Chapitre 3 : L'accident

Avertissement : Accident / insulte homophobe / insulte / légère violence physique.

Alexander

Debout dans le couloir du lycée, j'embrasse Catarina sur le front qui était dans mes bras. Je la relâche et je la regarde franchir les portes du lycée pour prendre son bus et rentrer chez elle. Moi, j'attends patiemment ma jumelle, qui doit me rejoindre pour rentrer à la maison. Jace, je ne sais pas s'il rentre avec nous ou s'il sort avec ses amis, je n'en sais rien et je m'en fous. On ne se parle toujours pas. Izzy ne lui parle pas non plus. Mes parents ont essayé de me parler pour savoir ce qu'il se passe entre nous, mais j'ai refusé de leur dire quoi que ce soit. Même s'il a fait ce qu'il a fait, je ne veux pas qu'il se dispute avec nos parents. Mais ils ne vont pas me laisser, je les connais. Ils sont peut-être compréhensifs, cependant ils n'aiment pas les secrets et les mensonges comme beaucoup de parents, je suppose.

En ce moment au lycée, ça recommence. Ils m'avaient laissé tranquille un moment, mais ça n'a pas duré longtemps. C'est surtout Camille et ses sbires. Magnus lui reste là à regarder, il la laisse m'insulter ou me bousculer sans rien dire. Il attend, la tête baissée. Ses amis me laissent tranquille, j'ai l'impression que sa bande est moins souvent avec eux. Je me fais sûrement des idées.

Je vois ma jumelle se diriger vers moi, elle est accompagnée d'un gars à lunettes et d'une fille rousse.

— Salut frérot, me salue-t-elle joyeusement d'un bisou sur la joue.

— Tu es prête à partir ?

Je veux sortir de ce lycée au plus vite.

— Ouais... commence-t-elle avant de se tourner vers ses amis. Clary, Simon, c'est mon frère jumeau, Alexander.

— Salut, répondent-ils tous les deux en même temps tout sourire.

Je hoche simplement la tête pour les saluer.

— Ils sont meilleurs amis et viennent de déménager ici et le frère de Clary arrive demain, m'explique-t-elle.

"Comme si, j'en avais quelque chose à faire ".

— Alors, je pensais que cela serait bien si on allait ensemble au Takis pour boire un café pour mieux se connaître ! reprend-elle.

Elle regarde Simon avec ses yeux de biche que je connais très bien, il en rougit (le pauvre). Avant qu'elle ne se retourne pour me regarder de la même manière. Voyant son enthousiasme et ses yeux de biche dont elle sait l'effet que ça a sur moi, je ne peux pas lui dire non ! C'est impossible. On ne résiste pas à Isabelle Lightwood.

— Ok comme tu veux ! soufflais-je en grimaçant lorsqu'elle couine de bonheur.

En fin de compte, ils sont sympas, Simon parle beaucoup. Il parle avec conviction de ses jeux vidéo et de films. Et Clary est comme moi, discrète. Isabelle craque pour Simon, je le vois. Du coup on a passé notre temps au café à discuter joyeusement de tout et de rien. Ils ne me regardent pas avec pitié, ils se comportent normalement et j'apprécie. On se dit au revoir parce qu'il commence à se faire tard. Simon repart avec un bisou de la part d'Izzy sur sa joue brûlante, s'il n'a pas compris qu'il lui plaisait, je n'y comprends plus rien.

Arrivé à la maison, je suis pris directement à part par mes parents qui envoient Izzy dans sa chambre.

— Il faut qu'on parle ! dit sérieusement mon père alors que je le suivais avec ma mère au salon.

Je déglutis nerveusement. Je m'assois dans le canapé, ma mère à côté de moi, mon père assis sur le bord de la table basse et me regarde dans les yeux comme s'il voulait lire en moi.

— On a reçu tes résultats scolaires. Que se passe-t-il ? Tu as toujours eu de bons résultats fils, mais je dois dire que la chute de tes notes est spectaculaire, dit mon père calmement. Ça ne te ressemble pas.

— Papa...

J'interviens en déglutissant nerveusement, mais ma mère ne me laisse pas finir.

— Je sais que le départ de Max a été dur, c'est encore dur pour tout le monde ! Est-ce ça le problème mon chéri ? On peut t'aider en allant consulter un spécialiste ou...

— C'est dur oui mais... murmurais-je en la coupant.

Encore une fois, je me fais couper. Mon père est vraiment décidé à savoir ce qu'il se passe.

