CHAPITRE 5
« shhhh »
Voici le mot que j'entendais sans arrêt en dehors de mon école. Mon statut d'étudiant m'a permis de trouver facilement un job. J'avais des dizaines de choix et j'ai préféré opter pour la bibliothèque. C'etait simple, je n'avais qu'à ranger les livres correctement et je pouvais même profiter de mes temps libres pour lire des romans de grands écrivains ou des pensées de grands philosophes. J'aimais ces moments de liberté qui s'offraient à moi où je pouvais m'évader le temps d'un instant. La peinture n'était pas la seule activité qui pouvait me faire ressentir ces bonnes vibrations. Je finissais pour la plupart du temps à vingt heures, travaillant en dehors de mes études, c'est-à-dire, le week-end et après les cours. Je gagnais assez pour nous nourrir et payer le loyer du studio.
Alors que j'étais rentrée du supermarché, ma mère qui mijotait un plat indien m'a informée que mon téléphone ne cessait de sonner depuis ce matin. En effet, je l'avais oublié car je n'avais pas l'habitude d'en avoir un sur moi.
Après avoir rangé les courses, je me suis précipitée dessus, sachant pertinemment que c'était Michael parce qu'il était le seul à avoir mon numéro. Je ne voulais pas le faire patienter plus longtemps, alors, je lui ai envoyé un message précisant que je le rappellerais le soir même, après avoir mangé, bavardé avec ma mère et m'être douchée. Je voulais passer la soirée avec celle que j'aimais le plus au monde et que je ne voyais que très peu dans la journée.
« J'ai décidé de trouver moi aussi un travail »
J'étais stupéfaite par ce qu'elle venait de m'annoncer. C'était une excellente nouvelle car la connaissant, je savais qu'elle n'aimait pas rester dans un appartement toute une journée à ne rien faire. En effet, quand mon père était encore en vie et que nous étions en Inde, elle faisait sa part, travaillant durement dans mon pays natal. Depuis que nous habitions en Amérique, elle avait perdu ce côté que j'admirais tant en elle, à cause de l'État qui ne se souciait pas de nous. Et à présent, elle voulait le retrouver, grâce à cette chance que j'avais reçue.
Notre conversation terminée, comme promis, j'ai appelé mon ami. Vous n'imaginez pas à quel point j'étais angoissée au fait de réentendre sa voix. J'étais à New-York depuis plus d'une semaine, et je n'avais reçu aucun appel de sa part depuis mon départ, ce qui m'a laissé penser qu'il avait probablement fini par abandonner l'idée de me rappeler et de continuer cette relation à distance. Je n'osais pas faire le premier pas car je pouvais lui téléphoner qu'en soirée, et j'avais peur de le déranger. Je savais que ce genre de relation partait généralement en lambeau en à peine quelques mois, mais je ne voulais pour rien au monde que ça nous arrive. Je priais pour que notre relation soit différente en bien. Alors, quand j'ai appris par ma mère qu'il avait fini par m'appeler, mon humeur de fille fatiguée s'est directement transformée. J'étais excitée et heureuse de m'imaginer dans ma chambre, tard le soir, au téléphone avec lui. J'étais impatiente à l'idée de lui parler.
« Tu me manques »
Cette phrase provenant de sa bouche était tellement adorable que je ne pouvais faire autrement qu'esquisser un sourire. Je lui ai répondu qu'il en était de-même pour lui, et je lui ai affirmé qu'on se reverrait aussi vite que possible. Il m'a demandé comment j'allais, ce que je faisais, et si je m'entendais bien avec mes camarades de classe.
« Alors, ça va ? Tu t'entends bien avec les autres ? Tu fais quoi de tes journées ? Qu'est-ce que t'as appris aujourd'hui ? Tu travailles où ? Quel est ton job ? Ton studio est bien ? »
Il était apparemment excité tout comme moi à l'idée qu'on puisse s'écouter comme il y a une semaine. C'est en entendant à nouveau sa voix que j'avais compris qu'il m'avait déjà énormément manqué. Je rigolais face à toutes ces questions qu'il avait posées rapidement sans prendre le temps de respirer entre chaque interrogation.
« Tout se passe à merveille. Je ne parle pratiquement avec personne, enfin, il y a très peu de relation, là-bas. Tout le monde est plus préoccupé à réussir ses études qu'à se faire des amis. Ensuite... Bah j'ai oublié tes autres questions »
Il pouffa, je fis de même. Son rire était vraiment contagieux et je pense qu'il n'y a pas une seule fois où je n'ai pas ri en l'entendant rire, et souri en le voyant sourire. Il était le meilleur des remèdes contre la dépression ou la tristesse. Il m'a alors répété ses autres questions, lentement et calmement.
