Je suis rentrée chez moi,
Et j'ai fermé la porte.
Je savais, presque malgré moi
Que ma vie était morte.

Je me suis recroquevillé,
Par terre, contre cette porte
Et toute la nuit j'ai veillé,
De peur que celle-ci ne m'emporte.

Alors que lentement, le ciel s'assombrissait
Je pensais aux gens que je fuyais de la sorte.
Ces personnes, si horribles, que feraient-elles,
Si elles savaient que demain leur victime serait morte ?

Elles s'en voudront, enfin, j'espère,
Les enfants regretteront leur violence, leurs méfaits
Les adultes s'excuseront auprès de mon père,
Mais ce sera trop tard, le mal sera fait.

Le soleil, lentement, s'est levé.
Alors je sus que mon heure était venue.
Je me souviens d'avoir été soulagé,
Quand j'ai compris que la mort était la bienvenue.

Je me levai, marchai jusqu'aux tiroirs,
Prit le couteau qui m'avait tant tenté
Alors que je saisissais le manche noire,
J'eus un éclair de lucidité.

Mes mains tremblaient, serrant l'objet maudit,
Et je compris que je n'aurais jamais le courage.
Le courage de finir moi-même ma vie,
Comme d'autre l'ont déjà fait à mon âge.