Chapitre 27 - I want something just like this

Lundi 30 janvier

-Arrête de me chatouiller !

La voix rauque et enrouée d'Ethan résonne instantanément dans mon corps tout entier. Mon réveil vient de sonner et j'essaie désespérément de me défaire de son étreinte, en vain.

-Ethan, je dois me lever pour aller au bureau.

-Hors de question, grogne-t-il immédiatement tout en resserrant ses bras autour de mes épaules. Il ramène ma tête contre son torse et mes yeux ne quittent plus son sublime tatouage. Tu restes avec moi aujourd'hui.

-Ne dis pas n'importe quoi, tu sais bien que je dois partir travailler. Tout le monde n'a pas la chance d'être Monsieur-le-grand-patron-je-fais-ce-que-je-veux !

Arborant un petit sourire arrogant, Ethan baisse la tête pour retrouver mon regard avant de me plaquer brusquement contre le matelas et d'allonger son corps sur le mien. Il fait chaud ce matin !

-Monsieur-le-grand-patron-je-fais-ce-que-je-veux t'ordonne de rester ici toute la journée. Appelle le bureau et dis leur que tu es malade. J'ai un programme bien plus intéressant à te proposer qu'une journée plongée dans tes dossiers. Premièrement, tu as interdiction de porter autre chose que ce minuscule petit short. Il effleure lentement mes jambes et parsème une armée de frissons sur ma peau avant de continuer. Mieux encore, tu as l'obligation de pavaner ton sublime petit cul sous mes yeux. Ses mains remontent pour agripper virilement mes fesses quand sa bouche s'empare de la mienne avec gourmandise. Et dernière chose, ces lèvres sont à mon entière disposition, susurre-t-il tout en suçotant ma lèvre inférieure.

C'est plus fort que moi, j'éclate de rire. Mon corps est parcouru de spasmes et je passe mes bras derrière sa nuque pour tirailler amoureusement ses mèches brunes.

-Monsieur-le-grand-patron-je-fais-ce-que-je-veux est très exigeant ce matin...

Ethan capture mes prunelles avec détermination pendant qu'il tâtonne de la main gauche pour attraper mon téléphone. Il me tend l'appareil tout en plongeant sa bouche dans mon cou et dépose une ligne de baisers humides sur ma peau sensible. Un désir foudroyant se répand dans mes veines et je n'ai pas d'autre choix que de capituler.

-D'accord, d'accord mais d'abord il faut que tu arrêtes de me torturer !

Je m'écarte difficilement des bras de mon homme et m'éloigne pour passer cet appel. Quand je reviens dans ma chambre, je retrouve Ethan allongé au milieu de mon lit, ses bras négligemment posés derrière sa tête. Ses muscles n'ont jamais été aussi saillants et son corps me semble plus délicieux que jamais. Il me regarde m'approcher de lui en souriant et mon cœur se met instantanément à battre plus vite, plus fort. Je pourrais vraiment m'habituer à cette vision de rêve...

-J'ai eu Mme Saint-Martin. Elle a été adorable, elle m'a dit de revenir quand je me sentirai mieux.

Je vois le visage d'Ethan se figer imperceptiblement lorsque je prononce ces derniers mots.

-Que se passe-t-il ?

-Rien... rien ne t'en fais pas. C'est juste que... je n'ai pas envie de parler du boulot. Allez, viens là ! me lance-t-il tout en attrapant ma main et en me faisant basculer dans ses bras.

Mes lèvres s'entrouvrent pour libérer un petit cri de surprise qu'il avale immédiatement en m'offrant un langoureux baiser. Mes mains s'accrochent à ses larges épaules nues et la sensation de sa peau chaude contre mes paumes fait monter la température d'un cran entre nous. Les doigts d'Ethan se montrent aventureux, ils parcourent la totalité de mon corps sans retenue, comme s'ils voulaient s'imprégner de moi.

-Ces jambes, ce ventre, ces seins, ces lèvres... tu me rends fou, tu le sais ça ?

Je souris contre ses lèvres et me love de plus belle entre ses bras.

-Alors Monsieur le directeur, quel est le programme de la journée ?

Ethan lâche un grognement presqu'animal avant de me répondre :

-Arrête de me parler comme ça si tu ne veux pas que je te prenne immédiatement !

