xxii. j7 // illyas
Relief, arise, disdain, deny
Soulagement, se relever, mépris, déni
Repent, rewind, suppress, reprise
Se repentir, rembobiner, supprimer, reprise
Change the record, overthrow
Change l'enregistrement, retourne (la cassette)
Leave me the fuck alone
Laisse-moi seul, putain
Leave me alone - While She Sleeps
Cody est d'une humeur exécrable, depuis hier. Et ça m'angoisse, car je me demande si ça n'a pas un rapport avec notre brève altercation.. A cette pensée, un noeud se serre dans ma gorge, n'ayant jamais désiré l'affecter.
Le lendemain, je me lève en espérant le trouver dans un meilleur état d'esprit, mais il continue de tirer une tronche de cent pieds de long. Après le petit-déjeuner, je décide donc de prendre mon courage à deux mains, et vais le trouver alors qu'il est assis sur le bord du trottoir de devant la maison, à nouveau avec une cigarette dans le bec. Décidément..
Je descends les marches du perron, inspirant un grand coup dans le but de calmer mon esprit agité, appréhendant la conversation qui va suivre. Et si j'empirais les choses, au lieu de les améliorer ? Je m'attends à ce qu'il m'entende arriver, et fronce des sourcils en me rendant compte que ce n'est pas le cas, avant de remarquer la présence d'écouteurs sans fils dans ses oreilles. Ce n'est pas pour m'arranger, ça..
Voyant que je n'ai pas vraiment d'autre choix, je m'avance jusqu'à lui, et lui tapote timidement l'épaule en l'interpellant :
- Cody ?
Il se retourne pour me regarder dans les yeux, et enlève une de ses écoutilles pour me signaler que j'ai son attention, une mine intriguée sur le visage.
- Quoi ?
Je soupire, et lui demande, le cœur battant :
- Pourquoi tu sembles fâché depuis hier ?
- Ça te regarde ? rétorque-t-il d'un ton froid.
À cette réaction, je ne peux m'empêcher d'éprouver encore plus de mal-être, me jugeant d'ores et déjà pour être aussi peu doué avec les gens.
- Je voulais juste être sûr que c'est pas à cause de moi.. Je m'en veux un peu de t'avoir rejeté aussi méchamment alors que tu essayais simplement d'être gentil. Enfin, je continue de penser qu'on devrait éviter de trop se fréquenter, pour notre bien à tous les deux, mais j'aurais pas dû le dire comme je l'ai fait, et je voudrais quand même pas qu'on se tape une sale ambiance tout l'été juste parce que j'ai eu des propos maladroits. Je veux pas non plus que tu me détestes..
À ma plus grande surprise, il ricane.
- Tu crois vraiment que je me serais mis dans cet état-là, juste pour ça ?
Il insiste sur les trois derniers mots, comme pour amplifier le fait qu'il considère comme inimaginable la probabilité d'être affecté par une de mes actions. Et mon cerveau qui pense un peu trop, lui il traduit ça en : "tu crois vraiment que tu as assez de valeur pour influencer l'humeur des gens ? Pathétique."
Je tente de me rattraper :
- Oh, excuse-moi, je voulais juste éviter de créer un malentendu.. J'espère en tout cas que c'est pas trop grave, ton problème.
Ses traits se radoucissent un peu, ce qui me rassure. Il sourit, même, pour ensuite me répondre d'une voix plus douce :
- Arrête de stresser pour ça, Illyas. C'est pas grave si on devient pas potes, on est obligés de rien. Je m'en fiche, du moment qu'on arrive à trouver un terrain d'entente. Et pour le reste, je vais gérer.
- Tant mieux, alors. Merci de comprendre.
Je sens petit à petit un poids s'ôter de mes épaules, ça fait du bien. Il ne m'en veux pas !
Puis, il reprend un air plus nonchalant, et rajoute, joueur :
- Après c'est juste toi qui perds quelque-chose, car je suis assez génial comme mec.. Mais bon, si trainer avec moi est un privilège que tu n'as pas envie de connaître, tant pis !
Il me fait même un clin d'oeil, alors que je pousse un rire gêné, peu sûr de la manière dont je suis censé répondre. Son but était sûrement de me faire rigoler, mais là, son commentaire ne fait que m'exaspérer, et je dois me retenir de ne pas lever les yeux au ciel. Je suis pas fan des gens trop imbus de leur personne.. Mais bon, il n'a pas l'air d'être quelqu'un de mauvais, il a juste beaucoup confiance en lui. Enfin, trop pour que je me sente à l'aise auprès de lui ; il m'intimide.
