Part Final

°2024°

C'est le miaulement d'un chat qui réveilla Kai.

Il avait l'impression d'avoir dormi une éternité, d'avoir rêvé milles et une vies, de s'être fait transporter dans des mondes magiques à l'infini. Si on lui demandait de raconter son rêve alors il en serait incapable, des centaines d'images défilaient dans son esprit, elles s'effaçaient petit à petit.
La dernière fut celle d'une carte sur laquelle était dessiné une porte flottant au milieu des nuages. Cette image resta plus longtemps dans son esprit, puis s'effaça comme toute les autres.

Le chat miaula de nouveau. Il frotta ses yeux et se tourna vers la fenêtre.
Un chaton au pelage blanc grattait contre le battant, il sourit et se leva pour lui ouvrir. Les rayons du soleil illuminèrent les murs de sa chambre alors que la petite boule de poiles sautait à ses pieds et se frottait tendrement à ses chevilles. Son pelage était recouvert d'une drôle de poussière noir, il soupira en se penchant pour tenter de retirer cette saleté.

- Etoile, où est-ce que tu as traîné cette nuit ? Bahiyyih était très inquiète de ne pas t'avoir vu rentrer hier soir, on avait peur qu'il te soit arrivé quelque-chose.

Pour toute réponse le chat miaula et alla se rouler en boule dans son lit.
Kai passa la main dans ses cheveux emmêlés, jeta un coup d'œil à son téléphone pour constater que son réveil n'avait pas sonné. C'était étrange, il n'oubliait jamais de le mettre en route le soir avant d'aller se coucher. Il devait être affreusement fatigué la veille, ça expliquait sûrement ce sommeil profond envahi de rêve.
Ne perdant pas une seconde de plus, il enfila la première tenue qui lui tombait sous la main, coiffa comme il pu ses mèches rebelles, attrapa une veste et quitta sa chambre.

Il dévala les escaliers de sa maison deux par deux et déboula dans le salon qui sentait bon les pancakes frais. Son père et sa sœur petit-déjeunaient devant un dessin-animé,
Habituellement il serait passé devant eux en marmonnant un "bonjour", mais une sensation étrange naquit dans son estomac et le força à s'arrêter. Il eut soudainement très envie de les serrer dans ses bras, alors c'est ce qu'il fit. Surpris, les deux le regardèrent avec de gros yeux.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive Kai ? Tu as quelque-chose à te faire pardonner ? Demanda son père en riant.

Plus étrange encore, il avait l'impression qu'il aurait dû répondre oui. Il avait l'impression qu'il devait s'excuse à propos de quelque-chose, qu'il devrait pleurer dans leurs bras et leur demander pardon.

"Pardon d'être parti, pardon de vous avoir abandonné. Ça n'arrivera plus jamais, je vous le promet. J'ai choisi de vivre, d'aller de l'avant, et je le ferais"

Ces mots défilèrent dans son esprit sans qu'il ne sache vraiment d'où ils lui venaient, et surtout pourquoi ils lui venaient. Il n'était jamais parti, il était toujours resté là avec eux. Il avait toujours voyagé avec ses parents sans rechigner, il avait suivit son père quand celui-ci avait décidé de faire le tour du monde à la suite du décès de sa mère et de sa grande-sœur, pour oublier. Il avait même accepté de repartir faire le tour du monde une seconde fois après sa première année de lycée, lorsque son père s'était trouvé une petite amie avec qui il voulait découvrir de nouveaux horizons.
Kai n'avait jamais laissé ni son père, ni sa sœur. Même s'il avait été triste de quitter son lycée et ses amis, il n'avait pas rechigné. Avec les nouvelles technologies il pouvait communiquer avec eux nuit et jour, ils n'avaient jamais perdu contact et s'étaient retrouvé quand il était revenu, il y a de cela un an.

Beaucoup de chose avaient changé, ses amis notamment avaient beaucoup changé.
Mais ce n'était que pour le mieux, ça il en était certain.

- Etoile est venue miauler à ma fenêtre ce matin, elle est revenu rempli de poussière, lâcha-t-il avant de voler un pancake dans l'assiette de sa sœur.

Celle-ci ne prêta même pas attention à son geste et se redressa d'un coup, un grand sourire illuminant son visage. Elle se précipita vers l'étage, impatiente de retrouver le chaton qu'elle avait insisté pour adopter. Une pauvre bête qu'ils avaient retrouvé abandonné dans une flaque de boue il y a de cela un mois, et pour qui la benjamine de la famille s'était tout de suite voué d'affection.

Kai avala le pancake puis prit la direction de la sortie en souhaitant une bonne journée à son père. Mais avant d'ouvrir la porte d'entrée il se tourna vers le cadre photo qui habillait le plus grand meuble du salon, et offrit un sourire aux visages resplendissant de sa mère et sa grande-sœur.

- J'espère que vous êtes fière de moi, murmura-t-il, avant de quitter la maison.

De nouveau une étrange sensation attrapa sa poitrine, il choisi de l'ignorer et de profiter de cette belle journée.

Il se mit à courir pour rattraper le bus de justesse, se laissa tomber dans le premier siège venu et inspecta son téléphone. Il y avait plusieurs messages de la part de ses amis auxquels il se pressa de répondre, puis cliqua sur une notification Instagram qui lui venait du compte de Beomgyu. Un nouveau poste qu'il s'empressa d'aimer et de commenter. Même si ça perdait parmi les centaines de messages des fan de son ami, il n'oubliait jamais de laisser un mot d'encouragement sur les postes populaire de cette petite star montante.

Quand vient son arrêt il sauta presque du bus et se précipita dans la supérette qui se trouvait juste devant. Un petit magasin qui ne payait pas de mine, mais placé entre un collège et un lycée dont les élèves se révélaient les principaux clients. Et il n'y avait pas plus dépensier dans un magasin comme celui-ci qu'un étudiant affamé entre deux sessions de cours.
Dès qu'il entra dans la boutique la jeune caissière leva vers lui un regard amusé.

- Une minute de plus et tu étais en retard, Huening Kai, clama-t-elle.

