xiii. j1 // july
So fast, so far
Si vite, si loin
You were gone too soon
Tu es parti trop tôt
You're part of me and I'll never be the same
Tu es une partie de moi et je ne serais plus jamais la même
Here without you
Ici sans toi
~
C'est désorientée que je me réveille le lendemain matin. Au début, je ne sais plus où je suis, je crois être toujours en train de rêver, que mon subconscient me joue des tours. Suis-je bel et bien chez Kendra et Nathaniel, comme avant ? Il faut croire que oui.
À cette pensée, mon cur se met à battre la chamade, et je peine à faire confiance à ce que mes yeux me montrent. Des fragments d'hier me reviennent au fur et à mesure que j'émerge : mes anciens amis et moi discutant de la pluie et du beau temps, essayant de combler les silences gênant comme on pouvait, les sourires affectueux, la vague de souvenirs du passé qui s'imposaient de plus en plus à moi. Je tente comme je peux de refouler au mieux les mémoires douloureuses, mais malheureusement, elles ne sont pas prêtes de s'en aller de sitôt. J'espère juste qu'elles seront remplacées par des plus joviales..
Je dois reconnaître que, dans l'ensemble, ça s'est mieux passé que ce que je craignais. Bien sûr, la situation est toujours délicate, mais au moins je pouvais voir comme me retrouver leur tenait à cur autant qu'à moi. Et puis, Cody a passé presque toute la soirée avec ses amis ou en train de faire connaissance avec Illyas, ce qui m'a enlevé le poids de sa présence des épaules. Même si je sais que je ne pourrai pas passer tout l'été à l'éviter..
Il m'a semblé bien différent, d'ailleurs. Je n'arrive pas à croire que le petit garçon peu confiant, calme et réservé qu'il était à onze ans soit devenu si sûr de lui, extraverti et excentrique. Bien sûr, selon Evan, cette apparence de "fils à maman" parfait n'était qu'une projection de ce que Marianne voulait qu'il soit, et qu'en privé il pouvait être très intrépide et plein de malice, mais auparavant, la seule fois où je l'ai vu, il m'a semblé.. effacé. Comme s'il n'osait pas vraiment se montrer sous son vrai jour, sous les traits de la personne qu'il désirait être, comme si ça lui était interdit. Je suis contente de voir qu'il est plus droit dans ses baskets, et qu'il a appris à écouter ses désirs profonds et accepter qui il est.
Par rapport à Illyas, ça m'a bien fait rire d'être témoin de leurs premiers rapports. D'un côté, l'un qui est timide, réservé, tandis que l'autre lui parle avec aisance et familiarité. Le choc des cultures, je vous jure. J'ai hâte de voir ce que ça va donner, en espérant que mon fils ne va pas s'enfuir en courant au bout de deux jours passés avec le rockeur excentrique. Avec le sourire au lèvres, je me lève, appréhendant toutefois la journée qui m'attend.
_x.
Une fois en bas, je trouve Kendra dans la cuisine, sirotant un café.
- Salut ! fait-elle en me voyant.
Je lui réponds la même chose en étouffant un rire face à sa coiffure du matin. Elle plisse les yeux en voyant mon rictus narquois que je n'ai pu retenir, et demande d'un ton faussement menaçant :
- Je peux savoir ce qui te fait ricaner ?
- Rien du tout. Tu es magnifique !
- Je tiens ça de toi..
Elle m'adresse un clin d'il avant de déposer sa tasse désormais vide dans l'évier, pendant que je glousse. Par humour ou par gêne, bonne question. Car, malgré notre complicité apparente, même un aveugle remarquerait comme nous sommes.. coincées. Hésitantes. Peu naturelles.
Je commence à me gratter le creux du bras, assez anxieuse. Mon amie remarque mon geste, et me souffle :
- ça va aller, d'accord ? Les premiers jours seront les plus bizarres, mais ensuite ça roulera tout seul.
- Oui, j'en suis convaincue.
Elle lève les yeux au ciel, ne me croyant qu'à moitié, et nous nous fixons un long moment, sans rien dire de plus. Elle me connait toujours si bien..
Puis, j'entends des notes de guitare retentir depuis la salle à manger.
- Cody est déjà en train de jouer ? m'étonnai-je.
- Si il pouvait se marier avec ses instruments de musique, il le ferait ! Il est avec Illyas, je les ai entendus discuter quand je suis arrivée..
Un sourire se forme sur mes lèvres à cette idée, alors que mon cur se réchauffe.
- Eh bien, ça fait plaisir à entendre !
- Même eux sont plus à l'aise que nous ! me taquine Kendra.
Je m'esclaffe, heureuse qu'elle ne prenne pas mal ma distance. Je murmure à l'oreille de mon amie :
- Je vais éviter de les couper dans leur conversation alors, j'irai leur dire bonjour après.
- Si ton fils ne débarque pas en pleurs parce que Cody l'aura traumatisé !
