Part II - 27
° Quelque-part dans le Temps °
Kai n'eut pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir où il se trouvait.
Quand il gigotait le bout de ses doigts, il avait l'impression d'effleurer un nuage de douceur. L'air agréable lui paraissait comme du coton, dès qu'il inspirait une pureté délicieuse caressait sa gorge et embrassait ses poumons. L'odeur sucré titillait son nez, il avait toujours trouvé que cet endroit sentait le chocolat au lait, mais les odeurs ici s'adaptaient à celui qui reniflait. Yeonjun disait sentir une odeur de fraise, Soobin avait l'impression de percevoir celle des roses, Beomgyu celle du savon, et Taehyun y sentait l'odeur prononcé des sapins.
Mais ils étaient tous d'accord à propos d'une chose: Magic Island sentait divinement bon.
Kai ouvrit les yeux. La lumière n'était ni trop forte, ni trop faible. Ici, tout était toujours parfait.
Les dernières fois il où il s'était retrouvé ici, quelques-choses gachait cette perfection. L'air pouvait devenir tantôt plus froid, tantôt plus chaud. Les odeurs se mélangeaient, créant par moment des senteurs nauséabonde, et l'obscurité magique de la forêt de transformait en quelque-chose de plus sinistre. Lui et ses amis ne savaient pas quoi en penser. Ils se disaient que c'était normal que Magic Island ait un peu changé depuis leur enfance, tout change, et la magie sûrement aussi.
Mais à cet instant, alors qu'il reniflait l'odeur de chocolat au lait, alors qu'il effleurait l'air tiède, alors qu'il clignait des yeux sur cette luminosité parfaite, Kai se sentait bien.
Il était dans le Magic Island de son enfance.
Pourtant, il ne se trouvait pas dans une forêt. Kai était allongé sur un parquet étrangement confortable, d'un bois clair et lisse sur lequel il pourrait dormir des heures sans sentir la moindre gêne. Des murs décorés de fleurs et de livres formaient un cercle autour de lui, et du plafond pendaient des morceaux de papier plié en étoile. Il n'y avait qu'un seul meuble dans cette pièce, une table ronde qui en occupait plus de la moitié. Kai se leva et s'en approcha. Six chaises entouraient la table recouverte d'une nappe à la couleur du vin, mais seulement cinq cartes y étaient déposé, de dos.
Il effleura l'une d'entre elle, la trouva rugueuse sous ses doigts. La seconde était piquante, la troisième brûlante, la quatrième gluante. Quant à la cinquième, à peine s'en approcha-t-il qu'elle se retourna.
- C'est ici que j'ai tout créé.
Au bout de la table, sur la sixième chaise devant laquelle ne se trouvait aucune carte, se tenait une femme. Du moins, ce qu'il devinait être une femme.
Il ne distinguait pas son visage, devinait des cheveux blonds, presque blancs, et une longue robe de la même teinte. Elle semblait comme une lumière vive dont on ne percevait pas les détails, tellement elle brillait, mais Kai n'avait pas mal aux yeux en la regardant.
Il n'arrivait juste pas à la voir complètement.
- L'île, ses arbres et ses fleurs, ses plages de sable fin et ses prairies luxuriantes. Je voulais y installer une fête foraine aussi, dans laquelle vous auriez pu vous amuser pour l'éternité. Vous l'auriez tellement aimé, que vous ne seriez jamais réparti.
Elle fit un geste de la main, et la chaise à côté de Kai se tira pour l'inviter à s'assoir.
Il resta debout, silencieux.
- J'ai créé ce monde pour vous, mais surtout pour moi. C'était du pur égoïsme. Nous sommes des milliards tout là-haut, et pourtant nous sommes toute si seules. Tu ne peux pas imaginer à quel point on se sent insignifiante, lorsqu'on à l'éternité devant nous. Immobile dans le ciel, patientant la nuit pour être observer, et pour observer le monde.
- Vous êtes l'Etoile, murmura-t-il.
- Je me sentais seule, alors je suis descendue. J'ai créé un monde rien qu'à moi, hors de l'espace et du temps. J'y ai créé de la végétation et des animaux. Je voulais créer quelque-chose d'extraordinaire, quelque-chose de parfait, quelque-chose de grand, pour ne plus me sentir seule et insignifiante. Je voulais partager ce monde avec quelqu'un, alors je vous ai fait venir ici. Cette nuit-là, j'ai lu vos peines et vos tourments, j'ai vu votre avenir et vos obstacles, j'ai ressentie votre solitude. Alors je vous ai offert mon monde, je voulais vous rendre extraordinaire et heureux.
Kai s'asseya, les larmes aux yeux.
