Part III - 8

°2022°







Kai
J'espère que vous êtes tous rentré en sécurité hier et que vous avez pu vous reposer
10h13

Vu par Yeonjun

Vu par Beomgyu

Vu par Soobin



















Kai:
Soobin tu vas bien ?
Et Beomgyu est-ce que Taehyun va bien ?
10h16

Vu par Yeonjun

Vu par Beomgyu

Vu par Soobin

















Kai:
Je suis inquiet, dîtes-moi juste si ça va.
10h26.

Vu par Yeonjun

Vu par Beomgyu

Vu par Soobin






















Yeonjun :
Pas besoin de lancer une longue conversation, dites-nous juste si vous allez bien, on demande rien de plus.
10h28

Vu par Kai

Vu par Beomgyu

Vu par Soobin























Beomgyu :
Taehyun va bien, il était fatigué, il dort encore.
10h29

Kai:
D'accord, merci d'avoir répondu.
10h30

Vu par Soobin.
















Soobin éteignit l'écran de son téléphone et le déposa devant lui, puis mena sa boisson à ses lèvres en dévisageant la jeune fille larmoyante qui se tenait devant lui. Depuis plus d'une dizaine de minute elle pleurait en silence, et lui ignorait quoi dire ou faire face à sa petite-amie ainsi tremblante de détresse.

Enfin, Ex petite-amie.

- Je suis désolé, tu ne peux pas imaginer à quel point, murmura Arin entre deux sanglots.

Lui aussi il était désolé, affreusement désolé, il aurait aimé que les choses se terminent autrement.

Il aurait aimé qu'elles ne se terminent pas en réalité. Mettre fin à cette relation en tout point ordinaire lui rappelait plus encore qu'il n'était pas fait pour une existence dans les normes. Il avait naïvement cru pouvoir s'y adapter le jour où cette jeune fille avait commencé à s'intéresser à lui, mais visiblement ne pouvait-il pas se permettre de fermer les yeux face à la réalité.

Choi Soobin était et serait toujours écarté de la vie qu'il devrait mener.

- Si je t'appelle ce soir ne décroche pas, je vais sortir avec mes amis et je vais boire jusqu'à être bourré, alors je t'appellerais sûrement pour t'insulter ou pour te supplier de me reprendre. Mais ne décroche pas, je suis l'unique fautive, alors je ne veux pas que tu m'entendes te dire quoi que ce soit.

Arin n'avait pas nié quand il lui avait évoqué sa tromperie, elle n'avait pas chercher à trouver une excuse expliquant pourquoi elle avait embrassé un autre homme, elle n'avait même pas chercher à le retenir quand il lui avait suggéré de rompre. Elle s'était contenté de pleurer, de hocher la tête, de demander pardon maintes et maintes fois.

Soobin ignorait si c'est la réaction qu'il voulait, d'un côté il se disait que ça aurait pu être pire mais de l'autre, à l'image de son cœur écrasé, il ressentait un sentiment planant de vide.

Le vide de la liberté ou celui de la solitude ? Il ne parvenait pas à saisir ses propres émotions.

En lui tout s'embrouillaient. Depuis la soirée de la veille il se sentait comme dans un état d'ivresse constant, transporter par les vagues du temps sans réellement savoir où il allait, ce qu'il faisait, comment il devrait agir. Il avait donné rendez-vous à Arin sans même y réfléchir, sa voix s'était élevé pour suggérer une rupture alors même qu'ils ignoraient s'il en avait vraiment envie.

Et il y avait les notifications qui vibraient sur son portable, agression de messages provenant d'une époque lointaine et oublié. Sûrement devrait-il faire comme Taehyun, quitter la conversation et ne jamais revenir, oublier ses anciens amis, faire une croix sur un passé qui l'avait tellement blessé.

S'il plongeait dedans il savait très bien ce qui allait se passer. Le regard qu'il allait croiser, les braises qui allumerait sa poitrine, les larmes dévorant ses yeux et la culpabilité effritant ses entrailles. Il voulait être lâche, ne pas avoir à affronter tout ça, s'enfoncer dans une mer de solitude et de latence dévorante.

Il ne voulait pas, surtout pas, retomber dans un piège qui ferait frémir son coeur et ses lèvres, ressentir de nouveau l'envie de les associer à la mauvaise personne.

- J'espère... J'espère que tu trouveras quelqu'un de bien, de mieux, quelqu'un qui te convienne parfaitement. Je croyais que... Enfin, je crois que je me suis voiler la face par rapport à notre couple.

