La décision


La chaleur aussi soudaine lui provoqua une sensation familière à la fois aussi désagréable que plaisante.

Il avait enfin quitté le climat rude de la steppe hivernale habitée par le blizzard et était de nouveau chez lui, protégé par les murs épais de la monstrueuse forteresse de pierres. Ogodei ne l'avait jamais admis de vive voix – mais il exécrait par dessus tout ces plaines sans fin et complètement incultes. Aussi paradoxalement que cela pouvait être, il s'y sentait piégé. Tout se ressemble, tout se suit, rien ne se finit – c'est l'impression qu'il en avait. Or, pour un homme du nord, il ne pourrait jamais l'admettre – la steppe était un élément vital, vénérée même tandis qu'elle apporte nourriture, qu'elle y fait reposer les ancêtres en son antre et qu'elle y fait naître les futures générations.

Et même s'il la respectait comme une déesse, il ne pouvait s'empêcher de la détester, cette steppe. Il préférait de loin les grandes forêts de l'ouest qui changent considérablement selon les saisons, et où y grouillent la vie. Mais s'il y avait bien un lieu qu'il tenait dans son cœur – cela fut Chuluun.

Il y était né, y avait grandi, avait vu la ville s'agrandir, changer et se construire. Il la vénérait plus que tout autre Dieu, mais cela aussi, il ne pouvait le confesser. C'est pourquoi, alors qu'il se dirigeait vers sa chambre en passant par les grands couloirs sombres, il refrénait l'envie de toucher ces blocs de granit qui avaient été posés là il y a plus de 200 ans. A vrai dire, s'il réprimait cette envie, ce fut bien puisqu'il n'était point seul, mais en la compagnie de ses conseillers et autres serviteurs le suivant à la trace – toujours bien attentifs à ne pas faire un pas avant le sien. Ogodei était le chef de la meute et tous faisaient particulièrement attention à ne pas commettre d'offenses.

« Altar est soumis à de grandes pressions, maître Ogodei » commença un vieillard à la peau toute ridée et à la barbe blanche comme neige. Son âge avancé lui donnait des difficultés à suivre la marche effrénée de son souverain, sans compter l'attroupement autour de ce dernier dont chacun tentait tant bien que mal de faire passer leurs affaires en premier.

« Je sais déjà bien cela. Autre chose ? » Ogodei n'avait qu'une idée : trouver sa chambre et y faire un somme. Aussi il tentait tant bien que mal d'écourter cette réunion informelle qui lui mettait les nerfs à vif.

« Le clan Targaï arrivera demain, certainement peu avant le coucher du soleil si le temps ne se calme point, maître Ogodei. » Un autre vieil homme se tint à ses côtés, regardant par intermittences au sol ou bien le visage de son jeune chef.

« Très bien. Envoyez une troupe les accueillir demain. Quoi d'autre ? »

Un jeune garçon s'avança tandis qu'il balbutiait. Il n'était pas bien âgé, sa barbe était tout juste naissante – cependant sa taille ainsi que ses traits du visage indiquaient qu'il était déjà dans son adolescence.

« Le chef Orbeï a fait parvenir un message, mon maître... » Il semblait hésiter à poursuivre les nouvelles, ses petits yeux bleu clairs vadrouillant partout avec anxiété, il se grattait le coup lorsqu'il trébucha et faillit tomber au sol de tout son long avant qu'Ogodei ne le rattrape par sa longe manche de laine blanche.

« Qu'en est-il ? »

« Il... Il donnera cinq cent têtes sur les mille promises... »

« Cinq cent ?! » Il était rare qu'Ogodei ne montre ses sentiments aussi nettement, mais il fut trop épuisé et au bout de sa patience pour pouvoir se contrôler correctement, aussi il jura dans le dialecte du nord à l'encontre d'Orbeï. « Je... je verrai ça plus tard moi-même. Merci Ollin. »

Il reprit la route et vit déjà les deux grandes portes de bois massifs et gravés, indiquant pour son plus grand bonheur qu'il arrivait à destination. Son pas se hâta de plus en plus, et une fois qu'il se tenait devant la porte avec soulagement, se tourna vers le cortège.

« Réunissez les généraux ce soir, après le dîner. » Et tandis qu'il ouvrit une des portes qui fit un grincement strident, s'arrêta avant de reprendre. « Et rappelez le aussi Batu, s'il veut rester à la taverne dites lui que je viendrai alors le chercher moi-même »

Et avec ceci, s'enferma dans sa chambre.


***


« Sérieusement, tu peux me dire! Je promets que je répéterai rien du tout! » Mimant d'un geste rapide la fermeture à clé de sa bouche, Batu hâtait le pas tandis que la pauvre femme qu'il n'avait eu de cesse harceler depuis un certain temps déjà, tentait désespérément de le dissuader de changer de sujet - mais en vain. Batu semblait bel et bien décidé à obtenir une réponse et ce, même s'il devait poser la question mille fois.

