Chapitre 4 : L'éveil des pouvoirs

  Le train était secoué au fur et à mesure qu'il passait les rails et les câbles électriques. Marie regardait par la fenêtre, observant les maisons qui défilaient au loin.

  Après la dispute dans la piscine, le maître-nageur les avait toutes appelées dans son bureau et avait téléphoné à leurs parents, leur communiquant les évènements ainsi que la facture pour remplir de nouveau la piscine. Il avait dispensé Marie de cette punition, car elle avait eu son accident plus tôt et avait mis ça sur le fait qu'elle n'était pas totalement rétablie. Ce qui avait valu de nombreuses protestations de la part de ses amies.

  Elles avaient décidé de mettre fin à cette journée entre amies, considérant que tout le monde était bouleversé par les évènements de la journée, et chacune rentrait à présent chez elle. Marie et Emma prirent le train pour revenir chez elles, tandis que Madeleine et Joséphine partirent à pied.

  Dans le train, tout était silencieux. Emma et Marie ne s'échangeaient aucun mot, ne trouvant rien à dire pour dissiper le malaise. Pourquoi cela leur arrivait-il à elle? Marie était une fan de fantastique, elle avait toujours désiré avoir des pouvoirs, mais elle pouvait comprendre que pour ses amies, ce n'était pas réciproque.

  Soudain, le train passa dans un tunnel et toutes les lumières s'éteignirent. Des petits cris d'exclamation se firent entendre, pendant que certains cherchaient la lampe torche de leur téléphone portable.

   C'est alors qu'une scène incroyable se déroula sous les yeux d'Emma.

   Des petites lumières apparurent dans le wagon noir. En y regardant bien, ces lumières n'étaient autres que ... de petites boules de feu. Les flammèches se croisèrent plusieurs fois, puis elles partirent chacune d'un côté. Elles traversent le wagon de part et d'autres quand elles atteignirent deux objets qui les garda prisonnières.

  Des lanternes.

    Les lanternes étaient en cuivre, décorées de peinture rouges qui formaient d'étranges symboles. Puis, les flammèches se libérèrent et se croisèrent de nouveaux avant d'entrer dans de nouvelles lanternes.

  Le même spectacle se répéta plusieurs fois, jusqu'à ce que toutes les lanternes soient allumées et les symboles dévoilés. Emma ne sut pas pourquoi, mais elle savait déchiffrer ces symboles.

  Le feu.

  Puis, toutes les lumières s'envolèrent pour atterrir au centre du wagon. Elles l'enflammèrent et un gigantesque brasier prit naissance.

  Un brasier arc-en-ciel...

 
  Marie claqua plusieurs fois des doigts sous le nez d'Emma. Quand celle-ci émergea, Marie poussa un soupir de soulagement visible.

- Arrête de faire ça, Marie, c'est énervant !

- Ouf, tu reviens enfin ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Rien, j'étais juste... Perdue dans mes pensées.

- Oui, ça j'ai vu, tu regardais partout d'un air affolé, alors que les lumières sont revenues depuis un bon bout de temps !

   En effet, l'éclairage plafonnier émettait une douce lumière blanche. Celle-ci vira au bleu, puis au violet. Plus aucune trace de lanterne.

"Ça doit être la piscine, pensa-t-elle. Le chlore, ça donne des hallucinations ?

- Dis-moi, demanda-t-elle à Marie, est-ce que certaines personnes ont déjà eu des hallucinations après avoir été trop longtemps à la piscine ?

- Hein ? Euh, non, je ne crois pas.

- Ah ? Tant mieux.

  Une voix annonçant l'arrivée imminente à la gare les coupa dans leur discussion. Elles se dirigèrent vers les portes et sortirent lorsque le train fut arrêté. Comme elles n'habitaient pas dans la même direction, elles durent se séparer en se souhaitant de bonnes vacances.

