"Drago, comment es-tu arrivé ici ?" Astoria haleta dès qu'elle a repris conscience. Elle se pencha dessus et toucha son côté avec précaution en se recroquevillant sur la chaise.

"J'ai dû traverser l'Europe en vitesse à cause de toi", a-t-il dit avec un grognement grave.

La rage dans sa voix était palpable.

Hermione fixa son regard. L'apparition à travers le continent était presque impossible. Il fallait soit sauter tellement de fois qu'une personne épuisait sa magie et devait s'arrêter, soit faire preuve d'une telle concentration qu'il était pratiquement impossible de survivre. La plupart des gens qui sautaient plus de quelques pays se faisaient éclater la tête. Si Malfoy était réellement apparu jusqu'ici, il devait être presque mort d'épuisement magique.

Dans ce cas, il n'était pas étonnant que le manoir ait tremblé. La puissance et la concentration nécessaires pour réussir un tel saut avaient tendance à exploser comme l'onde de choc d'un bang sonique. Il y avait probablement une pièce dans le manoir qui avait été réduite en éclats.

"C'est... c'est complètement impossible", bégaya Astoria.

"Tu sous-estimes ton mari, Tori ?" dit-il d'un ton calme et meurtrier. "Pas très féminin de ta part."

"Oh, tu es ici à cause de moi ?" Astoria craqua. "Non. Tu n'es pas là. Tu es ici à cause de ce sang-de-bourbe. Tu m'as jeté un sort. Tu m'as jeté dans un mur. Tu as assassiné Graham Montague tout ça à cause de cette Sang-de-Bourbe."

"Oui, je l'ai fait", a répondu Malfoy. "J'ai fait tout ça parce qu'elle est le dernier membre de l'Ordre du Phénix. Et ça veut dire que, contrairement à toi, elle est importante, infiniment plus importante que toi. Considérablement plus importante que Montague. Savais-tu que le Seigneur des Ténèbres la fait régulièrement venir devant lui pour inspecter ses souvenirs ? Les yeux sont plutôt utiles lorsqu'on pratique la légilimencie."

Astoria pâlit et Malfoy continua de parler de sa voix froide et mortelle : " J'ai essayé d'être patient avec toi, Astoria. J'ai été prêt à ignorer ton comportement indécent et tes interférences mesquines, mais rappelle-toi qu'à part être quelque peu décorative, tu m'es inutile. Si tu t'approches à nouveau d'elle, ou si tu lui parles, ou si tu utilises ton statut de dame de ce manoir pour franchir une de mes protections, je te tuerai. Et je le ferai lentement, peut-être au cours d'une soirée ou deux. Ce n'est pas une menace. C'est une promesse. Sors. Dehors. De. Ma. Vue."

Astoria poussa un sanglot terrifié et s'enfuit de la pièce.

Malfoy resta debout, respirant profondément pendant plusieurs secondes avant de se retourner vers Hermione.

Il s'approcha lentement d'elle puis s'agenouilla et inclina son visage pour regarder à nouveau ses yeux.

"Les pupilles sont de tailles différentes ", dit-il après un moment. "Après avoir appliqué l'Essence de Dictame, je ferais venir un spécialiste pour voir s'il y a quelques chose.

Hermione le regarda fixement.

" Tu n'as pas besoin de mes yeux pour faire de la légilimencie ", dit Hermione d'une voix de bois. "C'est plus facile comme ça. Ça n'aura aucune importance si je suis aveugle d'un œil."

Elle sentit les doigts sur son visage tressaillir faiblement et sa mâchoire se serrer.

"Je considère que c'est une question de commodité", a-t-il dit après un temps.

Son pouce passa légèrement sur sa pommette tout en continuant à la regarder.

Elle le fixa en retour. Il avait l'air hagard, mais peut-être que c'est ce qu'il lui semblait à cause de sa vision floue.

"Comment es-tu revenu de Roumanie ?" a-t-elle demandé.

Il eut un sourire fatigué. "Cette capacité m'a été offerte par le Seigneur des Ténèbres. Mais je ne crois pas qu'il s'en doutait à l'époque. C'était une punition."

