Chapitre 24
La chaleur des premiers rayons de soleil vient lécher les pores de la peau humide de Katsuki. Le sommeil lourd, ses yeux clos, sa tête est posée sur les genoux de son professeur. Aussitôt endormi, l'enseignant n'a pas pu se retirer de cette poigne solide d'adolescent.
Enfin, adolescent...
C'est un peu la question. Car bien que son physique est dans le cour du temps, son esprit semble emprisonné dans une époque passée. Ce soudain régressement n'augure rien de bon, et son instinct lui crie que quelque chose a du le déclencher. Peut-être que son cerveau s'est construit une espèce de barrière mentale, de cocon, où le cendré peut aller se réfugier.
Eijiro revient du salon et apporte des pommes découpées pour son professeur et Katsuki lorsqu'il se réveillera. Il les place sur la table de chevet et s'installe, exténué, au bureau. Les papiers qui jonchent le sol manquent de se faire déchiqueter par les roues au méchanisme bien huilé. Il ramasse les feuilles noircies par une écriture pressée et les dispose alignées par ordre de numérotation. Tuant le temps, il lit. Il lit les plans d'invasions. Il lit tous les cas de figure possible et inimaginable, même les plus improbables. Il parcourt ce qui semble être des jours et des jours de travaille, des nuits d'insomnies dissimulées par une colère froide et mal réfrénée.
Puis il tend les documents à son professeur, qui les cornent légèrement. Complètement sous le choque, englutiné par pleins d'informations que lui-même n'a jamais prit connaissance, les hypothèses et l'acharnement de Katsuki le subjugue. Son intelligence n'aura eu d'égal que sa motivation et son tempérament impatient. Lorsqu'il regarde avec précision les différents commentaires glissés dans les margues au crayon de papier, il ne peut qu'hocher la tête. Il a raison, la police n'agit pas et une autre hypothèse le surprend et ne manque pas pour autant de sens : il se peut que la police fasse patienter l'enquête suite à une collaboration. De là, Katsuki part dans d'autres idées reliées entre elles par du stylo bic rouge. Soit c'est une collaboration forcée, auquel cas il avait prévu un plan --décrit en détail sur la page 36-- soit c'est une collaboration volontaire. Il a scrupuleusement écrit dans la marque "Si c'est le cas, je les bute avec". Les seuls raison qu'il a trouvé à une possible collaboration avec un vilain, c'est soit une question d'argent, soit une question de matériel ou d'autres sujets d'expérimentation.
Toutes ses feuilles sont entièrements remplis de différentes hypothèses. Il en est seulement à la troisième feuille, et savoir que plusieurs heures seront nécessaires pour écumer tout ça le désespère. D'un coup d'oeil avec Eijiro, il décide de se partager le paquet en deux : Aizawa prend les quarantes premières et Eijiro de quarante à quatre-vingt. La vingtaine de pages restantes, ils la passeront au malheureux qui passera le seuil de la chambre.
***
C'est mieux, ici.
Convaincu, Izuku hoche mentalement la tête.
La pénombre environnante ne lui fait plus peur. Le silence lui permet de se poser pleinement. Et surtout, il est là.
- Izu, pourquoi tu hoche la tête ?
Son Kacchan est là.
Izuku tourne la tête vers l'interlocuteur. Son apparence enfantine fait écho au propre reflet du bouclé. Par ne sait-il quel miracle, ce lieu de l'horreur a créé la personne la plus importante à ses yeux. Loin des autres, isolés de tous, les deux amis d'enfances se font face dans leur version la plus pure, la meilleure époque de leur vie.
- Pour rien, Kacchan.
Ce dernier se détourne.
- On devrait avancer.
Izuku fronce ses sourcils et attrape la main potelée de son ami.
- Vers où ?
Katsuki pointe de son petit doigt l'endroit le plus sombre.
- Là-bas !
- Mais, Kacchan ! C'est pas là qu'on doit aller !
Katsuki, blessé d'avoir été contredit, croise les bras et gonfle ses joues de mécontentement.
- Qu'est-ce t'en sait, d'abord ?
- Là-bas, dit-il en pointant une direction opposée, c'est bien plus éclairé !
- Et qui te dis que la lumière c'est la sortie, hein ? Qui te dis que la lumière c'est forcément le bien et la pénombre le mal ? Tu sais, poursuis-t-il, c'est près de la lumière que les ombres sont plus puissantes. C'est près de cette lumière que tes cauchemars seront plus grand.
Le physique de l'enfant devant lui grandis un peu, pour atteindre un âge qu'il estime fin de primaire.
