Chapitre 14

Youngjo n'était pas au palais en cette après-midi, il avait eu besoin de sortir du palais faisant qu'il rodait dans les rues en contre bas de la ville. Passant au niveau du marché, le domestique s'arrêta à un petit stand, ici et là, en observant les objets travaillés à la main.

Bois, fer, petits accessoires ou encore meubles fait par des artisans, Youngjo ne put s'empêcher de penser à la bouille de son prince lui ayant partagé aimer le travail manuel. Ceci le fit sourire à cette vision de la rue animée et il ne put s'empêcher d'avoir son esprit tournant encore et encore vers Hwanwoong.

« - J'aimerais l'emmener ici...

« - Bouh ! »

Youngjo sursauta sur place, ne connaissant personne dans la ville hormis les autres domestiques travaillant avec lui au palais. Sa main montant à son cœur s'étant accéléré, le jeune homme n'avait entendu personne s'approcher et, pourtant, la voix était claire contre son oreille pour qu'elle ne lui soit pas destinée.

Tournant sur place, le garçon vit une personne au visage camouflée par sa tête abaissée et son habit ample cachant sa silhouette l'empêchant d'être reconnu.

« - J'ai eu peur... »

La personne dissimulée releva légèrement la tête et fit apparaitre ses yeux puis lança un clin d'œil à Youngjo. Identité relevée hâtivement, le domestique eut son poignet kidnappé avant d'être tiré pour partir en courant vers un lieu inconnu.

Arrivant dans une ruelle loin des yeux de tous, le duo s'arrêta et Youngjo tira sur la main de inconnu ce qui fit tournoyer sa cape, tomber sa capuche tout en créant un demi-tour à cette personne dont il attrapa le visage en coupe. Ses lèvres furent prisonnières de sa bouche alors que sa main glissa autour de la taille de son bel inconnu.

« - On embrasse des inconnus comme ça, dans la rue ?

- Crois-moi. Tu n'es point un inconnu à mes yeux. »

Youngjo donna un petit coup sous le menton de ce dernier et lui sourit avant d'ébouriffer ses cheveux.

« - Qu'est-ce que tu fais la ? Tu as le droit ?

- En principe non mais tu as dit, une fois, que tu voulais me montrer comment c'était ici. Du coup... J'ai transgressé en quelques sortes les règles et vu que je connais ton planning. Les gardes n'ont pas opposés de résistance, je suis couvert ! On y va ? »

Voulant montrer la beauté de la ville au plus grand enfant qu'il connaissant, Youngjo voulait observer son émerveillement devant le monde tout en l'appréciant à sa juste valeur. Il n'avait pas forcément d'endroit particulier à lui faire découvrir alors il lui proposa de simplement se balader dans les rues de cette jolie petite vite.

Le temps était particulièrement beau, les fleurs égayaient les devantures des maisons et immeubles, de plus, les façades étaient particulièrement colorées et chacune avait reçu un nom. Hwanwoong remis sa capuche sur sa chevelure pour ne point être identifié par les gens se promenant.

Main dans la main, la ville était un vrai labyrinthe où chaque ruelle en cachée une autre faisant que la découverte se faisait de plus en plus intéressante et ils ne croisaient jamais la même chose. Youngjo était plutôt calme alors que son prince, lui, il bougeait partout et se pencha vers une façade pour lire les écritures les nommant.

Voir la liberté envahir Hwanwoong rendant le domestique extrêmement heureux. Il ne pouvait cesser de l'observer et penser à son bonheur, son bien-être et à quel point il était chanceux d'être aux côtés d'un si beau prince. Ses sentiments étaient bien plus que naissant et il les laissa l'envahir entièrement afin de profiter de l'instant présent.

Les deux amants se baladaient en se lançant des regards très complices alors que des caresses volatiles prenaient vie sur le bras ou la main de l'autre. Hwanwoong se mit devant son domestique, face à lui, et ce dernier marcha à reculons sans savoir où il allait, créant un jeu de regard entre eux.

Youngjo l'intercepta juste avant qu'il ne puisse rentrer dans quelqu'un faisant rire ce dernier très gêné. Avant que trop de monde ne les remarques, les deux s'éclipsèrent rapidement afin de ne pas se faire prendre.

« - Tu me rends si heureux, Youngjo. »

S'étant arrêté l'espace d'un instant dans des escaliers, le plus petit sourit en réalisant être finalement à la hauteur de son vis-à-vis et il vint le serrer dans ses bras en entourant son cou de ses bras. Ses doigts vinrent délicatement joué avec ses petits cheveux dans la nuque créant quelques frissons à Youngjo.

« - Merci de me faire vivre ce rêve éveillé depuis que tu es rentré dans ma vie. »

Hwanwoong voulait sincèrement faire comprendre à Youngjo qu'il tenait à lui. Il voulait lui faire savoir qu'il l'aimait et lui dire tout ceci le plus fort possible, le domestique lui donnait tout ce qu'il désirait et jamais Hwanwoong ne voudrais le perdre.

Repartant car les amants devaient rentrer, Youngjo aperçut une personne qu'il connaissait sur le chemin, un domestique, et ce dernier marchait dans leur direction. C'était beaucoup contraignant d'être vu ici, heureusement, que la ruelle n'était pas entièrement vide car cela les fondait dans la masse tout en empêchant d'être découvert.

Dans un élan de réflexion, sans vraiment prendre conscience, Youngjo devait les échapper de cette situation mais un demi-tour ou une fuite état trop risqué, il serait directement repéré. De ce fait, l'unique idée qui germa dans son esprit fut d'obliger les gens de détourner les regard d'eux.

Hwanwoong devenait anxieux à ses côtés, sa main serrait fortement la sienne, plus encore qu'avant, et elle était devenue moite. Cependant, il savait que son prince ne pouvait pas les sortir de cette situation, c'était à lui de le faire.

