Part II - 9
°2017°
Quand il était enfant, Yeonjun passait tout les jours devant la maison d'une très vieille dame, dont le jardin était clôturé jusqu'à l'infime petit centimètre. Il n'avait pas d'autre choix que d'emprunter ce chemin pour allez à l'école, il venait d'un très petit village et l'arrêt de bus se tenait à côté de cette maison.
Les habitants de ce petit village évitaient un maximum de se retrouver à proximité de cette demeure. Pas à cause de la grand-mère, d'une gentillesse inné bien qu'elle soit aussi sourde qu'un mur, mais à cause de son chien, Pok.
Pok, un adorable nom pour un chien, n'est-ce pas ? Ça aurait pu l'être, si cette bête n'était pas un bouledogue américain, plus grand que le petit Yeonjun quand il se mettait sur ses deux pattes, le corps tapissé de muscle, la gueule pleine de bave et les aboyement si puissant qu'on les entendait résonner dans tout le village.
Dès que quelqu'un approchait un peu trop près de la maison alors Pok se mettait à hurler, d'une voix si forte que l'agression nous figeait de peur. Personne n'aimait ce chien, on le surnommait "le monstre du village", Yeonjun lui même tremblait de frayeur chaque matin à l'idée d'être là cible de ses aboyements.
Pourtant il n'avait pas le choix, il devait bien allez à l'école, alors il posait ses mains sur ses oreilles et patientait l'arrivé du bus. Puis poussait un soupir soulagé quand ce vieil engins apparaissait devant lui.
Il s'asseyait toujours à la même place, tout au devant du véhicule, au plus près du chauffeur, puis jetait un coup d'oeil à Pok. Derrière la barrière le chien cessait d'aboyer quand il le voyait s'en allez, il reniflait et regardait le bus disparaitre dans la rue.
"On se revoit ce soir", semblait dire Pok. Et Yeonjun se sentait toujours prit d'un frisson.
Il enfonçait ses écouteurs profondément dans ses oreilles et fermait les yeux, ignorant ainsi les bruits qui envahissaient le bus, les enfants qui y grimpaient un à un et criaient de joie à l'idée de se retrouver. Ils riaient et s'amusaient déjà tous ensemble, vêtu de leurs petits uniformes scolaire flambant neuf, repassé et accessoirisé par des sacs à dos remplis de jolie boîte à nourriture confectionné par leurs parents.
Yeonjun, lui, restait seul à l'avant du véhicule. Il tripotait les plis disgracieux de son uniforme, le troue qui animait sa manche, et pensait à la soupe de vieux poulet que sa mère lui avait préparé pour le déjeuner. Puis il tentait de lisser sa touffe de cheveux informe, un peu trop grasse, et concentrait son regard sur la route.
"Et ! Le cochon !"
En descendant du bus il maintenait ses écouteurs profondément ancré dans ses oreilles, la musique si forte qu'elle explosait ses tympans.
"Berk, il vit avec des cochons puant ! Bouchez-vous le nez"
"Cachez-vous les yeux, vous allez devenir aveugle à cause de sa mocheté"
"Regardez ce qu'il mange, il est dégoûtant"
"C'est un monstre puant et dégoûtant"
"Un monstre"
- Je suis un monstre.
C'est ce que Yeonjun se disait parfois le soir, blotti dans son lit, caché sous la couette, quand il pleurait seul et en silence.
En primaire et au collège Choi Yeonjun n'avait jamais été un garçon très apprécié, il n'était jamais parvenu à s'intégrer, il n'était jamais parvenu à comprendre comment se tenir sur la même ligne que les autres. Petit il passait ses journées dans la ferme de ses parents, aidant à s'occuper des animaux et des cultures, sérieux, appliqué, solitaire. Les autres enfants faisaient des sorties avec leurs parents, jouaient au ballons, à la poupée, grimpaient dans des arbres, s'amusaient aux parcs de jeu. Yeonjun, lui, nourrissait les cochons et brossait des chevaux.
