CHAPITRE 8

     On dit toujours que la vérité est un moyen de prouver à autrui qu'on l'apprécie. Est-ce réellement la seule issue au doute ? Est-ce la clé de la confiance ? Dire la vérité c'est être transparent avec l'autre. Ce mot est associé à une vision positive. Mais il implique des inégalités.

        Pourquoi dirons-nous la vérité à notre ami et pourrions-nous mentir à nos ennemies dans le seul but de protéger ceux qu'on aime ? Si la vérité est bénéfique, alors, on doit toujours la dire, et toujours la dire, c'est parfois dénoncer ses amis. En avouant, on peut blesser notre ami parce que la vérité peut être une réalité dure à accepter. Cacher une partie de la vérité implique mentir, et de temps en temps, c'est beaucoup plus simple de garder le silence. Je lui avais caché l'existence de Michael Jackson, prétendant qu'il faisait partie de mon imagination, jusqu'au point où j'ai cru à mon mensonge...

        À cette époque, je n'osais lui dire la vérité sur ce que je pensais et ressentais vis-à-vis de ce mystère qui tournait autour de lui. Du moins, je ne la connaissais pas vraiment mais j'avais des hypothèses et je savais certaines choses grâce à l'observation que j'avais adoptée durant tous ces mois. Et pourtant, je gardais tout pour moi, simplement pour ne pas passer pour une folle à ses yeux. La dernière fois que je lui avais dit ce que je pensais, il s'était offusqué et m'avait ignorée pendant plusieurs jours. Je ne voulais en aucun cas que ça recommence, ainsi, je devais enquêter de mon côté pour être certaine de ce que j'avancerai le jour voulu.

        Alors, je réfléchissais à un moyen pour lui faire comprendre que l'homme qu'il avait vu sur ma fresque avait un lien avec lui parce qu'à présent, j'en étais certaine. En revanche, mon ignorance me laissait me poser maintes questions. Dans un premier temps, je ne connaissais pas ce lien et dans un deuxième temps, je n'avais ni les explications, ni les raisons de cette singularité.

        Après quelques réflexions, je pensais avoir trouvé le moyen de parler de Michael Jackson et de lui faire réaliser qu'il avait plus de points commun avec lui qu'il ne le pensait.

« Bon alors, tu m'expliques l'honneur de ce silence sans fin ? »

Il était rentré dans la chambre, agacé par mon comportement. Il y avait deux raisons à cela, mais je ne pouvais lui donner la première, alors, j'exprimai simplement mon deuxième mal. J'avais peur qu'il me délaisse à cause de sa copine et c'est exactement ce que j'avais prononcé. Il s'était alors approché de moi en rigolant discrètement tandis que je restais pensive, allongée sur le matelas qu'il m'avait prêté, fixant le plafond blanc.

« Tout ça pour ça ? Chadna Indali Rahda... Je ne te laisserai jamais tomber pour une fille, t'es ma meilleure amie »

Cette phrase me fit sourire et me rassura immédiatement. C'était la première fois de ma vie qu'on me montrait combien je comptais pour quelqu'un, excepté ma mère et mon père. Michael me considérait réciproquement comme sa meilleure amie, j'étais la plus heureuse des filles à ce moment précis. Et j'avais enfin réalisé que dire la vérité, qu'exprimer ses sentiments n'était pas aussi effrayant que ça ne le laissait paraitre, surtout quand on a un ami sur qui compter. Un ami qui pouvait parfois lire dans mes pensées... En effet, il comprenait que j'étais toujours embêtée même après qu'il m'a rassurée.

« Et la deuxième chose qui te tracasse ? »

Michael était voyant, ou alors, mes émotions me trompaient beaucoup trop. Si j'étais ainsi, c'était pour une autre raison, c'est-à-dire, la première explication que je ne pouvais lui donner. J'ai simplement haussé les épaules et il n'a pas insisté. J'avais alors compris à quel point il tenait à moi parce qu'il n'a jamais tenté de me faire parler quand je ne le voulais pas, et il ne m'a jamais jugée quand je pouvais l'être.

        Si je me souviens aussi bien des détails, c'est parce que nous étions le 25 décembre 2017. Michael m'avait expliqué qu'il ne pouvait pas aller chez ses parents donc qu'il passerait Noël seul et que grâce à moi, il ne le serait pas. Sa copine le passait avec sa famille et ma mère ne se souciait pas de cette fête plus commerciale que symbolique.

        J'avais alors eu l'idée, en ce jour, de lui parler de ce fameux Michael Jackson qu'il ne connaissait pas mais qui lui ressemblait tant. C'est ainsi que je voulais lui faire comprendre ce lien. Si je ne pouvais le comprendre par mes propres moyens, lui pourrait forcément voir ou ressentir Michael Jackson quand je le décrirai.