Hermione a froncé les sourcils. Elle n'avait aucune idée du genre de punition qui pouvait avoir pour effet secondaire de permettre des apparitions transcontinentales. Une sorte de magie noire horriblement obscure.

"Quelle sorte de malédiction ?"

"Ce n'était pas une malédiction, c'était un rituel, et je n'ai pas envie d'en parler", dit-il brusquement.

"Comment sais-tu que je connaissais les sorts ?" demanda-t-elle après une minute alors qu'il continuait à étudier son visage.

"Tu étais une guérisseuse", dit-il avec un léger haussement d'épaules. "Si je t'avais fait apparaître à St Mangouste, j'ai supposé que la pression aurait détruit ton œil. Et le temps était essentiel."

"Où as-tu appris à guérir ?" demanda-t-elle, repensant à tous les sorts et diagnostics qu'il avait connus immédiatement.

Il eut un léger sourire en coin.

"J'ai été général pendant des années, j'ai appris des choses en cours de route. C'était une compétence évidente à développer."

"Pas pour tout le monde", dit-elle. Elle avait essayé à plusieurs reprises d'enseigner aux membres de l'Ordre plusieurs sorts de guérison d'urgence de base, mais la plupart d'entre eux étaient réticents à apprendre plus que des épiskey.

"Oui. Eh bien, j'étais du côté des vainqueurs, nous avons manifestement fait de meilleurs choix stratégiques ", dit-il d'une voix froide en retirant ses mains.

" C'était un sort de diagnostic inhabituel que tu connaissais ", dit Hermione, ignorant son commentaire cruel.

" C'était une longue guerre ", a-t-il répondu, toujours agenouillé devant elle.

Hermione baissa les yeux sur ses genoux pendant une minute, puis les releva vers lui. Un mal de tête commençait à se développer dans ses tempes à cause de sa vision déséquilibrée.

"Tu as un talent naturel pour la guérison. Dans une autre vie, tu aurais pu être un guérisseur ", a-t-elle dit.

"Une des grandes ironies de la vie", dit-il en la détournant du regard. Elle crut voir le coin de sa bouche se contracter faiblement, mais peut-être n'était-ce qu'un effet de sa vision.

"Je suppose que oui", dit Hermione en regardant à nouveau ses mains. Le bout de ses doigts était légèrement taché de sang. Tout comme les siens.

Il y eut un craquement et Topsy apparut avec une petite fiole d'Essence de Dictame qu'elle tendit à Malfoy.

"Répares la porte." Malfoy a ordonné à l'elfe, lui jetant à peine un coup d'œil en se retournant vers Hermione.

Hermione a commencé à se mettre debout de manière instable.

" Je devrais... je devrais m'allonger. Pour qu'il ne s'enfuie pas ", a-t-elle dit. Elle avait l'impression d'être déséquilibrée, ses mains et ses bras tremblaient et ne supportaient pas son poids. Elle s'effondra sur le sol et se mordit la lèvre de frustration ; peut-être qu'elle allait simplement s'allonger sur le sol.

Une main se referma sur son coude et la remit debout.

" Je ne me pencherai pas sur toi par terre ", dit Malefoy d'une voix froide en la tirant à travers la pièce, puis en la faisant reculer dans son lit. "Allonge-toi ici."

Hermione glissé sur le lit derrière elle. Elle a poussé l'oreiller sur le côté et s'est allongée.

Malfoy se pencha sur elle, une fiole à la main. Son visage était de plus en plus flou à chaque fois qu'elle clignait des yeux. Sombre. Clair. Sombre. Clair.

" Combien de gouttes ? " a-t-il demandé.

Hermione hésita. L'essence de Dictame était chère. Lorsqu'elle était guérisseuse, elle avait dû la rationner, peser soigneusement le bénéfice et le coût.

"Une goutte toutes les deux heures pendant les prochains jours est l'idéal. Mais, une dose de trois gouttes fera l'affaire", a-t-elle finalement dit.

"Ça fera quoi ?" a-t-il dit.

"Je serai probablement capable de distinguer les contours et de détecter les couleurs à quelques mètres", dit-elle.

