Chapitre 5 : Tout a changé
Magnus
Je sais qu'Alexander a eu un accident de voiture après être parti de chez lui, furieux et en pleurs. Je l'ai su par mon père quand il rentrait de sa garde au petit matin. La dispute a été inévitable. Il est déçu de moi et en colère. Il ne comprend pas comment j'ai pu faire ça à Alexander, le frère de mon meilleur ami. Il était furieux quand je lui ai dit que ma petite amie avait commencé et que j'avais juste suivi pour lui plaire. Il ne peut pas me comprendre.
— Tu as fait ça parce que tu aimes cette fille ? cria-t-il.
Ses yeux assombris de colère me font déglutir.
— Oui, je l'ai fait pour elle... Tu ne peux pas me comprendre ! criais-je en retour.
— Oh que si je comprends. J'ai aimé ta mère de tout mon cœur, mais jamais je n'aurais fait du mal à quelqu'un d'autre juste pour lui faire plaisir ! hurle-t-il avant de continuer. Tu te rends compte que Maryse et Robert ont déjà perdu un fils, et là ce soir, j'ai dû leur annoncer que leur fils n'allait peut-être pas survivre. Est-ce que tu te rends compte ?
Ses mots me frappent en pleine poitrine, ils me font haleter de peur, d'horreur. J'ai peur et je ne veux pas perdre Alexander. Je me rends compte qu'il peut mourir par ma faute. Même si, je ne conduisais pas la voiture, toutes mes actions, les insultes ont conduit à ça.
— Quoi ? Il... il va mourir ? demandais-je dans un souffle tremblant et en m'asseyant abattu dans un fauteuil.
— Magnus, il peut mourir à tout moment.
— Je ne... je... je suis désolé...
— Tu peux l'être. Et une chose est sûre, cette fille ne mettra jamais un pied ici, tu entends ? Jamais, elle fera partie de cette famille, si un jour ça te vient à l'esprit de vouloir plus avec elle... ne compte pas sur moi pour approuver, ne compte pas sur moi pour avoir ma bénédiction... je n'en veux pas dans ma maison.
Je ne fais que hocher la tête et je le regarde aller dans sa chambre. Et moi, je vais dans la mienne pour cacher mes larmes, ma peine.
Je suis un monstre.
Je me sens comme si on avait comprimé mes poumons.
Mon téléphone sonne et je vois que c'est Camille, je le jette à travers ma chambre et m'écroule le long de ma porte, j'étouffe mes pleurs derrière ma main.
"Qu'est-ce que j'ai fais ?"
Au bout d'un mois, je n'ai toujours pas eu de nouvelle de Jace. Je voulais absolument lui parler avant que les vacances n'arrivent, parce que mon père m'envoie en Indonésie chez un cousin pour que je puisse réfléchir sur moi-même et sur mes actions.
J'avais réussi à extirper des infos de mon père qui avait du mal à me parler. Mais au bout d'un énième supplice de ma part, il a fini par me dire qu'il était dans le coma dès suite de son accident. Mais c'est tout, il ne m'a rien dit de plus.
Je n'ai pas eu de nouvelles depuis. Je ne sais pas comment il va, s'il est réveillé ou même s'il a des séquelles. Jace refuse toujours de me parler et je comprends, du moins j'essaie. Ce que j'ai fait est impardonnable, je me sens honteux et coupable.
J'ai vu Alexander changer de jour en jour et c'est vrai, je n'ai pas pu empêcher le sentiment de honte de m'assaillir quand j'étais à ses côtés. Je voyais tous ses regards sur nous quand on marchait ensemble dans les couloirs et c'était trop. Pourtant j'étais amoureux de lui. Lorsqu'on s'est rencontrés, je suis tombé amoureux de lui tout de suite et je crois que je le suis encore, je ne me suis jamais arrêté. C'était pour moi, la plus belle chose que j'avais jamais vue. À part ça, il était si doux et je me voyais en avoir plus... Bien plus avec lui. Je me découvrais avec lui. Je ne savais pas encore que j'étais bisexuel jusqu'à ce que je rencontre Camille, ma petite amie.
