Chapitre 2 : La trahison

Avertissement : Crise de panique/ Insulte homophobe/Légère violence

Le point de vue change plusieurs fois.

~Bonne lecture~

Alexander

Je sursaute au son de mon réveil que j'arrête en grognant. Je me retiens de le balancer contre le mur. Ça ne sera jamais que le sixième que je casse comme ça en l'espace de quelques mois. Je n'ai pas envie de me lever, ni de me doucher pour aller en cours. Je n'ai pas envie d'aller au lycée.

Je n'ai tout simplement envie de rien.

C'est ma dernière année, après, c'est fini. Je ne vais pas jusqu'au bout, le bac... et bien je m'en passerai. Mes parents ne sont évidemment pas au courant de ma décision. Mais comment leur dire que tout ce qui m'a fait rêver, tout ce qu'ils attendaient de moi n'allait pas avoir lieu. Je me voyais médecin et eux aussi. Ma mère qui est infirmière libérale ne pouvait pas être plus fière quand je lui avais dit que je voulais devenir médecin. Elle va être déçue quand je lui dirai que ce n'est pas possible pour moi. Je veux passer à autre chose et laisser tout ça derrière moi. Pour moi les études s'arrêtent cette année. Le monde scolaire est fini pour moi, à cause de tout ça, à cause de Magnus et Camille, je n'ai plus envie de me retrouver entouré de plein de monde où être assis dans un amphi sous les regards de tous. C'est fini à cause d'eux maintenant, j'ai peur que ça recommence avec d'autres. j'ai peur d'être toujours persécuté. Je n'ai plus confiance en personne.

J'ai essayé les régimes, l'activité physique. Je n'y arrive pas. Je perds un peu de poids pour en reprendre le double. J'ai baissé les bras depuis longtemps, je laisse couler, je suis là, sans être là. La motivation, il y a longtemps que je n'en ai plus. Ma santé me laisse tomber aussi. L'hypertension et le diabète dû à mon poids m'ont frappé il y a quelques mois. Et mes genoux qui craquent ou qui me font souffrir des fois à chaque pas.

" Tu es réveillé ? " questionne ma sœur jumelle Isabelle en entrant dans ma chambre.

Je la regarde, elle est déjà habillée, coiffée et maquillée. Je la trouve magnifique, au contraire de moi. Elle a toujours eu du style et elle ne sortira pas de la maison sans au moins être maquillé.

— Ouais ! J'arrive Izzy, soufflais-je en me levant sans envie.

— Dépêche-toi alors, maman a fait le petit déj' !

C'est qu'elle me sermonne ?!

Elle sort de ma chambre et je vais me doucher vite fait. Je m'habille de mon éternel jean et de mon pull noir à trous sans me coiffer comme d'hab ! Et, je descends pour voir tout le monde dans la cuisine en train de déjeuner. J'embrasse mon père et ma mère sur leurs joues avant de taper l'épaule de Jace.

— Je n'ai même pas le droit à un p'tit bisou ? s'exclame ma sœur pour me taquiner.

— Oh pardon !

Je vais l'embrasser sur la joue avec un baiser bien baveux.

— Alec... je déteste quand tu fais ça ! s'énerve-t-elle.

Elle a quand même le sourire en s'essuyant la joue avec la serviette en papier que ma mère hilare lui tend. On prend le petit déjeuner dans la bonne humeur jusqu'à l'heure du départ pour le lycée.

— Je vous dépose les enfants ? demanda notre père.

On acquiesce tous et nous voilà parti pour le lycée.

J'y vais à reculons. Plus on approche du lycée, plus je me sens stressé. La boule au ventre, le cœur battant à tout rompre et les mains moites qui tremblent sont mon quotidien. Plus les jours passent et je n'en peux plus de tout ça. Je n'arrive plus à supporter toute cette intimidation, les moqueries, les insultes et les poussages dans les couloirs. Et je n'arrive plus à faire face à Magnus, je ne le regarde même plus dans les yeux. Ça commence à jouer sur mes résultats scolaires et quand je me retrouve devant le lycée, j'ai du mal à y entrer et je dois me retenir de pleurer.

On arrive devant le lycée et Izzy me prend le bras pour me faire avancer. Elle me regarde avec inquiétude, elle voit bien que ça ne va pas et elle sait pourquoi.

