A l'intention d'Alexander {Partie 1}


Mon très cher Alexander, Sayang,

Je n'écris pratiquement jamais de lettres, tu le sais. Parfois des messages de feu, souvent des textos, très rarement des appels au téléphone, mais jamais de lettres. Sauf ici. Sauf aujourd'hui. Sauf ce soir. Tu te demandes sans doute pourquoi ce soir ? Je vois déjà d'ici s'enclencher les rouages de son cerveau alors que tu te demandes sans doute si tu n'as pas manqué un quelconque anniversaire. Rassure toi mon ange, tu n'as rien manqué, absolument rien. Au contraire, tu es l'une des rares personnes capable d'illuminer ma vie et pour ça je ne pourrais jamais assez te remercier. Te remercier pour ton amour, te remercier pour tout ce que tu m'apporte depuis des années, et bien plus encore. Tu m'as offert une famille, tu m'as offert une vie. Mais cette vie, cet amour, toi, je ne vous mérite tout simplement pas. Je....

Magnus releva le nez de sa feuille éclairée par la faible lueur d'une bougie blanche qui trônait au milieu de la table à laquelle il était assis. Seul dans la cuisine, dans leur loft silencieux et plongé dans le noir, le Grand Sorcier de Brooklyn couchait ses pensées dans une lettre à son époux, se demandant encore et toujours comment lui dire tout ce qu'il avait sur le coeur sans lui causer de peine. Peut-être qu'en lui mentant...Non, Alexander méritait de connaître la vérité. Il ne passerait pas par des chemins détournés. Alors, avec une idée plus ou moins précise de ce qu'il avait en tête, l'asiatique reprit sa rédaction.

Je n'aurais jamais cru pouvoir aimer autant quelqu'un de toute mon existence et, surtout, de me faire aimer en retour. Je sais que tu m'aimes, mon prodigieux Chasseur d'Ombres. C'est d'abord tes yeux qui m'ont fait fondre la première fois que je t'ai vu, mais c'est ton coeur et ton âme qui ont finit de me séduire, qui m'ont fait t'épouser, et qui font, encore une fois, que je t'écris cette lettre ce soir. Est-ce qu'on peut dire qu'il s'agit d'une lettre d'amour ? En quelque sorte, même si ce n'est pas le genre de lettre que tous les couples s'offrent. Malgré tout, si je l'écris, moi, c'est parce que je t'aime, et que je veux t'épargner, mon ange. Parce qu'en réalité, quand tu liras cette lettre...

L'immortel marqua une nouvelle pause, une boule de chagrin obstruant sa gorge et des larmes frustrées refusant de perler de ses yeux dorés. C'était l'instant de vérité, là où son coeur prendrait le relais sur son esprit pour expliquer la décision qu'il avait prise quelques heures plus tôt et qui l'avait poussé, au beau milieu de la nuit, à prendre sa plus belle plume et du papier à lettre pour écrire à l'intention de son bel Alexander. Il reprit, une fois de plus, en dépit de la difficulté des mots qui semblaient l'écorcher à vif, saignant son âme à blanc et, pourtant, qui ottèrent un poids de ses triste épaules.

Quand tu liras cette lettre, je serais déjà bien loin d'ici. Je m'en vais seul, là où ni toi ni personne ne pourra me suivre. Je t'interdis de me suivre, Alexander. Ce choix, je le fais parce que je n'en ai pas d'autre. N'interroge pas Ragnor, Raphaël, Tessa, Cat ou Jem. Ils ne sauront pas où je suis. Ils ne savent même pas que je m'en vais. J'aurais aimé te dire tout ça de vive voix, mais je suis fatigué Alexander, tellement fatigué. Tu recevras une nouvelle lettre, lorsque je serais arrivé à destination. J'y glisserais même un cadeau pour Max. S'il te demande où je suis...

Le sorcier poussa un profond soupir de désespoir. Que dire à Max ? Le pauvre petit n'avait que quatre ans, comment pourrait-il comprendre la situation ? Comment exprimer ce qu'il voudrait lui dire sans mettre la puce à l'oreille d'Alec ? Ah, si, il savait comment. Reprenant sa plume, il écrivit.

