Chapitre 6
A LIRE AVANT DE COMMENCER CE CHAPITRE
Pour des soucis de "Mince, comment je fais avancer l'histoire du côté de Shouto", ce n'est plus Eijirou que rencontre Tamaki, mais notre cher bicolore! J'ai modifié les scènes en question dans les chapitres précédents, afin que tout reste cohérent alors n'hésitez pas à aller les relire si vous vous sentez perdu-e-s!
Désolé pour la gêne occasionnée, et bonne lecture!
_____________________________________________________________
La chaude amertume du café se répand dans sa bouche, réveillant ses papilles gustatives avant de s'écouler le long de sa gorge, provoquant en elle un petit frisson. Si on venait à lui laisser le choix, elle opterait pour un bon chocolat plutôt que pour cette boisson ne manquant jamais de lui arracher une grimace. Seulement, avec la nuit précédente, un peu de caféine ne lui fera pas de mal. Elle a besoin que son organisme se mette en marche afin de pouvoir débuter la journée – bien qu'il soit en réalité déjà passé midi. Cela fait déjà une petite demi-heure que ses paupières se sont ouvertes et que, ne parvenant pas à les refermer, elle a décidé de se lever. Pour autant, Mina sent que son corps ne suit pas et qu'il lui faut un petit coup de boost afin de lui en donner la motivation nécessaire. Encore vêtue de son pyjama ainsi que d'un épais gilet rose, elle est attablée à la salle à manger, seule, une tasse dans une main et son téléphone dans l'autre et, malgré ses iris se promenant sur l'écran de celui-ci, elle n'enregistre pas vraiment ce qu'elle y voit, davantage préoccupée par la question suivante : doit-elle prendre la peine de se rendre en cours pour les deux heures qu'elle est censée avoir en fin d'après-midi ? La première réponse lui venant est que, non, elle n'en a pas véritablement envie, davantage encline à rester bien au chaud à la maison aujourd'hui. Cependant, elle n'est pas sûre de pouvoir récupérer la leçon du jour si jamais elle ne s'y présente pas : elle ne connaît personne dans ce groupe-là, et sait que l'entraide au sein de sa licence n'est pas forcément monnaie courante. Combien de fois des étudiants ont-ils demandé si quelqu'un pouvait leur prêter les cours du jour pour se les voir refuser sous prétexte que « Bah fallait être là ». Elle ne sait pas ce qui peut pousser ses camarades à se montrer aussi secs les uns envers les autres, mais cette ambiance ne lui plaît pas. L'on dirait presque qu'ils se sentent menacés, poussés par une absurde concurrence n'ayant pas lieu d'être. Ils ne sont qu'en deuxième année, et ce n'est pas comme si un concours de quelque nature que ce soit les attendait à la fin de celle-ci.
Posant son téléphone sur la table, elle se dit qu'elle décidera selon son degré de motivation au moment d'y aller et avale une nouvelle gorgée de café. De toute façon, elle compte changer de licence en fin d'année, et se lancer en STAPS, ayant remarqué qu'elle s'épanouit bien plus dans le domaine du sport qu'en culture et littérature anglaise. Mais tout de même, valider sa seconde année lui permettrait de directement passer en troisième, puis de finir sa licence dans une branche l'intéressant infiniment plus que celle dans laquelle elle se trouve actuellement. Ou peut-être lui serait-il plus judicieux de recommencer depuis le début afin de s'assurer de posséder le bagage nécessaire pour l'avenir ? Elle n'en est pas encore sûre.
« Yo, déjà réveillée ? » lui parvient une voix depuis l'entrée de la pièce dans laquelle elle se trouve, la tirant de ses pensées.
Elle lève le visage en direction de celle-ci, adressant un léger sourire au nouveau-venu, Denki, qui s'approche d'elle pour lui tapoter l'épaule avant de se diriger vers la kitchenette, certainement pour se préparer un semblant de petit-déjeuner.
« Déjà réveillée...Tu sais quelle heure il est, au moins ? rétorque-t-elle, un brin d'amusement dans la voix.
