Chapitre 13 - Why is it easier to burn than it is to heal ?
Vendredi 9 décembre
-Hééé mais arrête! Qu'est-ce qu'il te prend Candice ?
Cassiopée court vers moi et m'arrache mon quatrième verre des mains. Je grogne de frustration et tente de le lui reprendre mais elle m'en empêche vigoureusement. Elle pose délicatement sa main sur mon bras et je perçois beaucoup d'inquiétude dans ses yeux. Je la comprends, je n'ai jamais été du genre à enchaîner les verres de cette façon. Je n'ai jamais bu pour oublier. Mais il faut bien un début à tout, non ? Alors que j'essaie d'esquiver mon amie pour me servir un autre verre. Elle m'interroge à nouveau, mais cette fois son inquiétude fait trembloter ses cordes vocales.
-Candice, parle-moi. Tu m'inquiètes là ! Tout va bien ?
Non ! Plus rien ne va justement !
-Je me suis disputée avec mon patron, j'arrive à lâcher avec une voix que je ne reconnais même pas moi-même. C'était...
si bon !
-...horrible et il m'a...
fais des choses délicieuses !
-...dit des mots blessants ... et je me suis sentie tellement...
vivante ! Exaltée ! Désirée !
-...mal... je n'arrive pas à reprendre mes esprits.
Ma meilleure amie souffle de soulagement, sans doute s'imaginait-elle une raison plus grave à mon état. Si elle savait la vérité, elle n'aurait sûrement pas réagi de la sorte. Mes pensées sont un véritable champ de bataille où Ethan à tout ravagé avec ses baisers. Je ne suis plus capable de raisonner correctement, je suis uniquement obnubilée par toutes les incroyables sensations qu'il m'a fait ressentir et ma culpabilité ne fait qu'augmenter. Je n'aurais jamais du le laisser m'approcher ! Maintenant, je ne pense plus qu'à ses lèvres sur ma bouche et j'en veux honteusement plus.
Cassiopée m'isole dans la cuisine pour que nous puissions discuter tranquillement. Elle me sert un verre d'eau qu'elle me tend et essaie de me remonter le moral.
-Écoute, ce n'est pas si grave. Tu t'es disputée avec ton boss mais tu ne t'es pas laissé faire, non ? Telle que je te connais, tu as du lui montrer ce que tu vaux et je suis sûre qu'il va se calmer.
Je me sens extrêmement mal de cacher la vérité à mon amie. Je ne l'ai jamais trahie mais aujourd'hui j'ai réellement l'impression de la prendre pour une idiote. Je réfléchis rapidement et l'idée de tout lui avouer me traverse l'esprit. Allez Candice, un peu de courage !
-Tu sais, ce n'est pas aussi simple avec lui... il peut se montrer très... euh... très... direct... et... c'est difficile de... euh... résister et...
-Je ne m'inquiète pas pour toi ma Can-can, tu es forte et s'il y a bien une personne qui sait signifier où sont les limites, c'est bien toi !
Ses mots me brûlent. Ma meilleure amie a une confiance aveugle en moi et moi, je me jette dans la gueule du loup avec délectation. Me sentant vraiment mal à l'aise, je baisse les yeux et fuis son regard. Malheureusement, Cassiopée me connaît beaucoup trop bien.
-Candice ? Ne me dis pas qu'il se passe quelque chose avec ton foutu patron alors que tu flirtes avec le cousin de Maxime ??
Elle me fixe maintenant intensément de ses yeux noisettes et je me sens prise au piège.
-Non ! Il ne se passe rien ! Mais... je suis vraiment troublée. Je ne sais pas comment t'expliquer mais... cet homme me perturbe. Il représente pourtant tout ce qui me révulse mais...
-C'est-à-dire ?
-Et bien, il est... arrogant, macho, autoritaire, blessant, dédai-...
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que mon amie me coupe:
-Et sexy aussi, non ?
Je ne peux décemment pas lui répondre que c'est l'homme le plus sexy et excitant que je n'ai jamais rencontré, alors je me contente de hocher la tête. Cassiopée semble presque déçue quand elle reprend la parole en soufflant.
