Chapitre 26 - I'm only human after all
Samedi 28 janvier
Je me tiens debout devant la petite église située en retrait de ce village que je ne connais absolument pas. Le chauffeur de taxi a roulé environ 25 minutes après être sorti de la capitale anglaise et le paysage gris défiguré par la pluie qui a défilé sous mes yeux ne m'a pas aidé à me détendre. Je n'ai pas prévenu Ethan de mon arrivée, je ne parvenais pas à le joindre et je crois que j'avais secrètement peur qu'il me rejette.
Quand Ethan m'a confié à demi-mot sa peine mercredi soir, j'ai immédiatement compris qu'il venait de perdre son père. Ses secrets, sa souffrance silencieuse, ses confidences soufflées du bout des lèvres comme s'il avait viscéralement besoin d'exorciser ses souvenirs, ses absences, ses voyages... tout prenait enfin sens. J'ai senti mon cœur se déchirer quand j'ai réalisé qu'il venait de perdre le seul parent dont il ne m'avait jamais parlé et par-dessus tout, qu'il semblait ne pas savoir comment gérer cette perte.
Je l'ai enlacé aussi fort que j'ai pu, je l'ai cajolé très longtemps mais Ethan s'est rapidement enfermé dans un mutisme effrayant. Il a fini par ensevelir ses tourments au plus profond de lui et s'est transformé en statue de pierre pour ne plus souffrir. Tel un automate, il m'a laissée l'emmener chez moi puis m'a laissée le serrer contre mon cœur toute la nuit sans bouger ni prononcer le moindre mot. J'avais la perfide sensation de tenir dans mes bras un corps sans vie. Nous avons fini par nous assoupir dans mon canapé et quand j'ai ouvert les yeux au petit matin, un froid polaire s'est abattu sur moi.
J'étais seule. Ethan était parti et je n'avais aucune idée de l'endroit où il se trouvait. J'ai essayé de l'appeler, en vain. Je l'ai attendu jusque tard le soir au bureau mais il n'est jamais venu. Quand j'ai regagné mon appartement dans la nuit noire, j'ai cherché pendant des heures un moyen de le contacter. Je ne sais pas comment je réagirais si j'étais à sa place et c'est bien pour cette raison que je ne le jugerai jamais. S'il lui faut du temps, de l'espace ou de la solitude, alors je les lui accorderai. Mais j'ai d'abord voulu m'assurer que c'est ce dont il avait réellement besoin. Parce que mon intuition me disait qu'il était en train de se noyer et que quelqu'un devait lui venir en aide. Vite.
J'ai désespérément essayé de me remémorer les moments que nous avons passés ensemble ainsi que ses confidences pour dénicher le moindre indice quand l'évidence m'a frappée de plein fouet. Murphy. Il était le seul ami de son père et il tient une place particulière dans le cœur d'Ethan. J'ai déniché son numéro de téléphone sur internet et au bout de quelques minutes, il a consenti à me donner l'adresse de l'église devant laquelle je me tiens. Je ne me rappelle pas vraiment des dernières vingt-quatre heures mais tout ce que je sais, c'est que mon cœur m'a conduit exactement là où est ma place.
Un couple âgé me dépasse et s'engouffre rapidement dans le bâtiment en pierres vieillies tout en se protégeant de la pluie. Je sors de ma contemplation et leur emboite le pas, le cœur serré. Quand je pénètre dans cet antre religieux, le silence assourdissant me frappe de plein fouet. L'ambiance est pesante, seules quelques personnes sont éparpillées çà et là et mon regard inquiet ne parvient pas à trouver Ethan. Quelques grands bougeoirs installés au cœur des hautes voutes apportent un semblant de lumière et se reflètent sur les vitraux ternis que j'observe derrière l'autel. Je m'installe discrètement sur un vieux banc en bois près de la sortie et j'attends fébrilement qu'Ethan fasse son apparition.
Il n'y a pratiquement aucune luminosité et la grisaille extérieure se reflète aisément à l'intérieur de l'église, amplifiant ainsi la morosité qui se dégage d'un tel évènement. Après d'interminables minutes, un prêtre s'installe derrière l'autel et une musique solennelle retentit. Les rares personnes présentes se tournent immédiatement vers les grandes portes en bois et observent le cercueil qui s'avance dans l'allée. Une profonde angoisse me noue l'estomac lorsque mes prunelles émeraude se posent sur le visage terne et fermé d'Ethan qui suit son défunt père. Il porte un costume noir boutonné sur une chemise de la même couleur et malgré les circonstances accablantes, je ne peux pas m'empêcher de le trouver fort. Il se tient droit, ses larges épaules sont dégagées et ses mains ont trouvé refuge dans ses poches. Son regard sombre est fixé sur le cercueil qui le nargue sournoisement et je crois sincèrement qu'il ne distingue rien d'autre.
