Part III - 30

°2022°

Devant Yeonjun, s'étendait un champ de ruine.

Un bâtiment semblait s'être effondré, des éclats de murs et du verre brisé craquaient sous ses pieds nu. Il sentait les écorchures et les coupures sur sa peau, mais ne s'en formalisa pas. Sans trop savoir pourquoi, la douleur lui était secondaire.
Il avait froid, ses vêtements encore humides empestaient le sel et les algues, ils lui collaient aux corps, alourdissant sa marche. Ses bras serré contre son torse, il frissonnait et claquait des dents, sans jamais cesser d'avancer.

Au dessus de lui le ciel était sombre, nuageux, un ciel d'apocalypse. Il n'y avait personne aux alentours, juste des ruines. Yeonjun n'avait pas la force de crier, alors il avançait simplement. Sans savoir où il allait. D'où il venait.
Il se souvenait avoir été englouti par la mer. Il se souvenait de l'obscurité, de l'impression de mourir. Puis il avait ouvert les yeux ici, debout sur les ruines, et depuis il marchait.

Cet endroit était-il le reflet de son existence ? De ses sentiments ? De son être ? De sa santé ? De ses décisions ? De son futur ?
Tout ça à la fois, il lui semblait.

Yeonjun avait l'impression d'être là où il devrait être.

Il en avait peut-être trop voulu, et voilà qu'il avait tout détruit.

Il avait voulu se construire trop haut, et son édifice s'était effondré.

Des centaines de pensées sombres s'emmêlaient dans son crâne, à mesure qu'une brume opaque s'entendait autour de lui.

- Je devrais peut-être en finir ? Murmura-t-il.

Ça ne lui ressemblait pas, d'abandonner aussi vite, de choisir la mort alors qu'il touchait peut-être au but. Il le savait, au fond, que quelque-chose clochait, que ces idées noires n'avaient pas lieu d'exister.
Il devait retrouver Soobin, Beomgyu, Taehyun et Kai. Il devait s'assurer qu'ils aillent bien, qu'ils soient en sécurité. Il devait se battre pour eux, il s'était toujours battu pour eux.

Alors pourquoi, à cet instant, il voulait juste tomber et laisser la brume dévorer son corps ?

Pourquoi, à cet instant, il ne pensait qu'à parcourir l'oublie, accueillir le vide, et pourrir dans le néant.

"Parce-que c'est ce que j'ai vécu, moi, à cause de toi".

Il s'arrêta, alors que cette voix grinçante, plaintive, abîmé, s'était difficilement porté jusqu'à lui.

"Tu m'as abandonné, tu dois le payer"

La voix semblait venir de partout et de nul part, il avait beau se tourner et se tourner encore, il n'en voyait pas l'origine.

"Tu luttes, l'Étoile lutte, mais je finirais par vous détruire. Tu m'as abandonné, elle m'a oublié, vous devez payez".

La brume semblait s'élever depuis un trou entre deux débris, Yeonjun s'en approcha, la voix venait de là.

"Autrefois j'ai voulu te tuer. Mais un barrage s'est immiscé dans mon plan. La mort est de toute manière trop douce, la déambulation dans l'oubli, le vide, le néant, la folie... c'est ce que je préfère pour toi, Yeonjun, et pour elle, l'Étoile"

Yeonjun l'aperçu enfin, l'origine de la voix. Il y avait une ombre dans le trou, dont on ne percevait que les yeux.

"l'Etoile lutte contre moi, elle tente de créer un échappatoire pour chacun d'entre vous. Mais je serais plus puissant, la rancœur est plus forte que l'amour".

Un oeil vert, couleur du désespoir, et un oeil violet, couleur de la folie.

"Je vais vous prendre ce à quoi vous tenez le plus. Je vais les tuer, eux"

L'ombre s'extirpa. Au départ elle n'était doté sur d'une forme approximative, tantôt ronde, tantôt anguleuse.

