Je cligne des paupières, ébloui par une soudaine vague de lumière, et la première chose que rencontre mes rétines, c'est la matière grise et irrégulière du parpaing. Mes yeux papillonnent jusqu'à ce qu'ils s'habituent à la luminosité, et je fouille la pièce du regard, je remarque Sally, avec qui je partage ma cabane, elle est en train de s'habiller. Les rideaux sont tirés, ce qui explique mon réveil brutal. Je balance mes jambes hors du lit, et lance un petit "salut" à Sally, au quel elle ne répond pas, je commence donc à m'habiller, quand Sally quitte la cabane sans un mot. Suis-je sensée la suivre ? Je me dépêche de finir d'enfiler mes vêtements avant de sortir à mon tour de la cabane, sur les traces de Sally.

Je sors de la battisse, n'ayant pas la moindre idée de ce que je dois faire. Adam et son ami, dont j'ignore toujours le prénom, sont dans l'infirmerie. J'aperçois, par la porte entrebâillée, leurs vagues silhouettes qui sont en train de remplir des sacs, il me semble. J'ai vu Sally prendre la direction de son bureau, elle doit donc être avec eux. Je sursaute, quand la porte de l'infirmerie s'ouvre brutalement, Adam et son ami en sortent, un sac à dos chacun, glissé sur leurs épaules. Ils m'adressent un bref coup d'œil, avant de marcher cote à cote dans la direction de la forêt, une vaste étendue d'arbres si grands, qu'il fait quasiment noir là-bas.En quelques minutes, leurs silhouettes se font engloutirent par les ténèbres de la forêt. Subjuguée par cette vision presque fantomatique, je ne remarque pas tout de suite que Sally est sortie de l'infirmerie, et de ce fait, je sursaute lorsqu'elle pose sa main sur mon épaule.

— Viens avec moi, je vais t'expliquer le fonctionnement du camp, me dit-elle en me poussant délicatement vers ce qui ressemble à un potager, dans lequel plusieurs personnes plantent, cueillent ou arrachent les mauvaises herbes.

— Tu vois, ici, chacun à son propre rôle, là ce sont les jardiniers, il y a les cueilleurs et les planteurs, je vais t'expliquer tous les métiers que l'on peut trouver au camp, il y a les cuisiniers, qui se servent de ce que les jardiniers cultives, mais aussi de ce qu'Adam et Ben rapportent, eux, ce sont les ravitailleurs, m'explique-t-elle en parlant d'Adam et du dit Ben qui devait être son ami. Il y a aussi ce qui font le ménage, la lessive et la vaisselle, mais la plupart du temps nous changeons chaque semaine en suivant un emploi du temps, dit-elle, je dois avouer que le camp est extrêmement bien organisé, un léger mouvement sur la droite attire mon attention, je tourne la tête sur le côté, et je remarque une silhouette qui apparait à l'endroit où les deux jeunes hommes avaient disparus un peu plutôt.

— Il y a aussi les techniciens qui s'occupent eux... Poursuit Sally, mais je n'écoute plus ce qu'elle me dit, mon esprit est focalisé sur la silhouette qui se découpe entre les arbres de la forêt, au même endroit où celles d'Adam de son ami ont disparus...

Sans un mot, je la désigne du doigt à Sally, qui se retourne dans la direction que je viens d'indiquer.

La silhouette titube un instant, puis elle sort de la pénombre : c'est l'ami d'Adam...

Il est pâle et tremblant, et à peine nous a-t-il jeté un regard qu'il tombe à terre.

Sally et moi nous redressons d'un même mouvement, et nous courons dans sa direction.

Il est tombé face contre terre, le visage dans la boue, j'arrive la première à ses côtés, et je le retourne sur le dos. Il est d'une pâleur extrême, et est visiblement inconscient, et lorsque je baisse le regard sur sa chemise, je remarque alors la tâche sombre qui s'agrandit progressivement au niveau de son épaule...