Cela faisait un petit moment qu'ils n'avaient plus revu leurs parents. Deux bons mois au moins. C'est pourquoi Izuku et Katsuki ont décidé de profiter des vacances afin de prendre le temps de leur rendre visite. Ils ont commencé par les géniteurs du blond, qu'ils n'ont pu voir qu'au cours de la pause de midi, et chez qui ils ont donc déjeuné. Seulement, lorsqu'ils sont arrivés à leur domicile, Inko Midoriya, la mère d'Izuku, se trouvait déjà sur place, accueillant son fils d'une étreinte pleine de tendresse tandis que Mitsuki et Masaru Bakugou ont souhaité la bienvenue à Katsuki en lui tapant une épaule chacun, sans vraiment ménager leur force, récoltant ainsi les plaintes de celui-ci. Bien sûr, il aurait pu se douter qu'en se retrouvant invité à manger chez les Bakugou, sa mère l'y attendrait. Les trois adultes sont bons amis, après tout. Seulement, comme cela n'avait pas été mentionné lors de leurs discutions quant au fait de venir leur rendre visite, cette possibilité avait totalement échappé au tacheté. Tous les cinq ont donc passé le repas ensemble, discutant de choses et d'autres autour d'un délicieux yakisoba et racontant les nouvelles ayant eu lieu au cours de ces deux derniers mois - rien de bien passionnant, en soi.
Bien que cela ne soit pas la première fois qu'une telle situation se produit, à chaque fois qu'il se retrouve à cette table, Izuku ne peut s'empêcher de penser au passé. Si on lui avait dit, quelques années plus tôt, qu'il pourrait partager de tels moments, un jour avec Katsuki, que ses parents le traiteraient comme leur propre enfant, que sa présence à ses côtés serait un tel acquis... Jamais il n'aurait pu y croire. Pas avec les difficultés qu'ils ont tous deux surmonté afin que débute leur histoire. Et pourtant, ainsi sont les choses, aujourd'hui. Où se trouverait-il, si leur relation n'avait pas pu voir le jour ? Aurait-il quelqu'un d'autre, qu'il aimerait tout autant ? Serait-il parvenu à enfouir ses sentiments à son égard ? Vivrait-il encore chez sa mère, ressassant chaque jour leur imparfaite et étrange amitié de l'époque ? Il n'en a aucune idée. Et il ne veut pas y penser. Tout ce qui compte, c'est que le destin a bien voulu lui accorder le coeur de ce garçon. Qu'ils sont, pour le moment, tous deux liés et qu'ils espèrent le rester le plus longtemps possible. Ils ont beau ne pas se montrer des plus démonstratifs en public, leurs sentiments l'un pour l'autre les consument en réalité à chaque seconde, les faisant déborder d'amour. Ces fugaces pensées font piquer un léger fard à Izuku qui passe alors l'une de ses mains sous la table afin d'aller la poser contre la cuisse de Katsuki. Ce dernier semble quelque peu se raidir de surprise, mais se détend presque immédiatement tandis que ses propres phalanges viennent rencontrer celles se trouvant à son contact, s'entrelaçant à elles.
Pour cette visite, Izuku a décidé de se revêtir du cadeau de Noël de sa mère : un pull à l'effigie d'All Might, le héros de son enfance, cousu par ses soins. Sur le fond bleu de celui-ci se trouve la silhouette de l'homme de laquelle se détache un bonnet de Père Noël, visiblement posé sur son crâne. Un cadre rougeoyant ondule autour de cette forme, donnant des couleurs au vêtement majoritairement vives. Pour une période se situant à la fin Février, un pull arborant le thème de Noël n'est pas des plus adapté mais le jeune garçon aux tâches de rousseur n'en a que faire : sa chaleur et son confort suffisent à palier à ce léger anachronisme, ainsi que le fait qu'il s'agisse d'un présent lui ayant été offert par sa mère. En le voyant l'enfiler, ce matin, Katsuki n'a bien sûr pas pu s'empêcher de le chahuter mais son amoureux est parvenu à rapidement le faire taire en rétorquant qu'il était simplement jaloux de ne pas posséder, lui aussi, un vêtement exclusif et unique du héros. Et au vue de la moue qu'a alors affiché le blond, il sait avoir tapé dans le mille.
« Alors, Izuku, comment ça se passe, l'écriture ? » finit par demander Mitsuki Bakugou au détour d'une conversation.
