Part III - 25

°2022°

- Je voudrais vous remercier.

Yeonjun se tourna vers le père de Taehyun, qui venait de déposer une main légèrement tremblante sur son épaule et s'exprimait avec une voix chargé d'émotions. Lorsque leurs regards se croisèrent il pu lire des larmes naissantes dans les pupilles de l'homme.

- Me remercier pour quoi ? Demanda-t-il, pourtant déjà conscient de ce qui allait suivre.

- J'ignore ce que vous avez dit à mon Taehyun, mais il à l'air d'allez beaucoup mieux. Quand il est monté tout à l'heure j'ai eu très peur, je pensais qu'il partait se faire vomir ou fuyait simplement cette fête. Avec ma femme on se disait qu'on avait dû faire une erreur quelque-part, qu'on avait pas été assez attentif. Nous sommes de son mauvais parents, nous ne voyons jamais quand il va mal. Je suis heureux qu'il puisse avoir des amis comme vous.

Le coeur serré, Yeonjun tenta d'offrir un sourire à son interlocuteur. Il ne meritait pas ces remerciements, c'était de sa faute si Taehyun avait passé un début de soirée catastrophique, c'était de sa faute s'il allait mal, s'il ne pouvait pas profiter pleinement de cette fête en son honneur. Il avait agit égoïstement en venant, en révélant son mal-être et en faisant renaître de vieilles cicatrices.

- Vous n'êtes pas de mauvais parents, bien au contraire, répondit-t-il.

Son regard alla trouver Taehyun, qui profitait de la petite piste de danse improvisé avec ses amis. Il sautait avec Jay et Jake au rythme d'une musique pop, riait à pleine gorge alors que Sunghoon chantait plus fort que le chanteur original. À le voir ainsi on ne devinait pas qu'il ai pu pleurer à peine une heure auparavant. Yeonjun pourrait presque croire que leur discussion n'avait pas existé et qu'il ne l'avait pas prit dans ses bras un peu plus tôt pour qu'ils se réconfortent mutuellement. Quand ils étaient redescendu ils avaient fait mine de rien, souriant devant les regards curieux et prenant place à la table en toute innocence. Le malaise avait rapidement été étouffé par Beomgyu qui s'était empressé de sortir une blague, suivit par monsieur Kang qui s'était approprié toute l'attention.
La fête avait continué, sans que personne ne sache ce qu'il s'était passé à l'étage.

Pas même Beomgyu, Kai et Soobin. Ils sauraient plus tard, ou pas du tout, ça Yeonjun ne l'avait pas encore déterminé.

C'était trop difficile, de leur annoncer qu'il était en train de mourir.

- Taehyun m'a souvent parlé de vous, il vous admire beaucoup et dit qu'il est chanceux d'avoir un père comme vous. Vous êtes un homme extraordinaire, il vous aime énormément, déclara-t-il, en pressant à son tour l'épaule du père de famille.

- Yeonjun, je peux te tutoyer ?

- Bien sûr.

- Alors laisse-moi te remercier encore. Mon fils doit être béni par les dieux, il trouve toujours de bons amis. Sache que tu es le bienvenu ici chaque fois que tu le désires, les amis de Taehyun font parti de la famille.

Ces paroles le touchaient et, même s'il ignorait s'il pouvait réellement se considérer comme un ami de Taehyun, il remercia chaleureusement. Les deux discutèrent encore un peu avant de se séparer, et Yeonjun prit la direction de la sortie. Il extirpa une cigarette de son paquet et la porta à ses lèvres, avant d'atteindre la porte il pu apercevoir que les regards de Beomgyu et Kai le suivaient depuis le canapé, mais il n'y fit pas plus attention que cela.

C'est une fois arrivé dehors qu'il y repensa.

Et qu'il comprit pourquoi les deux garçons l'observaient ainsi.

Son pouce pressait vivement son briquet, une faible brise s'amusait à éteindre la flamme naissante. Lorsqu'enfin le tabac se mit à crépiter, il leva les yeux vers le ciel étoilé et y envoya un nuage de fumée.

Les étoiles brillaient si fort. Ça le faisait sourire, presque rire. Personne dans la ville ne pouvait voir ces étoiles, il en était certain, elles ne brillaient qu'au-dessus de cinq têtes.

Ces étoiles magique qu'il n'était, à cet instant, pas le seul à admirer.

- J'ai l'impression que le ciel est en train de partager mon bonheur, lâcha-t-il, en faisant quelque pas sur le côté.

