Part II - 25

°2017°

Quelques heures avant leur dernière soirée, Kai deprimait sur le rebord de son lit. Le corps étendu, sa tête penchée vers le sol, son sang remontait sur le bout de crâne. Ses tempes frappaient, ses yeux brûlaient, et les larmes retombaient à l'envers sur son visage.
Il observait les posters qui ornaient les murs de sa chambres, entre lesquelles des centaines de photos couvraient la couleur nacré du papier peint. Il fixait les posters, pour ne pas voir les photos.

Pour ne pas regarder leurs visages.

Pour effacer Soobin, pour effacer Yeonjun, pour effacer Beomgyu, pour effacer Taehyun.

Il ferma les yeux. Kai avait envie de tout oublier.

D'éteindre le présent. De faire taire le futur.

D'effleurer le passé, de l'étreindre, de le rejoindre, et de ne plus jamais avoir à avancer.

Kai ouvrit les yeux. Un chat venait de miauler.

Il se tourna vers la fenêtre de sa chambre, le chat l'observait derrière la vitre. Un oeil vert, un autre violet. Le chat souriait, est-ce qu'un chat pouvait sourire ?

- Suis-je tombé dans le trou d'un lapin ? Tu ressembles au chat du pays des Merveilles, murmura-t-il.

La pluie se mit à tomber, le chat ne bougea pas. Il le fixait, il souriait.

Et Kai eu soudain un élan de nausées.

- Va-t-en. Va-t-en s'il te plaît.

Le chat le fixait. Le chat souriait.

- Va-t-en. Laisse-moi.

Le pelage du chat était aussi blanc et bouffie qu'un nuage de pureté, mais depuis ses yeux volait une ombre malicieuse.
Kai avait envie de vomir. Il avait les oreilles qui sifflaient. Il commençait à avoir mal partout.

Il ressentit la peur. Il ressentit la terreur.

Et lorsque le chat ria, son corps entier se mit en alerte.

- Attend, ne bouge pas ! S'exclama-t-il.

Mais le chat était déjà partie.

Kai tremblait tellement qu'il aimerait juste plonger sous ses draps, se recroqueviller comme un enfant, croire que les monstres et les fantômes n'apparaissaient pas quand on se réfugiait son la chaleur d'un lit. Mais il savait ne pas avoir affaire à des monstres imaginaires, ou à des fantômes qui ne venaient jamais.
Le chat était réel. Le chat était magique. Il le sentait au plus profond de lui.

Le chat lui faisait ressentir cette même angoisse qu'il avait dès qu'ils voyageaient à Magic Island, depuis le début de cette année au lycée. Quand ils s'amusaient tout les cinq, quand ils levaient les yeux pour constater que l'Etoile n'était plus là, quand ils ressentaient une vive crainte faire frémir leur coeur, et riaient plus fort pour l'ignorer.

Magic Island n'était pas aussi chaud et agréable que durant leur enfance. Quelque-chose avait changé, quelque-chose s'était glacé, quelque-chose se tenait tapis dans l'ombre à les observer.
Ils n'osaient pas se l'avouer, mais il y avait quelque-chose dans leur îles magique qui provoquait un profond malaise.

Et ce chat lui faisait ressentir exactement la même chose.

Kai enfila ses chaussures à la hâte, attrapa une veste, et dévala les escaliers de sa maison.

- Kai, où est-ce que tu vas ? Il pleut dehors.

Il ne répondit pas à son père, prit la porte et la claqua assez fort pour secouer la maison.
Puis il se mit à courir, poursuivant le chat qui sautillait tranquillement entre les voitures. Certaines se mirent à klaxonner alors que Kai se frayait un chemin dans l'embouteillage, plusieurs vitres s'abaissèrent pour lui hurler qu'il était fou.
Il en fichait, il poursuivait le chat, il écoutait le chat.

Le chat s'était mit à chanter. D'un voix éraflée, un chantait sur l'air de la berceuses de l'Etoile.

Cinq garçons reliés par une île

Cinq garçons attachés à des promesses.

Qui est le menteur ?

Qui est le traître ?

Les garçons ne se comprennent plus.

Et alors que la nuit atteint son point ultime.

Je chante pour eux le plus beau des requiem.

Le traître doit payer. Pour le sauver, seriez-vous prêt à vous sacrifier ?

Pour lui faire mal, quatre coeurs vont être arraché.

Je chante pour la folie.

Je me nourris de leurs cris.

Il ne restera qu'un garçon, je me le suis promis.

