Chapitre 26 : Glorious - Macklemore

Nda : Dans ce chapitre, vous trouverez beaucoup d'informations sur le Golfe d'Ajaccio, en Corse. Toutes ces informations sont vraies et peuvent être utilisés à des fins touristiques à part : les informations sur les gens, les histoires de mafia et les informations disant que la plage de Cala d'Orzu est fermée.

Pdv de Justine :

01/07/2024, 6h50, Ferry Toulon-Ajaccio, pont supérieur

Le soleil levant illuminait de ses premiers rayons l'eau vive de la Méditerranée et les montagnes du Massif Corse.
L'air salin s'accrochait à ma peau et les odeurs du maquis parvenaient à mes narines.
La Corse. Ma Corse. Celle qui m'avait vue grandir d'année en année. Passant de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte.
L'île de Beauté ravivait des souvenirs en moi enfouis sous le sable ou perdu au détour d'un chemin.
Le vent déjà chaud caressa délicatement mes bras nus et fit ondulé mes cheveux.

Je quittai le banc où j'étais installée avec Louis, me levai et m'approchai de la balustrade.
D'ici, j'apercevais déjà les Îles Sanguinaires, les rues d'Ajaccio, le ponton de Porticcio, la pointe du Sofitel, les maisons sur Agosta, l'Isolella, la plage du Rupione et de Mare e Sol, le village de Coti-Chiavari, le port de Portigliolo, la Pointe de la Castagne et le Capo di Muru.
Le Cap des Maures, notre destination finale.

Louis se redressa et s'approcha de moi.

- Ça va ? Tu as l'air ailleurs.

Je tournai la tête vers son visage à présent éclairé par la lumière du jour.

- C'est juste que cela me rappelle beaucoup de souvenirs...

Ma voix se transforma en un lent soupir.
Louis me jeta un coup d'œil rassurant.

Nous retournâmes dans la cabine retrouvé les autres rugbymen.

Dans les couloirs du bateau, les polyphonies corses résonnèrent, faisant sursauter Louis.

- C'est quoi ce son !

- T'inquiète pas, ils s'en servent pour réveiller les passagers.

Nous entrâmes dans la cabine et réveillâmes Nicolas qui ne voulait toujours pas sortir de son lit, s'enroulant dans sa couette.

- Laissez-moi dormir !

Maxime, Matthieu et Damian attendaient devant la porte. Après avoir enfin réussi à sortir Nicolas de son lit, je traînai patiemment la joyeuse troupe de rugbymen jusqu'au garage du ferry.

La voiture de Louis et celle de Marko étaient collées l'une à l'autre et on avait presque pas la place d'ouvrir les portes.

- Louis ?

- Oui Juju.

- Est-ce que je peux conduire ?

Pdv de Louis :

Ces mots me surprirent tout d'abord puis je compris que c'était essentiel que Justine ait le volant d'un des véhicules, c'était la seule qui connaissait la Corse aussi bien.

- Ça marche.

Puis je me tournai vers Marko.

- Tu nous suis ?

- Bien sûr.

Après une trentaine de minutes à attendre dans le parking où se mêlait les effluves de pétrole et la chaleur des pots d'échappement, nous sortîmes enfin sur le port d'Ajaccio.
Les yeux de Justine brillaient et son sourire trahissait sa joie.
Elle ouvrit toutes les fenêtres de la voiture sans même demander leur avis à Cameron et Nicolas à l'arrière et huma les odeurs salines de la Méditerranée.
Sa main droite resta sur le volant tandis que son bras gauche était accoudé à la fenêtre.

- Regardez ! L'aéroport d'Ajaccio !

Ses doigts pointèrent le tarmac où stationnaient les avions.
La voiture continua de rouler tandis que Justine nous racontait toutes les anecdotes à savoir sur tel ou tel endroit.

Je lançai un appel à Marko en haut-parleur pour faire profiter les membres de la voiture derrière nous.

- On entre dans Porticcio. Conseil pour ne pas se faire étriper par les corses, prononcez "Portitche".

Le véhicule avançait le long de l'unique route de la petite station balnéaire.

- Là, c'est L'Alta Vista, le meilleur resto pour voir les feux d'artifices.
Et là, c'est la boîte de nuit !

Mais en même temps je l'entendais murmurer, comme si elle se parlait à elle même.

- Ça a tellement construis...

Je compris sa réaction en apercevant des barres d'immeubles de cinq étages sur la montagne.
Je vis même les yeux de mon ostéopathe préférée se voiler de larmes lorsque nous passâmes devant une dizaine de maisons modernes construites à flanc de colline.
Elle secoua la tête comme pour chasser de vieux souvenirs et reprena de sa voix enjouée.

- Ici, vous avez la plage de Porticcio que j'appelais "l'odeur des bateaux" lorsque j'étais plus petite. Je vous laisse deviner pourquoi.

Effectivement, la plage avait été transformée en un petit port.
La voiture roulait encore et encore le long de la côte avant de déboucher le long d'une plage.

