Chapitre 22
De toute sa vie, jamais aucune musique ne lui serait apparue antant irritable. Le seul métronome naturel du goutte à goutte vient orchestré ceux des machines. La ligne plate subit de légère secousse à ce qu'il estime toute les secondes. C'est d'ailleurs par ce moyen qu'il tente de deviner l'heure actuel, accusant d'un oubli de matériel pourtant essentiel.
La musique qu'il s'amuse de battre distraitement de son pied gauche reflète assez bien le paysage. L'hiver finit laisse imaginer les quelques bourgeons qui commencent à voir le jour. Les quelques neiges qu'il put y avoir cet hiver ne laisse comme vestige de son passage qu'un souvenir de jeux enfantins. Et aussi quelques bleus, marques d'impact de boule de neiges lancés un peu trop vigoureusement pour de jeunes adolescents.
Les arbres les plus proches ombragent anarchiquement le sol pavé, ainsi que le seul meuble qui tente d'habiller vainement la salle autrement que par les machines. L'ombre vient finir son tracé sur l'unique fleur d'un vase dont l'eau mériterait d'être changé.
Soupirant, il s'attarde à cette tâche que certains qualifieraient de chronophage, mais qu'il assure essentiel. Cent-quatorze jours, qu'il s'acharne à acheter les plus belles chez la fleuriste en face du lycée.
Il retourne sur son siège, celui-là même dont le dossier lui rentre un peu plus dans les homoplates. Il fait attention d'éviter les nombreux fils qui tiennent en marionnettes son petit ami, aussi pâle que la neige.
De fins cillons violets lui parcourent la peau, faisant prendre à son teint un côté encore plus maladif qu'il ne l'est déjà. Ses tâches de rousseurs sont beaucoup moins moins voyantes, comle si sa pâleur s'était étendu jusqu'à ses attributs physiques.
Il repousse les quelques mêches, plus longues qu'à son arrivé, loin de son front. Comme à chaque fois, sa peau glacée reste de marbre lorqu'il effectue ce geste tendre et délicat, comme on manierait du verre.
Et, comme une sorte de rituel inavoué, vérifiant que personne n'est dans les parages, il embrasse délicatement ses lèvres immobiles, avant de parcourir son corps de la pulpe de ses doigts. Peut-être fait-il ça dans l'espoir de créer un moindre signe de sa présence ?
Pour être honnête, il sait ses marquent vaines, mais se sont là les seules mimiques sur lesquelles il se permet de croire. D'espérer.
Il commence toujours par sa lèvre supérieur, avant de passer tout de suite à celle inférieur. Il les sent encore un peu humides, puisque ses propres lèvres étaient légèrement humectées. Dès lors, lorsqu'il l'a plus tôt embrassé, il lui a donné un peu d'humidité, celle dont il a tant besoin. Ses lèvres gercées sont délaissées pour sa mâchoire. Son doigt retrace cette courbe, qui s'affermit avec sa croissance. Son cou, qu'il n'oublie pas de tracer du bout du doigt, bouge légèrement sur chaque inspiration profonde. Son épaule, tâcheté de quelques rousseurs, relit son bras saillant à son torse, recouvert d'une simple chemise de nuit, uniforme incommodant de l'hôpital. Sa main marquée par les entrainements peut-être un peu trop excessifs tient sans même le savoir, un des fils qui le maintient de vie.
Cette vie qu'il lui aurait été arraché, sans son intervention et son réflexe premier d'appeler les pompiers avant son professeur. Le professionnel a d'ailleurs félicité son sang froid et ses réactions dignent d'un futur grand héros. Soit-disant, la mort cérébral l'aurait atteinte s'il y avait eu une minute de plus. En y réfléchissant, il a souvent bénit sa bonne étoile de la bonne circulation de se soir-là. Les bouchons fréquents auraient eut raison de son amant.