  Pendant ce temps-là, Madeleine et Joséphine bavardaient sur le chemin du retour. Joséphine était une grande bavarde, Madeleine ne pouvait que la suivre. Elles parlaient de tout et de rien, évitant d'aborder la salle de classe et la piscine, dissipant le malaise. Pourtant, une fois que Joséphine ne trouva plus rien à dire ( ce qui était un exploit), un profond silence s'installa. Alors Madeleine se mit à chanter. Elle était sans doute la meilleure chanteuse de la bande, et tout le monde se joignait à elle quand elles connaissaient les paroles - sauf Emma quand elle était en colère. Mais cette fois, Joséphine n'osait pas chanter. Mais quand elle eut fini, elle fit un léger applaudissement.

- Ouah, c'était super Madeleine, commenta-t-elle, mais par contre désolée, il faut que je rentre chez moi.

  En effet, elles étaient arrivées à un carrefour entre deux rues. Tandis que Joséphine tourna à gauche, Madeleine continua tout droit.

  Joséphine sortit alors une petite feuille de papier froissée de sa poche. Elle portait des petites inscriptions disant :

" Celui ou celle qui trouvera ce papier devra passer chez animalerie pour acheter un paquet de trois kilos de croquettes à Paper."

  Joséphine n'arrivait toujours pas à croire que sa mère ait glissé ce papier dans sa poche et qu'elle ait écrit les cinq petits mots du début. De plus, trois kilos de croquettes, c'était vraiment lourd, une frêle jeune fille ne devait pas avoir à porter ça... C'était dans ces pensées que Joséphine se dirigea lentement vers la nouvelle animalerie.

  La porte sonna en s'ouvrant. La vieille dame se tenant derrière le comptoir se retourna immédiatement.

- Bonjour, Mademoiselle ! salua-t-elle joyeusement. Cherchez-vous quelque chose ?

- Bonjour madame, je voudrais trois kilos de croquettes pour chien, s'il vous plaît.

- En combien de paquets ?

- Pardon ?

- Voulez-vous plusieurs paquets pour porter ces croquettes ?

- Euh, non, un seul s'il vous plaît.

- Un seul? Pfiou... Vous devez être sacrément costaude pour en porter autant dans un seul sac!

- Non, c'est juste que ma mère préfère avoir moins de sacs pour plus de croquettes, ça prend moins de place et ça coûte moins cher.

- Ah, ça, c'est sûr que pour dix centimes de plus ça coûte plus cher ! Ne bouge pas, je vais te chercher ça.

  Et elle disparut dans l'arrière-boutique.
  Joséphine détailla la boutique des yeux. Le parquet était bien aligné mais de couleur si sombre qu'on croirait qu'il était sale. Les murs étaient couverts de papier peint jaune avec des motifs de pattes dessus. Le plafond était fendillé, et un lustre exagérément grand pendait au-dessus du comptoir en bois sombre. Enfin, les caisses contenant les animaux étaient entassées les unes sur les autres, et leur contenu piaillait, couinait, miaulait et aboyait en un bel ensemble.

  La vieille dame revint avec un énorme paquet sur lequel il était écrit : "Fantastic dog, pour des chiens en bonne santé". Elle pianota sur la caisse enregistreuse qui émit un petit"Ding !", puis se tourna vers sa cliente.

- Cela fera trois euros vingts, mademoiselle, dit-elle avec  un sourire édenté en tendant la main.

- Oui, bien sûr, je vous donne ça tout de sui...

 
  Elle ne put finir sa phrase car sous ses yeux, les animaux sortaient petit à petit de leur cages, répandant du verre brisé dans la boutique... Qui avait disparu pour laisser place à un tapis d'herbe et de fleurs. Les bêtes regardaient de tous côtés, puis leurs regards se tournèrent vers Joséphine. Son cœur s'accéléra en croyant qu'ils allaient la dévorer... Puis il se passa quelque chose de curieux.
  Les animaux s'inclinèrent devant elle.
  Sur le coup, elle crut d'abord a une bonne blague. Avant de voir qu'elle faisait face à une grande réalité. Depuis quand des animaux reconnaissaient un humain comme maître ?