- Désolé, mon réveil n'a pas sonné.

- Tu es pardonné pour cette fois, dépêche-toi d'aller te changer que je puisse prendre ma pause.

Il s'excusa une nouvelle fois et ne perdit pas une seconde pour rejoindre la réserve et enfiler son uniforme. Une fois de retour dans la boutique sa collègue lui servit nouveau sourire avant de lui laisser la place derrière la caisse.
Elle attrapa une boîte de nouille instantanées et s'apprêta à aller vers les tables au fond. Mais avant qu'elle ne puisse faire un pas, Kai prit son courage à deux mains et la rattrapa:

- Yuri ?

- Oui ?

Il fouilla les poche de son pantalon, priant pour ne pas avoir oublier le billet qu'il avait soigneusement acheté la veille. Heureusement il tomba vite sur le bout de papier et le lui tendit.

- Ce soir il y a un concert dans un bar du coin, c'est un ami à moi qui joue. Il était dans notre lycée, il y aura d'autres anciens camarades de classe à nous, comme Jay, Jake et Sunghoon. Et je me demandais si ça t'intéressais de venir ?

Elle observa le billet tendu, puis leva les yeux vers lui. Elle ne souriait plus.

- Est-ce que tu me proposes un rencard ? Demanda-t-elle.

Il se mit à rougir.
Jo Yuri était une ancienne camarade de classe lorsqu'il était en première année de lycée. Il en était amoureux, à l'époque, mais n'avait pas eu l'occasion de le lui dire, ni de la revoir puisqu'il avait quitté le pays par la suite. Mais en revenant dans cette ville, il y a un an, il avait eu la bonne surprise de la retrouver en tant que collègue dans cette supérette lorsqu'il était venu postuler.
Ils travaillent ensemble depuis un an, et c'était la première fois qu'il trouvait le courage de lui proposer une sortie.

- C'est... Oui, c'est un rencard, répondit-il, en sentant ses joues bruler.

Yuri attrapa le billet, un nouveau sourire brilla sur son visage.

- Je viendrais alors, viens me chercher chez moi.

Elle partie en sautillant, et le cœur de Kai se mit à battre plus vite.
























Yeonjun:
Putain je me suis pas réveillé !
11h15

Yeonjun:
Je risque d'être un peu en retard, désolé
11h15

Yeonjun:
Je fais vite, Mets-moi un gimbap de côté !
11h16

Kai:
Pas de problème, c'est moi qui invite ce midi
11h17

Yeonjun:
T'es le meilleur
11h17

Kai:
Je sais
11h17






















Yeonjun arriva complètement essoufflé devant la supérette où travaillait son ami. Il avait enfilé son pull à l'envers, oublié de fermer sa braguette et prit une veste bien trop chaude pour cette journée ensoleillée. Ses cheveux n'étaient pas coiffés, chargé d'épis, et il lui restait une trace de dentifrice sur le rebord de la bouche.
Si un ancien camarade de lycée venait à passer à côté de lui, il aurait sûrement bien du mal à reconnaître le Choi Yeonjun si populaire du temps de sa scolarité.

À sa manière, Yeonjun restait beau. D'une beauté naturelle, mature, loin des artifices de son adolescence. Il avait cessé de teindre ses cheveux, il avait cessé de se maquiller et achetait ses vêtements dans les friperies du coin. En parti parce qu'il n'avait pas l'argent pour autre-chose, également parce qu'il s'était prit de passion pour les vêtements de seconde main parmis lesquelles il fouillait et trouvait de belle pépite. Il aimait trimbaler ses amis dans toute ses friperies préférées et leur apprendre la meilleure manière de dénicher des trésors, puis il leur enseignait l'art de négocier avec un vendeur.
Il avait trouvé un job, récemment, dans l'un de ces magasins. Ce n'était pas cher payé, tout juste de quoi survivre, mais Yeonjun était habitué à compter ses sous. Il avait grandi dans une famille de fermier après tout, il n'avait pas été à la fac après le lycée et avait accumulé les petits emplois qui ne rapportaient pas beaucoup. Mais il savait économiser, il avait trouvé un appartement au dernier étage d'un immeuble et avait su agencer l'allure minable pour en faire quelque-chose d'agréable. Ses amis l'y avaient aidé, ayant plus d'une fois répété qu'ils ne pouvaient pas le laisser vivre dans un taudis. Ils avaient fait pour lui de nombreuses recherches d'appartements pour lui trouver autre-chose, Taehyun lui avait plus d'une fois inviter à venir habiter chez lui, la chambre de sa sœur était libre et ses parents seraient ravi de l'accueillir. Mais il refusait à chaque fois, il l'aimait bien son "taudis", ce qu'il préférait c'était de pouvoir grimper sur le toit et tenter de distinguer les étoiles derrière la pollution de la ville.

Si ses anciens camarades du lycée le voyaient, sûrement se diraient-ils que le garçon populaire dont toute les filles rêvaient avait échoué dans la vie. Il n'avait pas fait d'étude, il n'avait pas un bon métier, il était toujours "célibataire", il commençait à devenir un adulte et rien ne semblait vraiment lui réussir.
Pourtant, Yeonjun répondrait qu'il avait la meilleure des vies.

Il assumait chaque chemin emprunté, chaque décision prise, il était fier de tout ce qui l'avait mené à cet instant précis.

- Tu me dois un repas, lui lança Kai, en dévoilant un sac rempli de gimbap et de snacks.

- Tu en a acheté pour tout un régiment, j'ai prit du poids récemment tu sais, faut que je fasse gaffe.

- Ça te ferait pas de mal de prendre encore plus de poids, rétorqua son ami.