"Il se suffit à lui-même" disaient ses parents, croyant que leur unique enfant était juste un introverti qui savait s'amuser seul, sans réellement constater que ce petit ne souriait pas beaucoup, sans jamais savoir qu'à l'école on le traitait de "monstre" à cause de ses vêtements sales. Le couple Choi n'était pas négligeant envers leur fils, juste un peu trop naïf, enfermé dans leur ferme ils ne connaissaient pas la réalité du monde.
"C'est faux, papa, maman, je n'arrive pas à me suffire" voulait leur crier Yeonjun. Mais à la place il hochait la tête, par peur de les décevoir.
Par leur de leur faire honte s'il leur disait qu'à l'école il était traité de "monstre".
Alors Yeonjun vivait dans le silence, il partait à l'école tout les matin accompagné de sa boule au ventre et se laissait hurler dessus par Pok quand il attendait le bus. Le "monstre du village" aboyait à s'en déchirer les cordes vocales et le petit garçon retenait ses larmes, se demandant ce qu'il avait bien fait de mal pour que même un chien lui crache sa haine.
Sauf que Pok n'était pas un monstre, il n'aboyait pas de colère, il ne courait pas comme un fou derrière son grillage pour faire peur aux passants. Non, tout ce que voulait Pok c'était se trouver un ami, et s'il s'exprimait si fort auprès de Yeonjun, c'est parce-qu'il ressentait le mal-être qu'il dégageait.
Au fond il se sentait juste seul. Avec ses cris, ses gesticulations, sa bouche baveuse, il ne cherchait qu'à attirer l'attention. Était-ce de sa faute s'il était laid de visage ? Si sa voix était trop forte ? Si on le maintenait enfermé derrière un grillage comme un monstre ?
Pok ne voulait qu'un ami.
Et Yeonjun avait toujours regretté de ne pas l'avoir compris plus tôt.
Il regrettait de ne pas avoir été cet ami.
En fait, lui et Pok étaient pareil. Tout deux recherchaient à se faire aimer, sans savoir comment s'y prendre, essuyant rejet sur rejet et moquerie sur moquerie pour leurs physiques ingrats.
Et c'est quand Yeonjun était en dernière année de collège, lorsque la vieille dame mourru et que ses parents décidèrent de récupérer Pok, qu'il comprit. Le chien s'était fait vieux, il aboyait toujours mais avec moins de vivacité, il secouait toujours la queue et laissait tomber une bave à ne plus savoir qu'en faire.
Il sautait quand un membre de la famille Choi s'approchait de lui, encore plus quand c'était Yeonjun.
En fait, Pok avait toujours été gentil et gorgé d'amour. Trop maladroit pour le faire comprendre, mais tendre avec tout ceux qu'il affectionnait.
Pok n'était pas un monstre.
Yeonjun non plus.
Il l'avait cru pendant longtemps, quand il était jeune il n'arrêtait pas de se répéter qu'il en était un, les autres enfants le lui disaient constamment. Juste parce-qu'il n'était pas aussi bien habillé qu'eux, juste parce-qu'il n'avait pas autant d'argent, juste parce-qu'il ne vivait pas dans une belle maison entouré de fleurs.
Mais il arrêta de se prendre pour une bête laide et dégoûtante après sa visite au Magic Island. Quand il se réveilla là-bas la première chose qui le heurta fut cette paire de corne qui poussait sur sa tête, son reflet dans le miroir qui n'avait plus rien d'humain.
"Je suis bel et bien un monstre" s'était-il dit.
Alors il avait fui dans la forêt obscure, il avait pleuré au milieu des arbres sans fin, avait arraché l'une des cornes et fait couler une flaque de sang sur ses mains.
Puis quatre garçons étaient venu le trouver. Tout aussi malheureux que lui, qui venait chercher le bonheur que cette îles pleine de beauté et de magie.
"Tu n'es pas un monstre", avait dit le garçon aux ailes d'ange.
"Ça a dû faire mal, mais c'est fini maintenant" avait murmuré le garçon à l'oeil étoilé.
"Allons nous amusé tous ensemble, la douleur passera, tu verras" termina celui aux épines dans l'épaule.
Puis le dernier garçon, dont les oreilles s'étiraient en pointe comme celles d'un lutin, lui avait saisit la main dans un sourire que Yeonjun n'oubliera jamais.
