v. j-1 // july
And when I close my eyes, when I close my eyes I see you, you
Quand je ferme les yeux, quand je ferme les yeux, je vous vois, vous
When I close my eyes, when I close my eyes
Quand je ferme les yeux, quand je ferme les yeux
You come through, you
Vous venez à moi, vous
Time just deepens, sweetens and mends
Le temps approfondit, adoucit et nous répare
Old friends
Anciens amis
~
Avant..
- Tu comptes sortir où, comme ça ? m'a demandé Andrew d'une voix mauvaise en me voyant me diriger vers la porte d'entrée.
Je me retourne et le fixe d'un air méprisant tandis qu'il reste vautré sur son canapé, sans même m'accorder un seul regard. Mais, malgré le fait qu'il me tourne le dos, je sens que son entière attention est fixée sur moi.
- Je sors.
- Et pourquoi tu irais faire un tour à cette heure ?
En effet, le soir était déjà tombé, la nuit enveloppant la ville d'une couverture sombre et monotone.
Je soupirai :
- Je vais rejoindre Kendra. Je te l'ai dit ce midi que nous avions prévu de nous retrouver pour passer la soirée ensemble.
- Mmmh. Pas sûr de bien aimer ce plan.
J'ai commencé à taper du talon au sol, essayant de me maîtriser.
- Je ne vais quand même pas te demander une autorisation. C'est juste ma meilleure amie.
En grognant, cet homme qui prétendait être l'amour de ma vie s'est levé et m'a fait face, les yeux pleins de rage.
- Je n'aime pas trop la façon dont tu me parles, July Turner.
Il insista sur mon nom de famille avec mépris, exprimant toute la haine qu'il éprouvait à l'idée que je ne portais pas encore le sien. Mais il a toujours su que je fonctionnais comme ça : je n'avais pas de problème pour faire le premier pas avec quelqu'un, si en échange l'autre personne me laissait le temps de réfléchir et m'adapter avant que je puisse réellement m'engager. Mais pour lui, cinq ans de relation étaient suffisants pour vouloir me forcer à l'appartenir, devenir sa chose. Bon, j'avoue qu'il n'avait jamais prononcé ces mots explicitement, ces derniers temps, je commençais de plus en plus à me demander si ce n'était pas la manière dont il me considérait. Je n'aimais pas me sentir obligée de quoi que ce soit, et puis comme si une bague au doigt était le seul critère d'une relation stable.. De plus, plus le temps passait, plus je découvrais avec un mélange de déception et de dégoût que je faisais bien de ne pas céder si facilement.
Pour m'avoir, il fallait me mériter au quotidien, et ce n'était pas juste quelques fleurs de temps en temps qui allaient gagner ma dévotion.
Je choisis d'ignorer sa remarque pour éviter d'engendrer une énième dispute, et je lui ai dit à la place d'un ton joyeux :
- Bonne soirée !
Et sans attendre sa réponse, je sortis de l'appartement.
_x.
Je resserrai mon manteau contre moi, frigorifiée. Je traversai la rue piétonne à la recherche de notre bar préféré, à Kendra et moi, l'endroit où nous nous retrouvions tout le temps. Je poussai un soupir de soulagement en poussant la porte, m'imprégnant déjà de la chaleur ambiante.
Mes lèvres s'étirèrent quand j'aperçus ma meilleure amie, à quelques tables de là. Je l'ai rejointe, déjà revigorée.
- Coucou ! je la saluai avec la sourire.
- Alors, comment va ma July préférée ?
- Impeccable.
Je me suis assise en face d'elle, toute heureuse. Nous avons commandé deux bières, et nous avons commencé à discuter de tout et de rien, insouciantes.
C'était ça que j'adorais avec elle : c'était une femme ouverte d'esprit, excentrique et elle avait une manière de vivre qui me poussait à apprécier les petits moments.. Mais c'était aussi quelqu'un qui analysait beaucoup de choses : donc je n'ai pas pu cacher bien longtemps qu'il y avait une ombre au tableau. Et comme elle avait ce don de tout deviner, elle a vite su quoi :
- Tu t'es encore disputée avec Andrew ?
- Non.
J'avalai une deuxième gorgée histoire de reprendre un semblant de contenance, vexée qu'elle me lise si facilement.