Ne me retenant plus, j'éclate d'un rire sonore qui résonne dans toute la pièce, pendant que Kendra glousse, fière de sa pique.
Aussitôt, les sujets de notre blague se ramènent, interpelées par mon exclamation.
- Coucou les garçons ! je leur lance, toujours en train de rigoler.
Ils répondent à ma salutation, l'un avec une moue interrogatrice sur le visage, le deuxième avec un grand sourire moqueur. Inutile de préciser qui a fait quelle tête.
- Je vous demande pas si ça va, toutes les deux.. dit ce dernier avec malice.
- En effet, je réponds sur le même ton.
Mais à la vue du jeune homme devant moi, je ne peux empêcher l'image de son père de se superposer à la sienne. Je m'attends presque à ce qu'il débarque lui aussi, commente le sarcasme amical de son fils, me salue chaleureusement.. Mais évidement, il ne le fait pas.
Il ne le fait pas, ce qui creuse un vide en moi, plus vaste à chaque seconde passée dans la même pièce que Cody. Putain, c'est horrible ! Vais-je être incapable d'apprécier le fait qu'il soit parmi nous, sans pouvoir le dissocier de son père ? Le prendre pour ce qu'il est, et non pour le souvenir de mon meilleur ami, malgré toutes mes tentatives pour tourner la page ? Kendra et son filleul ont entamé une autre conversation, que mon fils adoptif écoute sans y participer, mais je ne les entends pas.
Je résiste à l'envie de me sauver, et essaye d'inspirer le plus discrètement possible pour me calmer sans que les autres ne remarquent mon trouble. Puis, je pense à Illyas, et à son géniteur. Comme mon fils se sentirait trahi et utilisé si son père se comportait exactement comme je me comporte maintenant..
Non, je suis trop dure avec moi-même. Je dois me laisser le temps de m'y habituer, c'est tout.
Quand je reviens à la réalité, je constate que tous les regards sont sur moi. Des regards inquiets, pleins d'empathie. Et merde.. Je leur souris pour reprendre contenance, alors qu'à l'intérieur de moi c'est le vacarme.
Heureusement, personne n'a le temps d'émettre la moindre remarque, car Nathaniel entre dans la cuisine en clamant d'un ton enjoué :
- Bonjour tout le monde !
_x.
La dernière à descendre est Caroline. Quand elle fait glisser la baie vitrée qui mène sur le jardin pour nous saluer, elle est déjà habillée, coiffée et maquillée. Illyas, qui est assis à côté de moi, la regarde en plissant des yeux aller vers Cody et déposer un bisou sur sa joue. Est-ce qu'il se passe un truc entre eux ?
Le jeune homme se contente d'étirer les lèvres dans sa direction, alors qu'elle s'installe près de lui. Nathaniel commence à parler de tout et de rien, jusqu'à ce que les adolescents sortent de table, chacun allant vaquer à ses occupations personnelles. A peine sont-ils hors de portée de voix, que Kendra rapproche sa chaise de la table en croisant les bras sur celle-ci, et me demande avec le plus grand sérieux du monde :
- Comment ça va ?
Prise de court par sa question, je mets un certain temps avant de répondre. Est-ce que je vais bien ? Si seulement je le savais..
- Honnêtement, c'est dur. Mais je suis quand même contente d'être là.
Mes deux amis me sourient avec toute la fierté du monde, me regardant comme si ma simple présence était un miracle. Et en un sens, elle l'est.. Car je dois bien m'avouer que, si le père d'Illyas n'avait jamais cherché à reprendre contact avec lui, j'aurais très bien été capable de dénier mon manque jusqu'à la fin de mes jours, et ne jamais tenter de renouer avec Kendra et Nathaniel.
- Et vous, ça vous fait pas bizarre ?
- Beaucoup, avoue Nat' avec un petit rire. Bizarre, oui, mais vivifiant.
Je hoche la tête, tandis que mon amie ajoute :
- Pour être franche, je sentais que tu reviendrais un jour auprès de nous.
J'écarquille des yeux, peu certaine d'avoir bien entendu.
- Comment tu pouvais en être aussi sûre ?
- Je sais pas, c'était juste une intuition. Et puis, je te connais : tu es très fidèle. Je te voyais mal nous laisser complètement tomber.
Même si ses mots sont gentils, je ne peux contrer la vague de culpabilité qui m'étreint aussitôt. J'ai l'impression d'être une feuille de papier pleine de ratures, qu'on froisse pour ensuite la mettre à la poubelle..
Un long blanc s'installe, pesant. Avant, c'était récurant qu'il y ait certains moments où aucun de nous quatre ne parlait, mais ça n'a jamais été un problème. À vrai dire, parfois, nos silences en disaient bien plus que nos conversations, révélant tout ce que nous étions incapables de nous dire de vive-voix. Mais là, il est lourd à porter, comme un paquet de rochers de souffrance à se trimballer sur le dos. Et malheureusement, je crois que des instants de ce genre vont devenir assez redondants..