Il ne s'arrêta qu'à un mètre du garçon qui se tenait déjà dehors, seul, le visage levé vers l'immensité obscure.

- Ton bonheur d'avoir parlé avec Taehyun ? Demanda Soobin.

- Ouais.

- Vous vous êtes réconcilié ?

- On peut dire ça, je pense.

- Je suis heureux pour vous.

Le vent soulevait les cheveux de Soobin, donnant l'impression qu'une tempête s'enroulait sur son crâne. Il n'avait pas une seule fois tourné la tête dans sa direction, il ne fixait que le ciel, les traits détendus.
Yeonjun, lui, n'arrivait plus à regarder en l'air. Ça devenait un problème, ses yeux ne lui obéissaient plus, son coeur perdait le contrôle. Comme toujours, Soobin attrapait sa raison et la réduisait à néant.

- Pourquoi tu es tout seul ici ? Demanda-t-il.

Il essayait de prendre un ton détaché, de poser la question avec nonchalance. Jouer la comédie s'avérait difficile, surtout avec Soobin, surtout dans cet endroit précis.

Il y a cinq ans, c'est ici qu'ils s'étaient embrassé pour la première fois. Est-ce que le garçon s'en souvenait ? Il ne pouvait tout de même pas avoir oublier ça. Enfin, peut-être que si. Après tout, il n'y avait que pour Yeonjun que ce souvenir était précieux et agréable.

- J'avais envie d'être un peu au calme, répondit Soobin.

- Je te dérange ? Je peux allez fumer un peu plus loin si tu veux.

- Non, reste.

Les battements de son coeur prirent une allure frénétique qu'il ne pouvait plus calmer. Un rire amer monta dans sa gorge, il le cracha avec un amas de fumée, tout en s'assurant que le plus jeune ne puisse pas vraiment s'en rendre compte.

Ça devenait ridicule.

"Pourquoi sommes-nous toujours obligé de tout compliqué ?" C'est ce que Yeonjun avait demandé à Soobin autrefois, en croyant pouvoir simplifier les choses avec un baiser.
En croyant que l'amour suffisait.

Mais deux paires de lèvres pressées l'une contre l'autre ne facilitaient rien, jamais. Au contraire, tout devenait plus difficile.

Surtout quand les mensonges s'en mêlaient.

Parfois Yeonjun aimerait pouvoir le dire à Soobin, il aimerait pouvoir lui cracher son amertume au visage, puis tout effacer avec un autre baiser. Autrefois ils avaient mit fin à tout ce qui les reliaient, leur amitié et leur amour, ils l'avaient étouffé. Désormais ils se retrouvaient et tentait de construire quelque-chose de nouveau, mais entre eux les choses ne seraient jamais simple.

Soobin ne simplifiait pas les choses. Yeonjun aimerait pouvoir mettre ses sentiments de côtés, mais comment pouvait-il le faire alors que l'objet de son amour revenait sans cesse à lui, avec toute sa confusion et son attitude maladroite ? Comment pouvait-il faire une croix sur ses sentiments alors qu'il se prenait ceux de Soobin de plein fouet ? Sans pourtant être autorisé à les attraper ?

Il ne pouvait qu'attendre.

Attendre que l'autre se décide enfin à assumer qu'il l'aimait.

Attendre sans savoir si ça arrivera vraiment un jour.

Attendre, et savoir qu'il finira seul si Soobin prend peur et l'abandonne.

Attendre, amer de savoir qu'il n'arriverait pas aimer quelqu'un d'autre.

Attendre, et devenir fou en constatant que leurs destins semblaient fait de séparations et de retrouvailles constantes.

Car quoi qu'il arrive, ils se retrouvaient toujours l'un et l'autre. La vie croisait leurs existences.

Yeonjun en était persuadé, il n'était né que pour être avec Soobin. Qu'importe combien de temps il devrait l'attendre, il n'en ferait pas autrement.

Il supporterait les allez-retour constant de son premier et dernier amour, toute la vie s'il le fallait.

Comme aujourd'hui, comme maintenant. Il suffisait que Soobin lui demande de venir à lui, de rester avec lui, pour qu'il s'assoit et demeure à ses côtés.

- Soobin, tu te souviens de la berceuse de l'Étoile ? Demanda-t-il.

- Oui, l'Étoile nous la chantait quand on était à Magic Island.

- C'était il y a longtemps, je me souviens à peine de l'air. Mais toi tu l'entendais encore, quand on était au lycée.