- Tu penses que je ne le vois pas ? demanda-t-elle calmement.
Je soupirai, peu fière d'admettre que les choses ne s'amélioraient pas entre nous.
- Peut-être.. avoué-je. Il m'en veut toujours, tu sais.
Elle hocha de la tête, comprenant ce à quoi je faisais référence sans que je n'aie besoin de le dire. Une erreur encore pire cette histoire de mariage. Elle m'offrit un regard compatissant, touchée par ma situation délicate.
- Tu sais, commença-t-elle, je pense que ce n'est pas uniquement de sa faute à lui s'il est si dur avec toi. Oui, c'est un amoureux des convenances, mais à force de vous fréquenter, je commence à me dire que sa famille l'influence énormément dans ses choix.
- Oui, il ferait n'importe quoi juste pour éviter de les décevoir. Mais ça me donne juste l'impression de ne pas être assez pour lui, mes sentiments passent après eux. J'ai horreur de ça.
Elle posa sa main sur la mienne, sachant que dans ce genre de cas, il se servait à rien de parler, puisque aucun d'entre eux ne pourraient apporter de solutions miracle à mon problème.
Non seulement j'avais cette frustration constante de ne pas pouvoir contrôler cela, mais en plus j'avais l'impression que Andrew me punissait par son attitude acerbe de ne pas satisfaire ses exigences. C'était injuste, putain ! Comme si j'avais choisi..
On est restées quelques minutes dans un silence pesant, chacune remuant des pensées pas très agréables en tête. Puis, soudainement, le visage de Kendra s'est illuminé, comme chaque fois qu'une idée germait dans son esprit.
- Viens, je vais te présenter quelqu'un qui va te changer les idées ! s'exclama-t-elle.
Intriguée, je la regardai se lever, payer vite-fait l'addition, et je l'ai suivie, sans trop comprendre. Elle m'a prise par le poignet et m'a emmenée jusque mon auto - elle était venue à pieds, habitant non loin.
Elle m'a fait signe de lui passer les clefs, et je les lui ai lancé, attendant qu'elle s'explique. Elle est montée à l'avant et a démarré le moteur, avant de nous entraîner dans les rues de la ville.
- Bon, on va où ? la questionné-je, perdant patience.
- Chez un ami. Tu sais, Evan, dont je t'ai déjà parlé.
Comment ça, le Evan ? Celui qui adorait faire les quatre cent coups et savait toujours comment faire rire les gens quoi qu'il arrive ?
Cela faisait quelques mois qu'elle me bassinait les oreilles avec ce type, dont j'avais rêvé de faire la connaissance dès la première fois que j'ai entendu son nom. Mais l'occasion ne s'était jamais présentée, Andrew préférant que je sorte avec lui.. Kendra n'était pas du genre à partager énormément sa vie, mais les rares fois où elle amenait la conversation à lui, je comprenais à sa façon de raconter ses aventures qu'elle avait une grande estime de lui. Et maintenant elle m'y emmenait, comme ça ?
Un sourire a fendu mes lèvres à cette idée. Moi et l'impulsivité, c'était une grande histoire d'amour, après tout. Les plans de dernière minute, ça c'était ma tasse de thé.
Je l'ai taquinée :
- Il ne va pas prendre mal qu'on interrompe sa soirée tranquille ?
- Bof, au contraire, il sera content qu'on mette fin à son ennui !
À cette phrase, je me suis à nouveau demandée ce qu'il pouvait bien vivre, pour que Kendra le présente comme un homme si vivace, mais toujours en sous-entendant juste après qu'il n'avait pas vraiment de raisons de l'être..
_x.
Nous avons laissé les beaux quartiers derrière nous, pour arriver dans des lieux plus modestes, puis dans des blocs d'immeubles anciens et à l'air peu accueillants. Mais Kendra ne s'est pas laissée impressionner pour autant, tandis que de plus en plus de questions fusaient dans ma tête. Mais qui était cet homme ?
Nous avons sonné à l'entrée, sans réponse. Au bout de la deuxième fois, une voix rocailleuse a retenti de l'interphone :
- Bonjour, Evan Wilson. Que puis-je pour vous ?
- C'est moi, a dit mon amie. On vient te faire sortir ta Marianne de la tête, au lieu de te laisser te languir sur ton sort dans ton coin.
