Part III - 10
°2022°
- Taehyun nous fait quand même une sacré gueule de bois, il a dû s'éclater à la fête.
À la remarque de Eunbi, Beomgyu manqua de s'étouffer avec son riz descendu de travers dans sa gorge. Il tenta vainement de masquer sa toux dérangé en buvant un verre d'eau que madame Kang lui tendait, sourire amusé sur les lèvres.
S'éclater, ce n'est pas tout à fait le terme adéquat pour parler de la soirée qu'ils avaient passé. Un désastre, une catastrophe, seraient des mots plus approprié.
Un "renouveau", avait-il envie de dire, mais Taehyun ne serait sûrement pas d'accord avec lui.
- Ressert-toi Beomgyu ! Ma femme a préparé de la nourriture pour tout un régiment !
Il aurait aimé dire qu'il n'avait plus faim, son estomac semblait sur le point d'exploser tellement il avait mangé, mais monsieur Kang déposait déjà de nouvelles tranches de viande et de Kimchi dans son bol. Par politesse il les grignota sans appétit, ne souhaitant pas voir le visage de cet homme perde ce sourire brillant à la simple vu des bouchés qu'il prenait.
Parfois Beomgyu avait la sensation que, comme Taehyun peinait à se nourrir correctement, les parents de ce dernier rattrapait leur frustration avec lui. Dès qu'il visitait leur maison on lui proposait toujours quelque-chose à manger, aujourd'hui encore ils avaient insisté pour l'inviter à déjeuner alors que son ami comatait tranquillement dans son lit. En soit ça n'avait rien de dérangeant d'être ainsi chouchouté par une famille qui n'était pas la sienne, ce qu'il n'aimait pas c'est de constater les lueurs peiné qui, parfois, traversait leurs pupilles.
Il le savait, au fond, quand ils le voyaient manger avec appétit Monsieur et Madame Kang rêvaient de voir Taehyun à sa place.
Mais il se contentait de ça, il préférait l'amour triste dans leurs yeux que le dégoût chargé de déception dans ceux de son propre père.
Il se fit tout de même violence pour refuser une énième tourné de nourriture, soulageant son estomac sur le point d'exploser, et pu enfin quitter la table pour rejoindre la chambre de son ami. Ça l'amusait toujours de sentir à quel point il pouvait se balader à son aise dans cette maison qui n'était pas la sienne, un environnement d'ailleurs plus accueillant que son véritable "chez lui".
Un fois avoir fermé la porte de la chambre son regard se porta sur le lit, ou plutôt sur la forme humaine qu'on devinait sous la couette épaisse. Un sourire lui vient en apercevant quelques mèches blondes qui dépassaient des draps, signe distinctif de son ami plongé dans les bras de Morphée, puis il s'avança discrètement jusqu'au sofa placé devant la fenêtre.
Sur son portable apparaissaient les notifications de nombreux j'aime ou messages tout droit venu d'instagram. Majoritairement des personnes qu'il ne connaissait pas, mais qui commentaient chaque jour sur son profil et attendait de ses nouvelles en story. Il posta un selfie fraîchement tiré de sa galerie, lacha un autre sourire en vu des réactions mais décida de ne pas y répondre tout de suite, faisant ainsi croire à un manque de temps dû à une vie faussement chargé. Puis, parce-qu'il n'arrivait pas à se défaire de sa vicieuse curiosité, il ouvrit la vieille messagerie qu'ils partageaient avec ses anciens amis.
Pas de nouveaux messages depuis qu'il avait répondu aux inquiétudes de Kai, il y a presque deux heures de cela, et Beomgyu mentirait s'il disait ne pas en être déçu. Il voudrait presque se taper la tête sur la vitre pour ressentir un tel sentiment de déception.
Cette histoire, cette amitié, ces garçons, ils lui avaient autrefois déjà fait trop de mal, alors pourquoi n'arrivait-il pas à s'en détacher ? Pourquoi, il s'y était accroché si longtemps d'ailleurs ? Lui qui s'était épuisé à recoller des morceaux insoudables alors que les quatre autres s'enfermaient dans leur solitude.