J'ai laissé tomber Alexander pour elle. Combien de fois elle m'a dit de le laisser, qu'elle était mieux que lui, qu'elle me donnerait tout ce que je voudrais. Elle me disait qu'il était infâme et dégoûtant. Que je ne pouvais pas rester avec lui, si je souhaitais avoir un peu de popularité dans le lycée donc il fallait que je le laisse pour être avec elle. Et puis j'ai fini par sortir avec elle, je l'ai écouté. J'ai arrêté de lui parler, s'ensuit ses deux ans de harcèlement contre lui. Je ne voulais pas ça. L'insulter comme je les fais, je ne voulais pas, mais Camille m'a poussé encore et encore. Elle m'a menacé de rompre avec moi si je ne faisais pas ce qu'elle disait et putain je l'ai écouté, je l'ai fait pour qu'elle ne rompt pas avec moi, parce que je l'aimais.
Je me suis rendu compte trop tard que ça aller trop loin, le jour de l'histoire du casier quand il s'est effondré au sol. J'ai voulu aller le voir, prendre de ses nouvelles quand je suis allé dans sa chambre, le même jour où il m'a dit qu'il me détestait, qu'il me haïssait. Ça m'a fait un sacré choc. Ça m'a fait en quelque sorte ouvrir les yeux sur mes actions, mes paroles, mais surtout, je me suis rendu compte que je lui avais brisé le cœur. Je l'avais vu dans ses yeux qu'il m'aimait, mais je n'ai pas agi en conséquence. Je lui ai juste tourné le dos... comme un lâche et par honte.
Le pire de tout est que Camille a juste rit de lui quand elle a appris qu'il avait eu un accident " bon débarras" m'avait-elle dit. "Enfin débarrasser de ce tonneau" avait-elle claqué quand je lui ai dit que c'était cruel, que personne ne méritait ça. Elle m'avait regardé avec des yeux plissés et tellement froids que je me suis senti incroyablement mal... elle me fait froid dans le dos.
Comment j'ai fait pour aimer cette fille au point d'avoir failli tuer Alexander ? Je ne sais pas.
La rentrée est pour aujourd'hui, dernière année de lycée après la faculté pour moi. J'ai pris le cursus d'arts appliqués pour devenir styliste, ce serait mon rêve ou simplement assistant styliste me conviendrait.
Je suis sorti de mes pensées matinales par la sonnerie de mon téléphone.
— Ouais ? répondis-je sans engouement en sachant qui est à l'autre bout de la ligne.
" Bébé, je t'attends depuis dix minutes " grogne Camille.
— J'arrive... donne-moi cinq minutes, soufflais-je en raccrochant sans lui laisser le temps de répliquer.
Et oui, Camille me suit partout. Elle a un an d'avance sur moi, mais elle a tout fait pour refaire une année, je ne sais pas comment elle s'y est pris. Tout ça pour qu'on aille à la faculté ensemble. Elle a tenu à avoir un œil sur moi. Je sais que cette relation est malsaine, j'aurais dû la quitter, je ne ressens plus rien pour elle. Avec Camille on est ensemble sans l'être. Elle couche derrière mon dos, je le sais. Est-ce une sorte de punition que je m'inflige en restant avec elle ? Bonne question. Si mon père vient à savoir que je la vois toujours, je ne donne pas cher de moi. Il est déjà en colère contre moi, il me botterait le cul sévère.
Et, j'aurais dû essayer plus fort de contacter Jace pour avoir des nouvelles, mais je ne l'ai pas fait. La culpabilité me ronge trop pour faire le premier pas vers lui. Je suis lâche parce que je n'ai pas envie qu'il me déteste plus qu'il ne devrait. Je sais que je devrais au moins essayer de présenter mes excuses à toute la famille, mais j'ai peur. J'ai peur de les regarder et d'y voir de la haine pour ce que j'ai fait à Alexander. Et, ils auraient raison, je me hais moi-même.