Arin enchaînait un discours tremblotant qu'il écoutait à peine. Pas qu'il ne voulait pas, il trouvait lui-même très impoli d'ignorer une personne, mais son esprit vaguait sans cesse ailleurs.

Sur le portable qui ne vibrait plus, sur le sentiment de soulagement en compétition avec une envie folle de recevoir une nouvelle notification.

Savoir qu'ils se tenaient encore sur la même conversation maintenait avec les autres un lien indéfinissable. Un lien qu'il avait brisé il y a des années, mais qu'aujourd'hui il ne parvenait plus à couper.

Soobin n'arrivait pas à suivre le chemin de Taehyun, il n'arrivait pas à quitter cette conversation, à couper le dernier lien. Même s'il le voulait plus que tout, que la peur lui hurlait de le faire, il en était incapable.

Parce que dans son esprit la promesse de répétait encore et encore, qu'elle devenaient de plus en plus forte, que la magie se réveillait et ne lui laissait pas l'occasion de l'ignorer.

"On se retrouvera"

- Au fond... Je crois qu'on a jamais vraiment été amoureux, n'est-ce pas ?

Les mots de Arin l'arrachèrent de ses pensées, comme un coup porté tout droit à sa poitrine.

Pas amoureux ?

- Je t'aimais bien, lâcha-t-il.

Un sourire qui fut le parfait mélange d'un sentiment touché et amer prit place que le visage de la jeune fille, qui si mit à tripoter nerveusement le bout de sa paille.

- Oui, moi aussi, mais on était pas amoureux n'est-ce pas ? On s'entendait bien c'est tout, c'est pour ça que je t'en veux pas tant que ça de me plaquer. Ça fait mal, c'est pour ça que je vais t'insulter une fois bourré, mais je ne t'en veux pas. Et puis... C'est ma faute, j'aurais du tout arrêté depuis longtemps... Ça fait un moment que je sais qu'on ne se convient pas. Toi tu as le droit de m'en vouloir, de me détester, mais moi je dois juste encaisser et ouvrir les yeux.

Soobin hocha la tête, sans vraiment savoir sur quel point il était d'accord. Oui, il n'avait jamais été amoureux de Arin, pas comme il aurait dû. Il l'appréciait, y était attaché, aimait les moments passé avec elle, mais il devait bien avoué que son cœur n'avait jamais battu à en exploser rien qu'en pensant à elle.

Mais il ne la détestait pas, il ne lui en voulait pas pour ce qu'elle avait fait. Aussi étrange que ça pourrait paraître, il lui en était presque reconnaissant.

S'il n'avait pas assisté à ça, alors sûrement auraient-ils passé le restant de leurs jours ensemble, sans vraiment s'aimer.

- Je suis désolé, à cause de moi tu as une triste idée de l'amour... Quand la première expérience se passe mal il paraît qu'on arrive pas à s'en remettre, surtout en cas de... De tromperie.

Dans un soupir Arin laissa enfin sa pauvre paille tranquille et passa une main sur son visage, l'air affligé et fatigué.

- Je parle trop, c'est le stress, je n'aime pas ce genre de situation... Je ferais mieux d'y allez, sinon je vais dire encore trop de connerie.

Sur ces paroles elle attrapa son sac et son manteau puis se leva, des gestes précipités et maladroits que Soobin observa d'abord sans un mot. Il l'a regarda rassembler ses affaires, ranger la chaise sous la table, jeter un coup d'oeil à sa boisson à peine entamé, avant de pousser un énième soupir.

Dans tout ce cheminement pas une seule fois elle ne me regarda, il ignorait s'il aimait ou détestait ça.

Et, alors qu'elle s'éloignait déjà de la table, prête à rejoindre la sortie du fast-food presque désert dans lequel ils avaient décidé de se rencontrer, Soobin lâcha soudainement:

- C'était pas la première fois.

Elle se retourna, le regard confus et curieux, les lèvres entre-ouvertes pour exprimer un "quoi ?", Perdu.

- C'est pas la première fois que j'ai une histoire d'amour qui se fini mal, avoua-t-il.

Bouche bée Arin se rapprocha de nouveau, debout face à lui.

- Je croyais...

- J'ai déjà été amoureux avant, désolé te t'avoir laissé penser le contraire.