Derrière lui, Murphy le scrute intensément, comme s'il avait peur qu'il s'écroule à tout moment. Mais Ethan fait bonne figure et donne l'impression que rien ne saurait le perturber. Je sais pertinemment qu'au fond de lui, un ouragan se prépare à tout dévaster mais pour l'instant, il se contente de passer devant moi sans me voir et part s'installer au premier rang. La première chose qui me frappe quand je regarde tout autour de moi, c'est ce sentiment sordide et morose qui se déploie perfidement autour de nous. La mort vient d'entrer dans l'église et elle prend immédiatement possession de nos âmes, les enfermant dans un joug étouffant. A peine une vingtaine de personnes sont venues rendre un dernier hommage à cet homme que je ne connaitrai jamais et même si l'église n'est pas très grande, voir si peu de monde partager la douleur d'Ethan me fait mal. Je réalise que je ne pourrai jamais réellement comprendre ce qu'ils ont traversé pendant toutes ces années.
Ethan est maintenant assis sur le banc réservé à la famille du défunt et à part Murphy, personne n'est là pour l'épauler. Le prêtre le regarde avec une once de pitié, ce qui doit sans aucun doute l'agacer profondément mais il ne bronche pas. Il continue de regarder fixement droit devant lui et de ne rien laisser transparaitre. De là où je me trouve, je ne distingue que son dos raide et crispé. Un éclair de peine traverse mes veines et je n'ai plus qu'une envie : remonter l'allée en courant pour le prendre dans mes bras. Tout à coup, je vois Murphy se lever, lui chuchoter quelque chose à l'oreille et s'engouffrer dans l'allée en direction de la sortie. Arrivé à ma hauteur, il s'arrête et me lance, sans ménagement :
-Désolé ma p'tite, mais ta place n'est pas ici !
Brusquement, il m'attrape la main et me force à me relever. Il me tire derrière lui et quand je comprends que nous sommes en train de rejoindre Ethan, je me stoppe net.
-Je... je ne sais pas si c'est une bonne idée... je ne sais même pas s'il a envie de me voir ici.
-Quoiqu'il en dise, il a besoin de toi. Regarde autour de toi, ma p'tite, il n'a que toi.
Mes yeux se posent sur Ethan, seul face au cercueil de son père. Personne ne devrait endurer une telle épreuve sans aucun soutien et le voir batailler contre ses propres démons sous mes yeux impuissants me déchire le cœur. Murphy a raison, ma place est à ses côtés. Au moins aujourd'hui. Je me retourne vers le hypster aux sages paroles et lui fait un petit signe de connivence. Quand nous arrivons à hauteur d'Ethan, il se retourne et son regard totalement abasourdi m'indique qu'il n'aurait jamais pensé me trouver ici. Je jurerai distinguer un éclair de soulagement flotter dans ses beaux iris mais il détourne son regard si vite que je me demande si je n'ai pas rêvé.
En silence, je m'installe à la droite d'Ethan et le prêtre commence son office. Mon homme reste concentré sur l'homme religieux et la distance qu'il a instaurée entre nous me ronge de plus en plus violemment. Je refuse qu'il s'enferme dans un mutisme dangereux qui l'anéantira à coup sûr. Je pose alors ma main gauche sur sa cuisse et sa jambe tressaille immédiatement. J'ignore sa réaction et je laisse mes doigts parcourir le tissu soyeux de son pantalon noir. Plusieurs fois, j'observe Ethan à la dérobée et à chaque fois, je le surprends le regard fixé sur le cercueil de son père. Ses prunelles sont transcendantes. Je n'arrive pas à lire toutes les émotions qui le traversent mais une chose est sûre, il mène un vrai combat à l'intérieur de lui.
Au bout de longues minutes, le prêtre demande à Ethan de prendre la parole pour rendre un dernier hommage au défunt. Un lourd silence s'abat sur l'église et tous les regards sont maintenant fixés sur lui. Sous mes doigts, je sens son corps se raidir à l'extrême quand sa respiration se coupe. Ses iris affolés sont toujours accrochés au cercueil qui trône à côté de l'autel et tout son être appel silencieusement à l'aide. Après d'interminables secondes, Murphy se lève et prend le micro pour parler de son ami.
Soudain, Ethan m'agrippe férocement la main et la suite de la cérémonie se perd dans un brouillard. Mon monde se réduit à l'homme qui broie mes doigts par désespoir et qui s'accroche à ma peau pour pouvoir survivre. Mes yeux ne quittent pas son visage torturé et ma main droite enveloppe nos mains entrelacées. J'ai envie de le prendre contre moi, de passer ma main dans ses cheveux pour lui apporter tout le réconfort qu'il mérite et de le serrer si fort contre ma poitrine qu'il ne restera plus aucune place pour sa souffrance démesurée. Mais le lieu où nous nous trouvons ne se prête pas à se genre de démonstration et je sens déjà son corps s'affaisser légèrement depuis que nos peaux se sont retrouvées.