Ses mots réveillent mon corps et propulsent mon désir à son apogée, cependant je ne me sens pas totalement à l'aise. Les images de ce qui aurait pu être notre première fois me reviennent inlassablement en mémoire et je n'arrive pas à éloigner ma peur d'être à nouveau blessée. Malgré moi, mes pensées dévient vers sa femme et je ne me sens plus du tout détendue.

-Qu'est-ce qu'il y a Candice ?

-Rien du tout. Alors, quel est le programme ?

Je vois bien que mon mensonge ne le trompe pas mais il décide de ne pas me forcer à parler et laisse glisser ses doigts sur ma peau.

-Moi je te propose qu'on passe la journée enfermés ici, à faire uniquement ce dont nous avons envie. T'en penses quoi ?

-C'est parfait, je lui murmure au creux de l'oreille en souriant.

Enveloppée dans les bras d'Ethan, mes pensées ne peuvent s'empêcher de s'égarer. Nous sommes rentrés de Londres hier en fin d'après-midi après qu'il ait offert à son père une partie de son cœur. Quand nous avons grimpé dans l'avion, Ethan m'a confié à demi-mot se sentir un petit plus léger. Son esprit n'était plus focalisé sur la rancœur qu'il éprouve envers son père et depuis, il passe son temps à être aux petits soins pour moi. Dans l'avion, il a blotti mon corps contre le sien et n'a jamais lâché ma main. Il a distraitement massé mon dos lorsque je me suis endormie à ses côtés hier soir. Et ce matin, ses doigts n'ont jamais cessé de caresser ma peau depuis que nous sommes réveillés.

Ethan a finalement compris que je l'avais choisi et il se donne entièrement à moi. Mon cœur se gonfle de bonheur mais également d'appréhension. Si lui ne se soucie pas de sa situation conjugale, ce problème obsède aujourd'hui toutes mes pensées. J'ai pris la décision de m'investir totalement dans une relation avec lui, je lui ai fait tout un tas de promesses mais... mais ce matin, les doutes obscurcissent dangereusement mon esprit. Ce qui n'échappe bien sûr pas à Ethan.

-Candice... dis-moi ce qui ne va pas.

Ethan s'est légèrement redressé et il me scrute maintenant de ses grands yeux bruns.

-Je...

Mes mots s'emmêlent dans ma tête et une profonde angoisse retourne mon estomac déjà bien faible. Malgré moi, je me mets à triturer nerveusement mes doigts.

-Hééé gorgeous, détends-toi. Tu n'as rien à craindre avec moi, tu peux me parler.

J'ai profondément peur de tout gâcher mais j'ai récemment appris à assumer mes envies. Et à cet instant, j'ai seulement envie d'être rassurée. Alors je me lance dans le vide.

-Je... je pensais à.. à ta femme.

Je relève les yeux vers son beau visage et ses sourcils se froncent automatiquement. Cependant, je reste coite quand, au lieu de se renfrogner, Ethan pose délicatement son front contre le mien et me demande :

-Pose-moi tes questions.

Je prends une grande inspiration pour remplir mon corps de courage et accroche mes prunelles vertes à ses hypnotisantes billes brunes.

-Je... je me demandais pourquoi elle n'était pas à tes côtés ce weekend. C'est vrai, tu m'as dit qu'elle était folle de toi et pour tout te dire, quand j'ai pris l'avion pour te rejoindre, j'appréhendais énormément ne serait-ce que de l'apercevoir. Mais tu... tu étais seul. Quel genre de femme laisse son mari affronter une telle épreuve tout seul ?

-Le genre de femme aigrie et froide. Le genre de femme qui ne me demande aucune nouvelle alors qu'elle sait très bien que mon père est en train de mourir d'un putain de cancer. Le genre de femme que je n'ai même pas pris la peine de prévenir quand les médecins m'ont annoncé la nouvelle.

Ses mots me figent. Mais où est passée la femme aimante et déterminée qu'il a rencontrée dix ans plus tôt ? Mon regard interloqué le pousse à continuer.