-Est-ce que tu te rends compte de ce que tu es en train de me dire, Candice ? On est en train de parler de ton patron, là. Vu ce que tu m'as raconté, il ne semble pas être un gentil petit garçon mais plutôt un homme dangereux pour toi. Et toi, tu ne trouves rien de mieux à faire que de succomber à son charme ?? Cette homme va te faire souffrir et tu vas devoir le croiser tous les jours sur ton lieu de travail. Tu ne pourras pas l'éviter et pire encore, il est ton supérieur ce qui signifie qu'il peut facilement décider de te pourrir la vie et que tu vas te retrouver dans des situations impossibles ! Candice, bon sang, réveille-toi !
-Non mais arrête Cass, premièrement je n'ai pas "succombé à son charme"...
FAUX ! me hurle ma conscience
-et ensuite, je suis tout à fait consciente que je ne peux pas envisager quoi que ce soit avec lui, ne t'en fais pas... c'est juste que... je ne sais pas comment t'expliquer cela... euuuh... il m'attire et je ne saurais pas t'expliquer pour quelle raison...
Ma meilleure amie me regarde avec des yeux ronds comme des billes puis me lâche, sur un ton sec:
-Tu es clairement en train de te fourrer dans la plus grosse embrouille du siècle, j'espère que tu en es consciente ? Elle marque une pause puis continue. J'en ai marre que tu ne m'écoutes jamais ! Alors ne viens surtout pas te plaindre le jour où tu auras le coeur brisé !
Ces mots me blessent profondément. Elle ne cherche même pas à me comprendre. Mais comme d'habitude, je préfère ne rien dire et laisser couler.
-Ne t'emballes pas s'il te plaît ! Je t'ai simplement dit que son attitude et son caractère sont difficiles à gérer au quotidien et parfois cela crée des étincelles...
Et quelles étincelles ! Mon dieu que c'était bon !
-Ok... mais s'il te plaît ma Candice, fais attention à toi. Je te connais, tu as un coeur d'artichaut. Et je tiens trop à toi pour te voir souffrir.
-Je sais Cass, je sais...
Je ne me suis jamais sentie aussi mal qu'à cet instant. Je viens de mentir à ma meilleure amie. J'ai regardé dans les yeux celle que je considère comme ma sœur et j'ai cédé à ma lâcheté. Je me répugne. Mais d'un autre côté, elle n'a fait aucun effort pour essayer de me comprendre.
-Et Gabriel dans toute cette histoire ? Tu ressens quelque chose pour lui ?
-Je... je ne sais pas vraiment. Il est... gentil, vraiment gentil et il se comporte en vrai gentleman avec moi. Mais je ne le connais pas. Il est encore trop tôt pour dire si je ressens quelque chose.
-Si je peux te donner un conseil ma Candice, rappelle toi ce que tu m'as toujours dit. Tu as toujours voulu trouver un homme gentil et doux pour prendre soin de toi. Je connais Gabriel et quand je vois la manière dont il te regarde, je peux t'assurer que c'est un homme bien pour toi.
Je ne sais pas quoi répondre à ses paroles. Ma meilleure amie a raison. Elle a tout à fait raison. Gabriel est l'homme qu'il me faut. Je dois me laisser aller avec lui et je tomberai amoureuse. Il ne doit pas en être autrement.
-Merci ma Cass. Je suis désolée, cette dispute m'a vraiment mise sens dessus dessous...
Si seulement... me murmure ma conscience que je n'arrive décidément pas à faire taire.
Ma meilleure amie pose son verre pour m'offrir un câlin des plus réconfortants. Je me promets intérieurement de ne plus la décevoir et de me concentrer sur Gabriel. C'est évident, il est l'homme qu'il me faut.
Nous sortons de la cuisine pour rejoindre le reste des convives alors que j'enfile mon masque et dégaine mon plus beau sourire de façade. Au bout de plusieurs minutes, je me détends au contact de tous mes amis et j'arrive à apprécier cette soirée. Je remarque Maxime en train de discuter avec son cousin qui ne me lâche pas du regard. Je sais que c'est lui qui a préparé les amuse-bouches ce soir et je me décide à utiliser ce prétexte pour approcher les deux garçons.
Arrivée à leur hauteur, tout deux s'arrêtent de parler et tournent la tête vers moi en souriant. Je passe mon bras dans le dos de Maxime et l'enlace tout en le remerciant pour cette soirée. Nous échangeons brièvement et je me tourne vers Gabriel. Maxime s'éloigne en prétextant devoir surveiller la cuisson de je ne sais quel plat et je me retrouve donc seule avec mon prétendant. Je suis soudain vraiment gênée et je ne sais pas quoi lui dire. Je n'ai jamais dragué personne et ma nature timide devient encore plus exacerbée lorsqu'il s'agit d'un homme. Heureusement, Gabriel prend les devants.