Comment peut-on faire ce que j'ai fait à quelqu'un que l'on aime ? Comment j'ai fait pour regarder Alexander se faire humilier et en rire ? Comment j'ai fait pour regarder Camille lui faire du mal sans rien dire ni rien faire ?
Je prends mes clés de voiture, mon sac à dos et sort de chez moi. Camille est appuyée contre ma voiture, la tête sur son téléphone.
On ne se parle pas, même pas un baiser de bonjour. Je n'en ai pas envie et surtout, je ne veux pas passer derrière un autre.
Sortant de la voiture, elle s'accroche à mon bras et on entre dans ce maudit lycée. L'accident a eu lieu six mois avant les vacances, ça fait donc neuf mois que je n'ai pas de nouvelle d'Alexander. Raphaël et Ragnor ne me parlent plus depuis un moment déjà même avant l'accident, de même que ma meilleure amie Catarina. Ils me manquent tous tellement. Je retrouve les couloirs et les casiers. De loin, je vois Isabelle et Jace en compagnie de Clary, Simon, Ragnor, Catarina et Raphaël en train de discuter.
Un brouhaha soudain retentit dans les couloirs.
Camille et moi, on se retourne vers le chahut et avec un halètement, je regarde Alexander entrer dans le lycée au bras de Jonathan.
Putain, ils sont beaux.
Alexander est magnifique et il marche avec confiance, il est sublime. Jean slim déchiré aux genoux, tee-shirt blanc, il est chaud avec sa veste en cuir. Il me regarde en fronçant les sourcils comme s'il ne me connaissait pas et continue son chemin avec Jonathan. Déglutissant, réhydratant ma gorge sèche, je me retourne vers Camille qui sourit diaboliquement, je connais trop bien ce regard.
— N'y penses même pas, c'est fini les conneries, grognais-je.
— Allez bébé ! On va bien s'amuser, ricane-t-elle ses yeux sombres toujours sur Alexander.
— J'ai dit non et tu ne le toucheras plus Camille, je t'arrêterai ! claquai-je avant de la laisser là au plein milieu du couloir.
Alexander
Quand je suis sorti du coma, ma famille m'a expliqué ce qu'il s'était passé. Je n'ai pas de séquelles importantes. Juste une perte de mémoire. Apparemment, j'ai oublié certains passages, mon cerveau a fait une sorte de sélection. Je me suis réfugié dans ce qui était moi, avant la mort de Max.
J'ai eu du mal à tout assimiler. Je sais que les deux dernières années, j'ai été victime d'intimidation dû à mon poids. J'ai quelques souvenirs de ses moments où j'ai mangé à me rendre malade. Mais, je ne veux plus faire ça. J'ai une trentaine de kilos à perdre et je vais y arriver. Mes parents ont fait le nécessaire, diététicien, coach sportif ...
Je me rappelle un peu d'un certain Magnus, son visage n'est pas clair dans ma tête. Je sais juste que son nom fait que mon cœur bat rapidement quand je me souviens de lui, mais c'est avec amertume qu'Isabelle m'a expliqué que c'est lui et sa petite amie qui m'avait harcelé.
...
J'ai des brides de souvenirs lorsque je regarde comme à cet instant la porte du lycée. Pendant les neuf derniers mois beaucoup de choses ont changé. J'ai atteint mon objectif, après beaucoup d'efforts, de doutes, de pleurs et de frustration, j'ai perdu le poids que j'avais en trop. Je dois subir une toute petite opération de chirurgie réparatrice pour enlever l'excédent de peau au niveau de mon ventre que je ne peux pas faire partir, même avec tout le sport du monde. Je pourrais après l'opération travailler sur mes abdos. L'opération est la dernière étape de ma réadaptation et je continue de voir ma thérapeute Tessa, qui m'a aidé à gérer le décès de Max. C'était dur d'y faire face sans avoir besoin de me réfugier dans la nourriture.