Poussant le prince contre un mur, à l'abri des regards, Youngjo tint sa capuche tout en posant sa main contre son visage afin de le dissimuler et coller ses lèvres sur les siennes. Un couple s'embrassant en public dégoutait toujours les passants, cela était un fait et les regards se tournaient vite de l'autre côté.

Personne ne prendrait le temps de les détailler et si, par mégarde, on le reconnaissait lui embrassant quelqu'un alors les commérages seraient à son encontre et non celle du prince. Son but premier était de dissimuler l'identité de celui embrassée et, en parlant de cette dernière, il comprit l'intention du baiser et le savoura. Hwanwoong savait qu'il n'en aurait pas de nouveau avant le lendemain, ou plus tard encore.

Saisissant le haut de Youngjo entre ses mains, l'habit se froissa en le collant plus contre lui. Il l'embrassa encore et encore tout en sachant pertinemment que la personne esquivée était passée à côté d'eux depuis longtemps. Toutefois, il ne voulait pas lâcher son domestique.

A bout de souffle, ils furent obligés de lâcher l'accroche tout en mordillant la lèvre inférieur de l'autre. Hwanwoong avait un regard innocent après avoir savouré cet échange et ses yeux ronds ne cessaient de regarder son domestique par-dessous sa capuche. Entourant sa taille de ses bras, il s'écrasa une dernière fois contre lui avant de repartir en direction de la demeure princière.

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Tranquillement, Youngjo se trouvait dans la laverie avec les habits sales du prince qui avait eu une intense session d'entraînement la veille. Dans une grimace à cause de l'odeur de sueur omniprésente, le domestique déposa la tenue dans la machine puis lança le cycle. Toutefois, alors qu'il s'apprêtait à partir, on l'arrêta dans sa lancée.

« - Alors comme ça on embrasse des gens dans la rue ? »

Sursautant en écarquillant les yeux, le brun déposa son regard sur la silhouette de Saïd qui avait son éternel sourire taquin sur le visage. Accoudé contre le mur de la laverie, les bras croisés sur son torse, ses iris pétillaient de malice signalant que le domestique princier ne pourrait pas sortir sans avoir fourni une réponse convaincante à son collègue.

« - Et ? Tu es jaloux ?

- Qui sait ? »

Éternel dragueur, le domestique observait Youngjo avait son air curieux et espiègle qui arracha un sourire à celui fixé qui ne comptait pas lâcher l'information sur son escapade dans les rues de la ville au côté du prince.

« - Cette personne avait de beaux vêtements. Elle n'était certainement pas une domestique ou quelqu'un des basses classes. »

Saïd s'approcha du brun qui l'observait avec un sourcil levé en attendant de voir où il voulait en venir. Les deux hommes avaient l'habitude de se taquiner, cet échange n'était pas méchant, au contraire, celui-ci les faisait bien rire.

« - Était-ce une de ces belles femmes qui t'ont donné leur numéro lors du bal ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

- Allons Youngjo, je les ai vu les petits papiers sur ton plateau ou ceux mis dans les poches de ton costume. Plus d'une voulait passer du bon temps avec toi ! »

Roulant des yeux, le domestique princier avait un petit sourire en coin. C'était vrai qu'il avait eu bien des nobles, femmes comme hommes, qui étaient venus lui susurrer au creux de l'oreille des paroles peu recommandées lors du bal. Ce détail n'avait échappé à aucun domestique et la popularité du brun face à son physique ravageur ne cessait de croître.

Youngjo était vraiment un bel homme. Sa musculature dessinée par ses heures de travail acharnées que ça soit en servant le prince, en aidant au potager du village ou pour couper du bois. Plus d'une personne avait ouvert en grand la bouche lorsqu'ils avaient posé leur regard sur le brun couvert de sueur, illuminé par les rayons du soleil avec sa hache à la main en train de fendre les bouts de bois en deux.

Cependant, si son corps était digne d'Apollon, son visage était une véritable œuvre d'art taillée par le plus talentueux des sculpteurs. Youngjo avait des proportions parfaites, sa peau était superbe malgré les rares heures de sommeil qu'il avait, mais le plus beau restait ses lèvres. Roses, pulpeuses, parfaitement dessinées et incroyablement attirantes.

Plus d'une fois le brun les mordillait dans la journée en passant une main dans sa chevelure tout en fermant légèrement les paupières. C'était une habitude, un geste quotidien qui le rendait incroyablement sexy pour ceux voyant la scène.

Mais le pire du pire, c'était son regard. Ses deux obsidiennes aux milles-et-unes nuances variant entre le violet foncé et le turquoise. Ses prunelles avaient quelque chose d'assommant tant leur profondeur et leur intensité donnaient le tournis.

Quand Youngjo croisait le regard de quelqu'un, ce dernier se figeait sans savoir où se mettre. Ses yeux amenaient le respect tout en renforçant son aura similaire aux nobles les plus considérés dans le pays. Le domestique princier avait quelque chose, ce petit élément qui le rendait parfait, presque inatteignable.

En réalité, Youngjo ne semblait pas avoir de défaut ce qui pouvait amener une certaine convoitise, une jalousie et des intentions malsaines pour trouver la bête noire du jeune homme aux milles qualités.

« - Elle s'appelle comment ?

- Cela ne te regarde pas, Saïd.

- Oh ! Tu es sur la défensive, c'est rare. »

Le brun roula des yeux en soufflant simplement qu'il n'aimait pas que les gens aillent fouiller dans sa vie privée mais cela n'arrêta pas Saïd qui était beaucoup trop curieux.

« - Allez ! Dis-moi, je te promets de ne rien répéter !

- Permets-moi d'en douter. Ta langue sort autant que celle d'un serpent.