- Voilà la plage d'Agosta. Au début de la plage, il y a le Rivoli qui fait de super bonnes dorades. Le problème d'Agosta, c'est qu'elle est dangereuse au niveau du milieu de la plage et des récifs. Y'a des noyés chaque année.

D'un seul coup, une voiture nous coupa la route. Justine appuya sur le klaxon et gueula.
Le corse devant nous alluma ses warnings et nous força de nous rabattre sur des places de parking d'un restaurant à côté de la plage. Marko nous suivi.
Justine sorti hors d'elle et nous la rejoignâmes.
Le corse qui venait de nous couper la route descendit lui aussi de son véhicule.
Il avait la peau tannée, les yeux clairs, les cheveux décolorés par le soleil et semblait un peu plus jeune que nous.
Il regarda Justine, Justine le regarda. Il ouvrit la bouche et dit :

- Juju ?

- Baptiste ?

- Justine !

- Baptiste !

Et ils se prirent dans les bras sous nos regards étonnés.

- Alors la parisienne, tu reviens sur l'Île ?

- Eh oui Bapt', je suis là pour une partie des vacances !

- C'est vrai ? Trop bien !
Comment va Christine et Claude ?

- Ils vont bien, ils sont là et nous laisse la maison.
Et toi, tes parents ? Et Mattéo ?

- Ça va, tranquille. Papa gère Pierre qui a repris la vigne et Maman s'occupe de ses clients. Mattéo est là, tu pourras passer le voir !

- Avec plaisir !

- Je dois y aller, j'ai la moto d'Ange à réparer. Désolé de m'être énervé.
On se voit un de ses quatre ?

- Dans quelques jours chez Alain ?

- Yes. Salut.

Et le blondinet remonta dans son 4x4 et reparti soulevant un nuage de poussière.
Je n'avais absolument rien compris de la discussion. Claude ? Christine ? Mattéo ? Alain ? Pierre ?
J'étais complètement perdue, de même que tous mes autres coéquipiers.
Justine se tourna vers nous, rayonnante, et se dirigea vers la voiture.

- C'était quoi ça ? Lui demanda Maxime.

- Baptiste ? C'est un très bon ami. Son père est assez influent dans la région et nous a permis d'obtenir un bateau à moteur pour peu cher qu'on partage avec Mattéo, le cousin de Baptiste.

Et elle nous planta là sans même nous expliquer qui était les autres personnes citées dans la conversation.
Nous reprîmes la route sinueuse.
Justine nous montra une maison au bord de la plage.

- C'est ici que passe un partie de ses vacances une très bonne amie à moi.
Elle s'appelle Anne-Faye (Nda : prononcer Anne-Fée) et elle est canadienne. Elle vient de Montréal.

Le véhicule continua son avancée le long de la mer.
Justine nous montra l'Isolella "la seule plage protégée du vent pendant les grosses vagues", le Rupione "la plage des surfeur avec un très bonne paillote", Mare e Sol "on dit Maré Sol et c'est la plus belle plage de Corse", le port de Potigliolo et enfin arriva la fin du Golfe d'Ajaccio, le Capo di Muru "en français, c'est le Cap des Maures". La route épousait la forme de la falaise.
Le long du cap, on apercevait une dizaine de maisons et, au loin, une tour gênoise se dressant dans le maquis.
À part les quelques habitations, l'endroit semblait très sauvage, bien plus sauvage que la côte autour de Porticcio.
Nos véhicules avancèrent sur la route mal bétonnée du cap et nous nous arrêtâmes en face d'un portail blanc poussièreux entouré de haies de lauriers roses.
Une voiture noire était déjà devant la grille et un couple s'y afférait.
Justine se gara, Marko fit de même, et la jeune femme alla voire les deux personnes.
Nous la suivîmes.
Le couple était composé d'une femme d'environ soixante-dix ans, petite, avec des cheveux gris colorés en brun, une peau bronzée et des lunettes.
Son présumé mari était probablement plus âgé, avec des cheveux blancs dont la plupart avait disparu sur le haut de son crâne, des lunettes et un chapeau.
La femme s'approcha de notre ostéopathe et lui fit deux gros bisous sur les joues.

- Coucou ma bibou, tu m'as manqué !

- Coucou Nonna, coucou Papou.

L'homme, Papou, la pris à son tour dans ses bras.

- Bonjour ma petite fille.

Leurs regards se rédressèrent et se posèrent sur notre numéro 10.
Le visage de la femme, Nonna, s'éclaira.

- Matthieu ! Oh, Matthieu, cela fait tellement de temps que je ne t'es pas vue !

- Bonjour Christine. Bonjour Claude.

Puis Christine se tourna vers nous.

- Et vous devez être les amis de Justine !
Venez, venez, je vais vous montrer la vue.

Devant nos regards intrigués, Justine se justifia.

- Alors, je vous présente mes grands-parents, Christine et Claude.
Papou, Nonna, je vous présente Marko, Louis, Nicolas, Damian, Maxime et Cameron.

