xvi. j2 // july

He has done this all before
Tout ça, il l'a déjà fait auparavant
But you're lying, lying
Mais tu te mens, tu te mens
To yourself that he'll find help
À toi-même, qu'il trouvera de l'aide
That he will change to someone else
Qu'il se transformera en quelqu'un d'autre

~

Je touille distraitement mon café, assise à la table de la cuisine, les yeux perdus dans le vide. Des images d'hier, superposés à mes souvenirs de La belle époque, comme je l'appelle, tournent en rond dans mon esprit, mais sans qu'aucune pensée ni émotion ne les accompagnent. Je me sens juste vidée de toute énergie, et me mets à des exercices de respirations dans le but de me préparer à cette nouvelle journée qui débute à peine. C'est si dur, bordel.

J'ai envie d'y croire, vraiment. Et je pense que c'est possible de recoller les morceaux de notre ancien groupe, même s'il sera éternellement amputé d'un membre. En tout cas, je l'espère de tout mon cœur. Mais en attendant, je sais que ce sera sans doute l'une des plus dures épreuves de ma vie, à retourner en boucle le couteau dans la plaie jusqu'à ne plus sentir la douleur. Mais ce n'est même pas pour moi que je suis inquiète, car je suis habituée à cette peine. C'est surtout pour Kendra et Nathaniel, qui, je le sais malgré leur capacité assez bonne à le cacher, sont tout aussi remués par la situation que moi. Je préfère mourir plutôt que de les décevoir une seconde fois.

Je sursaute quand mes réflexions morbides sont interrompues par le grincement de la porte en train de s'ouvrir. Je me retourne pour voir de qui il s'agit, et mon palpitant se serre en voyant des cheveux chatins ébouriffés entrer dans la pièce.

Cody se rend compte de ma présence, et m'adresse un rictus malicieux, avant de déclarer d'un ton taquin :

- Tiens, je suis pas le premier levé pour une fois. Salut, July.

- Bonjour Cody.

Il s'approche de moi pour s'installer de manière nonchalante à la chaise d'en face, comme si toute cette situation était normale pour lui. Comme si je n'étais pas l'ancienne amie de son père, en présence du fils de celui-ci, sans lui, alors même qu'il s'était toujours en quelque-sorte arrangé pour que sa vie d'avant et la nouvelle restent bien séparées. À part pour cette seule exception, où j'avais pensé enfin avoir gagné sa confiance. Confiance qui n'a pas réussi à le sauver, puisque je n'ai pas su comment l'aider.

Quelle putain de belle ironie.

L'adolescent m'observe en silence, me laissant le loisir ou non de lui faire la conversation, devinant à quelle point la situation me perturbe. Encore une fois.

Je pense à laisser le néant auditif planer entre nous, afin de tenter d'ignorer sa présence sans non plus partir, ce qui serait impoli et sans doute vexant pour lui. Après tout, même s'il n'a pas l'air d'en souffrir plus que ça, il est probable que ça lui fasse bizarre, à lui aussi. Il ne mérite pas d'être affecté par mon incapacité à gérer mes émotions, bien que je les dissimule au mieux.

Mais finalement, prise par la curiosité, je me décide à lui demander :

- Ça se passe bien, avec Illyas ?

Ses lèvres s'étirent, et il hausse des épaules.

- Disons qu'on essaye d'apprendre à s'apprivoiser. C'est pas forcément facile, parce que je ne pense pas t'apprendre quoi que ce soit en te disant qu'on est diamétralement opposés, mais il a l'air d'être quelqu'un de gentil.

Je pousse un gloussement en entendant l'adverbe qu'il a employé, me souvenant de son vocabulaire qui pouvait être très littéraire quand il s'y mettait. Tout ça pour qu'il soit capable de sortir un "bordel de bite" trois secondes après. Un vrai spécimen rare, ce garçon.

- Diamétrales ? je fais remarquer avec un rire.

Il me rejoint aussitôt dans mon moment d'humour, les yeux plissés de joie :

- Ouais, bah je me comprends. C'est le principal.

On se calme doucement, puis je reviens aux choses sérieuses.

- Merci d'être franc avec moi. Tu vois, il est probable qu'Illyas ait trop peur de me causer du soucis et de gâcher le moment si je lui demandais, alors il aurait facilement tendance à enjoliver son expérience..