Malfoy se pencha en avant et utilisa sa main droite pour maintenir légèrement son œil gauche ouvert pendant qu'il faisait couler une goutte d'Essence dans son œil. Cela a légèrement piqué et Hermione a immédiatement fermé les yeux pour ne pas avoir à cligner des yeux.

La main sur son visage disparut.

"Je serai de retour dans deux heures. Et je m'assurerai qu'Astoria reste à l'écart."

Elle entendit ses pas s'éloigner et leva la main pour maintenir son œil gauche fermé et le regarder partir.

Il trébucha légèrement lorsqu'il fut près de la porte, comme s'il n'était pas sûr de lui.

Hermione ferma à nouveau les yeux et resta allongée, s'efforçant de ne pas pleurer.

Ne pleure pas. Ne pleure pas, se dit-elle. Cela gâcherait le Dictame.

Malfoy réapparut deux heures plus tard avec un spécialiste, un vieil homme vêtu d'une robe vert tilleul. L'expression du guérisseur était tirée mais il semblait déterminé à cacher son malaise. Il jeta à peine un regard à Hermione.

"Les perforations de la sclérotique sont assez désagréables ", dit le guérisseur d'une voix sifflante en faisant apparaître une chaise à côté du lit et en se retournant vers Malfoy. "Il n'y a pas toujours grand chose à faire. Les charmes de guérison de base ne sont pas très efficaces pour préserver la vue. Nous allons devoir voir ce qu'il y a à faire. C'est elle qui vous a dit quels sortilèges utiliser ?"

Malfoy a fait un bref signe de tête et s'est appuyé contre le mur.

Le guérisseur s'est tournée vers Hermione et a lancé un charme de diagnostic oculaire qui ne lui était pas familier.

Hermione fixait des rubans de couleur flottant au-dessus de sa tête, mais ne savait pas comment les lire. Le guérisseur resta silencieux pendant plusieurs minutes alors qu'il manipulait le diagnostic.

"C'est un travail de réparation tout à fait exceptionnel ", déclara le guérisseur sur un ton de surprise après avoir donné au ruban une dernière poussée du bout de sa baguette et y avoir envoyé de petites étincelles de lumière. Les rubans ont scintillé et se sont tordus en réponse.

"Quel sort lui avez-vous fait utiliser ? " demanda le guérisseur en regardant enfin le visage d'Hermione.

"Sclera Sanentur", dit-elle.

Ses sourcils ont légèrement sauté.

" Vous auriez probablement perdu la vue si vous aviez opté pour des sorts plus courants. Où avez-vous appris ce type de guérison ? " demanda-t-il d'une voix étonnée.

" En Autriche, en France, en Albanie et au Danemark ", dit Hermione à voix basse. "Je me suis déplacée. Ma spécialité était de soigner les arts sombres et les blessures des blessés. "

"Vraiment ?" La qualité dédaigneuse du comportement du guérisseur envers Hermione s'estompa et il l'étudia pensivement. "J'ai postulé pour étudier en Albanie. En 1964. Je n'ai pas pu être admis, mon travail n'était pas assez précis. Magnifique hôpital. Leur département de magie ancienne était le meilleur d'Europe."

"Il l'était", dit Hermione avec nostalgie.

"Dommage que les terroristes l'aient détruit pendant la guerre", a dit le guérisseur. "Mais bon," il a regardé les vêtements et les poignets d'Hermione et ses lèvres se sont légèrement retroussées, "je suppose que vous étiez l'un d'entre eux."

"Pas un qui ait jamais attaqué un hôpital", a dit Hermione.

C'était une des tactiques préférées de Voldemort : attaquer des lieux qui auraient dû être neutres et faire porter le chapeau aux terroristes de la Résistance. Cela avait contribué à allier le public à Voldemort et à pousser la Résistance dans la clandestinité.

Hermione se souvenait du moment où ils avaient appris que l'hôpital albanais avait explosé. Il n'y avait presque pas eu de survivants ; tous les guérisseurs qui avaient formé Hermione étaient morts dans les décombres.

La Résistance en Albanie avait disparu peu après.