« Alors alors, comment tu trouves Ogodei? » Une main avait agrippé l'épaule de la jeune femme alors que cette dernière continuait d'avancer. Son agacement avait tiré tous les traits de son visage et elle se demandait par quel miracle elle n'avait pas encore perdu son sang froid face à tant d'insistance de la part de celui qui l'accompagnait. Certes, sa compagnie avait été très agréable, mais depuis qu'il voulait absolument obtenir son opinion concernant le Maître des Steppes de l'Est, Manaba réalisa qu'elle n'avait probablement jamais connu aussi insupportable comportement. Même son frère, qui pourtant maîtrisait à la perfection l'art de la provocation, n'était parvenu à être aussi horripilant.

Elle aurait cédé avec joie à la tentation de répondre - après tout Batu la laisserait enfin en paix, ou probablement pour un certain moment, mais sa fierté ainsi que sa pudeur l'en empêchait. Ogodei se trouvait être un éminent chef de guerre, et en tant que simple femme de la forêt blanche, elle ne pouvait se permettre d'exprimer un intérêt pour ce dernier.

« Où tu vas d'ailleurs, petite sœur? » Marchant à ses côtés avec son sourire si particulier gravé sur son visage, Batu regardait avec minutie le visage de la jeune femme qui semblait particulièrement agacé.

« J'essaie de te fuir. »

« Bonne chance alors! S'exclama t-il avant de reprendre son sérieux. Mais tu as oublié un petit détail je crois. »

Et alors qu'elle continuait d'avancer avec la même démarche rapide et brusque, elle se stoppa brusquement, écarquillant ses yeux bridés.

« Ogodei! On devait le voir il y a longtemps? » Son ton précédemment irrité avait laissé place à de l'angoisse.

« J'sais pas, j'ai pas l'heure. » Hochant les épaules, il explosa de rire lorsqu'il vu la mine ébahie de Manaba tournée vers lui. « Calme toi donc, petite sœur. On est pas très loin, et de toute façon il sait que tu es avec moi. Si tu es en retard, ça sera automatiquement de ma faute... donc pour résumer ça risque rien. »

"C'est vraiment un phénomène, ce Batu..."

Elle le suivit alors, emboîtant le pas - mais cette fois-ci, fit plus attention à son entourage, au vent glacial qui parcourait la petite cour qu'ils traversèrent, à l'usure des pierres de la forteresse, à la danse des flammes des bougies qui éclairaient les lieux. Aucun détail ne lui échappa, et chaque son, chaque odeur, chaque élément s'inscrivit dans sa mémoire. Elle se souviendrait probablement du chemin emprunté le lendemain même.

Certains diraient que sa capacité à tout remarquer et mémoriser fut un don, mais elle s'était plusieurs fois fait la réflexion qu'il en était tout autre. Certes, cela fut très utile, mais à de maintes reprises ce « don » ne fut qu'une source d'inconfort et de mal-être. Elle n'avait jamais réellement quitter son village, et ne s'était jamais enfoncé dans la forêt à plus de quelques kilomètres de ce dernier. Ce paysage, elle l'avait vu et revu durant les vingt trois années de sa vie, l'avait mémoriser, le connaissait sur le bout des doigts. Si ses talents en dessins avaient été tous autres, elle aurait pu représenter la région dans les moindres recoins.

Le problème quand nous sommes attaché à un endroit familier, c'est justement que l'on y tient beaucoup trop, et qu'il est difficile de s'en détacher. Remarquer était indéniablement avantageux, mais à quoi bon remarquer si au final, ce n'est que pour tout comparer?

Plus elle découvrait Chuluun, plus elle réalisait que les lieux qu'elle trouvait si similaires à son arrivée, se révélaient en fait différents. Ils trompaient son esprit dans une sorte de familiarité qui en réalité ne l'était pas. Plus elle regardait, sentait, touchait, plus il lui semblait être voir la réflexion déformée son petit village natal. Cela lui semblait être un rêve, si-ce-n'est qu'elle ne pourrait jamais se réveiller de celui-ci.

« Oh s'il-vous-plaît, faites qu'il ne dorme pas! » Le râle de Batu lui remit les pieds sur terre tandis qu'il frappait de toutes ses forces sans arrêt sur le bois épais, faisant trembler les deux portes.

Une voix familière et feutrée se fit entendre derrière la porte.

« Je te jure Batu, si tu me casse encore la porte je t'envoie aux galères pendant un mois! »

Batu fit quelques pas en arrière avant que la porte ne s'ouvre et qu'il n'accueille Ogodei avec son expression malicieuse habituelle.