Katsuki sort comme toujours le stic à lèvre qu'il a prit soin de lui acheter plus tôt dans la journée, l'autre étant fini. Il l'applique généreusement, les travaillant comme il le ferait avec personne d'autres. Aujourd'hui, il est venu un peu plus tôt que d'habitude, comme il le fait les débuts de mois. Il sort les petits ciseaux qu'il a soustrait à la vigilance de vigile et commence à lui couper ses ongles beaucoup trop grand. Puis, il passe aux cheveux. Faute de moyens, il n'a pas pu prendre d'autres ciseaux, mais en contre partie, il a bien sûr nettoyer l'ustensile avec le gel foirni et une lingette. Il attrape la première mèche qui l'aveuglerait s'il se réveillait et lui coupe, comme lui a appris sa mère.
Les ciseaux dans le sens des cheveux, petites coupes par petites coupes, les mêches rejoignent le sol. Quelques minutes plus tard, après avoir souffert pour les cheveux à l'arrière de la tête, il souffle de soulagement.
Les cheveux ne lui mangent plus le bord de ses joues, siblimant un peu plus cette rondeur si belle qui appuie cet air enfantin. Il a l'air si frêle, si petit entouré de tout cet attirail... Comme perdu au milieu de ces draps.
Des pas dans le couloir le sort de sa béatitude. Déjà 13h. Il ne lui reste que cinq minutes pour retourner en cour, mais il sait qu'il finira par faire un détour dans ce parc. Son parc. Leur parc.
Un lointain appel, l'extirpant de ses pensées, qui rappelle qu'il a cours. Comme toujours, la bonne âme qui loge dans le petit corps de cette infirmière passe son visage joufflu dans le coin de la porte. Ses sourcils forment toujours un petit pli au milieu du front. Sa mutation, bien que mignonne, la rend bien plus maladroite et, lorsqu'elle se retourne, sa longue queue touffue rencontre le chariot de repas vide. Ce dernier rencontre le sol en un tintement indigne d'un hôpital, comme pour se moquer des lois universelles. Ce bruit aura eu pour seul mérite de stopper les bips sonores qui rongeaient un peu plus la conscience de Katsuki.
Silencieux, il se lève, remet le chariot en place, et toujours sans un bruit, salut l'infirmière d'un simple signe de la main.
Il se dirige, le pas trainant, comme lesté du poids de ce qu'il pense être son erreur, vers son école.
L'âme en peine.
Le coeur un peu plus déchiré.
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Les genoux croisés, Eijiro se tient le dos rigide, le stylo virevoltant autour de ses doigts. Il a vraiment besoin d'occuper cet espace beaucoup trop silencieux. Il croise le regard de Mina. Ils savent que toute la classe doit sans doute penser la même chose. Le regard fuyant, l'âme en peine, Katsuki revient, encore et toujours dans un piteux état. Les yeux un peu rougis par des larmes qu'il a sûrement refusé de laisser couler, les mains crispés sur son sac et ses lèvres serrés pour l'empêcher de cracher à tout le monde sa peine, il l'assoit. Et c'est ça, le problème. Le coeur lourd, il ne veut pas se confier. Et de peu de le faire, il se tait. Et ce silence est beaucoup trop visible pour ne pas parvenir à mesurer sa tristesse.
Il n'est plus que l'ombre de lui-même. C'est à peine s'il dort vraiment, tant les cernes sous ses yeux feront douter. C'est long. Quatre putains de mois qu'il est dans cet état. Quatre putain de mois qu'Izuku est dans un coma inexpliquable.
Selon les spécialistes, la durée n'est pas vraiment déterminable, étant donné que ses constances vitales sont stables. D'après eux, son réveil ne dépend que de lui. Son sommeil digne de la belle au bois dormant est simplement le résultat de son état mental, de son épuisement durant ces deux dernières années. Quelque part, Eijiro pense ce coma nécessaire, comme une passe vers sa guérison ; et avec elle celle de Katsuki.