- Justement : il est encore tôt, vu l'heure à laquelle on s'est couché.
- Mmh... C'est vrai que je me sens encore fatiguée mais... Pas assez pour me rendormir. Et toi, alors ? Je t'ai même pas entendu rentrer, cette nuit.
- J'ai entendu la machine à café. Et comme je me sentais assez reposé, j'ai décidé de me lever. J'ai dû rentrer vers cinq heures et demi, un truc comme ça ? » répond Denki en venant s'attabler face à elle.
Lui a opté pour un bon chocolat chaud dont l'odeur sucrée vient titiller les narines de Mina, ainsi qu'un bol de céréales soufflées au miel. La jeune fille laisse un petit rire gêné passer ses lèvres tandis qu'elle se frotte la nuque d'un air coupable.
« Désolée, j'ai essayé d'être la plus discrète possible.
- T'inquiète. »
Suite à cet échange, un petit silence s'installe entre eux pendant lequel chacun s'occupe de la boisson se trouvant face à eux. Mina finit par se relever afin d'aller se prendre un fruit dans la corbeille, optant pour une pomme granite qu'elle prend soin de passer sous l'eau avant que ses dents ne viennent croquer dans sa chair. Elle revient vers Denki, l'observant désormais d'un air amusé. C'est assez rare qu'il finisse par rentrer seul de soirée. Ou même qu'il finisse par rentrer tout court, passant généralement la nuit chez l'une des conquêtes qu'il aura pu obtenir au cours de celle-ci. N'a-t-il trouvé personne susceptible de lui plaire ? Ou alors, s'est-il pris un ou plusieurs râteaux ? Elle ne peut cacher sa curiosité quant à ce sujet.
« Au fait, tu t'es bien amusé, hier soir ? demande-t-elle sans se départir de son expression.
- C'est allé, oui. Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- T'as trouvé personne à ton goût ? Ou alors tu n'étais au goût de personne ? »
Cette interrogation fait s'écarquiller les iris du blond qui manque d'avaler ses céréales de travers, ce qui ne fait qu'élargir le sourire de Mina qui s'approche d'autant plus. Entourant les épaules de son ami, elle le serre contre elle, se mettant à le bercer délicatement, comme une mère cherchant à consoler son ado en pleine rupture amoureuse.
« C'est pas grave. On est là, Eiji' et moi. Pas dans ton lit, certes, mais qui a besoin d'un plan cul quand tu as deux merveilleux amis comme nous ?
- Mais... Mais pourquoi j'aurais besoin d'un plan cul ?
- Rho, allez, pas à moi. On sait tous que t'es un coureur de jupons, Denki.
- Oui, d'accord mais pas quand j'ai une copine ! Je pensais pas que tu me voyais comme ça !
- ... T'as une copine ?
- Bah oui !
- 'Bah oui !', j'en sais rien moi ! Depuis quand ? Elle s'appelle comment ? Tu comptes rester avec elle plus de deux mois, cette fois ? »
Enchaînées les unes après les autres, ces questions transforment instantanément le jeune garçon en bouillote humaine, donnant à ses joues l'impression d'avoir attrapé un sévère coup de Soleil malgré la neige tombant au-dehors. Il ne peut le nier, il lui est assez rare de demeurer avec une même fille plus de quelques mois. Denki est plutôt du genre à enchaîner les aventures, ne se sentant pas vraiment prêt à entamer une relation sérieuse avec quelqu'un. Mais il lui arrive tout de même, parfois, de s'éprendre de l'une de ses conquêtes et de tenter quelque chose de plus durable avec elle. Sans trop de succès pour le moment : il finit toujours par perdre son attirance, s'ennuyer, ou se sentir restreint par la vie de couple. Avec sa recherche constante de nouveauté, de sensations, se mettre en couple n'est qu'un bon moyen de faire du mal, à un moment ou un autre, à sa partenaire. Il le sait bien. Et pourtant, il ne peut s'empêcher de suivre son cœur. Pour autant, il met toujours un point d'honneur quant au fait de ne pas tromper sa copine, lorsqu'il en a une. De toute façon, s'il s'y risquait et que cela arrivait aux oreilles de ses colocataires, il aurait droit à un interminable sermon à ce sujet.