Yeonjun ria et passa son bras autour des épaules de Kai, puis tout deux se mirent en route en grignotant les achats du plus jeune.
Ils avaient une longue après-midi de travail devant eux, beaucoup de recherche à faire et des tonnes de papier à remplir. Depuis quelques mois les deux garçons s'étaient lancé dans un projet commun dont il espérait bientôt voir le bout, une idée de café-librairie comme Kai en avait souvent vu à l'étranger.
Yeonjun avait pas mal d'argent de côté, il savait économiser grâce à son mode de vie minimaliste. Kai avait étudié le commerce avant de revenir en Corée, il y a environ un an.
Ils se rejoignaient chez l'un ou l'autre pour travailler, mais parfois ils aimaient aller dans une autre maison dans laquelle ils se savaient toujours accueillis comme des rois.

Les deux garçons sonnèrent à la porte d'une charmante maisonnette. Depuis l'entrée ils pouvaient sentir l'odeur des gâteaux dans le four, c'est habillé d'un tablier taché que le propriétaire vient leur ouvrir.
Il leur servir un énorme sourire dont lui seul avait le secret, du genre qui illuminait presque autant que le soleil.

- Vous arrivez pile au bon moment les garçons ! Je viens de sortir une fournée de cookies ! S'exclama Monsieur Kang, en les invitant à entrer.

Yeonjun et Kai se se firent pas prier, ils se précipitèrent vers les biscuits encore chaud et en dévorèrent un chacun, sous le regard ravi du chef. Puis ils enlevèrent leurs chaussures, déposèrent leurs affaires et s'installèrent à la table du salon.

- Je vous en pris, faite comme chez vous, commenta Taehyun, qui travaillait sur la table basse non loin.

- Mec, je t'avais même pas vu. Ça va ? Prêt pour ce soir ? S'exclama Kai, en venant lui offrir une tape dans le dos.

Taehyun leva à peine le nez de son cours et des livres étalé sur la table. Il se mit seulement à sourire:

- Moi ça va, j'ai la partie la plus facile du spectacle, assurer tout ce qui se passe dans l'ombre. C'est Beomgyu qui fait le plus difficile.

- Il va gérer, comme d'habitude. Vous avez vendu combien de billet ? S'enquit-il Yeonjun.

- Le concert est sold-out depuis hier soir.

- Whoua, on est pote avec une véritable star. J'espère qu'il ne nous oubliera pas quand il sera au sommet de sa célébrité, plaisanta Kai.

Leur ami Beomgyu s'était mit à partager sa musique et son quotidien il y a plusieurs années sur les réseaux, mais c'est depuis un an environ que sa popularité avait explosé. Il n'y avait plus moyen d'aller nul part sans que quelqu'un ne le reconnaisse, il était vite devenu la petite starlette du coin. Et, contrairement à ce que son père pouvait dire, cet engouement n'était pas retombé. Les compositions de Beomgyu gagnaient de plus en plus d'admirateurs, et ce soir il se produirait sur scène pour la première fois.
Une petite scène certes, mais face à une salle remplie de fans.

Yeonjun avait l'intention de crier encore plus fort que n'importe qui. Jamais il n'avait douté du talent de son ami, depuis toujours ils savaient tous qu'il réussirait.
N'en déplaise à son père, cet imbécile, qui n'avait jamais cru en son fils. Beomgyu avait quitté la maison familiale il y a un an maintenant, il avait passé quelques semaines chez Yeonjun, avant de finalement venir habiter chez les Kang. Il y avait une chambre de libre, puisque la grande-sœur de Taehyun faisait des études à l'étranger. Mais tout le monde savait que Beomgyu y dormait rarement. Il préférait se glisser dans la chambre du benjamin de la famille et dormir dans ses bras.

- Beomgyu va être génial, on l'entend répéter tout les soir depuis des semaines. Il est toujours parfait ! Clama monsieur Kang, plein d'enthousiasme. Tenez, prenez des cookies !

Yeonjun n'hésita pas à se servir, Kai en fit de même. Et Taehyun en attrapa également, qu'il grignota par petites bouchées.
Tout le monde le regardait du coin de l'œil, heureux de le voir apprécier ce biscuits.

Yeonjun repensait à toute les fois où, au lycée, il avait forcé son ami à manger. Il se sentait honteux de ses méthodes et de son manque de tact, il avait mit longtemps à comprendre les troubles de Taehyun, à trouver la meilleure manière de me soutenir. Il avait toujours eu très peur pour lui, d'une manière maladroite il avait été prêt à tout pour le voir s'en sortir.
C'est en partie pour ça qu'il n'avait pas fait d'études après le lycée. Taehyun avait été hospitalisé à cette époque, et Yeonjun avait mit sa vie en pause juste pour venir passer le plus de temps possible avec lui à l'hôpital. Il ne l'avait certes pas aidé à guérir, mais il lui avait permit de penser un peu à autre-chose.

Aujourd'hui, il était comblé de voir que ça allait mieux.

Yeonjun le répétait encore: il avait la meilleure vie possible.

Des amis extraordinaires. Un projet de magasin avec Kai. Il allait souvent voir ses parents à la campagne, ils étaient en bonne santé et avaient adopté un nouveau chien après le décès du vieux Pok. Yeonjun pensait d'ailleurs à adopté un chat dans son petit appartement.

Tout allait bien.

Il n'y avait aucune ombre au tableau.

Enfin, peut-être une. Une toute petite. Mais il n'aimait pas appeler ça une ombre.

Disons plutôt, une complication.

Oui, une petite complication.

Mais ce n'était pas si grave que ça, puisqu'elle portait le nom de Choi Soobin.






















Beomgyu:
Ça y est, je crois que je stress
17h44

Beomgyu:
Je te jure, je stress tellement que j'ai envie de tout annuler.
17h45

Beomgyu:
Mais on peut pas annuler hein ? Putain, je stress trop.
17h45

Taehyun:
J'arrive.
17h46


























Beomgyu était assit au fond du bar, relisant ses partitions pour la centième fois au moins. Il les connaissait par cœur, chaque note, chaque pause, chaque partie où sa voix devait se poser. Il en était le compositeur, il avait travaillé dessus des heures et des heures, il les avait joué milles fois. Ces chansons, il les connaissait par cœur.
Et pourtant, il avait l'impression d'être en train de tout oublier.