- J'ai été naïve, aveuglé par mes propres envies, sans prendre de précautions. Je ne pensais pas que le cinquième garçon aurait peur de ma magie. J'aurais dû intervenir, avant qu'il ne brise la magie qu'il avait en lui. J'aurais dû m'occuper de ce petit morceau de magie, laissé seul au milieu d'une forêt. J'étais trop occupé à vous regarder jouer et danser, pour voir que je devais aussi vous protéger.
Kai regarda sa carte, la seule retourné. Elle représentait une paire d'ailes ensanglantées.
- Je suis mort, lâcha-t-il.
Il se souvenait de ce qui s'était passé dans la maison, de la chose qui les avait attaqué, du feu dans la cuisine, de sa mère et de Léa qui l'appelaient à les rejoindre. Il se souvenait de la fumée pénétrant sa gorge, de sa respiration coupé, de ses poumons gonflés, de sa peau brûlé.
- Je suis mort, répéta-t-il.
- Plus ou moins, répondit l'Étoile.
Il leva les yeux vers elle. Elle souriait. Du moins, il le devinait plus que ne le voyait.
Elle pleurait aussi, il le devinait plus qu'il ne le voyait.
- Quand on est confronté à la magie, les choses naturelles ne sont plus aussi évidente. Cet endroit ne se trouve ni dans l'espace, ni dans le temps. Ici il n'y a pas de mort ou de vie, alors ici tu n'es pas mort.
- Mais là-bas je le suis.
- Les choses naturelles sont différentes, pour quelqu'un comme toi. Tu n'es plus tout à fait humain, tu sais, comme les quatre autres garçons. Vous êtes imprégné de magie, alors c'est avec la magie que vous devez voir ce genre de chose. Pour certains tu es mort, pour d'autres tu es parti à l'étranger pour quelques années. Pour certains vous avez été attaqué par un être maléfique ce soir-là, pour d'autres vous vous êtes simplement disputé, et pour d'autres encore vous n'étiez même pas ensemble ce soir-là, il y a juste eu un incendie dans la maison de Soobin causé par un problème d'électricité. Il y a différentes temporalités, différentes versions d'une même histoire, et différentes fins possible à chaque histoire. C'est aux garçons de choisir la leur.
- Je ne comprend pas, avoua-t-il, perdu.
l'Etoile lui prit la main. Son contact n'était pas vraiment solide, ni complément absent. C'était plus l'idée de lui tenir la main qui lui donnait l'impression de ses doigts contre les siens, qu'une véritable sensation physique.
- Laisse-moi te raconter le passé, le présent et le futur.
l'Etoile conta alors l'histoire de cinq enfants qui se rencontraient dans un monde magique. Elle raconta la peur de l'un d'entre eux qui, ne souhaitant pas devenir un monstre, arracha une corne de sa tête. Les quatre autres garçons le trouvaient, le rassuraient, l'aimaient, et ils partirent tout les cinq à la découverte de l'île.
Mais la corne, elle, resta abandonné au coeur de la forêt.
Ce petit éclat de magie se changea en Ombre, elle s'impregna de colère, de soif de vengeance, et décida de faire abattre le malheur autour d'elle. l'Etoile n'en avait pas prit conscience, trop occupé à regarder les garçons. En délaissant le morceau de magie qu'elle avait elle-même créé elle condamnait ses protégés au pire des dangers.
l'Etoile raconta le présent. Les garçons se retrouvaient, il apprenaient à se connaître de nouveau, à s'aimer, à s'accepter. Les sentiments et les histoires se mêlaient, ce n'était pas facile de s'aimer. Alors les garçons faisaient des erreurs, ils se disputaient, ils se négligeaient, ils se mentaient. L'Ombre se nourrissait de chaque noirceur. Elle devenait plus puissante, et l'Etoile perdait peu à peu le contrôle. Bientôt, elle se retrouva éjecté de ce qu'elle avait elle-même créé. L'Ombre avait prit le pouvoir avec une seule idée en tête: tuer le garçon qui l'avait arraché à lui.
- Mais les choses se sont compliqué, grâce à son pouvoir Taehyun a vu ce que l'Ombre prévoyait de faire. Il a fait en sorte de vous séparer et ça a fonctionné, car si vous étiez retourné à Magic Island l'Ombre aurait tué Yeonjun. Mais elle n'a pas abandonné pour autant, elle est sortie de Magic Island pour vous retrouver. Et cette fois son plan avait changé: elle ne voulait plus tué Yeonjun, mais toi, Soobin, Beomgyu et Taehyun. Elle s'est dit que ce serait pire pour Yeonjun de perdre ses amis plutôt que de mourir lui-même.
- C'est pour ça qu'elle nous a attaqué dans la maison de Soobin. C'est pour ça qu'elle s'en est prise à moi.
- Elle ne vous a pas tous tué ce soir là, mais elle n'abandonnera pas.
Kai frissonna. Il pensa à ses amis, qu'avaient-ils ressentit en le voyant mort ? Que se passerait-il maintenant pour eux ? Avaient-ils conscience d'être chassé par une ombre assoiffé de vengeance.