— Ça va aller ? demande-t-elle doucement en me caressant le dos tout en marchant pour entrer dans le lycée.

Je ne réponds qu'avec un hochement de tête et on entre dans le lycée. J'arrive près des casiers, il y a un attroupement. Je vois Catarina courir vers moi et essaie de m'éloigner, mais je veux savoir ce qu'il se passe. Alors gentiment, je la rassure avec un baiser sur le front et je m'avance tout de même.

Je me demande bien ce qu'il se passe... et je le découvre en arrivant devant mon casier.

Ma respiration s'accélère et mes oreilles bourdonnent alors que mes joues s'empourprent de colère et de honte. Je suis figé, debout là au plein milieu du couloir.

Il y a des sexes masculins dessinés sur la porte de mon casier. Des images pornographiques d'hommes gay faisant l'amour. Des images d'hommes obèses... comme moi.

Et surtout " Lightwood est un pédé " écrit en lettres rouge.

Je tremble. Tout le monde me regarde. Ça rit autour de moi. Magnus est là avec Camille, ils rient. 

Magnus rit de moi.

Magnus rit de ma souffrance.

Ses bras autour d'elle.

Magnus rit du mal qu'il me fait.

Il rit si fort.

Je sens la crise de panique montée et je sais qu'à ce moment-là, je ne peux pas l'arrêter. J'ai du mal à respirer et surtout, je suis accablé par le chagrin de voir Magnus rire si fort de moi. Les autres je m'en moque, mais lui, c'est atroce. Un véritable cauchemar.

" Alexander tu dois respirer... "

Catarina ? Sa voix me semble si loin dans mes oreilles bourdonnantes.

" Oh mon frère s'il te plaît... suis ma respiration " 

Inspire...

Expire...

Isabelle entre dans mon champ de vision. Je tente de hocher la tête fébrilement. Je déglutis plusieurs fois. J'essaie de réguler ma respiration, mais ça fait mal dans ma poitrine que je dois tousser plusieurs fois. Mes jambes tremblent, je vais m'effondrer. Les larmes de détresse et de panique ravagent mes joues.  

Isabelle aide-moi... Je n'arrive plus à respirer.

" Appelez quelqu'un il va s'évanouir "

J'entends crier avant que ma vision s'assombrit.

Je sens ma tête claquer au sol. Je ne ressens pas grand-chose.

J'entends des cris et plus rien.

Catarina

— Appelez quelqu'un ! hurlais-je à travers le couloir entre deux sanglots.

Au loin, je vois le prof de sport courir vers nous avant de ralentir sa course pour sortir son téléphone et de le porter à son oreille.

— Que s'est-il passé ? questionne-t-il en me regardant avant de commencer à parler certainement au service de secours.

Je ne réponds pas et lui fait voir son casier. Il regarde et avec colère, il fait disperser tout le monde pour qu'ils aillent en cours. Mes yeux vont sur Magnus et Camille qui regardent sans bouger et la rage m'emporte.

Le petit sourire de Camille me donne envie de lui faire ravaler avec mes poings.

C'est ce que je vais faire.

Je me dirige vers eux et c'est plus fort que moi, je ne me retiens pas de frapper Magnus de toutes mes forces en lui hurlant toute ma colère alors qu'il se met devant Camille pour la protéger.

— Regarde ce que tu as fait... Regarde putain !

Je sens Camille essayer de nous séparer alors que mes poings rencontrent le torse de Magnus jusqu'à ce qu'il trébuche jusqu'au casier. Il ne m'arrête même pas, il ne se défend pas. Il encaisse ma colère.

Toi ! Lâche-moi salope ! hurlais-je en repoussant Camille sans ménagement loin de moi.

Elle valse à son tour contre les casiers. Bien décidé à lui régler son compte, je m'avance vers elle. Mais on me retient.

" Catarina, calme-toi " entendis-je venir derrière moi et des bras m'encerclent pour m'éloigner.

Je donne des coups de pieds pour qu'on me lâche, alors qu'on m'éloigne de Magnus et de Camille. Je baisse les yeux et je reconnais les bras de Ragnor autour de moi.

— Lâche-moi Ragnor ! criais-je en me débattant. Lâche-moi.