Mais après tout ce travail acharné, je ne peux pas revenir à mes anciens démons. Ce serait injuste pour toutes les personnes qui m'ont accompagné et épaulés à travers tout ça. Des personnes que je n'aurais jamais cru avoir à mes côtés. Je me dis que c'est dommage et triste de devoir presque affronter la mort pour que les gens se rendent compte de ce qu'il aurait pu perdre.
J'ai Jonathan avec moi, il ne m'a jamais quitté... Mon petit ami, mais après tout ça, je ne me souviens plus très bien et je me sens incapable de repartir de là où on en était tous les deux, alors on a décidé de devenir ami. Il a accepté avec soulagement, il a cru que je ne voulais rien avoir avec lui. Avec Jonathan on est ami, je ne peux pas lui donner plus que ça et il a accepté, même s'il m'a avoué qu'il était amoureux de moi, je ne peux pas lui donner ce qu'il veut et je le regrette sincèrement de lui faire du mal comme ça à lui alors qu'il a été le premier à me voir comme j'étais et à vouloir de moi et plus que tout, il me désirait. Il veut rester près de moi, il veut rester mon ami, ce gars est génial et j'espère qu'un jour il rencontrera la personne qu'il lui donnera tout ce que je ne peux pas lui donner.
Accroché à son bras, on franchit les portes du lycée, attirant tous les regards sur nous. Pour une fois les regards, je les accueille avec un plaisir non dissimulé. C'est ma petite vengeance personnelle envers les gens qui ont fait de ma vie un enfer pendant deux ans. Mon regard croise celui de Magnus, je le reconnais, Isabelle m'a montré une photo de classe. Mais, je détourne les yeux pour aller rejoindre mes amis qui nous attendent devant mon casier. Après des câlins serrés, je ne me serais jamais douté de trouver une amitié sincère avec Ragnor et Raphaël. Ils avaient été avec moi, m'aidant pendant le long chemin de ma réadaptation. Ils m'accompagnaient des fois dans le jogging et à la salle de musculation. Avec Jace on a beaucoup parlé et tout va pour le mieux entre nous. On est plus fort que jamais.
— Pourquoi il faut que tu sois aussi chaud ? déclare Catarina en me regardant et en jouant des sourcils.
— Chaud... rien que pour toi bébé ! flirtais-je en la prenant dans mes bras et en la faisant rire.
— Je croyais que j'étais ton bébé ? Tu es un traître ! plaisante Jonathan en claquant une petite tape sur mon épaule avant d'aller pleurnicher faussement dans les bras de Clary qui est hilare tout en frottant le dos de son frère.
— Ne sois pas jaloux... ricanais-je en lui rendant sa claque sur sa fesse et non sur son bras le faisant crier de surprise.
— Comment tu sens ? demande Jace avec inquiétude alors que l'on se dirige vers nos casiers.
— Je vais bien, ça fait juste bizarre de retrouver ses couloirs et ses casiers sans que je rentre en collision avec, dis-je en ouvrant mon casier.
— Ouais, je comprends.
Je me retourne pour voir une fille blonde qui s'avance vers moi avec un sourire tordu au visage que je ne comprends pas.
— Reste loin de lui Camille ! menace férocement Clary.
Cette petite tête rousse qui est Clary ferait presque peur. Un caractère protecteur que je n'avais pas décelé jusqu'à ce qu'elle commence à sortir avec Jace. Elle relèverait volontiers les manches pour en découdre, pour protéger ses amis, elle le ferait pour n'importe lequel d'entre nous.
" Ah " me dis-je intérieurement. Donc, c'est la petite amie de Magnus Bane, le couple qui m'a harcelé pendant deux ans.
— Qu'est-ce que tu veux ? demandais-je en refermant mon casier.
Je décale Clary dans les bras de Jace avec un gloussement qui ricane lui aussi du côté protecteur de sa petite amie.