Il se sentait tellement impuissant, tellement faible.
- Kai, laisse-moi te montrer le futur maintenant. Un futur triste, horrible, mais qu'il faut voir pour comprendre toute l'étendue du danger.
l'Etoile lâcha sa main pour la déposer sur l'une des quatre cartes restantes, celle qui était piquante. Elle l'a retourna, et Kai fut surpris de n'y voir qu'un rectangle blanc.
- Regarde bien Kai, regarde mieux. Voici le futur de Beomgyu.
La carte se mit à trembler et bientôt les images défilèrent dessus...
Beomgyu se tenait assit devant une chambre d'hôpital, la tête entre ses mains. Il tremblait, il pleurait, et serrait si fort ses lèvres entres ses dents que bientôt le sang remplissait sa bouche.
La porte était ouverte, il entendait la voix du médecin à l'intérieur, il entendait les sanglots des parents et de la soeur de Taehyun.
Ce dernier s'était réveillé il y a quelques heures à peine. Complètement perdu, pour plus de précaution on ne lui avait pas raconté ce qui était arrivé.
Taehyun n'avait pas dit un mot. Il n'en disait toujours pas.
Il avait refusé son repas. Il avait même refusé de boire de l'eau.
Et face à sa maigreur affolante, le médecin préconisait de le faire interner dans une clinique spécialisée.
Beomgyu restait à la porte. Il avait entraperçu Taehyun sans oser l'approcher. Mais il ne pouvait tout de même pas partir, il n'y arrivait pas.
Son père l'avait appelé, lui avait ordonné de se rendre à la maison. Mais il ne pouvait pas bouger, il en était incapable.
Il ne pouvait rien affronter.
Quelqu'un vient s'assoir à côté de lui, attrapa sa main, et le prit dans ses bras. Il n'eut pas à relever la tête pour savoir de qui il s'agissait, les sanglots de cette personne suffisait.
- Soobin, je ne peux pas affronter ça... Je ne peux pas... C'est trop dur pour moi.
Soobin le répondit pas, il se contenta de l'étreindre plus fort.
Yeonjun arriva à leur côté, il s'accroupit en face d'eux et, doucement, releva leurs visages vers lui.
- On va s'en sortir. Tout ira bien, murmura-t-il.
Il mentait. Rien ne pouvait allez bien.
Kai était mort.
Rien ne pourrait plus jamais aller bien.
L'Ombre planait au-dessus d'eux.
Elle souriait.
Beomgyu se tenait assit au chevet de son meilleur-ami. Heeseung avait eu un accident, il avait été plongé dans le coma durant plusieurs semaines et avait reprit connaissance il y a quelques jours à peine. Beomgyu n'était pas sorti de sa chambre depuis la mort de Kai, mais lorsqu'il avait apprit pour le réveil de son meilleur-ami enfin son corps lui avait parut capable de bouger.
Il n'avait pas revu Soobin et Yeonjun depuis la tragédie. Il savait que ces deux-là allaient souvent visiter Taehyun à l'hôpital, ils envoyaient des messages pour donner des nouvelles. Yeonjun surtout, Soobin paraissait s'éteindre à petit feu.
- Tu as l'air d'un mort. C'est pourtant moi qui revient du coma, lui lança Heeseung, qui forçait un sourire amusé.
- Désolé. Je vais... Moyennement bien ces temps-ci.
- Raconte-moi.
- Je ne vais pas t'embêter avec mes histoires, tu es plus à plaindre que moi et...
- Beomgyu. Raconte-moi.
Alors il raconta. Il parla de sa bande d'amis, de leurs rires, de leurs souffrances, de leurs amours, de leurs erreurs et de tout ce qui constituait la magie de cinq garçons réuni par le destin.
Il pleura en expliquant que l'un d'entre eux avait trouvé la mort.
Il pleura en disant que l'un d'entre eux s'était fait hospitalisé.
Il pleura en parlant de tout ce qui avait été gâché, de tout ce qu'ils auraient pu mieux faire, de comment ils auraient pu sauver Kai, de comment ils se sentaient impuissant pour Taehyun.
Il confessa, d'à quel point il aimait Taehyun.
- Putain Beomgyu, qu'est-ce que tu fiches ici ?
- Hein ?
- Je t'ai dis: qu'est-ce que tu fiches ici ?
Beomgyu sécha ses joues trempés pour fixer son meilleur-ami, confus.
- Putain, tu veux finir comme moi ? Depuis mon accident j'ai perdu l'usage de mes jambes, je suis plein de regret, plein de rêves gâchés, je ne fais que penser à tout ce que je ne pourrais plus faire, tout ce que j'aurais dû faire avant. Alors putain, Beomgyu tu vas allez me trouver ce Taehyun et lui dire, droit dans les yeux, à quel point tu l'aimes. Fais-le maintenant, où il sera trop tard. Cours le trouver et dis-le lui. Si tu ne fais rien, tu le regretteras.