- Hey ! Ce n'est pas gentil... »

Bougon, Saïd fit une moue faisant pouffer l'aîné. Son cadet n'était pas méchant, loin de là, mais il n'arrivait pas à conserver les secrets bien longtemps ou les paroles finissaient constamment par être déformées car il avait la fâcheuse tendance d'exagérer tout ce qu'il disait.

« - C'est quelque chose de sérieux ou une relation d'un soir ? »

Hélas, Youngjo ne s'en sortirait pas tant qu'il n'avait pas offert une réponse satisfaisant la soif d'informations de son collègue. Il détestait mentir, c'était quelque chose que le brun ne supportait pas depuis ce que Capucine lui avait fait subir par le passé. Toutefois, à cet instant précis, il ne pouvait pas dire la vérité.

« - Juste un coup d'un soir.

- Oh ! Je ne te pensais pas ainsi.

- C'est bon, pas la peine d'en rajouter Saïd. Tu as eu ce que tu voulais maintenant laisse-moi, le prince m'attend.

- On en reparlera, compte sur moi ! »

Le brun roula simplement des yeux, se doutant que son cadet reviendrait à la charge en l'obligeant à étoffer son mensonge pour protéger sa jeune relation avec Hwanwoong. Quittant la laverie les bras vides, Youngjo ne regardait pas où il allait et son inattention fit qu'il rentra dans une jeune domestique qui devint brusquement écarlate, comme si on venait de la prendre en train de faire quelque chose d'interdit.

Cette dernière s'excusa dans une courbette disgracieuse puis partit dans les couloirs laissant Youngjo confus. Pourquoi semblait-elle si déboussolée ? Avait-elle entendu sa conversation avec Saïd ? Après tout, beaucoup d'oreilles traînaient dans le palais, cela ne l'étonnerait pas que la curiosité de la jeune fille l'ait poussé à écouter au travers la porte.

« - Tss... Super, je vais avoir une réputation de coureur de jupons maintenant. »

Soudainement grognon, Youngjo s'exaspéra tout en se disant qu'il préférait une réputation de dragueur que sa relation avec le prince fuite. Et puis, peut-être que le fait qu'il ne souhaitait rien de sérieux, juste des coups d'une fois, viendrait éloigner les multiples personnes qui voulaient sortir avec lui.

« - On verra bien. »

S'obligeant à fermer cette parenthèse, Youngjo reprit constance et s'aventura dans les allées du château pour rejoindre les quartiers du prince et les ranger puisque, une fois encore, ce dernier avait tout mis en désordre.

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Les rumeurs prirent en ampleur, bien plus que le brun ne l'aurait cru. Passé de Roméo à Don Juan, les regards à son égard avaient légèrement changé à sa plus grande surprise. Certaines personnes qui, auparavant, l'observaient avec des yeux pétillants avaient maintenant un regard plus terne, voire jugeur. A l'opposé, les personnes désintéressées étaient devenues beaucoup plus entreprenantes, allant jusqu'à lui faire des avances un poil brutal.

« - Laisse-moi devenir une de tes conquêtes, Youngjo. »

Dans un débarras, à l'abri des regards, le brun avait été tiré à l'intérieur par un jeune cuisinier à la belle chevelure rousse. Ils s'étaient déjà croisés quelques fois lorsque le domestique princier venait chercher le repas de Hwanwoong.

Souvent derrière les fourneaux, sa chemise pliée pour dévoiler ses avant-bras, le rouquin déshabillait Youngjo du regard de manière récurrente. Jamais ils n'avaient échangé un mot, un regard mais, aujourd'hui, c'était différent.

Les yeux écarquillés, piégé dans les bras musclés du cuisinier, le brun sentait une certaine angoisse lui monter alors que le rouquin l'observait avec beaucoup trop d'envies : c'était écœurant. L'autre osa s'approcher, il tenta de goûter à sa peau mais Youngjo le repoussa brutalement avant d'hurler.

« - Cela ne va pas la tête ! Tu es complètement malade ! »

En furie, le brun était sorti avec les habits froissés. Son visage était rouge, sa respiration brouillonne à cause de la colère mais ça, les autres ne le savaient pas. Tout ce qu'ils virent fut un Youngjo négligé et essoufflé qui sortait d'une pièce où se trouvait le rouquin avec un regard déboussolé.

Évidemment que tout allait être déformé, métamorphosé pour créer une rumeur où le cuisinier et le domestique princier avait fait des galipettes dans le petit débarras non-loin de la bibliothèque. Et comme-ci cela ne suffisait pas, certains diront avoir vu Youngjo faire des choses similaires avec d'autres personnes dans d'autres cachettes du château.

De perfection à prédateur, l'image du jeune homme s'était altéré en quelques semaines et les rumeurs enfantines avaient pris des aires plus sombres face à un jugement montant et une jalousie rongeant plus d'une personne.

« - Je ne l'aurais pas pensé ainsi. »

Devenu le sujet numéro des ragots tournant dans le palais, plus d'une pipelette chuchotait à son passage en ajoutant de nouvelles choses sur son dos se voûtant un peu plus chaque jour.

« - Qu'elle sera sa proche proie selon vous ? »

Un sans-cœur, voilà ce qu'il semblait être maintenant. Bafouant les sentiments amoureux de ceux finissant dans ses bras et laissant uniquement sa libido parler jusqu'à être totalement dénué de raison. Oui, les gentilles rumeurs admiratives étaient loin derrière lui. Il était passé d'ange à démon en si peu de temps.

« - Vous pensez que le prince est dans sa liste ? Cela ne serait pas étonnant, avoir Sire Yeo Hwanwoong en trophée... »

Évidemment que tout ceci était remonté jusqu'à son lien avec le prince qui rayonnait de bonheur depuis qu'il était à son service. Youngjo devait faire miroiter bien des choses à Hwanwoong pour le faire sourire de la sorte, certains arrivaient même à le dénoncer de sorcellerie.