"Cette corne sur ta tête, elle ressemble à une couronne"
Suite à cette rencontre, à ce séjour merveilleux et trop court à son goût, Yeonjun serait mit en tête qu'il devait à tout prix les retrouver.
Il cessa de baisser les yeux et termina sa primaire et son collège dans son petit village, ignorant de tout ceux qui le traitait de monstre, se répétant en boucle qu'il y avait, quelque-part, quatre garçons qui l'attendaient et l'accepteraient. Il ne tenait que grâce à cette pensée, elle le poussait à se lever chaque matin, à affronter les mauvaises journées, les insultes et le harcèlement.
Parce-qu'ils étaient là, quelque-part, il devait tenir le coup.
Il décida de s'inscrire dans un lycée de Séoul, la capitale du pays, à de nombreuses heures de voiture de chez lui. Dans une ville si grande il se disait qu'il aurait plus de chance de les retrouver.
Tant pis combien de temps sa prendrait, combien de fois il devrait garder les épaules droites et se lever même quand tout le poussait à rester clouer au sol, il devait les trouver.
Et pour ça, il fallait qu'ils le voient, qu'ils le remarquent, qu'ils ne puissent pas l'ignorer en passant à côté.
Alors Yeonjun décida de construite l'image d'un lycéen exceptionnel, un véritable petit prince devant qui personne ne pourrait rester indifférent.
Juste pour attirer leurs regards, juste pour les trouver eux.
Ces quatre garçons qui lui avait promis de l'aimer, quoi qu'il arrive.
Beomgyu :
Je vais avoir du retard, j'arrive dans vingt minutes à peu près. Désolé.
14h05
Kai:
T'inquiète pas, je suis aussi en retard.
14h06
Soobin:
Je ne suis pas encore arrivé non plus.
14h06
Vu par Yeonjun
Vu par Taehyun
Yeonjun laissa un sourire amer étirer le coin de sa lèvre en rangeant son portable dans sa poche. Leur première "retrouvaille" officielle à cinq commençait mal si plus de la moitié d'entre eux tardait à arriver.
Il ne les blâmait pas, mais commençait doucement à s'impatienter. Tant d'année qu'il les cherchait, ces enfants rencontré autrefois au Magic Island, tant d'année qu'il attendait de les retrouver, il ne se sentait plus capable d'attendre une seconde de plus.
Alors pour décompresser il enchaînait panier sur panier en lançant son ballon dans le filet de basket, avec de plus en plus de frénésie et de soupir. À ses côtés, le nez plongé sur son téléphone, Taehyun se tenait en tailleurs sur le sol et ne faisait pas trop attention à lui.
Comme promit Yeonjun était allez le chercher chez lui, il avait levé les yeux au ciel quand le plus jeune lui avait demandé de l'attendre au bout de la rue, clamant qu'il ne fallait surtout pas que sa famille le voit. Et même s'il n'en comprenait pas trop la raison, même si l'envie de me charier en allant sonner chez lui brûlait, il avait finalement été assez sympa pour obéir.
Ils n'avaient pas beaucoup discuté sur le trajet menant à ce parc peu fréquenté, Taehyun n'était pas un grand bavard. Il répondait en hochant ou secouant la tête aux questions de Yeonjun, ou par des phrases courtes. Et même si cela le faisait grincer des dents il ne s'en était pas plaint, comprenant que Taehyun était le genre de garçon qu'on décortiquait peu à peu avant de réellement en devenir proche.
- Tu sais jouer au basket ? Demanda-t-il au plus jeune.
- Plus ou moins.
- Parfait, attrape.
Taehyun réceptionna de justesse le ballon entre ses mains et posa dessus un regard hésitant, comme s'il ignorait comme s'en servir.
- Allez, essaye de marquer.
Sous les encouragements le lycéen se leva et tenta de progresser vers le panier, avec plus de rapidité et d'agilité que Yeonjun ne le pensait. Il s'empressa d'essayer de le contrer et durant plusieurs minutes le ballon passa de mains en mains, tandis que peu de panier s'enchainaient.