Il a soupiré, avant de s'étonner :
- "On" ?
- Oui, je suis avec July.
- Oh génial ! s'exclame-t-il, plus joyeux. Depuis le temps que tu fais que de parler d'elle.. Je me dépêche.
Sur ce, le silence s'est installé, cependant que nous attendions Evan.
Ma meilleure amie me lançait des sourires pleins de sous-entendus, que j'avais du mal à interpréter. Puis, me rappelant leur courte discussion, j'ai demandé :
- C'est qui Marianne ? Si c'est pas indiscret.
- Sa connasse d'ex. C'est compliqué, leur histoire, moi-même j'y comprends pas tout. Mais tu vois, c'est pas pour rien que je te le présente. Je réfléchis à tout.
Ses paroles, au lieu de m'éclaircir les idées, m'ont encore plus embrouillée qu'autre-chose. J'ai froncé les sourcils, perdue.
- Parce que lui aussi sait ce que c'est d'être déçu en amour, explique-t-elle en voyant ma confusion. Et parce que ça te ferait du bien de passer du temps avec quelqu'un qui a les mêmes problèmes en tête.
- Mais je ne compte pas quitter Andrew pour autant. Je l'aime.
Si seulement c'était si simple que je voulais le faire croire.. Elle haussa des épaules, avant de planter ses yeux noisettes dans les miens.
- Je trouve qu'ils se ressemblent beaucoup, vu ce que vous m'en dites, Andrew et Marianne. Peut-être qu'avec du recul il pourra t'apporter des solutions que tu ne peux pas voir.
Et avant que je n'ai eu le temps de méditer ses dires, un homme sortit du bâtiment.
- Salut ! fait-il.
Sur ce, il vint nous enlacer cordialement l'une après l'autre, un large sourire à fossettes sur le visage. Puis, il se planta devant moi, me scrutant d'un air à la fois analyseur et avenant. Il avait des cheveux châtains coiffés en un catogan lâche, et des yeux couleur d'ambre qui scintillaient du reflet des réverbères.
Son aura emplie de nonchalance et de malice me promet déjà de belles aventures.. ne puis-je m'empêcher de penser en cet instant.
Mes lèvres se sont étirés dans sa direction :
- Enchantée.
- De même. Je me suis dis justement y'a pas longtemps que tu avais l'air super cool.
Il a ris jovialement, avant de froncer les sourcils, semblant réaliser quelque-chose.
- Je peux te tutoyer directement, hein ?
J'ai rigolé, immédiatement à l'aise par sa familiarité.
- Bien sûr. Je déteste ces hypocrisies de convenances, de toute façon.
Son regard s'est illuminé, et il s'est tourné vers Kendra :
- Elle, je l'adore déjà !
_x.
Nous nous sommes mis à nous promener dans les rues, malgré la fraicheur de décembre. Mais nous ne faisions même pas attention à la température, trop omnibulés par nos nombreux fous-rires, nous nous esclaffions en permanence sans aucune retenue. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusée, sans me soucier du fait que mon attitude soit convenable ou non. De quoi non avons parlé, au juste, je ne saurais le dire. Mais ce n'est pas l'important. L'important, c'est les sensations que j'ai eu cette soirée-là, qui, je ne m'en doutais pas encore, m'auront marquée à jamais.
De toute façon, on s'embarquait dans des conversations qui allaient complètement à la dérive, au point qu'à peine cinq minutes après avoir commencé un sujet, nous étions tellement partis dans toutes les directions qu'on ne se souvenait même plus du commencement de tout ce cheminement, nous étions ivres. Ivres, ivres tout en étant sobre, ivres de bonheur. Je me sentais libérée, comme si des ailes m'étaient poussées dans le dos, et que je m'envolais loin de tout, pour de merveilleuses contrées.
Une demi-heure à peine m'a suffit pour qualifier cet homme de dingue : mais pas dingue dans le sens de fou, ou de psychopathe, mais dingue dans le sens de qui n'a peur de rien, qui ne se refuse rien dans la vie, qui ne se soucie de rien, qui évacue ses problèmes en faisant n'importe quoi.