-Au début de notre vie en France, tout se passait plutôt bien. Elle était heureuse que je l'ai suivie et moi... je respirais loin de ma vie de merde. Puis les années ont passé et elle a compris que je ne l'aimais pas. Elle a essayé de me faire miroiter l'argent et la réussite mais je ne suis jamais tombé amoureux d'elle. Elle était jolie, agréable, quelque fois drôle mais elle n'a jamais été exceptionnelle à mes yeux. Alors on s'est enfermés dans une sorte de cohabitation qui sauvait les apparences auprès de ses parents qui nous payaient tout et j'ai attendu qu'elle mette fin à la situation. Mais ce jour n'est jamais venu. Moi, je n'avais pas le droit de la laisser tomber. Elle a été élevée dans une famille très bourgeoise qui ne tolère pas le divorce et qui ne jure que par les apparences. Elle s'est battue pour me faire accepter, je n'avais aucun droit de la discréditer aux yeux de ses parents.

-Tu veux dire que... tu restes avec elle par pitié ? Mais Ethan, c'est pire que tout !

-Même si je ne l'aime pas, j'ai de l'estime pour elle. Je n'ai aucun droit de détruire sa vie sur un coup de tête. Elle m'a offert une vie dorée sur un plateau d'argent. Personne n'avait jamais rien fait de la sorte pour moi. Et puis... ses parents... ils contrôlent chaque aspect de ma vie. Je suis coincé.

Sa dernière phrase me cloue sur place mais Ethan ne me laisse pas le temps de tergiverser. Il reprend rapidement la parole.

-Elle et moi... on... on s'est enfermés dans une relation sans sentiment ni échange. Elle a honte de mes origines et a toujours mis un point d'honneur à rester le plus loin possible de ma vie crasseuse. Alors le jour où je lui ai annoncé que mon père était malade, elle m'a demandé d'agir en toute discrétion pour ne pas attirer l'attention sur cette partie de ma vie. Jamais de toute ma vie je ne me suis senti aussi seul. Mais je crois que c'était simplement le prix à payer pour avoir pactisé avec le diable.

Je m'apprête à ouvrir la bouche mais il me coupe net.

-Candice, je sais que ma situation est carrément merdique. Il y a beaucoup de choses que je dois encore t'expliquer et je te promets que je le ferai. Mais pas aujourd'hui, s'il te plait, laisse-moi le temps de digérer les derniers évènements. Je t'en demande énormément, j'en suis conscient mais...

-Promets-moi juste que tu ne la touches plus. Je veux bien que tu fasses semblant de vivre avec elle mais s'il se passe encore quelque chose entre vous, c'est au-dessus de mes forces, je souffle la voix tremblante.

Ethan relève la tête et plante intensément ses iris dans les miens. Il prend mon visage entre ses mains et mon cœur est en suspens.

-Il ne se passe plus rien avec elle depuis bien longtemps. De toute façon, depuis le jour où tu as passé la porte de mon bureau, il n'y a plus que toi. Je t'ai détestée pour ça, oh que oui ! Tu as pris le contrôle de mon esprit, tu m'as rendu fou de toi et tu t'es enfuie à chaque fois que je m'approchais. Et malgré ça, tu as continué de te faufiler encore plus profondément dans mon âme. Je... je suis incapable de penser, de regarder ou de toucher quelqu'un d'autre que toi, gorgeous.

Quand ma bouche s'écarte pour lui répondre, je ravale les trois petits mots qui flottent dans mon cœur. Je ne peux pas lui les dire maintenant, sans être sûre que nous ayons un avenir ensemble. Je me contente alors de l'embrasser le plus amoureusement possible. Mais une ombre plane toujours sur mon cœur et je refuse de rester dans l'incertitude.

-A-alors...p... pourquoi est-ce que tu m'as dit n'avoir que quelques nuits à m'offrir ? Le soir où...j'ai... j'ai découvert ton alliance, tu.. tu m'as brisé le cœur et je... je ne suis pas capable de gérer ce genre de relation.

Le corps d'Ethan est toujours allongé contre le mien et je remarque qu'il fronce les sourcils quand ses doigts s'arrêtent sur mon organe vital totalement affolé. Quelques secondes restent en suspens puis il reprend enfin la parole.

-J'ai été con. J'ai paniqué, je me suis senti comme la dernière des merdes quand j'ai lu la déception dans tes yeux et je ne voulais pas te faire des promesses que je ne pouvais pas tenir.

Mon monde s'écroule en une seconde à peine et je suffoque.

