x. j-0 // cody
Come as you are, as you were
Viens comme tu es, comme tu étais
As I want you to be
Comme je veux que tu sois
As a friend, as a friend, as an old enemy
Comme un ami, comme un ami, comme un vieil ennemi
Take your time, hurry up
Prends ton temps, dépêche-toi
The choice is yours, don't be late
Le choix est tien, n'arrives pas trop tard
~
J'étais en pleine discussion avec Jonas, Meghan, Alyssa et Kendra, quand je vois le garçon de tout à l'heure, Illyas, se diriger vers moi, sa valise à la main. Il se poste non loin de nous, fixant le sol avec obstination, attendant sans doute que nous ayons terminé notre discussion pour prendre la parole.
- Tu veux que je te dise où est la chambre ? lui proposé-je gentiment, afin de lui éviter de trop débattre dans sa tête sur la façon de formuler sa phrase.
Il relève brusquement la tête au moment où je m'adresse à lui, sans doute qu'il ne s'y attendait pas du tout.
- Euh... Ouais, s'il te plaît, ouais.
Je lui sourie amicalement afin de le mettre un peu en confiance, mais il semblerait que cela ait produit l'effet inverse, car il détourne les yeux, avant de se mettre à se balancer d'un pied à l'autre. Wow, je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi timide de ma vie. Ca me déroute un peu, pour le coup. Il me donne l'impression de mener une bataille acharnée avec ses mots chaque fois qu'il prononce une phrase, et je ne sais pas trop si je trouve ça pitoyable ou attendrissant. Un mélange des deux, peut-être. Cet été s'annonce épique.. Déjà, des idées de vers de chansons se forment dans ma tête, avec pour thème un adolescent complètement paumé, dans tous les sens du terme, se retrouvant coincé avec un type incapable de tenir en place et déjanté, mais qui va l'aider à prendre confiance en lui. Je ne peux empêcher mes lèvres de s'étirer en pensant au duo de choc que nous allons former.
Mes amis et moi nous échangeons un regard entendu, n'ayant pas besoin de nous exprimer à voix haute pour nous comprendre mutuellement. Vous savez quoi ? Mon défi des vacances, ça sera de le faire se lâcher et s'éclater, au lieu de rester dans sa coquille bien douillette à avoir trop peur pour ne serait-ce que jeter un oeil au monde extérieur qui l'entoure. Ok, défi accepté, mon gars.
Quand mon regard se pose à nouveau sur l'objet de mes pensées, je remarque qu'Illyas m'observe d'un air d'incompréhension, sûr qu'il doit se demander ce qui peut bien se passer dans ma tête de dégénéré pour le regarder avec cet air malicieux. Rrraaaaaaaaalala. Malgré tout, en voyant son visage pâlir légèrement et ses traits s'attrister, je me mors la lippe, réalisant qu'il a pu mal interpréter mon expression faciale. Et là, pour la première fois depuis une éternité, je me sens démuni, je ne sais pas comment agir, puisque tout ce que je fais semble le mettre encore plus mal à l'aise. Pourtant, je suis relativement doué avec les gens, habituellement.. Je comprends mieux ce que July voulait dire, maintenant.
Les yeux verts de l'adolescent, cachés à moitié par les mèches auburn qui lui retombent sur le visage, expriment un mélange de crainte et de solitude. A cette vision, je suis pris d'empathie, et mon humeur joviale se détériore un peu en m'imaginant à quel point il doit être difficile pour lui d'être parmi nous.
Je m'arrache à mes pensées accablantes, et décide de dire directement au revoir à mes amis afin de pouvoir consacrer mon entière attention à notre invité, me disant que moins il y aura de monde autour de lui, mieux ce sera. Je lui fais signe de me suivre alors que le reste des Silent Cries s'en va, et nous commençons à retourner à l'intérieur de la grande résidence de Kendra. Déjà, tout le monde commence à s'y diriger, et je vois les yeux de l'adolescent voler d'un visage à l'autre avec anxiété, sûrement à la recherche de sa mère adoptive.
- T'inquiète, fait Kendra dans une tentative de le rassurer, elle va nous rejoindre là-bas.
Il hausse des épaules. Décidément, ça doit vraiment être son moyen de communication préféré.
Ma marraine et moi échangeons coup d'oeil qui exprime notre frustration commune de ne savoir comment améliorer sa situation. Elle me propose d'aller aider Illyas à s'installer, tandis qu'elle va aller finir de ranger les résidus de notre spectacle improvisé avec Nathaniel. Sous-entendu : à toi de le gérer, tu t'y prendras mieux que moi.
Durant le trajet, qui se fait en silence, je commence à essayer d'imaginer toutes sortes d'explications à cette timidité maladive qui est sienne. Peut-être l'a-t-il toujours été ? Non, j'ai l'impression que c'est plus que ça. Des ondes moroses s'émanent de lui, ses yeux lancent des signaux de détresse implicites à quiconque croise son regard. Est-ce d'être ici qui le rend malheureux ? Ou un événement qui s'est produit antérieurement ? Ma curiosité est piqué au vif, alors que pourtant j'ai au contraire plutôt tendance à ne m'intéresser aux autres que superficiellement, sans vraiment m'impliquer.. Mais là, on peut dire que ce type sors du commun des gens qui rentrent dans ma vie !