Les paroles de Heeseung étaient comme un coup de poing, non, pire que ça, comme un train qui le heurtait de plein fouet pour le ramener à la réalité.
Une réalité où il était en train de tout gâcher.
Il avait déjà perdu Kai, il ne perdrait pas Taehyun.
Beomgyu se leva, remercia son ami en pleurant, et se mit à courir.
L'Ombre le regardait. Elle ne souriait plus. Elle savait qu'elle devait agir maintenant, où Beomgyu allait tout gâché.
Beomgyu demanda à Yeonjun l'adresse de l'hôpital où se trouvait Taehyun, et se mit à courir vers l'arrêt de bus. La pluie tombait, tout à coup, le ciel s'assombrissait au point que les voitures doivent allumer leurs phares et que lui-même se mettent à plisser des yeux pour voir où il marchait.
La pluie battait contre son crâne, si violente qu'elle semblait vouloir le ralentir, le faire tomber, l'enfoncer contre la terre. Mais Beomgyu tenait bon, il ne pensait qu'à Taehyun, dans son crâne défilait milles et un scénarios de ce qu'il devrait lui dire.
"Je t'aime depuis le premier jour"
Les voitures se mettaient à ralentir sur la route trempé. Les roues pataugeaient, personne n'avait jamais vu une telle pluie.
"Non, je ne t'aime pas depuis le premier jour. Enfin si, mais en tant qu'ami. Et puis au fil du temps ça à changé, mes sentiments pour toi ont évolué"
L'un des conducteurs perdit totalement le contrôle de son véhicule.
"Je sais que ça paraît soudain, je n'osais pas tenter quoi que ce soit. Mais plus je te regardais, plus mon coeur battait"
La voiture glissa, quitta la route. Le conducteur avait beau appuyer sur les freins, la vitesse ne tombait pas.
"Plus j'apprenais à te connaître, plus je te regardais sourire, plus je t'écoutais parler et plus je sombrais pour toi"
Beomgyu ne vit pas tout de suite la voiture qui lui fonçait dessus.
"J'aurais dû te le dire avant, je suis désolé"
Il ne se retourna qu'au dernier moment, et n'aperçu que deux phares brillant.
Ils n'étaient ni jaune, ni blanc, mais vert et violet.
"Taehyun, je suis amoureux de toi"
Kai recula, horrifié, ne pouvant pas croire à ce qu'il venait de voir. Il voulait éloigner cette carte de lui, la déchirer, la détruire, faire qu'elle ne soit plus que l'affreux souvenir d'un cauchemar.
Beomgyu ne pouvait pas mourir.
- Je sais, triste et horrible, je t'avais prévenu. Regardons le futur de Soobin, maintenant, murmura l'Etoile, en retournant la carte brûlante.
Les obsèques de Kai avait été les premières auquel Soobin avait assisté.
La pjtot de son ami souriante, les fleurs coloré qui l'entouraient, la musique macabre qui s'élevait et tout les pleurs qui l'accompagnait. C'était trop pour lui, Soobin avait à peine réussi à s'incliner pour offrir ses condoléances à la famille.
Il s'était enfui juste après, pleurant à chaude larme devant le bâtiment. Et Yeonjun l'avait suivit, serré dans ses bras, il n'en avait pleuré que davantage.
Taehyun n'était pas venu, son médecin ne l'avait pas autorisé à sortir.
Beomgyu était le seul à être resté. Il était le seul à avoir accompagné Kai jusqu'à la fin.
Et désormais, c'était devant la photo souriante de Beomgyu que Soobin s'inclinait.
Les obsèques de Beomgyu était les secondes auxquelles il assistait.
Il n'avait pas envie de pleurer.
Il n'avait pas envie de prier.
Il se sentait vide. Il avait l'impression qu'il n'y avait que du vide dans l'urne à cendre. Beomgyu ne pouvait pas être dedans, c'était impossible.
Kai n'était pas mort.
Beomgyu n'était pas mort.
C'était impossible.
Il n'y avait pas beaucoup de monde dans la salle. Quelques membres de la famille, quelques camarades de classe, Heeseung en fauteuil roulant. C'était des obsèques aussi triste que les quelques fleurs accompagnant la photo. Le père de Beomgyu brillait par son absence.
Yeonjun se tenait à côté de Soobin, main dans la sienne, pleurant sans pouvoir s'arrêter. Taehyun était un peu plus loin, ses parents avaient réussi à le faire sortir, ils se collaient à lui comme pour l'empêcher de tomber. Entre ses mains, Taehyun tenait une petite fleur violette sur laquelle tombait ses larmes.
Ce n'était que les secondes obsèques auxquelles Soobin assistait. Et pourtant, il pouvait déjà dire que c'était les plus tristes de toutes.