Il n'était qu'un idiot, oui, le plus stupide des idiots.
Mais en même temps, s'il n'était pas si têtu et accroché à une vieille promesse bafoué, alors jamais il ne serait devenu aussi proche de Taehyun. C'est parce-qu'il croyait en un espoir, parce-qu'il avait toujours cru que les choses pourraient s'arranger, qu'il avait tant insisté pour redevenir l'ami du plus jeune.
Et c'est ce même espoir qui lui brûlait la poitrine aujourd'hui, l'impression que tout pourrait recommencer.
Un renouveau, une réconciliation, une nouvelle promesse, une nouvelle amitié. Lui, au fond, il ne demandait que ça.
Mais à cette pensée un soupir le prit, et son regard s'en alla trouver la forme immobile de Taehyun. Ce dernier était sûrement la personne la plus têtu qu'il n'ai jamais rencontré, une vrai tête de mule, s'il avait décidé quelque-chose alors il s'y tiendrait jusqu'à la mort.
Et c'est pour ça que Beomgyu se retenait de percer le mur qui le séparait du reste de ses amis. Parce-qu'il ne voulait plus de conflit, il ne voulait plus de douleur, il ne voulait surtout pas avoir à choisir un camp.
Accompagné d'un soupir, il reporta ses yeux sur la fenêtre, puis sur son téléphone, et commença à naviguer sur les réseaux sociaux. Il entra bien vite dans la faille temporelle des écrans, de dérivation en dérivation, de contenu intéressant à férocement stupide, ce qui ne semblait durer que cinq minutes s'étendit bientôt sur des heures de scrollage mécanique.
Puis soudainement gagné par l'ennui, et l'envie de taquiner le plus jeune qui, à ses yeux, avait suffisamment dormi, Beomgyu se leva et couru s'affaler sur la forme humaine dans le lit.
- Debout la marmotte, je sais que t'es réveillé depuis un moment.
Un simple gémissement agacé s'éleva des draps, faisant rire l'ainé qui s'enquit à retirer la couverture de son ami. Ce dernier ne le laissa pas faire et ils se chamaillèrent ainsi un petit moment, se battant pour des draps alors que des esclaffes amusé tiraient leurs lèvres. Beomgyu fini par l'emporter et tomba nez à nez avec le visage faussement irrité de son ami, bouffie par la fatigue associé à une tignasse farfelue. Il ria encore face à cette vision avant de s'en allez chatouiller les côtes du plus jeune, rallongeant leur petite bagarre sous des éclats d'amusement et d'insultes bénignes.
Puis Taehyun, en ayant sûrement marre d'être là cible du plus vieux, se redressa vivement pour le faire tomber à côté de lui. Chacun des deux s'affala à une place du lit, essoufflé et souriant, immobile durant quelques minuscules secondes, avant que Beomgyu ne se tourne de nouveau vers son ami. Cette fois il ne le fit pas dans l'optique d'une attaque, s'étant suffisamment amusé, mais écarta ses bras dans la demande silencieuse d'y accueillir le plus jeune, comme il le faisait dès que lui prenait l'envie d'un câlin. Un sourire attendrissant apparu sur le visage de Taehyun tandis que celui-ci vient doucement se loger contre le plus vieux, répondant à une étreinte chaleureuse et agréable.
- Bien dormi ? Demanda Beomgyu.
- Hum.
- Ça va ?
- Hum.
- J'ai mangé avec tes parents, ils ont voulu me gaver comme une oie.
- Hum.
- Je crois qu'ils ont mit un peu de riz et de soupe de côté pour toi.
- Hum.
- Ta soeur croit que tu fais une grosse gueule de bois.
- Hum.
- Ta mère à sorti des médicaments, au cas où.
- Hum.