" Non. Ton ami a besoin de toi " me dit-il en m'éloignant toujours des autres.

Je regarde Alexander être mis sur une civière. Isabelle et Jace à ses côtés. J'arrête de me débattre et il me relâche pour que j'aille les rejoindre.

Mais avant que je me retourne, je regarde Magnus, je suis essoufflée et mon corps tremble toujours de colère.

— Jamais je n'aurais pensé que tu te rabaisserais à ce genre de chose... Tu devrais avoir honte de toi.

Ses yeux se remplissent de larmes. Ça ne m'attendrit pas le moindre du monde. C'est trop tard pour lui de regretter ses actions.

Je me retourne pour aller rejoindre Jace et Isabelle. J'embrasse Alexander sur le front et prend Isabelle dans mes bras qui me dit que ses parents sont au courant. Les ambulanciers emmènent Alexander et nous on doit retourner en cours. On ne peut pas quitter le lycée comme ça.

Fin du point de vue

Alexander est sorti de l'hôpital quelques heures après sa crise de panique avec un mal de tête horrible. Il a été mis sous repos pendant plusieurs jours sans aller au lycée. Cat et Isabelle lui apportent les cours manqués pour qu'il ne rate rien.

En rentrant chez lui, il avait eu une discussion mouvementée avec Jace. Alexander s'est senti trahi par son frère. Il n'a rien fait pour arrêter Magnus et Camille. Il avait essayé de faire comprendre à Jace que son soi-disant meilleur ami s'était servi de quelque chose d'important pour se moquer et l'humilier. Dire à tout le monde qu'il est gay même si ça a été fait d'une terrible manière, ce choix lui a été retiré. Jace a essayé de s'excuser, mais Alexander n'a pas accepté ses excuses. Il est trop blessé et trahi pour lui pardonné maintenant. Donc entre eux, c'est silence total. Ils ne se parlent plus.

Alexander

Plusieurs jours après l'incident du casier, toujours quelques bousculades et des insultes de la part de Camille, mais Magnus me laisse tranquille pour l'instant. Par contre, à la maison, c'était électrique entre moi, Jace et Izzy. On lui en voulait tous les deux. Mes parents ne savent pas ce qu'il s'est passé vraiment au lycée. J'ai menti et je m'en veux pour ça. J'ai dit que je m'étais simplement évanouie et pire, ils m'ont cru. Ils me font confiance. D'habitude, je leur dis tout. Ils sont tellement compréhensifs, mais je pense qu'ils se doutent de quelque chose vu que personne ne s'adresse la parole quand on est à table. En plus, ce soir Magnus doit venir passer sa soirée à la maison. Mes parents ne sont pas là, ils font leur sortie du mois : dîner romantique et cinéma. Ils sont toujours aussi amoureux. Je voudrais bien connaître ça un jour.

Je ne sais pas si Magnus et Jace ont parlé de l'incident du casier. Apparemment oui, puisqu'il vient ce soir, ils sont donc toujours amis. Il a pardonné à Magnus de ce qu'il a fait et ça, putain, ça me met la rage. Trahis par mon propre frère. De toute façon, je n'ai jamais semblé être important pour Jace, Magnus l'est lui.

Je vais donc passer ma soirée avec Izzy dans ma chambre. Je ne veux pas les voir.

En sortant du lycée, on se met en route pour la maison. J'ai pris ma voiture, il n'y a pas longtemps que j'ai le permis et en cadeau mes parents m'avaient offert un splendide SUV Compacte noire, ma première voiture. J'avance dans l'allée de la maison quand je me rends compte que la voiture de Magnus est garée dans l'allée. Merde ! Il est déjà arrivé.

— On va directement dans ta chambre, souffle-t-elle avant de sortir de la voiture.

J'acquiesce. Je souffle un grand coup et je sors de la voiture. Je la suis alors qu'elle ouvre la porte de la maison. Ils sont tous les deux dans la cuisine avec une bière à la main en train de discuter. Je n' y prête pas attention. Je me dirige vers les escaliers et je monte pour aller dans ma chambre, Izzy me suivant. J'entre dans ma chambre et je relâche mon souffle, je ne savais même pas que je le retenais. Ensuite je me mets à l'aise, tee-shirt et bas de survêt'. Izzy va dans sa chambre pour en faire autant.