Ce dernier se retrouve alors quelque peu pris de court. Il n'a pas souvenir avoir un jour parlé de son histoire à la mère de son petit ami. Le simple fait de l'entendre la mentionner lui fait monter le feu aux joues. Il ressent toujours un certain malaise à parler de ses créations, a peur qu'on le juge, se moque de lui. Pour commencer, il n'a pas l'impression que ce qu'il produit est si bien que cela, même si Katsuki ne cesse de lui grogner le contraire. Est-ce lui qui a mentionné son projet à Mitsuki ? Ou bien sa propre mère, à qui il a déjà raconté le synopsis de son histoire ? Son regard dévie un instant sur celle-ci...et la petite expression coupable qu'elle lui adresse répond à son interrogation. Bon, il ne peut pas vraiment lui en vouloir. Et puis, il n'y a rien qu'il ne puisse y faire, de toute façon. Il se racle alors la gorge et, se frottant la nuque, répond finalement à la question lui étant adressée.
« J'ai un peu de mal en ce moment. Alors je fais une petite pause. M-mais je compte bien finir cette histoire !
- Ca parle de quoi ? Inko m'a dit que c'était un truc avec des héros ? Tu me diras, ce n'est pas étonnant, venant de toi ! renchérit la mère de Katsuki.
- Hum, non, je ne dirais pas que c'est 'un truc avec des héros'. C'est juste que ça se passe dans un univers héroïque-fantasy. C'est-à-dire un univers médiéval, merveilleux avec un héros humain avec ou sans pouvoirs qui part seul, ou avec d'autres personnes, accomplir une quête. Pour faire simple.
- Oh, d'accord. Des histoires de chevaliers en quelque sorte ?
- Je... suppose qu'on peut voir ça comme ça. Même si c'est quand même un peu plus diversifié. »
La conversation tourne un petit temps autour des écrits d'Izuku, dont il parle d'une manière assez vague, buttant même parfois sur ses mots, rougissant un peu plus à chaque fois que son petit ami glisse des compliments quant à ses créations, vantant son 'talent pour l'écriture'. Quel talent ? Il aime coucher sur son ordinateur les idées qui lui viennent en tête, voilà tout. Il laisse ses doigts courir sur le clavier au rythme où ses pensées traversent son crâne, comme une mélodie le portant dans un océan infini de mots. C'est tout ce dont il s'agit, ni plus, ni moins. Ses professeurs ainsi que ses proches lui ont souvent rabâché qu'il possède une 'imagination débordante'. Tout ce qu'il peut prétendre accomplir, c'est de laisser cette imagination à la vue de tous, à la lumière du jour. Bien entendu, n'importe qui d'autre s'aventurerait à faire la même chose, il l'encouragerait et l'ensevelirait sous les compliments. Mais comme il s'agit de lui, il considère que ce n'est pas si impressionnant que cela. Il a toujours été ainsi. Manquant de confiance en lui. Il a beau en avoir gagné au fil des années, celle-ci n'est pas encore suffisamment développée pour qu'il reconnaisse ses propres qualités de lui-même.
Pause repas terminée, les parents de Katsuki doivent tous deux retourner travailler. C'est à ce moment que les deux amoureux rentrent chez la mère d'Izuku en compagnie de celle-ci. Comme elle travaille chez elle, à son compte, elle ne voit aucun inconvénient au fait d'accueillir les garçons pour l'après-midi, avant qu'ils ne rentrent chez eux. Elle ne pensait pas voir arriver aussi rapidement le jour où son fils quitterait le domicile familial alors, lorsqu'elle peut le voir, elle en profite le plus possible. Son petit Izuku qui est désormais un adulte mais qui restera pour autant toujours son petit garçon. Les jours passant sans sa présence sont silencieux, parfois solitaires. Mais elle est heureuse d'avoir de ses nouvelles chaque jour, de pouvoir lui parler et échanger des banalités. Et puis, ce n'est pas comme si elle se retrouvait totalement isolée : elle rend souvent visite aux Bakugou, et possède d'autres amis qu'elle voit occasionnellement. De plus, elle songe à adopter un animal. Un chien, peut-être. Cela lui permettrait de ressentir une autre présence que la sienne au sein de chez elle.
Au cours de l'après-midi, ils poursuivent leurs discussions. Attablés dans le salon, télévision allumée dans un léger fond sonore, les sujets défilent les uns après les autres, plus ou moins sérieux, tandis qu'Inko s'attelle à certaines de ses commandes. Puis, ils décident de faire une petite partie de Mahjong...que le joueur fantôme* remporte haut la main. Rapidement, seize heures sonnent et, après avoir partagé un instant boissons chaudes, il est déjà l'heure pour les deux tourtereaux de repartir chez eux. Alors elle les accompagne jusqu'à dehors et, après les avoir tous deux enlacés, elle les regarde partir jusqu'à ce qu'ils ne finissent hors de sa vue, après une bifurcation. Pour autant, elle reste ainsi quelques minutes supplémentaires, le regard fixé sur ce point, où Izuku et Katsuki ont disparu. Elle demeure un sourire aux lèvres, espérant bientôt les revoir. Le temps est passé trop vite. Son fils lui manque déjà.