Dans un petit rire Beomgyu monta sa main aux cheveux de Taehyun, amusé par les répondes constitué de bruit plutôt que de mot que celui-ci lui partageait. Il se mit doucement à lui caresser la tête et le serra davantage contre sa poitrine, l'impression étrange d'être en train de câliner une peluche lui venait.
"La plus adorable des peluches", pensa-t-il alors.
- Sunghoon t'as envoyé un message très tôt ce matin pour savoir comment tu allais, je me suis permis de répondre à ta place. Il m'a dit qu'il a dû ramener Jake et Jay totalement bourré hier soir, la grosse galère.
Taehyun hocha la tête, sans pour autant demander ce que Beomgyu avait répondu à son ami inquiet. Il savait tout les deux que la soirée de la veille allait devenir un sujet sensible, leurs cœurs s'étaient bien trop emballé lors de cette fête aux tournures inattendus.
Il ne valait mieux pas en reparler, taire la crise du plus jeune et ne jamais plus évoquer le fait qu'ils aient été réuni avec trois garçons qu'ils croyaient devenu de lointain souvenir.
Mais c'était mal connaître Beomgyu que de penser qu'il ne s'en irait pas aborder les sujets fâcheux.
- Et... Kai et Yeonjun aussi ont demandé de tes nouvelles.
À son murmure il sentit son ami se crisper dans ses bras, supplier dans un silence de ne surtout pas en dire plus, de se taire et de taire à tout jamais cette histoire.
Mais, encore une fois, ce serait mal connaître la nature de Beomgyu.
- Je leur ai répondu que tu allais bien, que tu étais juste fatigué.
- Tu aurais pas dû leur répondre.
La voix de Taehyun s'était élevé dans une brusque sécheresse, à la limite du grognement, faisant soupirer l'ainé des deux.
- Ils voulaient juste savoir, ils étaient juste inquiet, c'est normal.
- Hum.
Beomgyu sentait que son ami tentait doucement de fuir ses bras, croyant certainement que ça lui permettrait d'échapper à la conversation, alors il tenta de davantage le serrer en préparant son mental à la suite d'un échange. Certes, il pourrait s'arrêter là, ne pas insister sur le sujet et faire comme si rien de tout ça n'avait jamais existé. Il pourrait se laisser fondre dans un cocon chaud de bonheur, à même le lit du plus jeune, et oublier. Tout oublier.
Mais il ne pouvait pas, il ne pourrait jamais.
Taehyun était un garçon têtu mais Beomgyu, lui, l'était plus encore.
- Taehyun, tu sais... Hier soir il s'est passé quelque-chose de bizarre. Non ?
En posant sa question il tenta de placer son visage face à celui de son ami, accrocher son regard au sien et activer ainsi le lien d'une discussion à deux voix, sans permission de fuite. Mais fuir Taehyun le faisait encore, ses pupilles restaient obstinément baissé alors qu'il murmurait:
- À propos ?
- De nous cinq.
Beomgyu ne pu que constater le rictus agacé et pertubé qui se dessinait sur le visage face à lui, tout comme il ressentait que Taehyun tentait de plus en plus vivement de se détacher de ses bras.
- Tu ne l'as pas ressentit ? Insista-t-il.
Le plus jeune parvient à se défaire de sa prise, désormais franchement énervé il clama:
- J'ai rien ressentit du tout, j'étais occupé à vider les restes de mon estomac je te rappel.
Le coeur battant et la peur dans la gorge Beomgyu se redressa, les deux garçons se tenaient maintenant assit face à face sur le lit. Leur yeux s'accrochaient réellement, enflammé pour chacun, mais par les braises de sentiments bien différent. Néanmoins ils restaient proche, très proche, leurs doigts s'effleuraient au dessus des draps sans même qu'ils n'en prennent conscience.
- J'ai eu l'impression... Qu'une brèche s'était de nouveau ouverte, murmura Beomgyu.
- Une brèche ?
- Vers Magic Island.
Taehyun de recula, les yeux arraché de ceux de son vis à vis et la mâchoire serré.
- Arrête, je veux pas en savoir plus.