Son camarade hochait la tête. Au lycée il était le seul à l'entendre, les murmures de l'Étoile, son chant, sa berceuse. Ils la ressentaient tous à un niveau différent, mais Soobin était le seul capable à réellement percevoir sa présence.
Yeonjun l'enviait. Lui aussi aimerait entendre la voix la l'Étoile. Il aimerait pouvoir être connecté à elle comme l'était l'autre garçon. Où alors à Magic Island, comme Taehyun qui pouvait observer cet endroit à sa guise. Où alors être comme Beomgyu, et avoir un don magnifique qui lui rappelle sans cesse qu'il est relié à la magie.

Lui n'avait pas de don. Il paraît qu'il en aurait eu un, s'il n'avait pas brisé sa corne.

Il n'y croyait qu'à moitié. Ça serait trop beau, qu'ils se soient tous vu offrir un pouvoir extraordinaire. La magie n'avait-elle pas un prix ?

Parfois, il se disait que c'était lui le prix.

Sa vie, sa malédiction, son malheur. C'était peut-être ça le prix.

Peut-être ne devait-il pas être heureux. Et alors les autres le seraient.

- Est-ce que tu peux me l'a chanter ? Murmura-t-il.

Il n'eu pas à le demander deux fois. Comme s'il la fredonnait tout les jours, au point qu'il devienne naturelle à sa voix d'exprimer cette melodie venu d'ailleurs, Soobin se mit instantanément à chanter.

Yeonjun ferma les yeux. Il se concentra sur la voix basse, sur l'air doux et triste à la fois, sur les sensation que dégageait cette berceuse.
Sa tête tomba sur l'épaule de l'autre garçon, la cigarette glissa d'entre ses lèvres, et il renifla trop fort.

Les larmes venaient à ses yeux.

Non, elles coulaient déjà.

- Tu pleures ? Demanda Soobin.

- Non.

- Si, tu pleures.

Une main se posa sur sa tête, caressa ses cheveux, effleurant le bout de corne brisé qui s'y trouvait toujours.

- Je ne dirais à personne que je t'ai vu pleurer.

Yeonjun renifla et lâcha un petit rire. Suivit d'un sanglot, puis d'une tempête d'émotion qui se deversèrent avec ses larmes.

- Continu... La berceuse, souffla-t-il, la voix cassé.

Soobin s'exécuta. Il se remit à chanter, plus fort encore que la première fois, tandis que ses caresses s'accordaient au rythme.

Et Yeonjun pleurait. Il pleurait tellement.

Il entendait la voix basse, il entendait l'air doux et triste à la fois, il saisissait les sensation que dégageait la berceuse. Les mots flottaient autour de lui, les paroles dansaient.

Mais il n'arrivait pas à les saisir.

Il était maudit. Ce moment le confirmait.

Car il avait beau se concentrer, il avait beau savoir que Soobin chantait avec tout son cœur. Il n'entendait pas vraiment la berceuse.

Il l'a percevait, mais il ne l'entendait pas.

Il était maudit. Oui. Maudit.

























Taehyun a été ajouté à la conversation


























- Je crois que je ne te t'ai pas encore dit, alors Joyeux anniversaire.

Tout en prononçant ces mots, Kai déposa sa main sur l'épaule de Taehyun. Ce n'était qu'un touché, un simple contact, et pourtant une vague de frisson lui prit le bras.
Une vague qui se transforma en tempête, lorsque son ami se tourna vers lui. Et que dans ses yeux il n'y lu aucune colère, aucun rejet, aucun dégoût.

Juste un sourire.

- Merci Kai.

Un poids tomba de son coeur, s'il n'y avait pas une dizaine d'autres personnes dans la pièce, alors peut-être aurait-il pleuré. Certes, peut-être que les autres ne l'auraient pas remarqué, ils se trouvaient assez loin après tout.
Les jeunes sautillaient sur la piste de danse, les plus anciens discutaient autour de quelques verres. Kai n'avait fait parti d'aucun groupe, il était resté sur le canapé à discuter avec Beomgyu, et quand celui-ci avait voulu allez danser il ne l'avait pas suivit. Il voulait réfléchir un peu, seul, en observant les mouvements de vie dans la pièce.

C'était beau, tout ces gens réunis dans l'insouciance d'une soirée. Qui profitaient seulement sans penser à quoi que ce soit, à s'amuser comme si demain ne viendrait pas.

