Chapitre 28
Un simple souvenir. Un simple détail. Un simple moment.
Lui, le grand Katsuki Bakugo. A ces côtés, la mauviette d'Izuku, qui revêtira très bientôt le malheureux surnom de Deku.
Ils sont assis, tous les deux. Il sent les boucles vertes de son ami venir titiller son petit nez d'enfant. Il éternue. Izuku rigole. Etrangement, il ne s'en offusque pas. Il rejoint même ses petits rires d'une petit bruit qui secoue ses épaules et ravive cette étincelle dans son regard.
Puis, il y eu cette question qui, étrangement, l'ensevelit sous une vague de nostalgie.
- Kacchan, kacchan ! On restera ensemble, hein ? On sera des super-héros ensemble ?
Même si l'angoisse, pour une raison qu'il ignore, lui noue la gorge, il avale sa salive péniblement et s'exclame d'une voix qui se veut assurée :
- Bien sûr, Izu !
Le prénom s'écaille dans sa gorge et laisse derrière ces mots une impression de faux, de tristesse qui donne cet arrière goût âcre. Une mauvaise impression l'engloutit. Une grimace lui tord le visage tandis que son estomac s'amuse à jouer l'ascenseur. Il pense. Il s'imagine, plus grand. Il a l'impression de... Tapper son ami. Il s'horrifie dans un petit cri qui se meurt tout juste né. Pourquoi se voit-il frapper Izu ? Pourquoi ce regard fou le fait trembler ? Pourquoi Izu se laisse faire ? Pourquoi...?
- Kacchan ! Tout va bien ?
Il se sent nauséeux. Endormi. Il se sent ici comme très loin, il se sent courageux comme terrifié. Il se sent divisé, mais en même temps, il ne sait jamais senti aussi... Entier.
Pour rassurer Izuku, il ne fait que glisser sa main dans celle de son ami. Il lève la tête au ciel, observe le ciel, puis s'en détourne pour fixer son ami.
- Elle est belle, la lune, ce soir.
Ce soudain changement de sujet fait un peu rire Izuku.
- Mais Kacchan, s'amuse-t-il, y a plein de nuage, cette nuit !
Il sourit et déclare doucement.
- J'ai pas besoin d'un satellite quand y a un soleil à côté de moi.
Izuku s'étonne de cette phrase à l'aspect étrange.
- Hein ? Ca veut dire quoi ça ? Kacchan, t'es bizarre ce soir !
Un rire cristallin suit ses propos. Katsuki sourit en coin.
- Oui, Deku, je sais. Parce que je suis malade.
Izuku s'approche et plaque sa main sur le front de son ami.
- Ah bon ? S'inquiète-t-il. T'as de la fièvre ? T'as mal à la gorge ? Je suis désolé, je savais pas ! J'aurai pas dû t'emmener ici ce soir.
- Nan, Izu. Je suis malade de toi.
- Mais nan, c'est pas possible, rigole-t-il. Tu m'as fais peur pour rien. Et ça fait quoi, d'être malade de quelqu'un ?
Le petit se calle un peu mieux au creux du torse de Katsuki. Son tee-shirt taille 5 ans est devenu un peu trop petit, mais il s'obstine à le garder. Après tout, c'est un tee-shirt All Might !
Il laisse un petit silence reposant s'installer. Izuku doit sûrement croire qu'il ne lui répondra pas. Il laisse l'air flottant chatouiller les pores de sa peau avant se faire résonner les mots, qui fond bouger la petite tête d'Izuku de quelques millimètres.
- Je sais pas, finit-il par avouer. J'ai été malade trop longtemps pour savoir si c'est normal.
- Alors comment tu sais que tu es malade ? Chuchote Izuku.
L'air se rafraichit.
- Je sais, sourit énigmatiquement Katsuki. C'est tout.
Puis ils restent comme ça, sans doute pendant des heures. Le sommeil essaie de les arracher aux bras l'un de l'autres, mais les deux résistent, désireux de vivrent plus longtemps avec l'autre. Ils ne savent pas pourquoi, mais l'impression qu'il ne reste plus longtemps alourdit l'air, les faisant frissoner à l'unisson. Cela dit, leur respiration lentes et régulière suffit à réchauffer leur coeur et un peu le corps de l'autre.
Izuku brise le silence
- Il est parti.
Katsuki se raidit. Il sait de qui il parle rien qu'à la larme qui ruissèle, solitaire, sur sa peau diaphane au clair de lune.
- Maman a beaucoup pleuré.
Izuku avale difficilement sa salive mais poursuit malgré tout d'un ton détaché.
- Je lui est promis que j'allais me coucher. Je lui est dit qu'elle pouvait pleurer. Je lui est dit et elle m'a crue.
L'air devient pesant sur ces frêles épaules d'enfants.
- Dis, Kacchan, tu crois que c'est de ma faute ? Tu crois qu'il serait resté si j'existais pas ?