S'il te demande où je suis, dit lui que son Ayah est parti dans un endroit qu'il n'aura pas le droit de voir avant très longtemps, mais qu'un jour, quand il le voudra vraiment très fort, je viendrais le voir, comme avant. Maintenant, je dois faire mes valises, mon ange. Aku Cinta Kamu, Sayang.

Magnus

- Ayah ? Appela une petite voix depuis l'encadrement de la porte, alors que le sorcier mettait sa lettre dans une enveloppe qu'il scella rapidement de sa magie.

Face à lui, la minuscule silhouette de Max se dessinait dans l'obscurité. Le petit garçon à la peau bleu et aux cheveux bleus nuits d'où dépassaient les pointes de ses cornes blanches et immaculées le regardait avec des yeux embués de sommeil aussi beaux que ceux de son Dad. Il portait une grenouillère qui imitait un costume de pirate, lui qui les adorait, et il serrait son doudou lapin rose fushia dans ses petites mains serrées par l'inquiétude. Magnus lui sourit avec tendresse, son cœur fondant d'amour pour ce petit trésor qui était venu dans leur vie pour l'embellir un peu plus.

- Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure-ci mon Blueberry, pourquoi tu ne dors pas ?

- Dad me manque, souffla l'enfant alors que son Ayah le prenait dans ses bras pour le ramener à sa chambre.

- Je sais, Dad doit travailler tard à l'Institut ce soir, soupira l'Indonésien. Mais je te promets qu'il rentrera et qu'il te fera un énorme câlin et demain matin il te préparera un gros petit déjeuner avec tout ce que tu aimes.

- Avec des crêpes ? Demanda le bambin avec espoir.

- Oui mon trésor, même des crêpes si tu veux. Dors mon petit ange, chuchota-t-il en déposant un baiser sur son front. N'oublie jamais que je t'aime d'accord ? Murmura-t-il encore les larmes roulant sur ses joues, bien que son fils se soit déjà endormis.

Il resta là un long moment à contempler son fils puis il récupéra la lettre qu'il avait écrit, prépara son sac de voyage et cacha le tout sous leur lit conjugal. Alec rentra quelques heures plus tard, épuisé par ses réunions mais heureux de retrouver son foyer. Le noiraud constata, avec un sourire amusé, que son sorcier l'avait attendu, sirotant un thé en position semi allongé sous un plaid dans leur canapé, lisant tranquillement un roman qu'il n'avait que trop longtemps négligé. Le Nephilim s'installa à ses côtés et prit son visage en coupe pour capturer tendrement ces lèvres qui lui avait tant manqué.

- Je suis content d'être à la maison, chuchota le plus jeune. Je suis vraiment désolé de rentrer à cette heure mon chat, j'ai essayé de me libérer plus tôt mais...

- Ne t'en fais pas pour ça, Sayang, le rassura Magnus en posant une main sur la sienne. Ne t'inquiète de rien, je me suis occupé de Max, il dort, et je t'ai attendu bien sagement.

- Tu es vraiment le meilleur mari du monde, le remercia Alec en se nichant contre lui.

- Le meilleur après toi, rétorqua Magnus avec amusement.

Le Chasseur d'Ombre rit en étouffant un bâillement et se cala un peu plus contre son homme. Magnus embrassa son front pour l'accompagner tranquillement dans le sommeil et, lorsqu'Alec commença à ronfler très légèrement, le sorcier continua à l'observer, le cœur brisé. Au bout d'une heure, il le porta jusqu'à leur lit et, après l'avoir embrassé une dernière fois. L'asiatique déposa la lettre qu'il avait écrite sur son oreiller pour que son époux la trouve et il quitta leur appartement, sa valise à la main, sans un regard en arrière et le coeur en lambeau. 


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Des avis, des théories ? Je sais pas vraiment où je m'en vais avec cet OS mais j'y vais en tous cas. 

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