Et bientôt, elle se changea en monstre.

Yeonjun trébucha, submergé par la créature. Il trembla, mais ce n'était pas le froid, ni la peur de mourir.

C'était une terreur, profonde et glacé, qui explosait dans ses entrailles.

"Seras-tu capable de les sauver, Yeonjun ? Combien de cadavre auront le temps de s' accumuler ? Bientôt, très bientôt, je te présenterait leur quatre corps sans vie, puis je te regarderais plongé dans la folie".









































Devant Soobin, il y avait un jardin.

Habillé d'un chapiteaux, décoré de ballons et de serpentins, éclairé de néons multicolores. Des corps dansaient aux rythmes d'une musique qu'il ne percevait pas, des sourires égayaient des visages qu'il ne distinguait pas, les mouvement lui semblait ralentit, les odeurs changeantes, l'ambiance vacillante.
Il avança parmi ces corps qu'il distinguait sans voir, Soobin était plongé dans un monde étrange, comme immergé sous l'eau. C'est cela, il avait l'impression d'avoir la tête enfermé dans la mer, alors que le reste de sa personne déambulait dans cette fête.

Il était là sans être là.

Est-ce que ça changeait de la vrai vie ?

Au final, c'était ce qu'il ressentait à chaque fois qu'il se retrouvait au milieu d'une foule, dès qu'il y avait trop de gens, trop de bruit, trop d'odeur, trop de frôlement. Il pénétrait dans un autre monde, son propre monde.

Il était là, sans jamais être là.

"Mon lapin, regarde-moi. C'est facile, tu dis bonjour et tu te présente, puis tu écoutes ce qu'on te dit, tu retiens, tu notes. C'est facile, tout le monde y arrive. Pourquoi pas toi ?"

C'était la voix de sa mère, c'était les mots de sa mère. Ces mêmes phrases, ces même recommandations, qu'elle lui répétait avant chaque rentré scolaire.

- Non maman, c'est pas facile.

"Soobin, tu es grand maintenant, tu dois y arriver. Personne ne te fera de traitement de faveur, tout le monde s'en fiche de tes faiblesses. Tu peux t'en sortir aussi bien que les autres, tu en a les capacités, ta mère et moi on en est certain"

Cette fois il s'agissait de son père. Il lui avait fait ce discours, avant son examen d'entrée à la fac.

- Oui papa, je m'en suis sorti. Mais à quel prix ? Et pour quoi ? Pour qui ?

"Arin mérite mieux. Elle est si jolie, si gentille, si vive, si intelligente et souriante. Et lui... il est pas méchant, mais tu trouves pas qu'il a l'air stupide ?"

Une discussion qu'il avait surpris une fois, entre deux amis de son ex-petite-copine.

- Vous étiez pas les première à me trouver stupide.

"Vous êtes tout les quatre et si j'étais pas là ça changerait rien ! Je suis la cinquième roue de votre putain de carrose ! Et vous en avez rien à foutre !"

- Je suis désolé, Beomgyu, d'avoir été un si mauvais ami.

"Laissez-moi juste tranquille"

-Je suis désolé, Taehyun...

"Si tu fais un autre cauchemar, n'hésite pas à m'appeler. Même s'il est trois heures du matin, je répondrais"

- Kai...

"Ne me touche pas, ne m'aime pas, ne... Je déteste ça"

Cette fois, c'était sa propre voix.

C'était les mots qu'il avait dit à Yeonjun.

Soobin avait quitté la fête, les voix noyé et les lumières vacillantes se faisaient sentir lointaine derrière lui. Il se tenait debout sur l'herbe, seul, dans l'obscurité.
Doucement, il s'assit, ramena ses jambes contre son torse et plongea son visage dans ses bras.

Il ne voulait plus entendre les voix. Il voulait taire le monde, réduire l'univers au silence.