Elle aimait tellement l'idée d'être son premier amour, alors Soobin s'était dit qu'il lui devait au moins la vérité avant de rompre définitivement. Mais alors qu'il s'attendait à la voir rester silencieuse ou, au contraire, s'exclamer sur le fait qu'il lui avait mentit, elle murmura seulement:

- Cette fille t'a fait du mal ?

Un rictus affligé brisa son visage jusqu'ici inexpressif, et il jeta un regard sur son portable silencieux depuis plusieurs minutes.

Non, cette "fille" ne lui avait pas fait de mal.

- C'est moi qui lui en ai fait.

- Oh... comment ?

Il ne répondit pas, baissa ses paupières le temps de deux brèves secondes, histoire de chasser de sa tête toute les images du passé qui revenaient le hanter.

Un passé qui avait dévié sur des sentiers de malheurs comme il n'aurait jamais en connaître. Par sa faute, juste sa faute à lui.

- Pardon, je devrais pas être curieuse à propos de ça, désolé, encore désolé pour... Tout. J'espère vraiment que tu trouveras quelqu'un de bien, quelqu'un qui t'aimera autant que tu le mérites. Et j'espère que... Que quand on se sera laissé le temps... Beaucoup de temps... On pourra se recontacter en toute amitié.

Cette fois elle s'en alla pour de bon, après avoir murmuré une dernière fois combien elle était désolé. Soobin resta assit seul, termina sa boisson à toute petite gorgée. Une heure passé, deux, puis son ventre grogna sa famine et il tourna les yeux vers le comptoir occupé par la même serveuse que la veille. Il pensa un instant à allez commander, mais une boule lui noua le ventre à la vu du menu.

Des plats qu'il dévorait toujours en compagnie de Arin. Ce fast-food, c'était le leur.

Et il voulait mettre fin à la relation, définitivement, alors il s'en alla payer et quitta le lieu à son tour, avec la ferme intention de ne plus jamais y remettre les pieds.

Désormais il reprendrait sa vie morose et mécanique, entre les cours, les révisions et les moments de pause qu'il accordait à se nourrir ou dormir. Il faudrait aussi qu'il annonce sa rupture à ses parents, ils allaient être incroyablement déçu, eux qui aimait tant Arin.

Qui l'aimaient peut-être plus que lui.

Une vie terne, est-ce vraiment ce dans quoi il voulait pénétrer ? Est-ce qu'il s'en sentait la force ? Est-ce que le lien qu'il refusait de couper ne viendrait pas tout gâcher ?

Après tout, il n'arrivait pas à quitter la conversation. C'était comme une porte ouverte à quelque-chose, une porte qu'il ne voulait pas fermer, de peur d'arracher à lui la dernière corde qui le maintenait debout.
Il l'avait sentit la veille au soir, alors qu'il courait vers cette fête déjanté, quelque-chose était en train de se produire. Quelque-choqe auquel ni lui, ni les quatre autres ne pourraient échapper.

Hier soir, en se retrouvant ils avaient ouvert une brèche vers la magie.

- Soobin-hyung ?

Perdu dans ses pensée il s'était rendu dans une supérette, avait attrapé au hasard un paquet de nouille avant de se rendre à la caisse. Que des gestes mécaniques dans le but de combler sa faim, sans vraiment regarder autour de lui, faire attention à ce petit magasin qu'il avait pénétré ou encore au cassier qui avait posé sur lui des yeux écarquillés.
Soobin releva la tête pour croiser le regard de Kai, debout derrière la caisse qu'il avait rejoin pour payer ses nouilles.

Son cœur frémi en oubliant de battre correctement alors qu'un sursaut attrapait son corps. Pourquoi fallait-il, de toute les supérettes de la ville, qu'il rentre dans celle qui employait son ancien ami ?
Prit d'une vague de panique il begaya quelques paroles confuses en reculant, déjà prêt à fuir en laissant sa nourriture derrière lui. Mais Kai saisit la boîte de nouille qu'il tenait entre ses mains pour la scanner, des gestes vifs et professionnels, néanmoins un peu tremblant.

- Tu n'as pas répondu sur la conversation, marmonna le plus jeune.

Son regard se fit accusateur, lui qui avait bien fait comprendre son inquiétude quand à l'état de ses aînés sur leur messagerie de groupe. Il faut dire que lors de la soirée ils n'avaient pas eu l'occasion de discuter, les évènements s'étaient enchaîné à une vitesse alarmante.

