Comme promis, Alicia se débrouilla pour que Léna puisse sortir à 17 h. En passant les portes du lycée, la jeune fille baissa les yeux et regarda le sol, de peur de croiser le regard d'un surveillant et d'être découverte. Mais tout de déroula comme Alicia l'avait prévu, et à 17h30 Léna était dans le RER direction le Salon du Livre. Elle avait fait, avant de se mettre en route, un petit arrêt chez elle, le temps de se changer et de mettre son déguisement d'Elana , héroïne du Pacte des marchombres de Pierre Bottero. Ainsi, même si elle était aperçue, personne ne connaîtrait son visage.

Dans les couloirs et dans la rame du RER se tournaient sur son passage les visages. Les gens la dévisageaient, parfois discrètement, parfois ouvertement et sans aucune gêne. Mais Léna n'y prêtait pas attention. Elle gardait la tête haute. Et quand les yeux s'attardaient trop sur elle, elle lançait un de ses regards dont elle avait le secret.

Pendant tout le trajet l'héroïne de roman d'un soir avait concentré toute son attention et ses pensées sur des choses futiles. Ce n'est qu'une fois arrivé au Salon que l'inquiétude de ces derniers jours resurgit. Léna s'adossa à un mur en face des caisses, de façon à avoir l'entrée en plein dans son champ de vu.

Et l'attente commença. Léna n'avait donné aucune heure précise. Dark pourrait donc arrivé n'importe quand. Et Léna attendit. Attendit. Jusqu'à que sa patience fut à bout. Il ne viendra pas... Mais qu'ai-je espérée ? Son coeur se serra et les larmes lui vinrent au yeux. Non ! Il est hors de question que je pleure ! S'il arrive maintenant et qu'il me voit ainsi, que penserait-il ? La jeune fille ravala donc ses larmes et commença à jouer avec l'intérieur de sa joue pour passer le temps.

Mais Dark n'arrivait toujours pas. Et après deux longues heures d'attente, Léna craqua. L'intérieur de sa joue n'était plus qu'un amas de chair écorché et douloureux. La volonté de la jeune fille s'envola et les larmes refoulées jaillir de ses yeux. Léna se cacha la tête dans les mains pour ne pas se faire remarquer. Mais elle n'étouffa pas assez ses sanglots. Les gens, encore une fois, se retournèrent vers elle. Mais là, ils n'eurent que la vision d'une jeune fille désespérée en guise de réponse.

Léna releva la tête, repris son souffle et ravala ses larmes. L'espoir avait encore une fois quitté son coeur, et la petite étincelle de vie qu'il y avait allumé s'éteignit par la même occasion.

Mais soudain ce fut un véritable brasier qui enflamma le coeur de Léna. Elle avait quitté des yeux l'entrée du Salon pendant 30 secondes. Et alors même qu'elle avait abandonné, il arriva.

Dark arriva.

*

Le garçon franchit l'entrée du Salon essoufflé tant il avait couru. Il lui semblait qu'il courait depuis des heures. Il avait couru pour prendre son train. Il avait courut pour prendre le métro. Et là, il courait vers la jeune fille dont le visage était ravagé par les larmes. Aube. Me voilà. Je suis là. Elle le vit, et son visage que la lumière faisait briller avec ses larmes sembla reprendre vie. Le jeune homme la prit dans ses bras et la serra longuement.

《- Tu es là... Tu es venu... La voix de la jeune fille vibrait de soulagement.

- Oui je suis là. Je suis venu. 》

Et il continuait de répéter ces paroles comme pour se convaincre lui-même. Il était arrivé à temps.

Remise de ses émotions, la jeune fille regarda Dark dans les yeux. Et le garçon la regarda vraiment. Jusqu'à maintenant, ils ne s'étaient vu qu'à travers une caméra. Mais maintenant ils se tenaient l'un devant l'autre, en vrai. Si un jour quelqu'un lui avait annoncé qu'il rencontrerait AubeDesTemps, il n'y aurait jamais cru. Et pourtant elle était bien là. En face de lui. Cette jeune fille à laquelle il s'était tant attaché et qu'il connaissait à peine, il s'en apercevait maintenant.

《- Tu veux boire quelque chose ? Tu es tout essoufflé !》

La voix d'Aube résonnait autrement qu'à travers le micro de son ordinateur. Et le garçon la trouva encore plus attirante. Il avait envie de se plonger dans les méandres des tonalités de cette voix qu'il pensait pourtant si bien connaître.

《- Ouais je veux bien, répondit Dark après une petite pause, mais tu connais un endroit ? Parce que moi c'est la première fois que je viens ici !

- Ne t'inquiète pas ! Suis-moi !》

Et le prenant par la main, Aube le conduisit jusqu'à la cafétéria aménagée pour le Salon. Installés à une table, ils discutèrent longuement de tout et de rien. Chacun savourait la présence de l'autre. Mais à un moment, alors qu'il discutaient de leurs lycées respectifs, le visage d'Aube se figea. Elle fixait quelque chose derrière Dark. Et peu à peu une indescriptible épouvante déforma ses traits.

*

Une succession de scènes défilait dans la tête de Léna. Son coeur était figé par une peur immense. Ce ne pouvait pas être possible. Et pourtant, c'était bien elle que Léna voyait par-dessus l'épaule de Dark.

Vanessa.