Ils étaient tellement prit dans leur partie qu'ils ne remarquèrent pas les deux nouvelles personnes fraîchement arrivé, ce fut quand Kai leva vers eux un sachet en plastique rempli de nourriture, en leur clamant de faire une "pause grignotage", qu'ils lachèrent le ballon, essouflé.
- Avec Soobin-hyung on s'est croisé sur le chemin, on a décidé d'allez acheter des snacks. Servez-vous c'est cadeau, enchaîna Kai, qui déversait leur butin sur le sol.
Yeonjun s'empressa d'attraper un paquet de sucreries, un sourire si grand sur les lèvres qu'il devait avoir l'air d'un fou. Il peinait encore à croire qu'il soit réuni avec ces garçons, comme dans tout ces plis beaux rêves, un bonheur inouï le gagnait à l'idée qu'ils commençaient déjà à se rapprocher, malgré qu'ils en savent encore si peu les uns sur les autres. Quelque-chose paraissait presque naturel entre eux, aucune gêne ne luisait dans leurs yeux lorsque les regards se croisaient, aucun silence dérangeant, juste une sensation harmonieuse aussi surprenante qu'agréable.
Sans perdre son sourire, il observa Kai qui proposait une glace à Taehyun, que celui-ci accepta timidement, et en profita pour se rapprocher de Soobin et lui tendre son paquet.
- J'aime pas le mélange chocolat menthe, expliqua le troisième année en zieutant le parfum des petites sucreries.
- Oh, t'as pas de très bon goûts, ce mélange est délicieux.
- C'est ceux qui aiment ça qui ont des goûts étranges.
Yeonjun laissa échapper un petit rire, puis se redressa et s'en alla saisir le ballon.
- Un match deux contre deux, les aînés contre les plus jeune ? Proposa-t-il
Kai fut le premier à accepter, plein d'entrain, et les deux autres se laissèrent contaminer par sa joie. Ils s'affrontèrent donc en équipe suggéré par Yeonjun, au plus grand bonheur de celui-ci qui, sans avouer haut et fort, souhaitait plus que tout jouer au côté de Soobin.
Son coeur battait si fort lorsque le plus jeune se tenait à côté de lui, il osait à peine l'admirer, craignant de se défaillir à travers ses yeux.
Et ce jour fut gravé dans la mémoire de Yeonjun comme l'un des plus heureux de sa vie, il avait l'impression que le bonheur coulait à flot et que chacun de ses amis partageaient son sourire.
Tellement plongé dans son nuage de béatitude qu'il ne remarqua pas l'étrange regard que Kai leur lançait par moment, à Soobin et lui, plissé et rempli de soupçons. Il ne fit pas non plus attention à la glace que Taehyun laissait fondre au soleil, sans jamais y poser ses lèvres. Et il ne lui vient jamais en tête que c'était étrange que Beomgyu soit arrivé avec une heure de retard, qu'il se se soit assit seul sur le banc pour les observer jouer sans daigner leur faire savoir sa présence. La main caressant pensivement sa joue recouverte de fond de teint, afin de cacher la rougeur douloureuse qui marquait sa peau.
Non, à aucun moment Yeonjun ne fit attention aux ombres qui enveloppaient doucement ses cadets, car ce jour-là il ne fut pas à un seul instant capable d'oter son regard de Soobin.
Il grava en mémoire tout ses sourires, ses maladresses, ses rires, ses frustrations quand il échouait un panier ou encore ses petits cris de joie quand il y parvenait. Ce jour-là Yeonjun n'avait d'yeux que pour lui, ce garçon pour qui son coeur battait si fort depuis leurs rencontre au Magic Island, ce garçon qu'il avait tant désiré retrouver.
"Cette corne sur ta tête, elle ressemble à une couronne"
Une phrase qui résonnait encore en lui, tellement fort, tellement intensément, qu'elle faisait naître dans son ventre des milliard de papillon.
Cette phrase pour laquelle, enfant, il avait tout doucement commencer à aimer Soobin.
Et il tomba plus amoureux encore cette après-midi là, après qu'ils se soient sauté dans les bras pour fêter leur victoire écrasante.
Il se perdit doucement dans l'illusion que, peut-être, ce garçon pourrait l'aimer comme jamais encore il ne l'avait été.
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