Tout ceci prenait de l'ampleur, un peu trop même. Du moins, ce fut uniquement ce soir-là qu'il s'en rendit compte. Hwanwoong l'avait fait quitter son service plus tôt pour qu'il puisse chercher ses enfants à l'école, chose qui était extrêmement rare. Cela avait été dur de convaincre le brun, de le pousser à lâcher sa tenue de domestique pour enfiler celle de père si tôt dans la journée.

« - Mais, j'ai encore beaucoup à faire et-

- Je me débrouillerai très bien pour la fin d'après-midi, trésor. »

Volant les jolies lèvres du brun, le prince souriait dans son doux baiser apaisant le cœur malmené de son domestique qui avait scellé ses craintes au fond de lui pour ne pas faire paniquer le noble. Ils profitaient de l'instant, oubliant leurs problèmes pendant une poignée de secondes libératrices. Leurs bouches se mouvaient dans une valse apaisante, leurs mains trouvant place sur le corps de l'un et l'autre tandis que leurs cœurs battaient dans un rythme parfaitement synchronisé.

« - Va rejoindre tes enfants, on se revoit demain. »

Front contre front, leurs nez se frôlaient tandis que leurs sourires fleurissaient naïvement à cause de l'amour les enveloppant. Aucun des deux ne voulaient s'éloigner de l'autre, ils voulaient rester blotti dans les bras de chacun pendant l'éternité mais ils ne pouvaient pas. Pour les jolies frimousses de Jade et Elio, les amants se détachèrent avec un petit sourire tandis que le prince taquina Youngjo en disant que ses enfants allaient être fous de joie en voyant leur papa devant l'école.

« - Allez, file les voir ! »

Avec un petit sourire empli de remerciements, Youngjo vola une dernière fois les lèvres de son prince avant de s'aventurer hors des murs du château. Guilleret, il trottina en direction du village et, plus spécifiquement, vers la petite école où étudiaient ses enfants.

C'était la première fois qu'il s'y rendait, qu'il allait pouvoir récupérer ses deux anges et profiter de la soirée tous ensemble. Youngjo sautillait presque sur le trajet, enfermant toutes ses rumeurs dans un coin de sa tête pour simplement être un père aimant.

La cloche résonna dans le petit village et le père pressa la cadence pour se trouver devant le portillon. Ses enjambées pressées retournèrent le sol poussiéreux de l'été, ses mèches volaient dans ses foulées excitées et quelques pétales de fleurs vinrent insolemment s'y loger. Cependant, la joie fut de courte durée lorsqu'il entendit des voix fluettes avoir des paroles bien trop rudes.

« - De toute façon, vous n'auriez jamais dû exister !

- Répètes ça, pour voir ! »

La première voix était totalement inconnue pour Youngjo, toutefois, la seconde était plus que familière. Son trottinement joyeux devint une légère course angoissée tandis que la dispute prenait en ampleur et les paroles devenaient démesurées.

« - Ma maman elle dit que votre mère elle ne voulait pas de vous parce que votre père il va voir pleins d'autres femmes à côté !

- Parles pas de mon père comme ça ! Tu ne le connais pas !

- Oui mais maman elle l'a vu aller voir madame Kim. C'est pour ça qu'il ne vient jamais vous chercher, il est toujours occupé à faire des choses malhonnêtes.

- Tu vas le payer ! »

Il était au coin de la rue lorsqu'il vit Jade bondir sur un petit garçon avec de grosses lunettes sur le nez. Du moins, il en avait jusqu'à ce que la petite fille ne les envoie valser elle ne savait où en donnant une première claque à son adversaire.

Folle des rages, ses yeux étaient noirs de haine. Ses petits poings frappaient le garçon qui se défendait surprenamment bien et n'hésita pas à renvoyer les coups reçus : c'était une véritable baston de rue entre deux enfants de six ans.

« - Jade, arrête ! Ce n'est pas ce que papa voudrait ! »

Derrière, Elio tenta d'arrêter sa jumelle en tirant sur sa veste mais la fillette avait plus de force que son frère qui tomba à la renverse. Elle était déchaînée, prête à défendre l'honneur de son père face aux langues de vipères qui parlaient sans savoir.

« - Vous êtes juste jaloux car mon papa est le meilleur ! Ta mère est moche de toute manière, même pas un cochet voudrait la toucher !

- JADE ! »

Brusquement, la fillette se pétrifia en entendant son prénom résonner dans la ruelle. Ses mains lâchèrent le col du garçon qu'elle tabassait avant de pivoter lentement sa tête vers la source du cri. Tremblante, elle mordillait sa lèvre inférieure en sachant qu'elle avait fait une grosse bêtise à la vue du timbre employé.

Voyant son père à quelques mètres, Elio accourut vers ce dernier en pleurant à chaudes larmes avant de serrer la jambe de son papa qui le prit dans ses bras avant de s'approcher des deux combattants qui avaient la tête basse.

Au même instant, la mère du garçonnet arriva en furie pour se diriger vers son fils. Lorsqu'elle le vit blessé, un bel hématome sur la mâchoire, la femme vit rouge et hurla sur Jade comme quoi elle était mal-élevée.

« - Je ne vous permets pas de parler de ma fille de la sorte. »

En trois pas, Youngjo s'était placé devant Jade tout en fixant méchamment la femme qui continua de montrer son mécontentement.

« - Vous avez vu dans quel état est mon fils ? Votre enfant est une sauvage !

- Certes, ma fille a mal agi mais ce n'est pas votre rôle de l'éduquer mais le mien. Donc vos commentaires, gardez-les pour vous et surtout pour votre fils qui a des propos extrêmement déplacés.

