à le partager, mais revenir à un lit simple à son âge l'aurait, à coup sûr, fait se sentir encore plus mal.
Penché sur le lavabo, les yeux encore à moitié fermés, il laisse couler l'eau trop longtemps avant de s'en asperger le visage dans le but de se réveiller.
Ce qu'il déteste avoir à se forcer, comme ça.
Les autres jours, il ne lui faut que dix minutes pour être prêt, mais aujourd'hui, il s'éternise sous la douche. Puis avec sa brosse à dents en main. Et aussi quand il enfile à contrecœur le costume gris qu'il traîne de déménagements en déménagements depuis plusieurs années. Il est comme neuf. C'est ce qui est pratique avec les uniformes aussi impersonnels. Ils ne se démodent jamais. Un coup de fer donné dans la précipitation le soir précédant et il lui a semblé remonter dans sa chambre un habit fraîchement acheté.
Avec plus d'attention que les autres jours, il attache ses cheveux à l'arrière de son crâne en un bun qu'il tente de serrer autant que possible pour éviter toute fuite de mèches rebelles en cours d'entretien.
Un dernier regard dans le miroir et Venacio grimace. Il ne se reconnaît pas, déguisé de la sorte. Pourvu qu'on ne lui apprenne pas d'ici deux heures que cette tenue est réclamée quotidiennement pour bosser dans cette boite.
Le temps d'enfiler des chaussures de ville prêtées par Vivienne et ayant appartenu à un ancien résident, et il fourre portefeuille et téléphone dans la poche intérieure de sa veste.
Sur le palier du deuxième étage, il hésite. Il est tôt, mais les gosses sont certainement déjà en train de manger. Au moins une partie d'entre eux.
Ils vont se foutre de lui. Il n'en a aucun doute. Il est ridicule dans cet accoutrement. Il vaudrait mieux qu'il parte sans manger, sans croiser personne. Ni les gamins, ni cette pipelette de Vivienne. C'est sûr qu'elle va en faire toute une histoire si elle le voit habillé comme ça. Oui, c'est sûr, il faut qu'il l'évite, elle, bien plus encore qu'eux.
Il a pris sa décision. Il va se faufiler aussi discrètement que possible jusqu'en bas et s'éclipser sans se faire remarquer. Avec un peu de chance, il reviendra aussi à un moment où tout le monde sera occupé et aura ainsi le temps d'aller se changer avant d'avoir à essuyer la moindre remarque. Oui. Son plan est parfait. Sans aucun accro. Allez, c'est parti.
— Venacio ?
L'homme ferme les yeux très fort. Peut-être que de cette façon le garçon qui vient de prononcer son nom va disparaître ?
— Venacio ? Tu... euh... Tu es très... élégant, aujourd'hui ?
Pourquoi faut-il que ça se passe toujours comme ça ? Pourquoi sa vie ne doit-elle être faite que d'échecs ?
— C'est pour ton...euh... entretient ? insiste la voix dans son dos. Anthéa m'en a parlé. J'avais peur de te rater. Alors, euh, voilà... Enfin, je veux dire... euh.... bonne chance !
Pas de moquerie ? Des encouragements ? Venacio fronce les sourcils et se retourne en direction du garçon qui n'a toujours pas bougé.
Caleb est habillé d'un short de pyjama et d'un t-shirt un peu trop large pour lui. Ses boucles d'ordinaire souples et brillantes sont encore un peu aplaties à l'arrière de son crâne. Et aux pieds, il porte les pantoufles pingouins qu'Anthéa lui a offertes quand elle a appris que son anniversaire était passé sans qu'il n'en dise rien à personne.
Si les premiers jours, l'adolescent faisait toujours partie des premiers levés, cela fait quelques semaines, maintenant, que ce n'est plus le cas. Ça lui arrive encore, bien sûr. Une horloge interne ça ne se reprogramme pas sans couac en si peu de temps. Mais en s'apaisant au contact de tous ces écorchés de la vie habitant sous le même toi que lui, il a commencé à s'autoriser des grâces matinées de plus en plus fréquemment.
Il s'est levé exprès pour me souhaiter bonne chance, réalise Venacio.
Ce geste le touche plus qu'il ne se l'avoue. Ça fait des années que plus personne n'a fait une telle chose. Depuis qu'il a quitté la maison de ses grands-parents à l'âge de 21 ans, en fait. S'il s'attendait à ce que ce gamin taciturne soit celui-là.
— Je lui avais dit de ne pas l'ébruiter, le rabroue-t-il pourtant, d'une voix encore un peu rauque de sommeil.