Il attrape délicatement ma main et entrelace nos doigts tout en me déposant un chaste baiser sur le front. J'aurais tellement voulu apprécier ce geste ! J'aurais aimé frissonner sous la chaleur de ses lèvres mais en cet instant, j'use seulement de toute ma volonté pour ne pas le repousser violemment. Quand ses lèvres se sont posées sur le haut de mon visage, j'ai eu la frappante impression qu'il était en train de me salir et d'effacer tous les baisers d'Ethan. Même si je suis bien résolue à ne jamais laisser mon patron m'approcher de nouveau, je veux au moins conserver la sensation de ses baisers sur ma peau et le souvenir de son toucher, de son odeur. Je refuse que Gabriel me prive de tout cela.
Sentant mon corps se crisper sous son contact, il souffle silencieusement et passe sa main libre sur ma chevelure. Arrête de me toucher ! Laisse moi encore un peu d'Ethan ! J'ai de plus en plus de mal à supporter sa proximité. Je relève alors la tête et lui demande en souriant:
-Et si on trinquait ?
Ma demande a le mérite de l'éloigner quelques instants et quand il revient avec deux verres à la main, je ne fais pas la difficile. Je fais rapidement claquer mon verre contre le sien et je laisse l'alcool couler dans ma gorge. Je repousse le souvenir d'Ethan me baisant la gorge, puis le cou et j'essaie de me recentrer sur l'homme en face de moi.
-Merci d'être venu ce soir.
Je ne sais tellement pas quoi lui dire que cette remarque des plus bateau est la seule phrase que j'arrive à prononcer. Il n'a pas l'air de s'en formaliser puisqu'il me sourit sincèrement en me répondant.
-J'avais très envie de te revoir. Et je dois dire que je suis gâté ce soir.
Je fronce les sourcils car je ne comprends pas ce qu'il sous-entend. Il explicite alors ses paroles:
-Ton jean's et ton petit pull te dessinent un corps de rêve...
Je pouffe comme un adolescente tout en rougissant. Cet homme n'a décidément pas froid aux yeux !
-J'ai vraiment passé un très bon moment avec toi samedi soir, me confie-t-il soudainement hésitant.
Je sais que je ne lui facilite pas la tâche. Je me montre plutôt distante et réservée mais il ne s'en formalise pas et continue de me courtiser. Et je dois dire que c'est une chose assez réconfortante de savoir qu'il sera là malgré tout.
-Moi aussi Gabriel, je lui avoue timidement.
Et je ne mens pas. Notre soirée poker a été un vrai bon moment et je l'ai découvert sous un nouveau jour. En rentrant ce soir-là, je me suis surprise à vouloir passer plus de temps avec lui. Mais cette journée du 9 décembre a tout chamboulé. Heureusement pour moi, mes copines de fac s'approchent de nous et je délaisse mon interlocuteur pour les enlacer chacune à leur tour.
Cette soirée qui s'annonçait si chaotique se déroule finalement à merveille. Nous sommes tous réunis dans le salon de mes meilleurs amis, à rire et à papoter dans une ambiance festive et chaleureuse. Les nombreux verres d'alcool que j'ai ingurgités m'ont aidée à me détendre et je me sens maintenant légère, comme flottant au-dessus de mes problèmes et du manque qui m'a envahi à l'instant où j'ai quitté les bras d'Ethan. Je suis entourée de mes amis, je plane et je ris.
Gabriel est assis en face de moi et j'ai ressenti une vague de soulagement quand je l'ai vu se diriger vers cette place. Je suis persuadée que s'il s'était assis à mes côtés, il aurait passé la soirée à me toucher la main ou la cuisse et je ne suis pas prête à laisser un autre homme poser ses doigts sur moi. Au début de la soirée, ses incessants coups d'œil et son sourire enjôleur me mettaient mal à l'aise. Maintenant, ils ne me dérangent plus, ils m'amusent presque. Merci le rhum ! Avec lui, j'ai l'impression que je pourrais dire ou faire n'importe quoi, il me couvera toujours du regard.
Alors que Cassiopée augmente le volume de la musique et que les verres se vident aussi vite que les éclats de rire fusent, Maxime nous rejoint les bras chargés de gâteaux. Il dépose ses œuvres sur la table basse devant moi et les larmes me montent aux yeux quand je remarque qu'il a choisi tous mes gâteaux préférés. Je me lève et l'étreins vivement pour le remercier quand Cass me saute littéralement dessus en me mettant dans les bras un paquet cadeau.
