Chapitre 9 : Un an après.

Avertissement : Acte sexuel non consenti (non détaillé)/Le mot viol est utilisé/Mention d'alcoolisme.

Magnus

Assis derrière mon bureau, des feuilles et des crayons gisent devant moi attendant d'être utilisés. Mais aujourd'hui, je n'ai absolument pas d'inspiration. Une nouvelle ligne de vêtements doit être créée pour l'ouverture dans six mois d'une nouvelle boutique en ville, mais je n'ai aucune idée, pas même un soupçon d'esquisse. Patron de ma propre boite, heureusement que mes talentueux employés m'aident, sinon je ne sais pas ce que je ferais.

Je vois mon associé Clary passée la porte de mon bureau, ses bras chargés de tissu, son cahier de croquis entre ses dents. Je me lève rapidement pour l'aider en lui enlevant le cahier de sa bouche.

— Merci, souffla-t-elle avec un petit sourire de remerciement alors qu'elle pose les tissus sur son bureau.

Moi, je pose son cahier sur le coin de son bureau.

— De rien ma chère, ricanais-je avant de contourner mon bureau et de me rasseoir derrière.

— Heu... c'est bon pour toi ? Je dois y aller, me demande-t-elle en se plantant devant mon bureau.

— Oui bien-sûr, tu peux y aller.

— Bonne soirée, me dit-elle avant de sortir rapidement du bureau.

Je me reconcentre sur les feuilles de dessins devant moi, espérant y trouver de l'inspiration. Notre petit atelier a eu un grand succès. À force de commandes, on a dû changer de locaux pour un plus grand. Je viens d'ouvrir "Bane&Fray " Notre ligne de vêtements pour femmes et pour hommes faits sensation ainsi que notre lingerie. J'en suis très fier, Clary peut l'être aussi. Beaucoup des designs à succès viennent d'elle, elle crée principalement la lingerie.

Mais, mes yeux distraits et mon esprit se posent sur la photo placée sur mon bureau. Une photo de moi et d'Alexander alors que l'on était dans une chambre d'hôtel assis au pied du lit, en s'embrassant. La photo a été prise dans un angle rendu difficile par notre baiser. C'était quand on avait fêté nos deux ensembles, on était encore à la faculté. Heureux et amoureux.

Ça va faire un an que je ne l'ai pas vu. Un an que je n'ai pas pu lui parler depuis qu'il m'avait trouvé au lit avec Sam. Un an de regret, un an de honte et de culpabilité.

Je suis pitoyable. Moi qui n'ai pas voulu le croire, qui était en colère contre lui parce qu'il n'aimait pas Sam. Je me dis souvent qu'il avait raison de douter... mais pas de Sam, mais de moi. Il n'y a aucune excuse pour ce que j'ai fait, non il n'y en a aucune. J'ai beau chercher, je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvé avec Sam dans notre lit. Je me souviens de cette soirée, j'avais bu, on était content des résultats des ventes dans l'atelier, on avait beaucoup de commandes alors on a décidé de boire un verre, ce qui a fini par deux bouteilles entières. On riait, on plaisantait, je me sentais bien et après, je me vois avec Sam au-dessus de moi... Ses mains sur moi et après le noir sidéral, l'abîme interstellaire... En gros le trou noir, jusqu'à ce que je sois réveillé par des cris.

MINI FLASH-BACK

" Magnus ? "

Son nom est crié qu'il en grimace. Son esprit brumeux et son mal de crâne ne l'aident pas à se réveiller et prendre conscience de son environnement. Sa tête et son corps sont encore lourds par l'alcool. Il ne fait que grogner et se rapprocher du corps chaud à côté de lui.

" Magnus... putain Magnus qu'est ce... " entend-il sangloter.

"Dégages... tu ne vois pas que tu déranges..."

Magnus ne fait que rire de la réplique de la voix à côté de lui avant d'entendre des sanglots, des pas précipités et une porte claquer fortement.

FIN DU FLASH-BACK

Il m'a fallu de longues minutes le lendemain matin pour me rendre compte de ce qu'il s'était passé en voyant le corps nu de Sam à côté de moi. La voix dans ma tête, les cris, les sanglots que j'ai reconnus une fois que ma gueule de bois se faisait moindre. Alexander est tombé sur nous... Sam et moi, nus dans notre lit.

Je n'en voulais pas à Sam. On était soûl et je croyais qu'il était aussi désolé que moi, mais il n'a fait que rire et me dire que maintenant qu'Alexander n'était plus entre nous alors pourquoi pas continuer ? Je n'en revenais pas, j'étais dévasté et lui s'en foutait.