Le chat disparu, sous la pluie battante Kai n'avait pas regardé la route, il ne savait pas où sa course folle l'avait mené. Mais lorsqu'il levait les yeux sur la maison qui lui faisait face, aux jolies murs blanc éclairés par les éclairs qui trouaient le ciel, la peur remonta jusqu'à son coeur.
Trois garçons se trouvaient devant lui, face à la porte d'entré, fixant la serrure.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? Demanda-t-il.

Les trois garçons se tournèrent vers lui, Kai eu l'impression d'être face à trois fantômes, à trois mort-vivant. Ils le regardaient sans le regarder, vides, balançant leurs corps, comme des poupées inanimées qu'on mouvait avec un fil.
Beomgyu fut le premier à cligner des yeux, suivit de Yeonjun, puis de Taehyun. La vie s'alluma sur leurs iris sombre, ils froncèrent les sourcils, observant de droite à gauche, déboussolé.

- Qu'est-ce qu'on fait là ? Demanda le premier.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Enchaîna le second.

- On est... C'est chez Soobin non ? Fit remarquer le troisième.

Ils se retournèrent vers la porte close. Kai sentait le goût de la bile au fond de sa gorge, ses amis ne semblaient réellement pas comprendre comment ils étaient arrivé jusqu'ici. Et, effectivement, en vu de leurs accoutrements on devinait qu'ils n'avaient pas prévu de venir.
Beomgyu portait un bas de pyjama et une chemise devenu lourde par la pluie, l'un de ses pieds étaient nu tandis que l'autre présentait un chausson rempli de boue.
Taehyun, lui, était en chaussettes, vêtu d'un pull trop grand et d'un short qui lui retombait au genou. Il tenait un stylo dans la main et des lunettes anti-lumiere bleu sur les yeux. Il devait être en train de travailler avant d'arriver ici.
Quant à Yeonjun, il portait un jean troué et un débardeur collé au corps. Le maquillage coulait sur son visage trempé, il y avait une cigarette éteinte dans sa main droite et un verre vide dans sa main gauche, il sentait le tabac humide, l'alcool et la transpiration. Il laissa tomber les deux objets avant de passer ses mains dans ses cheveux ébouriffés, secoué par la peur.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? Putain, comment je suis arrivé ici ? Pourquoi on est ici ? Je ne me rappelle de rien, qu'est-ce qui m'arrive ?

- Je ne me souviens de rien non plus, murmura Beomgyu.

Taehyun recula, son visage se tordait peu à peu par l'horreur.

- On doit partir... Il ne faut pas rester là, on ne doit pas rester ensemble.

- Qu'est-ce qui se passe putain ! Répéta Yeonjun, pour la troisième fois.

Kai le observait sans rien dire, perdu, mais bien moins qu'eux. Lui il savait ce qu'il faisait là, contrairement à eux il était venu de son plein grès, il n'avait pas subit l'étrange trense qui les habitait quand il était arrivé.

La sonnette de la maison retentit, mais aucun des quatre n'avait appuyé dessus. Il n'y avait personne devant la porte, et pourtant quelqu'un avait sonné.
Ils reculérent, alors que le battant s'ouvrait sur Soobin. Ce dernier posa un regard surpris sur eux, et Kai le soupçonna d'hésiter à leur claquer la porte au nez.

- Qu'est-ce que vous...

Les mots de Soobin périrent dans un étranglement, alors qu'un vent violent secouait leurs corps.

Cinq garçons reliés par une île

Cinq garçons attachés à des promesses.

Qui est le menteur ?

Qui est le traître ?

Les parents de Soobin étaient parti en début d'après-midi, ils ne devaient rentrer que très tard dans la nuit. Ils avaient longtemps hésité à le laisser seul, malgré qu'il leur assure que tout allait bien ils avaient été à deux doigts d'annuler leur rendez-vous. Finalement il les avait poussé à y allez, c'était trop important pour le travail de son père, il ne voulait pas être un poids supplémentaire en les voyant annuler pour lui.
Il s'était donc retrouvé seul chez lui. Seul, complètement seul. Il ne l'avait pas été depuis longtemps.
Ses parents restaient constamment à ses côtés, inquiet pour sa santé, inquiet qu'il ne soit en train de péter un câble, inquiet qu'il soit en train de devenir fou. Il l'était, fou, depuis bien longtemps déjà. Mais plus encore en ce moment, alors que ses cauchemars empiraient et que ses nuits s'écourtaient.

Il avait l'impression d'être suivit, d'être surveillé, il sentait une présence constante dans chaque coin de pièce où il se tenait.