- Pardon ? Vous sous-entendez que mon fils est mal élevé ? »

La tête haute, Youngjo avait reposé son garçon au sol avant de mettre ses mains dans les poches et de se rapprocher de la femme. Son aura devint écrasante, entourant la dame qui se recroquevilla sur elle-même en regrettant ses dernières paroles.

« - Votre fils a osé dire que mes enfants n'étaient pas désirés, madame. J'appelle cela un manque de respect et cette valeur est inculquée dans une bonne éducation ce qui n'est apparemment pas son cas.

- Mais aussi vous êtes un père célibat-

- Cessez vos diffamations basées sur de stupides rumeurs, vous êtes ridicules. Avec une mère comme vous, normal que votre enfant soit ainsi. »

Terrifiant, voilà ce qu'était le brun à cet instant. Youngjo ne se laisserait aucunement marcher sur les pieds surtout après avoir fait face à un tel manque de respect envers sa famille. Qui étaient-ils pour les traiter de la sorte ? Personne.

« - Ces mensonges ne sont clairement pas le fruit de son imagination, à moins que votre fils connaisse déjà la notion de cocu ou d'infidélité. Si c'est le cas, je me pose bien des questions sur votre vie de famille bien imparfaite.

- Je ne-

- Je n'ai pas fini de parler. Le respect va aussi dans le fait de ne pas couper la parole à quelqu'un, madame. »

La femme blanchit, ne sachant pas où se cacher alors que plusieurs regards curieux s'étaient posés sur l'altercation.

« - Vos stupides rumeurs sur ma personne ou ma famille, vous les gardez pour vous. Vous propagez des informations diffamatoires et ce genre d'actes peut vous conduire à perdre gros si vous continuez. Je suis peut-être un citoyen de basse classe n'ayant pas eu accès à l'école mais je connais mes droits et les lois. Continuez et vous payerez cher votre irrespect. »

Terminant son monologue en faisant un pas en arrière, Youngjo attrapa son fils dans ses bras avant d'appeler Jade et de lui demander de s'excuser d'avoir blessé son camarade de classe. Une fois cela fait, le trio partit vers le foyer familial laissant la ruelle être habitée par un lourd silence.

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« - Depuis quand tu frappes les autres !

- Mais c'est parce qu'il t'a manqué de respect et que-

- Il n'y a pas de mais qui tienne, Jade. Est-ce ainsi que je t'ai élevé ? Ai-je déjà insinué que la violence était la réponse aux problèmes ?

- N-non... »

Les jambes frappant dans le vide, la petite fille jouait avec ses doigts alors qu'elle se faisait sermonner par son père mécontent. Elio, lui, avait trouvé refuge dans sa chambre car ce genre de dispute le mettait extrêmement mal à l'aise.

Soupirant bruyamment, Youngjo était bouillonnant de colère mais pas à cause de sa fille. Non, ce qu'il l'énervait c'était que ces stupides rumeurs soient remontées jusqu'à sa famille, ses enfants pour les impacter alors qu'ils n'avaient rien à voir avec tout cela.

« - Écoutes, ma puce. »

A genoux devant Jade, le brun lui caressait les cuisses tout en cherchant un contact visuel avec sa fille.

« - Je ne veux pas que tu te battes, même si les gens disent des choses méchantes. Cela n'apporte rien à part des bleus et des égratignures.

- Mais, s'ils disent des choses horribles...

- Ma puce, est-ce que tu as plus mal quand on te frappe ou quand on te dit des paroles méchantes ? »

Ne s'attendant pas à une telle question, la petite cligna plusieurs fois des paupières avant de réfléchir à sa réponse.

« - Les paroles. Quand on me tape, ça fait mal sur le coup mais ça passe. Les mots en revanche ça reste souvent dans ma tête... C'est dur d'oublier certaines paroles... »

Jade n'osa dire qu'elle avait en tête les termes blessants de sa mère lors du bal. Capucine avait été odieuse, la rejetant comme une moins que rien et ceci avait fait si mal au cœur à la fillette. Ses nuits avaient même été secouées de cauchemars après cet événement qu'elle avait l'impression de ne jamais pouvoir oublier.

« - C'est très dur d'oublier des mots blessants, papa aussi a beaucoup souffert à cause de certaines paroles. Toutefois, il faut apprendre à passer outre ou bien riposter de manière correcte.

- Mais tu viens de me dire de ne pas me battre.

- Je ne parle pas de riposte physique, ma puce. Soit plus intelligent qu'eux, frapper est une chose lâche et simple à faire mais parler, argumenter et remettre à sa place les gens par les mots aura toujours plus de poids.

- Vraiment ?

- Dans notre société, les mots ont beaucoup plus de puissance que les poings. La preuve, certaines paroles restent dans ta tête et ne veulent pas en sortir !

- Oui... Elles tournent encore et encore sans jamais s'en aller. »

Youngjo eut une petite moue triste en sachant cela et il s'empressa de pincer une des joues de sa fille pour essayer de lui arracher un sourire.

« - La prochaine fois que quelqu'un vient te faire des reproches, qu'il tente de t'intimider soit plus maligne. Tu es une petite fille très intelligente qui sait très bien lire au travers des gens, utilise cela à ton avantage.

- Comme tu as fait avec la dame tout à l'heure ?

- Heu... Eh bien, je dirais oui. Tu mérites aussi d'être respecté même si tu es une enfant, que tu es encore en train d'apprendre mais ton avis, ta réflexion sont tout aussi importants que ceux des adultes. »

La petite leçon continua sur des situations où Jade essaya d'imaginer une manière de contrer son attaquant sans utiliser la force brute. Elle découvrit que le silence et l'ignorance pouvaient aussi être des armes de taille frustrant ceux ayant de mauvaises intentions.

