Note de l'auteur : Les parties en gras italique correspondent à des flashbacks :)

La partie de chasse se passait à merveille, bien que Youngjo ne soit pas des plus assidus en allant d'un buisson à un tas d'herbes qui n'en était pas un. Accroupi au côté d'un garde qui avait remarqué son manque d'intérêt pour la pratique, le brun observait un mûrier sous la protection du soldat qui s'assura qu'aucune flèche ne fendait l'air dans sa direction.

Innocent, les obsidiennes du brun pétillaient d'émerveillement devant les dernières baies automnales se trouvant dans les buissons. L'hiver se faisait encore clément, les ressources n'avaient pas été détruites par les premiers gels ce qui lui permettait de remplir sa besace en sautillant d'un buisson à l'autre. Qui ne fondrait pas devant la vision du domestique princier et son air naïf ?

Tel un enfant égaré, le garde voulait protéger ce jeune homme dénué d'arme et de côte de maille et il faisait sa quête à merveille. Tirant sur son bras lorsqu'un des nobles loupa la perdrix qui venait de s'envoler en direction de Youngjo, le brun se retrouva sauvé de justesse par le soldat.

« - M-merci. »

Surpris, le domestique avait bégayé sa réponse à cause de la peur qui l'avait envahi : sans le soldat, il aurait pris la flèche dans l'épaule. Après avoir eu une gentille remontrance lui demandant de faire plus attention, Youngjo repartit à sa cueillette avec plus de crainte faisant qu'il sursautait à chaque décochement de flèche et se paralysait au cri des animaux blessés par le carreau d'une arbalète.

Le cœur au bord des lèvres, le jeune homme avait pourtant été obligé de mettre fin à la vie de nombreux animaux pour ses besoins primaires et ceux de sa famille. A mainte reprise, Youngjo avait achevé un lapin avant de le dépecer et il avait même travaillé dans une petite ferme à un moment de sa vie pour gagner un peu d'argent afin de nourrir ses enfants sous-alimentés.

Vache, cochon, mouton, poule... Il en avait tué des animaux mais, actuellement, il détestait cette partie de chasse. Ces animaux innocents étaient tués par pur plaisir. Ces Hommes faisaient simplement cela pour ressentir cette puissance, cette force de pouvoir juger de la vie ou la mort d'un être vivant : ils étaient comme des dieux dans leur esprit.

Être surpuissant que Youngjo méprisait légèrement, ce dernier était venu pour faire plaisir à son prince. Il était reconnaissant que le noble ne l'ait pas obligé à tirer sur un cerf fuyant ou un sanglier chargeant car le brun aurait été incapable de le faire. Abattre un animal devait avoir une raison noble, celui de se nourrir en cas de besoin et non pour un simple plaisir égoïste.

Son esprit ailleurs, Youngjo était seul à cueillir quelques feuilles de menthe alors que son garde protecteur était parti vers son supérieur qui souhaitait lui parler. Ses doigts arrachant délicatement les feuilles, il eut soudainement un mauvais pressentiment qui l'envahit.

Son ventre se tordit de douleur créant une légère grimace sur son visage alors que sa gorge se nouait. Perdu, il observa ses mains tremblantes attraper une feuille de la plante avec difficulté. La pulpe de ses doigts rentra en contact avec le bout de verdure, la douceur de cette dernière donnait une sensation contradictoire avec l'angoisse l'envahissant.

Soudain, une flèche siffla dans l'air. Sursautant, le domestique recula en arrière tout en arrachant l'ensemble du pied de menthe dans sa stupeur. Son corps entier tremblait, le pressentiment grandissait vivement alors que le son caractéristique du projectile s'enfonçant dans la chaire signalait qu'elle avait atteint sa cible.

Néanmoins, il n'y avait pas de bruit. Aucun cri d'animal souffrant. Pas de gémissement plaintif. Peut-être que l'archer avait échoué ? Peut-être que la pointe d'acier s'était plantée dans un arbre ?

Youngjo n'y croyait pas. Son corps tremblait beaucoup trop d'effroi pour s'être trompé. Son instinct hurlait, lui. Il criait à l'aide, il insinuait à Youngjo de fuir mais la seule chose qui l'éveilla fut un objet tombant devant lui : un arc.

L'arme fit un bruit étonnamment fort dans les bois et ceci fit prendre conscience au domestique qu'un silence de mort planait. Lentement ses iris quittèrent l'arc pour remonter vers les nobles l'entourant et le fixant avec effroi. Pourquoi le regardait-on ainsi ?

Tremblant, son regard tenta de trouver la cible abattue par la flèche. Le pauvre animal devait gésir quelques mètres plus loin, en quelques secondes il verrait son corps encore chaud. Cependant, en posant ses yeux sur la proie, la silhouette de l'animal n'était pas celle attendue...

Accroupi dans l'herbe, son cœur explosant dans sa poitrine en mille morceaux, Youngjo était figé sur place en ne sachant pas quoi faire. Son pressentiment devint réalité, l'assaillant si fort qu'il eut la nausée.

« - Y-Young-jo... »

Scène miroir, Youngjo était un amant pétrifié de voir celui qu'il aimait héler son prénom en gisant dans une mare de sang lui appartenant. Hélas, personne ne connaissait la relation des deux hommes et sa réaction paraissait des plus étranges pour moults d'entre eux qui virent dans les iris craintifs du brun de la culpabilité mais surtout des regrets.

Devenant le parfait coupable, des soldats se dirigèrent vers Youngjo qui tremblaient dans l'herbe. Le garde qui avait protégé le brun tout le long voulut intervenir mais son impuissance le paralysa : son opinion n'était rien contre la décision de son supérieur hiérarchique.

« - Mon prince, ne bougez pas ! »

Témoin de l'arrestation de son petit-ami, Hwanwoong tenta de se redresser mais un hurlement déchirant quitta sa gorge. La flèche plantée sous sa clavicule gauche était enfoncée profondément et elle était dangereusement proche de l'aorte du prince.

Immobilisé, Hwanwoong perdait lentement connaissance alors que le médecin lui disait de rester avec lui. Cependant, tout ce qu'il voyait était le fait qu'on éloignait Youngjo de lui, tiré par deux gardes qui le dirigeait vers une des prisons royales.

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« - Youngjo est innocent ! »

Dans sa chambre en convalescence, le prince était furibond ce qui rendait la tâche pénible au médecin venu changer son pansement.

« - Mon prince, tenez-vous tranquille je vous prie. »

Cependant, le blond n'en faisait qu'à sa tête et il ignora la douleur lancinante allant de son épaule à son bras. Avec un tel comportement, il allait avoir une ignoble cicatrice puisqu'il ne faisait pas attention à sa plaie qui ne cessait de se rouvrir encore et encore obligeant les médecins à venir le voir plusieurs fois par jour.

Les hommes de science essayaient de lui faire prendre conscience qu'il ne devait pas bouger son bras mais le regard que Hwanwoong leur lançait les faisait taire dans la seconde. Ses perles étaient devenues grises de haine et leur éclat faisait reculer toutes personnes venant le servir : il ne voulait que Youngjo.

« - Laissez-le sortir de prison et arrêtez le vrai coupable ! »

Deux jours. Cela faisait deux jours qu'un bandit se baladait librement dans les rues alors qu'un innocent croupissait en prison.