Parce qu'il ne fallait pas s'y méprendre : Evan était la personne la plus drôle et le mec le plus revigorant qu'il ne m'avait jamais été donné de rencontrer, mais quelque-chose dans son humour, dans ses yeux, trahissait une part d'ombre indéniable derrière toute cette extravagance. Bien sûr, j'ai préféré faire comme si je ne me rendais compte de rien, car ce n'étaient pas mes affaires. Mais la seule chose que je savais, c'était que nous étions en symbiose totale, nos deux âmes sauvages et avides de folie se sont accrochées au quart de tour, chacun stimulait l'autre dans son impulsivité et ses idées farfelues, et j'étais impatiente de savoir jusqu'où ceci nous mènerait.
Kendra, plus réservée et distante en groupe, ce contenait de rire à nos escapades spirituelles, mais je savais qu'au fond d'elle, elle était dans le même état d'euphorie que nous. Nous nous émerveillions de tout, redécouvrions chaque petite chose du quotidien, et nous y trouvions de la fascination, aussi banale soit-elle. Nous parlions de musique, de voyages - Evan adorait toujours changer de place, il détestait rester au même endroit, et moi qui avait horreur des routines sans stimulations, je le comprenais bien -, de vieux cinéma, de sa passion pour la photographie, de mon travail en tant que journaliste qui le faisait découvrir beaucoup de lieux différents, de nos espoirs les plus fous, de nos rêves inavoués.
Au bout d'un temps qui m'a semblé à peine cinq minutes après qu'il nous ait rejoint, je me suis aperçus qu'il était déjà onze heures passées.
- Merde, Andrew va pêter un câble ! m'exclamais-je. J'étais censée être rentrée il y a une demi-heure.
Evan a fait une tête d'enfant sur le point de se faire gronder, comme si c'était lui le responsable. Kendra, quant à elle, a poussé un soupir d'un air désolé. Pendant quelques instants, mon regard s'est perdu dans le vide. Ce retour brusque à la réalité m'a lessivée, ôtée de toute mon énergie, et je me suis sentie bien vide.
J'ai dis au revoir à contrecoeur à mes compagnons, Kendra m'a serrée dans ses bras et Evan a fait de même. Puis, j'ai pris la direction à pied de ma voiture, déçue que ce moment soit passé si vite.
Soudain, j'ai entendu des pas rapides derrière moi, suivis de :
- July, attends.
Je me suis retournée pour faire face à Evan, intriguée.
- Il faudra qu'on remette ça, dit-il.
- Bien sûr. Tu veux mon numéro ?
Il hocha de la tête de manière positive, et je le lui ai dicté, tandis qu'il m'enregistrait dans ses contacts. Puis, il a rangé son portable dans la poche de son blouson, et a planté son regard couleur wiskey dans le mien, en déclarant :
- Je crois qu'on va avoir des tonnes de choses à se dire, toi et moi.
De quoi tu parles ? me suis-je demandée. De Marianne et Andrew ? Sinon, qu'est-ce que ça pourrait être ? Mais il ne me laissa pas le temps de poser mes interrogations à voix haute, car il était déjà reparti en trottinant, me laissant seule avec ma confusion.
J'avais vraiment du mal à le suivre.. Mais ça ne me dérangeait pas tant que ça, car cela le rendait d'autant plus intéressant.
_x.
Je me réveille en sueur, assaillie par tous les souvenirs que je viens de revivre en rêves. Mon coeur se met à battre à toute vitesse, et les larmes me montent aux yeux. Quand Evan est mort, il m'a hantée jour et nuit, même dans mes songes, je ne pouvais échapper au sentiment impitoyable de son absence. Ça s'était calmé avec le temps, mais toutes ces mémoires me reviennent en pleine face, et impossible d'y échapper. Illyas, mon cher petit Illyas, dans quoi tu nous as embarqué ?
Cela m'a surprise au plus au moins, son idée. Il est très rare chez lui de prendre des décisions très spontanées de cette manière, c'est que ça devait lui tenir vraiment à coeur de m'aider. Et, je pense que c'en est la principale raison, sans doute qu'il essaye de me tester, et donc indirectement son père. Il doit se dire que, si moi j'arrive à supporter de retrouver mon ancienne amie sans Evan et dépasser mon deuil sans que la revoir ramène trop de souvenirs douloureux et insupportables, peut-être que son père le pourra aussi avec lui. Le connaissant, ça doit être ça, sa plus grande peur : se faire de faux espoirs concernant son géniteur, et être déçu.
