Part II - 2

°2017°

- J'arrive toujours pas à y croire.

Beomgyu lâcha son portable des yeux pour se tourner vers son meilleur ami, étalé à même un lit forgé pour ne contenir qu'une seule personne. C'était à peine si les draps se trouvaient bien organisés dessus, à l'image de la chambre toute entière qui se faisait l'exemple même de ce qu'on appelait bordel. Une valise à peine défaite, des habits et bibelots qui trainaient déjà de droite à gauche, ainsi que des posters patientant d'être punaisé au mur.
Une chambre déformé comme Beomgyu en avait toujours rêvé.

- Croire quoi ? Demanda-t-il en étalant ses jambes sur le ventre de Heeseung, qui prenait décidément trop de place sur un matelas qui n'était pas le sien.

Son meilleur-ami grimaça en tentant de le repousser, ce qui lui donna envie de l'embêter plus encore en se servant de lui comme siège. Les deux jeunes lycéens bataillèrent ainsi plusieurs secondes avant de chacun trouver la place qui lui convenait sur le lit trop petit, sourire aux lèvres et rire gonflé dans la gorge.

- J'arrive pas à croire que ton père t'ai laissé emménager à l'internat, déclara finalement Heeseung en désignant du doigts les quatre murs bordéliques qui les entouraient.

La joie déjà présente sur le visage de Beomgyu trouva une mutation plus intense encore, entre le bonheur inouï et la malice. Il avait bataillé comme jamais pour obtenir une chambre dans l'internat de son école, loin de sa maison, de son père, de ses règles étouffantes.

Cette année serait, il l'espérait, le début d'une liberté dont il rêvait tant.

- Oh tu sais il a suffit que je lui dise que ça serait plus pratique pour les études, qu'ainsi je serais dans un environnement de travail constant, que je pourrais passer mes nuits à bosser à la bibliothèque et plein d'autres trucs comme ça, expliqua-t-il.

- Et il t'a cru ?

- Je suis du genre persuasif.

- Hum... Je suis certain qu'il voulait juste se débarrasser de toi.

- C'est une possibilité.

Bien que cette situation ne se portait pas vraiment au sourire les deux amis rièrent de bon cœur. Oui, la relation que Beomgyu entretenait avec son père s'apparentait à une guerre constante dont les seules pauses consistaient à un bref cessé le feu imposé par sa mère. D'après ses souvenirs ça avait toujours été ainsi, il ne correspondait pas à l'image du petit garçon parfait que son père aurait aimé élever. Même lorsqu'il faisait tout les efforts du monde, sa véritable personnalité et ses passions le menaient toujours à engendrer une énième dispute.
Pourtant ce n'était pas faute d'essayer, souvent, trop souvent, il tentait de se conformer aux attentes de son géniteur. Il essayait d'être sage et poli, discret et distingué, un bon élève qui ne se consacrait qu'aux études, trainait avec de bonnes personnes et se préparait à un avenir stable.

Mais ce n'était pas lui, ce garçon parfait n'était pas Choi Beomgyu. Lui il voulait s'amuser, rêver, écouter de la musique et composer des chansons qu'il souhaitait jouer au monde entier. Tout ce que son père haïssait, tout ce que Beomgyu aimait.

- Parfois tu n'aimerais pas pouvoir t'en allez loin d'ici ? Demanda-t-il, alors que le silence perdurait depuis trop longtemps dans la pièce.

- Pour allez où ?

Beomgyu tourna la tête vers son meilleur-ami qui fixait par la fenêtre le soleil qui entamait une lente descente vers le sommeil. Leur première journée en deuxième année de lycée s'achevait et, même si ça avait semblé des heures de cours parfaitement ordinaire, il avait le sentiment que quelque-chose d'extraordinaire se produisait aujourd'hui.
Était-ce parce-qu'il avait emménagé à l'internat et pourrait ainsi côtoyer son père le moins possible ? Peut-être, le goût de la liberté le rendait affreusement euphorique.

Mais il y avait autre-chose, un sentiment qu'il n'expliquait pas et qui pourtant enlaçait sa poitrine depuis le début de la journée.

- Loin de notre réalité, dans un autre monde où on pourrait être qui on veut et réalisé toute nos envies. Un monde où on est juste heureux sans penser aux problèmes.

Il vit Heeseung hocher la tête à ses paroles, mine qui comprenait ce qu'il entendait par là malgré son visage qui perdurait teinté de traits septique.