Le stress laissait ses mains moites, il ne pouvait pas empêcher ses jambes de tressauter. Le concert n'avait lieu qu'à dix-neuf ce soir et pourtant il était déjà dans le bar, il avait bu son troisième coca-cola, il avait envie de tout annuler.

Son portable vibra, une notification venu d'Instagram. Une énième personne commentait la publication qu'il avait fait ce matin pour rappeler l'horaire et le lieu de son premier concert. Un gentil commentaire, lui souhaitant bon courage, affirmant qu'il aurait toujours le soutien de cet inconnu derrière son écran.

Ce soir, ces inconnus qui commentaient ses publications, ils allaient devenir réels.

Là, devant lui, ils l'écouteraient jouer.

- Je t'ai ramené ton café préféré, ta tenue de scène, le carnet sur lequel tu as écris tes premières chansons et le bracelet que tu portais pour ta toute première vidéo Instagram. Je sais que tu crois pas trop aux trucs magiques, aux manifestations et tout ça, mais je pense que ça pourrait te porter chance.

Toute les affaires cité furent déposé devant lui, déchargé depuis les bras d'un Taehyun souriant.
Beomgyu se redressa en vitesse et fonça dans ses bras. Non, il ne croyait ni en la chance ni aux porte-bonheurs, mais puisque ça venait de ce garçon particulièrement il était soudainement certain que tout ces objets lui permettraient de s'en sortir.

Il ne croyait en la magie que lorsque son regard croisait celui de Taehyun et que ses lèvres se posaient sur les siennes.

- Tout va très bien se passer, affirma son petit-ami.

Ce soir, Beomgyu allait mettre un premier pied dans le monde de ses plus grands rêves. Et cet événement était plus merveilleux encore car il le ferait en présence de toute les personnes qui comptaient le plus pour lui.
En commençant par ses meilleurs-amis, et ce garçon devenu petit-ami.

- J'ai jamais été aussi heureux qu'aujourd'hui, confia-t-il.

Taehyun lui rendit son sourire et tout deux s'installèrent, Beomgyu dégusta son café et ils discutèrent de tout et de rien. De rien surtout, pour se vider la tête, pour faire fuir le stress.

Les heures s'écoulèrent ainsi, quand ils étaient ensemble ils ne voyaient plus le temps passer. C'était de la magie sûrement, de pouvoir se perdre à ce point dans les yeux et au travers de la voix de quelqu'un.

Beomgyu aimait Taehyun depuis le lycée, sans jamais osé le lui avouer. Ils étaient tous passé par des moments difficiles, des évènements qui n'avaient cessé de les éloigner pour les rapprocher davantage par la suite.
Durant une année entière ils avaient été un groupe de cinq garçons d'âges différents et pourtant irrévocablement attiré les uns par les autres. Entre disputes et moments durs, entre rires et complicités, leur amitié avait grandi tout en beauté. Puis Kai avait du déménagé à la fin de sa première année, pour ne revenir que cinq ans plus tard. Taehyun s'était fait hospitaliser durant sa deuxième année à cause de son anorexie, Yeonjun tout fraîchement diplômé, avait cessé d'aller à la fac pour s'occuper de lui. De son côté Soobin s'était renfermé sur lui-même, sa relation était compliqué avec Yeonjun et leur valait plusieurs aller-retour frustrant entre amour et haine. Et Beomgyu, de son côté, se perdait entre les querelles avec son père, l'accident qui avait rendu son meilleur-ami handicapé, et son rêve qu'il espérait voir décoller.

Les évènements les éloignaient, mais ils trouvaient toujours le moyen de se retrouver.

Beomgyu s'était rapproché de Taehyun à la fac il y a deux ans, puis il avait osé lui avouer ses sentiments et ils sortaient ensemble depuis. Il avait quitté le domicile familiale pour d'abord habiter chez Yeonjun, puis se joindre à la famille Kang par la suite. Kai était revenu dans le coin, ils avaient réussi à obligé Soobin à leur trouver une place dans son emploi du temps chargé, et petit à petit tout allait pour le mieux.
Ils étaient de jeunes adultes maintenant, la vie se calmait, les évènements prenaient des tournures plaisantes. Ils avaient encore des problèmes, mais ils étaient heureux.

- Je suis triste que Soobin ne puisse pas être là, Kai m'a promit qu'il me filmerait et lui enverrait, mais c'est pas pareil, soupira-t-il.

- Oui, c'est triste. Mais tu sais qu'il te soutien mieux que personne. Il est l'un de tes plus grand fan, comme nous tous, répondit Taehyun, habillé d'un grand sourire.

Leur ami était à l'étranger en ce moment, ayant accompagné son ex-petite-amie à Paris. À l'époque sa décision les avait tous surpris, il était resté quelques mois avec Arin, à une période où Yeonjun et lui avaient affirmé qu'ils ne se remettraient jamais ensemble. Mais Arin avait trompé Soobin, ils s'étaient séparé, il était retombé pour Yeonjun, les deux s'étaient de nouveau fréquenté avant de s'éloigner, encore.
C'était toujours comme ça avec eux, ils compliquait tout.
Dans le cadre de ses études Soobin avait des propositions d'aller à l'étranger, c'est alors que Arin l'avait contacté pour qu'il la rejoigne. "En toute amitié" disait-elle, et c'est ainsi qu'il avait prit un vol pour l'Europe.
Depuis il leur envoyait tout un tas de photo de sa vie à Paris, qu'ils commentaient avec enthousiasme. Même Yeonjun, qui en profitait d'ailleurs pour lancer de vilaines piques à Arin. La jeune fille était bel et bien amie avec Soobin, elle était d'ailleurs en couple avec un français depuis peu, mais ça n'empêchait pas Yeonjun d'être jaloux.
Quand Soobin reviendrait ils se remettraient de nouveau en couple, Beomgyu, Kai et Taehyun en étaient persuadé. Et ils espéraient que ce serait pour de bon cette fois.

- Ça va bientôt être l'heure, tu devrais aller te préparer, annonça Taehyun.