« - C'est inadmissible ! »

Hwanwoong n'en pouvait plus de ce manque d'action, de cette inclairvoyance : le prince réclamait justice. Tâtant à sa droite, ses doigts attrapèrent un bol en céramique qu'il envoya traverser la pièce pour montrer son mécontentement et le contenant explosa à quelques mètres du roi qui soupira lourdement assis sur une chaise.

« - Laissez-nous docteur. »

Les paroles du souverain ne tombèrent pas dans l'oreille d'un sourd puisque le médecin se courba maladroitement avant de laisser son patient récalcitrant avec un pansement à demi-fait. De toute façon, Hwanwoong allait sûrement refaire sauter ses points de sutures dans la journée car le prince aurait pris les armes afin de « tuer le connard qui a essayé d'envoyer son domestique innocent en prison ».

« - Vas-tu cesser tes enfantillages ? »

Le roi soupira ses mots en jetant un regard lassé sur le bol explosé au sol. Puis, il alla reposer ses iris sur son enfant qui bouillonnait dans ses draps.

« - Mes enfantillages ? Un criminel se balade librement dans les rues et je fais des enfantillages ?

- Hwanwoong.

- Non, je refuse de vous laisser avoir le dernier mot sur cela. La situation est bien trop grave pour que je laisse cela couler ! »

Malgré sa plaie, le prince avait lancé une enquête dès l'instant où il s'était réveillé de son malaise. Une véritable obsession avait envahi son esprit au moment où ses paupières s'étaient ouvertes et que son corps s'était redressé : il devait retrouver le traître.

« - Youngjo est innocent, je le clame haut et fort. »

Les preuves démontraient que son domestique n'avait rien fait. L'arme du crime, l'arc tombé au pied de Youngjo, n'était pas n'importe quel équipement. Le bois des branches et de la poignée venait d'un arbre rare et exotique que peu peuvent se procurer. Et la corde, elle, était tout aussi originale laissant penser qu'un tel arc n'appartenait pas au domestique. De plus, tout le monde avait remarqué que Youngjo n'était pas armé depuis le début de la partie de chasse.

« - Je refuse qu'un innocent croupisse en prison alors que le véritable criminel est libre comme l'air. »

Soupirant, le roi marcha en direction de la fenêtre menant au balcon et il se mit à détailler l'envol des derniers oiseaux migrateurs. L'hiver était parfaitement installé, les arbres avaient perdu leur feuillage et les fleurs n'étaient plus qu'un lointain souvenir estival.

Il n'aimait pas cette situation, le souverain ne supportait pas l'idée qu'un assassin ait essayé de prendre la vie de son unique héritier. Si Hwanwoong venait à disparaître, l'avenir du royaume était corrompu. De ce fait, le roi devait faire payer le traître et l'utiliser comme exemple pour que jamais une telle situation ne puisse se reproduire.

« - Penses-tu réellement que Keonhee aurait pu te tuer ?

- Il fait partie des quatre suspects que je vous ai transmis. Mon cousin est totalement apte à s'acheter une telle arme en plus d'haïr la royauté actuelle.

- Et d'être le successeur au trône si tu viens à mourir. »

Grognement audible, le roi passa une main dans ses cheveux en maudissant son frère d'avoir donné naissance à un enfant comme Keonhee. Enfin, était-ce étonnant que la descendance de son frère soit ainsi ? Il avait toujours été jaloux, envieux que son aîné soit le futur roi du Royaume et cela avait empiré à la naissance de Hwanwoong quand il avait appris que jamais il ne porterait la couronne.

« - Keonhee arrivera demain avec les autres.

- Je veux faire partie de l'interrogatoire des suspects.

- Non, je refuse. »

Malgré la détermination brûlante de son fils, le roi déclina sa proposition et il grinça des dents en voyant que son enfant s'agitait et qu'un nouveau point de suture sauta laissant apparaître une belle tâche rouge sur son pansement à demi-fait.

« - Repose-toi, Hwanwoong.

- Un roi ne se repose pas en situation de crise. »

Surpris, le souverain détailla l'expression strict et noble de son garçon qui citait l'étiquette avec un timbre parfait. A cet instant précis, éclairé par les rayons du soleil dans son lit, Hwanwoong ressemblait à un Roi.

Ses mèches blond polaires tombaient élégamment de part et d'autre de son visage alors que son regard perle grisé pétillait de noblesse et de puissance : Hwanwoong serait un excellent roi, son père en était certain. Toutefois, jamais il ne lui aurait dit. Pourquoi ? Parce que c'était ainsi.

« - Un roi ne doit jamais montrer sa faiblesse à son ennemi. La situation te touche trop et tu perds beaucoup trop vite ton sang-froid. C'est hors de question que tu y ailles. »

Un roi se doit d'être fort et sans failles. Montrer de l'attention à son enfant, dévoiler sa fierté, tout ceci était vu comme un signe de faiblesse par le souverain qui se montrait uniquement froid et strict. Les émotions étaient des sentiments parasites empêchant la clairvoyance et en être dénué était un signe de puissance.

« - Donc je dois attendre patiemment dans ma chambre en sachant que le criminel se trouve dans le palais alors que Youngjo croupit dans une prison ? C'est réellement cela que vous me dites de faire ?

- Youngjo ne croupit pas en prison.

- Pardon ? »

La surprise avait secoué Hwanwoong qui fit sauter un nouveau point de sa blessure le faisant couiner en portant sa paume à son épaule ensanglantée. La douleur le lançant, cette dernière calma brusquement son ardeur alors qu'il retint ses larmes douloureuses au moment où son père tira sur une chaise pour s'asseoir à son chevet.

« - Youngjo est caché dans un chalet en montagne avec ses enfants.

- Vraiment ? »

Le roi hocha de la tête avant de se racler la gorge pour continuer ses explications sous le regard empli d'espoir de son enfant, perturbé par la nouvelle.

« - Tout comme tu l'as expliqué, l'ensemble des preuves prouvent l'innocence de Youngjo et un garde est venu de lui-même plaider l'innocence de ton domestique. Puis tu es venu avec tes arguments ce qui a simplement confirmé ma pensée.

- Donc il n'est pas en prison. »

Frottant son menton avec sa main gauche, le roi chercha ses mots avant de continuer ses explications.

« - Il est resté en prison une journée avant d'être transféré à la nuit tombée, pour être plus discret. Ses enfants y ont été amenés le lendemain de son arrivée dans le chalet. »

Le soulagement s'empara du prince qui soupira lourdement en se laissant tomber plus confortablement dans son lit : Youngjo était libre.

« - Le transfert s'est fait dans la plus grande discrétion, seul moi, le chef de la garde et toi-même êtes au courant de la situation.

- Vous voulez faire penser au traître qu'il est sorti d'affaire ?

- C'est lorsqu'on se pense en sécurité qu'on fait le plus d'erreurs. »

La stratégie était correcte, il était plus simple d'arracher des réponses d'une personne se pensant innocente que de quelqu'un sur ses gardes. Toutefois, Hwanwoong n'aimait pas que son amant soit obligé de porter le chapeau. Sa famille était au centre de rumeurs insinuant que le père avait voulu tuer le prince et que les enfants avaient fini à l'orphelinat... Serrant les dents et les poings, le prince prit sur lui, même s'il demanda une requête à son père.

