IV. Transcendance 2
Suite du chapitre IV.
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Je mordis à travers la manche de ma tunique pour calmer ma nervosité. Notre Père déambulait désormais vers nous en portant ce masque glacial et inerte avec lequel il avait l'habitude de nous déstabiliser. Mes frères et moi tremblions de peur, toujours incertains de ce qui allait nous arriver. D'abord pétrifié par l'effroi que cette scène produisit en moi, c'est finalement en frémissant que mon instinct me fit faire un pas en arrière.
Maintenant à notre hauteur, il nous dominait de sa stature imposante, et le blond de ses cheveux qui ressemblait à s'y méprendre au mien ne m'accorda aucun réconfort. Tel un étranger, ses yeux finirent par briller d'un éclat insondable et pétrifiant. Les bâtards trop effrayés pour reculer se mirent à se pisser dessus, avant de s'affaisser, les jambes tremblantes.
Un jeune garçon, toujours debout, que je reconnus vaguement, commença à se lamenter en voyant notre Père diriger calmement une main vers lui. « Père, je vous en pr... » Il ne put finir sa phrase avant que son corps ne disparaisse sans laisser de traces, remplacé par un léger courant d'air.
Nous pensions tous que notre fin était arrivée. Personne n'avait anticipé cette scène, et nous faisions désormais les frais de notre naïveté.
J'avais peur, très peur, et mon diaphragme se mit à résonner de plus en plus fort dans mes oreilles à mesure que les corps de mes frères disparaissaient devant moi. La caresse brûlante du regard qu'il nous lançait faisait trembler mes genoux. Nous subissions sans bouger, muets et apeurés, tandis que les autres maîtres nous observaient toujours d'un regard aiguisé et perçant, comme pour scruter nos réactions. Je reconnus maître Pervenche dans la foule. Il semblait se délecter de la scène, et je me promis à cet instant que je leur ferait payer à tous cette humiliation si je venais à sortir vivant de ce cauchemar.
Quelques secondes d'inattention suffirent pour que la distance qui me sépare de mon bourreau se referme. Je n'eus pas le temps d'assimiler ce qu'il disait, trop concentré sur ces yeux bleus et étrangers qui me fixaient. Je ne percevais dans son regard aucun sentiment, aucune émotion, comme si tout son être s'était purgé de ces choses inutiles depuis longtemps, et la haine glaciale que j'avais refoulée en moi depuis tant d'années refit surface à cet instant précis. Ce premier contact fut l'étincelle suffisante pour enflammer mon esprit et rompre cet enchantement tacite par lequel il nous avait tous pétrifiés.
Mes cordes vocales étaient toujours paralysées toutefois. Je haussai alors les épaules, puis me crispai pour lui lancer une grimace d'un air provocateur.
C'est finalement l'esquisse d'un sourire que je vis avant de sombrer dans l'inconscience.
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