Doucement, la nuit tomba à l'extérieur et la petite famille dîna dans une ambiance agréable malgré les événements précédents. Ils firent quelques jeux de société où Elio gagna à chaque reprise causant la frustration de sa jumelle qui bougonna avant d'attaquer son frère à coup de bisous baveux.

Ce furent dans les éclats de rire s'étouffant que les enfants allèrent se reposer, remerciant leur père pour cette super soirée : cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passé un moment en famille.

« - Aish... Cela a pris trop d'ampleur. »

Hélas, ce moment ne fut qu'une courte pause pour Youngjo qui fut assailli de réflexions à cause des rumeurs qui commençaient sérieusement à l'agacer. Ce fut avec une tasse de thé fumante que Youngjo s'était assis sur le perron de la maison à fixer les étoiles avec une expression morose. Il sirotait sa boisson à la recherche de réponses, de solutions à son problème mais rien ne lui venait à l'esprit.

« - Pensif ? »

Arraché de sa bulle, les iris obsidiennes du domestique se posèrent sur la silhouette de Miffy qui était debout à ses côtés. Elle ne portait pas sa tenue de domestique, non, la jeune femme était clairement dans son pyjama et elle devait être sortie de chez elle après avoir vu son voisin perdu au pied de sa porte.

« - Un peu.

- Un truc te tracasse ?

- Hm... »

Youngjo fixa le contenu de sa tasse avant de soupirer lourdement tandis que la blonde vint s'asseoir à ses côtés en attendant patiemment qu'il finisse par trouver ses mots.

« - Les rumeurs m'agacent.

- Celles disant que tu couches à droite et à gauche ?

- Oui... Cela prend beaucoup trop d'ampleur et, aujourd'hui, un enfant a sorti à Jade et Elio que leur mère ne les voulait pas et qu'elle était partie de la maison car j'étais un coureur de jupon. »

Pourquoi ce comportement puéril persistait à l'âge adulte ? Ce type de rumeurs n'étaient-elles pas réservées à l'adolescence, à ces années où chaque homme et femme était en quête d'identité ?

« - Cela finira par s'essouffler, ne t'inquiètes pas.

- Si, bien-sûr que si je m'inquiète. Quand est-ce que cela s'arrêtera ? Quand les gens arrêteront de chuchoter dans mon dos à chaque fois que je traverse un couloir ? A quel moment on arrêtera de me plaquer contre un mur ou de me tirer dans une pièce sans mon consentement dans l'espoir de me voler un baiser ou plus ? Je peux tenir quelques jours mais là ça va bientôt faire trois semaines que cela dure et cela ne cesse de s'empirer ! »

Le domestique princier était fatigué. Ces rumeurs étaient juste des gamineries lui pourrissant la vie et il craignait que tout ceci finisse par impacter son travail en arrivant aux oreilles de ses supérieurs ou, pire, à celle de Hwanwoong. Et si le prince croyait en ces ragots ? Et s'il l'imaginait infidèle ?

« - Soit encore un peu patient, je suis sûr qu'ils vont se lasser dans les jours à venir. Surtout que le prince semble avoir quelqu'un dans sa vie donc les gens vont plus s'intéresser à toi qu'à lui.

- Remplacer une rumeur sur quelqu'un par une autre... C'est débile. Pourquoi ne pas arrêter ?

- Car c'est dans la nature humaine d'être curieux ?

- Cette curiosité est loin d'être saine. Vos rumeurs sont toxiques et elles vont causer des problèmes un jour.

- Peut-être bien. Peut-être pas. Personne ne connaît l'avenir ! »

La nonchalance de Miffy fit serrer les dents du brun, elle prenait tout ceci beaucoup trop à la légère et cela l'agaçait fortement. Terminant sa tasse de thé, Youngjo souhaita bonne nuit à sa voisine avant de s'éclipser chez lui pour prendre une douche rapide et rejoindre son lit dans l'espoir d'y trouver le sommeil mais il se doutait que cela ne serait pas facile.

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« - Tu es sûr que tout va bien, Youngjo ?

- Oui, je vous assure que cela va. »

Ce fut avec une petite mine que le brun effectua son travail sous l'œil inquiet de Hwanwoong qui n'arrêtait pas de le questionner depuis quelques jours. Son amant avait la tête ailleurs, sa maladresse ressortait fortement à cause d'un manque de sommeil parfaitement visible et Youngjo était devenu beaucoup moins radieux : cela ne plaisait pas à Hwanwoong.

« - Arrêtes de me mentir. »

Plus le temps passait, plus le prince perdait patience car son brun semblait aller si mal et qu'il était totalement impuissant. Hwanwoong voulait agir, secouer son amant et ceci arriva lorsqu'il le vit mettre les t-shirts à la place des pantalons montrant clairement son inattention.

Attrapant le poignet de Youngjo, ce dernier fut retourné de force pour croiser les perles froides d'inquiétude. Il mordit sa lèvre inférieure en remarquant l'état du prince, il s'en voulait énormément de ne pas réussir à cacher son mal-être et ses craintes à Hwanwoong.

« - Parles, ton silence m'énerve. »

Le prince s'approcha, son front tomba sur celui de son domestique qui poussa un long soupir sous-entendant bien des choses. Devait-il lui dire ? Déblatérer l'ensemble de ses tracas et aborder ces stupides rumeurs le concernant ? Mais si Hwanwoong s'énervait, qu'il allait jusqu'à virer l'originaire de ses diffamations, le brun n'allait pas avoir plus de problème ?

Tout ceci lui prenait la tête, cela lui donnait presque une migraine tant tout se mélangeait que cela soit ses pensées ou ses émotions asphyxiantes. Trop. Beaucoup trop. Les larmes montèrent, un couinement douloureux quitta ses lèvres alors que son crâne lui lançait et il avait presque le sentiment que ses jambes tremblaient face à la vague le submergeant.