« - Assurez-vous que Youngjo et sa famille ne manquent de rien. Nous les avons déjà fait souffrir en gérant mal les rumeurs circulant au palais, je refuse qu'ils subissent davantage par notre faute. »

Le roi accepta la proposition si son fils se tenait tranquille et ce dernier promit qu'il allait se reposer. Satisfait, le souverain quitta la chambre tout en arrêtant un domestique pour que le médecin puisse finir de s'occuper de la plaie de Hwanwoong.

Le docteur était passé, surpris de voir le prince beaucoup plus docile que précédemment et il fallut quelques minutes pour refermer la plaie et la panser avant d'administrer un anti-douleur au blond qui ferma les paupières, épuisé.

Des milliers de questions tournoyaient dans son esprit et il en avait assez. Pourquoi tout ceci se passait ? Aucun acte de trahison n'avait touché la famille royale depuis des siècles alors pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Pourquoi était-ce lorsqu'il était enfin heureux avec l'homme qu'il aimait ?

La séparation avec Youngjo était plus douloureuse que sa plaie à l'épaule. La fissure dans son cœur ne cessait de s'agrandir, s'approfondir et il bouillonnait en sachant que le fautif leur riait au nez en se baladant innocemment comme s'il n'avait rien fait.

Voleur de leur temps si précieux, Hwanwoong porta son bras intact devant ses yeux alors qu'il se mordait les lèvres avec hargne. Ne disait-on pas que l'amour était le plus puissant des sentiments ? Mais, que se passait-il lorsqu'on touchait à ce dernier ? Qu'on attaquait directement cette chose si intense, si hors de contrôle ?

« - Je vais te buter, connard. »

De la beauté de l'amour naquit les ténèbres, la haine. Jamais Hwanwoong ne pourrait pardonner cette personne qui avait tenté de lui ôter la vie tout en faisant porter le chapeau à son amant. Cet acte était le plus ignoble et celui qui l'avait orchestré mériterait la pire des morts : la plus lente et la plus douloureuse.

Ses perles brillèrent dangereusement, leurs blancheurs se ternirent davantage et il eut un sourire mauvais sur le visage en pensant aux quatre noms inscrits sur la liste des suspects possibles.

« - Tu vas le payer. »

~°~°~°~°~°~°~

Dans la cour du palais, des carrosses arrivaient avec leurs chevaux éreintés par le long trajet jusqu'au palais royal. Minutieusement, les domestiques accueillirent les quatre invités tout en les guidant jusqu'à leur quartier tout en prenant leurs bagages.

« - Un garde vous est dédié.

- Le palais n'est point sûr ?

- Non mais cela est une question de sécurité depuis l'attaque du prince. »

Les invités acquiescèrent et ils eurent la consigne de ne pas quitter leur appartement sans l'accompagnement de leur garde. Soupirant, chaque homme tomba sur son matelas dans un soupir lassé et ils se mirent à détailler le plafond en sachant qu'ils ne savaient combien de temps il resterait ici. La missive du roi n'avait pas annoncé de durée et tous les quatre se doutaient que cette convocation était liée à l'attaque du prince.

« - Les quatre sont arrivés mon roi. »

Sur son trône, le souverain hocha de la tête en demandant quelques approfondissements sur l'état d'esprit des suspects.

« - Tous sont calmes à l'exception de Lee Keonhee.

- Comment est-il ?

- Hm... Insolent. »

Les yeux roulant dans leurs orbites, le roi reconnut le caractère de son frère et Keonhee semblait en avoir hérité, à son grand désespoir. Toutefois, cette instabilité mentale pouvait être à leur avantage sachant que le garçon était le suspect numéro 1.

« - Interrogez-le en premier.

- Bien, mon roi. »

Les interrogatoires commencèrent le lendemain en milieu de matinée sous la direction du chef de l'armée. Dans son uniforme gradé, l'homme avait une expression stricte et froide qui ne déstabilisa aucunement le premier suspect qui s'installa avec nonchalance sur sa chaise tout en regardant l'homme de manière hautaine : le soldat n'était qu'un moins que rien à ses yeux.

« - Le palais est toujours aussi moche depuis ma dernière visite. Vous devriez dire au roi de le moderniser un peu, cela n'est pas à la hauteur de Falyal. »

Keonhee ne cacha aucunement son aigreur pour la famille royale, bien au contraire, il l'affichait sans gêne en grimaçant face à la décoration qu'il jugeait comme arriérée.

« - Nous ne sommes pas ici pour parler aménagement, monsieur Keonhee.

- C'est seigneur Keonhee. Je vous prie de m'appeler dans mon grade respectif, je ne suis pas une simple personne dans ce royaume. »

Le menton levé, ses iris cristal brillants de supériorité : Keonhee avait cette aura royale rappelant qu'il était le cousin de Hwanwoong. Ses mèches argentées encadraient son visage à la perfection et il claqua de la langue en prononçant la suite de son discours.

« - N'oubliez pas que si le prince ne prend pas le trône, c'est moi qui en hérite. »

Se penchant en avant avec un air menaçant, le noble siffla entre ses dents des menaces qui firent rire jaune le gradé.

« - Faites attention à votre tête, cela serait dommage que vous soyez sur la liste des personnes que j'expulserais de Falyal une fois que j'en serai le roi. »

- Vous avez bien changé depuis la dispute entre le roi et votre père, seigneur Keonhee. »

L'interrogateur insista fortement sur le « seigneur » tout en ayant un sourire hypocrite qui fit serrer les dents du garçon : il avait touché une corde sensible. Le chef des armées connaissait très bien le garçon, il l'avait vu par le passé jouer avec Hwanwoong avant que les disputes d'adultes ne finissent par séparer les deux enfants.

« - Votre animosité envers la famille royale pourrait vous porter préjudice. Vous devriez essayer de la camoufler un minimum.

- Qui êtes-vous pour me prodiguer des conseils ? Je n'ai aucun ordre à recevoir d'une personne de votre rang.

- Il est loin le petit Keonhee respectueux que le prince côtoyait.

- Le respect se mérite et je ne pense pas que vous et les personnes présentes dans ce palais n'en mérite une once. »

La haine scintillait dans les cristaux de l'interrogé qui enfonçait ses ongles de sa paume tout en maudissant intérieurement les occupants du château : il les haïssait tous, sans exception.

Si seulement son père et le roi ne s'étaient pas disputés, peut-être qu'il aurait continué de bien s'entendre avec Hwanwoong et jouer avec lui. Lorsqu'ils étaient enfants, ils passaient leurs journées à courir dans le château, s'entraîner à l'épée ensemble et rejoindre les jupons de leurs mères lorsqu'ils avaient fait une grosse bêtise.

Hélas, tout avait changé après ce conflit entre frères. Tout avait été brisé, les liens familiaux furent coupés et la famille de Keonhee était partie habiter dans un manoir loin du palais. Depuis ce jour, les deux branches familiales se haïssaient jusqu'à ce que le père de Keonhee vienne à réfuter le nom Yeo pour celui de Lee.

« - Où étiez-vous lorsque le prince a été blessé lors de la partie de chasse ? »

Quittant son esprit et ses souvenirs, Keonhee redressa son regard dans celui du gradé, sérieux, et il ne put s'empêcher de sourire narquoisement en voyant parfaitement la direction de l'interrogatoire.

« - Au première loge pour voir cet incapable tomber pathétiquement sur le sol.

