Chapitre 3 : Dans ma ville on traîne - Orelsan

Pdv externe :

21h13, 09/05/2024, Hôtel de Matthieu Jalibert, Yannick Bru et Maxime Lucu, Paris

J'accepte ta proposition mais avec quelques conditions.

Matthieu venait de rallumer son téléphone lorsqu'il lut le message de sa cousine, provenant d'un numéro qu'il avait oublié depuis longtemps. Il s'apperçut que leur dernière conversation via leur portable remontait à cinq ans. Et qu'elle c'était soldé par un simple "T'es qu'un gros connard Matthieu.". Après un moment à réfléchir, il tapa rapidement sur l'écran tactile de son téléphone.

Je t'écoute.

Son téléphone se mit alors à vibrer entre ses mains.
Après un appel houleux, une immense dispute entre-coupée des quelques conditions qu'elle avait mentionné, il s'approcha d'une feuille pour noté les envies de sa nouvelle ostéopathe. Tout d'abord, l'appartement au frais du club à côté de Chanban Delmas. Puis du nouveau matériel : une table de kiné pour que les joueurs puissent être traités plus facilement, des rouleaux de strap, du tape (NDA : à prononcer à l'anglaise : "taipe") de préférence bleu. Elle avait enchaîné avec le fait qu'elle puisse donner son avis sur telle ou telle techniques ou exercices et le fait de pouvoir rester tout le temps avec le joueurs notamment lors des analyses vidéo. Enfin, elle exigea de pouvoir porter les couleurs de Bobigny appart pendant les matchs et qu'elle ne soit pas obligé de s'habiller comme "une supportrice de Bordeaux alors que je préfère Toulouse".
Après avoir écrit toutes les exigences plus ou moins farfelues de sa cousine, l'ouvreur sorti de sa chambre et traversa l'hôtel parisien où il logeait avec ses compagnons pour la nuit. Ses pieds frôlaient la moquette rouge au sol et produisaient des sons étouffés par l'épais tissus vermeil.
Il toqua sèchement à la porte de son entraîneur et lui expliqua brièvement ce qu'attendais Justine en échange du poste, tout en lui tendant la feuille où il avait pris soin de tout écrire et de laissé le numéro de la jeune femme.

Après le départ de Matthieu, Yannick envoya le billet de train en direction de La Rochelle à la nouvelle ostéo de l'Union Bordeaux Bègles tout en précisant son nom. Elle lui répondit un bref "Merci".

Pdv Justine :

23h00, Appartement de Justine, Paris 12ème, 09/05/2024

Je suis allongée sur mon lit, mon doudou entre mes deux bras, comme une enfant cherchant à se réconforter sans l'aide de ses parents. Qui a encore besoin d'un doudou à 20 ans ?
Encore une question de plus dans mon crâne regorgeant déjà d'un millier d'interrogation. Aurais-je dû ne pas accepter ? Les laisser se débrouiller seuls et rester avec mes amis ? Peut-être, mais c'est trop tard pour renoncer.
Je ressasse mon parcours dans ma tête. Mon premier saut de classe, le CP, puis mon deuxième, le CE1 et enfin mon troisième, la cinquième. Mon passage du bac à 15 ans et ma dispute avec Matthieu, mes années d'étude en ostéopathie, l'obtention de mon diplôme à 20 ans, le passage de ma ceinture noire de karaté, mon arrivée dans le club de Bobigny pour s'occuper de mes amis. Tout est allé trop rapidement. Enchaîner les concours, les examens. Et maintenant, m'occuper d'une équipe de rugby professionnelle qui a besoin de moi.