Hwanwoong, les sourcils froncés, s'apprêtait à parler mais la clenche s'abaissa causant un mouvement de panique chez le domestique qui poussa brutalement son amant avant de pivoter vers l'armoire et reprendre son rangement maladroit malgré son état.

Agacé, le blond gronda dans ses dents la raison de l'arrivée du nouveau venu. Ce dernier eut un frisson face au regard assassin du noble et il déglutit bruyamment avant d'énoncer la raison de sa venue.

« - Le roi souhaite vous voir à la salle du trône. »

Acquiesçant dans un grondement, le domestique non-voulu fut congédié permettant au couple de se retrouver à nouveau seul. Toutefois, en se retournant vers Youngjo, le prince vit que ce dernier semblait encore plus mal.

Ses mains tremblaient, non, tout son corps était pris de soubresaut inquiétant alors que le brun mordait vivement sa lèvre à cause d'une angoisse montante. Tout ceci ne plaisait pas du tout à Hwanwoong qui vint le prendre dans ses bras avec l'espoir que cela puisse atténuer les craintes de son amant.

« - Hey, ce n'est rien. Mon père veut sûrement me parler affaires, surtout que je dois rencontrer le chef d'état d'un pays frontalier dans un mois.

- M-mais, s'il voulait parler d'autre chose ?

- Panique pas, cela va très bien se passer. Dans une quinzaine de minutes je serais revenu et on parlera un peu. Je pense qu'on doit mettre certaines choses au clair, trésor. »

Délicatement, Hwanwoong posa ses lèvres dans la nuque de celui qui accélérait les battements de son cœur puis il glissa ses mains sur son ventre avant de s'éclipser dans les couloirs du palais afin de ne pas faire patienter davantage son paternel.

Il était évident que cette discussion allait être sur les affaires, la rencontre avec le Roi d'Andorra et peaufiner son discours de présentation. Cela ennuyait Hwanwoong d'avance mais il se doutait que cela finirait par arriver même s'il trouvait cette entrevue un peu prématurée.

Se présentant devant la grande porte de la salle du trône, un garde lui ouvrit permettant au prince de pénétrer ce lieu qu'il détestait tant. Toutefois, Hwanwoong mit de côté son aigreur et appliqua l'étiquette en se courbant noblement devant son père avant de se redresser lorsque ce dernier lui adressa la parole.

« - Mon fils, je suis fier de toi ! »

Stupeur, Hwanwoong ne s'attendait pas à un compliment de la part de son paternel : c'était bien la première fois qu'il se montrait encourageant. Les sourcils froncés, le roi ne vit même pas le trouble chez son enfant tant il était plongé dans son monologue.

« - Tu es un petit cachotier, j'ai appris la nouvelle par mon domestique ce matin même.

- Plaît-il ?

- Allons, je suis ton père. Tu peux m'avouer le nom de l'heureuse élue, tout de même haha ! »

Écarquillant des yeux, le prince reçut un coup derrière la tête en comprenant la raison de la joie habitant son paternel : il était persuadé que son fils avait trouvé une prétendante.

« - Je savais que les rendez-vous et le bal que je t'ai arrangé te permettrait de trouver la femme idéale. Enfin, mon fils fait face à ses responsabilités de successeur de la couronne. J'espère que c'est une belle femme venant d'une bonne famille, elle se doit d'être parfaite pour porter tes futurs enfants.

- Je-

- Tu es enfin devenu un homme, moi qui disais à ta mère que je commençais à m'inquiéter de ton avenir et celui de la couronne ! Il faut que tu nous la présentes avant qu'on ne la présente au peuple en tant que future princesse. Avez-vous convenu d'une date pour votre mariage ? Ton couronnement approche, il faut que tu présentes une reine pour le-

- Je ne sors avec personne, mon roi. »

Les mots avaient résonné froidement dans la salle du trône créant un blanc lourd et électrique. Le domestique royal, qui était là depuis le début, sentit ses poils s'hérisser alors qu'il réalisa de l'inexactitude de l'information qu'il avait transmis au roi.

« - Pardon ? »

Glacial, le timbre du dirigeant du pays avait perdu toute sa joie en une fraction de seconde et son visage s'était refermé violemment. Hwanwoong mordit l'intérieur de sa joue en appréhendant la suite de l'échange surtout à la vue du regard furibond de son géniteur.

« - Que viens-tu de dire ? »

Dans un élan de courage, le prince prit une profonde inspiration en répétant ses paroles tout en maintenant le contact visuel avec le roi.

« - Ces rumeurs sont fausses, je n'ai personne dans ma vie. »

En colère, le roi envoya valser le plateau contenant son petit-déjeuner à l'autre bout de la pièce, ce qui fit sursauter Hwanwoong ainsi que le domestique royal qui ne savait plus où se mettre. Les orbes sombres du dirigeant montraient toute la déception qu'il éprouvait pour son fils qui ne put garder la tête haute face à un tel éclat.

« - Tu es vraiment un incapable, Hwanwoong. »

Blessant, son père était ainsi. Les compliments précédents étaient trop beaux pour être vrai, jamais son géniteur ne se montrait aimant et fier de son enfant. C'était ainsi depuis sa naissance, l'amour familial était inconnu pour le prince même si sa mère était une femme douce, elle avait toujours été très effacé pour ne pas dire absente.

Seul, le prince avait toujours été seul et rabaissé. On lui demandait la perfection en lui interdisant d'écouter ses envies enfouies. Privé de liberté, il devait être un prince à la hauteur appliquant mécaniquement l'étiquette en faisant respecter la loi sur le Royaume.