- Serait-ce vous qui aurez tiré sur le prince ? »

Un rire sombre quitta les lèvres de Keonhee qui s'attendait à cette question : prévisible. Lentement, il prit appuie sur la table avec ses coudes avant de croiser ses doigts et de déposer son menton dessus.

« - Je souhaite la mort du prince mais je ne salirais pas mes mains puisque Hwanwoong se détruira tout seul.

- Vous auriez pu payer quelqu'un pour le tuer ? Son domestique, par exemple. »

Rire bruyant et sarcastique, le garçon au regard cristal se foutait ouvertement du soldat qui était légèrement déstabilisé mais il ne laissait rien apercevoir.

« - Vous pensez vraiment que c'est son domestique qui a tiré ? »

Keonhee montrait clairement qu'il ne croyait pas en cette théorie, son regard pétillait de malice et son sourire supérieur fit mordre la lèvre du soldat qui détestait le garçon : il était insupportable.

« - Ce garçon, Youngjo si je ne m'abuse, n'arrêtait pas de cueillir des fleurs et il se mettait à trembler à la moindre gerbe de sang. Vous pensez vraiment que c'est cet homme qui a pu tuer le prince ? Haha ! Bande d'incompétents. »

Son rire était glacial et le garçon se pencha un peu plus sur la table faisant reculer le gradé face à l'éclat malsain dans les iris du noble. Keonhee lécha ses lèvres, sourit de toutes ses dents avant de roucouler quelques mots :

« - Vous pensez que c'est moi le coupable n'est-ce pas ? Après tout, l'arc devant le domestique aurait pu m'appartenir... »

L'air devint électrique dans la pièce, une tension s'installa et les hommes se détaillèrent avec insistance pour détailler une once de vérité, de réponse dans les prunelles de l'autre. Il s'agissait d'un véritable combat mental que les deux menaient.

« - J'ai tout du coupable. Je veux la mort du prince pour prendre sa place sur le trône mais... »

Repartant s'asseoir sur sa chaise, le sourire malicieux de Keonhee ne quitta pas ses lèvres alors qu'il prononça ses dernières paroles :

« - Hwanwoong chutera seul vers sa destitution. »

~°~°~°~°~°~°~

Attendant patiemment les derniers participants pour la chasse, Keonhee était sous un arbre et profitait de la brise du vent tout en écoutant le piaillement des oiseaux afin de se calmer. La tête tournant à mille à l'heure, ses sens se brouillaient sous l'appréhension de la journée et il n'arrêtait pas de jouer avec sa broche représentant un chardon, blason de sa famille.

« - Bonjour, Keonhee. »

L'interpellé battit des paupières et serra les dents en reconnaissant la voix de celui l'ayant salué. Ses iris cristal tombèrent dans les perles froides du prince. Le voir faussement poli et gentil énervait tant le plus grand : Hwanwoong l'écœurait.

« - Prince Hwanwoong. Je suis surpris que vous m'adressiez un mot.

- Cela s'appelle le respect que de saluer ses pairs.

- Rien ne nous assemble. Bien au contraire, tout nous différencie à commencer par nos tailles. Vous n'avez pas grandi depuis notre enfance. »

Grinçant des dents, Hwanwoong s'attendait aux pics aigres de son cousin qui n'en loupait pas une pour le rabaisser. Leur amitié d'antan avait disparu, réduite en cendres que le prince avait éparpillé mais que Keonhee, lui, ravivait malsainement.

« - Puis, pour un prince, vous manquez cruellement de charisme. Je ne vous ai même pas senti m'approcher, votre aura est bien faible comparée à la mienne.

- C'est sûr qu'on ne loupe pas votre connerie. »

Les cristaux s'assombrirent, un sourire mauvais apparut sur le visage du plus grand qui s'approcha du prince pour le dominer de toute sa hauteur mais Hwanwoong restait impassible. Les mains dans les poches, la tête levée avec un regard blasé, il fut toutefois piqué à vif par les mots de son cousin.

« - Falyal devrait prendre exemple sur Kodai et éliminer les déviants. Ils pullulent partout dans le royaume, même dans les rangs nobles. »

Bingo. La lassitude du prince avait été brusquement remplacée par une flamme haineuse qui ravivait un plaisir monstre à Keonhee : il adorait énerver le prince et le pousser à bout.

« - Heureusement que je suis là pour prendre votre relève vu que votre mère est devenue stérile après avoir mis au monde un raté. »

Les poings serrés, Hwanwoong semblait sur le point de frapper son cousin mais une petite tête brune apparut soudainement. Portant un sac de plantes médicinales, il interpella le prince avant de remarquer qu'il était accompagné.

« - Mon prince ! Je- Oh... Vous n'êtes pas seul.

- Maintenant, si. »

Sans crier garde, le blond avait pris le bras du nouveau venu pour s'éloigner de son cousin qui se mit à ricaner. Puis, alors qu'il était encore à quelques mètres de lui, Keonhee cria que le prince n'était qu'un lâche, ce qui fit serrer plus fort les dents de Hwanwoong tout en inquiétant le brun qui ne comprenait pas la situation.

« - Ne penses pas à t'en sortir indemne, Hwanwoong. Un jour, j'aurais ta place. »

~°~°~°~°~°~°~

Les interrogatoires continuèrent après que le gradé ait pris une petite pause pour retrouver son sang-froid à la suite du passage de Keonhee. Ce dernier lui avait donné bien du fil à retordre avec son caractère de gamin pourri gâté.

« - J'aurais bien voulu le remettre à sa place ce sale gosse. »

Terminant son rapport sur le premier suspect, il demanda à un collègue d'aller chercher le second qui n'était pas inconnu du gradé puisqu'il avait déjà fait partie des participants des sessions de chasse du prince.

« - Bonjour, duc Seoho. Prenez place.

- Je vous remercie. »

Timide, c'était une caractéristique qui ressortait chez le noble qui ne cessait d'observer la pièce avec un regard stressé et perdu.

« - Désolé de vous garder au palais, nous faisons des interrogatoires pour récolter des informations sur le comportement de l'homme ayant tenté de s'en prendre à la vie de notre prince.

- Oh ! J-je vois. Je n'ai pas vu grand-chose, je ne sais pas si je pourrais aider.

- Ne vous en faites pas, je suis certain que vous serez d'une grande aide. Avant tout, je dois vérifier quelques informations sur votre identité.

- D'a... D'accord. »

Le duc Seoho était une personne très introvertie, peu l'approchait car il ne cessait de fuir lorsqu'on faisait un pas dans sa direction. Beaucoup se demandaient comment il pouvait être noble face à son attitude inadaptée à sa classe sociale : il faisait honte à sa famille.

« - Votre famille possède de nombreuses terres, n'est-ce pas ?

- O-oui... Ma famille est assez puissante grâce au terrain que nous possédons. Énormément de forêt sont notre, nous avons donc un monopole sur la chasse à Falyal.

- Votre père est le meilleur archer du pays, si je ne me trompe pas ?

- Ce... C'est exact. Comme son père avant et son grand-père, enfin c'est un héritage que l'on se transmet. »

Une ombre traversa le visage du duc qui se recroquevilla sur lui quelques secondes avant de tenter de se détendre. Hélas, ses mains moites qui frottaient sur son pantalon le trahissaient et sa respiration emballée n'aidait point à camoufler son angoisse. Était-ce parce qu'il était décontenancé devant le chef de l'armée de Falyal ? Ou ne cachait-il pas un secret plus sombre ?