Puis il avait vu Taehyun quitter la piste pour allez se servir un verre d'eau, et il s'était enfin décidé a se lever. Ne devrait-il pas lui souhaiter bon anniversaire ? C'était la moindre des choses, après s'être invité à cette fête à laquelle il n'était pas convié.
Après avoir retardé, encore et encore, le moment de venir lui parler.

- Désolé d'être venu, je sais que tu ne voulais pas nous voir, s'excusa-t-il, après avoir suivit Taehyun qui avait saisi son verre et se dirigeait vers la cuisine pour se servir de l'eau.

- Ne sois pas désolé. C'est pas que je ne voulais pas vous voir, c'est juste que... C'est compliqué.

Son visage se colorait d'embarras, tandis que ses yeux cherchaient le vide sur le sol.

- Au final je crois... Que je suis content que vous soyez là. Ça fait longtemps et... je suis heureux, aujourd'hui, continua-t-il, alors que son sourire devenait bancal.

La musique était moins assourdissante une fois arrivé dans la cuisine, la luminosité moins forte aussi puisqu'aucun des deux n'avait prit soin d'appuyer sur l'interrupteur. Soudainement c'est comme s'ils se retrouvaient seul au monde. Où plutôt, seul à côté d'un monde qu'ils entendaient résonner au loin.
Ils se retrouvaient seul, pour la première fois depuis cinq ans.

Leurs regards se trouvèrent. Des milliers d'émotions y dansaient. Les éclats de leur amitié qui se rappelaient à eux, qui demandaient à être rassemblés pour mieux avancer.

Ils avaient été si proche au lycée. Leur âge commun y était pour beaucoup, mais puisqu'ils ne se parlaient pas en classe ils n'avaient pas nécessairement l'occasion d'être plus ensemble qu'avec les autres. Seulement, il se produisait quelques-choses quand ils se retrouvaient tout les deux.
Ils n'étaient plus les petits-frères de la bande, ceux qu'on choyait et protégeait. Les rôles se mélangeaient, s'inversaient, s'amusaient à faire une boucle. Ils veillaient l'un sur l'autre comme des grand-frères mutuel, ils se comprenaient d'un regard.

Ils n'avaient pas besoin de mots. Tout passait par les yeux. Comme à cet instant, où les émotions se partagèrent sans effort.

- Kai, je suis désolé, murmura Taehyun.

- Ne le sois pas. Tu n'as rien fait de mal.

- Si, je n'aurais pas dû vous rayer de ma vie aussi rapidement et sans aucune explication.

Kai attrapa la main de son ami. La peau de Taehyun était si chaude, la sienne si froide. Elles se complétaient. Ils se complétaient.
Leur amitié n'était pas cassé, juste fissuré. Ce n'était pas trop tard, il suffisait d'un pardon et d'un pas en avant.

- Ça n'a plus d'importance, maintenant on est tous ensemble. Alors ne regardons pas le passé, tournons-nous vers le futur.

- Je ne peux pas faire ça.

La réponse de Taehyun le percuta, et il laissa tomber sa main. Ces propres paroles tournèrent dans son crâne, il se rendit compte les avoir prononcé sans réfléchir.
Se tourner vers le futur ? Kai n'avait pas pensé à ça depuis des années. Depuis cinq ans exactement. Il était coincé dans un perpétuel présent, à ressasser un cruel passé. Quel futur ? Il n'avait rien vers quoi se tourner.

C'était trop tard pour lui. Seulement, les autres n'en savaient rien.

- Je veux dire... Il y a des réponses que je dois trouver dans le passé, continua Taehyun, qui ne pouvait évidemment pas deviner tout ce qu'il se passait dans la tête de son vieil ami.

- Quelles réponses ?

- C'est compliqué à expliquer.

Sur ces mots Le garçon se détourna pour remplir son verre au robinet. La mâchoire de Kai se crispa, son coeur se serra. Encore une fois on le mettait à l'écart d'une importante confession. Pour le protéger sûrement, ils ne faisaient que ça, essayer de le protéger.

Quand comprendraient-ils qu'il n'y avait rien à protéger ? Aucune innocence à conserver ?

La colère montait, il la rangea au fond de sa poitrine. Comme toujours face à une telle frustration. Il avança et leva de nouveau le bras pour le déposer sur l'épaule de son ami, qui figea tout mouvement à ce contact.

- C'est pas le bon moment pour parler de tout ça, murmura Taehyun.

- Dis-moi, qu'est-ce qu'il y a ?

