Dire oui
Encore une fois, OS impromptu que je devais faire plus tard mais que j'ai eu besoins de l'écrire ce soir avant de faire une connerie grosse comme le monde. Bonne lecture, qui sera assez longue cette fois ci encore, on se retrouve en bas ^^
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Un coup, un autre, on s'abaisse, on se redresse, on recommence. Un coup, un autre...Alec soupira et se stoppa dans la manœuvre. Il s'était levé aux aurores ce matin pour pouvoir s'entraîner. L'Enclave évaluait le niveau de ses Chasseurs d'Ombres une fois tous les six mois et Alec devait réviser certaines techniques qu'il maniait mal s'il ne voulait pas se retrouver en difficultés le jour J. Il ne pouvait pas, cependant, s'entraîner à un autre moment puisque ses journées étaient plus que chargées ces derniers temps. Il se levait de bonne heure et se couchait tard, à une heure avancée de la nuit, sans pour autant parvenir à trouver le sommeil.
Le jeune homme attrapa une serviette qu'il avait emporté avec lui et entreprit d'essuyer la sueur de son front et de ses épaules. Il but une gorgée d'eau à sa bouteille et s'en retourna dans sa chambre de l'Institut, deux étages au dessus. A cette heure-ci, tout le monde dormait. Tout le monde, sauf lui. Quand il n'avait rien à faire, c'était ses cauchemars et ses pensées incessantes qui le maintenaient en éveil. Une fois dans sa chambre, le noiraud se dirigea directement dans la salle de bain attenante. Il retira ses habits de sport et s'observa un instant dans le miroir. Son visage pâle était creusé au niveau des joues et ses yeux bleus étaient tristes et fatigués, cernés de noir dû au manque de sommeil. Il ferma les paupières et se glissa dans la douche, profitant brièvement de la chaleur de l'eau sur son corps endoloris. Alec détestait se regarder dans les miroir, il haïssait son reflet, son physique, lui, tout simplement.
L'aîné des Lightwood sortit rapidement de la cabine et s'habilla en hate. Il se rendit ensuite à la cuisine où il prit un rapide petit déjeuner qui se résuma à un mug de café et à un yaourt avalé en deux cuillérées. Si Magnus avait été là, il l'aurait forcé à avaler une montagne de crêpe, un jus d'orange et une salade de fruit frais. Magnus. Il ne l'avait pas vu depuis la vieille. Le sorcier devait passer chez son amie Catarina, où Ragnor les rejoindrait, pour se retrouver comme au bon vieux temps et boire un verre. L'immortel avait insisté plusieurs fois sur le fait que si cela gênait Alec il pouvait toujours annuler, mais le jeune homme avait rassuré son petit ami en lui disant de profiter. Il lui envoya un message.
De Alec à Mon chat :
J'espère que tu as passé une bonne soirée, on se voit ce soir. Je t'aime.
La réponse de Magnus ne se fit pas attendre et Alec se retint de sourire tendrement face à son message.
De Mon chat à Alec :
Tu m'as terriblement manqué Alexander, j'ai hâte. Aku Cinta Kamu.
Alec rangea son téléphone dans sa poche et termina son café. Jace arriva dans la cuisine à ce moment, suivit par Izzy, et Clary. Le jeune homme soupira intérieurement mais se retint de faire un quelconque commentaire. Il fit un compte à rebours dans sa tête. Cinq. Quatre. Trois. Deux...
- Alec j'ai besoins de toi, lança Jace en attrapant une pomme et croquant dedans.
- Hey ! Protesta Isabelle. J'allais lui demandé d'abord !
- Tu attendras ton tour, nous aussi on a des trucs à faire, répliqua Clary, amusée.
- Ok, abdiqua Alec. Un à la fois. Jace ?
- J'ai besoins de toi pour m'entraîner. On s'entraîne toujours mieux à deux.
Le noiraud hocha la tête. L'entraînement était une chose importante, lui-même se préparant chaque matin avec assiduité. Il se tourna ensuite vers sa soeur.
- En quoi tu veux que je t'aide, Iz' ?
- Faut que je change de robe et j'ai besoins que tu m'aides à choisir.