Nous traversons à nouveau la cuisine, avant de retourner dans le couloir d'entrée, qui s'ouvre sur le salon juste en face. Finalement, nous arrivons à l'étage, où se trouvent toutes les chambres, sans que l'un de nous n'ait pipé mot. En temps normal, je lui aurais fait la conversation, lui aurais posé des questions sur ses centres d'intérêts, mais je me suis abstenu en me remémorant comme l'attention des autres le gênait.
Je passe quelques secondes à me débattre avec mes clefs que je n'arrive pas à sortir de ma poche, à cause de toutes affaires qui y trainent. La caverne d'Ali Baba, j'vous jure. Je réussis finalement à les atteindre, - après quelques grognements et un juron à peine étouffé -, et mon colocataire et moi entrons dans la piaule pittoresque et charmante, qui est à l'image du reste de la demeure. Je l'aime aussi parce qu'elle se trouve dans le toit, et, si je monte sur le lit, je peux grimper par la fenêtre au-dessus de moi et me retrouver sur les tuiles, et admirer les étoiles, la nuit. Rien de plus propice à l'inspiration !
J'entre à l'intérieur, et m'écarte pour laisser passer mon compagnon. Mais n'entendant pas le bruit de ses pas me suivre, je me retourne pour voir ce qu'il en est : il a le regard perdu dans le vague, il triture ses mains en se mordillant la lèvre, avant de s'arracher un cil, sans me rejoindre. Sûrement un tic nerveux..
L'ambiance est tellement insonore qu'on pourrait entendre les mouches voler. Ou les moustiques, plus probablement, étant donné la proximité avec le lac. zzzzzuuuiiiiiiii hiiiiihihiiiii. C'en devient assourdissant, surtout pour moi qui déteste être dans l'expectative, sans qu'il ne se passe rien. J'aime entendre la musique que nous jouent, à leur manière, les endroits dans lesquels nous évoluons, tenter de déchiffrer ce qu'ils cherchent à exprimer. De ressentir les énergies qu'ils émanent à travers les petits bruits à peine perceptibles qu'ils émettent. Mais là, il n'y a même pas d'ambiance, juste ce néant taciturne qui nous enveloppe. N'y tenant plus, pour combler ce vide insupportable malgré ma résolution d'attendre qu'il parle de lui-même, je le questionne :
- Tu veux prendre quel lit ?
Il relève la tête précipitamment. Nouveau haussement d'épaules. Je soupire, commençant à perdre patience. Je me mets à tapoter du pied au sol, afin de tenter de calmer mon agitation intérieure. J'ai horreur de me remettre en question, de ne pas savoir quoi faire. Mais si ma fierté s'en mêle en plus du reste, on est mal barrés.
- Je te laisse le choix, j'insiste.
- Je sais pas, comme tu veux.
C'est donc si dur que ça de se décider ? Il ne peut pas répondre quelque-chose au pif, jouer un peu le jeu ? Il n'a pas l'air d'être ravi de se trouver en ma présence. Si il ne fait pas un tout petit effort, ça risque d'être compliqué. Je comprends qu'il puisse avoir du mal avec les gens, mais là j'ai juste l'impression de déranger, exactement comme avec elle. Oh, je sais bien que ce n'est pas de sa faute, et je ne peux pas lui en tenir compte. Malgré tout, cette situation devient de plus en plus inconfortable pour moi, qui me retrouve obligé de me restreindre et mettre mon esprit extraverti en laisse, tout ça pour ne pas l'effrayer. Et ça, c'est contraire à mes principes. Mais bon, au moins, j'ai toujours l'espoir que ça ne dure pas bien longtemps..
Parce que sinon, ma nature risque de reprendre le dessus, et les oeufs sur lesquels je marche vont éclater en petits morceaux avec brutalité. Je suis comme une bête sauvage, plus tu essayes de me dompter et de me dominer, plus je risque de devenir incontrôlable à la seconde même où je serais relâché.
Sa voix raisonne finalement dans le silence monotone de la pièce, ce à quoi je ne croyais plus :
- Au pire, je peux me mettre près de la porte, comme ça je prendrais pas trop de place...
Wow, la plus longue phrase qu'il ait pu prononcer depuis son arrivée. Je respire à nouveau, soulagé qu'il fasse de son mieux. Toute la pression ressort d'un coup, comme l'air qui ressort à toute vitesse après avoir été confiné dans un ballon, au moment où l'on en défait le noeud qui le retient.
- Ok, je réponds d'un ton léger, ça roule.
Je saisis le sac de sport qui me sert de valise et le balance - un peu brutalement, oups - à côté du lit du fond, celui qui est pile en dessous de la persienne, de manière totalement nonchalante. Nickel.
Je m'affale sur le matelas, épuisé par le voyage et la soirée. Je sens mon estomac gronder.
- Tu sais à quelle heure on mange ? je demande à Illyas, qui me regarde toujours silencieusement avec ses yeux de personnage d'anime, comme si j'étais une espèce d'animal assez hors-du-commun dans un zoo.