Mais Beomgyu, décidé à ne pas le laisser échapper à une conversation qu'ils ne se permettaient jamais d'avoir, lui aggripa le bras.
- Mais c'est important ! On s'est retrouvé tout les cinq, comme autrefois, et la magie est comme réapparu. C'est un signe.
- Non, tu te fais des idées.
- Je ne me fais pas d'idées, et je suis certain que toi aussi tu l'as ressentit.
- J'ai rien ressentit.
- Ne me mens pas.
Ce qu'il s'était produit n'était pas anodin, ça Beomgyu en était persuadé, il refusait de croire qu'on pouvait le nier aussi froidement. Entre la messagerie miraculeusement réapparu et leur rencontre hier soir à tout les cinq, associé à ce sentiment battant qui pulsait dans son corps, il était persuadé que la magie revenait les trouver. Et il ne supportait pas que Taehyun mette tellement de force à la rejeter et à cracher sur tout espoir d'une seconde chance qui leur serait accordé.
- Quoi qu'il en soit, je ne veux pas que ça donne lieu à quoi que ce soit, clama le plus jeune, sur un ton sans appel.
- Mais...
- Non, pas de mais, pas de compromis, rien. Je refuse d'être de nouveau mêlé à tout ça, tu as oublié comment ça s'est terminé ?
Taehyun revient enfin croiser son regard, rapprocher son visage et crisper ses doigts contre ceux de Beomgyu. La tension montait doucement entre eux, la fumé d'une dispute comme jamais auparavant ils n'en avait eu.
- Mais pourquoi ?
- Parce-que je déteste tout ça !
- Je ne comprend pas, putain Taehyun j'arrive pas à comprendre pourquoi tu est tellement borné là-dessus ! La magie ne nous à jamais fait de mal, bien au contraire.
- C'est pas... C'est pas la magie qui me pose problème !
Sur ce cri du plus jeune ils s'écartèrent violement l'un de l'autre, touchant enfin au réel facteur de conflit: Ce lien qui leur collait à la peau malgré tout.
- C'est eux qui te posent problème ? Yeonjun, Soobin et Kai ? Souffla Beomgyu.
Il se sentait tremblant, mélange de colère et de frustration, et d'une pointe de tristesse aussi. Et alors que Taehyun hochait la tête toute les émotions se mirent à battre plus fort encore en lui.
Il commençait à être fatigué de tout ça, de cette impression atroce de traverser une brume solitaire depuis cinq années de questions incessantes sans réponses.
- Ça, tu vois, c'est ce que je comprend le moins avec toi, lâcha-t-il alors.
Le début des tensions qui avaient brisé leur groupe démarrait sur ce point d'incompréhension. L'éloignement soudain de Taehyun, sa colère soudaine envers eux, à laquelle il n'avait jamais accepter de fournir la moindre raison. Même après cinq ans, même après être redevenu ami avec lui, même s'ils connaissent une relation si fusionnelle que l'amitié seule n'est pas assez forte pour les définir, Beomgyu ne savait toujours pas pourquoi son vis à vis avait autrefois fait de le choix de s'éloigner.
Parmi leur groupe de cinq, Taehyun était celui qui possédait le moins de raison de tout briser. Beomgyu, lui, était celui qui en avait le plus.
Et pourtant, ironiquement, il était celui qui s'accrochait encore.
- Moi, à l'époque, j'avais toute les raisons du monde de vous détester, j'avais toute les raisons du monde de vous en vouloir, mais toi je ne comprend pas. Tu étais le chouchou, tout le monde prenait toujours soin de toi, tu étais même le petit protégé de Yeonjun. Aucun de nous ne t'as jamais fait de mal, je ne comprend pas, et je ne comprendrais jamais, pourquoi tu as voulu couper les ponts comme ça !?
Taehyun ne répondit pas, il détourna juste le regard et commença à reculer sur le lit. Cette distance soudaine fit grimper la colère de Beomgyu, qui s'approcha à mesure que son ami s'éloignait.