Beomgyu acquiesça, puis rassembla ses affaires et se dirigea vers la loges que le propriétaire du bar lui avait aménagé à l'arrière. Sa tenue de scène et son maquillage était déjà prêt à l'emploi, il s'habilla et prit le temps d'arranger ses cheveux et son visage devant le miroir. Ses yeux ne cessaient d'observer l'heure sur son téléphone, les secondes semblaient passer si vite, le grand moment arrivait bientôt. Les premiers spectateurs devaient être en train d'entrer et de se placer, c'est avec une nouvelle boule de stress qu'il commençait à faire des vocalises.

- Beomgyu ?

Son échauffement fut interrompu par la voix d'une femme qui glissait timidement sa tête à travers la porte. Il ne pu s'empêcher de sourire en la voyant.

- Je suis venue te souhaiter bon courage, lui dit sa mère, en entrant.

Il avança vers elle et la prit dans ses bras.

- Merci maman. Merci d'être venue, murmura-t-il.

- Je ne manquerais ça pour rien au monde.

Leurs gestes étaient un peu maladroit, mais ne manquaient pas de tendresse.
Sa mère avait finalisé son divorce de son père il y avait trois mois maintenant, puis s'était empressé de reprendre contact avec lui. Beomgyu avait accepté de la revoir pour discuter, elle s'était excusé de ne jamais avoir osé s'interposer entre lui et son père, elle avait affirmé qu'elle comprendrait s'il ne désirait plus la revoir. Beomgyu avait hésité, vraiment hésité, mais il ne se voyait pas la rejeter, il avait franchement envie de l'avoir de nouveau dans sa vie.
Après tout, ils pouvaient se comprendre mieux que personne, ils avaient tout les deux subit les colères et l'impulsivité du même homme.

Ils pouvaient encore tout reconstruire ensemble. Beomgyu n'avait envie que de ça, avoir une mère.

- Maman ?

- hum ?

- On déjeune ensemble demain ?

- Avec plaisir mon chéri.

Elle lui embrassa le front, lui souhaita bonne chance de nouveau, puis s'en alla rejoindre sa place dans le public.
Sa présence réchauffait la poitrine de Beomgyu, il se sentait léger, heureux, il souriait sans pouvoir s'arrêter.

Il posa sa main sur son cœur, et comme par magie la boule d'angoisse s'évapora peu à peu. Son esprit se vidait, ne restait qu'une douce mélodie en lui, celle qui ouvrirait son premier concert.

L'heure arrivait, il inspira profondément et quitta la loge. Sur le chemin il croisa le propriétaire du bar qui l'encouragea, au loin il pouvait entendre des dizaines de voix qui discutaient depuis la salle comblée. Les spectateurs qui patientaient sa présence, ses amis, sa famille.

Devant l'entrée du rideau l'attendait Taehyun, qui l'embrassa tendrement avant de murmure:

- C'est le grand moment. Lâche prise, donne tout. Je suis tellement fier de toi.

Beomgyu traversa le rideau.

Des applaudissements et des cris accueillirent sa venue sur scène, un projecteur installé pour l'occasion l'aveuglait mais le bruit suffisait à confirmer que la salle était bondé.
Il s'installa sur une chaise, prit sa guitare sur ses genoux et jeta un regard aux partitions. Quelques heures plus tôt il avait l'impression de tout oublier, désormais il avait l'impression de ne plus être capable de lire les notes qu'il y avait inscrit.
Il déposa ses doigts sur les cordes de sa guitare, sans parvenir à bouger davantage.

Un nouveau cri s'éleva, encourageant, suivit d'un second. Il reconnu les voix de Yeonjun et Kai. Ses yeux s'étaient habitué à la lumière, il parvient à les trouver dans la foule, sentit son cœur se réchauffer en les voyant sourire en lui présentant leurs pouces levés. À côté d'eux étaient installé les parents de Taehyun ainsi que le père et la sœur de Kai, ainsi que la collègue de son ami sur laquelle il flashait depuis ses années lycée. Puis sa propre mère, un peu mal à l'aise au milieu du groupe, mais qui posait sur lui un regard rempli de fierté.
Il aperçu également Heeseung assit avec Jake, Jay et Sunghoon. Même l'ami d'enfance ce de Taehyun, Jungwon était venu avec son petit-ami.

C'est alors que la porte du bar s'ouvrit, laissant entrer un spectateur retardataire. Beomgyu failli lâcher une exclamation surprise en le voyant, il manqua de laisser tomber sa guitare lorsque les yeux de ce nouveau venu se posèrent sur lui.
Un sourire doux et un petit signe de la main timide furent adressé à Beomgyu, qui se tourna vers le côté de la scène où se tenait Taehyun.

Ce dernier haussa les épaules et sur ses lèvres il pu lire "surprise"

La peur avait glissé du coeur de Beomgyu, le stress s'était envolé. Ne restait en lui qu'une joie ultime.

À cet instant il ne lui manquait rien, ni personne.

Il était pleinement heureux.

- Cette chanson s'appelle la berceuse de l'étoile, annonça-t-il, en entamant la première note.




























Soobin:
Je viens de sortir du métro.
16h53

Taehyun
Bouge pas j'arrive.
16h55



















La musique qui titillait les oreilles de Soobin éteignait tout ce qui se trouvait autour de lui. À chaque rythme changeant de la guitare les battements de son cœur s'y associaient, s'accélérant, ralentissant, selon le bon vouloir du musicien. Il se trouvait comme dans une bulle, bercé d'une mélodie qu'il espérait infini. Tout semblait noir aux alentours, le monde n'existait plus. Ses yeux ne voyaient pas l'attroupement dans un espace exigu, son corps ne percevait pas ceux de ses voisins qui l'effleuraient parfois par accident, son nez ne sentait pas les odeurs diverses que dégageait la foule. Rien à par le son, à par ses oreilles écrasées par un casque. Peut-être aurait-il pu entendre les voix, ou alors l'air qui frappait le métro, le cri des roues sur les railles, mais rien de tout ça ne lui parvenait. Le volume de son téléphone monté à l'orée du maximum. Ses amis lui disaient souvent qu'il perdrait l'ouï à force d'écouter de la musique aussi forte.
À bien y penser, Soobin préférait parfois perdre un sens plutôt que d'affronter la foule. S'il ne pouvait plus entendre, alors il n'aurait pas à s'encombrer d'un casque pour s'évader, il n'aurait pas à l'enfoncer sur sa tête pour esquiver le vrai monde.