- C'est normal. De toute façon, je lui ai proposé qu'on passe la journée ensemble, afin de voir s'il y a moyen qu'on s'entende assez pour que ça soit pas trop désagréable pour lui.

- Oh, cool ! C'es vraiment gentil de ta part, Cody. Tu es formidable.

Pendant quelques instants, il semble touché par mon exclamation, ce qui me procure un peu de plaisir. Bien sûr, malgré toute l'énergie que je mets dans ma tentative de l'ignorer, notre échange est tout de même teinté d'amertume dans mon esprit, car je ne fais que de penser à son père qui a refusé pendant des mois que je rencontre son fils, ce qui suscitait pas mal de doutes chez moi. En même temps, après avoir quitté la relation toxique dans laquelle j'étais avec Andrew, il était normal que j'aie autant de mal à me fier à nouveau à quelqu'un, même si je m'étais répétée pendant tout ce temps que ce que je vivais avec Evan n'était pas si sérieux que ça, que c'était juste ma manière de rattraper tout ce que je n'avais plus été dans la possibilité de faire alors que j'étais avec Andrew. Si j'avais su.

Cody reporte son attention sur son bras, sur lequel se situe un tatouage, qu'il caresse distraitement, comme si cela le détendait. Celui-ci, que j'avais remarqué avec étonnement dès le premier jour, m'avait directement intriguée, sans que je ne me permette de le questionner sur son contexte. Il s'agit d'une partition de musique située juste en dessous du coude, faisant le tour de son avant-bras. Je me demande de quelle chanson il s'agit, quand il l'a fait, et surtout comment il a réussi à convaincre sa mère - qui selon mes amis est l'une des figures parentales les plus strictes de la Terre - à le laisser se le faire.

- J'arrive pas à croire que Marianne t'ait autorisé à te tatouer à ton âge.. je commente d'un ton qui se veut malicieux.

Il relève son regard vers moi, qui se fait soudain assez intense. Pendant quelques secondes, absolument rien ne se passe, jusqu'à ce qu'il pousse un petit pouffement nerveux :

- Tu es bien audacieuse d'émettre l'idée qu'un tel évènement ait pu se produire.

Et il éclate de rire devant mes eux écarquillées, de plus en plus hébétés au fur et à mesure que je prends conscience de ce que cela veut dire. Il a osé ! Honnêtement, je ne sais même pas comment réagir face à cette révélation. Je suis partagé entre incrédulité, amusement en imaginant Evan le féliciter devant cet acte de rébellion, au lieu de le réprimander comme il serait censé le faire, ou l'inquiétude.

Eh oui, car bien que son père m'en parlait très peu à l'époque, j'étais tout de même assez futée pour avoir deviné plusieurs éléments concernant l'histoire de leur famille déchirée, avec les bribes de sous-entendus qui lui échappaient, parfois, en plus de ce que j'avais pu observer la fois où il m'a été donné de rencontrer Cody.

A l'époque, c'était déjà un gamin espiègle, que je sentais capable de tout, surtout en présence d'Evan qui l'encourageait à se chercher et était même parfois trop laxiste à mon goût, sans doute pour compenser l'éducation dure qu'appliquait Marianne avec lui. Mais la différence est qu'il savait adapter son comportement en fonction duquel de ses parents avec qui il se trouvait, et arrivait tout de même à jouer le rôle du garçon modèle que sa mère voulait qu'il soit devant elle, à cacher sa véritable personnalité en espérant qu'elle finirait par relâcher la pression qu'elle exerçait sur lui. Et surtout, semblant avoir une relation très conflictuelle avec son beau-père, il s'efforçait de faire profil bas la plupart du temps, afin d'éviter un maximum d'engendrer une nouvelle dispute.

Mais là.. On dirait qu'il a juste tout envoyé foutre les efforts qu'il avait l'habitude de faire, et qu'il a juste décidé de ne faire plus que ce qu'il veut, sans se soucier des représailles, mais de façon totalement incontrôlable. Il est en roue libre, ce gosse. Et tout à coup, ça m'amène à me demander jusqu'où il serait capable d'aller dans sa révolte, juste pour se donner l'illusion qu'il exerce une emprise sur sa vie, et quelles conséquences pour lui cela aura s'il franchit le point de non-retour.