Christine et Claude nous serrèrent la main et "Nonna" nous emmena dans la maison, suivi par Justine et Matthieu.
La cuisine, la salle à manger et le salon étaient rassemblés en une seule et même pièce dont le sol était formé de grandes plaques de vieux carrelage brun et froid. Deux guitares étaient accrochées au mur au côté de plusieurs photos et tableaux.
Un piano était adossé au mur beige et la lumière entrait par une grande baie vitrée donnant sur une terrasse.
Elle nous ammena sur la terrasse et je compris pourquoi Justine avait vantée les beautés de la Corse durant le voyage. Le jardin de la maison était envahi de plantes sauvages et odorantes, la maison était au milieu du maquis. On voyait l'eau translucide de la Méditerranée léchée le rivage de la plage en face de la maison. L'odeur des embruns parvenu à mon nez, se mêlant à celle du thym, du romarin, des pins, du sable chaud, des lys des sables et de la menthe et je compris enfin : Justine sortait le maquis et la liberté. Cette odeur c'était incrustée dans sa peau.
J'humais encore le doux parfum des lys me rappelant nos nuit passées ensembles lorsque Christine se tourna vers sa petite fille.

- Justine, Claude a préparé la piscine.
On doit y aller, Eveline et Bernard nous ont invité.
Je t'aime.

Elle fit un gros câlin à Justine, la bise à Matthieu puis les deux grands-parents repartirent.

Nous restâmes là, à contempler la vue lorsque la voix de celle que j'aimais brisa le silence.

- Je vais vous faire visiter. Il y a deux chambres : une avec plusieurs lits superposés et un lit double et une autre avec un seul lit double.

Je suivi Justine comme les autres.
Nous entrâmes dans une première pièce occupé de deux lits superposés disposés le long du lit et d'un lit double au milieu de la pièce.
Damian regarda les photos exposées sur un petit bureau et s'exclama.

- Matthieu ! Regarde ! Sur la photo y'a toi petit !

Le regard de notre numéro dix se teinta de nostalgie.
Je m'approchai de Damian et aperçu effectivement Matthieu à quinze ans, ainsi que Justine qui devait en avoir dix et un autre jeune garçon d'environ six ans.
Nicolas qui c'était lui aussi approcher en fit la remarque haut et fort.

- Hey, Juju, c'est qui le gamin sur la photo ?

Les yeux de Justine se voilèrent un instant avant la réponse.

- C'est mon petit frère.

- T'as un petit frère ?!

Justine souffla un bon coup et repris.

- Oui. Il s'appelle Antoine et il a quatre ans de moins que moi.

- Comment ça se fait que tu en parle jamais ?

- Parce qu'il me manque beaucoup. Il est resté à Paris.

Sa voix baissa de volume à la fin de sa phrase et je savais pourquoi : j'avais moi même laissé mes parents et mon frère, Samuel, derrière moi.
Cameron posa sa main sur l'épaule de Juju en signe de soutien mais je senti aussitôt la jalousie me tordre le ventre.
Et si elle le préférai lui à moi ?
Nicolas sembla ressentir mon malaise et changea le sujet de la conversation.

- Bon. Qui dort où. Je vous préviens tout de suite, pas question que je dorme dans un de ces lits superposés.

Ce à quoi Marko se fit une joie de lui répondre.

- Tant mieux. Je prends le lit du haut !

Et Matthieu suivi ainsi que Damian.

- Je prend l'autre lit du haut !

- Et moi celui du bas !

Et avant même que je puisse prendre le dernier des quatre lits simples disponibles, Nicolas me coupa la parole.

- Cameron et moi on est les plus grand alors on est obligé de prendre ce lit double et Maxime a très très envie de prendre le dernier lit simple.
Pas vrai Maxime ?

- Euh, de quoi ?

- Maxime !

- Oui, oui, je suis d'accord.

Maxime ne savait même pas de quoi on parlait, il était trop occupé à regarder la pile de BD qui traînait sur une table de nuit.
Je fusillai Nicolas du regard en comprenant son idée de nous faire dormir ensemble Justine et moi.
Regard au quel il répondit par un léger clin d'œil.
Je me tournai vers Justine.

- Je crois qu'on va devoir dormir ensemble...

- Pas de problème, je vais te montrer la chambre.

Elle me guida à travers le couloir et me montra une chambre avec vue sur la mer. Elle me fit un léger sourire puis cria aux autres de se préparer pour aller voir Mattéo.
Mattéo ? Je me demandais bien qui cela pouvait être.

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Après de longues semaines d'attentes voici le 26ème chapitre !

Qu'avez vous pensé de :

- l'arrivée en Corse ?

- la description de la Corse par Justine ?

- la rencontre avec Baptiste et le fait que tout le monde soit perdu dans leur discussion ?

- la rencontre avec les grands-parents ?

- le fait que Nicolas fasse tout pour que Louis dorme avec Justine ?

- la fin avec le fameux Mattéo ?

D'ailleurs, d'après vous, qui est Mattéo et est ce que Louis doit le considérer comme un rival ?

Réponse au prochain chapitre !

Bonne journée/soirée !


(2361 mots)

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