Mais alors il ne pourrait plus entendre la musique, et surtout celle de Beomgyu.

Finalement, l'idée de perdre un sens lui déplaisait. L'idée de perdre ce sens surtout.

Les dernières notes de guitares tombèrent, un dernier souffle pour l'instrument puis le silence. L'enregistrement qu'il avait activé depuis une plateforme d'écoute se terminait, laissant place aux bruits du monde qui le percutèrent. Soobin n'avait pas fermé les yeux mais eut l'impression de les ouvrir, de quitter un nuage noir de solitude pour plonger dans le métro bondé d'un samedi soir. Il eu un sursaut lorsque l'engin fit un glissement dans son parcours souterrain, un virage qu'il connaissait pourtant par cœur. Sa jambe toucha celle de son voisin, qui se décala un peu, croyant déranger, et Soobin battit des paupières afin d'émerger peu à peu dans la réalité. Autour de lui s'agglutinaient des hommes d'affaires en costumes, aux visages marqués par la fatigue, quelques anciens bruyant à qui on avait laissé les places assises, une ou deux mères de familles aux bras chargés de courses, ainsi qu'une majorité de jeunes qui s'en allaient parcourir la ville en soirée.
Le métro s'arrêta enfin, une voix robotique annonça la station. Soobin envoya un message à Taehyun puis quitta son siège en traînant avec lui sa lourde valise.

Il n'avait pas eu le temps de rentrer chez lui pour déposer ses affaires, son avion avait prit trop de retard. Heureusement il était à l'heure pour rejoindre le concert de Beomgyu.
Personne ne savait qu'il rentrait de Paris aujourd'hui, à part ses parents et Taehyun. C'était une idée de ce dernier, il voulait faire la surprise aux trois autres et avait tout fait pour que Soobin puisse rentrer pile le jour où Beomgyu donnait son premier concert.

Voilà un an qu'il n'était pas revenu en Corée, lorsqu'il émergea du métro et leva les yeux vers les hauts immeubles de Séoul, un grand sourire illumina son visage.

Il était rentré à la maison.

- Whaou, je ne t'avais encore jamais vu habillé comme ça. T'es un vrai parisien maintenant ! S'exclama Taehyun en le voyant.

Soobin eut un rire gêné avant de prendre son ami dans les bras, une longue étreinte qui leur avait manqué à tout les deux.

- C'est Arin qui m'a incité à acheter ça, elle adore faire du Shopping dans Paris et me traîner avec elle. J'ai pas le même sens de la mode qu'elle, alors je suis ses conseils.

Taehyun leva un sourcil amusé.

- T'es vachement proche de ton ex petite copine, t'as pas quelque-chose à me dire ?

- Te fais pas d'idée, on est juste amis. En plus elle s'est trouvé un petit copain parisien.

- D'accord, tant mieux. Il y en a un qui aurait pas apprécié d'apprendre que tu t'es remit avec ton ex. Déjà qu'il ne s'est jamais remit du fait que tu sois parti à l'autre bout du monde avec Arin.

Soobin sentit ses joues brûler à l'idée que Yeonjun puisse s'inquiéter de le savoir en couple. Jamais il n'aurait fait une chose pareil, même s'ils n'étaient pas ensemble, même s'ils avaient une relation compliqué et que la distance s'était creusé, jamais plus il ne s'intéresserait à une autre personne que lui.

"Je suis né pour n'être qu'avec toi Soobin, alors je n'aimerais jamais personne d'autre que toi. Qu'importe le temps que ça pendra, je t'attendais" lui avait dit Yeonjun, le jour de son départ pour Paris.

Soobin savait que le garçon lui en voulait d'être parti, avec Arin qui plus est, et qu'il craignait sans arrêt que leurs sentiments ne soient pas réciproque.

Ils avaient commencé à se fréquenter au lycée, Soobin et Yeonjun, à s'aimer à l'abri des regards. Mais des rumeurs avaient commencé à circuler, des ragots qui volaient jusqu'aux oreilles de sa mère.
Les parents de Soobin avaient beaucoup de qualités, il les aimait énormément, mais ils avaient aussi beaucoup de défaut. Notamment le fait de ne pas être très tolérant pour ce qui était de l'homosexualité. Il était déjà un enfant particulier, difficile à gérer, il ne voulait pas les décevoir davantage en admettant qu'il aimait un homme.

Au fil du temps sa relation avec Yeonjun s'était soldé par de nombreuses retrouvaille et ruptures intempestives. Leur séparation la plus violente les avait amené à ne pas se parler pendant une année entière, et c'est à ce moment là que Soobin avait commencé à sortir avec Arin. Puis ils s'étaient retrouvé de nouveau, il avait rompu avec sa copine, ils s'étaient aimé, et Soobin avait fini par partir en France.

Loin de son pays natal, loin de ses amis, loin de ses parents, loin de Yeonjun.

Il avait pu faire le point.

Soobin était toujours me même qu'avant, Paris ne l'avait pas fait changé radicalement. Mais une chose avait évolué, un matin il s'était soudainement réveillé avec le sentiment qu'il devait faire ses propres choix, mener sa vie comme il l'entendait et ne surtout pas se laisser ronger par des regrets.
Cette révélation était venu après un étrange rêve dans lequel il se trouvait dans un château en ruine, en compagnie d'un chat blanc. Il avait du mal à comprendre ce qui dans ce rêve l'avait amené à évoluer, mais ce n'était pas ce qui importait.

Tout ce qui comptait, c'est qu'il était rentré, qu'il allait revoir ses amis, qu'il allait revoir Yeonjun.

Et qu'il aurait enfin le courage de lui dire ce qu'il ressentait.