  Mais les surprises ne s'arrêtèrent pas là, car sous ses yeux ébahis, une montagne s'éleva devant elle dans un énorme tremblement. Suivie par d'autres montagnes, toutes plus imposantes les unes que les autres. En plissant les yeux, Joséphine crut apercevoir une entrée dans la première montagne. Elle se recouvrit d'arbres et de fleurs, qui se deversèrent sur les autres montagnes, et ainsi de suite. Joséphine, après mûr instant de réflexion, remarqua que les arbres ne poussaient pas au hasard.
 
  Ils formaient des caractères, que Joséphine déchiffra instinctivement.

La terre...

  - Mademoiselle ? Tout va bien ?

  Joséphine secoua énergétiquement la tête. L'animalerie était revenue, et les animaux étaient rentrés dans leur cage. Comme si tout cela n'était qu'un rêve.

- Oui, oui, pardon, excusez-moi, je... Je cherchais mon porte-monnaie.

- Et bien, cela fait dix bonnes minutes que vous êtes sur cette poche, Mademoiselle. Si vous n'avez pas l'argent, je vous met ça de côté et vous repassez plus tard...

- Non, non, j'ai l'argent, tenez, dit Joséphine en tendant une main remplie de pièces de monnaie qu'elle remit à la dame.

  Cette dernière compta le tout avant de les fourrer dans la caisse qui se ferma instantanément. Joséphine emporta le sac et sortit de l'animalerie, le dos esquinté par la charge trop lourde qu'elle portait. Son retour chez elle se fit dans le plus complet des silences qu'il était possible d'entendre.

  Madeleine était en train de courir. Elle avait oublié son téléphone portable à la piscine, et se n'en était rendue compte que lorsqu'elle était au pied de la porte de chez elle. Évidemment, sans trotinette ni vélo, tout allait beaucoup moins vite.

  Elle arriva au centre après un quart d'heure de course intense. Épuisée, elle s'appuya sur le mur et pris quelques minutes pour se reposer. Elle était folle de revenir à la piscine après ce qu'il s'était passé... Comment cela était-il arrivé, d'ailleurs ? Elle se souvenait juste d'elle, se disputant avec Emma, et puis l'instant d'après, le maître-nageur les interpellait, et toute l'eau était sortie. D'après lui, les baigneurs l'avait vue agiter les bras dans tous les sens pendant que les vagues devenaient de plus en plus violente... Cela suffisait-il pour que l'on vous prenne comme responsable ?

  Madeleine prit une grande inspiration et entra. L'accueil était une grande pièce avec un sol bleu, des murs blancs et des baies vitrées qui montraient la rue et la piscine pour celle qui était derrière le comptoir. Une mezzanine où se trouvaient quelques maîtres-nageurs surplombait le rez-de-chaussée de toute sa hauteur.

  Madeleine marcha d'un pas tremblant jusqu'à la réceptionniste. Celle-ci semblait très étonnée de la revoir, mais Madeleine la comprenait, elle non plus ne savait pas ce qu'elle faisait.

- Oh, bonjour, dit-elle, vous venez pour aider à nettoyer ?

- Hein? Non, je suis venue récupérer mon téléphone, je crois que je l'ai oublié dans le vestiaire...

- Oh, pardon, dit-elle, l'air déçu, je vais voir si on a ça...

  Elle lui tourna le dos pour aller chercher dans un bac situé entre la baie vitrée et le comptoir.  Madeleine se sentait mal, autant pour la réceptionniste que pour elle-même. C'est vrai, vu ce qu'elle avait causé, elle aurait au moins pu aider à nettoyer... Sauf qu'elle ne savait même pas si elle était la cause de tout cela. En regardant par l'ouverture, elle put voir une équipe vêtue de T-shirts blancs s'affairer avec des serpillères. Elle se demandait où allait toute l'eau qu'ils nettoyaient, vu que le bassin ne se remplissait pas. Les autres piscines avaient également été vidées, vu que le centre aquatique était fermé. En entrant ici, Madeleine ne s'était même pas rendue compte qu'il n'y avait aucune personne excepté les maîtres-nageurs à l'intérieur du bâtiment. Elle sentit qu'elle gênait encore plus et ses joues virèrent à l'écarlate. Que devait-elle faire pour dissiper le malaise? En plus, elle adorait la piscine, c'était un coup dur pour les deux...