Je crois que la cérémonie est terminée car lorsqu'Ethan et moi quittons notre bulle, les rares personnes présentes dans l'église suivent le cercueil qui part rejoindre la faible lumière extérieure. Nous suivons le défunt et nous dirigeons vers le cimetière, nos mains toujours fermement liées. Quelques personnes viennent adresser à Ethan de succinctes condoléances avant de déserter rapidement cet endroit glauque. Il ne reste que Murphy, Ethan et moi lorsque les croque-morts nous indiquent qu'ils vont inhumer le défunt. Nous nous hâtons de sortir du cimetière et rejoignons nos véhicules.
-Je dois retourner à la taverne préparer le prochain service. Ma p'tite, je compte sur toi pour prendre soin de mon p'tit gars.
J'acquiesce en souriant, légèrement gênée puis nous nous engouffrons dans la voiture de location d'Ethan. Je n'ai aucune idée de ce qui va se passer maintenant, tout ce que je sais c'est que je suis à ma place quand la main d'Ethan enveloppe désespérément la mienne. Nous roulons longtemps, très longtemps à travers la campagne anglaise sans échanger un mot. Il sait que je suis là pour lui et c'est le plus important. Nous laissons filer les heures et les kilomètres quand la nuit noire s'abat sur nous. J'ai compris depuis un bon moment qu'Ethan avait tout simplement besoin de se vider l'esprit.
Ethan ralentit et gare la voiture le long d'un vieux bâtiment délabré. La façade grise est fissurée et certaines fenêtres n'ont même plus de volets. Il n'y a pratiquement aucune habitation à l'horizon et la construction sous mes yeux me paraît si fragile que je me demande comment elle peut encore tenir debout. Sans rien dire, Ethan sort un trousseau de sa poche et glisse une clé dans la serrure. Quand la porte s'ouvre, un nuage de poussière nous fait tous les deux toussoter. L'intérieur sent le renfermé et quand la lumière prend vie dans la pièce, j'ai tout bonnement l'impression que le temps s'est arrêté.
Un bol de café est posé sur une petite table en bois à ma droite qui n'a pas été nettoyée depuis un moment si j'en crois la quantité de miettes et de tâches qui l'ornent. Un journal est déplié et une chaise est tirée, comme si quelqu'un vivait encore ici. Certains placards sont ouverts, des boites de conserves trainent à côté de la cuisinière et l'horloge accrochée au mur égraine bruyamment les secondes. Ethan se met à ranger rapidement le bazar qui nous entoure et moi, je reste plantée dans l'entrée quand je comprends qu'il m'a amenée dans la maison de son enfance. J'ai tant de questions qui me brûlent les lèvres, mais je les ravale et je me retrousse les manches pour aider mon homme.
Après de très longues dizaines de minutes pendant lesquelles Ethan a arpenté solitairement la maison de fond en comble pour remettre un semblant d'ordre, j'en arrive à la douloureuse conclusion qu'il en a presque oublié ma présence. Depuis que nous sommes arrivés, il ne m'a pas adressé le moindre regard ni le moindre mot. Je ne me sens pas tout à l'aise entourée de tous ses fantômes d'enfance et le savoir si distant rend la soirée encore plus éprouvante. Quand un lourd silence s'abat sur la maison, je frissonne de la tête aux pieds. Je pars immédiatement à la recherche de mon compagnon et je finis par le trouver sur le seuil d'une chambre au premier étage. La porte de la petite pièce aux murs blancs est ouverte mais Ethan ne semble pas encore prêt à y entrer. Je réussis à entrevoir un petit lit et quelques peluches flétries sur un meuble bancal et je comprends immédiatement qu'il s'agit de sa chambre de petit garçon. La souffrance qui émane de mon homme est foudroyante et je me précipite dans son dos pour l'enlacer de toutes mes forces. Après quelques secondes, Ethan finit par souffler longuement et attraper mes bras pour les serrer fort tout contre lui.
Je ne veux surtout pas le brusquer, c'est pourquoi je le laisse évoluer à son rythme. Quand il se décide enfin à quitter mes bras, il fait quelques pas puis s'assoit sur le lit grinçant. Il pose ses coudes sur ses genoux et se prend la tête entre les mains. Je m'installe à côté de lui et autorise enfin mes doigts à parcourir ses douces mèches brunes toutes ébouriffées. Je l'entends soupirer à nouveau et son corps se laisse aller contre le mien.
-Je suis là pour toi Ethan, je lui chuchote au creux de l'oreille.
Nous restons ainsi un long moment jusqu'à ce qu'il retrouve la force de se lever et de vider machinalement la pièce. Tel un robot, il entasse le peu d'affaires qui trainaient encore ici dans de vieux cartons et les porte au rez-de-chaussée. Son manège silencieux dure longtemps et je n'ose pas l'interrompre, je me contente donc de l'observer. Il se protège derrière une armure en fer forgée qui l'empêche d'extérioriser ses émotions et surtout de faire réellement face à la situation. Je sais qu'il est encore un peu tôt pour le brusquer, je le laisse donc gérer cette situation comme il le peut.