— C'est à cause d'un garçon ? Tu es amoureux ? dit-il en me faisant rougir.

— Non... je ne suis pas amoureux, dis-je rapidement les joues brûlantes.

— Alors que se passe-t-il ? Tu sais que tu peux tout nous dire ? demande doucement ma mère. Calme-toi Alexander, tu trembles de partout ! Tu veux un verre d'eau ?

J'acquiesce seulement, j'ai la gorge nouée. Mon père me rejoint sur le canapé. Il me frotte le dos pour essayer de me calmer. Ma mère revient avec le verre que je bois rapidement. Ils sont tous les deux à côté de moi et attendent patiemment que je parle. Mais pas où commencer ? Je ne peux pas m'échapper ce coup-ci. Et leur mentir ne servirait plus à rien. Ils m'en voudront encore plus si je leur mens encore et je ne veux pas ça.

Alors, je commence à parler doucement, comme si je ne voulais pas dire ses mots. Je leur raconte tout, l'intimidation, les insultes, les bousculades et ma crise de panique due à l'histoire du casier. Et bien sûr, le harcèlement de Camille et de Magnus.

— Pourquoi tu ne nous as pas parlé ? On aurait pu t'aider, dit ma mère chagrinée qui avait posé son menton sur mon épaule.

— Je ne sais pas maman, je n'en sais rien, avouais-je en la regardant dans les yeux avant de sursauter quand mon père se lève d'un seul coup.

— Magnus... Quand il va venir ici, je vais le recevoir ! Crois-moi ! Comment ose-t-il ? s'enrage mon père en arpentant le salon de long en large.

— Non... Non ne dit rien papa s'il te plaît, c'est le meilleur ami de Jace, je ne veux pas....

— Et Jace comment a-t-il pu laisser faire ça ? À son propre frère ? grogne mon père en me coupant.

— Robert calme-toi ! Ça ne sert à rien de s'énerver, dit ma mère pour le calmer.

Il respire plusieurs fois, mais il est toujours énervé alors je prends la parole.

— Le fait que tout le lycée sache que je suis gay, je m'en fiche. Le problème, c'est que Jace n'a rien fait pour arrêter ça. Il les a regardés m'humilier sans rien faire, ni rien dire. Il m'a trahi, expliquais-je doucement à mes parents qui hochent la tête pour me faire savoir qu'ils comprennent.

— Et cette Camille, tu sais pourquoi elle fait ça ? demande ma mère.

— Je ne sais pas ! Je suppose que ça l'amuse. Je n'ai jamais rien fait pour l'énerver de même pour Magnus, répondis-je à ma mère en me mordant la lèvre.

— On va prendre rendez-vous avec le directeur pour en parler... tu n'as pas le choix ! Ça ne peut plus durer Alexander, dit mon père quand j'allais protester.

Je ne réponds pas. Je les embrasse sur la joue tous les deux. Je me lève pour aller dans ma chambre.

— Ils le savent ? questionne ma sœur en entrant dans ma chambre.

— Ce n'est pas bien d'écouter aux portes, taquinais-je avant de lui répondre. Mais oui, ils le savent.

— Tu leur as dit que tu étais amoureux de Magnus ? demande-t-elle doucement.

— Je ne suis plus amoureux de Magnus.

— Ne me ment pas, je te connais, souffle-t-elle en me coupant.

— Je... je ne peux plus l'être, il me déteste Izzy. Il a honte de moi, répondis-je d'une voix triste de ce terrible constat.

— Alec... je suis désolé, chuchote-t-elle en me serrant dans ses bras.

—  Alors... Simon t'a tapé dans l'œil ? ricanais-je pour changer de sujet.

Elle rougit et bafouille.

— Oh j'ai réussi à faire rougir Isabelle Lightwood ! taquinais-je.

— Tais-toi... j'avoue je l'aime bien en plus il est gentil, répond-elle en riant.

— Ok c'est toi qui vois. Tu es assez grande pour savoir ce que tu veux et prendre les bonnes décisions.

Elle hoche la tête en réponse et sort de ma chambre pour aller faire ses devoirs. Moi, j'en fais autant et je pense à comment va se passer la discussion avec le directeur et la réaction de Magnus et Camille quand ils l'apprendront.

...