« - Pourtant, le meilleur archer de votre génération est le prince. Pourquoi n'est-ce pas vous ? »

Figé, Seoho ouvrit la bouche avant de la refermer subitement. Ses prunelles tremblèrent dévoilant une facette plus sombre derrière celles frêles et timides que le garçon revêtait constamment.

« - Je... Je n'ai pas hérité du talent de mes ancêtres. »

Faille discernée, le chef de l'armée savait qu'il devait la creuser pour découvrir le véritable visage de Lee Seoho et, peut-être, tomber sur celui d'un assassin.

« - N'êtes-vous pas jaloux que le prince soit vu comme un meilleur archer que vous ?

- C-comment ça ?

- Les rumeurs ne cessent de parler du talent inné du prince pour tirer à l'arc, le premier de sa lignée à être aussi talentueux. Et vous qui appartenez à une descendance d'archer légendaire, vous n'êtes rien comparé au prince. N'est-ce pas grisant ?

- Je... Je ne me préoccupe pas des rumeurs. »

Voyant le trouble s'installer en Seoho, l'homme savait qu'il devait continuer et le pousser à bout pour avoir ses aveux.

« - Vraiment ? Pourtant, vous vous êtes déjà battu avec un homme de la cour après qu'il vous ait insulté sur votre manque de talent en tir à l'arc.

- Ce... C'était lui qui avait commencé à venir aux mains, je n'ai fait que me défendre.

- Et défiguré à vie cet homme. »

L'ombre sur le visage de Seoho grandissait, avalant lentement cette timidité de façade. Le duc n'était pas la personne qu'il laissait paraître : il était bien plus sanguin intérieurement. Seoho était le parfait opposé de Keonhee. Lui cachait ses intentions derrière un masque d'innocence que beaucoup pensait authentique mais cela n'était qu'apparence.

« - C'était un accident.

- Un accès de rage d'après les médecins et pas le premier. »

Seoho grinça des dents, ses poings se serrèrent sur son pantalon et son éclat innocent devint bien terne maintenant qu'il était percé à jour.

« - Où voulez-vous en venir ?

- Avez-vous une haine du prince ?

- Parce qu'il est meilleur archer que moi ? Je n'en ai rien à faire.

- Pourtant, ceci vous vaut de nombreuses railleries. Ne serait-ce pas tentant de les faire taire ? »

Seoho fronça des sourcils avant de grogner.

« - Vous pensez que j'ai tenté de tuer le prince à cause de ces stupides rumeurs ?

- Nous n'écartons pas la possibilité.

- C'est stupide ! Tuer le futur roi pour une simple question d'égo. Je ne suis pas suicidaire.

- Mais si cela était un de ces accès de colère que vous ne contrôlez pas ? Apparemment, le prince vous aurez fait une remarque peu agréable durant la chasse.

- Êtes-vous en train de me traiter de fou ? »

La noirceur avait envahi le visage de Seoho ne laissant plus aucune place à l'innocence sur son faciès fermé. Son cœur accélérait dans sa poitrine, son esprit s'embrouillait sous le flot de colère qui l'envahissait et il savait que cela n'allait pas l'aider à plaider son innocence.

« - Le diagnostic des médecins est sans appel.

- Ce sont des incompétents. Je ne suis pas fou ! »

Voyant que Seoho était totalement à sa merci, apte à balancer bien des paroles, le chef de l'armée en profita pour tenter de savoir si c'était lui le coupable.

« - Est-ce le piètre archer que vous êtes qui aurait réussi à tirer sur le prince ?

- Vous pensez vraiment que je l'aurais fait. C'est vous qui êtes fou, pas moi ! Jamais je ne tirerais sur le prince même après les horreurs qu'il m'a lancé. »

~°~°~°~°~°~°~

Sa cible en vue, le jeune homme brandit son arc tout en plaçant maladroitement sa flèche dans l'encoche prévue à cet effet. Son œil gauche se fermant, Seoho prit une grande inspiration en fixant la petite caille marchant à quelques mètres de lui.

L'oiseau n'était pas des plus gros mais son plumage était ravissant faisant d'elle un très beau trophée de chasse que Seoho pourrait ramener fièrement chez lui afin de prouver qu'il n'était pas un raté. L'air bloqué dans les poumons, ses doigts tremblaient sur la corde alors qu'il s'apprêtait à la relâcher à l'instant où il expirait.

La caille fit un pas en avant, il n'en manquait que deux avant qu'elle ne soit dans l'axe de la flèche. Puis, le premier filet d'air fit frémir ses narines alors que sa main s'ouvrit libérant la tension et envoyant le projectile en avant. Toutefois, Seoho n'avait pas remarqué que quelqu'un arrivait et, par chance, l'homme se stoppa avant que la flèche ne finisse planter dans son crâne.

« - Tu ne peux pas faire attention ! »

Énervé, la voix de Hwanwoong s'éleva dans l'air tandis que Seoho se courbait en de nombreuses excuses qui ne semblaient pas suffisantes pour le prince.

« - En plus, tu as loupé ta pitoyable caille. Un échec jusqu'au bout. »

Pinçant ses lèvres, le duc prit sur lui pour ne pas pleurer devant le prince furibond qui l'observait avec beaucoup de colère. Certes, il avait manqué de se prendre une flèche mais était-ce une raison pour être aussi méchant ?

« - Que vous faut-il de plus que mes excuses ? Je ne vous ai pas vu, cela arrive à tout le monde.

- Cela n'arrive qu'à toi. Tu es un danger à chaque partie de chasse Seoho, en plus d'être inutile car tu ne tues aucune proie. »

Les perles tombèrent froidement dans les pupilles du duc qui se pétrifia sur place. Toutefois, un sentiment de colère grandissante monta en lui assombrissant son visage si doux et timide : il en avait marre d'être traité ainsi.

« - Alors cessez donc de m'inviter. Ah non, c'est vrai. Vous avez besoin de ma famille pour chasser car nous sommes les propriétaires de ces terres.

- Parce que tu penses que ta famille est la seule à posséder des terres de chasse ? Pour qui te prends-tu, Seoho ? Vous n'êtes rien dans ce royaume. »

La tension monta entre les deux hommes qui s'envoyaient des éclairs au travers leur regard et Seoho se mit à rire jaune en sifflant entre ses dents des paroles qu'il allait regretter lorsque la nuit tomberait.

« - De nous deux, je pense que celui qui n'est rien c'est bien vous et votre homosexualité mon prince. Inapte à avoir une descendance, vous allez tuer le royaume en étant un déviant. »

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Le gradé soupira, les deux premiers interrogatoires avaient été très différents mais tout de même éreintant. Prenant sa pause du midi, il espéra pouvoir finir les deux restants dans l'après-midi et, en voyant le prochain suspect, le chef de l'armée se demanda pourquoi on l'avait accusé.

« - Bonjour, monsieur. »

Poliment, un jeune homme à la longue chevelure noire entra dans la pièce avec un doux sourire sur le visage. Son Dongju était un jeune marquis de 21 ans qui venait de se marier malgré son âge. Possédant un physique androgyne ayant amené beaucoup de rumeurs sur son orientation, laissant penser qu'il était un déviant de la société, son union avait fait taire les langues de vipères.