Il est maintenant tard, la journée a été longue et éprouvante et mon ventre vide se tortille dans tous les sens. Cependant, je n'arrive pas à me décider à ouvrir les placards pour trouver de quoi grignoter, je sais pertinemment que la moindre bouchée que je pourrais avaler me ferait plus de mal que de bien. Je n'ai qu'une envie, que cette journée se termine et que nous puissions nous endormir paisiblement. J'entends des pas dans l'escalier puis l'eau couler dans la douche. Au bout de quelques minutes, un bruit tonitruant me fait sursauter. Je distingue des cris puis des bruits de verre cassé suivi d'un vacarme sans fin. Je me précipite dans l'escalier et monte les marches quatre à quatre. Le cœur tambourinant dans la poitrine, j'atteins précipitamment la salle de bain et le spectacle qui se joue devant mes yeux me fige instantanément.
Le vieux meuble en bois à ma droite est totalement fracassé, les étagères ont été renversées par terre, le miroir en face de moi est brisé et le sol est un véritable champ de bataille mêlant morceaux de verre, bouts de bois déchiquetés et bouteilles en plastiques éparpillées un peu partout. Je cherche frénétiquement Ethan du regard et je sens mon cœur peser extrêmement lourd dans ma poitrine quand je le repère totalement habillé, recroquevillé au sol sous le jet de la douche. Je ne réfléchis pas, je fonce. Il ne me voit pas arriver et lâche un nouveau hurlement de rage. Son poing s'abat violemment contre le carrelage qui lui fait face et de nombreuses gouttes de sang coulent autour de lui. Ses lèvres ne cessent de libérer des cris et son visage rougi est ravagé par les larmes. Le volcan est entré en irruption et les dégâts s'annoncent déjà lourds de conséquence.
-Ethan ! Ethan regarde-moi !
-Qu... qu'est-ce que... tu fais là ? Tu... tu n'as pas le droit d'être ici avec moi et de t'enfuir au petit matin. Je ne sais absolument pas comment gérer tout ce merdier mais... mais... ce que je sais, c'est que ça me fait un peu moins mal quand t'es avec moi. Alors... soit tu pars tout de suite, soit tu ne me lâches plus. Jamais.
Je l'étreins immédiatement et je m'accroche à lui comme si ma vie en dépendait.
-Jamais, je souffle contre ses lèvres.
Je prends son visage entre mes mains et lorsque son regard se plante dans le mien, sa douleur me tord les entrailles. Ses mains ensanglantées plongent dans mes cheveux et il s'agrippe à moi comme à une bouée de sauvetage.
-Putain Candice, j'y arriverai jamais... jamais... c'est trop dur !
De violents sanglots ternissent sa voix et je m'empresse de blottir sa tête contre ma poitrine et de le bercer. Nous sommes toujours sous le jet d'eau, nos vêtements ont fusionné avec notre peau mais plus rien n'a d'importance. Seul Ethan compte. Je veux qu'il comprenne que sa douleur est justifiée, que sa souffrance est légitime et qu'il doit apprendre à les gérer pour pouvoir se relever.
-La vie t'a mis à l'épreuve en t'affligeant une douleur incommensurable mais tu es fort Ethan. Tu as le droit de craquer, d'être en colère, d'être submergé par la peine mais n'oublie jamais que tu n'es pas seul. Je suis là, je ne te lâcherai pas.
Il me serre encore plus fort contre lui et ses sanglots redoublent d'intensité.
-A quoi ça a servi tout ça ? Cette maladie de merde, cette souffrance, cette agonie... on s'est juste déchirés un peu plus, je l'ai regardé mourir et toutes nos galères n'auront servi à rien. On a... c'était horrible !
Ses paroles sont hachées et rythmées par les sanglots hystériques qui s'emparent de lui mais il continue de se livrer.
-J'ai cru que... que notre histoire merdique aurait un sens un jour... qu'un beau matin, je pourrais venir le... le sauver de ses addictions et nous offrir une... une belle vie à tous les deux. Si j'ai... si j'ai tenu toutes ces années, c'est... c'est parce que j'imaginais qu'après avoir traversé tant d'épreuves, on... je sais pas, peut-être que le destin nous aurait récompensé et nous aurait... laissé un peu tranquille. Mais... c'était juste des conneries ! Des conneries ! On a galéré, je me suis sacrifié comme un con et pour quoi ? Pour voir mon père mourir à cause de ses conneries de poudre, de cigarette et d'alcool ! Et moi alors ? Il reste quoi de moi ?
-Tu as fait tout ce que tu as pu pour ton père et... c'est affreux mais il ne pouvait pas être sauvé. Ne cherche pas des explications là où il n'y en a pas. Malgré l'enfance... compliquée que tu as vécue, tu es devenu un homme fort, qui se soucie de ceux qu'il aime et qui est prêt à se sacrifier pour qu'ils soient heureux. Tu peux être fier de toi. Alors maintenant, il faut que tu t'accordes un peu de temps pour encaisser cette épreuve.