Je suis de dos à ma porte quand je l'entends s'ouvrir.

— Tu as fait vite ! dis-je en me retournant croyant voir Izzy mais je tombe sur Magnus.

— La chambre de Jace c'est l'autre en face ! indiquais-je sans détours entre mes dents serrées.

— Je sais... Je voulais juste te parler, souffle-t-il en fermant la porte derrière lui.

— Juste me parler ? Tu as des autres photo gay à me montrer ? Où te servir des choses que je t'ai dites pour les retourner contre moi ? demandais-je d'un ton dur.

Il grimace et baisse la tête.

— Ce n'est pas moi qui ai fait ça sur ton casier, tente-t-il d'expliquer ou de se défendre.

Je ne veux pas de ses excuses, c'est trop tard.

— Je m'en fous ! Tu étais là avec les autres en train de rire, criais-je en le faisant reculer plus près de la porte.

Il croise les bras sur sa poitrine, les lèvres pincées.

— Je suis ce que je suis... j'ai essayé de changer, dis-je la gorge nouée tout en baissant la tête pour ne pas le regarder.

— Alec...

— Je te fais honte tant que ça ? osais-je demander dans un souffle en m'affalant pour m'asseoir sur le bord de mon lit.

— C'est... ça a été dur de voir changer, avoue Magnus dans un murmure.

Il m'avoue qu'à demi-mot qu'effectivement il a honte de moi. Même si je le savais, ça me fait mal de l'entendre et ça fait bouillir mon sang.

— Et ça te donne le droit de faire tout ça ? De me faire vivre un enfer ? Vous vous ennuyez à ce point toi et Camille ? Quoi ? Vous vous mettez d'accord sur ce que vous allez me faire subir le lendemain entre deux baises ? hurlais-je à travers ma chambre.

— Alexander... tente-t-il.

Je l'arrête, trop en colère en moi pour le laisser continuer.

— Tais-toi ! Tu dis que j'ai changé, mais je ne suis pas le seul, soufflais-je en redressant la tête les joues rouges de colère en ancrant mes yeux dans les siens.

— Quoi ? demande-t-il les sourcils froncés.

Tu as changé toi aussi... tu as changé pour devenir quelqu'un que je déteste... que je hais... Tu entends ? Je te déteste ! Toi... Camille allez vous faire foutre... Vous êtes pareil ! Vous dites que c'est moi le monstre, c'est vous les monstres... hurlais-je.

Je ne peux plus me retenir. Il sursaute et ses yeux se remplissent de larmes.

— Alec... je...

— Sort de ma chambre ! hurlais-je à nouveau sans lui laisser le choix de discuter.

Il souffle " Je suis désolé " puis il sort de ma chambre en refermant la porte derrière lui.

— Ouais, c'est ça ! criais-je à ma porte fermée.

"Comme s'il était désolé... Va faire croire ça à quelqu'un d'autre " me dis-je intérieurement.

Je souffle un coup pour me calmer, mon cœur bat la chamade. 

J'essuie rageusement mes joues.

Je m'en veux de lui avoir crié dessus. J'ai beau être censé le détester, je ne peux pas m'empêcher de ressentir quelque chose pour lui. C'est mon premier béguin après tout. Quand on s'est rencontré la première année de lycée, c'est avec lui que je m'imaginais avoir ma première fois. Je croyais que c'était avec lui que j'aurais découvert des choses sur les relations. Je croyais qu'on allait découvrir toutes ces choses, ensemble.

Toutes ses choses, je ne les découvrirais pas avec lui, parce qu'il a honte de moi, il a honte de ce que je suis devenu.

Je suis sortie de mes pensées lorsque Izzy rentre dans ma chambre avec les sourcils levés. Elle a dû m'entendre hurler. Alors je lui explique tout. Je le vois dans ses yeux, elle a mal pour moi. Elle me prend dans ses bras avant de s'installer pour notre soirée pyjama.

Je ne vois pas grand-chose de la série, je m'endors assez vite trop perdu dans mes pensées et mes émotions. Puis je suis fatigué, terriblement fatigué de lutter contre ce que je ressens, de lutter pour être moi et de lutter contre Magnus et les autres.

Je veux qu'ils arrêtent de s'acharnaient contre moi, je veux que tout s'arrête, je suis fatigué.

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