Voyant l'effet de ses paroles, Kendra opte pour changer de sujet :
- Qu'est-ce que tu deviens, sinon ?
- Je travaille officiellement comme famille d'accueil. Je voulais consacrer tout mon temps à Illyas, d'autant plus qu'il en avait besoin..
Les deux époux s'échangent un regard, comprenant le sous-entendu : les débuts avec mon fils n'ont pas été faciles.. Mais aucun des deux ne pose de question, me laissant le choix de parler ou non. Bien sûr, ils savaient que j'allais adopter, idée que j'ai eu à l'époque en pensant que ça renforcerait mon couple avec Andrew, mais il a d'abord été réticent, puis ça a pris du temps, et ensuite.. on s'est séparés, et j'ai hésité à annuler la démarche. Mais en parlant avec les services sociaux, qui m'ont fait part du passé d'Illyas - dont Kendra et Nathaniel ne connaissent presque rien, si ce n'est qu'il est difficile -, je n'ai pas eu la force d'infliger une telle déception à l'enfant malheureux qu'il était. Même en sachant que j'allais m'ajouter une véritable épée de Damoclès au dessus de mon crâne.
Tout ça pour en finir avec la mort d'Evan. Et là, j'ai eu plus que jamais besoin de ce petit garçon qui commençait tout juste à faire partie de ma vie, afin de me donner une raison d'être forte, une raison qui ne me rattache pas tant que ça au passé. Car, même si cette décision de l'adopter est totalement une conséquence de celui-ci, je ne l'ai pas connu avant que mon monde s'écroule. Et ça, c'était plus que vital à mes yeux.
En conclusion, Illyas n'est pas seulement l'enfant que je n'ai jamais pu avoir. Il a aussi et surtout toujours été synonyme de nouveau départ. Et même si ce changement en question n'a, à mon plus grand malheur, pas été celui que j'espérais, il a tout de même été nécessaire. Sans lui, je ne sais pas ce que je serais devenue, et je préfère ne pas le savoir.
Mais tout ça, bien sûr, je suis la seule à le savoir. Comment un gamin, où même mes amis, pourraient-ils comprendre tout ceci ? Je ne suis moi-même même pas sûre de saisir ces pensées.
- Et vous ? je questionne en retour.
- Pas grand-chose n'a changé, me raconte Nathaniel. Je suis toujours médecin, et Kendra avocate. Caro et Cody ont un peu grandi, sinon, comme tu as pu le constater. Pas grand-chose, si ce n'est qu'on a dû réapprendre à vivre sans nos deux meilleurs amis..
Il marque sa phrase d'un petit rire gêné, mais je sens qu'on me déchire les entrailles. Bien sûr, il n'a pas dit ça dans le but de me faire un procès, davantage pour me montrer de sa manière maladroite et personnelle qu'il est soulagé que je sois de retour, mais je me brise. Les larmes me montent aux yeux, et je détourne le regard pour les cacher.
Malgré tout, Kendra les remarque quand même, et pose une main sur la mienne, doucement. Elle ne dit rien, elle se contente de me laisser le temps de reprendre mes esprits, tandis que Nat demande d'un ton accablé :
- J'ai dis quelque-chose qu'il fallait pas ?
Mais personne ne prend la peine de répondre. Il n'y en a pas besoin, car il le sait, au fond de lui. Il soupire, m'analysant en semblant s'interroger sur la bonne manière dont il convient de se comporter avec moi, mais je ne sais même pas s'il y en a une.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse pour te faciliter la situation ? murmure Kendra à mon intention.
Je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas. Je n'en sais rien.
Je décide de reprendre contenance, renifle un coup, et leur adresse un sourire pas du tout crédible :
- Vous en faites pas, tout va bien..
Même si ma voix n'avait pas tremblé, je ne crois pas qu'ils m'auraient cru. Mais peut-être qu'à force de le dire, ça finira par devenir vrai ?
~~~
yo mes petits grains de sable !
comment vous portez vous en ce samedi bien torride d'août ? moi, tranquille tranquille, comme on aime.
bon, je ne suis pas excessivement fan de ce chapitre, car je sais pas, je le trouve déprimant ? enfin je sais que c'est à l'image des sentiments de july, mais je n'arrive pas à trouver LE PETIT DETAIL à changer pour me satisfaire. donc en attendant, bah je vous le publie quand même, en espérant que ça va venir.
pour une fois, je n'ai pas trop grand-chose à raconter (wow, incroyable !) donc ma foi, à la semaine pro pour le prochain chapitre. illyas et cody qui vont VRAIMENT passer du temps ensemble pour la première fois, youhou. on espère que ça va bien se passer.. 😏🙃
bref, gros bisous à vous <3
si l'histoire vous plaît, n'hésitez pas à voter et à partager mon livre, ça m'aiderait beaucoup !
mon insta : _supernovagabonde_
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top