- Moi j'aime bien ma réalité, j'ai pas envie d'allez dans un autre monde. Et puis un endroit comme tu le décris c'est trop utopique, soit ça cache quelque-chose de très sombre soit c'est impossible que ça existe.

Face à la réponse de son ami Beomgyu afficha une mine boudeuse, ce point de vu terre à terre ne lui plaisait aucunement.

- Tu es trop sérieux, ça fait du bien parfois d'imaginer un monde magique dans lequel on pourrait juste s'enfuir.

- Un monde genre le Pays des Merveilles de Alice ou le Pays Imaginaire de Peter Pan ?

- Un peu comme ça oui, mais sans la reine qui coupe des têtes et les pirates sanguinaires. Juste de la magie et du bonheur.

- Ouais, c'est vrai que ça serait agréable, mais ce genre de monde n'existe pas. Il n'y a que la réalité et on doit l'accepter sinon on est triste pour rien.

Les pensées de Heeseung ne lui plaisaient décidément pas, mais c'est justement pour ça qu'ils étaient meilleurs-amis. Chacun possédait sa propre approche du monde et sa vision de leurs existences, ils les confrontaient souvent pour constater leurs différences et s'en amuser.
Beomgyu aimait énormément son ami, il aimait passer du temps avec lui et discuter, débattre de leurs idées. Mais il est vrai que parfois il aimerait pouvoir parler avec des personnes partageant des sentiments et opinions similaires aux siennes, il aimerait pouvoir être compris dans son désir de fuite d'une réalité qui ne lui plaisait pas. Heeseung avait beau être ouvert d'esprit il ne pouvait pas comprendre ça, parce-qu'il acceptait le monde tel qu'il était, il ne pouvait pas comprendre les gens comme Beomgyu qui s'y sentait étouffé en permanence.

Mais il n'y a que dans ses rêves qu'il rencontrait des personnes comme lui, dans de profonds songes qui devenaient des déceptions à chaque éveil.

- Quand j'étais petit j'avais rêvé d'un monde comme ça, c'était merveilleux, murmura-t-il.

Son meilleur-ami posa sur lui des yeux curieux, l'incitant à approfondir ses paroles. Alors c'est que ce Beomgyu fit, une douce chaleur rependu dans sa poitrine tandis que les souvenirs revenaient faire surface:

- C'était après une dispute avec mon père, la plus violente de nos disputes. Je lui avais dit que je voulais devenir musicien et ça ne lui avait pas plu. On s'est crié dessus très longtemps et il a fini par casser la guitare que j'avais reçu à Noël. J'ai tellement pleuré ce soir-là, tellement que mon oreiller était trempé, puis j'ai entendu la voix d'une femme qui me parlait et quand j'ai ouvert les yeux je n'étais plus dans ma chambre. C'était un rêve si réaliste... Je me suis réveillé dans ce qui semblait un terrier, j'en suis sorti et j'ai levé les yeux vers un ciel étoilé comme je n'en avait jamais vu avant, il était magnifique. J'étais dans un autre monde, un monde magique, féerique et je m'y suis promené pendant si longtemps avec l'impression d'être enfin apaisé.

- Ce n'était pas effrayant d'être dans un endroit inconnu tout seul ? Demanda Heeseung, qui se muait de nouveau de septicisme derrière sa lueur curieuse.

Les lèvres de Beomgyu furent tiré avec la même tendresse délicate qui recouvrait le monde magique de ce vieux rêve. La nostalgie le gagna comme s'il s'agissait d'un endroit réellement visité, le plus beau et agréable de tout les mondes.

- Je n'étais pas seul là-bas, au fil de ma promenade j'ai rencontré quatre autres enfants. Ils étaient comme moi, de nouveaux arrivants dans ce monde inconnu, et nous l'avons visité ensemble. Nous jouions et rêvions ensemble, nos regards sur des étoiles qui apaisaient toute nos peines.

- C'était qui ces garçons ? Demanda Heeseung.

- Je n'en sais rien, tout les cinq avions des masques sur la tête et je ne connaissais pas leurs voix.

- Normalement notre cerveau est incapable de rêver de personne qu'on ne connait pas, elles sont toujours inspiré de gens qu'on a déjà rencontré.

Beomgyu haussa les épaules, bien peu soucieux d'analyser ce rêve avec une science ennuyeuse.