— Elle... Elle n'a pas eu le choix, avoue Caleb en baissant les yeux. Je voyais que quelque chose n'allait pas, mais je ne savais pas quoi. Et elle, elle avait l'air de le savoir, alors... j'ai insisté, jusqu'à ce qu'elle vende la mèche.
Venacio hausse un sourcil, perplexe. Le gosse taiseux qui harcèle la gamine hyperactive ? C'est le monde à l'envers. En même temps, il a bien remarqué que Caleb est plus à l'aise avec elle qu'avec n'importe qui d'autre au manoir. En même temps, à l'exception de Zia et de cette teigne de Darcy, qui forment un duo improbable, mais effectif, c'est un peu le cas de tout le monde, ici. Anthéa a le chic pour mettre tout le monde dans sa poche.
Enfin, ça n'en reste pas moins surprenant. Il était persuadé que le gamin avait peur de lui. Il ne lui adresse jamais la parole et l'observe parfois à la dérobée, comme s'il craignait l'une de ses réactions. Et puis, il ne lui demande jamais d'aide pour rien. Il attend toujours la venue de Charlie ou va trouver Vivienne, et il ne rentre jamais dans le labo si Anthéa ne s'y trouve pas déjà.
Peut-être qu'au fond, il a décidé d'affronter ses peurs.
Un peu trop rudement, Venacio soupire. Sans y prêter attention, il passe une main dans ses propres cheveux et libère ainsi plusieurs mèches qui s'échappent de la coiffure qu'il pensait indestructible. Tant pis pour le look soigné.
Caleb a relevé la tête vers lui, mais tout ce qu'il lit une fois encore dans ses grands yeux, c'est une appréhension, une forme de crainte à son encontre. Alors Venacio fait un effort. Il se force à sourire. À sourire de façon sympathique.
— Merci, marmonne-t-il.
Il est là pour enseigner à ces gosses, et peut-être qu'il n'y parviendra qu'en faisant lui aussi un pas dans leur direction.
Quelle misère, grogne-t-il en son for intérieur. C'est juste la perspective d'un boulot plus stressant encore qui le pousse à faire ça. Aucun doute à ce sujet.
À l'exception d'Anthéa, déjà partie pour l'école, et de Caleb, avec qui il est descendu, tout le monde se trouve dans la salle à manger. À croire que c'est un coup monté de la vieille. D'ailleurs, elle lui sourit de son petit air satisfait d'elle-même qui l'insupporte au plus haut point.
— Je vais vous laisser, grogne l'homme en leur tournant le dos.
— Allons, tu n'as même pas mangé, le rattrape la voix de Vivienne, trop enjouée pour un jeudi matin.
— Pas faim.
— Je n'en crois pas un mot, le corrige-t-elle. Viens t'asseoir deux minutes. La journée va être longue.
Elle a raison. Bien sûr qu'elle a raison. Elle est même en dessous de la réalité. La journée va être interminable. Alors, en traînant les pieds, Venacio vient se glisser à côté d'elle. Autant qu'il avale quelque chose ici. Rien ne dit qu'il parviendra à se détendre suffisamment pour s'y résoudre une fois de plus aujourd'hui.
Il ne doit pas traîner. Il l'a déjà trop fait. Qu'elle idée de déjeuner avec eux. Pressant le pas, l'homme couvre la longueur du couloir sombre de l'entrée en deux enjambées et se précipite dehors. Depuis quand l'horloge de la salle à manger retarde-t-elle de cinq minutes ? S'il n'avait pas jeté un œil à son téléphone... Au bout de la rue, Venacio voit son bus se présenter. Vite. Vite !
Il saute par-dessus les cinq marches et veut se mettre à courir, quand quelque chose s'enroule autour de son poignet et le retient fermement aux pieds de l'escalier. En panique, il se retourne en secouant le bras, désireux de se débarrasser de cette espèce de de liane qui s'est accrochée à lui.
Son bus approche dangereusement de l'arrêt. Par chance, une fille lui fait signe en s'avançant sur le trottoir. Il va s'arrêter. Il est encore possible que l'homme l'atteigne à temps. Venacio va tirer un coup sec pour casser la chose qui te retient toujours prisonnier et qui refuse de céder, quand il pose enfin les yeux sur elle.
Ça ressemble à une chaîne. Une simple chaînette de collier. Qu'est-ce que ça fiche là ? Mais, alors qu'il tourne le poignet pour se libérer, il remarque le pendentif qui est venu se nicher au creux de son poignet. Cette petite boule colorée ressemble à s'y méprendre à celle qu'Anthéa portait autour du cou il y a quelques jours.