        Il était très intéressé par le sujet et m'écoutait attentivement. Je l'avais représenté oralement pour qu'il puisse correctement le peindre dans son esprit, puis, j'ai exposé quelques parties de sa vie sous les yeux ébahis de mon meilleur ami. Je me souviens encore du petit sapin, des lumières, de la couverture qui nous recouvrait, et de ce temps pluvieux. Je me souviens encore de la sensation que j'avais quand son épaule était contre la mienne et qu'on fixait les décorations, lumières et sapin.

        Je n'ai jamais aimé Michael comme une femme amoureuse, je n'ai jamais voulu qu'on soit plus que des meilleurs amis, et pourtant, nous étions bien plus que cela, nous avons, au fur et à mesure du temps, développé une relation fraternelle puissante.

        Lors de cette conversation fort intéressante selon Michael, j'avais menti en prétendant que la personne que j'avais autrefois peinte était tout droit sortie de mon imagination. Mais avec le temps, j'ai réalisé que Michael savait que je ne lui disais pas la vérité, bien qu'il respectait mon silence et ne cherchait pas à me faire démentir, même si parfois, il essayait de me contredire.

« Donc tu me dis que ce Michael Jackson est chanteur, musicien, danseur, compositeur, acteur et réalisateur ? Impossible »

Il avait pouffé car pour lui, on ne pouvait être tout cela à la fois. Et d'ailleurs, je doutais parfois de la réalité et pensais qu'il avait raison. C'était logique, on ne pouvait pas faire autant de choses, cette personne ne pouvait exister, j'avais probablement dû l'imaginer. Mais pourtant, quelque chose au fond de moi me poussait à croire qu'il avait vécu dans ce monde et ça devait en être de même pour Michael.

« Il a chanté quoi ? Fais-en moi l'imitation »

J'avais rougi avant d'interpréter quelques paroles, bien qu'il cherchait simplement à me taquiner. Je ne connaissais ni toutes ses musiques, ni ses paroles, de plus, ça restait flou. J'avais donc chanté le refrain de Thriller, qui est une musique de Michael Jackson, timidement. Bien évidemment, il s'est moqué de moi en affirmant que je ne savais pas chanter. Je lui ai aussi expliqué que ce Michael dessinait durant ses temps libres, et d'ailleurs, c'est ainsi que je l'ai découvert.

        En Inde, après que mon émission soit finie, j'avais l'intention d'éteindre la télévision quand une caméra avait filmé de près une feuille blanche, avec un crayon et une main en gros plan. J'étais restée immobile devant l'écran, et j'avais par la suite appris que cet homme était aussi chanteur. C'est pourquoi je me suis un peu intéressée à ce prodige. J'avais expliqué cela à Michael qui était lui aussi stupéfait.

« Tu me faire croire que t'es allée aussi loin ? T'as inventé une rencontre, des musiques et paroles, un caractère, sans oublier, un physique à cette personne. Encore une fois, c'est impossible »

        En lui prétendant cela, je savais bien qu'il n'allait pas y croire mais je savais qu'il ne poserait pas de questions concernant mes soupçons car il comprenait que je ne voulais pas en parler. Malheureusement, il était légèrement vexé parce qu'il espérait que je lui dise ce que je pensais réellement, mais je me suis tue, c'était encore trop tôt. Mais d'un autre côté, j'avais appris plus tard que Michael ne m'avait lui non plus pas dit la vérité ce jour-là. Il m'en avait cachée une partie.

En effet, c'est quelques semaines plus tard, quand j'était rentrée chez moi pour reprendre les cours que Michael m'avait appelée pour me faire un aveux. Un aveux qui avait changé mon humeur, me rendant angoissée.

« Tu sais, le jour de Noël, quand tu m'as décrit ton personnage... J'avais quelques images qui apparaissaient dans mon subconscient, avec une description qui correspondait parfaitement à la tienne... »

Même si j'avais voulu le décrire uniquement dans le but de lui faire réaliser, j'avais des doutes sur son efficacité, mais cela avait marché au point de me donner des vertiges. Je dus m'asseoir pour me reprendre et éviter de faire un malaise.

J'avais compris qu'il y avait un réel lien entre mon ami et ce phénomène qui a eu lieu le jour de la mort du chanteur. Je comprenais que mes théories n'étaient pas erronées, et qu'au contraire, elles étaient confirmées.

De plus, il y avait beaucoup de points communs entre eux, comme le perfectionnisme de Michael Jackson que je pouvais retrouver chez Michael. Il n'y avait qu'à voir ses fresques parfaites, et celles qu'il prétendait être ratées, simplement parce qu'une seule chose différait de ses attentes. S'il avait gâché un millimètre de toute sa peinture, il n'hésitait pas à recommencer pour que ça soit la copie conforme de sa conception.

        Durant tout ce temps, j'avais des doutes et incertitudes, en ce jour, j'étais certaine de ce que j'avançais : Michael Jackson et Michael étaient la même personne.

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