- Nous étions tous masqué, mais nous avions aussi des particularités inhumaines, comme si cet endroit nous avait partagé un peu de sa magie pour nous intégré à lui. Il y avait des plantes qui poussait sur mon corps, l'un des garçons présentait des oreilles pointu comme les elfes, l'œil d'un autres se colorait de noir et le reflet d'une étoile brillait dedans, un autre avait des ailes d'ange que le dos. Et sur la tête du dernier une corne similaire à celle des cerfs poussait.

- Une seule ? Questionna Heeseung.

- Une seule, à son réveil dans ce monde magique il a prit peur de voir des cornes sur sa tête et en a arraché une. Il croyait devenir un monstre, mais nous sommes arrivé par la suite et il s'est rendu compte qu'il n'était pas un monstre. On était tous inhumain et pourtant plus nous-même que jamais, on se comprenait sur ce point là, on était heureux.

- C'est un drôle de rêve.

- C'était un rêve magnifique.

- Comment il se termine ?

Le sourire de Beomgyu coula peu à peu, la lueur de la nostalgie se transforma en une fine et douloureuse mélancolie. À l'époque il aurait tellement aimé que ce rêve ne se termine jamais, aujourd'hui encore il voudrait y replonger et sentir de nouveau l'air pure emplir ses poumons d'une profondeur apaisante.
Il voudrait de nouveau jouer et rire avec ces quatre inconnus, regarder les étoiles avec eux et sentir l'union qui se tissait entre leurs âmes.

- La même voix féminine revient nous parler, elle nous dit qu'il est temps de repartir. Nous sommes tous triste alors on se fait la promesse de se retrouver, on se promait de fuir de nouveau dans cet endroit et nous y amuser infiniment tout les cinq.

Et cette promesse Beomgyu aimait parfois s'en rappeler pour y croire encore, comme quand il était enfant et qu'il espérait que ce rêve soit une réalité, qu'il souhaitait avoir réellement été porté dans un monde magique avec quatre garçons comme lui. Évidemment que tout n'était que fausseté, la création de l'esprit d'un enfant malheureux qui voulait fuir son existence. Mais se souvenir de ce rêve lui faisait du bien, imaginer qu'il puisse avoir été vrai l'apaisait parfois, penser qu'il pourrait y retourner lui donnait la force de tenir quand vivre ses rêves devenait trop dur.
Espèrer un monde où il pourrait être lui-même lui donnait soif de liberté, bien que la peur de se défaire complétement de ses parents le maintenait enchaîné.

- Faut que j'y aille, sinon je vais rater le dernier bus.

Heeseung se redressa brusquement, le regard sur sa montre à l'heure déjà tardive. Lui ne résidait pas à l'internat, à la grande peine de Beomgyu qui aurait aimé partager cette expérience avec son meilleur-ami.
C'est avec un dépit masqué qu'il l'accompagna jusqu'à la sortie du bâtiment, souhaitant rester en sa bonne compagnie le plus longtemps possible.

- Ça ira ?

Un sourire amusé peigna le visage de Beomgyu, évidement Heeseung le connaissait assez bien pour savoir qu'il était aussi excité qu'effrayé à l'idée de vivre seul. Certes ce n'était pas une indépendance complète puisqu'il partageait ce bâtiment avec de nombreux autres lycées, sous une surveillance accrue et obligé d'obéir à des horaires précis. Mais c'était tout de même la première fois qu'il vivait loin de ses parents, qu'il se retrouvait seul puisque le garçon face à lui était son unique ami.

Libre et seul, est-ce que ces deux termes trouvaient leur place en tant que synonyme ?

Beomgyu le croyait, il n'était jamais plus seul que quand il cherchait la liberté en étant lui-même.

Et pourtant un grand sourire lui éclaira les traits, même lui ne saurait dire s'il était sincère ou mensongé, et il hocha la tête avant de faire signe à son ami de se dépêcher pour ne pas rater son bus. Avec la silhouette de Heeseung qui s'éloignait son sourire s'abaissait, libre et seul, voilà comment il se sentait.

Ajouté à cela cette autre émotion sur sa poitrine, chaude et gluante, dont il ignorait l'identité et l'origine. Depuis ce matin elle le hantait, il s'était éveillé avec la ferme impression que quelque-chose de spécial se produisait aujourd'hui. Mais quoi au juste ? La rentrée des classes ? Oui, mais l'impression semblait plus profonde que ça.
Au final la journée touchait à sa fin et rien de particulier ne s'était produit, il ressentait encore cette émotion sans comprendre d'où elle lui venait. Peut-être se faisait-il des idées, sûrement, très probablement.