Un tel comportement n'aurait pas choqué Manaba, si seulement la chambre n'appartenait pas au Maître des Steppes de l'Est. Elle ne savait pas si ce culot la fascinait ou bien l'agaçait. En tous cas, si Batu semblait si proche d'Ogodei, il y avait certainement une raison. Ce comportement juvénile ne devait être alors qu'une façade et elle avait hâte d'apprendre à les connaître tous les deux.

« Non, tu ferais pas ça, assura Batu. Tu as trop besoin de moi ici pour m'envoyer aux galères. »

Ogodei le regarda sans dire mot quelques secondes avant d'ouvrir complètement le passage et de décrocher un petit sourire.

« Ils te renverraient à peine au bout d'une semaine. Tu les ferais tous craquer. »

Batu entra alors le premier, suivant de près Ogodei, et bien qu'elle hésita inconsciemment, Manaba finit par suivre les deux hommes. Jamais elle n'aurait un jour imaginé entrer dans la capitale de l'Est - et encore moins dans les appartements du Maître. Alors elle se tint là, près de l'entrée - tandis que les deux guerriers avaient déjà bien pris leurs aises ; Batu s'était affalé dans un siège recouvert d'une pelisse ébène, les bras pendants sur les côtés tandis qu'Ogodei s'était assis en face avec plus de bienséance, le dos droit et ses bras hâlés croisées.

Mais très rapidement Batu tourna son regard du côté de la jeune femme avant de se redresser, de tirer d'un coup sec un siège semblable au sien et d'en tapoter l'extrémité. Elle s'approcha donc et pris également place, se trouvant entre les deux hommes qui ne la lâchèrent pas du regard - cela la rendant, cela va sans dire, plutôt embarrassée.

« T'es plus avec Arik, tu sais. Si t'as envie de t'asseoir, tu t'assieds. » Batu dit cela comme une évidence, ne lâchant pas les yeux de la jeune femme ne serait-ce qu'une seconde. Son air jusqu'à présent tout enjoué avait maintenant laissé place à la fatigue et à un visage bien plus sérieux que ce qu'il avait plus montré précédemment.

« Tout le monde n'a pas ton audace. Elle fait simplement preuve de politesse, ce dont certains manquent. » Le Maître des Steppes de l'Est avait à peine laissé le temps à l'autre de finir sa phrase, qu'il avait déjà répliqué - faisant apparaître un sourire fripon sur la face de son ami. Mais Ogodei ne prêta pas attention à ce perpétuel comportement téméraire - et tandis que d'un geste spontané de fatigue il se frotta les yeux et la joue, il se tourna vers Manaba.

« Tu tiens donc à rester ici, à Chuluun? »

« Pour le moment je n'ai nulle par où aller. L'ouest est sous le contrôle des forces du sud. C'est le meilleur choix que j'ai. »

Elle avait récemment réalisé qu'elle n'avait nul part où aller, nul part d'autre que la capitale. Lorsqu'elle était l'esclave d'Arik, ce fut comme si étrangement elle n'avait pour destination que le monde entier. « Partout, sauf ici » - C'était son mode de pensée. A partir du moment où elle fut libre et loin de ses ravisseurs, cela la satisfaisait. Mais à présent, elle avait conscience de la tristesse de sa situation. Son village avait été détruit, et bien que la forêt blanche soit son lieu de naissance, elle était bien trop vaste pour qu'elle la considère dans son entièreté comme son chez-soi. Le seul lieu auquel elle pouvait se rattacher à présent, c'était la capitale - là où les siens, les gens du nord libres, se trouvaient. Mais en aucun cas elle ne se sentirait totalement chez elle dans cette forteresse.

« Et que comptes-tu faire ici? » Les yeux bleu d'Ogodei et ceux vairons de Batu la transperçaient de part en part si intensément qu'elle en avait l'impression que sa peau la brûlait.

« Qu'est-ce que je compte faire? » Il était vrai, quelles étaient exactement ses intentions ? Se marier, fonder une famille? Son envie là-dessus n'avait nullement changé, il restait bien d'autres choses à réaliser avant de se préoccuper de tout cela. Mais alors, que voulait-elle faire? Elle n'avait jamais réellement réfléchi à cela. Auparavant, la seule volonté qui l'animait fut de retrouver sa liberté, mais maintenant? Maintenant elle se sentait presque vide, comme un feu dont il ne resterait que les braises au petit matin - maintenant qu'elle avait obtenu ce dont elle avait si intensément désiré, que restait-il de plus?

Elle réfléchit, encore et encore, silencieusement. Sa gorge se nouait et sa respiration se faisait difficile, presque comme si tout à l'intérieur était bloqué. Elle aurait presque pensé que des larmes viendraient, mais rien ne coula. Ses yeux ambrés se baladèrent à peu près partout en face d'elle tandis que le foyer non loin d'elle crépitait. Les armoiries en bois gravés, l'immense peau de bête recouvrant le sol, ces pierres plus usées les unes que les autres... les épées à la lame aussi aiguisée que la griffe d'un lion...