Se noyer, pour être loin, très loin, du réel qui ne l'avait jamais accepté tel qu'il était.






































Devant Beomgyu, il y avait l'obscurité.

Il s'était éveillé là, sur un sol aussi dur que du béton, une pièce sans plafond, sans mur, qui semblait s'étendre à l'infinie.
Il n'y avait rien, sinon lui, dans cet endroit.

Beomgyu marchait, sans savoir où se rendre. Était-ce le fond du trou où il était tombé ? Un creu sous la grotte dont on ne persevait pas la hauteur ? Il était surpris de s'être levé indemne, de n'avoir ni blessure, ni fracture.

Enfin, il y avait bien son épaule qui lui faisait mal. Mais pas suffisamment pour être dû au choc de la chute. Sa gorge aussi était douloureuse, épuisé d'avoir crié le nom de ses amis durant ce qui lui semblait des heures, des jours, des années, à errer dans l'obscurité.

- Taehyun ?

Il ne murmurait plus que ce prénom, terrorisé à l'idée de rester à jamais coincé dans cet endroit et de ne plus jamais pouvoir se tenir devant lui. Il voulait le voir, plonger dans son regard, dans ses bras, l'étreindre et le garder pour lui à jamais.

"A-t-il au moins répondu quand je lui ai dit que je l'aimais ?"

Beomgyu sursauta, et se retourna. Cette voix avait résonné si fort, sans qu'il ne puisse savoir d'où elle venait.
Quelqu'un était là, avec lui.

Et il ne saurait dire si c'était une bonne nouvelle.

"Il n'a pas répondu, non, il ne m'a pas dit qu'il m'aimait en retour. Pourtant il se montre toujours si doux, si tactile. Il se glisse contre moi, il m'effleure de son corps, mais il n'a pas répondu"

Beomgyu se mit à courir, ayant partiellement une idée d'où venait cette voix.

"Peut-être n'a-t-il pas envie de répondre ? Peut-être n'est-il pas amoureux de moi ? Peut-être a-t-il juste envie de jouer ? Il veut sentir une présence chaude, il veut sentir le réconfort d'un être, il veut se sentir aimé et soutenu. Peut-être que pour lui je ne suis que ça, un garçon parmi d'autres, le seul qui lui ai donné de l'attention"

Beomgyu courait, mais il sentait ses jambes faiblir. Pas par fatigue, pas par une quelconque faiblesse de son corps. Non, c'est les mots de cette voix, qui heurtaient son coeur.

"Quand quelqu'un d'autre lui en donnera aussi, alors il se détournera. Il a toujours été plus à l'aise avec l'attention de Kai. Il a toujours été plus doux et tactile avec Soobin. Et il a toujours eu ce truc avec Yeonjun, une proximité qu'on ne peut pas expliqué. Je ne serais jamais plus important qu'eux"

- TAIS-TOI !

Beomgyu s'était figé, essouflé. Il voulait plaquer ses mains sur ses oreilles ou alors trouver l'origine de cette voix et serrer sa gorge jusqu'à l'écraser.
Sauf que cette voix, qui résonnait tout autour de lui, qui réveillait ses tourments et ses peurs enfouis, une anxiété à laquelle il n'avait même pas osé penser, c'était sa propre voix.

C'était la petite voix dans sa tête. Celle que chaque humain entendait au fond de lui, qui murmurait des choses auxquelles on ne voulait pas penser, qui imaginait des situations qui ne devaient pas arriver, qui faisait naître les sentiments sombres qu'on s'infligeait à soi-même.
C'était sa propre voix, sorti de sa tête, pour s'exprimer tout autour de lui.

"Si on est de nouveau tout les cinq, aurais-je vraiment ma place cette fois ? Yeonjun disait que oui, mais lui il n'a d'yeux que pour Soobin. Je me vantais en disant avoir Taehyun, mais lui qu'en pense-t-il ? J'étais tout ce qu'il lui restait du groupe, voila pourquoi il s'accrochait à moi. Mais je n'aurais plus l'exclusivité maintenant. Quand il n'ira pas bien, dans quel bras choisira-t-il de tomber ?"