- Vous avez de la chance, mademoiselle, un téléphone a été retrouvé ce matin. C'est le vôtre ?

  En découvrant la coque bleue pailletée, elle poussa un énorme soupir de soulagement.

- Oui, c'est bien le mien. Merci beaucoup de l'avoir retrouvé ! Je dois absolument envoyer un message...

- Quel genre de message ?

- Un message pour dire à mon père que je reste à la piscine pour rester à nettoyer.

  La réceptionniste resta bouche bée. Quand Madeleine se tourna vers elle, elle cligna trois fois des yeux puis s'empressa de lui dire :

- Le local nettoyage se trouve sur la droite en entrant dans les vestiaires, là où il y a une pancarte " Sans issue". Il y a des T-shirts dans les vestiaires du personnel, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire...

  Elle ne dit rien de plus, mais Madeleine devina qu'elle se retenait de crier merci. Elle se dirigea vers le local qu'elle lui avait indiqué et y prit une serpillère et un T-shirt beaucoup trop grand pour elle qu'elle enfila par-dessus ses vêtements, pour ne pas les salir.

  Une fois prête, elle entra dans l'espace intérieur où une dizaine de paires d'yeux étonnés la suivirent. Elle alla se poster devant celui qui semblait commander l'opération de nettoyage puis lui dit :

- Bonjour, je suis celle qui a mis toute cette pagaille cet après-midi, je suis venue voir si je pouvais me rendre utile...

  Le maître-nageur haussa un sourcil, interloqué, puis il la reconnu et dit:

- Ah? C'est très gentil de ta part. Tu peux aller nettoyer à côté du toboggan, une quantité énorme d'eau s'est écoulée suite à la crevaison d'un tuyau d'alimentation. Il faudra fermer la piscine et faire des travaux.

  Madeleine hocha la tête et partit en direction du toboggan.

  Elle nettoya vite et bien, en une demie heure elle eut fait la moitié du travail. Elle se préparait à faire une pause quand sa serpillère vola dans les airs décrivant une courbe avec les gouttelettes d'eau.

  Et là, tout prit vie. 

  C'était comme si toute l'eau du monde était présente. Des immenses cascades se dressèrent une à une, formant un arc-en-ciel d'eau grâce au soleil qui brillait de milles feux. L'eau qui s'en écoulait vint remplir un lac qui sortait de nulle part, mais qui devint vite si grand qu'il était impossible d'en voir le bout. Des lotus bleus et blancs ainsi que des nénuphars émergèrent à la surface de cette merveilleuse vision. De légères bulles s'échappaient du lac, et leur reflet formaient d'élégantes lettres étranges à la surface du lac. Madeleine ne les avait jamais vues, et pourtant elles étaient tout pour elle.

L'eau...

- Hé oh! Tout va bien, là-bas?

- D-Désolée, bagaya  Madeleine, je dois y aller...

  Et, sans un mot, elle partit en courant.

Quelque part, à des milliers d'étoiles de là...

  Des bruits de pas métalliques résonnaient dans le vieux château glacial. Un chevalier, portant une armure entièrement noire, avec une cape et une plume dépassant de son casque, arpentait les couloirs de pierre d'un pas rapide. Arrivé dans une salle recouverte d'un immense tapis rouge, il se prosterna devant un trône de marbre sur lequel était assis un homme d'âge mûr, arborant une cicatrice sur la moitié droite du visage.

- Les oiseaux se sont réveillés, seigneur, les éléments ont choisi un réceptacle.

- Très bien, répondit une voix aussi foudre et dure que le château, vas les chercher et amène-les moi le plus tôt possible.

  Un sourire mauvais naquis sur les lèvres de l'homme.

- Bientôt, plus rien ne me résistera.


Bonjour!
Que pensez-vous de ce chapitre ? Le trouvez-vous trop répétitif ?
N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire votre avis.
Je vous remercie d'avoir lu!
 

  

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