-Si tu me reposais la même question aujourd'hui, voici ce que je te répondrais : je ne peux pas t'offrir mon quotidien mais je peux te promettre que mon cœur, mon corps et mon âme sont à toi. Je te promets une bulle rien qu'à nous, des mots sincères et des moments brûlants parce que c'est tout ce que je peux te donner. Chaque seconde que j'ai de libre t'est réservée et je passerai toutes les autres à penser à toi. Et si tu as peur que ce ne soit pas suffisant, sache une chose, tu es partout avec moi.

Quand Ethan essuie mes joues avec ses pouces, je réalise que je pleure. Je suis submergée par toutes les émotions qui m'assaillent et je ne parviens pas à assimiler tout ce qu'il vient de m'avouer. Je bégaye, je perds mes mots, je perds la raison.

-Tu... tu... je... tu... tu veux dire... que...que...

-Que je crève loin de toi, Candice.

Brusquement, j'attrape sa nuque et je rapproche son visage pour écraser mes lèvres sur les siennes. Notre baiser fiévreux a le goût du soulagement et de l'espoir. Je n'ai jamais rien goûté de si bon. Quand Ethan passe ses mains derrière mes épaules pour me coller contre son torse nu, je l'entends me susurrer des mots doux, comme dans un rêve.

-Fais-moi confiance Candice, je ne vois que toi.

La matinée passe à une vitesse folle. Nous trainons un long moment au lit, à rire et à discuter paisiblement. Ethan découvre petit à petit mon univers et il semble s'en émerveiller... à une exception prête. L'attrape-rêve que j'ai accroché au-dessus de mon lit semble le laisser bien perplexe vu toutes les réflexions désobligeantes qu'il me lance. Je ris face à chacune de ses remarques bien senties et je ne flanche pas lorsqu'il me demande de décrocher cette décoration aux plumes blanches. Quand mon ventre commence à gronder, Ethan se lève et la vision de son corps pratiquement nu, seulement vêtu d'un caleçon noir qui dévoile sublimement tous ses muscles me coupe la respiration. Son impressionnante carrure, son imposant tatouage sur le flanc de son torse, ses longues jambes musclées, son regard transcendant... tout chez cet homme enflamme mon désir. La bouche sèche, je l'observe se baisser pour fouiller dans sa valise et en sortir un vêtement gris clair. Il enfile un bas de jogging en coton souple qui lui arrive en bas des hanches et je manque de défaillir.

-Ne me regarde pas comme ça Candice où je te culbute sur le champ !

Je rougis immédiatement, trop gênée d'avoir été prise en flagrant délit. Je baisse les yeux, sort du lit et passe devant lui pour rejoindre la cuisine. Il m'assigne une petite tape macho sur les fesses qui me fait lever théâtralement les yeux au ciel pendant qu'Ethan ricane derrière moi. Quand nous rejoignons la cuisine, il m'attrape délicatement le bras pour m'enlacer.

-Voici ce que je te propose : pendant que tu nous cuisines un petit truc, je m'occupe de nous préparer un petit coin à nous. Ok ?

Quand il termine sa phrase, sa main droite descend sensuellement le long de mon dos en parsemant ma peau d'exquis frissons avant d'atteindre mes fesses qu'il empoigne fermement.

-Dites-donc Monsieur-le-grand-patron-je-fais-ce-que-je-veux, vous ne seriez pas un peu macho sur les bords ? je lui demande avec un sourire en coin tout en essayant de chasser sa main, en vain.

-Pas du tout. Allez file en cuisine ! lâche-t-il d'une voix exagérément grave.

C'est ainsi que je me retrouve seulement vêtue d'un débardeur et d'un petit short, à préparer des pancakes et une salade de fruits pour Ethan qui est en train de faire je-ne-sais-quoi dans mon salon, toujours torse-nu. Quand je le rejoins avec un plateau à la main une vingtaine de minutes plus tard, son regard pétillant me fait comprendre que tous les obstacles qui nous attendent ne valent rien face à ce moment. Je pose le fruit de mon travail sur la petite table basse en face de lui et m'installe à ses côtés. Il me tend ma tasse de thé fumante et s'attèle à tartiner quelques pancakes avant de m'en tendre un. Il en avale ensuite plusieurs puis attrape la télécommande pour lancer un épisode de How I Met Your Mother.

Je tourne la tête vers lui, légèrement surprise de ce choix.

-J'adore cette série ! C'est un des rares trucs qui arrive à complètement me changer les idées l'espace de quelques minutes, m'avoue-t-il légèrement gêné.