Ses yeux larmoyants s'agrippent désespérément aux miens et je ne flanche pas. L'eau qui ruisselle sur nos deux corps est maintenant froide mais nous ne nous en soucions pas. Nous restons accrochés l'un à l'autre et mes mains se baladent dans ses cheveux trempés.
-Ca rime à rien tout ça Candice, à rien. C'était pas ça le plan... On devait... tu vois, je voulais trouver un moyen de me libérer de cette merde dans laquelle je me suis embourbé et ensuite, je serais parti rejoindre mon père. Je voulais l'emmener loin, peut-être sur une île... il a toujours rêvé de voir la mer. On aurait quitté notre vie pourrie, on aurait fait la paix et on... Mais c'est fini maintenant.
-C'est fini pour lui Ethan, je sais que c'est horrible à admettre mais pour toi, ce n'est pas fini. Ta vie ne s'est pas arrêtée. Tu dois apprendre à avoir des projets pour toi, à vivre enfin comme tu en as envie et non en fonction de ton père. C'est cruel, ignoble même, j'en conviens. Mais ne gâche pas ta vie parce que ton père a gâché la sienne.
-« Je te déteste »... c'est les derniers mots que je lui ai dit. Je... les médecins m'ont appelé pour me dire que son état s'était dégradé et qu'il ne lui restait plus longtemps alors j'ai sauté dans un avion le soir-même. Quelques jours avant, je... j'ai vu ce connard t'embrasser et... tu m'as fait comprendre que j'avais tout foutu en l'air. Je... je croyais que je t'avais perdu et... dans l'avion... j'arrêtais pas de ressasser tout ce qui s'est passé. Je me disais que s'il avait assuré en tant que père, je n'aurais pas eu à foutre en l'air ma vie et j'aurais été libre quand je t'aurais rencontré. Je... je ne pouvais pas m'enlever de la tête que c'était de sa faute si je t'avais perdu. Et... je suis arrivé à son chevet... il était inconscient, il ressemblait déjà à un fantôme. Et je lui en voulais, putain ! Quand il a réussi à ouvrir les yeux, c'est la seule chose que j'ai pu lui dire. « Je te déteste ». Et puis... il... il a fermé les yeux et j'ai dormi sur la chaise à côté de lui.
De douloureux spasmes se sont maintenant emparés de son corps mais je le laisse extérioriser ses tourments. Je me contente de l'enlacer, de le bercer et de couvrir son beau visage de légers baisers.
-Le lendemain... ces connards de médecin m'ont dit que la crise était passée. Tu parles ! Je suis rentré et le soir même, alors que tu m'avais laissé seul, j'ai... j'ai reçu un appel. C'était fini, il... il était mort. Les médecins m'ont dit qu'il n'avait jamais rouvert les yeux après mon départ. C'est... c'est moi qui l'ait tué. Avec mes mots.
J'ai tellement mal au cœur quand Ethan termine sa tirade ! La culpabilité qui le ronge le détruira à petit feu s'il s'obstine à penser ces mots. La voix tremblante d'émotion pour l'homme brisé que je tiens dans mes bras, je laisse parler mon cœur tout en espérant que nous parviendrons à surmonter cette épreuve.
-Moi, je vois les choses différemment Ethan. Si tu n'avais pas sacrifié ta vie pour ton père, tu ne serais jamais venu en France et nous ne nous serions jamais rencontrés. Ou bien, peut-être que si finalement, peut-être que nos chemins étaient faits pour s'entremêler et qu'un jour où l'autre, mon regard se serait posé sur toi et que mon cœur aurait commencé à réellement battre. Et peu importe que cela ait lieu à Paris, à Londres ou à l'autre bout du monde. Moi je m'en fiche de ce qui s'est passé avant. Je ne veux pas savoir pourquoi mon corps ne prend vie qu'auprès de toi, je veux juste que tu restes avec moi. Alors arrête d'en vouloir à ton père, tu ne pourras pas revenir en arrière. En revanche, aujourd'hui, on peut écrire notre propre histoire. C'est ça le plus important, non ?
Pour toute réponse, Ethan agrippe encore plus fermement mes cheveux et pose son front contre le mien en fermant les yeux. Ses lèvres au goût salé frôlent les miennes quand il me susurre :
-C'est toi Candice, personne d'autre que toi.
Une nuée de papillons s'envole dans mon bas-ventre et mon cœur se met à battre plus intensément. En cet instant, je sais que même si le chemin sera parsemé d'embuches, chaque seconde que je passe auprès d'Ethan vaut le coup d'être vécue.
