Chapitre 2
CW : Petite mention d'agression sexuelle
La différence de température entre l'intérieur de la bibliothèque universitaire et celle de l'extérieur lui arrache un frisson. La chaleur ambiante, agréable, présente entre les murs de cet endroit si calme s'évapore dès l'instant où il pose un pied dehors, comme si elle ne s'était jamais accrochée à lui, n'avait été qu'un songe. Il baisse alors la tête, s'efforçant de s'emmitoufler autant que possible dans son grand manteau beige, réfugiant ses mains dans ses poches, enfonçant la moitié de son visage dans la longue écharpe en laine rouge confectionnée par la mère d'Izuku, couturière de métier.
« Mnh... ! Ca caille... ! » grommelle d'ailleurs celui-ci en plissant les yeux.
Ochako et Shouto, à ses côtés, venant de passer une petite heure à travailler leurs cours en sa compagnie, acquiescent, l'une en enfilant son bonnet, l'autre en poussant un petit soupir. Malgré les filières différentes dans lesquelles ils évoluent, son meilleur ami et lui, ils ont tous deux terminé leur journée il y a une heure de cela. Ils se sont croisés dans les couloirs tandis qu'Izuku se rendait, comme souvent, à la bibliothèque, et que Shouto avait, de son côté, pour projet de rentrer chez lui. Le premier lui a alors proposé de l'accompagner et c'est en arrivant qu'ils ont remarqué qu'Ochako s'y trouvait déjà, attablée, son ordinateur portable ouvert ainsi que des fiches de synthèses éparpillées sur son plan de travail. Elle aurait dû être en cours, à cette heure-ci, mais ayant redoublé sa première année, il arrive qu'elle décide de ne pas aller à certains d'entre eux, puisque le contenu n'a de toute façon pas changé depuis l'année précédente.
Le point positif de la bibliothèque est que, grâce au calme olympien y régnant la grande majorité du temps, il est bien difficile d'y faire autre chose que lire ou travailler. Cela leur évite donc de s'éparpiller en discussions lorsqu'ils s'y rendent en groupe. Eijirou et Mina en ont d'ailleurs déjà fait les frais en riant un peu trop fort, se faisant ainsi reprendre par le personnel les sommant de se rendre à la cafétéria s'ils étaient là pour discuter.
« Vous rentrez, ou vous voulez qu'on aille quelque part ? demande Izuku en commençant à s'éloigner du bâtiment dans lequel ils se trouvaient quelques minutes auparavant.
- Perso, je rentre. Je bosse dans une heure alors j'aimerais me poser un peu avant d'y aller, décline Ochako d'un air désolé.
- Ah, mince, c'est vrai que tu travailles, maintenant...
- Hé oui... C'est le prix à payer pour échapper à la chambre universitaire et pouvoir vivre avec Tsu'. » soupire-t-elle.
Ces deux-là ont beau être boursières à cause de la situation financière de leurs parents, ce qui leur est versé chaque mois ne suffit pas à payer loyer, factures et nourriture. Elles ont donc pris la décision de trouver un petit boulot, en plus de la fac, afin d'arrondir les fins de mois généralement difficiles. Elles n'auraient pas à y avoir recours si elles vivaient dans une chambre universitaire, mais cela signifierait qu'elles ne partageraient plus le même espace de vie. De plus, certains retours leur sont déjà parvenus quant à ces chambres en question, leur donnant davantage envie de les fuir le plus loin possible qu'autre chose. Quant au fait de résider chez leurs parents... Eh bien, Ochako refuse de rester plus que nécessaire chez eux afin de ne pas « alourdir leurs dépenses », tandis que Tsuyu trouve cela bien plus pratique de vivre non-loin de l'université plutôt que de devoir faire le trajet en bus tous les jours.