En temps normal, il ne l'aurait certainement pas remarquée. Après tout, s'il doit faire attention à toutes les breloques que les gamins ramènent et portent quelques jours avant de s'en lasser, il ne fera plus que ça de son temps. Mais cette bille de métal, la gamine l'a faite rouler sur son bureau pendant une heure entière alors qu'elle l'abreuvait d'histoires de profs nuls et d'élèves désagréables.
Pendant tout le temps où elle a parlé, cette horripilante petite chose a fait un bruit de tous les diables. Plusieurs fois, Venacio a voulu lui demander d'arrêter de la faire rouler ainsi, mais les choses que racontait Anthéa lui étaient si familières, si injustes, si capitales à partager, qu'il n'a jamais pu s'y résoudre.
Seulement, là, il n'est plus question de ressasser le passé. Le bus est déjà en train de s'arrêter. L'homme tire alors sur la chaîne. Tant pis s'il la casse, il lui en rachètera une autre. Et le collier se libère de la rampe où il était suspendu. Le pendentif au creux du poing, Venacio cours jusqu'au bus rouge et parvient à s'y glisser juste avant que les portes ne se referment.
Assis à la première place libre qu'il a rencontré et plus léger du prix d'un ticket, il ouvre enfin la main et découvre avec stupéfaction que la chaîne est en un seul morceau. Elle a dû se détacher au moment où il a tiré. Tant mieux. Il pourra la rendre entière à Anthéa dès ce soir.
Glissant la main contre sa hanche, il veut déposer le collier dans sa poche, mais se souvient, quand sa main refuse d'y entrer, que celles de ce stupide pantalon sont factices. Quelle espèce de sadique peut se dire que c'est une bonne idée que de créer des pantalons avec de fausses poches ? Ravalant son agacement, il porte le pendentif jusqu'à ses yeux. Il n'est pas très gros. Et sa chemise restera boutonnée jusqu'en haut toute la durée de l'entretient. Alors pourquoi ne pas le porter ? Il est certain, ainsi, qu'il ne le perdra pas. Et il n'a aucune autre poche sur lui, de toute façon, ni de sac.
Il attache alors le collier autour de son cou et le glisse sous sa chemise. Peut-être qu'il aurait dû mettre une cravate ? Non, c'est ringard, les cravates, d'après ce que lui a dit la gamine. Et elle est bien placée pour le savoir, son propre uniforme en comporte une.
Toute la journée durant, Venacio rencontre des gens. Le chef du personnel, d'abord. À qui, pour une raison obscure, il fait bonne impression. Puis plusieurs employés, d'autres chefs, et même deux laborantins en blouses blanches qu'on lui présente comme « ses futurs collègues ». Il n'a jamais eu autant de succès. Et aurait autant préféré que ça n'arrive pas, si ça n'avait tenu qu'à lui.
Cet endroit est bondé. Dans toutes les pièces, du personnel. Dans chaque couloir, du passage. Tout le temps. Sans la moindre pause. Même pendant les moments où il est occupé à réaliser certains tests demandés par les recruteurs, il doit supporter les bavardages des gens alentours. Un cauchemar.
Quand il descend du bus, ça fait près d'une heure qu'il a retiré sa chemise de son pantalon, déboutonné son col sur au moins dix centimètres et retiré son blazer, qu'il tient désormais à la main. C'est d'ailleurs en le roulant à demi en boule et en envoyant valser son portefeuille et son téléphone, qu'il s'est rappelé l'existence de sa poche intérieure. Heureusement, il a fait ça dans le bus et non au-dessus d'une grille d'évacuation des eaux de pluies.
C'est en titubant qu'il marche jusqu'au manoir, épuisé tant physiquement que mentalement. Il ne peut pas accepter le poste. Il finira en burn-out dans moins d'une semaine s'il doit côtoyer autant de gens chaque jour.
Devant la porte, il tâte ses poches à la recherche de ses clefs. Passe les mains sur ses cuisses, puis sur ses fesses. Bon sang de bois, il n'a pas de poches ! Et n'a donc pas non plus de clef. Il va devoir sonner, attendre qu'on vienne lui ouvrir et parler. Encore parler. Sauf qu'il n'en peut plus. À deux doigts de la crise de nerf, il ne sait pas si la chose qu'il est le plus susceptible de faire est de s'évanouir sur la première surface un peu molle qu'il rencontrera ou se rouler en boule pour hurler de toutes ses forces.