Je roule sur le côté en serrant ma peluche encore plus fort contre moi. Le guépard de trente centimètres en mousse et en tissu que j'ai depuis mes quatre ans se retrouve aplati contre moi. Quand j'étais petite, je l'avais baptisé Ira, en hommage à Kira, la tigresse à dents de sabre pirate de L'Âge de Glace quatre. J'avais tellement aimé le personnage que je le voulais toujours auprès de moi. La seul chose ayant changé est que Ira n'est pas une jeune tigresse à dents de sabre mais bien un vieux mâle guépard en tissu.
Pourquoi je pense à ça à 23h00 ? Ne trouvant pas le sommeil, je me lève et me rhabille. J'esquisse quelques pas en titubant et traverse le couloir de mon appartement que je quitterai demain. J'ouvre la porte d'entrée où trône à côté mon sac de voyage et un autre sac bien plus particulier. Quand j'ai annoncé mon départ il y a quelques heures, Étienne est venu chez moi pour me tendre ce sac à l'effigie de l'AC Bobigny. Rouge et noir. Le loup rugbyman, symbole du club, imprimé sur la toile sombre. Mon ami m'a dit de l'ouvrir dans le train. Je le ferais.
Je sors dans le couloir et descends au rez-de-chaussée avec l'ascenseur. Je traverse la résidence et passa la grille blanche qui me sépare de la rue, qui me protège de la ville. J'erre sans but dans mon quartier, berceau de mes souvenirs, bercer par le bruit des voitures, des motos et des scooters, humant l'odeur de l'essence et du gasoil. Seul mais entouré de monde au milieu de l'avenue. Un restaurant est ouvert où des groupes de personnes, jeunes ou vieilles, discutent bruyamment. Je m'arrête devant mon ancienne école primaire, l'école Michel Bizot, et j'essaie d'imprimer indélébilement dans ma mémoire les images de mon quartier. Celui où j'ai grandi. Ces bâtiments de pierre et de béton enfermant les souvenirs de mon enfance, mon passé. Je fais demi tour et redescends jusqu'au Boulevard des Maréchaux, fendu en deux par les rames du tramway.
Je rentre dans ce métro à ciel ouvert et descends à la station Avenue de France. Je cours dans l'avenue entre les immeubles de verres et serpente entre les vélos et les piétons. Je grimpe rapidement les marches de la BNF et m'assois sur les escaliers de bois faces à la Seine et l'ancienne zone industrielle de Paris. J'enregistre toutes ses images pour m'en souvenir. Je ne reviendrai peut-être jamais ici.
Ma montre indique 01h15. Trop tard pour être la nuit, trop tôt pour être le matin.
Je pense à mon appart que je vais louer à mon ami "Petit" Romain. J'espère qu'il ne va pas trop le salir.

Je reste posé sur les marches de la bibliothèque jusqu'à l'aube. Lorsque le soleil apparaît entre les immeubles et la fumée, je me lève, rentre chez moi et part pour la gare où les joueurs (qui ont probablement fait un détour pour venir me chercher) m'attendent. Tout le long du chemin vers la station de train, je repense à ma vie ici, à Paris.

J'entre dans le hall de la gare et les remarques tout de suite. Les grands joueurs de Bordeaux. J'ai peur.
Matthieu hurle à ses coéquipiers que je suis arrivé et j'enchaîne les poignées de mains énergétiques et les tapes dans le dos.

L'équipe monte dans le train en direction de la région rochelaise et je les suit, discutant au passage avec Nicolas Depoortère, Damian Penaud et Maxime Lucu. Arrivée dans le wagon réservé pour l'équipe, je me rends vite compte que la plupart des places sont prises.
J'entends d'un seul coup la voix de mon cousin m'appelant.

- Justine !

Je le vois assis au niveau des tables de quatre. Ne voyant plus de place libre, je me dirige à contre cœur vers lui. Il est assit à côté de Nicolas. Je me laisse tomber lourdement sur le siège adjacent à leur denier camarade de table. Je me tourne vers lui et le vois souriant, ses yeux bruns grands ouverts et me regardant avec bienveillance.

- Salut, je m'appelle Louis

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Voici mon troisième chapitre !
J'espère qu'il vous aura plus.
Personnellement, j'ai adorer l'écrire.
Je pense qu'à présent, je ne ferai que des chapitres à points de vue interne, je trouve que ça rend beaucoup mieux.
Qu'en pensez-vous ?

En tout cas, je vous souhaite une bonne journée/soirée.

À plus tard pour le prochain chapitre !

(1275 mots)

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