— Prendre de tes nouvelles. Cet accident t'as réussie à ce que je vois, ricane-t-elle en me regardant de haut en bas.
— C'est tout ? Tu as fini ? questionnais-je en croisant mes bras sur ma poitrine tout en regardant Magnus Bane les sourcils froncés se diriger vers nous.
— Regarde bébé... La graisse qu'il avait lui est allée aux couilles, glousse-t-elle.
Elle passe son bras sur les épaules de son petit ami qui souffle grandement, visiblement fatigué. Il secoue les épaules pour qu'elle le lâche, ce qui l'agace vu le regard noir qu'elle donne à Magnus.
— Pourquoi n'irais-tu pas t'agenouiller pour justement regarder si celles du dernier mec que tu as sucé sont toujours bien dans son pantalon ? Parce que tu vois je n'ai aucune envie d'écouter tes conneries... qui viennent visiblement d'un cerveau dérangé ! m'agaçai-je.
Je me mords la joue quand je vois Magnus taire un rire avant de mettre sa main devant sa bouche en faisant semblant de tousser, il gagne de nouveau un regard noir de Camille.
— Ce n'est pas fini Lightwood ! crache-t-elle en se retournant et en entraînant Magnus avec elle.
Avec un haussement d'épaules et avec un roulement des yeux typiques des Lighwood je me dirige vers le secrétariat avec les autres pour avoir mon emploi du temps.
— Ne fais pas attention à elle, me conseille Isabelle.
— Attention à qui ? demandais-je en feignant l'incompréhension en la faisant sourire.
Une fois mon emploi du temps dans les mains, je me dirige vers ma première heure de cours " français " avec le professeur Mme Dorothéa Rollin's, je ne la connais pas, elle doit être nouvelle. J'entre dans la classe et trouve un siège à l'arrière m'y installant aussi calmement que possible.
Je fus agacé de voir que le couple tout puissant avait le même cours que moi et qui, bien entendu, s'installe à une table derrière moi.
Ne faisant pas attention, comme je sors mes affaires de cours, je sens une main sur mon épaule qui me fait sursauter et me fait lever la tête.
— Oh comme on se retrouve, ricanais-je à Raphaël.
Je suis content de l'avoir avec moi dans ce cours, il s'installe sur le siège à côté de moi.
— Tu m'as manqué Mi Amor, minaude-t-il en m'embrassant sur la joue.
En riant avec lui, on fait tourner pas mal de monde sur nous.
— Oh arrête ! On dirait un vieux couple, pouffais-je en le poussant gentiment avec une tape dans le torse.
" Vieux et immonde "
J'entends l'insulte de Camille derrière nous, sa voix est remplie de dégoût. Raphaël me regarde faussement outré et avec un halètement, il se retourne de manière théâtrale en me faisant rire de plus belle.
— Immonde est le mot adéquat pour désigner ton visage, dit-il calmement à Camille.
Mes épaules tressautent, j'image simplement le visage de Camille qui grogne en retour à Raphaël. Il se retourne et se réinstalle nonchalamment sur sa chaise. J'entends juste Magnus souffler à sa petite amie " tu l'as mérité ".
La prof de français entre et commence son cours qui passe assez rapidement d'ailleurs. C'est ainsi jusqu'à l'heure du déjeuner. Je ne mange pas au lycée, je sors pour aller dans ma voiture, étant au régime, je me contente d'un smoothie protéiné. Je l'ai à peine fini qu'on tape à ma vitre de voiture. Avec étonnement, je découvre que c'est Magnus. Alors, je sors de la voiture en haussant un sourcil pour savoir ce qu'il me voulait.
— On peut parler ? demande-t-il timidement.
— Ouais si tu veux... heu tu veux parler ici ? demandais-je en regardant autour de nous.
— Heu... hésite-t-il en regardant autour de lui aussi.
— Monte du côté passager, proposais-je en désignant ma voiture.