« - Comment se porte le prince ?

- Bien, ne vous en faites pas. Sire Hwanwoong se repose sous la surveillance des médecins.

- Cela me rassure après l'avoir vu tant souffrir lors de la partie de chasse.

- Où étiez-vous lorsque tout ceci est arrivé ? »

Dongju positionna une mèche derrière son oreille avant de réfléchir à la question.

« - J'étais proche, à quelques pas à droite du domestique accusé. Vous pensez réellement que c'est lui qui a fait cela ? Il semblait si gentil et innocent... Je n'ai cessé de le voir cueillir des baies ici et là pendant la partie de chasse. Puis, je suis certain de ne pas l'avoir vu avec un arc... »

La chef de l'armée prit en note toutes les informations récoltées pour essayer de déceler la vérité dans cette affaire.

« - Nous continuons l'enquête même si les évidences pointent vers le domestique. Mais nous récoltons des témoignages pour étoffer l'enquête.

- Je vois. En quoi puis-je aider ? »

Calmement, le gradé sortit l'arme du crime pour la déposer devant Dongju qui l'observa avec attention.

« - Reconnaissez-vous cette arme ?

- Je me rappelle l'avoir vu dans les mains de quelqu'un lors de la partie de chasse.

- Vraiment ? Qui est-ce ?

- Je... »

Les sourcils du marquis se froncèrent alors qu'il caressa du bout des doigts l'arme. Le bois était splendide, gravé de jolies fleurs de chardon tandis que la corde était d'une teinte violine splendide.

« - Je suis désolée... Ma mémoire me fait défaut, je me rappelle juste qu'il était grand et brun.

- Cela est déjà intéressant à savoir. Vous souvenez-vous d'autres choses ?

- Pas vraiment, je... J'étais assez choqué par ce qui s'est passé que mes souvenirs sont assez troublés. »

Dongju n'était pas le seul, plusieurs nobles présents avaient été bouleversés par l'attaque du prince. Après des siècles de paix, être témoin de cet acte de haute trahison avait secoué plusieurs personnes en faisant naître une crainte de révolution.

« - Votre épouse devait être inquiète à votre retour.

- Je... Elle l'était oui, haha. Quelle épouse ne serait pas inquiète de retrouver son époux en état de choc après une partie de chasse ? »

Légèrement gêné, le marquis frotta ses bras et il souleva malencontreusement sa manche dévoilant des hématomes qui firent froncer les sourcils du chef de l'armée.

« - Vous vous êtes fait mal ? »

Dongju eut un petit mouvement de recul avant de baisser les yeux vers son bras et le camoufler de gêne.

« - Oh... Ce... Ce n'est rien, juste une chute stupide dans l'escalier.

- Faites attention à vous, Marquis Dongju. »

Le concerné ricana faussement en disant qu'il était juste d'une nature très maladroite mais l'homme ne le croyait pas réellement, il avait plus l'impression que le problème était tout autre.

« - Votre épouse est plus âgée que vous si je ne m'abuse ?

- Oui, elle a 31 ans.

- N'est-ce pas beaucoup 10 ans de différence ? Surtout, votre union a été effectuée le jour même de votre vingtième anniversaire, âge où l'on autorise les unions à Falyal.

- N-nos familles s'apprécient beaucoup. Il était t-tout naturel qu'on s'unisse. »

Tout portait à croire que le jeune marquis avait subi un mariage arrangé et que ce dernier ne se portait pas à merveille. Le regard fuyant, l'angoisse visible sur son visage, le gradé ne poussa pas plus loin son interrogatoire puisque les souvenirs de Dongju étaient inexacts face au choc de la scène. Il le remercia alors pour son temps et l'invita à rejoindre sa chambre pour se reposer un peu car le garçon semblait en avoir besoin.

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La flèche siffla dans l'air avant de se planter dans la gorge d'un canard sauvage survolant la zone de chasse. L'animal, égorgé, tomba raide mort sur le sol puis il s'effondra aux pieds du prince qui félicita le talentueux chasseur.

« - C-ce n'est rien, mon prince. Ce canard n'est même pas très intéressant.

- Mais le tuer en plein vol requiert une technique remarquable. Vous avez du talent mon cher marquis Dongju.

- Vraiment, je vous assure que non. »

Les joues rosées, le jeune marquis porta ses mains à son visage pour cacher sa gêne et ceci fit rire le prince qui trouvait le garçon à la longue chevelure noire adorable et il n'était vraiment pas désagréable à regarder. Lorsque la main gauche de Dongju vint camoufler son visage, une bague attira l'attention du sang royal qui répliqua naturellement.

« - Oh, vous vous êtes mariés ? Félicitations ! »

Cependant, la réaction du marquis ne fut pas celle attendue puisqu'il vint siffler entre ses dents tout en cachant sa main portant l'alliance dans son dos en grommelant.

« - Il n'y a rien à féliciter.

- Comment cela ? C'est pourtant un symbole d'amour envers votre moitié.

- Il n'y a pas d'amour dans cette union. Enfin, vous ne pouvez pas comprendre. »

Fronçant les sourcils, le prince invita Dongju à continuer et ce dernier soupira en mordant l'intérieur de sa joue tout en se maudissant d'avoir ouvert la bouche : il ne pouvait pas faire marche arrière maintenant.

« - Vous êtes prince, vous avez la chance de pouvoir choisir votre prétendante. La plupart des nobles n'ont pas cette chance, nous sommes imposés à un homme ou une femme pour renforcer la puissance de notre famille. Les mariages entre nobles n'ont rien d'amoureux, ils ne sont qu'avarices. »

Une certaine envie brillait dans les yeux de Dongju alors que le marquis ne savait pas que le prince était dans la même situation, qu'on ne lui laissait pas le choix dans son union en lui imposant uniquement les femmes les plus puissantes, les plus belles.

« - Vous ne réalisez pas combien vous êtes libres comparés au reste du peuple, basse ou haute classe. »

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Plus qu'un, c'était le dernier à subir l'interrogatoire : Kim Geonhak.

« - Prenez place.

- Merci. »

Immédiatement, le gradé fronça les sourcils en ne reconnaissant pas l'accent de celui interrogé : il ne venait définitivement pas de Falyal.

« - Je suis de Hubris.

- Oh... Le Royaume où la révolution fait rage.

- C'est cela, ma famille et moi-même avons immigré à Falyal en tant que réfugié politique car nous avons de bonnes relations avec le royaume et la noblesse. »

Hochant de la tête, le chef de l'armée nota l'information sur son carnet avant de continuer l'interrogatoire comme il l'avait fait toute la journée.

« - Est-ce la seule raison expliquant votre présence à Falyal ?

- Le royaume est conservateur, c'est une valeur que j'apprécie fortement.

- Pourquoi ne pas être allé à Kodai ? Ils sont encore plus conservateurs qu'ici.

- Nos relations. Nous connaissons des nobles à Falyal, comme je vous ai expliqué, ce qui n'est pas le cas de Kodai. Toutefois, si nous remarquons que la donne change ici alors nous partirons.

- Changer ? Comment cela ? »

Geonhak se redressa, sa position était parfaite montrant qu'il appliquait l'étiquette à la lettre, sûrement après des heures et des heures de cours de bienséance lorsqu'il était plus jeune.