« - Les rendez-vous avec des prétendantes reprendront dès demain. »

Personne n'écoutait Hwanwoong et ses envies, les paroles de son père en étaient la preuve puisqu'il était à nouveau dans l'obligation de se coltiner des rencontres avec des femmes toutes plus stupides et dégoûtantes les unes des autres. Interdit d'exprimer sa véritable orientation sexuelle, le prince devait se marier à une femme apte à enfanter pour faire prospérer la lignée royale : c'était son devoir.

« - Si tu ne me présente aucune femme pour le réveillon de Noël alors je t'imposerais quelqu'un. Je suis déjà bien gentil à te laisser le choix mais si tu ne fais aucun effort alors je n'en ferais plus pour toi. »

Prenant sur lui pour ne pas exploser en larmes colériques, le prince hocha simplement de la tête avant de se faire brutalement congédier par son géniteur de mauvaise humeur. Un dernier « tu me déçois tellement » résonna dans la pièce alors que les portes se fermèrent derrière Hwanwoong qui serrait les poings avant de courir dans sa chambre et rejoindre les bras rassurant de Youngjo.

La porte s'ouvrit brutalement faisant sursauter le domestique princier qui faisait le lit avec la tête dans les nuages. Toutefois, Youngjo remit les pieds sur Terre en voyant la détresse dans les perles de son amant et il s'empressa de fermer la porte à clef avant de le prendre dans ses bras.

« - Hey, tout va bien se passer.

- Non, non Youngjo. Rien ne va, mon père est juste égoïste ! »

Enfonçant son visage dans la nuque de son serviteur, le blond attrapa la chemise de ses derniers dans ses mains pour la serrer fermement dans l'espoir d'atténuer son déséquilibre émotionnel. Il ne voulait pas craquer, pas alors que Youngjo était mal depuis plusieurs jours.

C'était lui qui devait être rassuré, câliné et écouté. Pourquoi son père n'avait pas parlé d'affaire pour une fois ? Pourquoi le personnel de maison avait cette stupide habitude de commérer autant ? Pourquoi ces stupides rumeurs venaient gâcher la vie de Hwanwoong pour la seconde fois ?

« - Chut, je suis là mon prince.

- Ne me quitte pas, je t'en supplie. Reste avec moi pour l'éternité... »

Youngjo sentit son cœur se briser face aux dernières paroles du prince. Si seulement ils avaient toute la vie devant eux pour s'aimer...

« - Je ne veux pas me marier, je ne veux pas d'une femme dans ma vie et je veux encore moins m'obliger à faire des enfants pour prospérer la lignée royale. Je veux être libre de mes choix, je veux être un homme libre... »

Une première larme roula sur la joue du prince, tachant la belle chemise blanche de son domestique qui resserra sa prise sur ce petit corps tremblant. Le monde était cruel, injuste et ce qu'importe la classe sociale qu'on possédait.

Tendrement, Youngjo commença à parsemer le visage de son prince de multiples baisers volatiles lui créant des petites chatouilles qui avaient pour but de lui esquisser un sourire mais cela semblait compromis. Toutefois, le domestique ne baissa pas les bras puisqu'il s'assit sur le lit tout en déposant son prince sur ses genoux et en continuant de l'embrasser, le câliner, l'aimer comme personne ne l'avait fait auparavant

« - Que s'est-il passé dans la salle du trône ? »

Avec patience, le brun tenta de récolter les informations, de former l'intégralité du puzzle pour trouver les mots permettant de soigner le cœur meurtri de Hwanwoong.

« - Le roi pensait que j'avais une femme dans ma vie à cause de fausses rumeurs qui sont arrivées à ses oreilles... Je... Je lui ai dit que je n'avais personne et il a explosé en disant que j'étais qu'un in... Incapable. »

Les mains de Hwanwoong cherchèrent une distraction, un point d'accroche alors que l'émotion montait en nouant sa gorge malgré les tendres attentions de son amant attentif. Lissant la chemise mouillée de larmes, le prince glissa ses mains sur le tissu dans l'espoir de supprimer les faux plis présents même si son action serait vaine. Au moins cela l'occupait pendant son monologue.

« - Je reprends les rendez-vous demain et j'ai jusqu'au réveillon de Noël pour lui présenter la future reine du pays.

- N-noël !

- Oui... Mon couronnement a été officialisé au premier janvier. Le roi ne me l'a pas dit mais mon enseignant me l'a dit au dernier cours entre deux réprimandes parce que j'avais oublié le nom du treizième roi du Royaume.

- P-pourquoi ne m'avoir rien dit ?

- Parce que tu avais la tête ailleurs depuis quelque temps, je ne voulais pas te tracasser davantage donc j'attendais que tu ailles mieux pour te l'annoncer. »

Un silence s'installa alors que la nouvelle trotta dans la tête des deux amants. Ils avaient jusqu'au réveillon de Noël... Après cela, leur idylle prendrait fin. Le cœur lourd, mordillant leurs lèvres en réalisant que leur éternité se résumait à quelques mois, ils avaient tous deux envie de pleurer.

Pourquoi le monde était si cruel avec eux ? Pourquoi, au moment où ils étaient enfin heureux, on leur arrachait leur bonheur ?

« - On a si peu de temps...

- Hm... On doit en profiter tant qu'on le peut. »

Tristement, leurs iris s'accrochèrent faisant que les perles ternes rencontrèrent les obsidiennes vides. Des éclats humides tentaient de passer la barrière de leurs paupières mais tous deux restaient forts avec ce stupide espoir que tout s'arrangerait, que ce n'était qu'un cauchemar qui se métamorphoserait en rêve lorsqu'ils ne s'y attendraient pas.

Ne disait-on pas que la roue finissait par tourner ? Alors, peut-être que tout se terminerait bien entre le prince et son domestique. Peut-être... Ou pas...

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