Falling from the bridge
Mini OS, juste parce que j'étais dans le mood. Bonne lecture.
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Les yeux à peine ouverts, Magnus tâtonna de ses mains baguées sur son bureau pour trouver sa bouteille de vodka qu'il empoigna avec hésitation, le regard rivé sur l'écran de son ordinateur face à lui. Portant le goulot à ses lèvres, l'Indonésien en avala un longue lampée avant de grimacer face à la brûlure de l'alcool dans sa gorge. L'ambiance était morose dans l'appartement du Grand Sorcier de Brooklyn. Elle était même plus que ça : déprimante serait le mot juste. Toutes les lumières étaient éteintes, seule la lueur de la lune éclairait faiblement le loft, et la nuit au dehors était si calme que le silence en devenait pesant. Pour combler le manque et le vide de son chez-lui, l'immortel avait allumé sa chaîne hi-fi mais n'avait fait en sorte que de passer des morceaux d'une infinie tristesse et d'une infinie solitude, sans doute pour coller à son humeur du moment. En effet, l'asiatique était plus seul que jamais. Son mari, qu'il ne voyait presque plus ces derniers temps, était partit dans Lilith seule sait quel pays en compagnie de son parabatai, Max et Rafael étaient à Alicante pour la semaine; et pour couronner le tout, Ragnor, avait qui il aurait du passer la journée pour s'occuper l'esprit, l'avait planté à midi passé pour retrouver Catarina. Magnus s'en sentait blessé, évidemment, mais il ne pouvait pas en vouloir à son père. Après tout, c'était à prévoir : tout le Labyrinthe en Spiral était en ébullition en ce moment et l'ancien Grand Sorcier de Londres était souvent demander pour ses conseils sages et judicieux. D'ordinaire, le descendant d'Asmodée aurait géré la situation d'une main de maître et aurait su trouver de quoi s'occuper, mais en vérité il se sentait désespérément seul et ne savait plus comment tromper cette vieille amie qui lui collait sans arrêt à la peau. Et encore, si seulement il n'y avait que la solitude, c'aurait été. Mais c'était sans compter les angoisses, le stress, la douleur et le sentiment d'abandon qui lui faisaient ressasser ses pensées sombres encore et encore. Il avait bien tenté de se changer les idées, mais son esprit était bien plus fort que lui, c'était peine perdue. Alors l'immortel s'était installé à son bureau et il revoyait ses anciennes photos de famille qu'il avait téléchargées sur son ordinateur. Il revoyait ses fiançailles, son mariage avec Alec, les enfants petits, la première rune de Rafael, la cérémonie de majorité de Max...
Il avait l'impression que tous ces souvenirs, profondément ancrés dans sa mémoire, étaient les vestiges d'un autre temps, un temps heureux, une époque où il se souvenait encore quel goût le bonheur pouvait bien avoir. Mais aujourd'hui, tout était fini, le bonheur était partit. Soupirant, reprenant une gorgée de son alcool au goût amer, l'Indonésien fondit en larmes, recroquevillé sur lui-même dans son fauteuil. Il avait si mal, il souffrait tellement de cette absence. L'immortel avait toujours eu un terrain psychologique fragile, et rester seul n'était jamais une bonne chose pour lui. Alec lui avait bien envoyé quelques messages, ici et là, mais Magnus avait tout aussi mal d'attendre désespérément de ses nouvelles, alors il avait préféré lui dire de se concentrer sur ce qu'il faisait et qu'ils se retrouveraient à son retour. Sauf qu'il ne savait pas quand Alec rentrerait, ni même s'il rentrerait aujourd'hui. Reniflant lourdement, Magnus ferma son ordinateur, empoigna sa bouteille et ouvrit maladroitement un Portail qu'il traversa en titubant. Il ne savait même pas où il s'en allait. L'Indonésien plissa les yeux et regarda autour de lui d'un air hagard avant d'éclater de rire. Il était sur le pont de Brooklyn, évidemment. Enfin, pas exactement sur le pont en lui-même. En effet, le passage réservé aux piétons était plusieurs mètres sous ses pieds. Lui se trouvait en hauteur, sur l'une des tours du pont, là où personne ne pouvait le voir, là où le monde s'arrêtait de tourner, là où la nuit reprenait ses droits. Un sourire franc, paisible et pourtant presque dément peignit ses lèvres et Magnus termina sa bouteille avant de la jeter dans le vide. Lui aussi pouvait suivre le même chemin, plus rien ne l'en empêchait à présent. Inspirant profondément, le sorcier tourna le dos à l'eau sous ses pieds et il planta son regard vers les étoiles, basculant vers l'arrière avec un soupir de bonheur. Libre, enfin. Et plus jamais seul.
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