Peut-être qu'elle avait enfin trouvé ce qu'elle cherchait.

« je vais me venger. » Dit-elle simplement, la voix glaciale, ses yeux bridés rayonnant de volonté - avec tant d'ardeur que les deux hommes se trouvèrent presque décontenancés par sa réponse.

Batu se redressa dans son siège.

« On va jamais bien loin avec la vengeance, petite sœur. Tout au plus, tu trouveras la folie ou la mort, mais jamais tu trouveras de la satisfaction. Puis pour te venger déjà, il faudrait que tu fasses partie de l'armée, être un soldat au moins ou tout au plus, une des têtes pensantes...

Batu tenta tant bien que mal d'essayer de lui faire entendre raison, d'essayer de la dissuader d'emprunter ce chemin violent et sinistre.

- Je sais, c'est pour ça que je compte m'entraîner. » Elle n'en avait que faire, son choix avait été pris et rien ne pourrait l'en dissuader.

- Dis moi Manaba, qu'est-ce que tu sais faire?

Ogodei avait posé ses coudes sur la table en ébène et s'était tourné un peu plus encore vers Manaba.

- Hein, me dis quand même pas que tu vas la soutenir dans ces idées là?!

L'autre s'indigna, mais se tut aussitôt lorsqu'il remarqua l'expression sérieuse des deux autres gens en face de lui.

- Je chasse très bien, cours vite, remarque absolument tout et je parle cinq langues.

- Oh magnifique, une fille de la forêt polyglotte! Ça aide pas à survivre à l'armée, ça!

- Dis-moi alors, qu'est-ce qu'il se trouve accroché au dessus de mon lit?"

Une tension se faisait sentir soudainement dans l'air chaud de la chambre. Ogodei n'attendait qu'avec impatience qu'elle prouve devant son ami ce dont elle était capable. Il n'attendait que ça, et elle, n'attendait que de prouver sa valeur.

« Une grande glaive guisarme dont la tête est tournée vers le foyer dont le manche écarlate porte symbole des Steppes de l'Est, une tête de panthère des neiges. Juste au dessus il y a un soleil de bronze où y est gravé 'Aisha' - et en dessous un croissant de lune, de bronze aussi. Je n'ai pas bien vu mais je pense que 'Nergui' y était inscrit."

Un grand silence se fit alors qu'Ogodei ne pouvait retenir le grand sourire satisfait de s'afficher alors que Batu ne cessait de regarder par alternance la tête de lit qui se trouvait derrière Manaba, et elle-même, qui elle aussi alors qu'elle passait une mèche de ses cheveux noirs corbeau derrière son oreille, se mit à avoir un petit rictus au coin de la bouche.

« Il y a aussi une petite amulette en forme de flocon, certainement en émeraude... je pourrais même faire la chambre entière si vous voulez. »

Ogodei se posa dans son siège, et décroisa les bras pour désigner d'un bref signe de bras la femme qui se trouvait à sa droite. Batu fit une moue boudeuse avant de poser un coude sur le rebord de la tableau et de laisser reposer sa joue sur la creu de sa main.

« D'accord, tu gagnes, je vais l'entraîner...

- Non, intervint Ogodei alors qu'il se releva, se dirigeant vers le foyer. J'ai trop besoin de toi en ce moment. Je pensais plutôt à Anna. »

Une expression de terreur pris possession de Batu qui se redressa de suite à l'entente du nom féminin. Ses sourcils se froncèrent par la suite, alors que ses yeux vairons étaient tournés vers son ami et Maître.

« Compte certainement pas sur moi pour aller lui parler. Ta décision, ton problème... »

Cependant, s'il se trouvait que lorsque Batu avait décidé quelque chose, il fut difficile de le faire changer d'avis - Ogodei se trouvait être particulièrement persuasif, et il savait parfaitement comment s'y prendre avec ce bougre d'homme. Aussi, il se tourna vers lui, et lui donna un regard si oppressant que Batu n'eut d'autre choix que de détourner ses yeux, même si cela ne l'empêchait en rien d'être perturbé par son chef.

« D'accord, d'accord! J'irai lui parler... »

-Parfait. Tu iras avec Manaba dès maintenant. Ce soir il y a une réunion des généraux et tu as intérêt à y être »

Et sur ce, c'est sans enthousiasme et en marmonnant entre ses dents que Batu se releva et que Manaba le suivit avec un peu plus d'énergie. Alors que le jeune homme commençait déjà à sortir, elle s'arrêta quelques secondes et fit, avant de prendre congé, un signe de la tête à Ogodei, ce dernier faisant de même – tous les deux avec le même sourire au coin de la bouche.




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