« Je vais en cours et je travaille dans une bibliothèque le soir. Ma mère a aussi décidé de continuer à travailler. C'est trop bien ! Mon studio est plus un appartement qu'une chambre d'étudiante. Il fait environ 80 mètres carrés, il est immense ! »
Il était impressionné et vraiment content pour moi. C'est ce qui me faisait penser que c'était le meilleur des amis. Il écoutait attentivement ce que je disais, comme si ma vie était importante et intéressante. En tout cas, il le laissait paraitre, bien qu'elle ne l'était pas tant que ça. La seule chose qui sortait de l'ordinaire était le fait d'avoir un ami aussi parfait que lui et ce phénomène qui m'intriguait tant dès la minute où j'avais posé les yeux sur lui. Il se préoccupait de ma santé, de mon humeur et de mes émotions. Et en y repensant, il l'a fait dès la première seconde. Le fait qu'il ait accouru vers moi pour m'aider à ramasser mes fresques que le patron avait jetées au sol me prouve à quel point c'était un homme intentionné. Et il le faisait davantage quand j'étais loin de lui et qu'on ne pouvait se parler que par portable.
En effet, changer d'environnement n'est pas toujours positif pour une jeune fille qui se cherche encore mais j'en avais tellement l'habitude en tant que marginal que cela ne me déplaisait plus. De plus, de par le biais de mes expériences, j'ai compris que c'est grâce au changement qu'on se créé notre propre identité et qu'on apprend réellement à se connaitre. Puis, par l'acceptation de soi qu'on se change pour devenir une meilleure personne.
« Et toi alors, comment ça se passe ? »
Il me décrivit ses journées, ce qu'il faisait, et comment ça se passait avec sa famille. Michael n'avait pas besoin de travailler car ses parents payaient son studio et son école. Ils habitaient à une heure de chez lui. S'il n'était pas resté dans le cocon familial, c'est parce qu'il avait plusieurs petits frères et soeurs et c'était parfois dur pour lui de trouver sa place dans cette grande famille. C'était la première fois qu'il me parlait autant de sa famille, de lui, et la façon dont il menait sa vie, seul.
On a passé une bonne heure à discuter, détaillant nos vies et c'était loin d'être fini. On avait pour objectif de se parler toute la nuit, rattrapant les sept jours passés sans se voir ou dialoguer.
je lui ai posé une question qui me titillait depuis quelques temps. En effet, je me demandais souvent si la ressemblance avec l'homme imaginaire qui trottait mon esprit n'était que physique et vocale, ou bien, si elle s'étendait sur plusieurs paramètres. En bref, je me demandais s'il n'avait pas le même mental que celui-ci ou les mêmes problèmes familiaux malgré que leur famille différait.
« Ça va avec ta famille ? Aucune dispute ? Ton père est gentil avec toi ?
- Oui... Pourquoi ?
- Et ta peau, tu n'as pas de problème avec ta peau ? »
Me répondant chaque fois par la négation, je paraissais insister, chose que je n'aimais pas faire. Il avait l'air blasé de mes questions, mais ce n'est pas pour autant que je m'en suis arrêtée là. Je devais en être certaine et pour cela, il fallait que je retrace toute la vie de ce faux chanteur pour n'oublier aucun détail. Chaque fois qu'il me répondait par la négation, il me r'envoyait une question qui ne voyait jamais aucune réponse de ma part.
« Et tu n'es pas complexé ?
- Non... Tu veux que je le sois ?
- Ton nez par exemple... Tu ne le trouves pas trop gros ?
- Est-ce un moyen de me dire que tu trouves mon nez trop gros ?
- Non, pas du tout. Je parle pour toi.
- Eh bien, je le trouve très bien, et personne ne m'a jamais fait de reproches... avant toi... Bonne nuit »
En prononçant ces quatre derniers mots, sa voix devenait de plus en plus faible. C'est ainsi que notre conversation a coupé court parce qu'il a eu la merveilleuse idée de me raccrocher au nez, trouvant notre dialogue absurde. Je ne pouvais pas lui en vouloir, la question du nez était peut-être de trop. Je culpabilisais de l'avoir blessé car il me paraissait vraiment touché face à mes questions. Je voulais lui donner l'explication qui justifiait ma curiosité, mais je ne pouvais pas en parler, c'était surement trop tôt...
À cet instant précis, vous devez sûrement vous demander une fois de plus en quoi toutes ces questions pouvaient bien m'aider dans mon enquête. La raison est que le Michael Jackson était un personnage assez complexé de par son père. Ce dernier le battait étant plus jeune, dans le seul but d'en ressortir un garçon talentueux, puisant toutes ses forces pour faire des concerts parfaits et pour être au summum de ses capacités sur scène. Il avait tellement honte de lui suite aux nombreuses réflexions sur son physique qu'il a décidé de faire plusieurs chirurgies dans le seul but de camoufler son passé et ses nombreuses sutures. Ne vous méprenez pas, Michael restait magnifique aux yeux des gens qui le connaissaient, parce qu'il l'était. Sa beauté intérieure jouait un rôle sur sa beauté extérieure. Il avait beau être mignon, quand on connaissait sa personnalité, il le paraissait encore plus. Mais apparemment, ce Michael qui était dans mon ère ne ressentait pas cette envie de se changer le visage et il n'était pas du tout traumatisé vis-à-vis de son paternel. Chose qui d'un côté me rassurait mais qui d'un autre me faisait me poser plus d'interrogations sur ma potentielle folie.
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