Imaginer Ethan s'esclaffer en regardant les folies de Barney me fait sourire. Je crois n'avoir jamais autant souri que depuis ce matin, à profiter des plaisirs simples de la vie le cœur léger. Après les heures sombres qui ont marqué mon quotidien, je respire à nouveau sereinement.

-Par contre, est-ce que ça te dérange qu'on la regarde en VO ? Je n'ai rien contre vous les français, mais question doublage, vous êtes sacrément nuls !

J'acquiesce en m'esclaffant et m'installe tout contre lui. Je n'ai jamais ressenti ce besoin d'être constamment connectée avec quelqu'un d'autre qu'Ethan. Dès que je suis près de lui, je dois le toucher, l'effleurer, le caresser... et il ne semble pas s'en plaindre puisque ses doigts sont toujours posés quelque part sur ma peau. Il passe son bras derrière mes épaules et sa main commence à se balader distraitement sur mon omoplate. Qu'est-ce que je vous disais ?

Le premier épisode démarre et je remarque rapidement qu'Ethan me lance de furtifs petits regards en coin alors que je sirote tranquillement mon thé. A peine trois minutes après que Ted et ses acolytes soient apparus à l'écran, il se tourne vers moi, l'air passablement agacé.

-Mange, Candice.

-Qu...quoi ? je réponds, totalement surprise par sa demande.

-Je t'ai donné un pancake et tu n'y as pas touché. Tu...

-Mais je...

-Non, laisse-moi finir, me coupe-t-il sur un ton sec. Tu n'as pratiquement rien avalé depuis que tu m'as rejoint samedi. Tu crois que je n'ai pas remarqué ton petit manège ? Soit tu tortilles la nourriture du bout des doigts pendant de longues minutes avant de l'abandonner discrètement dans un coin, soit tu ne t'en approches même pas. C'est quoi le problème ?

J'ai envie de lui dire que je ne veux plus ressentir mon estomac rempli comme j'ai senti mon cœur débordé par toute la souffrance qui me submergeait il y a quelques semaines. J'ai envie qu'il sache que depuis que je ne mange plus, je ne ressens plus. J'ai envie de lui dire que je ne me suis jamais sentie aussi détachée de moi-même depuis que je m'oublie. Mais je ne suis pas sûre qu'il puisse comprendre tout cela.

-Je n'ai pas de problème. J'ai juste vécu... des moments pas très drôle en fin d'année et je... j'ai été chamboulée. Mais je vais mieux maintenant, ne t'en fais pas.

Ethan m'observe intensément tout en fronçant les sourcils.

-Alors mange s'il te plait. Je ne veux pas que tu abimes ton si joli corps, me murmure-t-il à l'oreille tout en repositionnant ma tête sur son épaule.

Après quelques secondes d'anxiété, je libère un long souffle de soulagement. Silencieusement, je remercie Ethan de ne pas m'avoir poussée dans mes retranchements aujourd'hui. Les derniers jours que nous avons vécus ont été tellement riches en émotion que je n'aurais pas eu la force de me battre contre lui. Nous reportons notre attention sur l'écran qui nous fait face mais mon esprit reste focalisé sur son inquiétude. Il ne devrait pas s'en faire pour moi, malgré ma nouvelle habitude un peu étrange je ne me suis jamais sentie aussi libérée de toute ma vie. J'enfouie, j'oublie et je continue à vivre. N'est-ce pas ce que tout le monde attend de moi ?

Le rire grave et sincère de mon homme me sort de mes pensées. Je passe les vingt prochaines minutes à contempler le visage détendu et insouciant d'Ethan et à sentir mon cœur tomber encore plus amoureuse de lui à chaque seconde qui passe. Le soleil qui se faisait si rare ces derniers jours commence à percer de plus en plus franchement derrière les nuages et je ferme les yeux pour profiter encore plus pleinement de la sérénité qui m'envahit.

Quand l'épisode se termine, je pivote légèrement ma tête pour regarder Ethan. Il se baisse pour déposer un tendre baiser sur mes cheveux puis me demande ce que je souhaite faire maintenant.

-Quoi ? Alors quand tu as dit que t'occupais de préparer le programme, tu pensais seulement te contenter d'un épisode d'une série ? Dois-je te rappeler que j'ai passé vingt minutes en cuisine pour te préparer un petit brunch ?