S'il doit parler à qui que ce soit, pourtant, il est fort probable que la deuxième option soit celle qui a le plus de chance de se réaliser. Alors il se met à prier, bien qu'il soit athée. Enfin, il formule juste un souhait. Une requête à la Grande Déesse Porte et à sa Sainte Serrure. Il ne demande pas grand-chose. Juste un peu de pitié pour clôturer une journée de merde. Sa requête est simple « Faites que la dernière personne à avoir passé cette porte soit Charlie ou Zia » Parce qu'il s'agit des deux seules personnes capables de ne pas l'avoir verrouillée.
Il pose la main sur la poignée, l'enclenche. Et voit la porte s'ouvrir.
— Merci, laisse-t-il échapper dans un souffle à peine audible.
Personne en vue, mais la lumière est faite dans la salle à manger et des voix lui parviennent de la cuisine. Darcy, Caleb et Anthéa. Au minimum. Du plus doucement qu'il le peut, il referme la porte dans son dos. Pas de claquement aujourd'hui, pas de vitres qui vibrent.
Venacio ferme les yeux. Il inspire. Et à pas de loup, avance jusqu'aux escaliers. Il pose un pied sur la première marche. Elle grince à peine. La seconde, la troisième. Allez, encore une dizaine et il sera à demi tiré d'affaire. Il va reprendre son ascension, quand les voix d'Anthéa et de Caleb se font plus fortes. Ils se sont déplacés dans la cuisine, les deux idiots.
En proie à une confusion comme il n'en a que trop souvent connue, Venacio se pétrifie. Il ne peut plus parler. Il est à bout. Il n'est même pas certain qu'il parviendra à le faire le lendemain. Peut-être qu'il devra rester isolé dans sa chambre toute la journée pour contrer l'excès de sociabilité qui lui a été imposé, aujourd'hui. Si les gamins débarquent, il va hyperventiler. S'ils lui adressent la parole, il va faire une crise.
La main crispée sur la rampe, l'homme attend. Il voudrait se mettre à courir. Fuir le danger. Mais ses jambes sont comme prises dans le béton. Il en est incapable. Alors, il attend. L'inéluctable, l'insupportable sanction. Parce qu'il n'est qu'un petit con prétentieux. Un gamin qui se croit intelligent. Qui se pense supérieur aux autres.
Dans sa poitrine, son cœur cogne si fort, qu'il lui fait mal. Dans sa gorge, la boule d'angoisse est revenue. La nausée s'empare de ses sinus, rempli son cerveau. Il va vomir. Il va mourir.
Un coup dans le ventre et il se plie en deux. Dans ses yeux écarquillés, la terreur se dispute aux larmes. Il est misérable. Un moins-que-rien. Un déchet. Il ne mérite pas de côtoyer ces gens. Il ne mérite rien.
Dans la cuisine, la voix de Vivienne s'élève. Elle aussi est là. Elle aussi, elle va voir. Ils vont tous voir. Tous comprendre. Ce qu'il est. Ce qu'il vaut.
Rien.
Sa voix est chantante, souriante, sautillante. Comme toujours, Vivienne est un rayon de soleil. Elle les appelle. Caleb. Anthéa. Elle les éloigne de lui. Les déplace dans un endroit d'où ils ne pourront pas le voir, pas l'entendre.
Combien de fois le sauvera-t-elle encore ?
À bout de souffle Venacio reprend son ascension. En moins d'une minute, il est adossé à la porte de sa chambre. Dans son entre. Son cocon.
Il a mal. Partout. Ça frappe. De tous les côtés.
Sa main cherche la clef, la fait tourner. Il est seul. Enfermé. Et ses démons s'apaisent.
Il vacille jusqu'au lit, s'y laisse tomber.
Il a toujours mal. La nausée n'est pas passée.
Mais il ne va pas mourir. Pas tout de suite. Pas aujourd'hui.
Il inspire. Expire. Inspire. Expire.
Il va dormir.
**
Les gens !
Ce chapitre était peut-être un peu prévisible, non ?
Dans le sens où il était quasi-certain que c'était Venacio qui avait récupéré le collier...
Mais, en même temps, vous saviez depuis le résumé qu'il ferait partie des persos à avoir des pouvoirs ^^
Enfin, bravo à mikoto_otsuke qui l'a senti venir ! Ton commentaire m'a fait sourire autant qu'il m'a achevé xD Suis-je si prévisible ? Argh !
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