- Moi tu me mettais dans le même panier que les autres avant, tu me détestais, tu ne m'as jamais dit pourquoi. Qu'est-ce que je t'ai fais au juste ? Qu'est-ce qu'on t'a fait pour que tu nous déteste comme ça d'un coup ?
- T'as pas besoin de le savoir, marmonna le plus jeune.
Cette réponse se porta à Beomgyu comme la flamme manquante pour faire bouillir son sang. Il ressera sa prise sur le bras du plus jeune et, en usant de tout le self-control possible pour ne pas hurler, enchaina :
- De nous deux c'est moi qui avait le plus de chose à vous reprocher, c'est moi qu'on excluait, j'étais la cinquième roue du carrosse de notre groupe. Et je vous l'ai dit, j'ai juste dit ce que j'avais sur le cœur, je ne vous ai pas caché à quel point je me sentais mal et seul, contrairement à toi qui reste borné dans le silence. On s'était promis de ne jamais rien se cacher, de ne jamais se mentir, t'es le premier à avoir brisé la promesse Kang Taehyun.
- Ça m'est égal ! De toute façon je ne veux plus jamais avoir de contact avec tout ça !
Taehyun se leva en s'arrachant de la prise du plus vieux, le pas dirigé vers la fenêtre. Mais Beomgyu ne voulait pas en rester là alors il le suivit, tellement frustré qu'il ne pensait même pas à tout les regrets futurs qui viendraient le gagner pour avoir haussé la voix sur son ami.
- Alors pourquoi tu as accepté de me reparler ? Demanda-t-il.
Taehyun resta silencieux, le visage tourné vers la vitre, faussement occupé à regarder le jardin.
- Pourquoi tu as accepté d'être mon ami ? Insista Beomgyu.
Toujours aucune réponse, il sentit son corps trembler davantage face à cette absence de réaction. Taehyun faisait ce qu'il savait le mieux faire, se taire et ignorer, agir comme si rien ne se passait et se plonger dans le mutisme.
Un idiot. Têtu et lâche.
- Tu as accepté de me reparler parce-que tu me détestais moins que les autres ? Ou parce-que tu mens encore en disant que tu nous détestais ?
Beomgyu ne pu s'empêcher de constater que sa dernière phrase avait enclenché une petite réaction chez le plus jeune, dont le corps avait légèrement tressaillit. Mais il savait qu'il n'obtiendrait pas beaucoup plus aujourd'hui, il sentait le besoin urgent de hurler et ne voulait surtout pas avoir à le faire en boucle contre Taehyun. Même si ce dernier était le centre de sa colère il ne supportait pas l'idée de se disputer avec lui,
- Je m'en vais, murmura-t-il alors.
Puis, sans un dernier regard pour son ami, il attrapa son portable et quitta la pièce. Jamais auparavant il ne s'en était allez de la maison des Kang aussi rapidement, tellement qu'il en enfila ses chaussures à l'envers et fit mine de ne pas entendre quand le père de Taehyun, surpris de le voir courir vers la sorti, l'interpella.
Beomgyu enfourcha son velo et pédala plus rapidement que jamais, traversant des routes qui commençaient à s'assombrir et esquivant des groupes de jeunes qui profitaient de la fin du week-end. Des larmes voulurent se joindre à sa course mais il les retient au mieux, ne souhaitant pas perdre le contrôle sur sa route déjà tanguange à cause du tremblement de ses mains.
Vite arrivé chez lui il tenta de rejoindre sa chambre à pas de course mais, comme pour bien achever une journée qui promettait de se terminer sur des sanglots, son père vient le stopper.
- Je peux savoir pourquoi tu rentre si tard ? Tu étais juste censé allez en soirée hier, tu as passé ton week-end dehors !
- Je suis pas d'humeur papa, laisse-moi passer, soupira-t-il.
Mais le quarantenaire ne se laissa pas contourner et se posta une nouvelle fois devant lui, le regard chargé de colère et de répugnance.