Un soupir passe entre ses lèvres. Elle réajuste le petit châle posé sur ses épaules en frissonnant à cause d'un petit coup de vent transportant avec lui la froideur de cette dernière partie de l'hiver. Puis, elle tourne finalement les talons et retourne à l'intérieur, dans l'optique de reprendre ses activités de la journée.
La journée leur a indéniablement fait du bien. Katsuki a beau grogner contre ses parents sans raison apparente, Izuku sait que les revoir lui a fait plaisir. Et il en va de même pour lui. Il se sent toujours apaisé après avoir passé du temps avec sa mère, son alliée. Certains pourraient penser qu'il est un 'fils à maman' ou que celle-ci se comporte en 'maman poule', mais il n'en a que faire : il préfère nettement cela au fait d'avoir une relation conflictuelle avec elle. Au final, elle lui donne suffisamment d'amour pour deux ; cela pallie à l'absence de son géniteur qui a préféré fuir en apprenant qu'il se trouvait en cours de conception.
Vérifiant son téléphone tandis qu'ils se dirigent vers le centre-ville, Izuku constate qu'Ochako lui a envoyé un message...contenant la photo d'un chaton, endormi près d'un fourneau, suivi d'une description racontant ses mésaventures chez Tsuyu. En les lisant, il ne peut s'empêcher de s'arrêter, repassant ses iris sur les lignes du récit comme pour s'assurer d'avoir bien compris.
« Qu'est-ce qu'il y a ? T'as oublié un truc ? lui demande Katsuki en se retournant, se stoppant à son tour.
- C'est... Trop chou, se contente de répondre l'autre garçon.
- Hein ? »
Intrigué, le blond fait quelques pas en arrière pour revenir à sa hauteur et regarder à son tour ce qu'il se trouve sur l'écran de son amoureux, par-dessus son épaule. Sa réaction est moindre, mais il esquisse tout de même l'ombre d'un sourire en voyant l'animal et son histoire, probablement attendri par celle-ci.
« Eh bah.
- On va être tontons ! s'exclame Izuku d'un ton enjoué.
- ... Tu viens vraiment de comparer un chaton à un bébé ?
- Mais c'est un bébé ! Un bébé chat ! Il est trop mignon ! Bonjour, toi ! » roucoule-t-il en passant son doigt contre la photo jointe au texte.
Cette vue fait lever les yeux au ciel à Katsuki, même s'il doit bien avouer que voir son petit ami réagir de la sorte a quelque chose de hautement adorable. Il ne pensait pas que celui-ci possédait un point faible pour les chatons. Ou est-ce quelque chose qui s'étend de manière générale aux bébés animaux ? Il se contente de hausser les épaules, puis de reprendre sa route, suivi par Izuku qui lui emboîte le pas en tapotant sur son téléphone - certainement pour répondre à sa meilleure amie.
« J'espère que ça va pas t'inciter à en vouloir un.
- Pourquoi ? Tu n'aimes pas les chats, Kacchan ?
- C'est pas ça. C'est juste que... Je pense pas que je saurai m'en occuper. Et je veux pas que tu sois le seul à le faire.
- Mhm. T'en fais pas. Je veux dire, même si la perspective d'avoir un animal m'attire pas mal... Je préfère attendre avant d'y réfléchir sérieusement. C'est tout un budget, donc...
- Ah, en parlant de budget... »
La perspective du changement brutal de sujet fait relever la tête au jeune homme portant le pull au thème de Noël tandis qu'il range son cellulaire.
« Avant de rentrer, on peut vite passer chez le frangin de Shouto ? »
Ces derniers temps, Katsuki réfléchit à avoir un tatouage. Il en a parlé de manières occasionnelles à Izuku, quelques semaines plus tôt. Mais comme le sujet n'est plus revenu sur le tapis depuis un moment, cela lui est complètement sorti de la tête. Ce rappel lui arrache donc un sourire alors qu'il hoche lentement la tête. Cela voudrait-il dire que son amoureux s'est décidé sur le sujet ? La dernière fois qu'ils en ont discuté, il avait plusieurs idées en tête. Il se demande sur laquelle d'entre elles sa décision s'est arrêtée.
« Bien sûr ! En plus, il me semble que Shouto y est aussi, aujourd'hui.
- Cool. Du coup, peut-être qu'on aura une réduction.
- Kacchan !
- Quoi ? On sait jamais, hein. »
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* Le Mahjong se joue normalement à 4. Cependant, il est possible de jouer à 3 en distribuant les briques restantes à un 4ème joueur absent qui ne piochera tout simplement pas et gardera sa main pour l'entièreté de la partie.
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