-Ouvre-le vite, je ne peux plus attendre ! Max m'a empêché de t'offrir ton cadeau plus tôt.
S'il y a bien une qualité que Cass ne maîtrise pas, c'est la patience. Je suis déjà impressionnée qu'elle ait tenu toute la soirée sans envoyer bouler les instructions de son petit-ami. Je me rassois donc avec le sourire et m'empresse de déballer ce présent. Quand un tissu soyeux glisse délicatement sur mes doigts, je reconnais immédiatement les deux pièces.
Il y a environ un mois et demi, nous sommes allées faire du shopping et j'ai craqué pour une tenue présentée dans la vitrine d'une enseigne chic que j'adore. Cassiopée m'avait proposée de rentrer pour essayer cette jupe et ce chemisier, mais à l'époque j'étais au chômage et le calme plat de ma vie me déprimait. Je lui avais alors rétorqué que je reviendrai acheter cette tenue quand ma vie aura retrouvé un peu de piquant. Mon amie à du s'en souvenir et aujourd'hui, je suis très heureuse de tenir ces deux merveilles dans mes mains.
La jupe est absolument sublime. Elle est assez courte, droite, avec une base noire mais des broderies d'un bleu électrisant et des sequins dorés la rende unique. Le chemisier en soie est du même bleu que les broderies et six petits boutons dorés ornent le devant, descendant en dessous-de la poitrine et dévoilant un très joli décolleté. Cet ensemble est sublime ! Je me lève précipitamment et enlace Cassiopée aussi fort que je le peux. Je la remercie et ce merci sonne comme un "je t'aime" mais aussi comme un "pardonne-moi" dans mon coeur.
Mes autres amis me couvrent eux aussi de cadeaux et je déballe avec plaisir des paquets contenant des bracelets, un foulard, des livres, un mug... Car oui, j'adore les mugs, je pourrais en acheter un par jour si je m'écoutais. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça. Pendant toute cette distribution, Gabriel reste en retrait et me regarde à peine. A un moment, il part même aider Maxime en cuisine. Cette attitude ne lui ressemble pas. On dirait qu'il me fuit. N'ayant aucune envie de subir une autre altercation aujourd'hui, je décide de le laisser tranquille.
Cass se tourne maintenant vers moi en me demandant quel gâteau je souhaite manger. Devant moi, je repère bien vite un macaron chocolat-framboise qui me fait de l'œil. J'aime cette pâtisserie réconfortante et douce, j'ai l'habitude d'en manger souvent et je sais que je vais l'apprécier. Mais juste à côté, je remarque une tarte au citron. Je n'en mange jamais mais ce soir, son acidité et sa fraîcheur m'attirent. J'ai envie de goûter de nouvelles saveurs. Mais je ne veux pas me tromper, ni regretter mon choix. Je pourrais opter pour la facilité et engloutir mon macaron en me régalant mais ne ressentirais-je pas une pointe d'ennui à manger quelque chose que je connais déjà? Si je choisis la tarte au citron, vais-je aimer son acidité et son côté piquant ? Le macaron lui est si doux... mais peut-être qu'après l'acidité, cette tarte m'offrira des saveurs cachées qu'on ne peut découvrir que si on la choisit ?
Je suis perdue dans mon dilemme quand mon amie me sort de mes pensées embrouillées.
-Oh hé! Candice ? Alors, quelle pâtisserie veux-tu ?
-J'hésite.... le macaron me tente mais ce soir, j'ai aussi envie de cette tarte au citron qui m'a l'air délicieuse...
-Tu connais mon dicton Can-can : "pas d'hésitation, tu prends les deux".
Ce dicton, bien sûr que je le connais. Il nous accompagne à chaque virée shopping et nous permet de rentrer les bras bien chargés. Mais ce soir, il prend une toute autre dimension dans ma tête.
-Tu... tu crois ? Et si finalement je me trompais avec la tarte au citron ? Après tout, je n'en mange jamais.
-Raison de plus pour faire de nouvelles expériences ! C'est ton anniversaire, tu as le droit de vouloir goûter des saveurs moins habituelles. Et si tu n'en veux plus, tu n'auras qu'à la laisser de côté et finir ton macaron.