« - Le prince Hwanwoong ne possède pas ces valeurs conservatrices. Sa prise de pouvoir m'inquiète pour l'avenir de Falyal et je ne voudrais pas revivre une révolution comme à Hubris.

- Comment la révolte a commencé chez vous ?

- Un nouveau roi se pensant plus puissant que les dieux... Il a voulu refonder le royaume selon sa vision et tout ce changement à amener la décadence puis la révolte des basses classes mourant de faim.

- Et vous pensez que le prince Hwanwoong pourrait conduire Falyal à la même destinée ?

- Je le pense. Son cousin, Lee Keonhee, semble beaucoup plus apte à diriger un royaume tout en conservant les valeurs transmises par les Dieux. »

La franchise de Geonhak était utile mais le gradé voyait mal ce dernier être un assassin, surtout que cette trahison pourrait lui valoir d'être renvoyé dans son royaume d'origine ce qui le conduirait sûrement à une mort certaine. Le jeune immigré avait trop la tête sur les épaules pour commettre une telle bêtise.

Alors qui ? Qui avait essayé d'assassiner Hwanwoong ?

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Geonhak parlait avec plusieurs personnes de la noblesse lors de la battue et son accent ne passait pas inaperçu dans les rangs. Les curieux étaient intrigués par ce jeune homme donnant un sentiment « exotique » et nouveau à la partie de chasse. Toutefois, le noble ne se laissait pas marcher sur les pieds et il renvoyait poliment, mais sèchement, tous ceux ayant des propos xénophobes.

« - Vous venez de Hubris ? »

Surpris qu'on finisse par reconnaître son accent, Geonhak pivota vers celui interpellé en s'attendant que ce dernier ne lui sorte une infamie sur ses origines mais il fut surpris de voir le prince marcher à ses côtés avec son arc pointé vers le sol.

« - C'est exact, prince Hwanwoong.

- Ce qui se passe là-bas est bien triste... Tant d'innocents morts dans cette révolution.

- C'est parce que le nouveau roi avait un esprit bien trop frivole, ses idéaux de changer le royaume nous a conduit à notre perte.

- Comme cela ? »

Soupir de la part de Geonhak qui vit une biche au loin. Ce dernier se positionna, levant son arc tout en prenant une profonde inspiration avant de répondre au prince.

« - Il faut garder un royaume conservateur sinon... »

La flèche traversa l'air en scindant les atomes d'oxygène avant de se planter dans le poitrail de l'animal hurlant avant de s'effondrer sur le flanc. Hwanwoong était fasciné de voir un si gros animal tomber en une seule flèche : jamais il n'avait vu cela auparavant.

« - Vous mènerez Falyal à sa perte. »

Fronçant des sourcils, le prince demanda plus d'explications car il ne comprenait pas pourquoi son royaume s'ajoutait dans l'équation.

« - Vous avez des idéaux bien trop frivoles, mon prince. Le fait de sympathiser avec vos domestiques, de les mettre sur un pied d'égalité et puis quoi encore ? Accepter l'union entre deux hommes ?

- Insinuez-vous que je serais un mauvais roi ?

- Je le pense, c'est vrai. Votre cousin, Lee Keonhee, serait un bien meilleur souverain avec ses idéaux nobles et conservateurs. Mais j'espère que je me trompe et que vous prendrez les bonnes décisions pour votre peuple. »

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Dès l'annonce de la nouvelle, il avait couru en direction des écuries malgré les cris des domestiques lui ordonnant de rester au lit, cependant, le prince était têtu. Dans une tenue qu'il avait maladroitement enfilée, Hwanwoong était arrivé aux écuries pour seller rapidement Mage avant que les gardes ne viennent l'arrêter car il devait se reposer.

Mais il en avait ras le bol d'être allongé dans son lit à ne rien faire. Hwanwoong voulait agir, plaider la cause de son amant innocenté depuis peu... Montant en selle, ignorant la douleur dans son épaule, le prince lança son étalon au galop dans les écuries obligeant les soldats à se reculer pour laisser passer le cavalier qui ignora le mécontentement des soldats disant qu'il était irresponsable.

« - C'est m'avoir éloigné de Youngjo qui est irresponsable. »

Les sabots frappaient dans l'herbe verte des plaines et forêts entourant le château jusqu'à la barrière délimitant la fin des terres royales. C'était un petit mur de pierres d'un mètre soixante-dix de haut, suffisamment intimidant pour arrêter les bandits mais Hwanwoong n'en avait pas peur. Prenant un bon galop, rassemblant son cheval pour le préparer au saut, Mage frémissait d'excitation en faisant quelques foulées sur place avant de bondir au-dessus de l'obstacle.

La réception fut un peu brouillonne obligeant le prince à s'accrocher à l'encolure de son destrier : sa blessure encore douloureuse l'avait fait perdre légèrement l'équilibre. Toutefois, Hwanwoong ne tomba pas et il put reprendre sa course en direction des montagnes et d'un chalet perdu dans ces dernières.

Il fallut une bonne heure de route, avec une demi-heure pour laisser Mage respirer et s'abreuver à une rivière, avant d'arriver dans les monts. L'hiver étant présent, son odeur caractéristique faisait frémir les narines du prince alors que de timides flocons tombèrent sur lui et sa monture.

L'ascension se fit calmement pour éviter que Mage ne vienne glisser et ceci laissa l'opportunité au prince d'observer les horizons si calmes et apaisants. Quelques chamois s'enfuyaient au loin, alertés par la présence humaine qui semblait rare. Deux ou trois lièvres sautillèrent proche du chemin pour rejoindre leur terrier et Hwanwoong sourit en voyant leur petites queues blanches disparaître : ils étaient mignons.

Plus ils montaient, plus le tapis de neige grandissait jusqu'à entièrement recouvrir le sol sur quelques centimètres ce qui commençait à déranger Mage. Voyant son étalon inquiet, le prince mit pied à terre pour continuer les derniers mètres sur le sol afin de rassurer son cheval en lui montrant les endroits où il pouvait poser le sabot.

« - Attrape-moi si tu peux ! »

Après de longues minutes de marche sous la neige, les oreilles de Mage pointèrent en direction de la source du cri et Hwanwoong reconnut immédiatement cette petite voix fluette. Un sourire apparut sur son visage alors qu'il accéléra la marche pour voir le chalet à l'horizon et ses trois habitants faire une bataille de boules de neige.

Le trio semblait en pleine forme, emmitouflé dans d'épais manteaux ainsi qu'un bonnet, une écharpe et des gants. Ils riaient en se lançant des boules blanches dans le torse avant de partir en courant pour ne pas subir des représailles.

Youngjo était seul face à ses deux enfants, Elio formait les munitions tandis que Jade les lançait avec précision sur leur père caché derrière un bonhomme de neige qu'il avait dû construire tous ensemble. Coupé de la société et des problèmes, ils semblaient si épanouis et Hwanwoong n'osait s'approcher de peur de gâcher cet instant magique. Et puis, il avait le sentiment qu'ils étaient heureux sans lui, qu'il ne leur apportait rien d'autre que du malheur.

Plongé dans ses questionnements sur sa place dans cette petite famille aimante, Hwanwoong fit un pas en arrière mais il marcha sur une brindille qui craqua sous son poids. Le son attira l'attention des enfants, étant donné qu'ils étaient proches de lui, et ces derniers se mirent à sourire en courant à sa rencontre.