- Tu comptes réviser quand au juste ? Tu passe ton temps à courir à droite à gauche ou à être hypnotisé par ton foutu téléphone, un diplôme ça ne s'obtient pas en claquant des doigts ! Déjà qu'on a été bien sympa de de laisser t'inscrire en face de musique, de te laisser une seconde chance alors que tu as lamentablement échoué ta première année, tu comptes redoubler encore ?!
Beomgyu du se faire violence pour ne pas répondre, ne pas empirer la situation en clamant des arguments que son paternelle ne prenait même pas la peine d'entendre. Après une lutte de jeu de jambes il parvient à se frayer un chemin vers les escaliers, courir droit vers sa chambre pour s'y enfermer à double tour.
- Où tu crois allez comme ça ? BEOMGYU ! CHOI BEOMGYU ! REVIENS ICI TOUT DE SUITE !
Appuyé contre sa porte il laissa échapper un lourd soupir, les mains sur serré qu'il en écrasait presque son téléphone. Les cris de son père s'apaisaient peu à peu par les efforts de sa mère et lui-même décida de tenter de se calmer. Pour ce faire il s'en alla saisir sa guitare et se plaça devant sa fenêtre, souffla fort pour espérer faire cesser le tremblement de son corps, puis gratta faiblement les cordes. Au départ il ne saisit que quelques petites notre volante, les envoyait valser dans la pièce sans réelle harmonie, puis petit à petit une mélodie se forma et fit vibrer les murs.
Les yeux clos, n'ayant plus comme sens que le toucher de ses doigts sur les cordes, il se sentit enfin libéré de ses émotions, ne pensa plus à rien d'autre qu'à la musique qui gravait ses murmures autour de lui et le laissa flotter au travers des plus belles berceuses.
Un picotement vient lui saisir l'épaule, pas douloureux comme la veille mais brulant, saisissant. Il ouvrit soudainement les yeux, aperçu que la nuit recouvrait désormais la ville et ne pu respirer devant cette magnifique étendu qu'offrait le ciel.
Des étoiles brillaient, des centaines et milliers d'étoiles comme jamais on en voyait jamais à Séoul.
Comme jamais on en voyait dans un monde sans magie.
D'un geste vif il saisit son portable et ouvrit la messageries, les nerfs vibrant et le picotement toujours plus fort sur son épaule.
Beomgyu
Les étoiles sont belles ce soir.
22h45
Il attendit, une minutes, deux, trois, le coeur battant à l'idée de distinguer ne serait-ce qu'une faible signe.
Beomgyu
Genre vraiment très belles.
22h50
Toujours rien, pas de réponse, pas de vu, personne ne faisait attention à ses messages, personne ne prettait attention aux portables vibrant de ses notifications.
Beomgyu
On est d'accord, c'est pas normal qu'il pleuve et qu'il y a des étoiles ?
22h55
La pluie jaillissaient dehors, frappait le sol et hurlait comme lui s'était retenu de le faire plus tôt. Et pourtant le ciel brillait, il brillait de milles et une étoile venu d'ailleurs.
Venu de la brèche magique.
Beomgyu n'osa poser ses yeux sur son épaule brûlante, persuadé que s'il le faisait alors il verrait la tige d'une petite fleur qui en émergeait.
Comme autrefois.
Comme à l'époque où la magie était venu réconforter sa solitude d'un doux présent.
Beomgyu
Rassurez-moi, vous les voyez aussi ?
23h03
Les minutes s'enchaînèrent, sans une réponse, pas la moindre. Et pourtant son portable vibrait, les notifications fourmillaient depuis Instagram, des j'aime et des commentaires à ne plus savoir qu'en faire. Mais rien sur cette vieille conversation, pas même l'ombre d'un vu.
Beomgyu jeta son téléphone et le laissa exploser contre son mur. Le coeur battant, la gorge serrée, des larmes brisant sa vision et une brûlure plus forte à l'épaule.
Ça faisait longtemps, bien longtemps, qu'il n'avait pas été à ce point écrasé de solitude.
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