Je fixe intensément Cassiopée avant de lui demander:
-Tu es sure que c'est une bonne idée ?
-Hééé relax Candice, il ne s'agit que de gâteaux ! Tu peux même tous les goûter si tu en as envie, me lance-t-elle en toute décontraction.
Moi j'inspire un grand coup avant de lui répondre:
-D'accord, alors sers moi les deux s'il te plaît.
Je regarde maintenant mon macaron si familier et la tarte au citron si attirante trôner fièrement côte à côte dans mon assiette. Je décide de commencer par le macaron. Évidemment il est très bon: sucré, fondant, moelleux... bref il fait honneur à sa réputation. Je bois une longue gorgée de champagne avant de laisser la tarte au citron me dévoiler toutes ses saveurs inconnues. Je repose ma coupe et m'empare délicatement de l'objet de mes envies. Je ferme les yeux en le portant à ma bouche et croque délicatement dedans. Huuuuummm... la sensation est exquise! Cette tarte est d'abord acide puis croustillante mais elle dévoile vite une saveur mêlant un goût suave légèrement acidulé qui tapisse délicieusement mes papilles afin de me faire oublier tout ce que j'ai pu manger avant. Il ne me reste plus que ce goût unique dans la bouche et je veux m'en délecter le plus longtemps possible. Quand Cass me propose de me resservir, je refuse poliment. Rien ne doit venir gâcher ma tarte au citron.
La soirée touche à sa fin et mes amis commencent à rentrer chez eux. J'aide mes hôtes à tout ranger et je les remercie une dernière fois pour ce moment. C'était exactement ce qu'il me fallait, j'ai ri, je me suis amusée et je me suis détendue. C'était parfait. Je m'apprête à récupérer mon manteau quand je croise le regard de Gabriel. Il me fait un petit signe de tête pour que je le rejoigne et il nous isole dans le couloir. Je ne sais pas du tout à quoi m'attendre, il s'est montré légèrement distant depuis la remise des cadeaux.
Tout en me prenant délicatement la main, il déclare d'une voix basse :
-Ma jolie, je voulais t'offrir ton cadeau quand il n'y aurait que toi et moi.
Je rougis immédiatement mais une pointe d'angoisse fait également son apparition. S'il remarque mon trouble, il ne m'en tient pas rigueur puisqu'il continue:
-Tiens, c'est pour toi. J'espère qu'il te plaira.
J'ouvre la petite boite cadeau avec une certaine appréhension mais quand je comprends ce que Gabriel m'offre, je suis instantanément soulagée. Ce n'est rien d'engageant. L'homme qui se tient devant moi m'a acheté un parfum et après en avoir vaporisé sur mon poignet, je peux vous assurer qu'il a fait un excellent choix ! Cette nouvelle odeur me plait beaucoup.
-Merci beaucoup Gabriel, j'aime beaucoup ce parfum. Mais il ne fallait pas... tu n'aurais pas dû t'embêter à me faire un cadeau.
Je suis gênée car il se montre des plus prévenants et adorables avec moi depuis le début alors que moi, je n'ai jamais été aussi distante et timorée avec un homme.
-Je voulais vraiment te faire plaisir. Et quand j'ai vu le nom de ce parfum, je me suis dit qu'il était parfait pour toi.
Mes yeux se baissent sur les lettres argentées qui ornent la bouteille de parfum: Very Irrésistible. Je rougis de plus belle et je n'arrive plus à le regarder dans les yeux. J'entends des pas et des chuchotements dans mon dos et je devine que Cass et Max nous observent. Ils n'ont d'ailleurs pas l'air décidé à repartir.
-Candice, regarde-moi s'il te plaît. Je me force à soutenir son regard et il poursuit. Tu me plais beaucoup, vraiment beaucoup. Je sais qu'on se connaît à peine mais tu t'es insinuée dans mes pensées et maintenant j'ai vraiment envie d'aller plus loin avec toi. Je voulais que tu le saches, je veux être honnête avec toi.
Oh. Mon. Dieu. Je baisse immédiatement les yeux. Dire que je suis mal à l'aise est un euphémisme. J'ai envie de disparaître sous terre. Je sens le regard de mes deux amis qui nous observent dans mon dos et je sais que je dois répondre quelque chose mais les mots me manquent. Heureusement pour moi, Gabriel reprend la parole et brise ce silence gênant.