« - Hwanwoong ! »

Elio était devant sa jumelle, attrapant immédiatement la manche du prince en signe d'affection tandis que Jade sauta dans les bras de ce dernier qui amortit maladroitement le choc. Par chance, elle avait tapé dans son épaule valide évitant de rouvrir sa blessure.

« - Tu nous as tellement manqué, Hwanwoong ! »

La petite se mit à trembler, ses yeux brillant de larmes surprirent le noble qui s'agenouilla dans la neige pour avoir plus d'équilibre et laisser Elio venir sur lui.

« - J'ai cru qu'on n'allait jamais te revoir. J'étais super triste...

- Oh, ma puce. »

Hwanwoong vint caresser la chevelure de sa protégée tout en couvrant du regard Elio qui jouait avec la main libre du prince. Puis, juste derrière eux apparut le troisième membre de cette magnifique famille : Youngjo.

« - Je ne pensais pas que tu viendrais jusqu'ici.

- Je traverserais le monde pour te rejoindre, Youngjo. »

Pouffant face à cette phrase bateau, le brun proposa à la petite famille d'aller à l'intérieur pour parler de la raison de la venue de Hwanwoong car ce dernier n'était clairement pas là sur un coup de tête. Il devait avoir une nouvelle à leur annoncer et Youngjo espérait qu'elle était bonne.

« - Une calèche vient vous chercher demain pour vous ramener à la maison.

- Vraiment ? On rentre au village ?

- Oui, le coupable a été trouvé donc... Tu es libre. »

Les perles rencontrèrent l'obsidienne et un sourire fin se dessina sur les lèvres des deux hommes qui étaient ravis d'être à nouveau ensemble.

« - La calèche arrivera en début de matinée donc il va falloir se coucher tôt pour les enfants ! Une longue route nous attend ! »

~°~°~°~°~°~°~

« - Ton bras va mieux ? »

Assis sur la marche menant à l'entrée, Youngjo vint s'installer à côté de son amant tout en lui tendant une tasse de thé fumante que le prince accepta sans hésiter en se blottissant contre le brun. La tête sur l'épaule de Youngjo, Hwanwoong ronronnait de plaisir avant de répondre à la question.

« - C'est encore douloureux mais ce n'est rien de grave.

- Pourtant, vous avez perdu connaissance mon prince... »

Taquin, le brun tenta de détendre l'ambiance en jouant avec son amant mais cela ne camouflait pas totalement son inquiétude. Hwanwoong était encore en convalescence, il s'en doutait, pourtant ce dernier avait chevauché du palais jusqu'aux montagnes pour lui annoncer sa liberté.

« - Tu es un grand fou d'avoir fait tout ce trajet dans ton état.

- Je suis prêt à tout pour toi, pour nous. »

Leurs lèvres vinrent se retrouver dans un tendre baiser qui les firent sourire timidement avant de se reculer pour s'observer sous la lueur des étoiles. Toutefois, il fallait que la question soit posée, que le calme soit brisé.

« - Qui était le coupable ? »

Les paroles de Youngjo flottèrent dans l'air, tournoyant autour des flocons s'écrasant sur le tapis blanc tandis qu'un silence s'installa pendant quelques secondes avant que le prince ne finisse par répondre un prénom.

« - Dongju.

- Le marquis ? »

Hwanwoong hocha de la tête en soupirant, ses iris se posèrent sur le ciel constellé et il mordilla sa lèvre inférieure en expliquant tout à son amant.

« - C'est sa femme qui a monté ce plan... Dongju a épousé l'année dernière une femme de 10 ans de plus que lui. Cette même femme m'avait longuement fait des avances mais je l'avais toujours repoussé... Cela a dû la blesser dans son égo jusqu'à développer une certaine haine pour moi.

- Mais pourquoi l'a-t-il fait ? N'aurait-il pas pu se rebeller contre son épouse ? »

Nouvelle expiration lasse, le prince passa sa main dans sa chevelure tout en ayant un sourire triste sur le visage : la peur faisait faire bien des choses.

« - Elle le battait... Son épouse est une femme horrible et méchante de nature. On a découvert le corps de Dongju couvert de bleus, brûlures et autres coupures laissant imaginer le calvaire qu'il a subi. Elle avait une emprise totale sur lui, il était un prisonnier de ses griffes et il a agi par peur ce jour-là. »

Youngjo baissa la tête, imaginant très bien la situation sachant qu'il avait déjà vu bien des personnes céder sous la terreur et l'emprise mentale de quelqu'un.

« - Le plan de base était que Keonhee soit pointé comme coupable... Elle avait fait graver le bois de l'arc avec des chardons, emblème de la famille de mon cousin, mais Dongju a paniqué et lancé l'arc à tes pieds.

- Je vois... Heureusement que tout est fini maintenant ! »

Le prince hocha de la tête tout en se blottissant un peu plus contre le corps de Youngjo qui l'enlaça fermement. Ils s'étaient terriblement manqués, l'absence de chacun avait laissé un vide immense chez l'autre qu'il n'avait pas réussi à combler durant ces longs jours de séparation.

« - J'ai l'impression de n'apporter que du malheur...

- Comment ça ?

- Mon statut de prince attire les jaloux sur toi... Depuis le début, tu prends tellement par ma faute. Les rumeurs qui dégénèrent, l'accusation à tort de mon assassinat. Cela sera quoi la prochaine fois ? Quelqu'un qui essaye de te tu-

- Chut. »

Précipitamment, Youngjo le força à se taire en posant son index sur les jolies lèvres du prince. Il loucha rapidement dessus avant de fondre sur les deux croissants de chair avec amour afin de lui montrer qu'il était tout sauf cause de malheur.

« - Ce sont les autres le problème, Hwanwoong. Pas toi. »

Après son aveu, le brun revint voler les lèvres de son petit ami tout en montant gentiment sur ses genoux pour approfondir le baiser et le rendre plus... Passionnel. Le corps se collèrent, leurs lèvres jouèrent ensemble envahissant leur organisme d'une agréable chaleur alors que le froid extérieur les faisait frissonner.

« - Je t'aime, Youngjo. »

L'amour donnait des ailes et le prince se sentait décoller dans les bras de son bien aimé. Ce dernier sourit, amoureux, et il alla attraper quelque chose dans la poche arrière de son pantalon.

« - Je n'ai pas ton talent mais j'y ai mis tout mon cœur. »

Timidement, le domestique tendit une petite figure en bois à Hwanwoong qui écarquilla des yeux face à la pie taillée dans un morceau de chêne.

« - Ce... C'est magnifique, Youngjo !

- Cela te plait ?

- Évidemment ! Elle est splendide pour une première sculpture !

- Je suis heureux qu'elle te plaise. »

Youngjo vint se blottir contre le torse de son petit-ami qui lui embrassa le haut du crâne en le couvrant de millions de compliments faisant rougir le receveur : ce n'était qu'une petite figurine en bois. Plongés dans l'effervescence de leur sentiment, ils tombèrent dans la neige en s'embrassant passionnément. Le choc de température les faisait frissonner de tout leur être et ils remarquèrent un peu en retard la pluie d'étoiles filantes illuminant leurs corps brûlant s'enlaçant sur la neige.

« - Qu'est-ce que tu souhaites, mon trésor ?

- Vivre l'éternité à tes côtés. »