Le spécialiste continua d'étudier le cas d'Hermione pendant plusieurs minutes avant de la faire disparaître d'un coup de baguette. Il lança quelques charmes qu'Hermione sentit pénétrer et une sensation étrange de froid s'installer à l'avant de son cerveau. Puis le guérisseur s'est penché en avant et a ajouté une goutte d'Essence de Dictame sur son œil.

"Je pense que vous pouvez en fait vous rétablir complètement. Gardez les lumières basses et appliquez l'essence de Dittany toutes les deux heures pendant la journée et une goutte supplémentaire juste avant de vous coucher pendant les deux prochaines semaines. Fais ça, et je pense qu'il n'y aura que peu ou pas d'altération de ta vision à long terme."

Hermione le regarda d'un seul œil tandis qu'il se levait et se tournait vers Malfoy, redressant pompeusement sa robe.

"Je dois dire que vous avez là un petit guérisseur exceptionnel. Quand vous m'avez raconté ce qui s'était passé, je m'attendais à ce qu'elle soit presque aveugle de cet œil. Les sorts Sanentur sont assez obscurs et spécifiques aux blessures. Il est remarquable qu'elle ait eu la présence d'esprit de distinguer qu'il serait approprié pour réparer ce type particulier de perforation."

"C'est une chance", a dit Malfoy d'un ton fade. "Y a-t-il autre chose que vous recommandez ? J'ai reçu l'ordre strict de la garder en bon état. Je ne veux pas qu'on oublie quoi que ce soit."

"Eh bien, peut-être une compresse froide. L'essence de Dictame fonctionne mieux dans les yeux lorsqu'elle est maintenue à une température fraîche. Et-ah-um. Une nourriture nourrissante. Bouillons de poulet et autres. Pour aider le corps à guérir. Elle le sait probablement."

" Très bien ", dit Malfoy en se redressant et en indiquant la porte de la chambre d'Hermione que les House-elves avaient réparée.

Le guérisseur a de nouveau baissé les yeux sur Hermione.

"Tout à fait exceptionnelle", dit-il encore d'une voix émerveillée. "Dommage. Un tel gaspillage de talent."

"Hmm", dit Malfoy sans s'engager.

"Et vous, monsieur. C'est assez remarquable que vous ayez pu jeter les sorts aussi bien. Une collaboration très impressionnante. Vous pourriez être un guérisseur vous-même."

"C'est ce qu'on me dit" dit Malfoy avec un sourire peu sincère. "Pensez-vous que St Mangouste va encore m'engager après que j'ai assassiné quelqu'un dans leur salle d'attente ?"

Le guérisseur a blanchi. "Eh bien... Ce que je veux dire, c'est que..."

"S'il n'y a rien d'autre, je vous raccompagne", lui coupa Malfoy et quitta la pièce à grands pas.

Hermione a passé la plupart des jours suivants au lit. Un elfe de maison arrivait toutes les deux heures avec une fiole d'essence de Dictame, la regardait appliquer une goutte sur son œil, puis repartait.

Au bout de quatre jours, sa vision à portée de bras était en grande partie rétablie mais, au-delà de ce rayon, les choses devenaient floues et il était douloureux d'essayer de se concentrer.

Malfoy n'est pas réapparu mais Hermione a cru entendre ses pas dans le couloir.

Puis la guérisseuse Stroud est arrivé.

"J'ai entendu dire que vous aviez eu un mois plutôt malheureux ", dit Stroud en faisant apparaître une table médicale et en attendant qu'Hermione s'approche.

Hermione n'a rien dit, elle s'est approchée et s'est assise sur le bord de la table. Stroud sortit une fiole de veritaserum et Hermione ouvrit la bouche et accepta la goutte sur sa langue.

Stroud lança un diagnostic général sur Hermione et ils l'étudièrent tous les deux. L'œil d'Hermione allait mieux. Son taux de sodium était normal. Son taux de cortisol était extrêmement élevé.

Il était toujours élevé, mais il y avait un pic marqué.

Stroud a soupiré et a écrit quelque chose dans le dossier d'Hermione avant de lancer un charme de détection de grossesse.