Soobin qui se retrouve face à Kai et Yeonjun, affronte leurs regards surpris avant que Beomgyu et Taehyun n'apparaissent à leur tour. Un moment de latence où tous se fixent dans le blanc des yeux, le lien qui les enroule doucement, leur impressions à tous de sentir que leur réunion réouvre cet endroit magique qu'ils ne visitent qu'en étant tout les cinq.

Puis Taehyun qui se met à vomir, les autres qui se précipite pour l'aider. Il avait recraché plus d'eau que de nourriture avant de violement repousser tout ceux qui tentait de l'aider, puis avait tenté de se lever et de s'en allez. Beomgyu avait demandé à Kai et Yeonjun de s'éloigner alors qu'il aidait le plus jeune, puis disparu avec lui dans la nuit. Soobin n'avait pas laisser le temps aux deux garçons restant de se tourner vers lui qu'il se mettait déjà à courir loin de cet endroit, comme un fou de nouveau jusqu'à sa maison, jusqu'à son lit dans lequel il s'était plongé pour pleurer, et pleurer encore.

Une soirée catastrophique.

- J'étais occupé, répondit-t-il, en fouillant ses poches à la recherche de sa monnaie.

Un silence chargé de malaise s'empara d'eux, Kai tenait toujours son paquet de nouille dans sa main mais ne lui tendait pas, il fixait son aîné comme s'il attendait quelque-chose de lui.
À ses côtés Soobin avait toujours eu la sensation d'être en compagnie d'un enfant, il était le plus jeune et le laissait savoir par ses agissements. Mais à cet instant dans les yeux de son cadet ne brillait que des lueurs de sévérités, une maturité accru qui rappelait à lui les cinq années de séparation qui s'était écoulé.

Kai avait grandi, il avait changé. Soobin, lui, était resté le même qu'autrefois. Voilà pourquoi il se sentait soudainement si petit, faible, frêle, sous un regard qui savait déjà tout de lui.

- Je viens de rompre avec ma petite-amie.

Il ne saurait pas dire pourquoi il s'était sentit obligé d'offrir cette information, comme une excuse pour son silence sur une conversation qu'il ne comptait pas utiliser. Mais une chaleur remplaça la panique sur sa poitrine alors que les traits strictes de Kai glissaient pour une impression plus douce, compréhensive, peiné.

Mais également pleine d'une affection que Soobin n'avait pas eu le droit de recevoir depuis bien longtemps.

Oui, en plus d'être le plus jeune, le plus enfantin et joyeux de la bande, leur petite source de bonheur à tous, Kai avait également toujours été celui qui leur montrait le plus de tendresse. Il les aimait et ne s'en cachait pas, se montrait toujours à l'écoute et généreux, lors de la dispute il avait été le seul à ne pas crier.
Il s'était contenté de pleurer.

- Hyung si tu veux... Dans ce genre de moment il faut se changer les idées non ? Je fini mon service dans moins d'une demi-heure, Yeonjun-hyung vient me chercher et on avait prévu de sortir en ville, tu veux venir ?

Avec cette proposition Kai lui tendit enfin son achat, petit sourire gêné au lèvre, néanmoins éclatant de sincérité. Face à lui, Soobin se sentait faiblir, il avait toujours été incapable de lui refuser quoi que ce soit. Parce que le jeune Huening avait dans son regard cette franchise attractive, des éclats vivant de bonheur et une chaleur de sympathie comme aucune autre, on ne pouvait que craquer lorsqu'il réclamait la moindre petite faveur. Ça lui avait manqué durant toute ces années, d'être ainsi ma cible des yeux fleuri de Kai, cette nostalgie à la saveur des plus doux Printemps lui murmurait d'accepter, de s'en allez retrouver ce vieil ami qu'il avait toujours tant chéri.

Mais son cœur s'emballa en pensant que Yeonjun sera présent, d'imaginer seulement se tenir dans la même pièce que lui faisait frémir sa poitrine sur des pulsions douloureuses

La veille il avait à peine été capable de le regarder, alors sortir en sa compagnie ? Il ne savait pas s'il en serait capable. Alors, même si les yeux de Kai l'invitaient à accepter, il fut incapable de répondre.

- Prend le temps de réfléchir en mangeant, peut-être que tout à l'heure tu en auras envie. Et tient, cadeau.

