Chapitre 2

Dans une manœuvre assurée, Emma stoppe le 4x4 entre les lignes blanches du parking, nous descendons de la voiture, et mon amie fait brutalement sortir le fugitif de l'habitacle en le tenant par les menottes. Nous prenons la direction de l'immense gratte-ciel, je passe mon badge devant le détecteur afin qu'on nous autorise l'accès, la porte automatique s'ouvre sans un bruit, et nous pénétrons dans les locaux blancs du centre de détention.

Emma pousse le Responsable à l'intérieur, et celui-ci manque de tomber, elle le confie au représentant du conseil, et ce dernier lui tend une liasse de billet, sans un mot. Alors que l'on fait demi-tour, le fugitif prend la parole :

— Dommage que le monde soit fait ainsi, poupée, parce que dans d'autres circonstances, je t'aurais bien demandé ton numéro, dit-il à Emma

— Oui, dommage que tu sois responsable des 6 milliards de morts, mais dans tous les cas j'aurais refusé » Répond ma collègue sans même se retourner avec une pointe de rancœur dans la voix.

Ça a toujours été ainsi, Emma fait tourner la tête de beaucoup d'homme, il faut dire qu'elle est vraiment magnifique avec ses longs cheveux blonds, ses yeux marron chocolat et ses tâches de rousseurs. Elle a toujours été plus que moi, d'ailleurs c'est souvent elle qui capture les fugitifs et qui les conduit au centre, la plupart du temps je ne suis que son copilote.

Quand nous nous sommes toutes les deux présentées au camp d'entrainement des chasseurs de primes, il a tout de suite été dit qu'elle allait devenir une chasseuse hors pair. Elle excellait au tire, avec n'importe qu'elle arme, elle visait toujours dans le mille, et même en épreuves physiques, elle était très douée, elle battait la plupart des hommes en endurance et gagnait toutes les courses d'orientation.

Après avoir subi une année entière d'entrainement intensif, elle est évidement sorti major de la promotion et a rapidement été affectée à un centre de détention pour commencer à être chasseuse de prime, le seul métier qui était bien payé depuis l'épidémie. Si Emma ne s'était pas battue bec et ongle pour que je sois sa coéquipière, je serais très certainement encore en train de manger la nourriture infecte du camp et de subir les nombreuses séances d'entrainement.

Nous quittons les locaux de détention et retournons sur le parking afin de récupérer le 4x4. Emma remonte du côté conducteur, elle est de toute façon la seule à pouvoir conduire puisque je n'ai pas encore l'âge de passer le permit. On aurait pu croire que depuis l'épidémie, n'importe qui pourrait conduire s'il le voulait, mais quand on est chasseur de prime, nos supérieurs ont décidé qu'il serait obligatoire d'être majeur avant de passer le permis.

Mon amie me confie la liasse de billets avant de mettre le contact, et nous dépassons les gardes qui autorisent l'ouverture du champ de force. La voiture s'engage dans les rues désertes de Paris, seul le bruit du moteur rompt le silence qui règne dans la capitale, les roues glissent sur l'asphalte et nous prenons la direction du quinzième arrondissement.

Après quelques minutes, nous arrivons enfin dans notre quartier, nous sommes les seules habitantes à des kilomètres à la ronde. Emma gare la voiture de service devant notre immeuble, et nous quittons le 4x4 pour nous engager dans le palier que nous sommes seules à emprunter. Ma coéquipière glisse la clé dans la serrure de la porte de l'appartement du premier étage avant de passer le seuil, moi sur ses talons. Je retire ma veste de service et mes rangers et Emma fait de même. Je m'affale dans le canapé du salon, épuisée par cette journée de chasse, je récupère la liste des Responsables que l'on nous a confié, sur la table basse. Je sors un crayon de la poche de ma chemise, et en suçote le bout, à la recherche du visage de l'homme que nous venons d'arrêter.

Sur cette liste, se trouve une trentaine de noms, accompagnés d'une photo et des informations concernant la personne, notre but final est de capturer chaque fugitif présent sur cette liste. Je feuillette le paquet de feuilles reliées entre elles par une agrafe, je trouve enfin la photo de l'homme que nous cherchions depuis deux semaines et que nous n'avions pas réussis à capturer, enfin, jusqu'à aujourd'hui.

Je fais une grande croix sur sa photo avec mon stylo rouge, puis je remets la liste sur la table du salon. J'étire mes bras, et me retourne vers Emma :

— Je vais à la douche en première ou tu veux y aller ?

— non vas-y, je m'en fiche » me répond-elle, absorbée par les restes du frigo que l'on pourrait manger au diner.

Je passe dans la chambre pour récupérer mon pyjama et je me dirige vers la salle d'eau.

Je reste un long moment sous la douche, savourant la sensation de l'eau chaude sur mon épiderme, après de longues minutes, je coupe enfin l'eau, je récupère une serviette que j'enroule au-dessus de ma poitrine. Je sors de la douche et me place devant le miroir, j'essuie avec le coude la buée qui s'est accumulée sur le verre froid et contemple mon reflet. Mes cheveux noirs dégoulinant d'eau tombent dans mon dos nu, des cernes violets entourent mes yeux verts et ma peau blafarde capte les rayons du soleil qui filtre à travers la fenêtre. Je soupire, j'ai l'air épuisée. Je prends ma brosse à cheveux dans le tiroir de la salle de bain et peigne mon épaisse tignasse, ce qui me prend un petit moment.

Quand je sors enfin de la salle de bain, propre comme un sous-neuf et vêtue de mon pyjama, le repas est chaud et deux couverts sont placés sur la table. Je m'installe sur la chaise que je prends d'habitude, et remarque une liasse de billets à côté de mon assiette : ma part de la récompense. Je glisse les billets verts dans la poche de mon pantalon de pyjama, quand Emma arrive avec le plat qu'elle pose au centre de la table.

« J'ai partagé équitablement » dit-elle en remarquant que j'ai récupéré l'argent, je hoche la tête pour toute réponse.

Après un diner copieux, nous retournons dans nos chambres respectives après s'être brossé les dents et je glisse la liasse de billets dans le pot à confiture où je garde mon argent. Je me glisse sous les draps, et éteins la lumière, à la recherche des bras de Morphée.

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