Je ne suis pas sûre qu'il se rende compte que ce n'est pas la bonne solution, surtout vu ce qui est arrivé à son père alors qu'il était exactement dans les mêmes schémas exutoires. J'espère bien qu'il saura se calmer avant que ça ne parte trop loin, bien que je comprenne son sentiment d'étouffement. Après tout, j'avais eu le même pendant cinq ans avec Andrew.. Sauf que moi j'en étais entièrement responsable pour être restée si longtemps avec lui malgré tous les red flags. Lui n'a pas choisi d'être élève aussi rudement..

Il finit par aller prendre une pomme dans la corbeille de fruits, et commence à la croquer alors qu'il se dirige vers le jardin, sans aucun regard dans ma direction.

_x.

- Tu sais, c'est encore plus compliqué que ce que tu penses, soupire Nathaniel après que j'aie fait part à lui et sa femme de mon tracas à propos du filleul de cette dernière.

  Depuis mon interaction avec Cody, je n'ai fait qu'attendre avec impatience qu'il s'en aille avec Illyas, afin de pouvoir en discuter avec mes amis.
 
  La susnommé lui adresse un regard réprobateur, ne semblant pas vraiment encline à partager la vie privée du jeune homme. En temps normal, j'aurais compris et aurais laissé tomber, mais là j'ai juste besoin de savoir. J'ai le sentiment qu'Evan me devait ça, et si je veux faire mon deuil, il faut que je sache toutes les choses qu'il m'a cachées. Car ce sont en partie à cause de ces secrets que je l'ai perdu.

- Qu'est-ce que vous voulez dire ?

Kendra soupire, et échange une nouvelle paire d'yeux agacée avec l'homme qu'elle aime, visiblement peu enchantée par la situation. Nath', quant à lui, lui renvoie un regard résigné, comme s'il considérait comme une obligation le fait de me mettre au courant. Il argumente en ma faveur :

- De toute façon, elle va bien finir par se rendre compte qu'il y a un problème. Surtout si la situation dérape. Et là, je pense que les SMS belliqueux envers lui ne sont que le calme avant la tempête..

De quoi parlent-ils, bon sang ?

Sa femme souffle à nouveau, avant de se décider à m'expliquer ce qui se passe.

- Cody a fugué de chez lui.

- QUOI ???

Je me lève brusquement, sans contrôler ma réaction. Ah ouais, quand même.. C'est donc pour ça qu'il est venu à l'improviste ! Mon Dieu, j'ai du mal à en croire mes oreilles. Cela ne fait que confirmer mes pensées soucieuses de tout à l'heure, et je plaque une main sur ma bouche, choquée de la tournure que prennent les événements. Je n'imagine même pas les ennuis dans lesquels il vient de s'impliquer. Mon cœur se met à battre plus fort, résonnant de manière assourdissante dans mon crâne. Comment a-t-il pu en arriver là ?

- C'est pas le pire, July, renchérit Nathaniel, le visage déformé par l'inquiétude. Ce pauvre garçon est tellement inconscient qu'il ne se rend même pas compte de ce qu'il a fait, je suis même prêt à parier qu'il ne s'en préoccupe même pas. Pourtant, si ça ne déclenche pas une troisième guerre mondiale entre lui et le reste de sa famille, on aura de la chance.. Surtout après ce qui s'est passé juste avant.

Je fronce des sourcils en direction de Kendra, qui nous fixe avec un air impassible, que quelqu'un qui ne la connaît pas assez pourrait interpréter de façon à penser qu'elle n'en a rien à faire. Pourtant, ce flegme démontre juste de sa capacité à garder son sang-froid, et à réagir avec logique et raison plutôt que sous la passion des émotions. Tout le contraire de moi. D'ailleurs, je suis sûre qu'elle est actuellement en train de réfléchir à toutes les solutions possibles pour amorcer la bombe que Cody a posée par sa décision irréfléchie.

Elle voit toute l'interrogation sur mon visage, alors elle intensifie mon choc en complétant la dernière pièce du puzzle :

- Il s'est fait viré de son lycée. Je ne peux pas te dire pourquoi car c'est trop personnel, mais tu devines la réaction de Marianne et de George, déjà qu'ils sont super intolérants en temps normal..

- Oh putain..

- Ouais, comme tu dis.. commente Nathaniel en se mordant la lèvre.