-J'ai l'impression d'être coincé dans un gouffre sombre et de continuellement tomber plus bas, plus fort. J'étais petit, putain, je ne méritais pas tous ces coups. Moi, je voulais avoir un beau métier pour nous offrir une belle vie mais il a fallu qu'il gâche tout. Pourquoi s'est-il rempli le nez de poudre et l'estomac d'alcool ce soir là ? Pourquoi est-il parti au casino avec toutes nos économies ? Pourquoi m'a-t-il privé de mon avenir ? Je me noie Candice quand je repense à tout ça, je n'arrive pas à respirer sans avoir envie de tout casser. Et puis, il suffit que mon regard se pose sur toi, sur ton visage d'ange et sur tes lèvres gourmandes pour que toute cette merde soit un peu moins douloureuse. T'es ma lumière quand tout devient trop sombre.
Mon cœur explose en un millier d'étoiles qui virevoltent autour de nous. Je ne rêve de rien d'autre en cet instant que de rendre la vie de l'homme qui fait battre mon cœur plus douce. Tendrement, je lui murmure à l'oreille de continuer à me parler. Nous restons ainsi un très long moment jusqu'à ce que je tremble si fort de froid qu'il se détache de moi et me laisse m'enrouler dans une serviette de bain.
Après avoir complètement craqué dans mes bras, Ethan me rejoint dans sa chambre de petit garçon. Il ne porte qu'un boxer noir et je profite sans retenue de son corps de rêve. Soudain, mes yeux se posent sur le flanc de son torse et un éclair foudroyant se propage à la vitesse de la lumière dans mes veines pour atteindre directement mon entrejambe. Je suis obligée de serrer les cuisses quand mes prunelles détaillent avidement l'intriguant tatouage qui orne sa peau, partant du bas de son pectoral gauche pour atteindre délicieusement le haut de sa hanche. J'ai envie que mes doigts parcourent l'encre noire imprégnée directement dans sa peau douce et l'enchevêtrement de symboles que je vois m'hypnotise littéralement. Je n'ai rien vu de plus beau que ces dessins maoris qui me fixent fièrement. Chaque jour, je découvre un peu plus Ethan et le sentiment qui m'envahit est terrifiant. Car chaque nouvelle découverte m'assujettit inlassablement toujours plus à lui.
A regret, je quitte son torse et mes yeux retrouvent les siens. Même si son visage est meurtri par la fatigue et l'abattement, il semble cependant s'être délesté d'un poids. Sa carapace a explosé en mille morceaux il ne reste qu'un homme vulnérable et blessé par la vie. Je suis emmitouflée sous des couvertures en laine mais j'ai froid loin de lui. Heureusement, il se dépêche de soulever les draps et de se blottir contre moi. Nous passons la nuit dans les bras l'un de l'autre, nos mains se baladent sur la peau de l'autre et nos jambes sont fermement entremêlées. Quand sa respiration s'adoucit et que ses lèvres laissent échapper d'adorables petits sons, je peux enfin m'endormir sereinement.
Le lendemain matin, je suis réveillée très tôt. J'ai très peu dormi mais je ne suis jamais sentie aussi bien que ce matin, à profiter de la chaleur du corps de l'homme qui hante mes pensées tout contre le mien. Je n'ose pas bouger, de peur de le priver de quelques heures de repos salvateurs. Je continue donc de le serrer contre ma poitrine et mon esprit se met à revivre ces dernières heures. Une idée commence à germer dans ma tête et même si je sais qu'Ethan sera réfractaire à mon plan, je dois le convaincre. Il en a besoin.
Les heures passent et mes doigts se perdent sur le corps d'Ethan. Sa tête nichée sur mon ventre commence à papillonner avant de venir se loger dans mon cou. Ses lèvres charnues déposent une trainée de baisers humides pendant que sa main chaude se glisse sous mon t-shirt. Ma peau se recouvre instantanément de frissons quand ses doigts se baladent possessivement sur mon ventre, frôlant ci et là le renflement de ma poitrine. Je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas lui sauter dessus et lui faire sauvagement l'amour. Ce n'est pas notre moment, nous méritons mieux qu'un lendemain d'enterrement. Je me contente alors de pivoter de son côté et de passer ma jambe gauche sur sa hanche pour rapprocher encore plus nos corps, comme si cela était encore possible. Immédiatement, sa bouche quitte mon cou pour remonter langoureusement retrouver la mienne. Quand nos lèvres se scellent, je retrouve enfin mon Ethan.
Sa langue glisse charnellement contre la mienne et une vague d'excitation prend forme dans mon ventre. Les mains d'Ethan parcourent lentement mon corps et cette étreinte n'est qu'une douce torture. Je tremble de désir de la tête aux pieds. Mon homme penche légèrement la tête pour approfondir notre baiser et sa langue caresse maintenant furtivement ma lèvre inférieure au moment où son pouce effleure innocemment la pointe durcie de mes seins. Je ne peux alors plus retenir un petit gémissement qui atterrit immédiatement dans sa bouche. Ethan grogne et sa main agrippe la mienne pour venir la poser sur son torse. Il ouvre les yeux et me scrute intensément, comme s'il essayait désespérément de me dire quelque chose. Sous ma paume, je sens les battements affolés de son cœur s'écraser contre ma peau et je comprends. Je n'ai plus peur, je me sens juste légère pour la première fois de vie.