Kai n'avait pas besoin d'être protégé, il n'avait pas à être mis de côté car il était plus jeune, et certainement pas par Taehyun. Ils avaient le même âge, à quelques mois près, ils pouvaient se comprendre mieux que personne.
Pourquoi ses amis tenaient toujours à se torturer l'esprit sans penser à se reposer sur lui ? Il était assez fort pour ça, il l'avait toujours été.

Tout ce qu'il voulait, ce qu'il avait toujours voulu, c'était les protéger.

- Est-ce que tu te souviens de ce qu'il s'est passé lors de notre toute dernière soirée tout les cinq ? Tu sais, chez Soobin, demanda soudainement Taehyun, en se tournant pour qu'ils soient de nouveau face à face.

Les mots étaient tombé comme une chute, comme s'il retenait de poser cette question depuis des jours et la ressassait jusqu'à la torture.

Kai se figea. Il lui sembla que son coeur tombait. Que quelque-chose en lui se retournait.

C'est donc de ça que Taehyun parlait en disant vouloir trouver des réponses dans le passé ? Il voulait se souvenir de cette soirée ?

Serait-ce vraiment une bonne chose qu'il s'en souvienne ?

- J'ai l'impression d'avoir oublié quelque-chose d'important. Quand je repense à cette soirée, et à ce qu'il s'est passé après, tout est... Flou. On s'est disputé tout les cinq, je suis monté à l'étage et après il n'y a plus rien.

Devrait-il s'en souvenir ? Lui, mais les autres aussi ?

Kai voulait qu'ils se souviennent.

Non, il voulaient qu'ils oublient à tout jamais.

Il n'en savait rien, c'était trop dur.

Aucun de ces amis ne se souvenait de cette fameuse dernière soirée, il était le seul à qui les images réapparaissaient nettement, il était le seul à pouvoir retracer les événements un à un.

Parfois, il aimerait ne plus être seul à s'en souvenir.

Ne plus être le seul à porter le fardeau de la vérité.

Les autres ignoraient avoir oublié ce moment, ou du moins depuis qu'il les avait revu aucun n'en avait reparlé. Taehyun était le premier à se rendre compte qu'il lui manquait un souvenir.

Les autres suivraient bientôt. Kai savait qu'il fallait en arriver là, mais en même temps il était terrifié.

- Il y a eu un incendie ce soir-là, murmura-t-il.

- Un incendie ?

Dans l'obscurité les yeux de Taehyun brillèrent de confusion, avant de se fermer. D'une voix basse et grave, il prononça:

- Je crois... Oui, je m'en souviens.

Il employait sa magie, il cherchait un passé oublié.

Kai frissonna. Il voulait à la fois arrêter Taehyun et le laisser continuer. Il voulait l'empêcher de se rappeler, et le regarder se souvenir.

- Comment j'ai pu oublier ça ? La maison a prit feu et... Beomgyu m'a fait sortir. On était sur l'herbe quand les pompiers sont arrivé, mais... Après je ne sais plus.

Il rouvrit les yeux, laissant danser sur ses traits une vague de fatigue soudaine. Ses mains s'accrochèrent aux bras de Kai.

Cette soirée, leur dernière soirée tout les cinq, c'était la clé de leur histoire. Le cocon des promesses brisées, l'ultime tournant des nons-dits et colères enfouies. Ils s'étaient disputé. Oui, très violemment disputé.

La suite, elle s'était envolé.

Kai avait volé les souvenirs de ses amis.

Et c'était ce geste, cette décision, qui était la véritable cause de leur longue séparation de cinq ans. S'ils se souvenaient de comment la soirée c'était fini, alors Yeonjun, Soobin, Beomgyu et Taehyun n'auraient jamais été capable de se séparer les uns des autres.

Mais Kai n'avait pas eu le choix. Il voulait juste les protéger.

- Tu t'es évanoui pendant l'incendie, c'est pour ça que tout doit te sembler flou et que ta mémoire a du mal à s'en souvenir, répondit-il, la voix tremblante.

- Évanoui ? Répéta Taehyun.

- Oui, dans le jardin.

- J'ai l'impression...

Une voix hurla le prénom de la star de la fête, mettant fin à leur conversation. Kai recula, presque essouflé, à la fois soulagé et frustré.

- Attend, je reviens tout de suite, affirma Taehyun, en se précipitant hors de la pièce pour comprendre pourquoi on le sollicitait.

Kai resta seul dans la cuisine. Soulagé. Frustré.

Aurait-il voulu que son ami découvre la vérité ce soir ? Non. Au final c'était mieux ainsi.