La panique se lit dans son regard. Il voit la blessure fraiche de l'abandon griffer le corps de son ami. Il le sert plus fort, afin de tenter de chasser la blessure. Mais le trou s'agrandit. Le ciel s'assombrit. Il se zèbre par les éclairs qui le parsèment.
- Nan, Deku, rien est de ta...
Sa voix est tue par un éclair, qui vient s'abattre fatalement derrière lui. Un trou se forme et il tombe. Il entend vaguement la voix d'Izuku, le supplier de ne pas l'abandonner à son tour, avant de ne plus voir le ciel. Puis il tombe, encore et encore, dans un trou sans fin. la chute est brutale, sifflante. La respiration lui manque, l'air se déloge des ses poumons, ses alvéoles s'en contractent d'autant plus.
Puis il se réveille. Il ouvre grand et les yeux et prend une grande inspiration.
Grosse erreur.
Un feu l'avale impitoyablement et lui décime ses organes internes ; sa gorge ne laisse que de fines cendres qu'il essaie de recracher. Son estomac n'est plus qu'une grande flamme qui crépiterait et brûlerait tout ce qui l'entoure. Son cerveau ne répond plus, et les quelques larmes qu'il verse par suffocation ne suffisent pas à éteindre l'incendie qui le ravage.
Il sent une main saisir la mienne et la serrer fort. Il répond et s'y accroche comme si sa vie en dépendait. Il se concentre sur cette faible douleur, ce petit tiraillement, et reprend connaissance peu à peu. Sa respiration revient, saccadée, mais libératrice.
En revanche, sa tête, elle, est en pleine anarchie. Elle refuse de penser à quelqu'un d'autres qu'Izu. Les grandes mains calleuses le presse légèrement, afin de lui faire reprendre conscience doucement. Il parvient à murmurer d'une voix qu'il a du mal à reconnaître.
- Izu... Où... Est... Izu ?
Une mine triste marque les traits tirés de l'homme qui se tient devant lui. Ses cheveux rejoints en un petit chignon bâclé s'échappent par mêches et cachent la fin de la cicatrice. Elle l'intrigue cette cicatrice. Elle lui serre la gorge. Il a l'impression que ce n'est pas la seule qu'il a pu voir, dans sa vie.
De toute façon, là, il a dans le coeur une blessure bien plus importante. Il veut retrouver Izu sain et sauf. Il lui a promis qu'il ne l'abandonnerai pas, contrairement à cet abruti de père qui ne sait pas le trésor qu'il vient de laisser.
Il réitère sa question, après s'être râclé la gorge.
- Où est... Izu ?
L'homme se lève, attrape un verre sur la table de nuit, et lui tend.
- Je pense que t'auras besoin de boire. On doit parler.
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En lutte acharnée contre son corps, Izuku pleure. Il pleure encore. Il laisse couler la pression, il évacue la peur qui maintient tous ses muscles contractés. La chaleur le fait frissoner. Une sueur froide glisse le long de sa tempe, rejoignant le flot salé qui dévale ses joues. Il veut hurler, il veut qu'on l'entende, mais seule un couinement aigu s'échappe de ses lèvres pincées par l'effort. L'oxygène lui manque, il a la tête qui tourne.
La pénombre qui l'entoure lui brouille la vue. Il ne voit pas à plus d'un pas. Tous ses sens sont en alertes. Les larmes tombent en ploc sonore sur le sol spongieux, juste avant de se tarir. Le son s'amenuise, jusqu'à laisser un silence.
Un silence bien trop bruyant. Un silence bien trop effrayant. Parce que c'est dans le vide que le cerveau se joue le plus de nous ; c'est dans le néant qu'il crée un feu d'imagination tel que très souvent, il ne reste plus que cendre derrière lui.
Et, pour Izuku, le silence a bien trop crié. Il a l'impression d'entendre les hurlements incesssants des démons, fruit d'un père tantôt absent, tantôt violent. Cet endroit sombre et lugubre, dont il cherche la sortie, le fait suffoquer.
Il a les poils qui s'hérissent lorsqu'il entend le faux Katsuki le heller, bien qu'il soit loin.
Il a réussi à fuir. Mais pour combien de temps ?
Il court inlassablement vers cette lumière, parce qu'il veut revoir le vrai Kacchan, celui qui le fera tournoyer, celui qui lui apprendra ce qu'est l'amour. Le Kacchan qui l'aime pour ce qu'il est, et pas pour une image fausse. Pour ses qualités comme ses défauts, avec des traumas ou non.
Il l'aime. Et ça, pour rien au monde, il abandonnera cet amour. Parce qu'il veut apprendre ce qu'est l'amour. Il veut apprendre à aimer. Il veut apprendre, mais seulement auprès de lui. Donc il abandonnera pas. Il continuera. Il fuira.
Et il réussira.
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Sorry, je coupe mon chap plus tôt !
J'avais commencé à faire oes questions pour Kats, mais j'ai plus l'inspi...🥲
Bref, va falloir attendre 1 semaine !
Voili voilou, à + les bijoux !
Jadou
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