-Je sais qu'il ne faut pas que je te brusque. Je ne veux pas y aller trop vite avec toi, je m'adapterai à ton rythme si tu le veux bien. Je veux vraiment faire les choses bien et que tu te sentes à l'aise avec moi mais je voulais aussi que tu saches ce que je ressens.
Ces mots m'achèvent encore plus. Ils devraient remplir mon coeur de joie et de contentement mais ils ne font que me prouver à nouveau que je ne partage pas les sentiments de cet homme. Pas encore. Je me fais violence pour ne pas partir en courant et j'essaie de lui répondre du mieux que je peux.
-Gabriel... tes mots sont adorables. Je sais que tu es quelqu'un de très gentil et d'attentionné. Cependant, je ne veux pas te mentir. Je ne sais pas vraiment où j'en suis et je ne peux pas te promettre de partager tes sentiments.
Au fur et à mesure que mes mots lui parviennent, je vois la peine se dessiner sur son charmant visage. Mais je dois être honnête avec lui. Il tient toujours ma main dans la sienne mais moins fermement. Je poursuis quand même mon laïus.
-Il faut que tu me laisse du temps Gabriel. Je... je ne suis pas du genre à m'embarquer tête baissée dans une relation, j'ai besoin de me sentir complètement en confiance et pour l'instant, même si je me sens bien à tes côtés, je ne te connais pas vraiment.
Je serre fort sa main dans la mienne en continuant:
-Alors si tu me donnes l'occasion d'apprendre à te connaître, je serais très heureuse de passer du temps avec toi.
J'inspire longuement et je me force à sortir ces mots de ma bouche:
-Je n'ai pas envie que tu sortes de ma vie.
Au fur et à mesure que son sourire se réinstalle sur son visage, je sens mon coeur s'effriter. Je dois essayer de tomber amoureuse de cet homme. C'est la seule décision sensée que je dois prendre aujourd'hui. Et puis, je ne pouvais pas lui briser le coeur devant mes amis, cela aurait été trop cruel. Je dois me laisser aller avec lui et les sentiments naîtront, j'en suis sûre.
Alors que j'essaie désespérément de m'auto-convaincre que j'ai pris la bonne décision, Gabriel sort de son silence, visiblement soulagé.
-Je te promets de me montrer patient et de te forcer en rien. Pour l'instant, passons du temps ensemble, juste tous les deux. Que dirais-tu de dîner avec moi... disons... jeudi soir ?
Ma meilleure amie qui ne rate pas une miette du spectacle qu'elle a sous les yeux s'écrie alors :
-Impossible ! Le jeudi c'est notre soirée ! Trouve une autre date, Gabriel.
Je ris légèrement en acquiesçant. Gabriel me propose alors qu'on se voit mercredi soir. J'ordonne à mon cerveau d'accepter en vitesse avant que mon coeur ne s'en mêle. Il semble apaisé et j'ai l'impression qu'il aimerait me prendre dans ses bras mais qu'il n'ose pas. Je ne réfléchis pas et j'ouvre mes bras. Gabriel s'y engouffre rapidement et sa main se pose sur mes cheveux qu'il caresse avec la plus grande douceur. Je me force à accepter cette étreinte et à ne pas repenser aux mains d'Ethan sur mon visage.
Le lendemain matin, alors que je suis lovée dans mes draps, j'aperçois le visage d'Ethan qui s'approche de moi. Je laisse ses lèvres reprendre leur place sur les miennes puis sur mon visage et descendre ensuite sur mon corps. Mon cœur explose de retrouver enfin ces merveilleuses sensations. Je prends alors conscience que sans ses mains sur mon corps, je suis vide. Ethan a réveillé la vraie Candice qui gisait silencieusement au fond de moi. Sa langue descend maintenant sur ma poitrine qu'elle darde avidement. Le plaisir commence à se déployer en moi tandis que mes yeux se mettent à papillonner. Les mains de mon homme me quittent, sa langue me délaisse et mon corps anesthésié se réveille.
Je suis allongée dans mon lit, seule et mes neurones se reconnectent à la réalité. Je me suis laissée emporter dans un rêve délicieux mais à mon réveil, il ne reste plus que mon corps engourdi par un mélange d'excitation, de culpabilité et de manque. Je plaque mon coussin sur ma tête tout en gémissant. Je me maudis d'avoir ce genre de pensées alors que j'ai accepté la veille de sortir avec Gabriel. Je dois absolument effacer Ethan de ma tête et de mon corps, mais comment faire ? C'est la première fois que mon coeur et ma raison s'affrontent et je redoute l'issue.