Maintenant un an après, Sam est hors de ma vie. Depuis ce jour-là, je l'ai mis à la porte. Il m'a dit qu'il s'en foutait parce qu'il avait réussi ce qu'il voulait. Peut-être qu'il avait mis trois ans pour que ça arrive, mais il avait réussi à me baiser.

Je suis allé à l'hôpital voir mon père, expliquant la situation pour me faire passer une batterie de tests et en ne sachant pas si Sam avait mis un préservatif. Mon père bien évidemment en colère m'a demandé si un jour, j'arrêterais de faire des conneries et m'a demandé si Alexander le savait. J'ai juste hoché la tête, malheureusement, oui il sait. Et, je lui ai dit qu'il nous avait surpris. Mon père est revenu avec les tests qui avec grand soulagement sont normaux.

Essuyant mes yeux en repensant à toute cette histoire, mon père m'avait conseillé de parler à Alexander. Mon père disait que si Alexander savait la vérité il me pardonnerait parce que selon mon père ce que Sam avait fait, était un acte non consentit, même me dire que c'était un viol, vu que j'étais inconscient, il n'avait pas eu mon consentement. Et, qu'il n'aurait pas dû profiter de la situation, mais j'ai refusé. NON, il ne m'a pas violé. Mon père dit ça pour que je ne culpabilise pas. Il me donne une raison, un moyen de faire passer ce que j'ai fait comme si ce n'était pas ma faute, mais ça l'est. J'aurais dû faire confiance à Alexander, j'aurais dû m'éloigner de Sam quand Alexander m'a fait part de ses doutes. Je me suis moqué de sa jalousie que je trouvais adorable. Mais, je l'ai pris à la rigolade. J'ai même répondu au flirt de Sam pour taquiner Alexander, peut-être que Sam a pris ça comme une avance, un accord que je voulais plus avec lui.

Je lui ai encore brisé le cœur. Je n'ose imaginer ce qu'il a dû ressentir en nous voyant comme ça.

J'ai essayé de l'appeler plusieurs fois, juste pour entendre sa voix même s'il m'aurait hurlé dessus où insulter, je l'aurais laissé faire. Mais, je suis tombé sur une Isabelle furieuse qui m'a demandé de laisser son frère tranquille. La réaction de Jace, ma mâchoire s'en souvient encore et depuis, j'ai de nouveau perdu mon meilleur-ami. Seule Clary est restée, mais je doute qu'elle ait le choix. Elle a des actions dans l'entreprise, elle est prise entre deux feux, si elle quitte l'entreprise, elle perd l'argent investi et le métier de ses rêves. Jace ne l'a pas empêché, mais il a dit à Clary qu'il ne voulait pas entendre mon nom sortir de sa bouche.

Alexander

Assis dans le canapé de Catarina, la petite Madzie babille sur son tapis de jeu. Je regarde Cat et Ragnor qui ont leurs yeux amourachés sur leur fille. Je suis encore sur le coup d'une gueule de bois. La troisième de cette semaine. J'attends le taxi qui m'amène dans le centre de désintoxication que mes parents avaient trouvé il y a quelque temps.

Ouais Alexander Lightwood ne s'est pas réfugié dans la bouffe pour soigner son cœur brisé, mais dans l'alcool.

Ouais putain ! Je suis alcoolique.

Il m'a fallu une année entière pour me l'avouer et le reconnaître. Mais je le suis. Mon boulot, je n'en parle même pas. J'ai tout perdu depuis cette nuit, il y a un an. Je refuse d'en parler ni de dire son nom, il ne mérite aucune considération de ma part. Ne voulant plus y penser, je me baisse pour caresser la joue de ma filleule. Je suis un parrain pathétique, un parrain qui a assisté à son baptême, ivre mort et qui a fini par vomir son alcool en plein milieu du baptême... Un si mauvais exemple pour ma filleule.

Cat m'annonce que le Taxi est là. J'embrasse Madzie sur la joue alors que Ragnor l'avait pris dans ses bras, il me tape l'épaule m'encourageant dans ce chemin que j'entreprends. Cat me prend dans les bras avant que je ne monte dans le Taxi, on n'en parle pas, il n'y a pas grand-chose à dire. J'ai déçu beaucoup de monde avec mon comportement. Je m'en suis pris à eux. Tous mes amis ont pris cher, toute ma colère, je l'ai abattue sur eux. Mes crises de nerfs quand je n'avais pas l'alcool que je voulais, c'est eux qui ont tout pris, mes insultes et les coups parfois.

...