Ce qui me met encore plus de pression : j'ai d'autant plus intêret à y arriver, pour ne pas peiner Kendra, et pour prouver à mon fils que c'est possible.
Quand je l'ai appelée, hier, pour lui proposer qu'on se voit durant ces vacances, elle a eu l'air assez enchantée. J'ai récité un discours que j'avais préparé à l'avance, me pensant incapable d'aligner deux mots si je ne l'avais pas fait.
- July ? C'est vraiment toi ? s'est-elle exclamée avec surprise.
- Oui.. Je sais que ça fait très longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles, et que j'ai été très distante ces dernières années, et que ça a dû être d'autant plus douloureux, mais je crois que j'ai envie d'enfin passer ce cap. Je veux dire, je comprends que la vie tourne, et que sans doute ça n'a plus d'importance maintenant, mais autant essayer quand même. Je voudrais qu'on puisse se voir, afin de rattraper tout le temps perdu.
Un long silence a plané entre nous, au point où je me suis demandée si elle était encore là, puis elle a réagi au quart de tour :
- Oh mais ma chérie ! Je te comprends entièrement, et jamais je ne t'en ai voulu d'avoir besoin de t'éloigner de tout ce qui te le rappelait pour ne pas sombrer dans le désespoir. C'est vrai que j'ai été très triste, car quelque-part je vous ai perdus tous les deux en même temps, mais je n'ai jamais oublié, et bien sûr que je veux te revoir. Que dirais-tu de venir passer ces deux mois chez moi ? Nathaniel et moi prendrons des vacances.
Ça va trop vite. Ma gorge s'est serré d'émotion, je n'arrivais pas à croire que j'avais enfin cette conversation avec elle, après tout ce temps ! Elle vient vraiment de me proposer d'aller les retrouver, elle et son mari, les personnes qui m'étaient le plus cher en dehors de Evan ?
- Ce serait génial.. je lui réponds sans réfléchir, par peur de me dégonfler dans le cas contraire.
- Alors viens dans deux jours, si tu peux, qu'on profite un maximum ! Comme ça, tu pourras voir comment Caroline a grandi !
- Oui, à ce propos, ça dérange si j'amène Illyas, mon fils adoptif ? Tu sais, je t'avais parlé de mon projet d'adopter, peu avant...
La fin de ma phrase se perdit dans le vide, tandis que je peinai à dissimuler ma voix tremblante. Si mon ancienne amie l'a remarqué, elle n'en montra rien, ce pourquoi je la remarciai en pensée.
- Non, pas du tout, au contraire : j'ai hâte d'enfin le rencontrer !
- Génial. À dans deux jours, alors.
- À dans deux jours, ma belle. Prends soin de toi.
Il y avait une secousse de joie sincère dans sa voix, comme si elle ne pouvait contenir son excitation. Mon palpitant se remit à battre avec force à cette pensée.
- Bisou.
Quand j'ai raccroché, des larmes se sont mises à tomber le long de mes joues. De bonheur ? D'appréhension ? De nostalgie ? D'un peu des trois, j'imagine.
_x.
Je repousse mes couvertures, et me lève, les jambes flageolantes. Et si ça se passait mal ? Et si c'était trop douloureux pour être faisable ? Mon habituelle confiance en moi me fait défaut, aujourd'hui..
Je file à lui cuisine, et me prépare une double ration de café, afin de pouvoir tenir durant toute cette longue journée de préparatifs, autant au niveau de nos valises que de mon mental. Et sans doute celui d'Illyas, mine de rien, anxieux social comme il est.. Vivre pendant deux mois avec une famille qui n'est pas la sienne et qu'il ne connaît pas, voilà qui va le changer ! D'ailleurs, il faut que je réfléchisse à la manière de lui annoncer la grande nouvelle.. Il était tellement fatigué qu'il dormait déjà au moment où j'ai passé l'appel avec Kendra !
En parlant de celui-ci, le voilà qui franchit là porte de la cuisine, se frottant les yeux.
- Bonjour mon chéri, je t'ai pas réveillé, j'espère ? je lui demande.