Il se doute ne pas être l'un des hommes les plus vertueux ou digne de confiance... Mais à vrai dire, tant qu'il ne vient pas à sérieusement faire du mal à quelqu'un, il ne s'en soucie pas plus que cela. Même si cela lui vaut parfois des remarques réprobatrices de la part de ses amis.
« Tu te souviens de Kyouka, celle qui était avec nous au lycée ? se décide-t-il à répondre.
- Ouais ?
- Bah c'est elle. On s'est recroisé par hasard, il y a deux semaines. On a repris contact et... On s'est mis ensemble la semaine dernière.
- Woah ! Sans déconner ?! C'est trop cool ! ... Enfin, c'est ce que je dirais si je savais pas à quel vitesse tu peux te lasser d'une relation. T'es un monstre, Denki !
- J'ai encore rien fait !
- Vous en faîtes, du bruit... » grommelle une nouvelle voix venant s'ajouter à la leur, tandis que le troisième et dernier colocataire entre au sein de la salle à manger, bâillant longuement et passant une main dans sa tignasse ébouriffée.
Les lèvres de Denki se pincent tandis que Mina le lâche enfin pour se tourner vers Eijirou, le nouvel arrivant, s'excusant auprès de lui pour tout le boucan engendré par leur discussion.
« Vous vous preniez la tête ? demande celui-ci, son regard se baladant entre ses deux amis.
- Nan, t'inquiète, je lui tirais juste les vers du nez par rapport à une fille. » répond la basketteuse, jetant un œil au blond, lui faisant tacitement comprendre qu'ils reprendront cette conversation par rapport à Kyouka plus tard.
Denki ne peut s'empêcher un soupir à la perspective de celle-ci. Il secoue la tête avant de se lever de table, attrapant sa tasse ainsi que son bol vide au passage pour les amener dans l'évier.
« Comment tu fais pour avoir autant d'énergie dès le réveil... Jamais je pourrais.
- Et c'est bien dommage ! Imaginez : on si vous étiez comme moi, on pourrait aller faire un footing à trois !
- Ugh, sans moi, merci... décline Denki. Surtout par ce temps.
- Quand il fera plus chaud, pourquoi pas. Pour le moment, je passe mon tour aussi, rétorque Eijirou en s'asseyant à la place où se trouvait le blond quelques secondes plus tôt.
- Pff, vous êtes nuls. » souffle la sportive en posant ses poings contre ses hanches, la mine faussement boudeuse.
Elle ne s'attendait pas vraiment à une réponse positive de leur part, mais au fond d'elle, elle espérait tout de même qu'au moins l'un d'eux accepte. Elle peut cependant comprendre que la perspective d'aller courir par ce temps n'est pas des plus attirante. Passant une main dans ses courts cheveux, elle récupère son téléphone et le déverrouille rapidement pour vérifier l'heure. Il lui reste du temps pour se décider si elle se rendra à la fac. Pour l'instant, une bonne douche lui fera du bien.
« Bon, je vais à la salle de bain. » annonce-t-elle. « Si l'un de vous s'avise de me suivre, je le noie dans le lavabo. »
La porte d'entrée se refermant lui fait ouvrir les yeux une première fois. Dans la pénombre, les iris de Shouto bougent, confuses, à la recherche de quoi que ce soit susceptible de lui donner une indication quant au lieu où il se trouve, ou bien l'heure qu'il peut être. Cependant, trop embrumé, son esprit ne parvient pas à se concentrer suffisamment pour accomplir cette tâche, et il se rendort quasiment instantanément, comme s'évanouissant sous la fatigue encore présente.