Parler du rêve d'autrefois augmentait la sensation dans sa poitrine. Il n'expliquait pas son envie soudaine de le raconter, de s'en souvenir si vivement au point de ressentir le manque. Le fait qu'il goûte plus ou moins à la liberté sûrement, très probablement.

Comme la fatigue de la journée s'accumulait à ses idées emmêlés il décida de tout effacé par une bonne douche chaude. Les salles de bains communes étaient malheureusement l'un des seul gros point négatif de l'internat, lui qui aimait tant passer des heures devant le miroir à organiser son physique, mais en échange d'une vie loin de son père il était prêt à tout affronter.
Après avoir récupéré quelques affaires de toilettes dans sa chambre Beomgyu accouru vers la salle de bain de son étage. Le bâtiment de l'internat était immence, presque autant que l'école en elle-même, puisqu'il contenait un nombre conséquent de chambres individuelles, un self, un foyer muni d'une télé, et même une bibliothèque. L'endroit parfait pour une vie de lycéen paisible, parfait pour lui.
Il ne croisa personne dans les couloirs, à cette heure-ci les pensionnaires savouraient déjà leur repas ou terminaient leurs séances de révision pour les plus studieux. Avec un peu de chance il aurait même la salle de bain pour lui tout seul.

C'est ce qu'il cru d'ailleurs au départ puisque la pièce lui parut déserte en entrant. En vu de l'état des lavabos il devina que de nombreux étaient venu se laver avant le repas, mais également que la plupart des garçons de son étage n'était pas très propre puisqu'ils laissaient trainer derrière eux serviettes, cotons usagés, affaires de toilette, cheveux ou encore des morceaux de dentifrice que le robinet n'avait pas emporté. Beomgyu grimaça à cette vision, il n'était pas lui-même quelqu'un de très maniaque, mais se laver dans un environnement sale faisait partie de ce qu'il haïssait. Il prit néanmoins sur lui et rejoignit une cabine de douche, puis se lava en essayant de ne pas penser à tout les corps qui l'avait précédé dans cet endroit.

Lorsque le jet cessa de lui couler sur la tête il constata que du bruit se faisait entendre depuis la cabine d'à côté, il n'y avait pas fait attention mais un autre garçon se douchait également à cette heure peu fréquenté.
Beomgyu ne s'était jamais frictionné, rincé, séché et habillé aussi rapidement, savoir qu'il se lavait dans en même endroit que de nombreux autres le dégoûtait. Il sortit rapidement se positionner devant un miroir, sortit toute les lotions qu'il destinait à son visage, son sèche-cheveux et son peigne. Et alors qu'il commençait tout juste à déplier ses mèches trempés, il fut surpris par une personne qui s'installa juste à côté de lui, auprès de l'unique amas de prises de la pièce. Il ne le regarda pas tout de suite, stupidement gêné de prendre soin de son physique au côté d'un inconnu, et appliqua maladroitement une huile qui maintenait la teinte chatain claire de ses cheveux.

- C'est un shampoing pour les couleurs ?

La question de son voisin le fit tellement sursauter qu'il manqua des faire tomber son flacon, et en tournant enfin le regard il fut prit d'un affreux frisson en constatant qu'à côté de lui se tenait le fameux élève populaire de dernière année, celui dont tout le monde recherchait l'amitié, une parole ou ne serait-ce qu'un coup d'oeil. Celui qu'on voyait tout le temps entouré d'une bande folle de lui, qui attirait les yeux envieux, se faisait inviter à toute les fêtes et faisait à lui seul la fierté de l'école.
Choi Yeonjun en personne, ses cheveux blonds retombant trempé sur son visage nu de maquillage, simplement vêtu d'un bas de jogging et d'un tee-shirt délavé, sans bijoux ni autre accessoire. Et pourtant toujours accompagné de son aura si curieuse, celle qui faisait de lui le centre de l'attention permanente.

Beomgyu n'avait évidemment jamais adressé la parole à ce garçon de deux ans son aîné, il l'avait vu de loin comme tout le monde, l'admirait de loin, peut-être plus que quiconque. Se tenir à ses côtés dans le cadre d'une salle de bain lui semblait aussi déroutant qu'idéaliste.
Il fut d'ailleurs si stupéfait qu'il ne répondit pas à la question de Yeonjun, pas même par un mouvement de tête, ce qui poussa ce dernier à se saisir du sujet de sa curiosité pour en lire l'étiquette.