Je me force tout de même à aller dans son sens, pour lui faire plaisir :
- En effet, tant pis pour moi..
Il plisse des yeux, devinant sans doute que je ne suis pas sincère, avant que ses lèvres ne s'étirent en un rictus qui me semble moqueur. On dirait presque qu'il me prend de haut pour refuser de passer du temps avec lui, comme si pour lui c'était assez improbable qu'on ne l'apprécie pas.
Un silence très gênant pour moi s'installe, et je ne résiste pas à la tentation de m'arracher un cil, tant cette situation est désagréable. Mais heureusement pour moi, il vient de terminer de consommer sa clope, alors sans un mot, il se lève, sans doute pour aller la jeter. Il ne m'accorde même pas un regard en repartant.
_x.
Comme il a décidé de passer toute la journée enfermé dans la chambre à écrire ses vers de chanson d'un geste précipité, voir même possédé, moi j'opte pour me réfugier auprès des adultes, me joignant à leurs parties de jeux de société. Et même si je ne me sens vraiment pas à ma place parmi eux, je préfère de loin ça à rester coincé avec Cody.. Il me perturbe beaucoup trop pour mon équilibre mental. Sauf que même en leur présence, je ressens une sorte de tension, qui n'a fait que s'amplifier quand Kendra s'est absentée pour passer un appel qui a duré une bonne demi-heure. Que se passe-t-il, bon sang ?
Malgré tout, peu avant midi, Cody descend quand même pour mettre la table, désirant peut-être rattraper le comportement qu'il adopte avec nous depuis quarante-huit heures. Nous nous stoppons dans notre activité pour le regarder faire, alors que lui continue d'être silencieux tout le long de sa tâche. Puis, quand il a terminé, il relève la tête vers nous, et demande à sa marraine :
- Des nouvelles de ma mère ?
- Oui, je l'ai convaincue. Ça va mieux, toi ?
Il hausse des épaules, et sourit d'un air satisfait.
- Maintenant, oui.
Oh.. Et si c'était par rapport à ce qu'il m'a révélé l'autre jour, c'est-à-dire qu'il n'était pas sûr de pouvoir passer toutes les vacances ici ?
Ses yeux se posent sur moi. Je m'attends à y lire de l'animosité, mais je n'y perçois que du soulagement. Ses muscles se détendent, ses traits s'adoucissent. On dirait que son âme soupire de contentement. Si ma théorie est vrai, c'est que ça devait être vraiment important pour lui d'être là.. Raison de plus pour que je me fasse tout petit, et ne sois pas trop dans ses pattes pour le laisser profiter tranquillement sans lui rajouter une charge mentale.
On s'installe et on commence à manger, mais l'ambiance est vraiment bizarre. Ma mère passe son temps à jeter des coups d'oeil en direction de Cody, comme s'il était un mystère qu'elle cherchait à résoudre. La connaissant, au vu de son attitude, elle doit savoir ce qui se trame, et attend avec curiosité de voir comment les choses vont évoluer. Nathaniel, lui, a l'air assez tendu, tandis que Kendra fixe dans le vide, complètement perdue dans ses pensées. Au final, il n'y a que Caroline qui se comporte normalement.
De temps en temps, elle essaye de faire la conversation à Cody, qui lui répond toujours en quelques mots seulement. Eh bien ! Ça me change de ses habituels longs discours ! Ces derniers me manquent presque, vu comme il était embêté ce matin.
Tout ce que je sais, c'est qu'il passe la moitié du repas à échanger des messages avec sa mère. Peut-être qu'ils finissent de se mettre au clair sur l'organisation des vacances. Après tout, ça s'est fait de manière très précipitée, ces retrouvailles ; pas étonnant que ça a été encore plus compliqué pour lui qui voulait juste aller voir sa marraine sans savoir que nous serions là. Mais je ne comprends pas en quoi c'est si problématique..
Je soupire intérieurement. J'ai pris la décision de ne pas tenter davantage d'apprendre à connaître Cody pour ne pas apporter une énième complication à ma vie, et voilà que je me prends la tête à essayer de comprendre ses problèmes. Mais que voulez-vous, il a été si gentil avec moi, je ne peux m'empêcher de souhaiter l'aider de la même manière qu'il m'a aidé à rendre les premiers jours ici moins effrayants.
Je m'exaspère.
Dans l'après-midi, je décide d'appeler Lori et Gabriel, pour leur relater les derniers évènements. Et aussi parce que je pense qu'ils réussiront à me faire sortir cette histoire de la tête, achever de me convaincre que ça ne vaut pas la peine que je me prenne la tête avec ça.