C'est suite à son redoublement que la brunette a décidé de postuler quelque part, se retrouvant avec un emploi du temps plus léger puisqu'elle n'a pas à repasser les épreuves qu'elle est parvenue à valider l'année précédente. Izuku et elle sont d'avis qu'en tant qu'étudiants, avec le poids des cours leur pesant déjà sur les épaules en plus du temps passé à la fac, ils ne devraient pas avoir à se préoccuper de trouver, en plus de cela, un travail pour s'assurer une vie un minimum correcte. Et, à vrai dire, Shouto partage également leur point de vue. C'est d'ailleurs à cause de cela qu'Eijirou doit, lui aussi, rattraper son année : n'ayant pas des facilités à apprendre comme peut en posséder Katsuki, le petit ami d'Izuku, le mélange de l'université et de son petit boulot ne lui laissait plus le temps, ni l'énergie pour travailler ses leçons de manière suffisamment efficace, le conduisant à l'échec.
Heureusement, de son côté, le garçon au visage à moitié brûlé n'a pas à se soucier de tout cela : après tout, son frère, chez qui il vit, possède un emploi à temps plein, lui permettant de subvenir aux dépenses du foyer. Shouto lui a déjà proposé de se trouver un travail afin de l'y aider, mais Touya a tout bonnement refusé, préférant que son petit frère se concentre sur ses études.
« Et toi, Shouto ? Ca te dit ? » réitère Izuku, un grand sourire aux lèvres, arrachant son meilleur ami de ses pensées.
Il lui faut un petit instant de réflexion. Certes, il n'a rien de prévu, mais n'a pour autant pas spécialement envie de s'attarder dehors. La température qu'il y fait, et le simple fait qu'il ait envie de se retrouver un peu seul ne l'encouragent pas vraiment à accepter cette proposition. Cependant, avec le sourire que lui adresse Izuku, il s'en voudrait de refuser. Il sort alors son téléphone de la poche de son manteau et jette un coup d'œil à celui-ci. Dix-sept heures cinq – et un message non-lu d'un numéro non-enregistré. Laissant ce dernier de côté, il range son cellulaire là où il l'a trouvé, remettant au passage sa main bien au chaud. Rester une petite heure en plus avec son meilleur ami ne devrait pas poser problème.
« Pourquoi pas, oui. » finit-il par acquiescer dans un petit haussement d'épaules.
Suite à son acceptation, le petit groupe part en direction du bâtiment dans lequel Katsuki a passé les deux dernières heures et duquel il ne devrait pas tarder à sortir. Arrivée à son niveau, Ochako bifurque pour partir vers la sortie de l'université en saluant les deux autres et leur souhaitant une bonne soirée. Une petite minute plus tard, sa présence est remplacée par celle du petit ami d'Izuku qui, une fois à sa hauteur, laisse son corps s'effondrer contre le sien dans un râle fatigué. Le menton posé contre son épaule, il entoure sa taille de ses bras et le serre contre lui, comme s'ils ne s'étaient pas vus depuis plusieurs jours. Comprenant que sa journée n'a pas dû être des plus simples, le garçon aux taches de rousseur amène une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux blonds qu'il ébouriffe avec affection.
« Tu m'as manqué aussi. » murmure-t-il dans un gloussement.
Ils demeurent un petit moment ainsi, dans les bras l'un de l'autre, profitant de leurs retrouvailles tandis que le regard de Shouto papillonne aux alentours, ne sachant pas vraiment sur quoi se poser. Malgré lui, il croise celui d'étudiants observant la scène se trouvant à un petit mètre de lui. Certains ne font que la scruter un moment. D'autres esquissent un sourire en voyant ces deux hommes s'étreignant. Et d'autres, encore, froncent les sourcils, se mettant, s'ils sont accompagnés, à murmurer des choses à leurs camarades, sans prendre la peine de quitter l'objet de leur préoccupation des yeux. Quelques-uns parmi eux remarquent par la suite la présence de ce garçon au visage abîmé et ne peuvent s'empêcher de le toiser un moment avant de promptement détourner le regard. Ces deux derniers, le bicolore ne peut s'empêcher de les observer d'un air aussi glacial que celui les entourant. S'ils ont le moindre problème avec eux, pourquoi ne viennent-ils pas leur dire en face ? Quoique, peut-être est-ce mieux ainsi, qu'ils restent à pester dans leur coin plutôt que de venir les embêter. Heureusement que ces réactions-là sont minoritaires. Et heureusement qu'Izuku et Katsuki ne les remarquent pas. Le premier s'en retrouverait probablement affecté, tandis que le second ne se gênerait pas pour demander s'il y a le moindre souci. Le blond grognon et impulsif du lycée a peut-être mûri, mais il n'en conserve pas moins son caractère de base. Quant à lui... Il a l'habitude de se faire dévisager, à cause de sa cicatrice. Cela a beau faire une année et demi qu'il étudie ici, les regards persistent, inquisiteurs, curieux, parfois dégoûtés. Il ne peut pas dire que cela le laisse indifférent, bien sûr. Disons simplement qu'il a fini par s'y faire, en dépit de son exaspération à ce sujet.