Toujours accompagné de son éternel sourire Kai lui désigna les tables du fond de la boutique, placé à cet endroit pour se restaurer avec nos achats. Il lui offrit également une boîte de gâteau de riz à la sauce pimenté qui se trouvait près de la caisse, et ne prit l'argent que pour les nouilles.
Soobin emporta sa nourriture jusqu'aux tables, usa des machines pour la chauffer et s'installa dans une volupté de geste mécanique. Il n'avait pas prévu de rester manger ici, seulement acheter des nouille et les déguster chez lui, néanmoins il ne pouvait pas agir à sa guise en présence de Kai.

Encore une fois, il était incapable de lui refuser quoi que ce soit.

Il déjeuna donc au grand plaisir de son estomac vide depuis la veille, se brula avec le bouillon des nouilles et dû s'en allez acheter une boisson pour accompagner ses gâteaux de riz piquant. Kai, quant à lui, accueilli quelques clients d'un ton poli et joviale, effectua plusieurs mises en rayon et passa même le balais. Il effectuait toute ses actions avec des gestes rapide et presque frénésiques, Soobin lui devina donc une excitation impatiente à l'idée d'une sortie avec ses aînés. Et cette vision le conforta encore plus dans l'idée qu'il n'arriverait pas à y échapper.

Après une vingtaine de minute écoulé, il entendit la sonnette du magasin qui annonçait la venu d'un nouveau client. Mais au lieu d'un salut protocolaire Kai exclama un "bonjour Hyung !" Qui figea Soobin au-dessus des dernières miettes qui constituaient son repas.
Il déglutit et se fit violence pour ne surtout pas se tourner vers la caisse, épier ce nouveau venu qui discutait à voix basse avec le jeune employé. Il fit mine de s'intéresser à son portable, évidemment vide de notifications, et força sa gorge à avaler le dernier gâteau de riz de son plat. L'unique discussion émise dans la pièce se tut, puis des pas avancèrent dans sa direction.

Soobin n'avait jamais été croyant, et pourtant à cet instant il priait toute les divinités de cette planète pour que cette personne qui approchait ne soit qu'un client ordinaire, une connaissance de Kai, qui voulait juste prendre place sur l'une des tables prévu à cet effet. Mais évidemment aucune de ses prières ne se furent entendre, les divinités avaient mieux à faire que de prêter attention à sa banale personne, puisque c'est que la chaise face à lui qu'un jeune homme vient s'installer.

- Bonjour, Soobin.

Le regard perdu dans la sauce rouge qui tâchait le carton vide de nourriture, il ne pu retenir le frisson glacé qui embrassa sa peau. Depuis cinq ans il n'avait pas entendu son prénom prononcé des lèvres de Yeonjun, il en aurait presque oublié cette tonalité rauque et soufflé qui faisait reagir chaque partie de son corps.

Le jeune homme fit glisser quelque-chose dans sa direction, un pot de glace au chocolat fraîchement acheté à même cette boutique. Ce présent le poussa à relever la tête vers son vis à vis, qui offrait à son regard un sourire aux émotions indescriptibles.

Amusé, ironiquement amusé sur un fond de compassion.

- Pour les rupture il y a pas mieux, crois-moi, clama Yeonjun.

Il poussa les déchets du repas pour placer le pot de glace juste devant Soobin, l'ouvrit et planta la cuillère dedans. Puis il se recula sur son siège et croisa les bras, patientant que le plus jeune déguste son cadeau.

Il souriait toujours, un sourire bien différent de ceux que Soobin lui avait connu. Pas de rictus espiègle, rieur ou charmeur, juste une simple sincérité, sur le visage d'un simple jeune homme.
Ça lui sauta aux yeux désormais qu'il osait enfin détailler son visage, ce Yeonjun était bien différent de celui de ses souvenirs. Sur son visage se creusait des traits matures, dénué de maquillage ou de tout autre artifices, même ses cheveux se teignait de leur noir d'origine. Un naturel lisse échappait à sa personne, ce même naturel calme et mature qu'il leur avait parfois dévoilé autrefois, quand ils ne se retrouvaient que tout les cinq. Une simplicité pure, qui ne le rendait que plus beau et envoûtant encore.

C'était le vrai Yeonjun qui se tenait devant lui, ce Yeonjun qui avait tant tourmenté le coeur de Soobin.

- Kai m'a dit que tu venais en ville avec nous.