Je m'installe donc au bord du lac, et me rend sur notre groupe Instagram pour leur demander par écrit s'ils sont disponibles. Gabriel l'est immédiatement, alors je commence l'appel pour lui résumer tout ce qu'il a loupé. Il connaissait déjà le début de l'histoire, mais il a été pas mal occupé ces derniers jours, ce qui l'a empêché de se tenir correctement au jus.
Lori nous a rejoint peu longtemps avant que j'en arrive aux derniers événements. J'ai décrit mes conflits récents avec Cody, ma tentative vaine de préserver ma paix loin de lui sans pour autant le rejeter de manière vexante.
Gabriel plisse les yeux, essayant sans doute de comprendre la logique de mon raisonnement. Lori se pince le haut du nez, elle a l'air embarrassée.
- Tu sais, Illyas, dit-elle, je pense qu'on s'est mal compris. C'est vrai que réagir directement de manière inquiète n'a pas été la chose la plus intelligente à faire pour te rassurer, et j'en suis désolée. Justement, ça serait formidable que tu puisses rencontrer de nouvelles personnes, t'ouvrir aux autres.. Mais j'avoue que je le trouve très intrigant, ton Cody. J'ai du mal à le cerner, avec ce que tu me décris, et ça m'a fait un peu peur pour toi.
Gêné, je ris, sans vraiment trouver comment réagir. Je ne sais plus quoi penser, et ça me stresse. Plus elle parle, plus je suis confus. Gabriel, silencieux jusque ici, souffle un coup, sans doute parce qu'il cherche comment nous aider à nous mettre au clair là-dessus. Puis, il nous partage son point de vue :
- En vrai, je comprends Lori, même si elle s'est grave mal exprimée. Ça t'arrive souvent de t'attacher très fortement à des gens - surtout des mecs, en fait - qui profitent juste de l'attention que tu leurs donnes puis finissent par te faire du mal. Mais en même temps, Lori, malgré tes bonnes intentions, tu peux pas être tout le temps en train de contrôler qui il fréquente. Pour l'instant, rien nous prouve que ce Cody va agir comme le mec dont on taira le nom.
Je lève les yeux au ciel, la frustration s'intensifiant de plus en plus en moi. Aucun d'eux n'est apte à comprendre !
- Elle a pourtant raison, je réponds d'un ton plein de négativité. Une seconde c'est le mec le plus gentil que je connaisse, et la suivante il va me prendre de haut comme si j'étais son inférieur. Et en plus, monsieur devient arrogant parce que je lui explique gentiment que j'ai besoin de rester seul, il ne supporte pas de ne pas être le centre de l'attention. Sans parler du fait qu'il dépasse toujours mes limites, et m'a engueulé parce que ça m'a trigger de le voir en pleine gueule de bois. Flemme de trainer avec ce type de personnes.
- Bon, ok, si tu le dis.. fait Gabriel.
Lori, elle, n'ose plus rien dire. Elle n'a pas l'air rassurée par ma détermination, et a toujours une mine coupable comme si elle m'avait influencé dans cette décision, et le regrettait. Elle semble beaucoup réfléchir à la situation, aussi.
Gabriel décide de changer de sujet, histoire de ne pas rester prisonniers de cette ambiance pesante qui règne entre nous trois. Il demande à Lori de nous décrire ses vacances, ce qu'elle fait avec joie, à peine plus légère.
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hello les topains !
wow, j'ai du mal à croire qu'après tout ce temps, je pose enfin le mot "fin" à ce chapitre. c'est surréaliste encore pour moi. il a été d'une difficulté sans nom à reprendre, après plusieurs années de pause dans l'écriture de cette histoire. et puis, faut pas oublier que mes problèmes de santé sont toujours aussi catastrophiques.. mais au moins, j'avance, même si je suis à terre et que je dois ramper.
ma vie est toujours aussi instable, donc ça n'aide pas. mais au moins, il se passe tout de mêmes quelques choses positives, donc même si ça m'empêche d'être productive, elles me donnent assez d'espoir pour ne pas laisser tomber cette lutte interminable contre le burnout.
qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? comme j'ai expliqué, c'est très dur de se remettre dans le bain, donc merci d'être indulgents s'il semble écrit de manière.. étrange ? j'ai l'impression de devoir tout réapprendre depuis le début concernant l'écriture de romans, donc ça va mettre un peu de temps je pense avant de retrouver mon style naturel. mais de toute façon, je pourrais toujours le réécrire à la correction, haha.
allez, de gros bisous et prenez soin de vous.
on se retrouve au prochain chapitre !
clara.
n'hésite pas à me suivre sur instragram (lechantdesmots_) pour être au courant de toutes les actualités concernant mélancolie d'été.
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