Soobin ne sortait plus beaucoup de chez lui. Il n'allait plus à l'école, il ne descendait plus manger avec ses parents, il n'acceptait de parler à personne.
Son unique contact restait Yeonjun.
Yeonjun qui venait sonner chez lui de temps en temps, qui saluait poliment ses parents, lui ordonnait de mettre ses chaussures et le trainait jusqu'au bus.
Ils allaient d'abord chez le fleuriste, puis voir les tombes de Kai et Beomgyu, leur déposer un bouquet chacun, récupérer l'ancien qui avait fané. Puis ils reprenaient le bus, roulaient jusqu'à l'hôpital, marchaient jusqu'à la chambre de Taehyun.
Chaque mouvement devenait une routine, Soobin les suivait comme un robot programmé. Sans ressentir quoi que ce soit.
Taehyun ne leur parlait pas, il ne parlait à personne. Alors ils s'asseyaient juste avec lui, regardait ses joues creuses, les fils plantés dans son bras, tout ces tuyaux qu'on lui accrochait pour le nourrir. Taehyun n'ouvrait plus la bouche. Ses lèvres gercées étaient comme collé.
Soobin le comprenait. lui aussi, il aimerait se taire à jamais.
Yeonjun parlait. Il racontait ses journées de lycée, il parlait de ses révisions, de ses examens en approche, de toute les soirées qu'il manquait. Il parlait de tout et de rien, de rien surtout. Juste pour maintenir un semblant de vie entre leur trois corps.
Il était le seul vivant des trois.
Ce jour-là, le silence retomba alors que Yeonjun partait aux toilettes. Soobin regardait le ciel, Taehyun fermait les yeux, il le croyait endormi.
Il le croyait, jusqu'au moment où sa main squelettiques trouva la sienne.
Jusqu'au moment où il ouvrit la bouche, pour la première fois depuis des semaines.
- Soobin-hyung...
Sa voix n'était plus que l'ombre de ce qu'elle avait été. À peine un murmure, à peine un bruit. Et pourtant, Soobin l'entendit.
- Soobin, tout va bien... N'est-ce pas ?
Et alors que Taehyun parlait pour la première fois depuis des semaines, Soobin se mit à pleurer pour la première fois depuis des semaines.
Soobin avait reçu trois messages de Yeonjun. Ce dernier quittait le lycée dans dix minutes, il prendrait le bus, un trajet de quinze minutes, puis viendrait le trouver. Il mettrait ses chaussures, prendrait le bus, achèterait des fleurs, les déposerait sur les tombes de Kai et Beomgyu, puis il ira voir Taehyun.
Comme presque tout les jours.
L'Ombre plana au-dessus de lui. Elle se mit à murmurer.
Non, ça ne se passerait pas comme tout les jours.
Soobin se leva. Ses parents n'étaient pas à la maison. Yeonjun ne viendrait que d'ici une demi-heure.
C'était suffisant.
Il ne répondit pas au message de son ami, et ouvrit sa conversation avec Kai. Le dernier message datait de sa mort, du moment exact de sa mort.
Un ultime appel à l'aide auquel Soobin n'avait pas répondu.
- Je suis désolé... Tellement désolé, sanglota-t-il.
Tout était de sa faute.
L'Ombre planait au-dessus de lui.
Uniquement de sa faute à lui.
L'Ombre souriait.
Ses amis étaient mort à cause de lui.
Soobin passa sa tête entre ses draps noué.
L'Ombre lui prit la main.
Tout allait bien.
L'Ombre le poussa à monter sur la chaise.
Tout irait bien.
L'Ombre poussa la chaise.
Bientôt, il n'aurait plus mal.
- Je suis désolé...
L'Ombre se mit à rire.
Kai chassa la carte alors que la dernière image apparaissait, elle retomba au sol, retourné, et il tenta de chasser de son esprit la vision du corps de Soobin, pendu à son drap.
Pitié que l'un de ses parents soient rentré plus vite du travail.
Pitié que Yeonjun soit arrivé en avance.
Pitié, c'était trop.
- Regardons le futur de Taehyun.
- Non, s'il te plaît, je ne peux...
Mais la carte rugueuse se retourna, et les images défilèrent...
Taehyun avait l'impression de sortir d'une prison dès qu'il quittait l'hôpital, et pourtant il ne se sentait pas mieux. Son estomac le tiraillait, il voulait vomir à chaque seconde, faire sortir de son corps tout ce que les médecins y implantait.
Il voudrait vomir son estomac, son sang, ses poumons, son coeur.
Il voudrait que tout disparaisse.
Il voudrait disparaitre lui même.
- On est arrivé.
Il sentit à peine le freinage de la voiture, mais le froid glacial le heurta lorsque la porte s'ouvrit. Il était congelé, constamment, si bien que les infirmières lui criait dessus dès qu'il poussait le chauffage à son extrémité et y collait sa peau fragile.
