Chapitre 17 : Lonely Boy - The Black Keys


Pdv de Justine :

02h19, 20/06/2024, appartement de Louis, Bordeaux

J'étais seule chez Louis, encore un peu sous le choc des propos tenus par Lara.
L'ailier se leva doucement et se dirigea vers la salle de bain.

- Il faut que j'aille faire un truc.

- Je sais Louis. Je descends chercher quelque chose dans ma moto donc si tu peux me passer tes clés deux secondes pour que je remonte après.

- Ok, tiens.

Les clés en mains, je courus dans les escaliers de l'immeuble en sautant les dernières marches de chaque palier et  ouvrit le top-case du deux-roues. Puis je remontais de nouveau les escaliers en grimpant les marches deux par deux.

Je refermai la porte d'entrée derrière moi et me dirigeai vers la salle de bain.

- Louis, t'es là ?

Pas de réponse.
J'entrai dans la pièce et le vis assis sur le sol, les genoux repliés contre lui.

- Louis ? Tu m'entends ?

Seul le silence me réponda.
Je le regardai plus attentivement et observai sa respiration. Son ventre se soulevait rapidement, ses mains tremblaient et je compris la situation.
Une crise d'angoisse.
Merde.
Les seules crises d'angoisse que j'avais jamais gérer remontaient à mes années de collège ou de lycée.
Lorsque c'était les filles de classe qui se retrouvaient à faire des crises, je me mettais généralement à côté d'elles pour leurs parler. Donc, autant essayer.

Je m'agenouillai un peu hésitante à côté de l'ancien grenoblois et entrepris de lui chuchoter des paroles douces à l'oreille.

- Chut... Ça va aller... Inspire... Expire... Calme toi... Tout va bien... Fais moi confiance, ça va aller... Chut... Respire... Ralenti les battements de ton cœur... Tout va bien...

Doucement, il émergea et retrouva le contrôle.

- Merci Juju. D'habitude j'arrive à gérer ça tout seul mais merci quand même.

- De rien. Et désolé d'être entré dans la salle de bain sans ta permission mais j'avais peur qu'il t'arrive quelque chose.

- C'est pas grave.

Je jetai alors un coup d'œil à son bras... et ne vis rien.

- Quand je le fais avant un match, je cherche un endroit un peu plus discret.

Il retira son T-shirt et leva son bras gauche. De fines coupures saignant légèrement apparaissaient sur la zone entre l'aisselle et les côtes.

- Ok. Tourne toi vers moi et mets toi de profil pour que je puisse soigner ça.

Pendant ce temps, je sortis de la pièce et revins avec une épaisse trousse à pharmacie.

- Tu te trimbale toujours avec ton matériel ? Même pour aller aux anniversaires des gens ?

- On ne sait jamais ce qu'il peut arriver.
Bon, lève ton bras et serre les dents, le désinfectant pique un peu.

Il obéit et je me retrouvai dans la même situation qu'il y a quelques jours, ou peut-être semaines ? Je ne sais plus. Bref, avant le match contre Oyonnax.
Pendant la pose des strips, il me posa une question.

- Qu'est ce que tu as d'autres dans ta trousse ?

- Alors, des médicaments : spasfon lioc, doliprane, aspirine, gaviscon, spifen et plein d'autres trucs. Des pansements, des strips, du strap, des bandages.
Et, ah oui, j'allais oublié, un kit de suture.

- Un kit de suture ? Pour faire des points de suture ? Tu sais faire ça ?

- C'est une longue histoire.

- C'est pas grave, on a tout notre temps.

- Je veux bien te la raconter mais arrête de bouger, j'arrive pas à te mettre les pansements correctement.

- Voilà, c'est bon.

- Ok. Bon, pour commencer, mon père est chirurgien dentiste donc il sait recoudre les gens. Et je lui ai demandé de m'apprendre à le faire. Donc, à 15 ans à peu près, on a récupéré des restes de gencives de porc...