— Ok, accepte-t-il avec un hochement de tête.
Je m'installe derrière le volant et allume le moteur pour mettre un peu de chauffage ayant un peu froid.
— J'avais froid... la graisse ne me tient plus chaud tu sais ! déclarais-je sarcastique à sa question muette.
Une insulte qu'il avait l'habitude de crier dans le couloir quand le temps se réchauffait et dû à mon poids ça n'arrangeait pas ma situation sous mes aisselles et sur mon corps. Il grogne en réponse, il a très bien compris à quoi je faisais référence lui aussi.
— Écoute... Je m'excuse pour tout ce que tu as traversé à cause de moi et de Camille, souffle-t-il en évitant de me regarder.
— Je ne m'en souviens plus très bien Magnus, j'ai des souvenirs... Quelques insultes... mais je sais ce que vous avez fait toi et Camille parce que Izzy me l'a raconté, répondis-je en triturant un fil de mon jean déchiré au niveau du genou.
— Oh... Donc tu ne te rappelles plus quand on s'est rencontré alors ? demande-t-il avec hésitation.
— Je me rappelle, j'ai juste effacé ce qu'il s'est passé après la mort de Max, mon obésité et...
— Je suis désolé... je ne sais pas au juste pourquoi j'ai fait ça, j'ai juste suivi Camille, me coupe-t-il.
— Je ne lui ai jamais rien fait... ni à elle, ni à toi... J'aurais cru que tu m'aurais soutenu à la mort de Max, je sais que tu as eu honte de moi, mais tu sais j'avais besoin de mon ami, mais tu m'as laissé tomber... soufflais-je tristement.
— Tu te rappelles nos baisers ? demande-t-il en me regardant ce coup-ci.
Ses yeux verts dorés me transpercent avec intensité.
Mais, je ne veux pas qu'il me regarde comme ça. Il me met en colère, il m'attriste aussi. Parce que je me souviens de ses yeux quand on s'est rencontré, ou quand on s'embrassait, ses yeux qui m'ont regardé avec tendresse et admiration. Mais je me souviens aussi de ses yeux qui m'ont regardé avec honte... et dégoût parfois.
— Ouais ! murmurais-je mais je détourne le regard et regarde devant moi.
— Alexander ? essaie-t-il.
Mais il faut que je l'arrête... trop de colère, trop de tristesse m'envahit.
— Qu'attends-tu de moi ? Que je te pardonne ? Que je fasse comme si de rien n'était ? Deux ans Magnus... Pendant deux ans, tu t'es acharné sur moi, même si je ne me rappelle pas de grand-chose, tout ce que je sais, c'est que ça fait mal de savoir que la personne que je croyais être mon ami m'a fait ça... Quand on s'est rencontré, je n'aurais jamais pensé que tu deviennes ce genre de personnes.
— Je suis désolé... murmure-t-il sa voix tremblante.
— Ouais... Putain tu peux l'être ! claquais-je en sortant de ma voiture.
Je ne prends pas la peine de le regarder sortir, ni de verrouiller les portières, il faut que je m'éloigne. Il ne peut pas venir et me parler comme ça... comme si on était toujours ami, comme si rien ne s'était passé. Je ne peux tout simplement pas.
Magnus
Toujours assis dans sa voiture, je frotte mes mains tremblantes et moites sur mon jean. Repensant à ce qu'Alexander venait de me dire et bien je le comprends. Je savais qu'il ne me pardonnerait pas, je ne sais pas, peut-être que je voulais une confirmation.
J'ouvre la portière et je sors de la voiture pour tomber sur Jace et Clary venir vers moi, mais je ne crois pas qu'ils souhaitent venir me parler. Alors, je ne fais pas attention et je commence à retourner vers le lycée.
— Magnus... Attends ! entendis-je venir de Jace en me faisant arrêter dans mes pas et me retourner pour les voir courir vers moi.
— Je voulais te parler, commence-t-il.
— Bien sûr, acceptais-je rapidement.