Il avait froid. Il avait mal. Il aimerait que tout disparaisse.
- Taehyun, tu n'es pas obligé d'y allez. Tu peux rester ici si tu veux, lui murmura son père, qui s'accroupit à ses côtés.
Il secoua la tête et fit bouger ses jambes tremblantes pour sortir de la voiture. Il avait froid, il avait mal, il avait l'impression que chaque mouvement le cassait davantage. Et pourtant, il ne voulait pas rester immobile.
Pas aujourd'hui.
Par alors qu'il devait faire ses adieux à Soobin.
- Taehyun, appuis-toi sur moi, lui ordonna Yeonjun, en enroulant son bras au sien.
Il ne répondit pas, mais suivit le pas de son ami. Il devinait les regards peiné de ses parents sur lui, ainsi que leur reconnaissance envers Yeonjun.
Depuis la mort de Soobin son ami n'allait plus à l'école, il passait ses journées à l'hôpital, à son chevet. Il n'avait plus rien à raconter, il restait seulement à ses côtés, des heures et des heures sans un mot.
Lorsque Taehyun avait du mal à bouger Yeonjun lui portait secours. Il le faisait marcher dans les jardins de l'hôpital, il l'aidait à se laver, il allumait la télé et choisissait les émissions et les séries qui pourrait lui plaire.
Yeonjun était éteint depuis que Soobin était parti. Et Taehyun le savait, son ami ne vivait désormais plus que pour s'occuper de lui.
Ses parents aussi le savaient. Ils avaient vite compris ce qu'il se passait, ils voyaient leur fils sombrer au côté du seul ami qui lui restait.
Alors, quand ils venaient à l'hôpital pour le visiter, ils emmenaient quelque-chose à manger pour Yeonjun. Ils lui parlaient, tentaient de le faire sourire.
Mais plus aucun des deux ne souriait vraiment.
Et lorsqu'ils approchèrent de la photo de Soobin, lorsqu'ils s'inclinèrent pour un ultime au-revoir, lorsqu'ils saluèrent les parents de Soobin. Accroché l'un à l'autre, il surent qu'ils ne pourraient plus jamais sourire.
- Je voulais te remercier, Yeonjun, d'être là pour notre fils.
Taehyun dormait, ou du moins c'est ce que tout le monde croyait dans la pièce. En réalité, il n'arrivait juste pas à ouvrir les yeux.
Ça arrivait parfois.
Ça arrivait de plus en plus souvent.
Son corps était de plus en plus lourd à transporter, la veille Yeonjun avait dû le porter pour qu'il puisse allez se laver. Et ses paupières, elles, commençaient aussi à peser leurw poids.
Il avait vomi du sang cette nuit.
Il ne l'avait fait savoir à personne.
- Vous n'avez pas à me remercier Monsieur Kang. J'ai besoin d'être là, Taehyun est tout ce que j'ai.
- Tes parents vivent loin, n'est-ce pas ?
- Oui, je suis venu tout seul à Séoul pour entrer dans un bon lycée. Je vis à l'internat.
- Tu pourrais faire venir tes parents, nous pourrions les loger chez nous si tu veux. Ça te ferait du bien, non ?
- Je ne sais pas. Ma mère pense que tout va bien. Elle pense que je suis heureux, quand je lui parle au téléphone.
Taehyun n'avait pas besoin d'avoir les yeux ouvert pour savoir que son père venait de prendre Yeonjun dans ses bras. Lui aussi, il aimerait étreindre son ami.
Mais il était incapable de bouger.
Incapable d'ouvrir les paupières.
Il avait peur.
Il avait envie de crier.
De hurler.
De leur faire savoir qu'il ne dormait pas.
De leur faire savoir qu'il avait l'impression de mourir.
Et qu'il avait peur de mourir.
- Monsieur, j'ai l'impression d'être mort. J'ai l'impression que quelque-chose est mort en moi, sanglota Yeonjun.
- Ce que vous vivez est trop dur, vous êtes trop jeune, j'aimerai tellement pouvoir faire quelque-chose, pleura son père.
- Taehyun, tu ne me laisseras pas, hein ?
Lorsque la voix de Yeonjun lui parvient, il ne pu ouvrir les yeux. Encore une fois.
Quel jour étions-nous ?
Depuis combien de temps dormait-il ?
Depuis combien de temps était-il à l'hôpital ?
- Je ne pourrais pas vivre, si tu disparaissait à ton tour.
Son coeur lui faisait mal. Il n'arrivait pas à ouvrir les lèvres pour le faire savoir.
- Je suis tellement désolé, pour tellement de chose.
"Yeonjun, je crois que je suis en train de mourir"
- J'aurais dû être un meilleur ami, un meilleur grand-frère... C'est pas normal, qu'ils soient tous parti avant moi.