« Hey, les lovebirds ! » retentit une voix familière, vers laquelle la tête des trois garçons se retourne de manière presque simultanée.
Shouto possède à peine le temps de discerner de qui il s'agit, néanmoins, que la paume de la personne en question vient atterrir contre son omoplate droite, le faisant légèrement basculer en avant. A leur niveau vient d'arriver Mina, désormais étudiante en seconde année de licence d'Anglais et supposée petite amie d'Eijirou. Ces deux-là ont beau demeurer aussi proches qu'ils pouvaient l'être au lycée, vivre ensemble et ne pas pouvoir se passer l'un de l'autre, leur situation n'en reste pas moins des plus floues. De plus, à chaque fois que quelqu'un essaie d'en savoir davantage à ce sujet, eux qui ont toujours été si bavards se mettent soudainement à parler de la manière la plus vague possible. Alors, tout le monde a fini par décider que ce n'était pas vraiment important, après tout.
La main de la jeune femme à la peau dorée remonte jusqu'à l'épaule de sa précédente victime, reposant contre celle-ci. Izuku et Katsuki la saluent, suivi de Shouto qui y met moins d'engouement au vu de la douleur sourde se répandant encore légèrement dans le haut de son dos. Mina n'a jamais été connue pour sa délicatesse, mais elle pourrait tout de même apprendre à maîtriser sa force un minimum.
« Je t'ai fait mal ? Désolée, je voulais pas ! s'excuse-t-elle dans un petit rire gêné devant la moue du bicolore se tenant à ses côtés.
- Un jour, tu vas déboîter l'épaule de quelqu'un... grommelle ce dernier.
- Exagère pas, j'ai pas autant de force que ça !
- Tu as fini ta journée ? demande Izuku, faisant totalement s'éclipser le sujet.
- Oui et non ! J'ai fini les cours, mais on est mardi soir, ce qui signifie... commence-t-elle, laissant sa phrase en suspens.
- Que t'as basket, termine Katsuki.
- Bingo ! Mais comme je vous ai vu en allant au gymnase, j'ai voulu passer vous faire un petit coucou ! »
Avec l'énergie courant, semble-t-il, continuellement au sein de son corps, il n'est pas étonnant que Mina ait voulu continuer le sport, même après le lycée. Elle le dit elle-même : elle en a besoin pour se défouler. Et quoi de mieux pour cela que le basketball, une activité pendant laquelle l'on court non-stop après un ballon, faisant rebondir celui-ci à nos côtés, le terrain obstrué par des adversaires cherchant à nous arrêter ? Dans tous les cas, pour avoir déjà assisté à quelques matchs de leur amie, tous trois peuvent affirmer qu'elle se débrouille vraiment bien. Au point qu'elle est apparemment en train de réfléchir pour se réorienter dans l'optique de devenir une joueuse professionnelle, multipliant de plus en plus les heures passées à s'entraîner physiquement. Elle qui voulait, à la base, devenir journaliste, il s'agirait là d'un changement plus que radical !
« Et je voulais, au passage, vous demander si vous venez à la soirée de jeudi ! ajoute-t-elle après une petite pause.
- Y'a une soirée, jeudi ? demande Katsuki en fronçant légèrement les sourcils.