Et devinez sa réponse. Bravo, vous êtes trop forts.
Toujours la même.
Je craque, incapable de me taire plus longtemps, et tente de briser la glace sur le ton de l'humour.
- Tu sais quoi, je dis avec taquinerie, dans cette chambre qui est la mienne, il y a des petites règles. Ici, on aime bien faire sortir les gens de leur zone de confort, parce que sinon c'est dangereux, et que c'est toujours bénéfique de se découvrir de nouvelles facettes. Et il faut les respecter, sinon il y a un gage. Et toi ça sera de me répondre avec des phrases munies de minimum sujet, verbe et complément quand je te parle. Ça ira, pas trop difficile ?
Son regard s'agrandit une fraction de seconde, et il me répond du tac au tac, comme si toutes les émotions anxieuses qu'il emmagasinait depuis tout à l'heure explosaient d'un coup :
- Alors pour toi, ça sera d'être compatissant de mon sort et faire comme si je n'existais pas. J'y suis habitué, et je compte bien le rester. Ça ira, pas trop difficile ?
Putain mais où est passé mon légendaire charisme qui met toujours les gens immédiatement à l'aise quand je leur parle pour la première fois ? On dirait qu'Illyas en est totalement immunisé, à mon plus grand regret. J'ai du mal à déterminer s'il plaisante ou non, ce que je fais normalement sans problème, moi qui suis plutôt doué pour cerner les gens. Faute de savoir quoi faire d'autre, je pousse un rire gêné, en répliquant :
- Hé, ici c'est moi qui pose les règles !
- Oui, bah c'est pas du jeu !
Il croise les bras sur sa poitrine, l'air boudeur. Je ne peux m'empêcher de rigoler devant cette moue juvénile. On se fixe un moment, moi avec un rictus amusé, lui avec un mélange d'humour maladroit et d'embarras affichés sur le visage. Finalement, ses lèvres s'étirent enfin un tantinet à mon adresse, mais cette expression faciale refait aussitôt place à des sourcils froncés et un triste minois.
J'opte donc pour changer de sujet, ce qui me semble être la meilleure chose à faire :
- N'empêche, c'est bien joli tout ça, mais ça ne change rien au fait que je crève la dalle.
Il lève les yeux au ciel, dissimulant assez mal une esquisse de sourire. Enfin de l'amusement ? Ses pupilles croisent les miennes avec intensité. Nos yeux semblent soudain échanger leur propre conversation, indépendamment de nous. Et je peux voir beaucoup de choses dans ses iris couleur feuille de printemps. Des choses qui captent mon attention. Je pousserais même à tenter d'appeler ça de la reconnaissance, vu comme il paraît se détendre ne serait-ce qu'un peu maintenant que j'ai laissé tomber le sujet du mal-être que lui procure le fait de se trouver en présence d'inconnus.
Malheureusement, ça ne dure guère longtemps, puisqu'il rompt finalement notre contact visuel quand une vibration se fait entendre dans la chambre silencieuse, et il sort son téléphone de sa poche arrière pour regarder qui est l'émetteur de ce message. Il s'assoit sur son lit, et commence à pianoter dessus frénétiquement. Je me garde de tout commentaire, et sors mon cahier de chansons de mon sac pour m'occuper l'esprit.
Eh bah ça promet.
~
holà mes petites abeilles ! (bzzz bzzz)
enfin je poste le chapitre 10, après une semaine d'inactivité due à plusieurs facteurs : premièrement, j'étais chez mes grands-parents, et je n'ai pas forcément eu le temps d'écrire vu que je profitais un max d'eux. l'autre raison était que je devais le réécrire, étant donné que le premier jet de cette partie a été écrite y'a des années, sur un coup de tête, juste pour mémoriser une des premières scènes que j'ai imaginées de cette histoire. eh oui, tout est parti de là.. et si vous saviez le chemin que ça a fait dans mon crâne avant que le synopsis ressemble à ce qu'il est aujourd'hui !
bref, trêve de blah blah anecdotique, et concentrons-nous sur ce qui est important : la première impression que laisse illyas sur notre cher cody. là, encore, le résultat n'a absolument rien à voir avec ce que j'avais prévu, j'ai un peu perdu le contrôle, bouahahahaa. le pauvre, ça doit lui changer que quelqu'un ne s'ouvre pas du tout à lui, et limite le repousse ! mdr. j'imagine pas le sentiment de claustrophobie qu'il doit ressentir à ce moment-là, hehe. enfin si, vu que je l'ai écrit. enfin non, vu que mes doigts ont écrit tout seuls indépendamment de ma tête. bon, au pire on s'en fout.
comme d'habitude je parle trop pour ne rien dire, c'est aberrant, lol. sinon, vous avez pensé quoi de ce chapitre ? c'était ce que vous vous imaginez, ou comme moi vous êtes totalement surpris par la tournure des événements ? comment pensez-vous que les choses vont évoluer pour nos deux p'tits cocos dans les jours qui suivent ?
pleins de bisous !
insta : _supernovagabonde_
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