Ma bouche quitte ses lèvres et Ethan fronce immédiatement les sourcils mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, je m'empresse de lui susurrer ce que j'ai sur le cœur tout en laissant ma langue cajoler son oreille et son cou.
-Moi aussi Ethan...
Ces trois petits mots font exploser toutes les barrières qu'il s'imposait. Fiévreusement, il m'allonge contre le vieux matelas et appuie son corps au dessus du mien. Sa main droite remonte mon t-shirt pour dévoiler ma poitrine nue tandis que sa main gauche se met à caresser sensuellement la peau douce de mes jambes. Son regard ardent ne me quitte à aucun moment lorsque ses lèvres s'écrasent avidement sur ma peau. Elles parcourent mon ventre puis ma poitrine avant de retrouver mon cou sans me laisser le moindre répit. Mon corps se cambre sous ses baisers et ma bouche libère à nouveau de petits gémissements de pur plaisir pendant que mes mains se perdent dans ses mèches brunes.
-Tu... es... délicieuse Candice...
Ses paroles déclenchent un véritable incendie entre mes jambes et je ne sais pas où je trouve la force de repousser doucement Ethan. Son visage retrouve le mien et nos regards se comprennent instantanément. Malgré nos résolutions communes, mon homme ne peut s'empêcher de dévorer une dernière fois ma bouche tout en ondulant ses hanches contre les miennes. Sentir sa virilité dans toute sa splendeur contre mon corps m'électrise violemment.
-Tu n'imagines pas à quel point j'ai hâte de déguster chaque parcelle de ton corps... Crois-moi, je vais te faire payer chaque minute où tu me tiens éloigné de toi.
Je suis à deux doigts de jouir rien qu'en l'entendant me parler de la sorte.
-Fais-moi confiance Ethan, je compte bien te mettre dans tous tes états à mon tour.
Un sourire de prédateur se dessine sur ses belles lèvres et je n'ai plus qu'une envie : qu'il mette ses promesses à exécution. Après ce petit moment d'égarement, Ethan s'apprête à se lever quand j'ose lui poser la question qui me brûle les lèvres.
-Tu comptes faire quoi aujourd'hui ?
-Rentrer au plus vite. Je vais finir de rassembler toutes les affaires et je demanderai à une association de venir vider la maison. Je ne veux rien avoir à faire avec tous ces souvenirs.
Sa réponse froide me fait mal mais je le comprends au fond de moi. Son histoire avec son père a toujours été compliquée et il cherche à s'en éloigner pour mieux se relever. Qui pourrait le blâmer ?
Nous passons la matinée à entasser de vieux objets dans de vieux cartons et au moment où je pense avoir terminé, je pars à la recherche d'Ethan. Je le retrouve dans la chambre de son père, debout près d'une commode en bois dont le premier tiroir est ouvert. Dans ses mains, il tient une petite photo jaunie sur laquelle j'aperçois un jeune homme accroupi au bord d'un lac, tenant dans ses bras un petit garçon aux jambes potelées simplement vêtu d'une barboteuse bleu layette. Le petit garçon tient à peine sur ses jambes et contemple amoureusement celui qui le tient fermement. Le sourire étincelant du jeune homme contraste dramatiquement avec la mine sombre qu'arbore Ethan en cet instant. Quand il sent ma présence dans son dos, il se reprend et laisse tomber le cliché contre le vieux meuble.
-Viens, on s'en va, me dit-il en se retournant.
Il agrippe fermement ma main et nous conduit au rez-de-chaussée. Les affaires d'Ethan sont déjà prêtes et son regard est voilé. Quand il s'apprête à fermer définitivement le verrou de cette triste maison, je prétexte avoir oublié quelque chose pour me précipiter à l'étage, récupérer le seul souvenir heureux qu'il lui reste. Je glisse la photo dans la poche arrière de mon jean's et le rejoins. Au moment où je passe devant lui, j'attrape ses clés de voiture et lui annonce vouloir conduire. Il paraît surpris mais me laisse faire. Je m'installe au volant avec une boule au ventre, je n'ai jamais conduit à gauche et j'ai tout à coup peur. Ethan se penche doucement et dépose un tendre baiser sur ma tempe. Il n'en faut pas plus pour que mon corps se remplisse de courage.
Je suis l'itinéraire que j'ai préparé tôt ce matin et mon homme ne me pose aucune question. Cependant, lorsque je me gare devant l'entrée du cimetière, Ethan se raidit. Je coupe le moteur et me tourne doucement vers lui.
-Ethan, avant de partir j'aimerais que tu dises un dernier au-revoir à ton père. Malgré tout ce que tu peux penser, tu as besoin de lui dire ces derniers mots. Aujourd'hui, il n'y a personne pour te juger. Je peux rester dans la voiture et t'attendre si tu souhaites être seul avec lui. Mais s'il te plait, fais-le. Pour toi et pour lui.