Hermione savait déjà quel serait le résultat de ce charme. Elle fixa l'horloge sur le mur. Sa vision déséquilibrée ne lui permettait plus de distinguer les chiffres ni même les aiguilles, à moins de fermer son œil gauche.

Il y eut un long silence, si long qu'Hermione se retourna enfin pour constater que le guérisseur Stroud avait établi un diagnostic plus détaillé du système reproducteur d'Hermione.

Hermione ne pouvait pas distinguer clairement tous les relevés, mais elle en reconnaissait suffisamment pour savoir qu'il n'y avait rien d'inhabituel. Elle a levé les yeux vers le visage de la guérisseuse Stroud.

Il était flou mais Hermione pouvait encore distinguer l'irritation familière autour de la bouche de la femme alors qu'elle manipulait le diagnostic avec sa baguette.

" Vous n'êtes toujours pas enceinte ", déclara Stroud sans ambages.

Ces mots étaient à la fois une accusation et une condamnation.

Hermione n'a pas bronché ou même cillé. La guérisseuse Stroud a poursuivi : " Vous êtes l'une des seules à ne pas être encore enceinte. Et dans le cas des autres, c'est parce que les géniteurs ont leurs propres problèmes."

Il y a eu une pause. La guérisseuse Stroud semblait attendre une défense.

"Peut-être que le Haut Exécuteur a aussi des problèmes", a finalement dit Hermione.

"Il n'en a pas. Je l'ai examiné moi-même, plusieurs fois maintenant. Il est parfaitement viril et fertile. Exceptionnel même."

Hermione lutta pour ne pas laisser sa bouche s'agiter d'amusement à l'idée que Malfoy soit examiné par Stroud. Il doit adorer ça, se dit-elle.

En apparence, Hermione était silencieuse. La guérisseuse Stroud poussa un soupir aigu.

" Comment vous emmène-t-il ? Est-ce que vous restez allongée après comme indiqué ? Est-ce que vous vous lavez après ? " Les questions étaient suspectes.

Hermione sentit ses joues rougir alors qu'elle se trouvait contrainte de répondre aux questions.

"Il y a une horloge sur le mur. J'attends toujours le temps imparti avant de me déplacer. Je respecte toutes les instructions de lavage. Le portrait peut l'assurer."

La guérisseuse Stroud avait les yeux bridés.

"Et comment vous prend-il ?"

Hermione fixa intensément l'horloge floue jusqu'à ce que sa tête se mette à palpiter.

"Sur une table."

"Quoi ?" La guérisseuse Stroud a dit d'un ton sec.

"Il fait apparaître une table, au milieu de la pièce. Et me fait me pencher dessus."

"Il te prend par derrière ?"

Hermione a senti ses joues et ses oreilles devenir chaudes. "Oui. C'est très classique de sa part."

"Combien de fois par jour ?"

"Une fois par jour. Pendant cinq jours."

Il y a eu un long silence.

"Eh bien", a finalement dit la guérisseuse Stroud. Puis elle se pencha et a tapé deux fois avec sa baguette sur l'une des menottes des poignets d'Hermione. Il y eut une bouffée de chaleur.

Une minute plus tard, un coup sec a été donné à la porte et Malfoy est entré, l'air aussi froid qu'Hermione ne l'avait jamais vu. Elle pouvait à peine distinguer son visage alors qu'il se dirigeait vers le guérisseur Stroud. Elle a fermé son œil gauche pour essayer d'y voir plus clair.

"Vous avez appelé", a-t-il dit.

"Elle n'est toujours pas enceinte ", a annoncé la guérisseuse Stroud.

Malfoy n'a pas l'air surpris ni déçu par cette annonce.

"C'est malheureux", dit-il froidement.

"En effet. Cela commence à devenir anormal. Je ne trouve rien qui puisse l'expliquer."

Les yeux de la guérisseuse Stroud étaient plissés et elle fixait Malfoy.