Clary s'avance vers nous et pose sa main dans le dos de Jace. Tiens, ils sont ensemble. Une chose que je ne savais pas de mon meilleur ami. Je me rends compte que je l'avais bien perdu. Parce que c'est quelque chose qu'il serait venu me dire tout de suite, si on était encore amis. Il avait remarqué Clary du début, on avait passé une soirée à discuter sur comment il allait l'approcher.
— Tu voulais me parler ? demandais-je en avalant ma tristesse qui s'accumulait dans ma gorge.
— Ouais, écoute je ne sais pas comment te dire ça et tu le sais moi et les mots c'est une grande histoire d'amour, plaisante-t-il en faisant sourire Clary.
— Oui je le sais ! ricanais-je avec un hochement de tête. Que veux-tu me dire ?
— J'ai vu Camille ce week-end... heu... elle était avec Aldertree, le directeur.
— Hein ?
" Qu'est-ce qu'elle foutait avec le directeur " je me demande intérieurement même si au fond de moi... j'en ai une petite idée.
— Ouais, tu sais que le week-end, je travaille à l'hôtel Dumort comme homme à tout faire... commence Jace.
Je prie pour qu'il ne me dise pas ce que je crains d'entendre, même si je le savais qu'elle me trompe, ça fait toujours mal d'y être confronté.
— Et bien elle sortait d'une chambre avec lui, avoue-t-il doucement.
— Putain... grognais-je.
— C'est pour ça que vous n'avez jamais été sanctionné ? Elle et le directeur ont une liaison ? questionne Clary en me regardant droit dans les yeux.
Ses yeux verts me lancent des éclairs.
— Je ne le savais pas. Tu crois vraiment que je laisserais ma petite amie avoir une liaison juste pour ne pas être sanctionné et continuer à s'en prendre à Alexander, m'offusquais-je.
Comment ils peuvent croire que je le savais et que je l'ai laissé faire. Je sais que j'ai été ignoble avec Alexander, mais je n'étais pas au courant que Camille se tapait le directeur. Cela explique le fait qu'on ait jamais été sanctionné. Je lui avais déjà demandé comment cela se faisait qu'on n'était jamais inquiété, elle me disait qu'elle se débrouillait. J'avais des doutes oui, j'aurais dû agir encore une fois, mais je n'ai rien fait.
— Excuse-moi Magnus, mais tu n'as jamais rien fait pour l'arrêter, je comprends que tu sois amoureux d'elle, pourquoi la laisser faire et même y participer ? questionne durement Clary.
— Et comment fais-tu pour rester avec elle après tout ce qu'il s'est passé ? Tout ça, ce qui est arrivé à mon frère, ça ne t'a pas fait réagir ? Tu ne penses pas que cette relation est malsaine ? déclare durement Jace.
— Je n'en sais rien, ok ? Je ne sais pas... elle me disait qu'il était infâme, dégoutant... que si je voulais être populaire, il fallait que je sorte avec elle... et... et elle a vu que j'avais honte de lui, elle s'en est servi pour m'éloigner de lui, avouais-je en faisant tressaillir Jace alors que ses yeux se remplissent de larmes.
— Tu sais que la mort de Max l'a anéanti... Ce changement physique, il ne l'a probablement pas voulu. Il a changé ouais, mais c'était toujours le même et je suis sûr que si tu aurais fait ce qu'un ami aurait dû faire, tu aurais pu peut-être l'aider et je suis convaincu qu'il s'en serait sorti si tu avais été à ses côtés... tu sais pourquoi ? me demande-t-il la gorge nouée tout en s'essuyant la joue.
Je secoue la tête négativement sachant très bien ce qu'il s'apprête à confesser.
— Parce qu'il t'aimait... murmure-t-il avant de se retourner.
Ils me laissent là et repartent vers le lycée. Moi, je tourne les talons et je cours jusqu'à ma voiture pour rentrer chez moi, le visage baigné de larmes.
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