Un mois après la discussion avec mes parents, Ils sont allés voir le directeur vendredi seulement. Le directeur n'a pas pu les recevoir avant. Pendant ce temps-là Camille n'a pas arrêté de m'insulter. Et Magnus ne fait que de regarder, il ne dit plus rien et laisse faire. Ses amis, Ragnor et Raphaël ne trainent plus avec eux. Ils ont tenté de venir me parler plusieurs fois, mais j'ai peur que ce soit un ultime coup de Camille et Magnus pour me harceler. Avec Jace, c'est toujours pareil. On se parle si nécessaire, mais c'est tout.

Il y a trois semaines, j'ai rencontré le frère de Clary, Jonathan. Il est gentil. On a parlé assez facilement, on s'entend bien, il me fait rire. On a discuté et je lui ai dit que je ne lui faisais pas confiance et que de toute façon, je ne le faisais avec personne. Il m'a tout de même proposé un rendez-vous. Mon premier rendez-vous. J'ai d'abord refusé, parce que pourquoi il voudrait sortir avec moi ? Je lui ferai honte, on se moquera de lui. Il m'a regardé horrifier et m'a dit je cite " Je n'ai pas honte de toi et je veux mieux te connaître " Alors, un peu retissant tout de même, j'ai accepté le rendez-vous, il avait l'air sincère.

On s'est fait un petit restaurant et une soirée cinéma. Au retour, il m'a raccompagné et je l'ai embrassé. Il a été surpris et moi aussi de mon élan d'affection. Ses yeux brillants pendant qu'on se disait au revoir m'ont convaincu qu'il était sincère. Il m'avait fait du bien, il m'a fait oublier le lycée et il est vraiment gentil. Il me fait oublier ce que je suis quand je suis avec lui. Il ne me regarde pas bizarrement, il se comporte normalement avec moi. 

Je crois que je pourrais tomber amoureux.

Donc on sort ensemble depuis deux semaines. C'est mon petit ami, ce titre me rend bizarre. Mais je suis bien et apaisé avec lui. Je lui ai parlé de l'intimidation et il voulait aller les voir, mais je l'en ai empêché en lui disant que mes parents s'en occuper.

On est lundi, fin de journée. J'attends Izzy à ma voiture pour rentrer à la maison et dire au revoir à Jonathan qui doit me rejoindre dans quelques minutes. Catarina a fini plus tôt aujourd'hui " La chanceuse".

Je suis appuyé contre ma voiture alors que j'attends Jonathan quand je vois Camille venir vers moi presque aux pas de courses, les épaules tendues et le visage aussi rouge que ses talons. Magnus la suit comme un fidèle toutou, il ne manque plus que la laisse.

Ils ont dû être convoqués par le directeur. Je vais prendre cher.

— Lightwood ! Il a fallu que tu ouvres ta gueule ? cria-t-elle en me donnant une claque dans l'épaule en me faisant reculer un peu plus contre ma voiture.

— Je n'avais pas le choix !

Je réponds doucement et je commence à trembler de peur. Elle est peut-être une fille, je pèse peut-être lourd, mais rien qu'avec un regard, elle me glace le sang. Et je ne lèverai jamais la main sur une femme même si elle m'en fait voir de toutes les couleurs. Je ne suis pas violent et avec Magnus et les autres j'aurais pu me défendre et en venir aux mains, mais je ne l'ai jamais fais. Je n'aime pas la violence et régler ses problèmes à coup de poing, ce n'est pas pour moi.

— Tu avais le choix de fermé ta gueule, espèce de pédé ! m'insulte-t-elle les dents serrées.

Je ne réplique pas, ça ne sert à rien. J'encaisse et je me dis que Jonathan va bientôt arriver et me sortir de là. Alors, j'attends qu'elle finisse de cracher son venin.

— Espèce de fils de pute ! cracha-t-elle.

Et, avec cette insulte, elle me met une gifle monumentale en pleine figure. Le coup du sang rempli ma bouche et mon oreille siffle horriblement.

Même Magnus ne l'a pas vu venir. Parce qu'au moment où je tourne la tête pour regarder Camille, il lui tenait le poignet alors qu'elle levait la main à nouveau. Il a la mâchoire serrée tout en me regardant et en la forçant à s'éloigner de moi. 

Humilié et blessé, je retiens difficilement mes larmes. Ma main va sur mon oreille pour essayer d'arrêter le sifflement. Je ne fais que baisser la tête et j'attends qu'elle continue de m'insulter quand je sens juste une main chaude recouvrir celle que j'ai posée sur mon oreille me faisant sursauter et lever les yeux.

Magnus dont les yeux débordent de larmes me regarde comme s'il ressentait toute la peine du monde, comme s'il ressentait un chagrin incommensurable. Il me fait sangloter. Son regard me brise un peu plus. 