Maintenant, je suis en cure après plusieurs semaines compliquées dues au manque, je suis un peu plus calme, mais pas encore prêt à affronter le monde et ses tentations. Mes coups de sang, ma colère que j'évacue contre les murs de ma chambre avec mes poings m'ont amené plusieurs fois à l'infirmerie et devant le psy.

J'ai de la visite aujourd'hui. J'en ai souvent même si j'ai été horrible avec mes amis, ils ne m'ont pas lâché. Je me suis fait des amis ici, enfin, c'est plus des compagnons de batailles, on se soutient quand le manque devient trop pour pouvoir l'affronter seul.

Il y a Pierre, alcoolique depuis des années, mais il rechute assez souvent pour faire de multiples séjours ici. Georges qui a dû faire face à la perte de sa famille dans un accident de voiture que lui-même a causé, il était au volant... ivre. Et, il y a James qui boit depuis qu'il est adolescent. Il a commencé à boire aux fêtes étudiantes avec ses copains. Et, c'est devenu une chose habituelle comme si c'était quelque chose de normal. Mais après tant d'années d'alcoolisme, sa santé n'est pas au beau fixe. Il a subi une ablation d'une partie de son foie pour justement soigner le dit organe malade.

— Ton visiteur est arrivé, annonce l'infirmier en entrant dans ma chambre.

Raj l'infirmier, gentil, mais autoritaire, il faut marcher droit avec lui. Je hoche la tête et le suit dans la salle. Elle est pleine, en même temps, c'est le jour des visites. Il m'amène à une table, mais dès que je vois le visiteur, je commence à faire demi-tour en secouant la tête de négation à Raj pour qu'il me ramène à ma chambre. J'ai le droit de refuser un visiteur.

" Alexander... s'il te plaît " entendis-je derrière moi.

Sa voix est suppliante et je me surprends à vouloir l'entendre encore.

— Magnus, murmurais-je en me retournant, mais en évitant de le regarder dans les yeux.

— Aller va t'asseoir, m'encourage Raj.

Je hoche la tête en soufflant un grand coup et rejoint la table, Magnus me suivant.

Pourquoi ? Pourquoi est-il venu ici ? Est-ce qu'il est venu pour rompre officiellement ? C'est vrai, on n'a pas eu cette discussion, j'ai refusé ses appels à l'époque. Pourtant, tout était clair quand je les ai surpris ensemble. Il m'a trompé. Il a peut-être besoin de cette rupture pour avancer... pour avancer avec... Sam.

Alors je m'assois et attend ce qu'il a à me dire. J'ai le cœur qui bat rapidement, mes yeux sur la table, je vois sa main venir prendre la mienne qui est sur la table, mais le contact me brûle, je n'en veux pas. Je reprends ma main d'un geste vif et la pose sur mes genoux, rejoignant l'autre.

— Tu peux me regarder s'il te plaît... demande-t-il doucement comme s'il s'adressait à un gamin ou à un animal blessé.

Je secoue la tête de négation, je refuse de le regarder, je ne peux pas. Tout ce que je vois en le regardant, c'est lui... nu dans notre lit avec un autre.

— Dis ce que tu as à dire, si ça te fait te sentir mieux ! déclarais-je tout de même en regardant mes mains sur mes genoux.

— Je n'ai pas voulu ce qui est arrivé... commence-t-il.

— Épargne-moi ses conneries ! grognais-je en riant amèrement.

— Écoute-moi s'il te plaît et après je m'en vais, mais j'ai besoin que tu saches... la vérité, souffle-t-il si doucement que j'ai eu du mal à l'entendre avec toutes les discussions autour de nous.

Je ne réponds pas, je ne fais que hausser les épaules et j'attends.

— Il m'a fallu plus d'un an pour que j'ai le courage de te parler. J'ai appris par Isabelle il y a quelques jours que tu te trouvais ici... commence-t-il.

— Traîtresse, murmurais-je en pensant à ma sœur.

Elle n'aurait pas dû lui dire sans me demander mon avis. Il recommence à parler presque dans un murmure que je dois me pencher un peu en avant pour l'entendre.

— Cette nuit-là, on avait bu... beaucoup trop. On était content de nos ventes, on a fini par boire deux bouteilles et... après je me suis retrouvé avec lui au-dessus de moi et puis plus rien. Juste des cris qui m'ont réveillé. Il m'a fallu un moment le lendemain matin pour me rendre compte de la situation et que tu nous avais vus... mais Sam... il... il a abusé de moi.

Je relève la tête pour voir Magnus dont les larmes perlent sur ses joues, mais son visage est tourné vers la fenêtre. Je le regarde alors qu'il souffle un bon coup pour se reprendre et il tourne la tête vers moi alors que moi, j'essaie encore d'absorber ce qu'il vient de me dire.