Taehyun reçu un message de Beomgyu et n'eut d'autre choix que d'aller le rejoindre, Soobin resta donc seul dans un café non loin du bar où aurait lieu le concert. Il passa le temps le nez plongé dans un livre, sans plus songer aux minutes si ce n'est aux heures qui s'écoulaient.
Lorsque vient le moment du concert il ne s'en rendit pas compte, c'est un nouveau message de Taehyun qui le sorti de sa lecture. Il s'empressa de payer sa boisson et se précipita vers le bar déjà bondé. Le concert s'apprêtait à commencer quand il passa la porte, Beomgyu se trouvait déjà sur scène et leurs regards se croisèrent. Il offrit un signe de main timide à son ami qui lui rendit un grand sourire, avant d'annoncer dans le micro:

- Cette chanson s'appelle ma berceuse de l'étoile.

Et sous les exclamations du publics, la première chanson démarra. Soobin s'installa dans un coin et écouta la voix de son ami, ses doigts qui grattaient sur les cordes de sa guitare, les sifflements enthousiasmes des spectateurs et les notes qui s'enchainaient. Le concert dura presque deux heures et pourtant il ne vit pas le temps passer, il avait l'impression d'avoir remit son casque et de s'être perdu quelque-part dans une chanson.

Il était fier de ce qu'il voyait et entendait.

Lorsque termina le concert Beomgyu signa de nombreux autographes et discuta longtemps avec les fans venus le voir et le féliciter. Soobin décida de ne pas l'approcher tout de suite et se dirigea vers une table rempli de têtes connus qu'il avait repéré un peu plus tôt. Taehyun venait tout juste de la rejoindre et en le voyant lui offrit un signe de main enthousiasme. Ceux qui se trouvait autour de lui se tournèrent et une dizaine de sourires lui tombèrent dessus. Il n'eut qu'une seconde pour les admirer qu'une lourde masse se jeta sur lui en criant, qu'il réceptionna de justesse.

- Quand es-tu rentré !? s'exclama Kai, en le serrant dans ses bras. Tu aurais dû nous prévenir ! Je suis tellement heureux de te voir ! C'était bien la France ? Tu dois tout me raconter !

Soobin lâcha un petit rire en serrant son ami contre lui.

- Mon avion a atterri cet après-midi, je voulais vous faire la surprise. Taehyun était mon complice.

- C'est pas sympa ça, grommela Yeonjun qui approchait à son tour et offrit une tape sans violence dans le bras de Taehyun.

Soobin l'enlaça à son tour, un peu gêné, et se détourna rapidement vers toute les personnes qui lui souhaitaient la bienvenue. Les parents de Taehyun et le père de Kai le saluèrent joyeusement, la mère de Beomgyu vient se présenter poliment à lui. Jay, Jake et Sunghoon lui offrirent des tapes amicales, et le meilleur-ami de Beomgyu Heeseung arriva lui serrer la main. Kai lui présenta sa collègue de travail, Jo Yuri, il devient rouge comme une tomate lorsque la jeune fille annonçait que cette soirée représentait leur premier "date".

Tout le monde voulait savoir ce qu'il pensait de Paris, il répondit au mieux à toute les questions qui lui tombait dessus. Une avalanche de paroles dans laquelle il se perdait et dont il fut sauvé par Taehyun qui demanda à tout le monde de le laisser respirer. L'attention se détourna peu à peu de lui, bientôt c'est du concert dont tout le monde se mit à parler et Soobin pu prendre une longue inspiration soulagé. C'est au moment où il songeait à s'assoir pour soulager son corps fatigué qu'il se rendit compte que quelqu'un manquait à l'appel: Yeonjun ne faisait plus partie de la masse. Juste après leur petite étreinte timide le jeune homme avait quitté le bar.

Soobin sorti alors de la pièce bondé et c'est adossé contre la vitrine qu'il trouva l'autre garçon. Yeonjun fumait en observant le ciel, perdu dans ses pensées. Il approcha prudemment, craignant de le déranger.

- C'était une bonne soirée, et c'est encore mieux puisque tu es rentré, souffla Yeonjun dans un nuage de fumée. C 'était bien Paris ?

- Vous m'avez tous beaucoup manqué, j'avais hâte de rentrer.

- Comment on peut avoir hâte de rentrer quand on est à Paris ? N'importe qui rêverait d'aller vivre là-bas.

- C'était bien, mais je ne peux pas rester vivre dans un endroit ou vous n'êtes pas là.

Yeonjun se tourna vers lui, leva un sourcil.

- Je t'ai manqué ? S'enquit-il.

- Beaucoup.

- Je t'ai attendu tu sais.

- Je sais.

- Si tu repars je t'attendrais encore.

- Je t'aime.

Soobin approcha et passa doucement la main dans les cheveux de Yeonjun, il avait surement passé la journée à courir partout, ses mèches se mélangeaient dans un vrai champ de bataille.

- Tes épis, on dirait une couronne.

Yeonjun sourit, puis l'attira à lui pour l'embrasser.





















Yeonjun:
On fait un After chez moi ?
22h12

Beomgyu:
Grave !
22h13

Kai:
Yes !
22h13

Soobin:
Juste nous cinq ?
22h13

Yeonjun:
Juste nous cinq
22h14

Taehyun:
Comme au bon vieux temps !
22h15























- Regardez ce que j'ai trouvé ! S'exclama Kai.

Taehyun leva les yeux du portable de Beomgyu, qui lui montrait les commentaires que ses fans avaient posté sur Instagram à la suite du concert. Que des avis positifs, le public s'était montré encore plus enthousiaste que souhaité.

Kai tendait vers eux un album photo, sur la couverture était inscrit le mot "mes amis" en grosse lettre noire, accompagné d'un cœur.

- Hé, pourquoi tu fouilles dans mes affaires ! s'exclama Yeonjun, qui était en train de sortir des bière de son frigo.

Le plus jeune ne lui répondit pas, il étala l'album sur le lit et commença à le feuilleter. Beomgyu rangea son portable pour s'y pencher, et Taehyun l'imita. Tout les trois assit sur le lit de Yeonjun, ils parcouraient cet album photo dans lequel leurs visages apparaissaient par dizaine.