"Yeonjun, ne lâche pas ma main. Je t'en supplie, ne me laisse pas seul"
- Je vais devenir fou, si tu t'en va aussi.
"J'ai peur, j'ai tellement peur. Ne lâche pas ma main"
- Je suis tellement désolé.
"C'est moi qui suis désolé"
- Je t'aime.
- Moi aussi.
La voix de Taehyun n'avait été qu'un souffle, à peine un murmure.
Il ouvrit un oeil.
Un seul.
Quitta la réalité pour entrer dans une forêt d'arbre mort, sur un paysage brûlé où les étoiles avaient disparu.
Il fit un pas, mais quelque-chose le retenait en arrière. Une main, qu'il ne voyait pas, mais qui ne le lâchait pas.
La main de Yeonjun.
Qui glissait peu à peu de la sienne.
La main de Yeonjun disparaissait.
Non, c'était celle de Taehyun qui disparaissait.
C'était lui, qui glissait hors de la pente vivante.
Et quand il voulu faire demi-tour pour s'accrocher a cette main, déjà elle n'était plus là.
"C'est fini, Taehyun"
Beomgyu se tenait face à lui. Il souriait tristement.
Son corps était recouvert de sang.
"Viens marcher avec nous"
Soobin se tenait là aussi, une corde fermement serré à son cou pendait sur son passage.
Taehyun comprit que c'était leurs mains désormais qu'il devait saisir. Ses doigts osseux trouvèrent les leurs, peau glacé contre peau glacé.
Et tout les trois s'en allèrent déambuler au milieu de la forêt morte. Trois âmes en peine qui marchaient sans fin dans la froideur de leurs propres souvenirs.
Kai n'avait plus la force de dire quoi que ce soit. Il fixait cette image en noir et blanc, ce tableau mortuaire de trois corps se traînant infiniment. Le destin de ses amis, qui ne trouveraient jamais la paix.
Il s'imagina à leur côté, la peau et les vêtements calciné, les poumons rempli de fumée.
Le seul réconfort qui lui restait, c'était de penser que dans la souffrance de la mort ils seraient réunis.
Jamais seul, toujours ensemble.
- Pas complètement, soupira l'Étoile.
Elle posa sa main sur la dernière carte.
- Yeonjun ne vous rejoindra pas.
Le futur du dernier de ses amis se révéla à lui...
Durant les obsèques de Taehyun, Yeonjun se tenait du côté de la famille.
Ce n'était pas le cas pour ses autres amis. Il n'était qu'un visiteur venu offrir ses condoléances, personne ne connaissait ses relations avec eux, alors il n'avait pas osé s'avancer.
Mais ici c'était différent. Il avait vécu ses dernieres semaines au chevet de Taehyun, il avait côtoyé la famille de ce dernier plus que n'importe qui.
Il vivait chez eux, en ce moment.
Dans l'ancienne chambre de son ami.
C'était Monsieur Kang qui l'y avait emmené. Bien conscient que Yeonjun se serrait déjà jeté d'un pont, si on l'avait laissé seul.
Toute la famille pleurait. D'anciens camarades de classes venaient offrir leur condoléances. Il sentait les regard curieux sur sa personne, mais n'en accrochait aucun, ne prononçait pas un mot.
Ne lâchait pas une larme.
Dans son esprit, ne tournait que toute les possibilités qu'il aurait de pouvoir retrouver ses amis.
- Je vous remercie, du fond du cœur, d'avoir pris soin de notre petit garçon ! S'exclama madame Choi.
- Vous n'avez pas à me remercier, c'est tout à fait normal, il a prit tellement soins de mon petit garçon ! Répondit Monsieur Kang.
Yeonjun regarda sa mère et le père de Taehyun se serrer la main et s'étreindre chaleureusement.
Il regarda ses valises à l'entrée de sa maison.
Il regarda cette vieille maison humide dans laquelle il avait grandit.
Reniflant l'odeur des champs et de la fermes.
Écoutant le beuglement des vaches et le chant des oiseaux.
Il était chez lui. À la maison.
Lentement, il arpenta le parquet grinçant et légèrement terreux. La cuisine, le salon, les chambres, tout était exactement comme il les avait laissé à son entrée au lycée.
Un chien ronflait sur un cousin à côté du canapé, il respirait avec peine et sa bave s'étendait sur le tissu moelleux.
Yeonjun s'accroupit à côté de la vieille bête, qui leva un oeil fatigué vers lui. Il montra les dents, comme pour sourire, et sa queue remua un peu.
- Je suis rentré, Pok, murmura-t-il.
Le chien émit un faible grognement joyeux.
Et comme s'il attendait la présence de Yeonjun, comme s'il voulait le voir une dernière fois, deux jours plus tard Pok s'éteignit à son tour.
- Je ne sais plus quoi faire chéri. Il n'est plus comme avant, ce n'est plus mon petit garçon. J'ai l'impression d'avoir accueilli un étranger. Non, pire que ça, un mort.