Il y avait une ombre qui le suivait. Il ne l'a voyait pas, il l'a sentait, il l'entendait. Elle murmurait, elle murmurait constamment.

"Pourras-tu le sauver ?" Murmurait-elle.

Il l'entendit encore, au moment où la sonnette de l'entré résonna dans toute la maison. Elle le sortit de ses pensées, il se fit violence pour s'extraire du canapé, pour se reconnecter au vrai monde, tenir une conversation correcte avec la personne qui sonnait.

Mais Yeonjun, Beomgyu, Taehyun et Kai se tenaient derrière la porte.

- Qu'est-ce que vous...

Et derrière eux, le monde tombait en morceau.

Les bâtiments s'effondraient, la foudre fracassait le sol, les gens hurlaient et mourraient. Soobin hurla, pressa ses amis d'entrer et claqua la porte alors qu'un éclair tombait dans son jardin. Un grondement retentit, faisant trembler la maison, puis plus rien.
Il ouvrit de nouveau la porte, dehors le monde allait bien. Il devenait fou, au point de calquer ses rêves sur la réalité, au point de croire à l'apocalypse. Il aurait rit de lui-même, si les garçons ne se tenaient pas derrière lui, inquiet.

Il aurait peut-être dit quelque-chose, si la porte ne s'était soudainement pas échappé de ses doigts pour se fermer toute seule. Il eu beau appuyer sur la poignée, tirer, l'entrée était totalement bloqué.

- Putain... Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Yeonjun, derrière lui.

Soobin se tourna vers lui, et cette fois plutôt que de voir le monde s'effondrer, c'est son monde qui tomba en morceau.

Yeonjun était pâle, si pâle. Ses yeux vitreux, d'où coulait des larmes visqueuses, pourrissant à la base de sa mâchoire. Entre les trous de vêtements déchirés rampaient des vers et des asticots, dévorant sa chair et sa peau.

"Tout est de ta faute. Ça va arriver, par ta faute" murmura l'ombre, entre deux rires écorchés.

Les garçons ne se comprennent plus.

Et alors que la nuit atteint son point ultime.

Je chante pour eux le plus beau des requiem.


Yeonjun regarda autour de lui, cette maison dans laquelle ils s'étaient parfois réuni, lorsque Soobin parvenait à obtenir les clés de la résidence secondaire de ses parents. Il avait toujours apprécié cet endroit, c'était calme, petit, douillet, parfait pour leurs soirées.
Mais aujourd'hui, il lui semblait avoir pénétré dans un lieu laissé à l'abandon. La poussière recouvrait les meubles aux peintures ternes et fissurés, des toiles d'araignée occupaient l'espace et l'odeur de la moisissure emplissait ses narines.

Il ne comprenait rien, comment était-il arrivé ici ? Que c'était-il passé ? Pourquoi les autres ne semblaient pas comprendre non plus ?
Soobin leur avait hurlé de rentrer, c'est ce qu'ils avaient fait, puis la porte d'entrée s'était verrouillé d'elle-même. La peur tordait son estomac, ils devaient fuir, quelque-chose leur voulait du mal, il n'arrivait pas à chasser cette idée de sa tête.

Un hurlement le sortit de sa torpeur, tailladant son coeur en comprenant que c'était Soobin qui avait crié. Le visage de ce dernier se muait soudainement en terreur, il s'effondra contre la porte, les mains plaquées contre ses oreilles et les joues noyés de larme. Yeonjun accouru vers lui, mais quand il voulu le toucher Soobin hurla plus encore en se recroquevillant. Kai s'était précipité également, et c'est contre lui que le garçon alla trouvé refuge. Se laissant entraîner dans ses bras, fermant les yeux sans cesser de pleurer.

- Faites cesser ça... Je vous en supplie... Arrêtez, sanglotait-il.

Yeonjun tenta une nouvelle fois de l'approcher, mais quand il l'effleura Soobin ouvrit des yeux horrifié et hurla encore.

- Recule Yeonjun, tu lui fais peur ! S'exclama Kai, en prenant le visage de leur ami entre ses bras.

Comme pour le protèger. Le protéger de lui ? Yeonjun recula, le coeur déchiré, l'estomac retourné.

"Ne me touche pas, ne m'aime pas, ne... Je déteste ça"

Il avait envie de hurler, de pleurer, de vomir. Il se redressa, chancelant, ne supportant plus de voir Soobin ainsi. Ses jambes lui semblaient faible, alors qu'il se dirigeait vers la cuisine et jeta un jet d'eau glacé sur son visage. Il avait besoin de se remettre les idées en place, de prendre du recul. Il ne comprenait rien, il avait l'impression de vivre en plein cauchemar.