- Je vous ai pas permis de regarder ! se plaignit le propriétaire, dont les joues se teignaient en un rouge écarlate.

- Pourquoi tu veux cacher ça, c'est des photos de nous non ? Demanda Soobin,

Il passa à coté de Yeonjun en grignotant un paquet de chips et vient s'installer avec les trois plus jeunes. Ils tournaient les pages sans faire attention aux protestations de leur ainé, amusé de le voir aussi gêné d'être surpris avec une chose aussi sentimentale qu'un carnet de photos décoré d'un cœur.

Les images défilaient et les souvenirs aussi. Ceux de la première fois qu'ils s'étaient réuni tout les cinq dans un terrain de basket déserté, ceux de toute leurs autres sorties, de leurs soirées chez les uns ou les autres. dans cet album il y avait aussi une partie dédié spécialement à chacun d'entre eux, qu'ils feuilletèrent avec de grands sourires attendris.

La première était dédié à Kai. On le voyait rire à gorge déployé, en train de courir, de sauter, de manger, de jouer, de s'énerver parce qu'il perdait une partie, de nager dans un lac, de pleurer devant un film. On le voyait les enlacer un par un, sauter sur leurs dos, les tirer de droite à gauche pour de nouvelles activités. On le voyait vivre à milles à l'heure. On le voyait aimer cette vie.

Taehyun ne saurait dire pourquoi, mais il sentait les larmes lui monter aux yeux.

La seconde partie était dédié à Beomgyu. On y voyait l'évolution de son style, le passage du garçonnet sage et obéissant au jeune adulte assumant d'aimer les vêtements débraillés et les cheveux mi-longs. On le voyait jouer de la guitare, chanter, se chamailler avec Yeonjun, embêter Soobin, jouer avec Kai ou enlacer Taehyun. On le voyait s'accepter et poursuivre ses propres rêves.

Taehyun lui prit la main, ils échangèrent un sourire complice.

La troisième partie était dédié à Soobin. On le voyait assit seul à la table qu'il habitait toujours dans le jardin intérieur de leur lycée, perdu dans un roman ou traçant un dessin coloré. On le voyait un casque sur les oreilles, les yeux perdus dans un monde qu'il regardait à sa propre manière. Puis on le voyait entouré d'eux, souriant et riant, parfois ses yeux amoureux se posaient sur Yeonjun. On le voyait perdre peu à peu la peur d'être lui-même.

Taehyun vit son ami essuyer une larme qui coulait sur sa joue.

La quatrième partie lui était dédié. Il se voyait plongé dans un livre, discutant avec Kai ou Soobin, se disputant avec Yeonjun, se rapprochant timidement de Beomgyu. Il se voyait grandir, perdre du poids, en reprendre, gagner en pâleur, reprendre des couleurs, s'effacer au loin, revenir avec un sourire plus sincère. Il y avait toute une série de photo le montrant à l'hôpital, jour après jour, quelques mots commentaient chacune des images. "Aujourd'hui Taehyun était fatigué", "Aujourd'hui il ne voulait pas parler", "Aujourd'hui il a accepté de jouer avec moi", "Aujourd'hui il a sourit quand il gagné la partie", "Aujourd'hui on s'est disputé", "Aujourd'hui il a rigolé", "Aujourd'hui il a accepté de manger un peu". Quand il était à l'hôpital Yeonjun venait le voir tout les jours, il avait tout abandonné pour s'occuper de lui. Et Taehyun ignorait qu'il avait ainsi documenté sa guérison étape par étape. "Aujourd'hui, je crois que Taehyun va mieux" était-il écrit sur la dernière photo, prise bien plus tard. Elle le représentait avec Beomgyu, à la sortie de la fac dans laquelle ils s'étaient retrouvé par hasard. On le voyait rire avec ce garçon qui deviendrait plus tard son petit ami.

Taehyun leva les yeux vers Yeonjun et ce dernier évita son regard, un petit sourire gêné au coin des lèvres.

- Bon, vous avez fini de fouiller mes affaires ? On peut aller fêter le concert de Beomgyu comme il se doit ! s'exclama-t-il en leur présentant des bières.

Kai ferma l'album et se jeta sur les boissons offerte par leur ainé, suivit de prêt par Beomgyu et Soobin. Ils s'empressèrent d'attraper les paquets de gâteaux qu'ils vidaient dans les bols pour aller les déposer sur le toit, dont on avait accès depuis l'unique fenêtre de l'appartement.

Taehyun resta assit à les regarder faire, ne pouvant chasser le sourire qui éclairait son visage.

Ni les larmes de bonheur qui caressaient ses joues.

Ils étaient heureux, tous.

C'était la réalité qu'ils avaient choisi, tout les cinq.

La plus parfaite des réalités.

Il ferma les yeux. N'en ouvrit qu'un seul.

Le toit disparu, ses amis disparus, le ciel de Séoul disparu.

Il fit un pas en arrière. Des étoiles illuminèrent le paysage. Les arbres bougeaient lentement au gré des douces brises, les fleurs jaillissaient multicolores sous ses pieds. L'air était tiède et aussi agréable que du coton, les sons de la nature berçaient ses oreilles. Puis arriva les rires, il ne pu se retenir de sourire.

Il regarda derrière lui et vit cinq garçons en train de courir dans les longues prairies, le bonheur s'élevant dans leurs voix d'enfants. Ils couraient et riaient, heureux comme jamais.

Un garçon avec des ailes couraient en tête.

Un garçon avec une seul corne sur la tête le suivait de prêt.

Un garçon avec des épines sur l'épaule se pencha en avant.

Un garçon avec une étoile dans l'œil lui sauta sur le dos.

Et le dernier garçon aux oreilles d'elfes s'arrêta pour regarder les autres courir. Il tenait dans ses bras un morceau de corne brisé qu'il déposa doucement sur le sol, la corne se changea en chat et les rejoignit dans la course.

C'était ça, destin qu'ils avaient choisi.

Les cinq garçons firent la promesse d'être heureux à tout jamais.

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