— Je ne voulais pas ça, il a profité que je sois inconscient pour faire ce qu'il a fait.

— Je... Magnus... quoi ? bégayais-je.

Je ne comprends pas... Je ne sais pas quoi ressentir à cet instant, ni si je dois le croire. Est-ce qu'il dit la vérité ? Mon dieu, je ne sais plus.

— Il m'a fallu un moment pour me rendre compte de ce qu'il s'était vraiment passé et reconnaître ce qu'il m'avait fait. Je me suis jeté la faute, pour moi, c'était de ma faute... Je n'avais pas le courage de t'affronter et de te dire tout ça... te dire qu'il avait abusé de moi... Parce que je ne le croyais pas, je lui faisais confiance, avoue-t-il la voix rauque et tremblante.

Un silence s'installe entre nous. Quel gâchis, encore une fois, une personne s'interpose entre nous, profite de Magnus, profite de ses faiblesses. Avec Camille, c'était sa honte qu'il avait envers moi et avec Sam, sa vulnérabilité et sa confiance.

— Quand je vous ai vu, c'était tellement surréaliste pour moi. Je n'arrivais pas à y croire... J'ai bu à en perdre la raison, j'ai bu pour oublier cette image de toi et de lui dans notre lit... Putain Magnus, j'ai perdu mon travail et je me retrouve là... murmurais-je mes yeux brouillés de larmes ancrés sur la table.

— Je suis tellement désolé, je ne voulais pas tout ça... Alexander je t'aime... Je ne t'aurais pas fait ça... pas après tout ce que l'on a vécu, sanglote Magnus en se penchant en avant pour que ses yeux soient dans les miens.

— J'ai cru tout ce temps que tu l'aimais... Je me suis dit que j'avais raison d'être jaloux... Je t'ai même détesté de m'avoir fait ça... je t'ai détesté pendant tout ce temps alors que... que tu n'y étais pour rien...

Je baisse les armes finalement, je laisse aller mes larmes, la tête toujours baissée.

Je me replie sur moi-même et plante ma tête dans mes avant-bras posés sur la table, prenant conscience de tout ce qui vient d'être dit. Je sens sa main venir câliner ma nuque et je ne la repousse pas. C'est moi qui devrais être là pour le réconforter et le consoler, pas lui.

On reste comme ça un moment, je m'en veux. J'aurais peut-être dû répondre à ses appels, il aurait peut-être eu l'occasion de m'expliquer. On aurait pu discuter de tout ça, mais à l'époque, rien que t'entendre sa voix me faisait trop mal. On aurait pu peut-être éviter tout ça. Et, je me sens horrible qu'il ait dû affronter tout ça, toute cette épreuve... seul.

— Parle-moi s'il te plaît... Parle-moi de tout ce que tu veux, demandais-je doucement en relevant la tête pour le regarder en essuyant mes larmes.

J'ai envie de l'écouter, de l'entendre parler d'autre chose, et il le fait. Il me parle de son entreprise, de tout et de rien le reste de la visite. Il me dit qu'il reviendra souvent, si je le veux... ce que j'accepte.

Notre relation n'est plus celle qu'elle était. Il me rend visite à chaque fois qu'il le peut. On n'est plus un couple, on redevient des amis. Plus les jours passent, plus à chaque visite, je le vois changer. Il devient un peu plus sûr de lui, plus confiant qu'à sa première visite. Il commence même à se remaquiller. Toute cette histoire l'a ruiné et brisé.

NOUS sommes brisés.

Le pardon mutuel n'a pas été une des choses que l'on s'est dite avant de nous séparer à la fin de chaque visite. Non la demande de pardon, se pardonner n'est pas une chose que l'on doit se dire, Magnus ne l'a pas voulu. Il n'a rien à se faire pardonner. Magnus, je le sais aujourd'hui qu'il ne voulait pas ça, même si j'aurais dû lui faire plus confiance à l'époque.

Comme il me l'a dit, il ne m'aurait pas fait ça, pas après ce que l'on a vécu.

Pour moi, mes actes et mes décisions de me rendre dans des bars pour me saouler viennent de moi. J'ai pris les verres d'alcool seul, personne ne m'a forcé. J'aurais dû avoir le courage de demander de l'aide, de me confier, de ne pas avoir peur de l'affronter au lieu de m'enfermer dans ce cercle vicieux.

Je compte bien changer ça. Je veux Magnus près de moi, dans mes bras... Je le veux toujours. Je l'aime, c'est aussi simple que ça.

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