Je n'ai absolument rien d'intelligent à dire, que ce soit pour rassurer l'homme en face de moi ou pour aider mon amie à trouver la bonne façon de venir en aide à son filleul. Après tout, je ne connais pas la famille de ce dernier, donc il est dur de savoir comment les calmer..

Le mari de Kendra frappe du poing sur la table, frustré de tout de bazar sans nom. Soudain, il craque, et évacue les craintes qu'il semble garder en lui depuis plus longtemps que ce qu'il me semble :

- Je ne sais même plus quoi faire pour ce gamin. Avec Kendra, on est partagés entre le devoir tacite qu'on se donne de continuer de lui offrir un peu de la liberté qu'il avait avec son père, afin qu'il n'étouffe pas trop. Mais plus les années passent, moins c'est assez, alors on veut le raisonner pour éviter qu'il n'aille trop loin et n'empire les choses, mais en même temps ça sera encore pire si on le fait. Et encore plus grave, on risque de perdre sa confiance, ce qui serait vraiment le scénario le plus affligeant qui puisse arriver, pour lui comme pour nous. Sauf que j'ai juste peur qu'à force de jouer avec le feu, il ne soit réduit en cendres. Car s'il y a bien un point commun entre son père et lui, c'est que plus tu essayes de contenir l'incendie en eux, plus ils risquent d'exploser. Et c'est ce qui est arrivé à Evan. Mais malheureusement pour Cody, son entêtée de mère s'obstine à vouloir éteindre sa flamme, juste parce qu'elle la considère comme dangereuse, alors qu'elle pourrait simplement briller de la manière inoffensive d'une bougie, si on la laissait faire.

Mes yeux se perdent dans le vague alors que je médite les paroles de mon ami, et prends le temps de les intégrer. Mais finalement, de toutes les émotions qui me traversent, je choisis la détermination et la confiance, car c'est ce dont ils ont le plus besoin en cet instant :

- Vous réussirez à l'aider à trouver un équilibre, j'en suis sûre. Et même s'il devait chuter à force de vouloir s'envoler trop haut, on le rattrapera tous ensemble. Il est plus intelligent que son père, il finira par retrouver la raison. Pour cela, faut juste attendre de trouver la bonne façon de lui faire réaliser qu'il doit apprendre à canaliser sa frustration constante et la déverser d'une autre manière. Mais ça, il faut que ce soit une décision qui vienne de lui. On finira par y arriver.

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wesh mes capuccinos !

et ouais, voici le grand retour de la seule et unique clara joran (hum hum, tqt mes chevilles vont bien, elles rentrent toujours dans mes doc martens donc tranquille)

omg, comment ça fait trop du bien de retrouver tous mes persos adorés, l'ambiance d'été.. ça m'avait tellement manqué. parce que oui, pour ceux qui ne me suivent pas sur insta ou ont eu la flemme de lire tous mes updates sur mon mur wattpad, étant en pleine réécriture de mon roman sous contrat d'édition (aka action ou vérité), + devant gérer un burnout assez sévère, je ne pouvais plus du tout me consacrer à ce livre. mais bon, là je suis enfin en vacances, donc j'en ai profité pour prendre le temps de revenir ici, ce qui me fait le plus grand bien. une thérapie, ce bouquin, je vous jure. j'espère vraiment qu'il comptera - au point pour certains d'entre vous - autant qu'il compte pour moi.

bon, j'arrête de raconter mes petites emmerdes, et passons au plus croustillant : on en apprend davantage sur l'enfance de cody, ainsi que sur les problèmes que rencontrait july alors qu'elle était encore amie avec evan !! (vous êtes pas prêts ptdr. et oui je vous tease, hehe.) (wow, toujours aussi sympathique la clara dis-donc).

que pensez-vous qu'il s'est passé avec evan ? quelles sont vos théories sur la façon dont marianne va finir par réagir face à l'entêtement de cody ?

un gros merci à ceux qui restent fidèles à mélancolie d'été malgré ma disparition, et aussi à tous les nouveaux lecteurs qui lisent cette histoire et prennent le temps de commenter, complimenter ma plume.. vous n'avez aucune idée d'à quel point ça m'encourage et m'aide à rester déterminée en ces temps difficiles mentalement.

gros bisous, et on se retrouve normalement la semaine prochaine !

comme d'habitue, je vous invite à voter et à partager ce livre, ça m'aiderait beaucoup :)

insta : _supernovagabonde_

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