Il serait temps qu'il sorte de son mutisme, qui lui a vallu un beau zéro pointé lors de son dernier exposé. D'ailleurs, c'est à peine s'il a pu se traîner convenablement jusqu'au bureau du prof pour lui tendre la clef USB. Lorsque Present Mic l'a inséré, il a été choqué, et peut-être un peu blessé, des mots écrits en caractères 72, les seuls de la diapo : "Je refuse de faire un exposé sur la première grande guerre lorsqu'une plus importante se joue dans mon coeur".
C'est toujours sans un mot qu'il s'est laissé engueulé - il n'y a pas d'autres mots - par Present Mic qu'il lui a dit de se reprendre en main. Qu'il ne faut pas qu'il laisse son avenir gâché juste pour un camarade.
Seulement, il est plus qu'un camarade, Izuku.
Ce jour-là, ces lèvres étaient tellement serrés qu'Eijiro en soupsonnerait même l'existence. Mais encore un coup, il est resté silencuex, par peur sûrement de dire des mots qui toucherait là où ça fait mal ; des mots qui pointeraient du doigt l'incapacité des héros dans un moment essentiel.
Alors, il a pris ses affaires, et il est parti. Pour fuir cette soif de vérité qu'il peine à contenir. Pour fuir sa douleur bien trop grande. Pour fuir le trou béant qui enveloppe dans une obscurité total son coeur. Il a sombré, c'est vrai. Il a perdu son soleil, c'est vrai. Il tente de le saver en gardant et en prenant soin des braises, c'est tout aussi vrai.
Mais il a pas vu qu'il y avait autour de lui des petites lumières pour attiser plus vite ce feu, qu'il se démène à tenir dans un froid glacial, symbole de sa solitude. Il aurait pu maintenir une chaleur plus douce, avec ces petites étoiles qui n'attendent qu'à ce qu'il lui tend la main. Seulement, il a vu un petit caillou, sur son chemin.
Il a décidé de le prendre. Il en a réuni plusieurs autres.
Il a formé un mur, pour tenter de garder la chaleur.
Il aurait pu en faire un pont.
Il a pris une mauvaise décision.
Cela dit, les étoiles n'auraient pas du attendre ce geste si dûr à faire, si... honteux pour une âme brisée.
Après tout, se mettre à nu, ce n'est pas facile.
Les petites étoiles, comme Eijiro ou Mina, les plus proches de cette âme brisée, auraient dû juste rester à côté de lui ; ça l'aurait au moins réchauffé.
Parfois, le plus dûr, c'est le premier pas.
Et parfois, juste une présence d'un être cher rend plus facile la tâche éprouvante que l'âme brisée s'est promise d'effectuer.
Il est trop tard, pour s'en rendre compte.
Trop tard pour essayer d'enlever les pierres soudées par les larmes.
Et ça, Eijiro l'apprend en tentant de gratter la pierre avec ses ongles en sang. Il en faudra plus, pour briser ce mur.
Peut-être l'aide des étoiles, qui, trop loin, pense qu'il est déjà trop tard, ou bien que puisque la lumière semble plus puissante là-bas, ils ont dû réussir.
S'ils savaient, ces petits astres égoïstes...
S'ils agissaient...
Le monde serait peut-être un tant sois peu meilleur.
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Et oui, fin du chapitre !
Alors, sympatoche ? Sorry, hein, pour hier... Vous savez, dormir deux heures, c'est pas l'éclate, d'autant plus que j'avais ENFIN trouver un rythme de sommeil convenable...
TwT
Bref, je vais pas vous raconter ma vie !
Et sinon, vous, ça va ? J'aime bien prendre de vos nouvelles.
Tenez, petite question : si vous pouviez avoir n'importe quoi dans le monde, se serait quoi ?
Bref, voili voilou, à plus les bijoux !
Jadou.
PS : J'espère que l'image que j'ai faite de l'état de Katsuki ne vous a pas trop embrouillé, d'autant plus que je l'ai fait en semi-point omniscient/Eijiro... Je savais pas comment dire autrement... Hésitez pas si vous avez des questions !
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