Mon cœur arrête de battre l'espace de quelques secondes. Ethan se prend la tête entre les mains et souffle longuement. Je suis nerveuse et je retiens ma respiration. Puis, viens la délivrance.
-Je ne pourrai pas le faire sans toi, murmure-t-il doucement.
-Alors je viens, je lui réponds sur un ton décidé.
Nous sortons tous les deux de la voiture et nous dirigeons fébrilement vers la tombe de son défunt père. Je sens toute l'appréhension qui habite Ethan et mon estomac vide depuis plusieurs jours se contracte douloureusement. Quand nous atteignons notre destination, je ressens un pincement un cœur en voyant le peu de marques d'affection qui ont été déposées. A peine quelques bouquets et une plaque. Rien de plus.
Ethan reste silencieux un long moment mais il ne lâche pas ma main, au contraire, il la serre si fort que le sang ne circule plus dans mes veines. Mais qu'importe, si ce geste peut l'aider, alors je ne l'en empêcherai jamais.
-Papa... c'est, c'est moi. Tu dois surement te demander ce que je fous là... ouais, je comprends, moi aussi je ne sais pas trop en réalité. J'ai passé ma vie à t'éviter et maintenant que t'es parti, t'es partout. J'ai... putain, t'es à la fois si près et si loin de moi, ça me rend fou ! J'ai peut-être 33 ans, je suis toujours ce petit garçon qui n'attend qu'une chose, que son père le regarde enfin. Et je déteste ça. Je déteste me sentir faible face à toi. Tu as gâché ma vie et t'es parti sans qu'on puisse... je sais pas, peut-être qu'on aurait pu se parler. Rien qu'une fois. Mais c'est trop tard maintenant.
Ma gorge se noue et des larmes perlent au coin de mes yeux.
-On n'ira jamais voir la mer ensemble, papa. On ne jouera plus au foot ensemble comme quand j'étais petit. Et la taverne de Murphy sera toujours un peu vide sans toi. Parce que j'ai beau t'en vouloir de toutes mes forces, putain, qu'est-ce que tu me manques !
Sa voix se brise et Ethan essuie rageusement quelques larmes du revers de sa main.
-Je voudrais m'excuser pour les derniers mots que je t'ai dits. J'aimerais te dire que je ne les pensais pas mais... la vérité c'est que je ne sais pas. J'aimerais ne pas les penser et je fais tout mon possible pour les regretter Papa, je te le promets. Et si je suis assez fort, peut-être qu'un jour je reviendrai ici pour te demander pardon. Je... je vais essayer de ne retenir que les beaux souvenirs. Nos fous rires quand tu laissais cramer des plats dégueulasses, les sprints qu'on devait faire quand on allait piquer des légumes dans le jardin de Mme Maligary et qu'elle nous pourchassait, toutes les soirées que j'ai passées à t'observer danser entre les tables chez Murphy et toutes les nuits où je me réveillais en hurlant parce que j'avais encore fait ce même cauchemar. Je me souviens encore du goût du lait et du miel que tu me préparais pour me consoler.
Ethan s'accroupit devant la tombe de son père tout en tenant toujours ma main dans la sienne.
-Je te promets d'essayer d'oublier nos heures sombres et nos rancoeurs. Putain, je ne sais pas du tout comment faire mais je vais essayer. Je n'ai surement pas été le fils que tu aurais aimé avoir, tu as fait un tas d'erreurs en tant que père mais la vie nous a choisis pour être liés à tout jamais. Je ne veux plus lutter contre toi, je n'en ai plus la force. Et puis, ce serait lâche de se battre contre quelqu'un qui ne peut plus se défendre. Alors pour la première fois de ma vie, je te promets d'essayer de nous pardonner. Laisse-moi juste un peu de temps. Et j'espère... j'espère vraiment que je pourrais revenir ici te parler le cœur léger... Au revoir, Papa.
Dans un silence pesant, Ethan se relève, plante ses yeux dans les miens et m'offre un faible sourire. Je me précipite dans ses bras et il me serre fort contre lui.
-Allez viens, on rentre, me murmure-t-il à l'oreille.
Nous quittons le cimetière et Ethan nous conduit jusqu'à l'aéroport pour sauter dans le prochain vol à destination de Paris. Malgré ses tourments, je remarque immédiatement que son corps est légèrement moins crispé. Il a réussi à ouvrir son cœur et à parler une dernière fois à son père. Je ne pourrais pas être plus fière de lui en cet instant.
Quand il gare la voiture sur le parking de l'aéroport, Ethan se tourne vers moi et prend mon visage en coupe.
-On reste ensemble maintenant. Quoiqu'il arrive c'est toi et moi.
Ses mots sincères effleurent délicatement mes lèvres et je comprends que mon cœur lui appartient définitivement. Peu importe ce qu'il restera de nous au bout du chemin, je serai toujours un peu à lui. Et je n'ai plus peur.
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