Chapitre 13 : 06h16 Des Histoires À Raconter - Casseurs Flowters
Pdv de Justine :
00h08, 07/06/2024, maison de Justine, Bordeaux
Louis était reparti chez lui depuis une dizaine de minutes déjà. Je n'en revenais pas qu'il m'ait raconté son histoire. Avant de partir, il m'avait précisé que seul Nicolas et moi étions au courant.
J'étais restée dans la même position que lorsque qu'il était sorti de la maison, c'est-à-dire plantée devant la porte, en essayant d'enregistrer toutes les informations que mon cerveau avait reçu. Cela faisait beaucoup à la fois.
J'entendis les pattes de Togo gratter le sol tandis qu'il s'approchait de moi et j'acceptai avec reconnaissance ses marques d'affection. Il me suivi dans le salon jusqu'à la cuisine où je me servis un verre d'eau pour me remettre de mes émotions.
- Merde !
Le verre venait de se briser sur le carrelage.
- Fait chier !
De rage, je frappai du poing le plan de travail et continuai de pester.
- Putain de merde, il pouvait pas resté sur la table se connard de verre !
J'ouvris violemment le placard sous l'évier et entrepris de ramasser un à un les morceaux tranchants à l'aide d'une pelle et d'une balayette.
Je balançai tout les petits éclats coupants à la poubelle et me refugiai sur le canapé. De là, je ne risquai pas de casser quoi que ce soit. De toutes façons, je savais avant même que Louis parte que j'allai briser quelque chose ce soir. Après ses aveux, j'étais sous le coup de l'émotion et généralement, dans ces moments là, il n'était pas rare que je détruise un ou deux objets. J'étais comme ça, une bombe émotionnelle à retardement.
Mes pensées recommencèrent à dériver et je me suppris de penser à l'ailier.
Lui qui était tout le temps souriant, prêt à aider n'importe qui et qui réconforte ses coéquipiers après une défaite, comment m'imaginer qu'il avait vécu les choses qu'il m'a raconté. Entre les coups qui avaient été donnés par son oncle, sa tante et Lucile et les humiliations passé de certains professeurs, comment faisait-il pour garder le sourire toute la journée ? Ce n'était pas juste, il n'avait pas à vivre comme ça et à se faire du mal pour se sentir bien.
Un cri de rage sorti de moi et je frappai de toute mes forces un coussin qui traînait. Je détestai l'injustice.
08/06/2024, 22h37, Oyonnax
La mi-temps du match venait de sonner. Je regardai Louis assis à côté de moi dans les tribunes. Il se retourna vers moi.
- Vu que l'on a un peu de temps avant que le match continue, ça te dirait qu'on joue à un jeu ?
- Quoi comme jeu ?
- Bah, pour mieux se découvrir. Par exemple, on pose chacun notre tour une question à l'autre et il est obligé de répondre. Ça te va ?
- Ok.
De toute manière, je n'avais pas vraiment envie d'attendre sur mon siège à rien faire.
- Je commence, s'écria le numéro onze comme un enfant, c'est quand ton anniversaire ?
- Le deux octobre. À mon tour. C'est qui ton meilleur ami ?
- Nicolas. Est-ce que tu es en couple avec le mec qui t'as offert une rose le soir du match contre le Stade Français ?
- Non, c'est juste un ami. Lui, il a une copine différente toutes les semaines donc heureusement que l'on est pas ensemble ! Dis-je en rigolant.
Et toi, t'as une copine ?
- Oui. Elle s'appelle Lara mais on se voit pas beaucoup.
- Elle est au courant du... de ton... problème ?
- Non, je ne veux pas l'inquiéter. Bref, c'est à mon tour.
Mais son téléphone se mit à sonner.
- C'est Lara justement !
- Tu veux que je te laisse ?
- Non non, c'est bon.
Louis décrocha et visage féminin apparu à l'écran.
- Salut Lara.
- Salut Louis, comment tu vas ?
- Ça va...
- T'es où là ?
- À Oyonnax, pour un match.
- Ah oui, c'est vrai, tes matchs de rugby où vous vous jettez juste les uns sur les autres. Tu ne peux pas arrêter et te trouver un vrai métier ?
- Mais, Lara, le rugby c'est ma passion.
- Oui et moi l'équitation c'est ma passion et pourtant je n'en fais pas mon métier !
C'est qui la fille assise à côté de toi ?!
- T'inquiète, c'est notre ostéo.
Il tourna la caméra vers moi et je fis un rapide "coucou" de la main.
Et elle reprit la conversation avec sa voix sûr-aiguë.
- Avant, c'était un homme votre ostéopathe. Pourquoi tu ne m'a pas prévenu que cela avait changé !
- Parce que cela fait près d'un mois que tu ne m'as pas parlé !
- Bah oui parce que moi je travaille. Contrairement à toi qui ne fait que s'amuser avec ses potes !
Il fallait vraiment que je trouve un moyen pour arrêter cette dispute.
- Tu devrais venir voir un match au moins une fois dans ta vie et tu y verras que je travaille !
Aller Juju, réfléchi ! Juste un prétexte pour stopper ce carnage !
- Voir un match de ce sport de merde ! Jamais de la vie !
Je sais !
- Euh, Louis, il y a Maxime qui t'appelle. Il veut quand même discuter de la stratégie même si tu ne joues pas.
Et malheureusement, la jeune femme à l'écran en rajouta.
