La lumière du jour commençait déjà à atténuer cette étrangeté que possédait la ville de pierre dans la nuit. L'heure était matinale mais déjà les rues pavées dont pas une n'évitait d'être pentue conduisaient les grands et maigres habitants de leur foyer au marché, au port ou aux temples ou aux bains. Les écoles étaient fermées car dans cette ville, il n'y avait plus d'enfants.

Dans le port au dessus duquel les mouettes criaillaient, quelques fragiles embarcations de pêche se hâtaient vers le large en ronronnant. Malini Tempolo marchait sur le quai, la tête basse et les poings sur sa poitrine. Drapé dans une ample robe noire qui l'enveloppait depuis la tête jusqu'à ses pieds chaussés de sandales, il balançait le buste d'avant en arrière tout en marmonnant. Il n'était qu'une silhouette dans la ville mais l'étranger qu'il croisa n'avait pas pu ne pas le remarquer...

L'étranger en costume de lin beige se retourna, l'air intrigué, hésita puis se mit à suivre Malini Tempolo dans les rues enfin claires. « Je suis vraiment trop curieux... » se dit l'étranger, l'esprit plein d'hypothèses quant à la destination de Malini Tempolo. « Il se rend peut-être à un temple. A quelle communauté peut-il bien appartenir? Et quelle place peut-il y occuper? »

Mais l'homme en noir pouvait aussi bien être occupé à une affaire secrète... « Peut-être est-il un de ces esprits dénaturés contre lesquels on nous met en garde à la douane portuaire, préparant un de ces crimes odieux qui remplissent les journaux du continent... »

Vaguement inquiet, transpirant légèrement, l'étranger ralentit le pas. « Le marché est dans cette direction. Cet homme est probablement un simple mendiant... »

L'étranger s'arrêta, épongea son front avec un grand mouchoir en regardant Malini Tempolo disparaître au détour d'une rue...