- TAIS-TOI ! JE SAIS QUE C'EST PAS VRAI, TAEHYUN NE VA PAS ME REMPLACER ! J'AI PRIS LA PLACE QUE J'AURAIS DU PRENDRE IL Y A CINQ AND ! JE LA MERITE ! JE LE MERITE !

"Il n'a pas répondu, quand je lui ai dit que je l'aimais"

Beomgyu se retourna, la voix semblait derrière lui soudainement.

- IL N'AVAIT PAS À LE FAIRE ! JE LUI AI DIT DE NE PAS LE FAIRE ! JE SUIS IMPORTANT POUR LUI ! JE LE SUIS PLUS QUE TOUT !

"Les choses ont-elles vraiment changé en cinq ans ? Ils s'en fichaient de moi avant, pourquoi je les intéresserais maintenant ?"

- ARRÊTE-ÇA ! TAIS-TOI ! TAIS-TOI !

"ils n'étaient pas là, quand j'avais le plus besoin deux"

- ARRÊTE !

"Quand mon père me battait, quand il piétinait mes rêves, quand mon meilleur-ami à eu un accident, quand je me suis retrouvé tout seul. Ils n'étaient pas là, ils n'étaient jamais là"

- Arrête...

"J'ai du leur courir après, sans arrêt, et aucun ne m'a jamais attendu. Si on en est là avec Taehyun, aujourd'hui, c'est juste parce-que je courais plus vite que lui"

Beomgyu plaqua ses mains sur ses oreilles. Mais ça ne servait à rien. La voix était partout, même en lui.

"Je ne lui ai pas laissé le choix, désormais qu'il l'a c'est pas dans mes bras qu'il viendra. Il préférera ceux des autre, il a toujours préféré les autres, ils se sont toujours préféré entre eux"

Il sentit une larme dévaler sa joue. Il avait beau se dire que tout ça était faux, que ce n'était que l'écho de ses peurs, chaque mot écrasait un peu plus sa poitrine.

"Ils ne m'aiment pas autant que je les aime"

- Si...

"Personne ne m'aimera jamais autant que je le demande"

- arrête...

"C'est peut-être moi le problème ?"

- Non...

"Peut-être que je ne suis juste pas quelqu'un qu'on peut aimer ?"

Beomgyu cria, il hurla à s'en déchirer la gorge, à faire exploser son être. Il hurla pour ne plus entendre cette voix, pour ne pas sentir ses pleurs.

Il hurla, pour tout effacer, tout oublier, et remplir son coeur vide avec sa toute sa détresse.

Plutôt qu'avec l'amour que personne ne daignait lui donner.























































Devant Taehyun, il y avait un champ de fleur.

Leurs pétales violets dansaient, leurs tiges riaient, et leur pollen jaune constituait la seule lumière dans une obscurité morbide.
Il n'y avait rien devant lui, rien sinon ces fleurs. Il marchait, à chaque pas ses pieds nus se collait à une texture gluante, chaude, violette.
Il n'y avait pas de ciel là où il se trouvait, pas d'horizon, pas de bruit, pas de vie. Juste lui, les fleurs, et le sol chaud et gluant.

Puis, il aperçu enfin quelqu'un.

Son coeur se mit à battre plus fort, la peur et le désespoir s'envolèrent, alors qu'il reconnaissait au loin une chevelure jaune fluo.
Cette teinture que portait l'un de ses plus proches amis, autrefois.

- YEONJUN !

Il cria, mais le garçon ne répondit pas. Taehyun se mit alors à courir dans sa direction, sans jamais cessé de crier son prénom.
Et à mesure qu'il appelait, à mesure qu'il avançait, son pas ralentissait. Il avait déjà vécu ce moment, il s'en souvenait.