Pour un spectateur extérieur, la requête d'Isabelle envers son frère aurait parut incongrue mais c'était le code que la jeune femme et lui avait adopté bien des années plus tôt quand cette dernière avait besoins de se confier à son frère sur des sujets qu'elle trouvait important. Leurs discussions pouvaient alors durer deux heures comme deux jours. Enfin, il se concentra sur Clary.
- Pour l'instant j'ai rien à demandé moi, se défendit-elle. Mais peut-être que cette après midi je vais essayer de nouvelles runes alors...
- Très bien. Jace, ce matin je m'entraîne avec toi. Izzy, je te conseillerais pour tes robes après le repas et Clary tu n'auras qu'à venir me trouver quand tu auras besoins de moi.
Les trois amis sourirent et le remercièrent avant de quitter la pièce tour à tour, le laissant seul avec ses pensées et son café. Alec aurait dû dire non, mais il ne pouvait faire autrement que dire oui. Il débarrassa les restes de son petit-déjeuner et retourna enfiler des vêtements de sport propres et fila à la salle d'entraînement pour aider Jace. Le blond l'attendait déjà, frais et dispos. Normal, pensa un peu amèrement le noiraud, il s'est couché de bonne heure et viens de dormir jusque neuf heure et demi. Puis Alec se flagella mentalement. Jace avait été blessé quelques jours plus tôt et il faisait déjà beaucoup de patrouille. Il avait bien le droit de dormir. Ils s'entraînèrent un moment, mais Alec ne se concentrait que peu. Il trouvait Jace bien meilleur que lui. Le blond était plus léger, plus fort, se déplaçait plus vite.
- Alec, tu rêve ou quoi ?
- Désolé, s'empressa-t-il de répliquer en se concentrant de nouveau sur les gestes de son parabatai.
Jace était doué, il n'aurait aucun problèmes à passer les épreuves de l'Enclave, comme à chaque fois. Alec le félicita et lui annonça qu'il avait bien mériter une pause. Après quoi, le noiraud retourna prendre une douche, évitant soigneusement son reflet une nouvelle fois et rejoignit la cuisine. Il examina le contenu des placards avant de se rendre à l'évidence : il n'y avait pas de quoi faire un bon repas. Le jeune homme commanda à l'Indien tout en se faisant la réflexion qu'il faudrait faire des courses au plus vite. Lorsque le dîner arriva, il envoya un message à ses amis qui le rejoignirent si vite qu'il crut presque qu'ils avaient attendu bien sagement derrière la porte. Les pâtes et tiramisu furent avalés avec bonheur et chacun retourna à ses occupations sans avoir pensé à remercier le noiraud. Je n'ai pas besoins d'être remercier, se dit-il. J'ai juste appelé un numéro pour qu'on puisse manger, pas besoins d'une médaille pour ça.
L'aîné Lightwood fila à la chambre de sa soeur. Il entra quand elle l'autorisa et la trouva assise au bout de son lit, le regard bas. Lorsqu'elle releva la tête, elle vit que ses yeux étaient larmoyants. Oblitérant tout ce qu'il y avait autour de lui, son instinct de grand frère reprenant le dessus, Alec se précipita et s'agenouilla devant elle, prenant ses mains dans les siennes.
- Qu'est-ce qu'il se passe Izzy ?
- C'est Simon, avoua-t-elle.
- Qu'est-ce qu'il a fait ? S'il t'a fait du mal je le tue de mes mains et je demande à Jace de m'aider à cacher le corps.
- Non, non ! Il...il m'a proposé qu'on emménage ensemble à l'Institut.
- Tu vis déjà à l'Institut, rétorqua Alec, sourcils froncés.
- C'est pas la question Alec ! Il veut aller à l'étape supérieur, comme un vrai couple. Il nous prend au sérieux, il nous voit plus loins dans l'avenir, tu comprends ?
- Tu as peur, c'est ça ?