Sans réfléchir, je prends mon téléphone et compose le numéro de Gabriel. Il faut que je le vois. Il doit m'aider à oublier. Je me dégoûte littéralement d'avoir de telles pensées mais tant pis, c'est la seule solution que j'ai trouvée.
-Allo ? Sa surprise transperce dans sa voix. Il ne devait sûrement pas s'attendre à ce que je l'appelle à 9h30.
-Bonjour Gabriel, excuse moi de te déranger si tôt mais... j'avais envie de te voir. Est-ce-que tu es libre un moment aujourd'hui ?
-Euh... et bien, aujourd'hui, je dois aller rendre visite à mes parents mais si tu veux on peut se voir à midi. Un brunch, ça te tente ?
-Avec plaisir ! Rejoins moi au Comptoir des Epicuriens à midi.
Après m'avoir remerciée pour mon appel, il raccroche et son sourire étincelle jusque chez moi. Moi, je me sens affreusement mal de me comporter ainsi mais j'essaie de faire abstraction de mes ressentiments et je file me préparer. Je fais l'effort d'enfiler une robe décontractée avec des petites baskets et je prends le volant pour rejoindre l'homme sage qui doit m'aider à oublier le démon qui hante mes nuits.
Nous passons un excellent moment ensemble, Gabriel ne se montre pas trop entreprenant et je sens qu'il se retient de me toucher le bras ou la main de temps à autre. Nous discutons de notre vie, de nos études, de nos voyages... Quand il tente de s'aventurer sur le sujet de la famille, je détourne habilement la conversation. Je n'ai aucune envie de lui raconter la relation spéciale que j'entretiens avec mes parents. Je ne vois pas le temps passer, je me sens bien aux côtés de cet homme si bien que lorsqu'il m'annonce qu'il doit partir, je suis déçue que ce moment s'interrompt.
Tel un véritable gentleman, il refuse catégoriquement que je sorte mon portefeuille et il se dirige vers le comptoir pour régler notre note. Je le regarde alors en détails: il porte un jean's et un polo assez classiques qui mettent en valeur sa silhouette. Il n'est pas très musclé mais son corps semble bien proportionné. Son visage dégage beaucoup de chaleur et de bienveillance, il transpire la gentillesse. Lorsqu'il tourne la tête et remarque que je l'observe, il me décoche un adorable sourire. En un mot, cet homme est charmant.
Je le rejoins et nous sortons du restaurant. Le vent glacial de ce mois d'hiver m'oblige à baisser la tête et à remonter la fermeture de mon manteau jusqu'en haut. Alors que je suis en train d'enfiler mes gants, je remarque que Gabriel reste immobile en face de moi. Je relève la tête pour l'observer et une immense angoisse me cloue sur place.
Il a les yeux rivés sur ma bouche. Je n'ai peut-être pas eu des tonnes de relations mais je sais reconnaître quand un homme a envie de m'embrasser. Et là, c'est le cas. Mes dents lâchent abruptement ma lèvre inférieure qu'elles mordillaient inconsciemment et je me recule d'un pas.
Ne m'embrasse pas Gabriel, c'est trop tôt. Ne gâche pas tout, s'il te plaît Gabriel...
Il s'approche maintenant de moi et pose ses mains froides sur mes joues tandis que ses lèvres se posent délicatement sur mon front. Mon cœur rate un battement tellement je suis soulagée !
-J'ai passé un merveilleux moment avec toi Candice. Je suis désolé, je dois partir mais j'ai déjà hâte de te retrouver mercredi soir, me susurre-t-il les lèvres toujours collées à mon front.
-Moi aussi, je lui réponds en mentant à moitié.
J'ai passé un agréable moment aujourd'hui, je me suis changé les idées et sa compagnie m'a fait du bien. Mais je ne peux pas dire que j'attends mercredi avec impatience. Pas plus qu'un autre jour.
C'est au moment où il se décolle de moi que je me détends enfin. Je n'avais pas réalisé à quel point je m'étais crispée quand il s'est approché de moi. Je desserre mes poings et j'expire lentement tandis que je le regarde s'éloigner. Il va vraiment falloir que j'arrive à accepter qu'il me touche. Jusqu'à maintenant, cela ne me dérangeait pas tellement mais depuis qu'Ethan m'a fait sienne, tout a changé.
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