Il savait, pourquoi Yeonjun ne répondait pas.

Quand il arriva près du garçon, celui-ci était assit sur une chaise, posé au centre d'une flaque de cette mixture gluante, chaude et violette. Les yeux clos, la peau pâle, presque bleu, des tiges de fleurs encerclaient son corps, serraient son cou.
Il était rempli du liquide violet, celui-ci coulait depuis sa peau.

Du sang.

Le sang violet de Yeonjun.

Taehyun tomba à genoux, les mains plaque sur sa bouche, le regard voilé de larme. Il voudrait crier mais il ne sentait plus rien en lui, si ce n'est un tremblement incessant, une nausée vive, et le déchirement de son cœur.

Yeonjun était mort.

Les fleurs se mirent à rire, elles dansaient davantage, elles paraissaient si heureuse.

Taehyun, lui, était détruit.

Le sol devient de plus en plus gluant, son corps s'y enfonçait.

Ce sol, il se brisait, il fondait, il disparaissait.

Taehyun n'eu pas le temps de se redresser, de crier, de courir vers le corps inerte de Yeonjun, qu'il se sentit tomber.

Les fleurs riaient encore, leur joie se répandit dans l'espace comme un voile, l'empêchant de voir où il tombait, l'empêchant d'entendre, de sentir, de parler.

Il tombait juste, envahi par leurs rires.





































Devant Kai, il y avait Léa.

-Kai, le moment est venu.

Elle se tenait face à lui, dans sa chambre d'adolescent, resté inerte, inchangé, poussiéreuse et froide. La dernière fois que Kai y était entré, c'était il y a cinq ans. Depuis, son père et sa soeur n'avaient rien touché, ils osaient à peine regarder la porte.

Peut-être espéraient-ils, ainsi, qu'un jour il en sortirait et les rejoindrait dans le salon. Partageant un rire et un agréable moment en famille.
Peut-être voulaient croire qu'il y avait quelqu'un dans cette chambre, derrière cette porte close. Croire que Kai s'y trouvait, en sortirait, et les rejoindrait.

- Cesse de prendre l'apparence de ma sœur, murmura-t-il.

Léa se mit à sourire, un sourire triste, et ferma les yeux. Le visage de sa grande-soeur disparu, ne restait qu'une brume à la forme humaine, on devinait les courbes d'une femme mais sans la distinguer, on devinait ses yeux doux, mais sans pouvoir les regarder.
Elle n'était qu'un être de lumière, sans matière, sans existence véritable. Comme un fantôme.

- C'est mieux ainsi ? Demanda l'Étoile.

- Oui.

- Même si je n'ai pas de visage ?

- Ta voix suffit, ta voix a toujours suffit.

- Suffira-t-elle aujourd'hui ?

Kai leva les yeux vers la fenêtre. Dehors, ce n'était pas la ville qu'il voyait, mais une forêt d'arbres morts. Il n'était pas tout à fait dans la réalité, mais pas tout à fait à Magic Island non plus. Il se tenait dans un entre deux, sans pouvoir rejoindre ses amis.

Il avait réussi, ils étaient tout les quatre de retour à Magic Island.

Maintenant il ne pouvait plus rien faire, si ce n'est attendre. Et espérer.

- Ils y arriveront, ils s'en sortiront, affirme-t-il.

- Devrions-nous leur rendre leurs souvenirs ?

Son coeur se serra, il voudrait dire non, mais ce serait cruel de leur cacher la vérité plus longtemps.

- Oui.

- Les penses-tu prêt ?

- Ils le sont.

- Pourront-ils le supporter cette fois ?

- Il le faut.

Il se leva, se plaça devant la fenêtre, et observa les arbres morts.

- J'ai confiance en eux, ils y arriveront. Ils sont fort, plus fort que ne le pense l'ombre, plus fort qu'ils ne le pensent eux-mêmes.

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