La jeune femme hocha la tête. Le Chasseur d'Ombre sourit gentiment et serra sa soeur dans ses bras. Il la rassura, lui disant que Simon était quelqu'un de bien, malgré tout ce qu'il avait pu en dire par le passé et que seul son bonheur comptait à ses yeux. Ton bonheur compte plus que le mien de toute façon, non ? pensa-t-il avant de se gifler mentalement. Ne sois pas égoïste, Alec. Il s'agit d'Izzy, pas de toi, se reprit-il.
Il planta un baiser sur son front, lui demandant s'il pouvait faire autre chose pour elle mais elle lui assura que ce serait suffisant et elle s'empressa d'appeler Simon alors que son frère quittait la pièce, aussi silencieux qu'un fantôme. Il s'adossa à un mur et ferma les yeux, épuisé. Bientôt. Bientôt le repos, se rassura-t-il en lui-même.
Le soir venu, Alec rentra chez Magnus épuisé. Le reste de l'après-midi avait filé comme un éclair : aider Clary à créer ses runes, faire les courses, remplir des papiers pour l'Enclave, et ranger la bibliothèque de l'Institut. Il s'arrêta un instant devant la porte d'entrer et ferma les yeux pour chasser les larmes de fatigue qui stagnaient au coins de ses yeux. Il inspira une fois, deux fois, plaque un sourire qui se voulait joyeux sur son visage et tourna la clé dans la serrure.
- Je suis rentré ! Annonça-t-il d'une voix qu'il espérait optimiste, comme s'il ne venait pas de vivre une journée d'enfer.
- Alexander ! S'écria Magnus en se jetant dans ses bras.
Le sorcier aux yeux de chats inspira son parfum, le sourire aux lèvres. Il lui offrit un baiser remplis de tendresse qui détendit un peu Alec. Mais L'Indonesien du le sentir puisqu'il se recula, sourcils froncés. Il posa ses mains sur les épaules de son petit ami et pressa, arrachant une grimace de douleur à Alec.
- Tu es beaucoup trop tendu ! Non, définitivement ça ne va pas tu as besoins de te détendre, Alexander !
L'asiatique tira son petit ami jusqu'au canapé et lui commanda de s'asseoir avant de lui retirer sa veste et son t-shirt. Alec se laissa faire, un peu inquiet, jusqu'à ce que Magnus s'installe dans son dos. Il frotta des mains l'une contre l'autre pour les réchauffer puis commença à masser les épaules engourdies de son amant. Alec grimaça plusieurs fois sous la pression avant que le massage ne fasse finalement son effet. Magnus avait des doigts en or. Il s'installa un peu plus contre son petit ami, fermant les yeux, et laissa ses pensées dériver. Il repensa à sa journée. Il repensa à tout ce qu'il devait faire lors de ces journées qui se ressemblaient toutes les unes les autres. Aider ses proches, s'occuper des petits détails du quotidiens. Mais lui, qui l'aidait ? Pendant des années, chaque fois qu'il avait souhaité parler de lui-même, demander de l'aide, tout le monde partait. Il n'avait réellement que Magnus, mais si il parlait de ce mal-être à Magnus, lui aussi le laisserait. Magnus si joyeux, si excentrique, si plein de vie. S'il savait à quel point Alec était à son opposé : noir, fade, banal, triste. S'il s'en rendait compte alors il le quitterait à coup sûr.
Alec imagina Magnus le quitta. Il l'imgina filer le parfait amour avec quelqu'un d'aussi fabuleux qu'il l'était. Il imagina le sorcier dans les bras d'autres amants, d'autres maîtresses. Pourquoi voudrait-il s'encombrer du jeune homme une fois qu'il saurait la vérité sur ce qui se passait dans son esprit, sur la noirceur de sa peine ? Il s'imagina seul, dépérissant après le départ du sorcier, et cette pensée lui fit mal, lui serrant le coeur douloureusement.
- Alexander ? L'appela Magnus.
Mais Alec n'écoutait plus. Un étaux venait de se resserer autour de sa poitrine, comme si quelqu'un comprimait violement ses poumons, l'empêchant de respirer. Il chercha de l'air, sans parvenir à reprendre son souffle. Ses yeux se remplirent de larmes, sa vue se brouilla, mais il distingua une silouette devant lui : Magnus venait de revenir face à lui, prenant ses mains tremblantes dans les siennes.