- Pourquoi tu veux à tout prix aller là-bas, avec cette réalité atroce et ces cauchemars deux fois plus effrayant ?
Le plus petit des deux se confie.
- Mais, Kacchan... J'ai peur du noir.
Katsuki s'accroupit et, désormais de taille normale, le serre dans ses bras. Il chuchote à son oreille.
- Deku. Ecoute et réfléchis. Qu'est-ce qui t'as le plus bessé ? La lumière là-bas où tes cauchemars et ton père sont présents ou le calme d'une douce pénombre qui te mantiens dans tes bras ? Qu'est-ce que tu souhaite vraiment ? Rester avec moi ou partir proche de la sortie ?
Savoir que s'il se rend là-bas, il perdra Katsuki, pour Izuku, les jeux sont faits. Partout où il ira, il le suivra. Pour toujours et à jamais.
La nouvelle détermination qui laisse une lueur éclatante dans ses beaux yeux émeraudes ne peut que faire plaisir à Katsuki. Sans un mot, ils serrent leur main ensemble et avance, la tête haute. La pénombre les englouti.
***
- Ghnnnn !
Katsuki gesticule et attire l'attention de son professeur. Ce dernier, arrivé à la trente-troisième page, tente désespérément de retenir toutes les inventions loufoques de son élève. Il a été rejoint par Shoto pour finir la vingtaine de page en plus.
L'air haletant, le cendré laisse passer quelques crépitements. Lorsque son professeur place sa main sur le front brûlant de son élève, il l'a retire tout de suite. Son poul semble s'affoler et une petite veine vient gonfler au niveau de sa mâchoire. Il a les sourcils froncés, comme affrontant un mal viscieux.
Au même instant, il reçoit un appel de l'hôpital.
Grogant, il décroche après être cherché un gant humide qu'il a déposé sur le visage souffrant du cendré. Il mets tout de suite de haut-parleur afin de pouvoir finir au plus vite la lecture des feuilles, et par conséquent, agir plus vite.
- Oui, crache-t-il. C'est pas trop le moment, là.
- Mr. Aizawa, c'est ça ? Vous êtes bien le responsable légal d'Izuku Midoriya ?
- Nan, c'est une autre personne qui l'a recueilli. Un certain Alex je-ne-sais-plus-trop-quoi.
- Ah, excusez-nous Monsieur. Pourriez-vous le contacter ? Nous n'avons pas son numéro.
Les gémissements de douleur de Katsuki incite l'enseignant à raccourcir la discussion. Il passe une main fatiguée sur son visage et pose le paquet qu'il avait dans les mains violemment sur la table en bois poncé.
- Allez-y, dites-moi, je transmettrai. Mais faites vite.
- D'accord, heum, comment dire... C'est pas une bonne nouvelle. Le patient Izuku Midoriya a montré des signes de régressement. Son poul est beaucoup trop faible et sa température a considérablement baissé. Il est passé en phase d'hypothermie stade 2 et s'il baisse comme ça, il passera en stade 3.
C'est dans ces moments qu'Aizawa remet tous ses choix de carrière en question. Est-ce qu'il n'aurait pas dû tous les renvoyer à la rentrée ? Ou alors, est-ce qu'il aurait dû ne pas enseigner et se concentrer sur son métier d'héros underground ?
Avec deux blessés sur les bras et aucun moyen de les aider, il ne sait pas comment réagir. Leur symptômes aux antipodes, le mal commun aux deux élèves semblent faire écho d'une manière ou d'une autre.
Le soignant à l'autre bout du fil finit son monologue.
- Il vient de passer au bloc, on fait tout ce qu'on peut pour le maintenir en vie, mais...
- Mais ? S'agace Aizawa.
- Heum,... On ne sait pas s'il passera la semaine.
S'ensuit un blanc. Long. Le médecin ne sait plus comment il doit agir. Aizawa se sent défaillant. Il voit ces deux élèves --qu'il avait soit-dit en passant oubliés-- les larmes aux yeux et la respiration bloquée.
S'il y en a bien un qui n'a pas le droit de mourir, c'est bien lui.
Shoto, son plus proche ami, marmone une excuse et quitte la salle en courant. Le silence règne toujours lorsque les deux êtres apercoivent par la fenêtre un feu ardent provenant de ma forêt. Qu'il se défoule. La douleur en sera un peu plus supportable.
Eijiro, lui, ne sait pas quoi faire de cette douleur. Pensant lourde sur ses épaules, il songe. A quoi ? A la mort.