La seconde fois, il s'agit de la lumière filtrée par les persiennes de ses volets fermés. Celle-ci lui fait froncer les sourcils, plisser les yeux tandis que ceux-ci s'ouvrent de nouveau, lentement. L'intense besoin de dormir est plus faible, moins assommant. Pour autant, il ne se sent pas encore au top de sa forme : sa gorge est asséchée, son crâne aussi douloureux que si l'on essayait de l'ouvrir à l'aide d'un marteau. Grognant, il remonte la couette de sorte à se retrouver complètement submergé et prend quelques minutes pour laisser son esprit émerger, s'éveiller un peu plus convenablement. Il tend l'oreille, par la même occasion, cherchant à discerner le moindre bruit pouvant lui indiquer qu'il n'est pas seul au sein de l'appartement de son frère, sans grande réussite puisque les seuls sons lui parvenant proviennent de l'extérieur. Il ne serait cependant pas surprenant que Touya soit déjà parti travailler, ce qui expliquerait son premier réveil. Après s'être longuement étiré, il repousse les draps le recouvrant et décide de se lever pour au moins soulager la sécheresse ayant actuellement lieu dans sa cavité buccale. Il attrape son téléphone et se rend à la cuisine, où il se prépare un simple verre d'eau qu'il avale d'une traite, ainsi qu'un petit cachet afin d'amenuiser son mal de tête. Son corps se laisse alors porter jusqu'au salon où il se laisse tomber sur le canapé où dort son frère depuis qu'il s'est installé chez lui. D'abord peu enclin à l'idée de s'éterniser et de déranger son aîné plus longtemps que nécessaire, Shouto a fini par se faire à la vie avec lui et accepter ses dires comme quoi il ne le gênait absolument pas et qu'il pouvait rester aussi longtemps qu'il le désirait. Il est tellement agréable de vivre sous le même toit que quelqu'un nous acceptant tel que nous sommes, nous apportant tout son soutien.
Inspirant longuement, sentant sa migraine se calmer un minimum, il décide finalement de jeter un coup d'œil à ses notifications. Le message de Tamaki, qu'il a reçu pendant la nuit, fait parti de celles-ci et représente une agréable surprise. Pour tout dire, Shouto était persuadé qu'il serait certainement le premier à chercher à reprendre contact. Et voilà que le bel inconnu rencontré la veille en bar-discothèque le devance, le prévenant qu'il est rentré sans embûche et lui racontant les péripéties de l'amie qu'il accompagnait. Cette attention ne manque pas d'étirer un fin sourire sur le visage du bicolore qui ne perd pas de temps et appuie directement sur le bouton 'Répondre'.
『 Quoi de mieux que d'émerger et de constater que j'ai été l'une des dernières pensées que tu aies eu avant de t'endormir ? Ahah, content que vous ayez pu rentrer sans problème, en tout cas ! En espérant que le réveil ne sera pas trop douloureux pour ton amie ! 』
Après avoir envoyé ces quelques mots, il se mordille la lèvre, quelque peu hésitant, avant de se mettre à rédiger un second message.
『 Ca te dit qu'on se voit, en fin d'après-midi ? Si tu n'es pas trop HS, bien sûr ! 』
Bien qu'il ait décidé, cette fois-ci, de prendre son temps, cela ne change pas le fait que lorsqu'il s'agit de flirter, Shouto se montre généralement assez direct, ne cherchant pas vraiment à cacher ses intentions. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est lorsque la personne visée rentre dans son jeu et qu'une lente, languissante drague prend place entre eux, faisant s'installer une délicieuse tension augmentant peu à peu à chaque phrase. Et pourtant, jamais celle-ci n'est parvenue à se changer en brasier chez lui, le poussant à désirer son partenaire, à vouloir ne faire plus qu'un avec lui. Sa plus grande envie n'a jamais dépassé le fait de s'allonger en compagnie de l'autre personne afin de la câliner et la caresser tout en la couvrant de baisers. Et pourtant, à chaque fois, il a brisé ces limites, s'offrant tout entier à l'autre et finissant ensuite par s'en retrouver dégoûté.
« Ca ira, cette fois... murmure-t-il, seul dans le petit appartement. Je vais y aller doucement, m'assurer de m'attacher, et attendre gentiment que le désir pointe le bout de son nez. Je devais juste trop me précipiter, les autres fois. C'était sûrement ça, le problème. Pas moi. Pas mon corps. Ca va aller. Je ne suis pas cassé. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top