- Je suis là, Sayang. Regarde moi. Alexander ce n'est rien, tu fais une crise d'angoisse. Il faut que tu respires d'accord ? Tu fais comme moi : tu inspires par le nez, tu expire par la bouche.
Alec essaya mais manqua de s'étouffer. Il serrait les mains de Magnus à s'en faire blanchir les phalanges. Magnus si doux, Magnus si calme et si prévenant. Il le quitterait c'est sûr. Mais le sorcier était d'une patience à toute épreuve.
- Tout va bien, répéta-t-il doucement sans élever la voix. Je ne sais pas ce qui t'inquiète mais on peut régler le problème ensemble, je te le promet.
Non, on ne peut pas, pensa Alec. Il se força cependant à reprendre son souffle et à suivre les indications de Magnus. S'il ne le faisait pas, le sorcier se rendrait forcement compte qu'il n'allait pas bien et il ne voudrait plus de lui. Il mit une demi-heure à se calmer, et à la fin il était épuisé. Magnus le regardait avec inquiétude, lui demandant ce qu'il venait de se passer, mais le noiraud répondit la même chose que quand on lui demandait si ça allait. Il répondit oui.
Magnus ne posa plus de question, mais se promit d'en reparler avec Alec le lendemain matin. Lorsqu'ils allèrent se coucher, les pensées d'Alec ne le laissaient toujours pas tranquille. Il repensa, encore et encore, à cette soirée. Au milieu de la nuit, sans faire de bruit, il se leva sans faire de bruit et alla à la salle de bain sans réveiller Magnus. Il rabattit la porte derrière lui sans pour autant la fermer à clef. Le noiraud fouilla dans le tiroir du bas et s'adossa au mur, assis sur le carrelage gelé. Il releva ses manches et ouvrit le poing. A l'intérieur, une lame de rasoir.
Il l'observa pendant quelques instants avant de secouer la tête : il était temps. Il posa la lame froide et sans vie contre son poignet chaud au coeur battant et commença à tracer les premier traits, d'abord faiblement, puis en appuyant un peu plus. Une part de lui, engourdie, lui soufflait de continuer, que c'était la seule solution. Quand à l'autre...l'autre...
- MAGNUS !!
L'autre réalisa l'erreur qu'il était en train de faire. Il hurla le nom de son amant, car si une personne sur terre pouvait le sauver, c'était bien Magnus Bane. Il hurla à s'en déchirer les cordes vocales et vit Magnus détaler jusqu'à lui, les cheveux ébouriffés, le regard embué de sommeil et paniqué. Lorsqu'il posa ses yeux mordoré sur le corps tremblant et sanglotant de son petit ami dont les poignets baignaient de sang il se précipita pour le prendre des ses bras. Alec se refugia contre lui, pleurant corps et âmes.
- Je suis désolé, je suis désolé Magnus...
- Je suis là, je suis là mon amour. Mon chéri, Sayang...
Le sorcier pleurait lui aussi. Comment n'avait il pu rien voir ? Il posa ses mains sur les poignets d'Alexander et laissa sa magie faire son travail. Il le berça contre lui, murmura des mots doux, le laissant pleurer autant qu'il en avait besoins, lui soufflant qu'il était là, qu'il l'aimait, et que jamais il ne le laisserait seul pour faire face.
- Je vais t'aider, je te le promet, souffla-t-il à voix basse. Je sais que ce n'est pas facile mais je ne t'abandonnerais jamais...tu veux bien me laisser t'aider, Sayang ?
Alec pensa refuser, comme toujours. Il pensa nier, il pensa mentir. Mais il avait appelé Magnus, parce qu'il savait que le sorcier viendrait toujours à son secours. Il savait qu'aux côtés de Magnus, peut-être, il pourrait s'en sortir et enfin être heureux. Alors il fit ce qu'il faisait de mieux.
- D'accord...
Il dit oui.
- Aku Cinta Kamu Alexander Lightwood. Pour toujours.
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Voilà. Triste, je sais. On dit toujours qu'on fait vivre à nos personnages ce qu'on ne peut pas vivre. C'était Alec ou moi. A très vite pour la suite de noirceur <3
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