Au final, c'est quoi, la mort ? Le repos de l'âme ? La fin d'une histoire ? Le début d'une autre ?
De ce qu'il a pu en lire ou voir, la mort, c'est le moment où les sourcils se décrispent, se détendent, comme si les soucis partaient en même temps que l'âme. La tête paraît tout de suite plus légère, le corps semble s'envoler. S'envoler vers ses plaines, cet endroit interdit, mais rêver : le paradis. Ce petit mot qui promet aucune prise de tête, un endroit époustouflant. Un endroit que seul la mort permet de s'y rendre.
Au final, telle décrite, la mort ne fait pas tellement peur. Elle me paraît plus compréhensive que n'importe quel psychologue, plus intelligente que n'importe quel chercheur, plus douce que n'importe quelle caresse, plus enivrante que n'importe quel alcool. Alors pourquoi depuis la plus tendre enfance, les mises en gardes sur la mort volent ?
La mort...
La mort, ça ammène aussi dans les feux de l'Enfer. Pourquoi le feu ? Certe, il brûle, mais le feu est utilisé tous les jours, ne serait-ce que pour cuire les pâtes. Le feu, Eijiro le trouve presque hypnotisant. Le feu, ça a le goût de l'interdit, de l'impossible, du rêve. Pourquoi est-ce, depuis la nuit des temps, considéré comme mal ?
Ce sera une des questions qui ne seront jamais vraiment élucidé.
Pour être honnête, chaque être humain a déjà goûter à la mort. Parce que la mort, en soit, c'est une nuit dont on ne se réveille pas. On reste emprisonné dans cette épaisse couverture de ténèbre. Donc, chaque soir, lorsque ses yeux fixent le plafond d'une chambre bien trop vide, pensant à mille et une chose, ce n'est pas le sommeil qu'il attend : mais bien une mort éphémère.
La mort...
C'est aussi le sang. Le rouge. Celui qui coule par les oreilles et en sort par la cavité bucale. Celui qui bats dans les veines et apporte l'oxygène au cerveau. Celui-là même dont la couleur représente la mort et l'amour. Est-ce deux choses liées ? Est-ce pour ça qu'on dit "à la vie à la mort" ?
La mort, c'est l'envoyé des cieux qui vient récupérer ses envoyés du paradis et de l'Enfer.
La mort, elle multiplie tout au centuple.
Le goût, amertume d'une annonce jamais souhaité. Le goût d'une sécheresse, dont l'humidité s'échappe par ses yeux. Le toucher ; ou plutôt ce qu'il ne sent plus : les papiers s'envolent en tas désorganisées et ne laissent dans ses mains que la masse bien trop lourde d'une mort certaine. Les frissons qui le parcourent aussi des pieds à la tête le ramène vers son ouïe : rien qu'un bourdonnement et la fois étouffée de son professeur principal. Sa vue, aussi ; rien qu'une pénombre, préférant resté les yeux fermés.
Et la mort agit.
La bile lui monte à la bouche, sa gorge s'irrite face aux relents qu'il laisse échapper dans la corbeille la plus proche, le tremblement de ses muscles contractés lui envoient une multitude de décharges et sa vue s'ouvre en aveuglement, victime d'un peine larmoyante. Le sens qui lui fait le plus mal est ses oreilles : le bruit après le silence est beaucoup plus violent. Les gémissements de Katsuki ont pour effet un pieu dans le coeur et la douce voix d'Aizawa demandant des informations en plus au médecin sur Midoriya lui semble criarde. La main de son professeur lui massant le dos en cercle régulier l'aide malgré tout à se reposer.
Il attrape un verre d'eau et s'entreprend à la tâche ardue de finir la lecture des documents.
Ils vont sauvés Izuku.
Il ne sait pas encore pourquoi vivre.
Il ne sait pas que dans la vie, il n'y a pas de but.
Il n'y a que des rêves, qui valent la peine d'être réalisé avant de laisser place au noir.
Alors vit, Izuku, pour savoir quels sont tes rêves.
Ne nous abandonnent pas.
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ENFIN, PUTAIN !!!
J'ai eu 3 raisons :
1 > j'étais en Hollande et pas de Co
2> j'ai découvert une fanfic incroyable que j'ai dévoré, qui m'a fait rire et pleuré
3> @littleblurryfacea sorti une nouvelle histoire (allez voir, c'est le/a meilleur/e auteur/trice de wattpad, je veux rien entendre)
4> PAGE BLANCHE TwT
5> Plannification de ma prochaine histoire
6> Euh... Un peu de procrastination ?
Bref, voili voilou, à plus les bijoux !
Jadou
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