Je ne comprends pas. 

Je ne comprends plus rien.

Je suis perdu.

— Lâche-le !

Sur ses mots sa main quitte ma joue. Camille le recule comme si me toucher était dégoutant.

Jonathan arrive à ce moment-là en se plaçant devant moi. Il a les sourcils froncés et scrute mon visage intensément. Les larmes aux joues, la lèvre en sang, je le prends dans mes bras. J'en ai assez, je sens que je n'arrive plus à tout garder en moi. Il sort un mouchoir de sa poche et essuie le sang sur ma lèvre. Il caresse ma joue qui certainement a la trace des cinq doigts que Camille a laissés derrière elle, le sifflement dans mon oreille s'est arrêté.

— Que s'est-il passé ? questionne-t-il.

— Rien.

— C'est lequel de vous deux ? grogne-t-il en se retournant pour regarder Magnus et Camille.

— Putain ! Regarde bébé ! s'exclame-t-elle en regardant Magnus avant de continuer en riant. Le gros a réussi à se trouver un ami !

Magnus a la mâchoire serrée et ses yeux vont de moi à Jonathan. Il a l'air triste et en même temps je peux sentir sa colère irradiée de son corps.

— Non je suis son petit ami ! Insulte-le encore comme ça, touche encore une fois à un seul de ses cheveux et je te jure que tu vas le regretter ! avertit-il.

— Et cela vaut aussi pour toi, menace-t-il en regardant Magnus qui a l'air choqué.

Camille est furieuse, je le vois. Elle allait dire quelque chose, mais je la coupe.

— Allez, viens bébé !

J'attire Jonathan vers moi pour le calmer en lui bécotant un petit baiser qui me rend doucement. On commence à avancer pour aller à sa voiture. Et, je me retourne pour regarder au-dessus de mon épaule. Camille a tourné le dos et elle s'éloignait. Mais Magnus regardait vers nous et son regard, je vois quoi ? De la tristesse, de la jalousie ? Non, ça ne doit pas être ça. Il doit être énervé, c'est tout.

En rejoignant la voiture, je vois Izzy arrivé. Je dis au revoir à Jonathan avec un baiser et on se dit à demain.

— Tu étais en bonne compagnie ? rit-elle en me montrant Jonathan monter dans sa voiture alors qu'on rejoignait la mienne.

Je regardais aux alentours, Magnus n'était plus là. Je me sens toujours perdu et un peu déconcerté du regard de Magnus et de ce que j'avais pu y lire. Est-ce qu'il regrettait ? Est-ce qu'il a encore des sentiments pour moi ? Les mêmes sentiments que j'avais pu lire deux ans auparavant ?

— Ouais, soufflais-je en répondant à ma sœur.

Je regarde Sébastien me faire un signe de main avant qu'il ne monte dans sa voiture.

— Je suis contente pour toi, j'ai parlé un peu avec Clary, elle m'a dit que Jonathan était gentil, continue-t-elle.

— Oui il est super, avouais-je en me tournant vers ma sœur.

— Alec... ta joue et ta lèvre, s'horrifie Isabelle en s'approchant pour poser sa main sur ma joue.

— Je t'explique dans la voiture.

Elle acquiesce et on monte dans la voiture, direction la maison. Dans la voiture, je lui raconte en gros ce qu'il s'est passé. Je ne lui raconte pas le passage ou Magnus m'a chamboulé. Eh bien évidemment, elle est furieuse.

Arrivé à la maison, je prends un paquet de gâteau et je monte dans ma chambre pour faire mes devoirs, de même pour Izzy qui va dans sa chambre à son tour. Je n'avais pas grand-chose à faire, ça m'a pris à peine une heure alors je redescends pour aller regarder la télé.

Alors que j'arrive à la moitié des escaliers, qui je vois ? Mon père, Jace et Magnus ! Putain, c'est bien ma veine. 

Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? Laissez-moi respirer pour une fois ! Putain ! 

Je prends une grande et profonde inspiration et je finis de descendre les escaliers. J'essaie, je dis bien j'essaie de les éviter, mais mon père me stoppe quand j'arrive à l'entrée de la cuisine.

— Alexander... vient voir s'il te plaît.

J'approche de lui et il pose sa main sur ma joue... Oh merde ! Elle doit être encore rouge et il regarde ma lèvre. J'essaie d'échapper à sa prise sur ma joue, mais il m'avertit d'un seul regard de ne pas bouger et continue de scruter mon visage.