Le regard du plus vieux alla sur leur jeune ami, occupé à la caisse avec un groupe de lycéenne entrée dans la boutique. Il riait gaiement avec elles, ne semblait même pas se rendre compte que son sourire les faisait rougir alors qu'elles tentaient de prolongé la discussion avec lui. Soobin ne pu que sourire à la vision de leur Kai si solaire et joviale, alors qu'il soupirait:

- Je lui ai pas dit que je venais.

- Mais tu vas venir ? Insista Yeonjun.

Il haussa les épaules, tenir cette vague conversation avec le plus vieux lui semblait déjà si improbable. Il avait l'impression d'être revenu cinq ans en arrière, réuni avec deux des personnes qui lui avait été les plus précieuses autrefois, dans un environnement paisible qui lui ferait presque douter de l'existence d'une violente dispute.
Mais même si ses amis avaient sûrement changé, Soobin, lui, était bien resté identique à ce qu'il était au lycée, alors ça ne semblait pas étonnant qu'une drôle d'impression de faille temporelle le gagne.

"On se retrouvera"

Il avait presque l'impression que, comme autrefois, la voix du Magic Island lui offrait de doux murmures qui le poussait, bien malgré lui, vers ces jeunes hommes lui étant relié.

"Souviens-toi"

De quoi, au juste, devrait-il se rappeler ?

Cette situation, cette réunion, ces retrouvailles, elles menaient à lui le sentiment de passer à côté de quelque-chose, d'oublier quelque-chose.

- Tu connais Kai, il est du genre insistant, il va pas te lâcher.

-Je ne suis pas très en forme.

Son excuse, Yeonjun la balaya d'un geste franc de la main.

- Raison de plus pour sortir te changer les idées.

Puis, alors que Soobin cherchait toute les raisons possibles d'échapper aux deux garçons, son interlocuteur se pencha subitement en avant.

- C'est à cause de moi ?

Ses joues se mirent à rougir de la proximité trop prononcé avec Yeonjun, et il maudit plus que de raison le coeur alarmé qui battait dans sa poitrine.

Alors donc, même après toute ces années, ce garcon ne cessait de produire en lui des effets brûlants. Il avait beau avoir essayé de le refouler, Soobin savait que le brasier dans sa poitrine destiné à Choi Yeonjun laissait toujours fumer de petites étincelles, malgré tout ses efforts pour les écraser.

- Hein ?

- Tu ne veux pas venir à cause de moi ?

S'il avait été parfaitement sincère alors Soobin aurait répondu que oui, ou du moins aurait-il hoché la tête. En soit reprendre contact avec ses vieux amis ne le dérangeait pas, malgré la dispute il les aimait toujours autant, même s'il ne l'avouait pas il ne rêvait que de réouvrir la magie avec eux.

Mais ce qu'il ne voulait pas c'était de se laisser envoûté par les yeux de Yeonjun, replonger dans ses bras, l'aimer et le regretter.

- On y va ?

Kai apparu à côté d'eux, dénué de son uniforme de caissier mais absolument pas de son sourire et de son excitation. Alors que son visage se teignait de cette même joie agréable, Yeonjun se leva en empoignant son sac, avant de poser que Soobin un regard chargé d'interrogation.

Celui-ci, immobile et toujours envahi par les frissons, ignorait s'il devait écouter la voix de la raison qui craignait de mauvaises conséquences à ces retrouvailles, ou tout le reste de son corps qui ne demandait qu'à se lever et les suivres pour des heures à déambuler.

- Juste aujourd'hui, en souvenir du bon vieux temps, lacha Yeonjun, la main tendu dans sa direction.

Aujourd'hui, juste aujourd'hui, Soobin savait que ce n'était qu'un mensonge. S'il y allait aujourd'hui alors il y retournerait demain, et après demain, puis encore après, pour trop longtemps, toujours peut-être ?

Avait-il vraiment envie d'affronter de nouveau tout ça ?

"Souviens-toi"

Au final, est-ce qu'il avait vraiment le choix ?

Ou plutôt, ce choix ne l'avait-il pas déjà fait ? La veille, alors qu'il courait retrouver ses vieux et précieux amis ?

Il n'attrapa pas la main de Yeonjun mais se leva, faisant naître des sourires plus grand que les visages des deux garçons qui le connaissaient déjà par coeur.

Bien sûr qu'il viendrait avec eux, malgré les rancunes passé ils s'étaient tous promi de se suivre jusqu'au bout du monde.

Jusqu'au bout de leur monde, leur île magique, celle qui ne fleurissait qu'en leur présence.

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