Dernier adieu, baiser volé {Partie 2}


Le Grand Sorcier de Brooklyn gémit de mécontentement et d'inconfort. Un bruit strident, agaçant, exaspérant même, lui parvenait aux oreilles de manière régulière. Il poussa un profond soupir avant d'ouvrir un œil pour fusiller du regard ce qui osait troubler son sommeil. Ses orbes félines se posèrent alors sur un moniteur cardiaque, posté juste à côté de son lit médicalisé. Il se trouvait dans une grande chambres aux murs couleurs pastels, et Magnus soupira de soulagement en constatant qu'ils n'étaient pas blanc. L'Indonésien avait horreur du blanc, surtout après avoir passé des années, heureusement non consécutives, dans des hôpitaux à se faire soigner pour diverses raisons, la première étant qu'il voulait toujours sauver la vie de son compagnon. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait tiré son amant, et même n'importe quel membre de leur famille, d'un mauvais pas. Mais l'immortel n'était pas pour s'en plaindre : il aurait préféré mille fois donner sa vie plutôt que de perdre l'un de ses proches. Aujourd'hui, il avait failli mourir de la main d'un démon, mais aucun autre n'avait été blessé, et malgré ça, il était toujours en vie, il avait réussi. Baissant les yeux sur sa plaie avec crainte, l'asiatique fut soulagé de constater qu'il n'y avait plus aucune trace de sa blessure, comme si elle n'avait jamais existé. Le sourire aux lèvres, confiant, il se leva sans perdre une seule minute et sautilla presque de joie comme un enfant surexcité. Il allait bien, il s'en était sorti. Évidemment, sa magie et celle de Catarina avaient été à l'œuvre, mais de voir qu'il se portait comme un charme suffisait amplement pour le moment. Malgré tout, le bip infernal du moniteur cardiaque n'avait de cesse de le tourmenter alors, pour éviter que son moment de joie ne soit gâché par cet instrument de torture, le sorcier se retourna pour l'éteindre, n'en ayant plus besoin...Avant de se figer sur place, suspendant son geste. Il était là, allongé dans son lit. Mais comment pouvait-il être allongé et debout ? Il était....

- Dans le coma..., souffla-t-il à voix haute en se prenant la tête entre les mains.

Il n'était qu'une projection de son esprit, rien de plus. Regardant avec attention son corps étendu dans le lit, le sorcier vit pourtant que sa blessure était réellement presque refermée et qu'il n'avait pas l'air en trop mauvais état. Catarina avait dû passer de longues heures sur son cas, mais heureusement elle avait fait un travail remarquable pour le soigner et prendre soin de lui. Cela ne l'empêchait pas, cependant, d'être profondément agacé par son état actuel. Ce n'était pas le premier coma qu'il subissait, loin de là, et ce n'était sans doute pas le dernier, d'ailleurs, mais toujours est-il qu'il n'avait aucune envie d'être une sorte de fantôme en carton incapable de s'éloigner trop longtemps de son corps, enchainé à cette chambre dh'ôpital jusqu'à ce qu'il se réveille et ne dépendant que du bon vouloir de ses proches pour avoir quelque occupation que ce soit.

- Ça aurait pu être pire, relativisa-t-il avec une pointe d'ironie. J'aurai pu être mort...Il n'y a plus qu'une bonne âme vienne me voir...Quelqu'un finira bien par venir changer l'une de mes sondes, espérons que cette personne aura la bonne idée de m'apporter un cocktail pour me le passer en intraveineuse : j'en ai bien besoin.

Alors que le sorcier s'installait dans un fauteuil pour patienter sagement, maudissant de ne pas pouvoir recoiffer correctement au gel ses cheveux, il eut le bonheur d'entendre la porte s'ouvrir et de voir sa meilleure amie entrer dans la chambre d'un pas discret, sans doute pour ne pas le déranger.

- Je t'en prie, claque la porte si tu veux je suis déjà debout, s'amusa-t-il en posant sa main dans sa paume. Tu es très en beauté, Cat' ! Tu voudrais profiter de ta merveilleuse luminescence et me réveiller s'il te plait ? Geint-il comme un bambin en plein caprice. Met moi la télévision au moins, je m'ennuie...

- Oh...Magnus..., chuchota la sorcière piteusement en posant une main sur la sienne.

- Quoi "Oh...Magnus" ? Promis je ne mettrais pas de téléréalité si c'est ce qui t'inquiète !

Mais l'immortelle à la peau bleue, incapable de l'entendre, secoua la tête et sortit son téléphone pour demander à son interlocuteur de venir. Magnus ne sut pas à qui elle pouvait bien parler, mais la réponse se fit savoir d'elle-même une vingtaine de minutes plus tard quand Ragnor passa la porte, la mine grave et les traits tirés. L'Indonésien lui fit un clin d'œil que son père ne vit pas, évidemment, et ce dernier se planta auprès de son amie pour lui demander ce qu'il se passait.

- Regarde ses constantes..., chuchota simplement Catarina en essuyant une larme unique qui coulait sur sa joue. Tu verras...

- Attends..., comprit Ragnor après plusieurs minutes de silence, ne me dit pas que....Non...Non ! Cat, dis moi que j'ai compris de travers ! Dis- moi que ce n'est pas vrai !

- Je suis désolée, Ragnor...Il n'a plus aucun afflux de sang vers le cerveau, il ne respire qu'avec une machine...

- Attendez, comment ça, plus d'afflux de sang ? Intervient Magnus en se levant, observant son corps comme un médecin examine une bactérie au microscope. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Comment on va annoncer la nouvelle à Alec..., s'effondra presque l'immortel cornus.

- Je ne sais pas, mais il va falloir lui dire...Une mort cérébrale ne se cache pas bien longtemps, il va falloir lui expliquer que Magnus ne se réveillera jamais...

L'immortel se laissa tomber dans son fauteuil en tremblant. Il n'était pas dans le coma, il était mort...

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A suivre...

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