Amusé, Ethan lève un sourcil et se décale à peine de façon à ce que son corps emprisonne totalement le mien contre le dossier de mon canapé. Il remplit mon espace vital et me met à nu de ses yeux si ensorcelants, je ne respire plus que son parfum naturel et cette senteur devient immédiatement mon odeur préférée.

-Qui a dit que c'était tout ce je te réservais ?

Sa voix rauque et gorgée de désir m'enflamme instantanément. Ma bouche sèche est en manque de ses baisers, ma peau ne réclame que la sienne et j'ai irrémédiablement besoin de le toucher. Mes mains plongent sur son corps mais ma paume droite qui tenait toujours ma tasse de thé la renverse sur mes jambes nues. Heureusement pour moi, le liquide brun a eu le temps de refroidir avant de couler sur ma peau. Alors que je me fonds en excuse, nous nous séparons à contrecœur et je file nettoyer ma maladresse.

Avant que je ne puisse l'atteindre, Ethan s'empare furtivement de ma salle de bain. Quand il en ressort quelques minutes plus tard, je suis soulagée de voir qu'il conserve son bas de jogging et reste torse-nu, comme s'il avait décidé de me torturer silencieusement. Mes yeux se perdent sur son sublime tatouage qui me nargue sournoisement et je rêve de le parcourir avec ma langue. Je sors de ma contemplation quand je l'entends se racler la gorge et je m'empourpre immédiatement, Ethan arborant son irrésistible rictus m'informant qu'il n'a rien manqué de mon petit manège.

Je rassemble rapidement mes affaires et m'enferme dans la salle de bain. Une douche froide me fera le plus grand bien ! Quand j'ai terminé de me laver et que j'ai enfilé un sous-vêtement, j'entends Ethan m'appeler depuis mon salon et je me hâte d'enrouler mon corps dans une serviette de bain. Intriguée, je le rejoins et lui demande ce qu'il me veut. Ses iris virent au noir quand ses yeux affamés se posent sur mon corps encore un peu humide. Je vois le désir grandir dans ses prunelles quand il me lèche du regard en descendant voluptueusement sur mes jambes et je me sens toute petite, prise dans ses filets. Je l'observe se lever, avancer lentement vers moi et je m'accroche à ma serviette quand sa langue humecte distraitement sa lèvre inférieure.

Son corps n'est plus qu'à quelques centimètres du mien et j'ai froid loin de ses bras. Je veux ses mains sur mon corps et sa langue sur ma peau. Je frissonne de désir et Ethan pose impatiemment sa main droite sur ma hanche pour s'agripper à moi. J'ai l'impression que nous sommes tous les deux en train de flancher et les rayons éclatants du soleil font fondre notre raison quand ses doigts caressent délicatement ma nuque et commencent à descendre vers ma poitrine recouverte de ma minuscule serviette de bain.

Je ferme les yeux et le laisse prendre possession de mon corps. Ethan libère un grognement sourd et plaque son torse contre ma poitrine avant de baisser la tête pour rapprocher ses lèvres démoniaques des miennes. Au moment où son pouce dessine sensuellement le contour de ma bouche, la sonnerie stridente de mon téléphone retentit et je sursaute. Par réflexe, j'éloigne mon corps du sien.

-Putain, rumine-t-il. Il n'arrête pas de sonner depuis cinq minutes !

Je me dirige vers mon smartphone et me dépêche de décrocher en voyant le nom de ma meilleure amie s'afficher. Je la connais, elle continuera de me harceler tant qu'elle ne m'aura pas parlé.

-Oui Cass ?

Elle n'entend pas mon ton passablement agacé et se lance dans son monologue.

-Ca va ma Cancan ? Bon, j'ai besoin de toi ce soir. C'est une urgence vitale, un cas de force majeure donc tu ne peux pas refuser. Ce weekend, Maxime veut me faire une surprise et m'emmener dans un lieu hyper classe. Je suis sûre qu'il... qu'il va enfin me demander en mariage. Je ne t'ai pas raconté mais l'autre soir, je l'ai surpris en train de cacher un petit sac rouge dans la chambre en rentrant du boulot. Il a dû m'acheter une bague et maintenant il nous prévoit un weekend romantique, il veut que je m'achète une longue robe et tout... mais tu me connais, je vais encore faire une bourde alors j'ai trop besoin de toi pour m'aider à faire le bon choix et puis, tu vois, j'aimerais aussi lui faire un cadeau, bah oui parce qu'il passe son temps à me gâter et je voudrais vraiment lui faire plaisir moi aus...