- Comment ça Louis, pourquoi tu ne joues pas ?
- Je me suis blessé mais grâce à Justine, ça va mieux.
- Justine ?
- Notre ostéopathe. J'ai pu aller chez elle pour qu'elle me traite et maintenant ça va mieux.
- Tu es allé chez elle en plus ! La prochaine étape c'est quoi !? Tu vas coucher avec elle !?
Là ça suffisait, en plus de dire à Louis que le rugby ne servait à rien, elle se permettait de dire que j'allais lui piquer son copain.
- Louis, Maxime t'appelle, c'est urgent. Je lui hurlai cette phrase dans les oreilles.
- Ok... Bon, Lara je te laisse. Bisous. Je t'aime très fort.
- Oui, moi aussi je t'aime très fort mais...
Et elle ne termina pas sa phrase car Louis venait de lui raccroché au nez.
- J'ai inventé cette histoire à propos de Maxime parce que j'avais vraiment l'impression que l'on devait couper cette conversation.
- Je comprends. Pourtant, elle n'est pas comme ça d'habitude.
Et le match repris.
23h12, Stade Charles Mathon, Oyonnax, 08/06/2024
On venait de sortir du terrain . L'ambiance était morose, malgré la victoire : Matthieu était parti à l'hôpital à cause d'un choc sur le ménisque.
On se baladait dans les couloirs du stade lorsque que l'on croisa un groupe d'une dizaine de supporters d'Oyonnax, triste d'avoir perdu.
- Je savais pas que Bordeaux avait assez d'argent pour se payer une pute.
Dit-il en portant son regard sur moi lorsqu'il prononça le dernier mot.
Je me fis un plaisir de lui répondre.
- C'est qui que tu traite de pute, connard ?
Il se rapprocha. Le mur était à moins d'un mètre à ma droite et lui, moins d'un mètre à sa gauche. On était face à face, la tension était palpable.
- C'est toi, salope.
Puis il s'adressait au reste de l'équipe qui c'était rapproché.
- Quand vous aurez fini avec elle, vous me la filer !
Contrôle toi Justine.
Et il se retourna.
- En plus, je suis sûr que t'es pas cher comme pute.
Et se fut la phrase de trop. J'eus l'impression que quelqu'un d'autre prenait le contrôle de mon corps.
Ma main s'éleva. Paume+joue+choc+bruit = gifle
L'homme riposta. 1er coup de poing : esquive, 2ème coup de poing : blocage, 3ème coup de poing : touché. Je sentis une horrible douleur dans la pommette. Tant pis. C'était à mon tour d'attaquer.
1er coup de poing : esquive. Trop tard. Mon pied droit le toucha au côtes. Puis mon gauche entre ses jambes. Il se plia en deux. 2ème coup de poing : touché. Manque de bol, il se mit à saigner du nez.
Puis décalage. Ma main droite sur son poignet droit. Ma main gauche au coude, puis à l'épaule : torsion. 1ère clé de bras.
Je le poussai violemment contre le mur, 2ème clé de bras, et je le retournai face à moi, ma main droite l'empoignant par le col.
- C'est la dernière fois que tu m'appelle pute ou salope. Compris ?
Il hocha la tête, je le relâchait. Il se tourna vers ses potes.
- Les gars, on se casse loin de cette folle.
Puis vers moi.
- Eh, la timbré, t'approche plus jamais de moi.
Et il parti en courant, le nez toujours en sang. Il en avait foutu partout sur mes mains ce con.
Je me tournai vers les joueurs mais ils détournèrent les yeux. Je leur faisais peur ?
Je partis aux toilettes pour me laver les mains et risquai un regard dans la glace.
Du sang coulait le long de ma pommette et des bleues apparaissaient sur mes bras. Mes cheveux étaient en bataille, les jointures de mes mains tâchés de liquide rouge et mes pupilles dilatées. Je ressemblai à un monstre.
Le retour en car fut, pour moi, dans une ambiance pesante. Les joueurs ne me parlaient pas, pire, ils m'évitaient. Je sentis le regard brun de Louis sur moi tout le long du voyage. Est ce que lui aussi ne voulait pas me parler ?
Ma perte de contrôle l'avait elle dégouté ?
Pour la première fois à Bordeaux, je fus heureuse de rentrer chez moi.
Je poussai la porte et entra en titubant, comme si j'avais bu trop d'alcool. Je sorti dehors, dans mon jardin où Togo dormait et me mis à trembler comme une feuille. L'adrénaline et l'excitation du combat retombaient.
Pourquoi je ne gardais pas le contrôle quand j'étais en colère ?
Mes jambes se dérobèrent et je tombai à genoux dans l'herbe, le cœur serré de tristesse et de rage, mes mains tremblant.
Un cri muet sorti de ma bouche.
À force de prendre sur moi les problèmes des gens, j'en oubliais mes émotions et voilà ce que cela donnait.
Allongé dans l'herbe, le regard vers le ciel, je rêvai d'avoir des histoires à raconter.
Mon téléphone sonna.
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12ème chapitre !!!
Je suis trop contente !
Comment l'avez vous trouvé ? Bien, moyen ou mauvais ?
N'hésitez pas de me le dire.
Je voulais aussi remercier RugbyLove9 (allez voir ses histoires, elles sont géniales) ainsi que biscuitcrame et StarSunAndSky qui me soutiennent tout le long de l'écriture de cette histoire. Merci à elles.
Bonne journée/soirée.
(1692 mots)
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