- Des gencives de porc ! Mais c'est dégueulasse !

- Oui bah c'est ce qui ressemble le plus à notre peau je crois. Bref. On a récupéré les gencives chez le boucher et je me suis entraînée pendant des mois pour réaliser des points corrects. Et tu m'croiras, tu m'croiras pas, ça m'a bien servi.

- Servie à quoi ?

- Tu veux cette histoire là aussi ?

- Oui !

- Pff... D'accord. Alors c'était à un match quand j'étais déjà l'ostéopathe de Bobigny. Faut savoir, à "Boboche" on a pas de médecin ou d'infirmier alors c'est moi qui faisais tous.
Donc, un jour de match, je vois mon pote Giacomo se prendre un gros plaquage. Il se relève un peu la main sur le front. Je lui demande d'enlever sa main et, enfaîte, il c'était ouvert la totalité de l'arcade sourcilière. En même temps, il est tombé dans les pommes à cause du choc. Donc, je l'ai recousu sur le banc au bord du terrain en attendant l'ambulance.

- Mais, c'est n'importe quoi !

- Oui mais grâce à moi, on a évité l'hémorragie.
C'est bon, j'ai terminé.

Louis me souria et mit son T-shirt, que je remarquais maintenant tâché de sang, dans le panier à linge.

Puis nous sortâmes de la salle et arrivâmes dans le salon. À peine fut-il assis sur le canapé que son téléphone se mit à sonner.

- C'est qui ?

- C'est Lara.

Pdv de Louis :

- Lara ?

- Oui Louis, c'est moi. Je voulais m'excuser.

- T'excuser ? Vraiment ?

- Oui. J'ai pas été très sympa. J'étais un peu sous le choc, tu vois. Je voulais pas te blesser.

- Ça veut dire qu'on est toujours ensemble ?

- Euh. Faut voir. Si tu va voir un psychologue pour te faire soigner, peut être...

- Je ne suis pas malade Lara.

- Un peu quand même, tu te coupes donc t'es un tout petit peu malade mental. Mais je suis sûre qu'en quelques séances, tu redeviendras normal.

- Lara, ce que tu comprends pas c'est que je suis normal. Ce que je fais, je l'ai toujours fais.

- À nôtre rencontre tu ne faisais pas ça.

- Bien sûr que si, c'est juste que tu as mal regardé.

- Quoi !? Et puis, pourquoi tu ne me l'as dit qu'aujourd'hui alors que tous tes potes et même l'ostéopathe vénère...

- Justine, elle s'appelle Justine.

- Bref, même Justine savait, alors pourquoi pas moi ?

- Mes potes, je les connais depuis plus longtemps que toi et Juju, elle a deviné.

- Comment ?

- Pendant les séances de soins.

- OK. Et pourquoi tu ne m'as rien dit ?

- Parce que j'avais peur de ta réaction, et j'ai eu raison.

- T'abuses. J'ai le droit de dire que c'est dégueulasse ce que tu fais et...

Et je lui raccrochai au nez.
Elle n'avait pas le droit de dire ça. Ce n'était pas juste.
Je me tournai alors vers Justine qui avait entendu notre conversation.

- T'en penses quoi ?

- T'avais raison de raccrocher.

- Merci.

- Bon, c'est pas tout mais il est trois heures du mat', je suis crevée, j'ai bu beaucoup trop d'alcool et je dois rentrer.

Je contemplai son visage et remarquai effectivement d'immenses cernes sombres s'étendre sous ses yeux. Je ne pouvais pas la laisser reprendre la route comme ça.

- Tu veux dormir ici ?

_______________________________________

Et voilà le 17ème chapitre !
Qu'en avez vous pensés ?
Et que pensez-vous de la dernière phrase de Louis, est-ce que Justine va accepter de dormir chez lui ?
Suspens !

Bonne journée/soirée.

(1165 mots)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top