-Stop ! Calme-toi Cass !

Je ne peux m'empêcher de rire en l'entendant paniquer à l'autre bout du fil. Elle ne perd jamais ses moyens, elle est toujours sûre d'elle en toute circonstances sauf quand il s'agit de Maxime. Il est à la fois son talon d'Achille et sa plus grande force.

-Dis-moi que tu seras là ce soir Cancan, s'il te plait, me supplie-t-elle d'une toute petite voix.

Machinalement, je tourne la tête et mon regard se pose sur Ethan qui me regarde avec gourmandise. Ses yeux me prient de le rejoindre au plus vite et mon esprit n'entend plus que sa voix rauque ce matin, lorsqu'il m'a demandé, ou plutôt ordonné de passer la journée avec lui. Je n'ai pas envie de faire faux bond à mon amie mais aujourd'hui, je veux penser à moi. A nous. C'est notre journée, nous la méritons amplement après les tempêtes que nous avons traversées.

-J'ai un rendez-vous ce soir, je suis désolée mais si tu veux, on peut se voir demain ou mercredi, comme tu préfères.

Je l'entends soupirer de désespoir mais elle finit par acquiescer. Nous nous accordons sur le lieu et l'horaire de rendez-vous puis je mets rapidement fin à la conversation. Je me retourne vers Ethan qui engloutit immédiatement la distance nous séparant et la seconde d'après je me retrouve dans ses bras.

Sa main droite attrape l'élastique qui relevait mes cheveux et le fait valser à travers la pièce. Ma chevelure bouclée légèrement emmêlée tombe sur mes épaules et il ne perd pas une seconde pour passer sa main dedans. Il enroule mes cheveux autour de son poing et les tire en arrière afin de positionner ma bouche à hauteur de la sienne. Le cœur palpitant à vive allure, j'ai à peine le temps de m'accrocher à ses épaules musclées que ses lèvres dévorent déjà les miennes.

Son baiser est chaud, presque brûlant sur mes lèvres fraiches. Instinctivement, je me blottis contre son torse et j'entrouvre ma bouche qui n'attend que sa langue. Il répond férocement à ma demande silencieuse et sa bouche envoutante débute son doux supplice. Tour à tour elle embrasse, mordille, suçote puis lèche mes lèvres, ma peau puis mon cou. Je ferme les yeux et Ethan est partout. Je le ressens dans la moindre parcelle de mon corps et toutes mes terminaisons nerveuses se rejoignent entre mes jambes, là où un désir fiévreux et animal commence à prendre vie.

Sa main gauche descend sensuellement le long de mon cou, frôle ma poitrine avant de s'aventurer sous ma serviette et de passer innocemment ses doigts sur la peau nue de mon ventre qui se recouvre instantanément de frissons. Je m'accroche encore plus fort à ses épaules et mes ongles s'enfoncent doucement dans sa peau. Ethan grogne de plaisir et empoigne fermement ma hanche pour coller nos corps. Je sens ses jambes musclées contre les miennes, son sexe durci contre le mien et son cœur affolé communiquer avec le mien. Nous sommes tous les deux submergés par cette connexion qui nous dépasse et nous ne pouvons plus rien faire pour lutter. Pire, nous n'attendons que l'explosion de nos deux corps entremêlés.

Contrairement à ce matin, je ne doute plus. Certes, notre relation n'est pas conventionnelle mais Ethan m'a offert son cœur et c'est pour moi le plus important. Mes mains remontent fiévreusement le long de son dos musclé pour atteindre les fines mèches qui ornent son cou. Je les caresse furtivement puis je passe mes doigts sur son torse et sa peau chaude m'accueille avec envie. Sentir ma paume cajoler ses abdominaux saillants fait grossir la boule de feu qui s'est déjà bien installée dans mon bas-ventre. Sans réfléchir, ma bouche quitte la sienne et parsème le long de son cou une myriade de baisers remplis de promesses. Mes dents mordillent sa peau et Ethan grogne. Ma langue adoucit ma témérité et Ethan gémit. J'effleure sans retenue son torse de ma poitrine dressée et je sens mon corps plus vivant que jamais.