— C'est quoi ça ? dit-il en se retournant vers Magnus et Jace.

— M. Lightwood...

— Ne joue pas au con Magnus ! Ça a assez duré vos conneries.

— Papa...

— Toi Jace, tu ferais mieux de te taire. J'ai été gentil et patient avec toi et Magnus ! Expliquez-moi parce que là je commence sérieusement à perdre patience ! s'énerve mon père en haussant le ton.

— Papa laisse tomber s'il te plaît ! murmurais-je en le suppliant.

Je ne veux pas avoir plus de problème au lycée et c'est con, je ne veux pas que Magnus et Jace aient des problèmes à cause de moi.

— Tu veux continuer comme ça ? Tu te fais frapper maintenant et la prochaine fois, ça sera quoi ? Hein ? questionne durement mon père en me faisant tressaillir et reculer de lui quelque peu.

Il est hors de lui et ce n'est pas bon.

— Je...

— Comme aucune sanction n'a été prise par le directeur, à la rentrée des prochaines vacances, tu changes de lycée, tu n'y retournes plus, déclare Robert.

— NON ! Mais... non papa s'il te plaît ! Si tu fais ça je ne verrai plus Jonathan... Cat... Je ne verrai plus personne, c'est moi qui suis exclu et puni... pas eux ! criais-je à mon père.

Il sait très bien que ma relation naissante avec Jonathan compte pour moi. On avait discuté toute une soirée, je leur avais raconté mon premier rendez-vous. Ils m'avaient rassuré, j'avais peur que Jonathan se moque de moi. Mais on en avait beaucoup parlé et ils étaient heureux pour moi et maintenant... il me fait ça. Et Cat est ma seule amie, je ne veux pas la perdre. Et ma jumelle qu'est-ce que je vais faire sans elle ? Et Jace ? Et eux mes parents je les verrais quand ? 

Il m'enlève tout. 

Je ne verrai plus Magnus.

Je ne sais pas s'il se rend compte de ce qu'il fait, de ce que ça me fait.

— Je ne changerais pas d'avis ! Tu iras chez ta grand-mère, je suis désolé Alexander ! refuse Robert.

Je commence à sangloter comme un gamin. Oui, un gamin de 18 ans qui veut juste être heureux, mais apparemment je n'y pas le droit. Putain, quand un jour on m'écoutera ? Ou on me demandera mon avis ? Je suis tellement en colère que mon père ne m'écoute pas. Frustrer qu'il ne me demande pas au moins si c'est quelque chose que je veux. Furieux que ce soit moi qui dois être mis à l'écart. 

Je regarde Magnus un instant qui a l'air aux bords des larmes " fais quelque chose " mais rien, il ne dit rien. Il baisse juste les yeux. Je regarde mon frère avec la même question et rien. Abandonné est le bon mot pour ce que je ressens à cet instant alors je me tourne vers mon père.

— Ne fait pas ça.

J'essaie une dernière fois de le supplier de ne pas faire ça. Mais il semble campé sur sa décision alors qu'il détourne lui aussi le regard. Je ne fais que secouer la tête de déception et je me retourne sans un autre regard pour personnes.

Je monte les escaliers et claque la porte de ma chambre violemment. Je la frappe plusieurs fois avec mes poings jusqu'à saigner. Et je crie. Putain... Je hurle toute la douleur, toute la frustration, toute la colère que ressent à ce moment-là. Je saccage ma chambre, ma commode, ma petite bibliothèque, mon armoire, mon lit, tout y passe.

Je sens des bras me serrer pour me faire arrêter. Je reconnais les bras de Magnus et de mon père, mais la voix de Magnus à mon oreille m'enrage encore plus. Je me dégage de ses bras, il faut que je sorte d'ici, il me faut de l'air.

Je descends les escaliers aussi vite que je le peux pour sortir de la maison. J'arrive à attraper les clés de ma voiture, on essaie de m'arrêter, mais j'arrive à sortir.

J'entends qu'on crie mon nom, mais sans un regard en arrière, je démarre et sort de l'allée en trombe.

Ma vue se trouble à cause de mes larmes. Mes sanglots me déchirent la poitrine. Je roule à toute allure. Mon pied appuie sur l'accélérateur, je vais de plus en plus vite. C'est exaltant.

Ma course folle se finit rapidement quand je rate un virage.

Mon propre cri de terreur résonne dans mes oreilles alors que je lâche le volant pour protéger ma tête avec mes bras.

Et tout devient noir.

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