- Ça va aller, il a besoin de temps. Tout ira bien.
Yeonjun entendait vaguement la conversation entre ses parents, le corps appuyé contre la porte de sa chambre, la tête pressé contre le bois, il écoutait leurs plaintes.
Il était ici depuis plusieurs jours. Non, plusieurs semaines. Non, plusieurs mois.
Il ne savait pas.
Le temps n'avait plus d'importance.
Plus rien n'avait d'importance dans le monde réel.
"Tu me déprimes. Viens, on fait une partie. Je te paris un gimbap que je gagne 10 - 0"
Beomgyu sautait sur son lit. Yeonjun avait envie de le reprimender, de soupirer ou de sauter avec lui.
Il parvenait juste à sourire.
"Beomgyu arrête de sauter ! Tu vas me faire tomber !"
Kai rebondissait sur le matelas, les bras levé pour tenter de stopper Beomgyu. Bientôt les deux se mirent à se chamailler en rigolant.
Yeonjun riait avec eux.
"Vous pouvez pas rester calme deux secondes, aïe !"
Taehyun, assit sur le rebord du lit, se prit un oreiller en plein visage. Plus amusé qu'agacé, il se lança dans la bataille.
Yeonjun se leva, bien décidé à les rejoindre.
"Ils s'amusent bien"
Soobin se tenait à côté de lui, la main plongé dans un paquet de chips.
Yeonjun le regarda, il sentit les larmes lui monter aux yeux.
Pourquoi, soudainement, avait-il envie de pleurer ?
Sur le lit, ses amis ne bougeaient plus. Soobin les avait rejoint. Tout les quatre, ils le fixaient.
Yeonjun voulait sourire.
Il voulait pleurer.
Perdu entre deux émotions, ils se mit à danser.
Ils dansaient avec lui, tout les quatre, il en était persuadé.
- Yeonjun, tout ça c'est dans ta tête.
Sa mère lui parlait, elle plaçait son visage juste face au sien. Il sentait ses mains sur ses joues, il sentait son souffle sur sa peau, son regard brûlant cherchant ses yeux.
Mais il ne la voyait pas.
"Elle raconte n'importe quoi" affirma Beomgyu.
- Ils n'existent pas Yeonjun. Il n'y a personne d'autre que nous trois dans cette maison.
Son père s'exprimait d'une voix ferme, autoritaire. Mais elle lui semblait comme un murmure lointain.
"Bien sûr qu'on existe ! Yeonjun, tu n'en doutes pas, n'est-ce pas ?" S'exclama Kai.
- Regarde-moi mon chéri, regarde-moi. Il n'y a personne, juste nous.
Sa mère tentait d'attraper ses yeux, en vain. Yeonjun fixait, inlassablement, les quatre garçons qui se tenaient à l'autre bout de son salon.
"On existe, parce-que tu en as besoin. Ils ne peuvent pas nous faire disparaitre, ni eux ni le psychologue qu'ils t'obligent à voir. Tu as besoin de nous"
Yeonjun hocha la tête. Dans le regard de ses parents brillait l'espoir qu'ils l'écoutent enfin, que la lumière de la raison perce son crâne pour le sortir de ses propres méandres de folie.
Mais Yeonjun ne les voyait même plus. C'est pour les paroles de Taehyun qu'il acquiesçait.
"On sera avec toi pour toujours. Yeonjun, tu ne seras jamais seul" lui promit Soobin, avec ce sourire qu'il aimait tant.
- Pour toujours, répéta-t-il.
Et la joie de ses parents disparu en constatant qu'il ne les regardait pas, qu'il ne leur souriait pas, qu'il ne leur parlait pas.
Yeonjun s'adressait à un coin de mur vide, auprès duquel il croyait voir ses meilleurs amis.
- Kai, on peut encore les sauver, affirma l'Etoile.
Toute les cartes avaient révélé leurs terribles histoires, et Kai les effleura une à une.
La voiture qui percutait Beomgyu.
Le corps de Soobin pendu à une corde.
Les yeux de Taehyun clos à tout jamais.
Et le sourire fou de Yeonjun.
- Comment ? Vous avez perdu le contrôle, et moi je suis... Plus ou moins mort.
- Il suffit de changer le futur en modifiant les souvenirs du passé.
l'Etoile vient le prendre dans ses bras.
- Leur faire oublier que tu es mort, leur faire croire que vous vous êtes seulement disputé, que vous reprenez votre vie chacun de votre côté. Puis un jour, lorsqu'ils seront prêt, nous leur révélerons la vérité.
Kai se mit à pleurer contre la chaleur de l'étoile.
- Nous leur révélerons la vérité, quand ils seront assez fort pour affronter l'Ombre. Quand ils seront assez fort pour s'affronter eux-mêmes.
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