Soudain, Ethan agrippe mes cuisses par dessous ma serviette de bain et j'enroule mes jambes autour de ses hanches. Son érection est pressée contre mon entrejambe et j'ai immédiatement besoin qu'il me libère de ce désir encore inassouvi. Nos lèvres se scellent, ses mains empoignent virilement mes fesses et il avance de quelques pas pour me déposer sur la table de mon salon. Quand son corps se redresse, il me plaque aussi fermement que délicatement contre le bois de ma table et je n'ai pas d'autre choix que de rester allongée, seulement vêtue de cette petite serviette qui ne couvre plus grand chose de mon corps.

Ethan ne me regarde pas, il me contemple. Ses yeux me consument et me happent dans leur brume envoûtante. Je ne vois plus que lui, je ne sens plus que ses prunelles marron partout en moi. Dans mon âme, dans mon cœur, dans mon corps. Je m'enflamme sans même qu'il ne me touche et quand sa main attrape rapidement ma serviette pour l'ouvrir, ma respiration se coupe. Mon monde se réduit à Ethan, à cet homme immense au corps musclé et au cœur blessé. Sûr de lui, il écarte mes jambes avec son genou et le seul vêtement qui orne encore mon corps cache seulement mon intimité. Mais à la manière dont Ethan parcourt mon corps de son regard brûlant, j'ai tout bonnement l'impression d'être nue.

Je frissonne de gêne et d'envie et je n'ose plus bouger. Lentement, les iris affamés de mon homme remontent le long de mon corps et je me délecte de ses dents qui mordillent sa lèvre inférieure. Dans un geste légèrement brusque et impatient, Ethan positionne ses mains sur la table, de part et d'autre de mon visage et se penche sur moi. Son torse effleure mes seins et sa mâchoire est si serrée que son beau visage n'est plus que fougue et désir torrentiel.

Quand ses lèvres s'approchent dangereusement de mon oreille, je ferme les yeux. Je suis tremblante d'appréhension et mon cœur fait tellement de loopings qu'il risque de se décrocher à tout moment. Je sens la chaleur de son corps contre le mien, son souffle sur mon visage et une exquise tentation pulse entre mes jambes.

J'ai envie de lui. Maintenant. Je ne ressens rien d'autre qu'une tornade de désir qui fait exploser ma raison. Quand Ethan entrouvre la bouche, je dois serrer les cuisses pour tenter de maitriser mes ardeurs. En vain.

-Tu m'as privé de ton corps tellement longtemps... A mon tour de te faire languir.

Ses mots vibrent dans mon corps et s'entrechoquent dans mon esprit.

-Q... qu-quoi ? je parviens seulement à murmurer, incrédule.

Arborant son légendaire petit sourire en coin, Ethan redresse la tête afin de planter son regard dans le mien.

-Je ne compte pas te toucher. Du moins... pas tout de suite.

Une vague de déception s'abat sur moi à la vitesse de la lumière.

-Mais... mais... pourquoi ? je lui lance d'une voix suppliante.

Pathétique !

-Maintenant, ferme les yeux.

Son ton est chaud mais déterminé et je ne réfléchis pas, je m'exécute. Je le sens s'éloigner et j'ai froid loin de lui. J'entends ses pas quitter la pièce et mon cœur me hurle de le rattraper. Puis un profond silence. Je ne distingue plus que les battements anarchiques de mon cœur qui résonnent dans mes tempes et une profonde appréhension s'empare de moi. Quand je sens le corps d'Ethan se rapprocher du mien, je ne peux plus esquisser le moindre geste. Je suis à sa merci.

Subitement, je sens quelque chose de doux et de subtil effleurer la peau de mon ventre et je frémis. Je suis toujours allongée sur la table de mon salon, seulement vêtue d'une fine culotte et je me sens terriblement exposée. Cependant, les caresses langoureuses que je sens remonter sur ma poitrine ravivent mon désir brûlant et je sens déjà ma respiration s'accélérer.

Mon cœur sursaute quand je comprends qu'Ethan est en train de parcourir mon corps avec une plume... et qu'il compte ne m'accorder aucun répit. Un petit gémissement de plaisir passe la barrière de mes lèvres entrouvertes quand je sens la plume frôler sensuellement la pointe durcie de mes seins et Ethan grogne entre ses dents.

-Laisse-toi aller gorgeous et donne-moi tout.

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