- "Pour cheveux claire", ça marche vraiment bien ? J'aime bien le blond sur moi mais la couleur tient jamais longtemps, c'est dur de trouver des produits qui ont une bonne efficacité.

Beomgyu resta un instant immobile, toute les forces en lui mobilisé pour remettre ses idées en place et donner une autre vision de lui que celle d'un lycéen figé devant son idole. Il se gifla en pensée avant de répondre, non sans stupides tremblements:

- Ça marche bien, j'en ai testé beaucoup et celui-là n'abîme pas les cheveux.

Yeonjun lâcha le flacon du regard pour l'observer, la simple brûlure intense de ses yeux suffit pour que Beomgyu sente le rouge lui monter au joue. Pourquoi diable devait-il réagir ainsi ? Ce n'était pas un dieu qui se tenait devant lui, juste un adolescent, un lycéen comme tout les autres.

Ou pas, Choi Yeonjun n'avait rien d'un garçon comme les autres. Il était plus, jusqu'à quel point ça Beomgyu ne pourrait pas le dire, mais il se tenait à des années lumière de la masse. Bien au-dessus, si supérieur qu'un simple regard de sa part était aussi rare qu'extraordinaire.

En faisait-il trop ? Oui, sûrement, très probablement. Mais tout le monde ne faisait trop quand ça concernait cet élève populaire, et le pire c'est que personne ne saurait en donner une raison.
Lui le pourrait, il n'admirait pas Yeonjun pour le simple plaisir d'imiter les autres, il ne l'admirait pas juste parce-qu'il était beau et dégageait une aura attirante, il l'admirait pour des raisons bien personnelles. Pas les mêmes que les autres lycéens, puisque quand il posait la question de pourquoi ils aimaient tant ce garçon tout le monde sans exception répondait seulement: "Parce-qu'il est Choi Yeonjun"

- Je t'ai déjà vu quelque-part.

Ce n'était pas une question que le plus vieux laissa échapper, mais bien une affirmation des plus totale. Il détaillait désormais le visage de Beomgyu avec des yeux plissés, donnant l'impression qu'il fouillait dans sa mémoire pour retrouver les souvenirs du plus jeune.

- Je suis en deuxième année, répondit-il, cette fois en parvenant à retenir ses bafouillements.

- Hum, alors j'ai du te croiser l'année dernière.

Sur cette phrase Yeonjun se leva, rangea rapidement ses affaires de toilettes sans les avoir utilisé et commença à prendre la direction de la sortie. Mais alors que Beomgyu s'attendait à le voir s'en allez sans une dernière parole, il se retourna vivement que le pas de la porte et ancra de nouveau ses yeux dans les siens.

- En fait non, je t'ai vu autre part, c'est ta voix qui m'est familière, lâcha-t-il.

- Ah bon ?

Il ne comprenait pas où Yeonjun avait pu entendre sa voix pour qu'elle lui semble aussi familière, ils ne s'étaient jamais adressé la parole et l'année dernière Beomgyu s'était contenté de l'admirer au loin, perdu dans la masse. Mais il devait bien avouer que lui aussi ressentait quelque-chose d'étrange, la chaleur dans sa poitrine augmentait, trop considérablement pour que ce soit le simple effet d'une conversation avec ce qui s'apparentait à son idole.
La voix du plus vieux résonnait en lui, pas seulement son physique ou son regard, mais surtout sa voix. Yeonjun parlait très peu, trop peu, en une année entière il ignorait même s'il l'avait déjà entendu.

Et pourtant elle provoquait en lui l'impression chaude d'y être attaché, accroché. Elle le peinait presque, ce qui était bien l'émotion la plus étrange qu'il ressentait à cet instant.

- C'est peut-être juste une impression, pardon de te déranger.

Cette fois Yeonjun se détourna et s'en alla pour de bon, le laissant seul avec ses questions et étranges impressions. Beomgyu resta un instant immobile à observer le sol, l'esprit mélangé sans en comprendre la raison.

Mais sûrement à cet instant aurait-il dû placer son regard sur le miroir. S'il l'avait fait alors il aurait aperçu sur le coin de son épaule de fines branches de bois qui poussaient délicatement.

Choi Yeonjun, lui, posa une main sur son crâne et ne fut nullement surpris de sentir la pointe d'une corne éclot entre ses mèches blondes. Un sourire éclaira ses lèvres, et dans le couloir désert il murmura:

- Je me souviens.

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