- Non, je l'étais déjà depuis un petit bout de temps. J'attendais juste que tu te lèves pour ne pas faire de bruit.
- Ok.
Il fouille les placards à la recherche du cacao en poudre - c'est fou, même en été et en pleine canicule, faut qu'il se boive du chocolat en poudre chaud ! - et je me décide à lui révéler directement le verdict de nos projets estivaux :
- Écoute, j'ai suivi ton conseil..
Il se tourne vers moi avec des yeux ronds, surpris de la tournure des événements.
- Vraiment ?
Son sourire en dit long sur la fierté qu'il ressent à mon sujet, et rien que d'y penser, mon cœur se serre chaleureusement. Toutefois, je m'attends à ce qu'il disparaisse bientôt, en prenant connaissance de la véritable épreuve qui l'attend. Sérieux, qu'est-ce qu'il m'est passé par la tête d'accepter sans le consulter ?
- Elle nous a invité à passer l'été chez elle, et elle m'a proposé qu'on vienne dès demain.
Il semble assez abasourdi, tout à coup, et une légère lueur d'inquiétude passe sur son visage, au fur et à mesure que ses yeux s'écarquillent. J'espère que ça ne sera pas trop dur pour lui, avec son anxiété sociale.. Je me sens un peu coupable, tout à coup.
- Wow, ça c'est passé vite. Mais c'est vraiment cool si ça se passe comme ça, je suis trop content que tu l'aies fait. Comment tu te sens ?
- Je sais pas, je crois que j'ai du mal à réaliser, je lui avoue. Mais ça fait du bien d'avoir eu de ses nouvelles.. Je t'expliquerai plus quand on aura fini de tout organiser, mais on sera chez elle et son mari.
Ses yeux verts se perdent dans le vide, réalisant sans doute qu'il devra passer deux mois chez des inconnus, mais sans doute par peur d'avoir l'air égoïste, il me lance d'un ton faussement malicieux :
- Alors, si je comprends bien, demain c'est le grand jour ?
Mais il pousse un rire nerveux, trahissant au passage son manque d'assurance. Je fais de même :
- Il paraît.
Il m'observe un instant, et son doux regard m'envoit toute la tendresse du monde. Je fonds à cette vision, tellement heureuse de l'avoir dans ma vie.
- Tu vas y arriver, Maman. Si y'a bien quelqu'un qui est assez forte pour le faire, c'est bien toi.
Émue, je m'approche de lui et le sers dans mes bras. Il est merveilleux.. Qu'est-ce que je vous disais ?
- Oh, merci mon Illyas, je t'aime tellement ! Ça ne va pas te déranger ?
- Moi aussi. Et t'en fais pas pour moi, je vais gérer. Si tu es heureuse, alors que je le serais aussi.
Je pousse un petit gloussement euphorique, et dépose un baiser sur son front, remerciant le destin d'avoir mis ce garçon sur mon chemin. S'il savait comme je l'admire. Nous nous séparons et nous sourions, avant de finir de déjeuner, assis au comptoir de la cuisine.
_x.
Je passe la journée à organiser toutes nos affaires, à remplir les valises, à stresser, à m'agiter, et à écouter Illyas essayer de me rassurer. Si on m'avait dit, qu'un jour, les rôles seraient inversés.. Pour me détendre, j'ai mis en musique de fond mon CD de AC/DC sur la chaîne hi-fi, ce qui fait que je perds la moitié de mon temps à danser en beuglant les paroles en chantant comme une casserole, à l'instar d'une tarée, sous le regard plein de jugement d'Illyas, qui, je le sais approuve tellement mes goûts musicaux..
- Pfffff, je comprends toujours pas ce que tu leur trouve, à tes groupes qui font que de hurler.
- C'est parce que t'as pas goût. Rappelles-moi ce que tu écoutes, toi ?
- Twenty One Pilots, Billie Eilish, The Neibourhood, NF, BTS, la base, quoi.
- Bah désolée, mais ton groupe de rock qui ressemble même pas à du rock.. Et puis sérieux, qui écoute aussi de genres différents à la fois ?
- T.O.P, c'est de la pop-rock ! Et c'est bien d'avoir un style varié, ça ouvre l'esprit !
- Bah justement, c'est trop hétéroclite, comme mélange.