- Comme tous les jeudis, oui ? rit Mina, secouant lentement la tête.
- J'veux dire... Elle sera pas différente de celles qu'y'a toutes les semaines, si ? C'est pas une soirée spécifique.
- C'est la dernière avant les vacances !
- Vacances qui durent une semaine. Ca change absolument rien... » soupire le blond.
Izuku, Shouto et lui ne sont pas ce que l'on peut appeler de grands amateurs de soirées. Il arrive à ces deux derniers de s'y rendre, parfois, mais ils ne s'y éternisent jamais trop longtemps. Quant au premier, il a déjà tenté d'y aller pour voir ce que cela donnait, mais s'est retrouvé confronté à un homme de deux têtes de plus que lui cherchant à le tripoter pour 'voir si c'était bien un garçon'. Bien entendu, en assistant à la scène, son petit ami s'est tout de suite rué à son secours, assénant l'assaillant d'un coup de poing magistral, leur valant à tous deux de se faire expulser de l'endroit où avait lieu la soirée. Après être sorti à son tour pour rejoindre Katsuki, Izuku, en pleine angoisse, s'est promis de ne plus jamais y retourner.
« De toute façon, il y a trop de bruit et je ne suis vraiment pas à l'aise... » a-t-il ajouté plus tard, une fois son calme retrouvé.
Suite à cet incident, Katsuki s'est refusé de s'y rendre à nouveau à son tour, ne voulant pas laisser son amoureux seul dans leur petit appartement, mais celui-ci a insisté pour le faire revenir sur sa décision, ne voulant pas qu'il se prive de sortir avec des amis pour lui. D'abord réticent, le blond a fini par céder, mais quitte toujours les lieux avant deux heures du matin : Izuku ou non, lui non plus n'est pas un grand fan de bruit. Et puis, tous ces gens autour de lui ont souvent vite fait de l'irriter et lui donner le tournis.
Quant à Shouto, c'est son frère qui l'a d'abord poussé à essayer, lui assurant que cela lui ferait du bien pour libérer toute la pression de la fac. Alors, pour lui faire plaisir, le plus jeune s'est finalement rendu à l'une d'elle, où il a d'ailleurs rencontré sa première relation exclusivement charnelle, encouragé par l'alcool circulant en lui pour passer la nuit dans son lit. C'est à ce moment-là qu'il a commencé à se poser des questions : en se réveillant le lendemain, dans les bras de cet inconnu, il s'est retrouvé à avoir une nausée, couplée d'une panique, qui n'avait rien à voir avec ce qu'il avait ingéré la veille. Il s'est senti mal et s'est hâté de partir, n'attendant même pas le réveil de son partenaire. Se disant d'abord qu'il avait réagi de la sorte parce que cette expérience avait été sa première fois, il s'est risqué à réessayer...obtenant le même résultat. Ce qui l'a peu à peu amené à sa situation actuelle. Depuis, il se rend seulement à ces soirées dans l'espoir de rencontrer quelqu'un capable de réveiller ce désir si profondément endormi. Elles entrent dans le cadre de cette recherche constante. Sans grand succès pour le moment.
« Mmh, personnellement, je ne serai pas de la partie, désolé... annonce Izuku.
- Je me doute... Tu penses retenter un jour, quand même ? demande leur amie.
- Je ne sais pas... Je ne pense pas.
- Dommage... Bah, t'en fais pas pour ça, je comprends ! Et vous ? Katsuki ? Shouto ?
- Je vais y réfléchir, rétorque le blond dans un nouveau soupir.
- Je serai probablement là. » se contente d'acquiescer le dernier.
Enjouée par cette réponse positive – et demi – Mina esquisse un grand sourire et salue de nouveau ses trois amis avant de s'éloigner pour repartir vers le gymnase dans un petit trot. Ceux-ci la regardent s'éloigner avant de se jeter de petits coups d'œil amusés suite au passage de cette tornade ne semblant pas connaître la moindre forme de fatigue et de finalement se mettre en route en direction de la ville, afin de passer la fin de cet après-midi hivernal ensemble.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top