Plus rien ne semblait avoir de sens.

C'était la magie qui faisait ça ?

Une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter.

- Hyung, ne part pas tout seul. Il ne vaut mieux pas se séparer.

Il ouvrit les yeux sur le lavabo, aspergea une nouvelle fois son visage de glace puis se tourna vers Taehyun.

Et ce fut à son tour de hurler, alors que le visage du plus jeune lui apparaissait recouvert de sang.
Pas seulement son visage, tout son corps, le rouge carmin envahissait son être, trempait ses vêtements trop ample, révélait ses formes squelettiques. Yeonjun se jeta sur son ami, un sanglot dans la gorge, cherchant à effacer le sang qui couvrait sa peau. Mais alors qu'il levait les mains, alors qu'il n'avait pas encore touché Taehyun, il trouva ses doigts recouvert de cette substance rouge carmin.

Du sang de son ami.

Quand il leva les yeux sur la pièce, il vit que Beomgyu, Kai et Soobin les avaient rejoint. Ils le fixaient, tout les cinq. Il n'y avait plus de larmes, plus de mots, plus d'inquiétude. Ils le fixaient juste, recouvert le sang, ils le fixaient comme s'il était coupable.

Les mains de Yeonjun étaient recouverte du sang de ses quatre amis.

Le traître doit payer. Pour le sauver, seriez-vous prêt à vous sacrifier ?

Pour lui faire mal, quatre coeur vont être arraché.

Taehyun recula, alors que la terreur se dessinait sur le visage de Yeonjun. Ce dernier avait d'abord crié, avant de vouloir le toucher, puis s'était figé en observant ses mains. Il pleurait désormais, il pleurait si fort.
Il n'y comprenait rien, d'abord Soobin, ensuite Yeonjun, il avait l'impression de les regarder devenir fou. Il avait l'impression qu'ils devenaient tous fou.

Il avait peur.

Il était terrifié.

Il avait la nausée.

Il avait envie de vomir.

Il avait mal au cœur.

Tout n'était qu'un cauchemar, un horrible cauchemar. Il s'était efforcé de séparer leur groupe pour sauver Yeonjun, mais quelque-chose les avait réuni aujourd'hui. Cette même chose qui en voulait à la vie de son ami, il en était certain.

Ils devenaient fou.

Ils sombraient.

Tout était de sa faute.

Il avait tellement mal au cœur.

- Oui, c'est de ta faute.

Il se tourna vers l'entrée de la cuisine, où se tenait Beomgyu. Ce dernier souriait, c'est lui qui avait parlé, mais quelque-chose clochait.

Ce n'était pas sa voix.

- Mais pas seulement la tienne, c'est votre faute à tous. À presque tous. Tu es déjà à moitié mort, je devrais te tuer en premier.

Beomgyu s'avança. C'était lui qui parlait, mais ce n'était pas sa voix.

Il souriait. Ce n'était pas son sourire.

Mais pourtant, c'était son corps, c'était ces traits, c'était lui.

Taehyun recula, à chaque pas qu'il faisait en arrière Beomgyu en faisait un en avant. À chaque pas sur le côté, Beomgyu en faisait un également.

- Tu ne pourras sauver personne de toute façon. Pars en premier, c'est un cadeau que je te fais. Tu n'auras à voir aucun des autres mourir.

Beomgyu lui tendit la main.

- De toute façon, il n'y a aucun autre moyen pour vous.

Taehyun eu le réflexe de sauter par dessus la table, alors que Beomgyu se jetait sur lui. Il se mit à courir vers le salon, puis emprunta l'escalier. Il ne voyait aucune issu, la porte d'entrée était close, quelque-chose de maléfique dansait dans les yeux de Beomgyu et il voulait à tout prix l'éloigner des autres.

Il voulait les tuer. Tous les tuer.

Ce n'était pas son ami.

Mais c'était son corps, son visage. Il n'y comprenait plus rien.

Beomgyu le rattrapa au milieu du couloir, Taehyun parvient à lui échapper en se laissant tomber contre la première porte venu. Quelques-uns de ses os semblèrent se briser alors qu'il s'étalait sur le sol de la chambre de Soobin. Il se sentait tellement fiable, son coeur lui faisait tellement mal, il avait tellement froid.
Il se déplaça en rampant, sous un rire rauque qui n'était pas celui qu'il avait tant de fois entendu.