Ce n'est pas comme s'il avait mentit, après tout, Taehyun avait véritablement perdu connaissance ce soir-là. Il n'avait pas vu ce qu'il s'était passé, il ne l'avait apprit qu'après, à son réveil.

Il n'aurait rien pu faire.

Ce n'était pas de sa faute. Ce n'était la faute d'aucun d'entre eux.

- Ils n'ont rien fait de mal. Je les aime, je les aime tellement, murmura-t-il, comme pour s'en persuader lui-même.

























Utilisateur inconnu en train d'écrire...


























- Kai, tout va bien ?

Quelqu'un venait de pénétrer la cuisine, Kai ne s'était pas rendu compte y être resté de longues secondes en solitaire, il imaginait encore moins que son absence pourrait inquiéter quelqu'un.
Il se retourna et offrit à Sunghoon un sourire qui ne laissait distinguer aucune ombre.

- Oui, j'étais seulement perdu dans mes pensées, déclara-t-il, en avançant vers le garçon.

Ce dernier répondit à son sourire. Mais son jeu d'acteur laissait à désirer, on voyait les ombres derrière ces traits, on voyait ses doutes et son air méfiant.
Kai l'avait remarqué depuis le début de la soirée, depuis l'instant même où il avait salué ses anciens camarades de classe. Sunghoon l'observait étrangement.

- Ça fait plaisir de te voir ici, personne ne s'y attendait. On a pas eu de nouvelle de toi après la première année de lycée. T'étais où tout ce temps ? Demanda le nouveau venu.

- Je suis allé rejoindre ma mère et ma grande-soeur quelques temps, je ne suis revenu que récemment.

- Je vois.

Leurs sourires ne tombaient pas, mais alors que celui de Kai grandissait, celui de son interlocuteur devenait bancal. On lisait dans son regard que quelque-chose le dérangeait, qu'il décelait un truc étrange mais ne parvenait pas à mettre le doigt dessus.

Sunghoon avait toujours été vif d'esprit, observateur et presque calculateur. Il comprenait vite, parfois trop vite.

- Au lycée tu m'avais parlé de ta mère et de ta soeur. Je m'en souviens, un jour on s'était retrouvé à manger tout les deux à la cantine et tu m'en avais parlé. On ne les a jamais vu, alors je t'avais posé la question, et...

Kai perdit son sourire, alors que sous ses yeux Sunghoon affichait une grimace d'inconfort. Il prit son crâne entre ses mains, comme saisit d'une vive douleur, tandis que ses yeux s'écarquillaient.

- Tu m'avais parlé de l'accident, je croyais que... Qu'elles étaient...

Il ne pu terminer sa phrase, surpris par Kai qui appuya soudainement sa paume contre son front. Sunghoon releva les yeux vers lui, horrifié, incapable de comprendre. Il ouvrit la bouche, pour prononcer d'une voix tremblante:

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi... Comment peux-tu être ici ?

Ça y est, il se souvenait. C'était inévitable, quelqu'un finirait bien par se souvenir. Le pouvoir de Kai permettait de faire oublier, de modifier les mémoires, mais il n'était pas surpuissant.

Tôt ou tard, la vérité éclatait.

- Ça ne va pas faire mal, je te le promet. Tu n'auras juste plus aucun souvenir de cette conversation, ou de ma venu à cette soirée. Tu vas juste m'oublier Sunghoon, c'est mieux comme ça.

Le garçon ne pu répondre, déjà il tournait de l'oeil tandis qu'un éclat de magie s'infiltrait dans son crâne.

Tel était le pouvoir de Kai, le don offert par Magic Island. Jouer avec la mémoire, modeler les souvenirs.

Il y a cinq ans c'est ce qu'il s'était amusé à faire sur presque tout ceux qu'il connaissait. Parfois il regrettait, parfois il se disait avoir bien fait.

Mais la vérité allait bientôt éclaté.

Cette vérité qu'il avait effacé, pour protéger Yeonjun, Soobin, Beomgyu et Taehyun.

Cette vérité qu'ils devraient affronter, pour réellement être tout les quatre sauvé.
















Utilisateur inconnu:
N'est-ce pas le debut de la fin ?

Quelles sont les dernières paroles de la berceuses ?

Où se trouve la chambre numéro 17 ?

Quelles promesses faut-il hurler au chaos ?

Les fleurs du purgatoire doivent tomber pour s'échapper ?

Utilisateur inconnu a quitté la conversation.

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