La curiosité d'Hermione a été soudainement piquée au vif. La guérisseuse Stroud soupçonnait-elle Malefoy d'essayer d'éviter de féconder Hermione ? Le soupçonnait-il ? Pourquoi l'aurait-il fait ? Il aurait dû être désespéré de la mettre enceinte. Si ce n'est pour avoir un héritier, du moins dans l'espoir que la magie compatible finisse par corroder et briser la magie protégeant les souvenirs d'Hermione.

"Le Seigneur des Ténèbres pourrait avoir des raisons de s'inquiéter si elle continue à être infructueuse. Comme vous le savez, son désir pour elle est de nature double."

"En effet. Je suis au courant." Malfoy a dit froidement, un côté légèrement dangereux dans sa voix.

"Alors vous ne devriez pas avoir d'objection à ce que je vous fasse quelques recommandations pour augmenter vos chances de succès."

"Tout ce qui est au service du Seigneur des Ténèbres", répondit Malefoy.

"Plus de tables alors", dit Stroud d'un ton tranchant.

Il y avait une lueur d'irritation dans les yeux de Malefoy.

"Très bien.

"Et mettez-la en position allongée", ajouta Stroud, "avec moins de détachement".

Un rictus se dessina sur les lèvres de Malfoy mais avant qu'il ne dise quoi que ce soit, Stroud ajouta : " La grossesse magique est plus complexe que le simple processus biologique de la fécondation. Elle peut nécessiter une connexion. Sinon, nous pourrions utiliser les méthodes moldues pour cet effort de repeuplement, ce qui serait bien plus pratique pour tout le monde."

"Vraiment ? Est-ce que toutes les autres reproductrices enceintes que vous avez attribuent leur état à la connexion qu'elles ont avec les géniteurs ?" Malfoy a dégainé.

"Elle est exceptionnelle dans sa magie, tout comme vous". Stroud répondit froidement. "Selon certaines théories, un tel pouvoir fait que l'étincelle de vie a besoin de plus de persuasion. A moins que vous n'ayez une autre explication à proposer."

Elle a lancé à Malefoy un long regard qu'il lui a rendu froidement.

Hermione en était certaine, Stroud soupçonnait Malfoy d'avoir fait quelque chose pour interférer.

" Très bien ", grogne Malfoy après un moment.

"Excellent." dit Stroud, d'un air suffisant. "Après tout, le Seigneur des Ténèbres est impatient d'avoir accès à ces souvenirs. Si les efforts de conception continuent d'échouer, nous pourrions être obligés d'envisager d'autres 'géniteurs'."

"J'avais l'impression que l'utilisation de la grossesse magique pour débloquer les souvenirs nécessitait que le père soit le légilimens, sinon cela pouvait entraîner une fausse couche", dit Malfoy sur un ton légèrement tranchant.

"C'est vrai. La familiarité magi-génétique est importante. Cependant, il ne s'agit pas nécessairement d'une familiarité paternelle. Les demi-frères et sœurs, par exemple, pourraient être une autre option. J'ai entendu des rumeurs selon lesquelles votre père pourrait être rappelé en Grande-Bretagne."

Hermione se sentit vaciller et sa gorge se contracta comme si elle allait être malade. L'expression de Malfoy n'a pas vacillé mais il a pâli, visiblement, même dans la vision floue d'Hermione.

La guérisseuse Stroud a continué et il y avait une certaine raillerie dans sa voix. "Je n'ai pas encore parlé de cette option au Seigneur des Ténèbres. Mais je sais à quel point il est impatient de progresser. Ce serait une déception pour moi de devoir le recommander. En tant que scientifique, je dois admettre que je suis particulièrement curieux de voir la progéniture de deux individus aussi puissants. Mais... ma première loyauté va au Seigneur des Ténèbres, donc si ce couple particulier est toujours infructueux après six mois, je pense que je n'aurai d'autre choix que de proposer une solution alternative."

"Bien sûr", dit Malfoy, le ton calme mais avec une pointe de fureur qu'Hermione reconnut. "Y avait-il autre chose ?"

"Rien d'autre, Haut Exécuteur. Merci pour votre temps ", a dit la guérisseuse Stroud.

Malfoy a tourné le talon et a disparu dans l'embrasure de la porte.