Ce n'était pas le rire de Beomgyu, et pourtant c'était bien lui qui avançait vers lui avec un sourire cruel.

- Qu'est-ce que tu essayes de faire ? De fuir ? De vivre ? T'en a plus pour longtemps de toute façon. Ce n'est que ta punition, c'est votre punition à tous.

Soudainement, la peur, la nausée et la douleur s'éteignirent. Ne restait que le froid, le vide, le silence.

- Ça sera rapide, ça va effacer toute les douleurs. Tu ne désires que ça au fond, disparaitre.

Beomgyu était au-dessus de lui, les mains sur son cou. Il serrait, serrait si fort. Mais Taehyun n'avait pas mal, il ne ressentait plus rien.

Et tout allait bien.


Je chante pour la folie.

Je me nourris de leurs cris.



À l'instant même où il avait reprit conscience devant la maison de Soobin, Beomgyu avait vu l'Ombre. Elle flottait derrière Kai, gondulant comme une flaque d'eau mouvante à la forme approximative. Des billes vertes et violettes brillaient en plein coeur, accompagné d'un sourire aux dents noircies. Quand elle se déplaçait l'Ombre laissait derrière elle une fumée noire, une poussière cendré, et la putanteur des enfer.
Elle se tenait derrière Kai, mais quand la porte s'ouvrit c'est vers Soobin qu'elle se dirigea. Elle lui passa à travers, alors que le garçon leur hurlait d'entrer. Elle riait derrière lui, quand il s'effondra en criant. Puis elle passa à travers Yeonjun, et ce dernier se mit à courir vers la cuisine. Beomgyu essaya de prévenir ses amis, mais Kai et Soobin ne l'écoutaient pas, comme s'ils ne l'entendaient plus, ne le voyaient plus. Il se tourna alors vers Taehyun, mais ce dernier se précipitait pour rejoindre Yeonjun.

Et l'Ombre le suivait, sans cesser de rire.

Beomgyu arriva trop tard dans la cuisine, à peine eut-il franchi la porte qu'il vit l'Ombre passer à travers Taehyun. Puis elle se tourna vers lui, et cessa de rire.

- Toi, tu peux me voir ? Demanda-t-elle.

Elle avait la voix la plus horrible qu'il n'ai jamais entendu, une musique de sons graves et écorchéd, les notes les plus atroces placé en quête de la pire harmonie.

- Taehyun, viens vers moi, dit-il à son ami, en essayant d'ignorer le regard de l'Ombre.

Le jeune homme se tourna vers lui, il avait l'air terrifié.

- Viens doucement, prend ma main. Tout va bien se passer, on va sortir d'ici.

Il s'avança, mais Taehyun recula. Tenta de l'esquiver, de le fuir. L'ombre imitait chacun de ses pas, elle se remettait à rire.

Taehyun avait l'air d'avoir si peur.

Et Beomgyu avait l'impression qu'on lui arrachait le coeur, quand il comprit que son ami avait peur de lui.

- Tout va bien se passer. C'est moi Taehyun, je suis Beomgyu, je ne te veux pas de mal. Je ne te ferais jamais de mal.

Mais son ami ne l'écouta pas, il profita d'un minuscule ouverture pour fuir la cuisine. L'Ombre le suivait toujours, collé à sa peau, et Beomgyu se lança à leur poursuite.
Taehyun tomba dans la chambre de Soobin, puis se mit a ramper en criant. Il serrait sa main sur l'emplacement de son coeur, tremblait comme s'il convulsait et sa respiration devenait un long sifflement.

- Taehyun ! Écoute-moi ! Écoute ma voix ! Je ne te veux pas de mal !

L'Ombre se dressa sur le rebord de la fenêtre, les observant comme un spectacle, alors que Beomgyu se penchait sur Taehyun. Il lui attrapa le visage, le força à le regarder, à l'écouter. L'Ombre disparu, et avec elle la terreur qui tordait les traits du plus jeune.

- C'est moi, c'est juste moi. Tout ira bien. Je suis là, murmure Beomgyu, en tirant son ami contre lui.

Et il y croyait. Durant un bref instant, il croyait que tout irait bien. Il croyait qu'ils allaient s'en sortir, tous. Il croyait qu'ils étaient fort, invincible ensemble.

Mais l'odeur de fumée qui attrapa ses narines, l'épaisseur brûlante qui pénètra sa gorge et les tremblements de Taehyun qui reprenaient contre lui, firent voler ses derniers espoirs en éclat.

Il ne restera qu'un garçon, je me le suis promis.

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