- Bah toi tu chantes sur des groupes instables, dont un des chanteurs est mort parce qu'il s'est étouffé dans son propre vomi tellement il était bourré. Niveau crédibilité..
J'ai pris une mine vexée.
- Oui, bah, on passera outre ce détail. Et puis, ça arrive à tout le monde !
- Quoi, de mourir étouffé dans son vomi ?
- Non, d'être bourré !
On finit notre débat par s'échanger des regards complices en rigolant, avec une sensation de calme avant la tempête. Mais bon, on en a besoin tous les deux, je pense. Puis, il éclate de rire, bientôt rejoint par moi, et plus possible de s'arrêter.
On finit par se calmer, profitant de notre insouciance. En espérant qu'elle subsistera aux épreuves qui vont suivre..
_x.
Le soir, juste avant de me coucher, je vérifie mes messages pour la première fois de la journée, et en trouve un de Kendra :
Elle : Salut July.. J'imagine que tu dois être occupée à faire tes valises, mais je voulais t'informer d'un truc. Cody est arrivé hier, à l'improviste, comme il a un peu l'habitude de le faire, et ça risque de compliquer les choses s'il se trouve qu'il doit rentrer chez lui.. Mais si ça te dérange, il le comprendra tout à fait, c'est juste qu'il aime bien passer assez régulièrement pour prendre un break de sa mère et son beau-père. Tu penses que ça sera supportable s'il reste ?
Je lis son message, mes mains deviennent moites et se mettent à trembler. Je formule plusieurs fois une réponse, l'efface, recommence, en proie à un dilemme. Je ne sais même pas ce que je ressens, mon coeur bat la chamade alors que je les revois, lui et Evan, la première fois qu'il m'a présenté à son fils.. Comment vais-je gérer la situation, une fois là-bas ? Surtout que, selon mes souvenirs, il est son parfait portrait craché.. Malgré tout, je n'ai pas envie d'être égoïste, me rappelant qu'il a toujours eu des rapports assez compliqués avec sa belle famille, selon mon amie.
Moi : T'en fais pas, je vais tenir le coup. Et qui sait, peut-être que d'être confrontée à lui m'aidera, car j'aurais la sensation d'avoir quelque-chose de lui pour m'aider ? Et puis, il était génial, comme gosse.. :)
Elle : Merci infinement. T'es une battante, ma July. On se retrouve demain ! <3
Moi : A demain ! <3
Je pose mon portable, et soupire. Ça promet d'être un été riche en émotions.. Je sens l'appréhension monter en moi, aussi toxique qu'un poison.
~~~
wesh les sangs !!!! (j'me suis prise pour qui avec cette salutation là ???? 😭🤣 bref on s'en fout.) (heyyy ça date ma dernière note en fin de chapitre !!)
comment allez-vous ? moi, en ce moment c'est tout ou rien : soit je pète la forme et la motivation et je fais 36 000 choses en une journée, soit je bouge pas de mon lit pendant 24 heures. bref, du n'importe quoi, mais je pense que vous avez l'habitude maintenant avec moi, pour ceux qui me suivent depuis le tome 1 d'action ou vérité.
sinon, voici enfin le premier chapitres du point de vue de july !!! *l'excitation est à son comble* bon, on va faire genre que c'était pas du tout cramé que c'était elle le troisième perso principal mdrrr. et pour l'accueillir comme il se doit, voici un petit extrait de sa rencontre avec evan, le père de cody... que pensez-vous qu'il va leur arriver ? j'ai hâte de voir vos réactions quand vous en saurez autant que moi ! 👀 et sinon, qui est votre personnage préféré pour l'instant ?
aussi, je vous préviens que cet été, je prévois d'être beaucoup plus régulière dans la publication de mélancolie d'été, je vais passer la quatrième😂 bon, après, comme tous les ans, entre ce que je prévois pour les vacances et ce que je fais... quoique ? peut-être que j'aurais enfin le ✨déclic✨ de disparition de flemme estivale🥲mais ce qui est sûr : terminer la bande annonce de action ou vérité (après 3 ans à attendre de trouver un gars pour faire le doublage de dri🤯🙈🤦) et au moins commencer celle de m.e. ça devrait être faisable...
bon en attendant, kissouilles les gens👋
cla'
mon insta : _supernovagabonde_
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